C’était officiel, c’était le retour du couple Viktoria et Pacey. Incroyable mais vrai. Si on m’avait annoncé cela il y a un mois, j’aurais éclatée de rire devant cette improbabilité. Mais me voilà totalement amoureuse à me réveiller dans son lit après l’une de nos rares nuits d’amour depuis notre retour ensemble. Il était réticent chaque fois que j’avais été entreprenante. Et j’avais fini par comprendre que c’était ma faute. Je me rappelais qu’il m’avait avoué avoir été blessé par mes attaques personnelles lors de notre rupture. Mais je comprenais que malgré mes excuses et mes explications d’avoir voulu lui faire mal autant qu’il ne m’avait fait mal, rien n’avait été guéris. Une partie de moi croyait sincèrement qu’il était tant complexé qu’il s’était accroché à la première critique sur ses performances et y avait vu une vérité absolue sans vouloir voir les compliments autours. Si on se croyait nul, on attendait simplement que les autres le confirment, même si c’était totalement faux. Après il était totalement devenu sourd. Et je ne pouvais rien y faire. Mes mots ne comptaient pas pour lui dans ce domaine. Je n’avais qu’à attendre. Seul le temps cicatriserait cette blessure d’orgueil et je devais en subir les conséquences. Si je me couchais parfois sans être rassasié physiquement, c’était moi qui l’avais cherché dans un sens. Mais ce matin, je ne devais pas penser à ça. C’était un de mes rares jours de congés ce mois-ci, je n’allais pas le passer à essayer de brouiller du noir. M’étirant dans le lit vide, je regardai le cadran. Onze heures. Bon sang que ça faisait du bien de dormir si longtemps. Depuis quelques semaines le temps me manquait. Entre les cours, les répétitions pour le broadway, mes devoirs et mes cours de chants, je devais trouver le temps de me diviser pour avoir une vie sociale, être une bonne amante et dormir. Il va sans dire que le dernier prenait souvent le chemin de la poubelle. Ne dormant que trois heures par nuit, vivant de café et de sieste dans le bus entre deux activités. Mais je tenais le coup. Si c’était le prix a payé pour vivre le rêve de ma vie, soit. Je serais légèrement zombie en cours, j’étais capable de vivre avec ça et d’avoir de bonne note. Le fait que ne n’ait plus de plâtre aidait énormément. Mes déplacements étaient plus rapide et donc je prenais le cinq minutes de plus que ma jambe me prenait pour me déplacer d’un point a à un point b pour faire mon social, m’acheté un café ou manger un sandwich. Bref, je me faisais superwoman. Et franchement j’adorais ça. J’avais enfin l’impression d’être moi-même depuis mon arrivé en Amérique et je ne pouvais être plus heureuse.
Je me levai donc de ma grâce matinée et agrippai le peignoir de Pacey, le mien étant dans ma propre chambre que je délaissai depuis ma remise en couple avec mon colocataire. Une fois la cafetière en marche, j’ouvris la télévision pour y mettre le canal des nouvelles et j’allai regarder l’horraire que Pacey avait mis sur le frigidaire pour me dire son emploi du temps; il avait un cours et une rencontre avec Matthew et serait donc de retour vers cinq heures. Je souris en allant vers le congélateur dégelée de la viande; autant le surprendre par un bon repas à son arrivée. Je pris donc le temps de me réveiller un café sur la table, mon script de Wicked sur les genoux et le CNN qui parlait de la guerre en Irak. J’aimais cette impression que le temps était suspendue lorsqu’on finissait par prendre son temps dans un horaire chargé; c’était dans ces moments-là qu’on pouvait aimer les petites choses de la vie. Comme prendre son café en moins de trois gorgées ou les rayons d’un soleil printanier qui entrait dans la fenêtre de l’appartement. Je me mis à rigoler. Bon sang que j’étais niaise lorsque j’étais amoureuse.
Je faisais mijoter un poulet à l’érable dans le four en fin d’après-midi alors que je venais de terminer une partie de mes devoirs et que j’avais fait quelques heures de pratique pour mon rôle. Bref, après le réveil j’avais été très proactive. Chose dont j’étais fière. Je pourrais donc passer une soirée tranquille sans travailler dans les bras de Pacey et en profiter. Chose que j’avais réellement envie de faire. Il y a longtemps que je n’avais pas simplement écouté un film avec lui, collé contre sa poitrine. Depuis notre retour ensemble, j’avais des lectures pour l’école à faire en même temps où je répétais en même temps mon texte. Mais pas cette fois. Que lui, moi et un film qu’on irait chercher sur internet. Comme dans les premiers mois de notre relation. J’en étais donc à faire du rangement dans l’appartement lorsque je m’attaquai à la chambre de mon amoureux. Habituellement je n’y aurais pas touché, mais la veille nous avions été un peu brutal et certains objets avaient revolés un peu partout dans la pièce, sans compté la lampe qui avait atterris au sol éclatant l’ampoule par le fait même. Je relançai donc un minimum la chambre et remplaçai l’ampoule tout en chantonnant une de mes pièces. Posant la lampe sur la table de chevet, j’ouvris le tiroir pour y ranger quelques babioles qui trainaient lorsque mon attention se porta sur deux objets qui se trouvaient à l’intérieur. M’assoyant sur le lit je pris ne petite boite d’écrin bleue que j’avais déjà vu au paravent
. «Bon dieu…» soufflais-je en l’ouvrant. C’était impossible…
Et pourtant elle était là, brillant de mille feux, la bague qu’il m’avait offerte à Noël. Cette bague qui avait été le début d’une situation toujours ambiguë entre nous; celle de nos fiançailles. Mais à mes yeux, c’était aussi le symbole d’un fardeau financier de plus que Pacey avait sur les épaules. À notre rupture, j’étais certain qu’il l’avait retourné, histoire de se faire remboursé. Mais de voir qu’il l’avait conservé me touchait. À un point tel que des larmes se formèrent dans mes yeux. Il n’avait jamais désespéré de nous. J’étais véritablement avec l’homme le plus romantique du monde. Glissant la bague sur mon doigt, je frissonnai. La voir là voulait tellement dire pour moi. L’accepté de nouveau serait pour moi de nouveau la preuve que jamais je n’allais douter de son amour, comme la dernière fois. J’étais pour l’enlever et la remettre dans son écrin lorsque les paroles de Sydney me résonnèrent dans l’esprit comme un murmure. Je savais que Pacey accordait à cette bague une immense importance. Et si c’était la preuve qu’il avait besoin pour enfin me croire? Souriant, je fermai l’écrin vide, décidant de garder la bague, et je pris le second objet qui m’avait intrigué. «Le sexe pour les nuls.» Punaise. Moi qui croyais que ce livre c’était noyer avec le reste des choses de Pacey lors de son inondation. Je soupirai, découragée, lorsque je me mis à l’ouvrir. Non seulement je fus étonné de voir qu’il y avait des annotations que je constatai qu’il n’y avait rien d’écrit de ma main sur la première page. Dans l’exemplaire que je lui avais méchamment donné, je lui avais fait une dédicace virulente disant que ses prochaines victimes auraient besoin de jouir elle. Putain que j’avais été cruelle. Mais là, rien. Pas un mot. Et j’avais beau le chercher, rien. Je n’étais donc pas sotte. Ce satané livre avait été perdu dans l’eau. Il s’en était simplement acheté un autre exemplaire. Oh le salaud. Je gardai ce livre près de moi, prenant le reste de l’après-midi pour le lire et voir les annotations que mon petit ami avait pris Je reconnaissais quelques trucs qu’il avait essayés sur moi, mais sans plus. Lorsque quatre heure trente sonna, je me défis de ma lecture accablante pour me mettre au fourneau histoire de préparer les accompagnements qui irait avec notre plat principal. Incapable de saisir pourquoi il avait racheté cette saleté.
Lorsqu’il arriva, je l’accueillit d’un long et langoureux baiser.
«Comment a été ta journée mon cœur?» dis-je en l’embrassant à nouveau. J’écoutai sa réponse, lui affichant un sourire, vrai, mais qui brulait de question. Lorsqu’il termina de me décrire sa journée, je le vis s’assoir au salon, laissant mes légumes mijoter dans l’eau bouillante.
«Pour ma part, j’ai eu de la lecture très intéressante cet après-midi» je lui pointai le livre sur la table basse, le regard remplis de cent milles questions que je n’avais pas à poser; il allait me répondre dans les minutes qui suivaient, j’en étais certaine.