Mikayla Z. Kremer

And T. Shanelle Harrows

21H43 ♦ CHEZ MARVEY’S ♦ AUJOURD’HUI
Dans ce restaurant, assis près d’un homme lapin-chaud, Shanelle s’amusait à faire rouler les quelques frites qui trainaient dans son assiette depuis plus d’un quart d’heure. Autant grasses que les cheveux du cuisinier, elle but une gorgée simplette de sa boisson gazeuse, qui goûtait le fond de sac, ouvert depuis déjà plus d’un an. « C’est pas vrai. Eh mec, regarde ! C’est elle ! C’est d’elle que je te parlais l’autre fois. La vraie salope qui dansait, t’aurais vraiment trop dû être là. C’est pour dire qu’elle aurait adoré se frotter la.. » dit-il avant d’être violement coupé par l’un des deux cuisiniers de l’endroit. Un bon ami de Shanelle, l’une des seules raisons qui la faisait stagner dans ce restaurant. Certes, elle était sur le point d’intervenir face à ces deux goujats, mais elle avait mieux à faire en inaugurant de nouvelles ébauches qui sans aucun doute, l’aideraient à se sortir des multiples difficultés qui corrompaient à tous points possibles, son bonheur. « Allez, vous prenez vos couilles de prépubère et vous les foutez hors de ma vue. Sinon, je me fais un plaisir de vous les tranchez et de vous les faire bouffer. » dit le cuisinier, sur un ton qui se voulait neutre et direct. Ce qui faisait toujours un peu peur dans ce genre de situation était qu’au plus profond des gouffres de la vérité, il ne mentait pas. Oh non, bien au contraire. Voyant que les deux jeunes cons ne bougeaient pas, il se retourna vers Shanelle, décidant qu’il n’avait peut-être pas été assez rigoureux. « Bouillis ou pas ? En sushi ? Dans une bonne soupe ? Allez, t’as le choix ma belle. » lâcha-t-il, en esquissant un sourire légèrement mignon. À cet instant précis, alors que la blondinette ne put s’empêcher d’étouffer un petit rire, le duo quitta le restaurant, tentant de se convaincre qu’ils le faisaient pour eux seulement. Oui, bien sûr. Après cette barbante et de courte durée histoire, la fermeture du restaurant s’annonçait. Blondie se leva, tout en accaparant son manteau qui était resté sur le dossier de sa chaise pendant tout le long de son repas, se dirigeant vers son bon vieux complice. Le serrant pendant moins d’une seconde, elle lui fit d’un léger signe de la main un au revoir rapide, se dirigeant vers les rues de San Francisco. Seule, à cette heure, ce n’était jamais une bonne idée.

Tandis qu’elle clopinait – blessée légèrement à la cheville après un faux mouvement lors de son cours de danse - , elle s’aventurait vers plusieurs endroits plus ténébreux les uns que les autres. Il fallait admettre que chacun donnait un peu plus la chair de poule. Avalant continuellement une bonne bouchée d’air complètement givrée, un million de pensées parcouraient chaque parcelle de son corps. Il était chiatique de se retrouver sur le seuil d’une dépression à se rappeler les dangers d’un échec social en vue, à cause de toutes les dernières bêtises qu’elle commettait. Un truc, plus important que d’autres, surement parce que la conséquence s’avérait beaucoup plus fatal si tout le monde apprenait ce qui s’était passé, trottait presque toutes les issues nerveuses de la jeune femme. Ce souvenir qui la hantait, toujours un peu plus, l’empoissonnait, la faisait « mourir ».

THIS IS WHERE THE FLASHBACK BEGIN

22H59 ♦ DANS UN BAR DE SAN FRANCISCO ♦ LE 14 MAI 2011
Cette fête, ce moment présent allait certainement faire partie de l’une des plus grandes soirées de tous les temps. Aucune raison particulière, seulement une inondation de jeunes puceaux qui désiraient tirer leur coup, avant que le l’année de lycée se termine. Avant de passer pour de véritables losers. Shanelle, toujours aussi saoule, à peine si elle arrivait à tenir debout, s’orientait à tomber sur presque toute la jeunesse de San Francisco. C’était pour dire que le moment aurait été meilleur si elle aurait su trouver au travers de cette foule décadente, un endroit pour s’asseoir. Pour tenter de reprendre le plus sainement possible, la majorité de son esprit. S’effondrant sur un jeune puceau complètement saoul lui aussi, il la releva, trouvant une façon saine et simple d’agripper son postérieur, le seul qu’il aurait probablement la chance de toucher tout au long de sa misérable vie. Le repoussant comme s’il avait attrapé la peste, elle se retrouva dans les bras d’un jeune homme, qu’elle connaissait très bien. Sean. Son copain, enfin, du moins, ancien copain depuis près d’une heure, depuis qu’elle l’avait vu embrasser une bonne dizaine de filles durant cette soirée. « Eh, tu sais quoi? Moi aussi je peux me trouver quelqu’un hein! Y’a pas que toi qui peut s’envoyer la bouche de toutes les nanas, déjà que t’es pris. T’es qu’un connard. J’espère que tu le sais hein?! » affirma-t-elle en riant presque comme un enfant. Elle n’était pas vraiment présente. À peine si l’on pouvait la reconnaître au travers de ses propres paroles. « Pauvre conne ! T’es déjà chanceuse de m’avoir. Tu ne mérites rien. Tu ne vaux rien. T’es une vraie merde. De la pure merde. Retourne à ton boulot, te faire mettre par ta clientèle de tarés. » Amusant tout de même. C’était là qu’ils avaient fait connaissance. Déjà une raison pourquoi elle avait rencontré un homme de l’une des pires espèces.

Prise par un élan terriblement dangereux, quelque chose de surpuissant, qui nous fait perdre le contrôle total de notre corps, elle se dirigea vers une proie à dévorer tout cru, à détruire. Un homme. Telle une bête, les dents aiguisées – certes, c’était plutôt la langue - , elle attaqua sans même pensée, seulement par une attirance méconnue, pour une deuxième fois, la même jeune femme. Assez pour faire parler. L’agrippant par la nuque, avant même de déposer ses lèvres contre les siennes, le baiser fut rapidement écourté lorsqu’elle fut repoussée, autant rapidement qu’elle s’était avancée. Eh merde, c’était trop tard.

THIS IS WHERE THE FLASHBACK END

22H07 ♦ LA MARINA – PONTON ♦ AUJOURD’HUI
Le temps pressait. Les solutions s’effaçaient. Elle commençait à se retrouver perdante. Depuis plusieurs mois, elle se retrouvait esclave, prisonnière. Elle se devait de tout faire. D’accepter sans broncher, sans répliquer, sans rouspéter. Totalement le contraire d’elle-même. Ainsi donc, elle devait se bâtir une nouvelle personnalité lorsqu’elle se retrouvait face à Mikayla. Ceci devait cesser. Elle allait devoir tout donner, se pencher sur la détruire et retourner la situation à son avantage. Elle pris son portable dans sa main, admira ses contacts très nombreux, avant de voir le numéro de Mikayla. Elles avaient été certes amies auparavant et il fallait bien une façon à la jeune demoiselle pour joindre Shanelle lorsqu’elle avait besoin de son jouet. Oui, elle allait lui écrire, l’obliger.

ENVOYER UN SMS

♦ de Shanelle - 22H15 le 16/12
Allez, je t’attends. Tu te pointes sur le ponton, où la marina. Je te suggère de te dépêcher. Enfin, non, je m’en fous. D’une façon ou d’une autre, je gagne toujours. T’as quand même pas oublié.. ♥

Maintenant, il suffisait d’attendre. Elle s’aventura donc à l’entrée du ponton, où il était possible de s’asseoir et d’avoir les pieds à une hauteur considérable de l’eau. Non, elle n’avait rien contre elle. Seulement, il semblait être sérieusement le temps pour toutes les deux d’avoir une discussion sérieuse. Le message texte qu’elle venait de lui envoyer, serait d’utilité pour seulement piquer sa curiosité. Sans cela, elle ne se pointerait pas, avec un cent pourcent pour l’accueillir. Elle attendrait, elle se battrait jusqu’à la fin. Et si décidait-elle de ne pas se préseter? Si savait-elle déjà à l'avance que malgré tous les efforts de la blondie, son échec était déjà écrit dans l'histoire. Non, elle perdrait peut-être, mais elle aurait au moins la chance mettre tout au claire. Mais attention, ce soir tous les coups sont permis. Qui survivra? Qui remportera le plus de gifles bien placées? C’est à suivre.

Assis sur le côté, détachant un regard paralysé sur la vue qui semblait être composée d’un mélange douteux d’eau et de débris pratiquement congelés, la température allait bientôt atteindre son zénith le plus bas pour la saison. Les doigts ayant peine à articuler, elle avait eu une certaine misère à faire danser ses doigts sur son clavier, afin d’avertir Mikayla que présentement, elle l’attendait. Certes, un sentiment de nervosité accompagné de plusieurs doutes au travers de son esprit, l’aidait à se sentir étrange, faible. Il était insolite presque, de la voir ainsi, mais dès qu’elle entendait ce prénom, elle se retrouvait prisonnière du passé, prisonnière de qui elle était vraiment entre autre. Et puis, un bruit de voiture vint qu’à faire surface. Soit elle avait réussi à parfaitement convaincre la jolie brunette, soit un violeur en série attendait impatiemment de se trouver une proie. Remarque, l’un ou l’autre ne lui faisait guère sourire. Comblant son doute, la voix de Mikayla se fit entendre au travers de cette douce mélodie qu’exécutait chaque goute qui s’échouait contre une paroi au hasard. Elle se releva, esquissant un léger sourire qui aurait pour seul but ce soir, de tenter de lui montrer qu’elle n’avait aucune crainte. La peur nourrissait l’ennemi de toutes façons, non? « T’es venue. C’est surprenant. Tu avoues donc que peut-être, au fond, tu perds. Comme toujours. » D’un côté, il y a toujours eu les perdants et de l’autre, les gagnants. Mais pourtant, dans le cas présent, le mélange était intense. Deux personnalités à caractère gargantuesque explosaient souvent en un million d’étincelles.

Elle s’approcha rapidement de la brunette, dont le visage se perlait rapidement d’une bonne centaine de gouttelettes de pluie. Shanelle semblait avoir très mal choisit sa soirée pour avoir une discussion des plus sérieuses. Empestant l’alcool, Mikayla semblait n’avoir aucunement peur de rien, elle non plus. Deux ennemis de la même hauteur. Se basant sur quelques faits totalement vrais, la soirée se remplierait surement très rapidement de piques. Plus dure à encaisser les uns que les autres. « Tu sais, plus j’y pense, plus je remarque que ta photo, elle vaut rien. T’es présente et tu fais la même chose que moi. Alors, dis-moi.. Tu vas essayer de photoshoper ton joli petit minois? D’une façon ou d’une autre tu perds autant. » Bien pensé. Tous les deux échangeaient se baiser, il faisait sombre, et l’une aurait bien pu sembler autant coupable que l’autre.. Enfin, c’était seulement que la photo était tellement bien prise, que ce qu’on voyait surtout était la main de Shanelle sauvagement agrippé aux cheveux de la belle. Et un baiser, non langoureux, mais qui au fond, aurait pu l’être sans le refus de Mikayla. Une question restait obligatoire, planante dans l’atmosphère. Pourquoi? Pourquoi la même jeune femme, pour une deuxième fois. Pourquoi avait-elle du se procurer ses lèvres et pas celle d’une autre.

Depuis le début de la rencontre, Shanelle ne pouvait s’empêcher de rester complètement forgée sur la défense. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur l’apparence forte qu’elle devait donner l’impression d’avoir. Non. Elle n’y arrivait pas. En outre, elle avait tellement bu ce soir-là, que ceci aurait bien pu être une excuse pour expliquer certains de ses actes, mais pour une deuxième fois, sachant que la première fois, elle l’avait fait sans aucune raison, sans alcool, simplement méprise par un élan chaotique. Qui oui, aurait bien pu tout foutre en l’air. « T’as quoi dans le cul pour vouloir tant me mettre à terre? J’étais saoule, d’accord ? Complètement bourrée. Je me rappelle presque de rien. Seulement que j’étais sûre de recevoir une humiliation publique directement. Et non, t’es plutôt là, à faire de moi ton esclave de main. Ta bête de foire. » Il y avait toujours ce léger malaise qui prenait possession de la jolie blondinette lorsqu’elle revenait sur le fait de ce qu’elle avait fait. Elle sentait qu’au fond d’elle, la soirée ne se déroulerait pas sans aucune nostalgie. Que les questions sur elle-même, ne pourrait pas passer inaperçue. Si elle avait embrassé cette femme, il devait bien avoir une raison au fond. Un refoulement de ce qu’elle était, c’était presque affirmé à l’avance. Ressentant à nouveau l’odeur forte d’alcool qu’elle dégageait. La pluie devenait de plus en plus danse. Complètement trempées de la tête au pied, elles attendaient surement de savoir laquelle des deux proposeraient d’aller ailleurs pour discuter. Le temps s’écoulait et dans quelques instants, elles allaient se retrouver à nager pour se rendre jusqu’à leur foyer. Shanelle qui en plus, se retrouvait à pied, elle ne devait certes pas le dire à Mikayla, qui se ferait certainement un plaisir de la laisser pourrir dans cet endroit. Et vue l’heure que l’horloge annonçait, ce n’était pas vraiment mieux. Minuit allait apparaître dans les environs d’une heure. Mauvais. Très mauvais ça. « Tu viens me voir et t’as bue. T’as pas peur que je prémédite un viol? »

C’est dure, toujours très dure d’accepter le départ de certaines personnes. Et pourtant, on tente de certaines manières à s’habituer. À complètement effacer l’existence d’une personne « x ». Et pourtant, c’est impossible. D’oblitérer tous les souvenirs. Parce qu’à un moment ou un autre, certains signes, que ce soit un pauvre sandwich ou une simple parole eh bien, on se rapporte au passé. Bref, revenons à nos moutons. La pluie valsait depuis un bon bout de temps déjà et la température ne cessait de descendre. À l’approche de la belle brune, déposant un léger baiser à parfaitement bien centré sur son cou, Shanelle ne broncha pas. Le moment aurait surement été parfait pour lui tamponner une de ces gifles en pleine gueule, mais certes, elles se devaient toutes les deux de garder leur sang-froid. Sinon allez savoir à quoi mènerait tout cela. À une bagarre sans fin de deux anciennes amies qui au fond, regretteraient peut-être le tout, rendant certainement inaccessible à nouveau leur amitié. À voir si ce n’était pas déjà fait. Lorsque la brunette parla de nouveau, Shanelle ne pu se raisonner à sourire, mais bêtement. « Je m’en doutais. T’as vraiment été assez cinglée pour te servir de moi de cette façon, hein? Mauvaise idée. Pauvre conne. » Directe, comme elle l’était toujours. Tout de même assez exquis de voir que la blonde se retrouvait dans une situation tellement.. amusante pour Mikayla, c’était assuré. L’énigme restait par contre, toujours la même ; pourquoi Mikayla. Pourquoi l’avoir embrassée elle, et pas une autre. Le secret total restait certainement la meilleure solution. Blondie avait complètement eu tort. Sur toute la ligne. En fait, c’était réellement une salope de première classe.

Obnubilée par les paroles de Kremer, elle se sentait faiblir, mais de rage. La vengeance allait être au rendez-vous. Et les paroles de la belle ne faisaient qu’empirer la situation. Aucune pitié. Seulement la vengeance. « Eh merde ! Tu crois qu’avec tes beaux petits yeux et ton beau petit cul, ta nostalgie va compter? Superficielle? Fais-moi rire ma belle. En ce moment, je me demande vraiment laquelle de nous deux vaut vraiment plus que l’autre. Parce que dans le fond, psychologiquement nous sommes jumelles. Des copies conformes. Tu postulerais pour être mon clone, sans aucun doute on te choisirait. Mais le problème, c’est qu’au fond, non, t’es pire. J’ai peut-être pas été là ce soir-là, mais toi non plus. Mon ex, bah il est devenu mon ex. J’étais complètement bourrée. Et je m’étais découverte une passion pour les femmes. » dit-elle en détournant automatiquement le regard. Pour les femmes ou pour Mikayla. Du moins l’autre soir, il y a plus de sept mois, on aurait douté des deux. En outre, on aurait pu parié sur Mikayla et le résultat aurait été fifty/fifty.

La température devenait difficile à endurer, mais aucune des deux ne voulaient bronchées. Dommage. Ailleurs auraient sans doute été meilleur pour continuer cette discussion qui devenait barbante, sans bataille. Reprenant le fil de la discussion, sous unton interrogatoire, mais neutre en même temps, elle s’exprima ouvertement, plus sincère que jamais. « Y’a une heure, j’aurais cru que tout était possible encore. Dans le sens, amitié. Mais t’es répugnante. Non, pas physiquement hein. Pour ça, t’as une belle gueule. Et ton cul, je n’en parlerai même pas. Mais toi tout simplement, tu me dégoutes. T’as tellement changée. Moi aussi. Mais j’assume. De l’ancienne copine trop sympa pour être vraie, mais en qui j’avais confiance, t’es passée à une totale garce. » C’était pour ainsi dire que maintenant, elle la détestait. Aucune possibilité qu’elles s’entendent à nouveau semblerait-il. Sentant toujours la même odeur échoeurante d’alcool, qui oui, avait enfin réussit à lui monter au cœur, elle esquissa un sourire, lorsqu’elle lui parla franchement qu’un viol aurait pu être une solution pour terminer en beauté cette soirée. Intéressant même, très. Depuis l’arrivée de Mikay’ , Shanelle utilisait un langage très peu approprié. Des mots telle que « gueule, cul, pauvre conne » mais pourtant, c’était toujours tellement bien de se voir si facilement rabaisser quelqu’un. C’était minable certes, mais délicieux comme sensation que l’on pouvait avoir à l’intérieur de soi-même.

Invitation ou non, la proposition sarcastiquement dite de Mikayla s’avérait intéressante à saisir. Non, pas tout de suite. Il ne fallait pas lui donner le plaisir de gagner en seulement quelques minutes, non? Quoi que .. si l’action se faisait maintenant, cela ne voulait pas dire qu’il était interdit de recommencer. « C’est quelque chose d’intéressant que tu me proposes maintenant. Tu ne crois tout de même pas que je vais refuser. Si t’insistes, j’obéirai. Comme je l’ai toujours fait. » Avec un sourire narcissique, persistant comme jamais, Shanelle ne rebuta guère, mais s’avança encore plus de la belle brune, agrippant les cheveux complètement trempés de celle-ci. Regards provocateurs avaient toujours été une règle entre ces deux-là. Capable de sentir le souffle qui en quelques instants étaient devenus un mélange des deux, elle se retrouva entièrement collée à la jeune femme. Yeux fermés, elle s’approcha tranquillement, mais décida à la dernière seconde, alors que ses lèvres frôlaient celle de son interlocutrice, de seulement déposer une petite léchouille sur la lèvre supérieure, toujours accompagnée par un sourire amusé. « Tu prépares l’appareil photo ? » Plus sincère que jamais, elle prenait un malin plaisir de se retrouver dans ce genre de situation. « Faut pas jouer avec moi. Je croyais que tu le savais pourtant. » dit-elle avec un regard défiant, prête à tout.

L’état de la blondinette devenait de plus en plus décadent. Mikayla prenait trop facilement le dessus et ce, avec un délectable plaisir ornant ses lèvres. Depuis le tout début, elle était restée de marbre. Difficile de trouver quoi que ce soit pour la faire faiblir. La seule qui se retrouvait coincé avec un léger handicap n’était nul autre que Shanelle, qui malgré tout, ressentait une attirance méconnue envers la brunette. Et bien sûr, son interlocutrice savait très bien comment jouer avec cela. Jouant de plus en plus dangereusement avec le feu, Mikayla semblait déjà savourer la victoire qui s’offrait ouvertement à elle. Phrase inattendue, S’ devenait de plus en plus rouge de colère, prête à tout défoncer. Oui, elle jouait vraiment avec les nerfs de la belle blonde, c’était sûr. Décisif. Impossible du contraire tout simplement. Elle ne répliqua pas, prenant le temps de reprendre ses esprits et de faire comme elle ; rester intouchable. Difficile, tout était en la faveur de son adversaire et non du sien. Cette femme était « empestée » de sadisme en fin de compte. Et elle semblait avoir beaucoup plus d’un tour dans son sac. Tenant sa langue bien au fond de sa gorge, S’ résistait contre tout, à ce moment précis. Elle ne répondait pas, gardait le regard complètement rivée sur elle, réussissant enfin, à reprendre des forces, prête à combattre plus que jamais. Faisant semblant de désirer son corps, elle jouait haut. Et pour ensuite la rabaisser, c’était le diable en personne. Elle semblait n’avoir peur de rien, ou seulement, elle ne se doutait pas de tout ce qui pouvait se passer. Mignon quand même. Être si naïve. Délicieux, délectable. Parfait pour ce moment.

Shanelle s’était approchée quelques secondes auparavant afin de mordiller sauvagement la lèvre supérieure de M’ , mais contre toutes les attentes, contre tous les scénarios possibles à imaginer, elle renchérit. La brunette mordilla beaucoup plus sauvagement que ce que Shanelle venait de faire, au point de faire mal à celle-ci. Certes, une femme qui savait embrasser bien plus que divinement, mais vraiment farouche lorsqu’elle s’y mettait. Laissant la demoiselle parlée, elle finit par la repousser, la haine en grade croissant, dégoutée de l’acte de celle-ci. Au pire, c’était assez claire qu’elle était anti-femmes. Un sourire simplement narquois accroché à la commissure de ses lèvres, elle avait atteint le zénith de sa colère. « T’aurais pas du ma vieille .. » Giflant férocement la demoiselle, elle la poussa tellement fort qu’en une seule et petite fraction de seconde, qu’elle se retrouva autant rapidement cloitrée contre le gazon, que les actions furent commises. Et oui, à cet instant précis, elle s’amusait. Follement en plus de cela. Elle n’allait certainement pas se laisser avoir, sachant que tout cela avait bien assez durée. Elle revenait en force et non, elle ne perdrait pas. C’était décidé. Déjà tracé même. Mikayla, ayant parfaitement tombée, les fesses au coin d’un trou d’eau, il suffisait de la pousser qu’un peu et elle y tomberait. Shanelle rejoignait la belle brune, se précipitant sur elle, l’empêchant de se relever. Rire moqueur, elle était satisfaite de sa prestation. Seulement, elle n’avait pas envie de rendre le tout en chamaillade, où l’on se tire les cheveux en même temps, pour voir qui se retrouve avec la plus grosse touffe. Une gifle, pousser l’autre, bref, ce n’était pas vraiment plus mature, mais celles-ci l’étaient-elles vraiment? Neuf personnes sur dix diraient non. Peut-être même les dix.

Admettant la possibilité que Mikayla eut éveillé un certain désir au plus profond de celle-ci, Shanelle priait à l’instant même pour elle, qu’elle n’ait pas à subir ses désirs. Bref, il y avait une énorme quantité de haine, un pouvoir absolu qui l’obligeait à se venger, mais restait qu’elle était humaine. S’agrippant au pull de la victime, elle reprit la parole, mais cette fois, avec un ton particulièrement décisif, neutre et sérieux. Aucune trace de peur ne semblait pouvoir la guetter au moment présent. Elle gagnait. Reprenait sa totale confiance. En fin de compte, peut-être que la brunette aurait du garder secret que la photo n’était plus sur son fameux téléphone. Il fallait admettre que cela avait entièrement réveillé la bête qui sommeillait depuis bien trop longtemps, à l’intérieur de Blondie. Il fallait admettre que la situation devenait de plus en plus perverse, mais bien entendu, du côté de la blonde. Restait à savoir si Mikay’ n’était pas complètement traumatisée sous cette facette de son ancienne meilleure amie. « J’ai l’air faible. Mais les apparences sont trompeuses ma belle. J’ai tellement rencontré de connards dans ma vie, que maintenant, je sais très bien comment me défendre. Ainsi, quand je veux quelque chose, je l’ai. Je remercie donc mon travail. » jaspina-t-elle. Toujours sur la demoiselle, l’empêchant semblerait-il de bouger, elle s’approcha dangereusement de son visage de porcelaine, encore une fois, mais en détournant vers son oreille. « Tu sais, tu n’es pas obligée de seulement enlever ta veste. Le reste peut suivre. » dit-elle en mordillant légèrement le lobe d’oreille de la demoiselle, s’amusant toujours autant. Pervers, mais sans obligation. « Je peux t’aider, si tu veux. » avoua-t-elle, en descendant de langoureux baisers au travers de son cou, faisant tout cela pour la provoquer.

Alors que toutes les deux s’étaient rapidement retrouvées sur le sol, nul autre que par la faute de la jeune blonde, Shanelle se sentait « bien » dans cette situation. La raison? Elle prenait le dessus et avait enfin réussi à percevoir sur le visage de M’ une certaine surprise. Elle ne semblait pas s’être attendue à ce que cela se produise et il fallait admettre que cela remettait ainsi donc, la situation bien aux mains de son adversaire. Après tout, qui n’aimait pas sentir la défaite de son ennemie à plein nez, la sentir vulnérable, sans issues de secours? Tout le monde. Que l’on soit sympa ou divinement sadique, tout le monde adorait se sentir supérieur, vainqueur. À l’arrivée des prochaines paroles de son adversaire, elle émit un sourire totalement bête lorsqu’elle lui demanda si elle lui faisait de l’effet à ce point. « Peut-être bien. Qui sait. Reste que je ne te dégoute pas tant que ça, hein. » Allez, il était bien de donner une légère satisfaction à son ennemie afin de la rabattre un peu plus tard. C’était toujours amusant de donner des points gratuits et de les reprendre gentiment par la suite. Par la suite, million de baisers tendres et langoureux s’évadaient dans le cou de celle-ci. Et un nouveau baiser tendre. Tout cela ne faisait que ressembler à du fake et pourtant, ce n’était pas ce qui empêchait à Shanelle de prendre un plaisir malin, tenant plus que tout à faire mourir le désir qui naissait au travers d’elle. Alors qu’elle retira presque tout son haut, S’ regarda avec une mine incomprise, avouant être près de l’échec. C’était à se demander dans quoi elle s’était embarquée. À même se demander si elle obtiendrait le corps de la jeune. Mais non. Trêve de plaisanteries ; M’ se releva aussi vite qu’elle s’était dévêtue, marchant vers sa voiture, prête à fuir la supposée lâcheté de la demoiselle. C’était amusant mais toujours très délicat comme situation.

« Du courage pour quoi, hein? Tu voudrais que je te baise comme jamais, mais t’es pas capable de te l’avouer. Je comprends, je comprends. » Dit-elle en s’exclamant de rire. Mais merde, la vulgarité était réellement au rendez-vous ce soir. C’en était effrayant. Certes, elle se le demandait vraiment ; du courage pour quoi? Tout cela n’était toujours pas suffisant pour elle? Elle semblait vouloir beaucoup plus que ce que S’ était capable d’offrir, côté menaces et actions décadentes. Elle n’avait peur de rien, et affrontait tout ce qui pouvait bien vouloir se mettre au travers de sa route. C’était ainsi qu’elle avait grandi et elle ne changerait pour rien au monde, bien entendu. « Écoutes chérie ; t’es mignonne, t’as tout pour plaire, mais t’es pas facile à endurer. Et ta poitrine est.. bref. Mais ce n’est pas suffisant pour m’avoir. » et c’était sincère. Elle se leva donc et se mit à la suivre, toujours autant déterminée qu’au début de la soirée. Les évènements se passaient vraiment différemment de ce qu’elle avait prévu, mais ce n’était pas du tout pour lui déplaire. Elle appréciait, avait un malin plaisir, presque excitant à être dans cette situation. Très perverse, elle s’avouait ne pas être déplu de la vue qui lui était offerte. Mais cela, elle le disait plus narcissiquement que ce qu’elle pensait vraiment à l’intérieur d’elle-même. Rattrapant la jeune femme en moins de trois secondes, elle l’agrippa par l’arrière, alors que toutes les deux s’avéraient être tout simplement devant la voiture. Suffisamment pour voir leur reflet sur la carrosserie. Une main sur le ventre humide de la demoiselle, mais assez bas pour rendre facilement la scène érotique, et l’autre, actuellement contre sa hanche, divaguant tranquillement sur son postérieur. Glissant sa main sur le bouton de ses pantalons, elle ne se gêna guère pour les détacher, toujours autant amusée qu’au début. Le plus dure était de cacher un certain désir parsemé de mauvaises intentions, mais elle commençait à s’y faire. Lorsqu’elle avait une attirance envers une femme, seulement physique pour la demoiselle ici présente, elle faisait toujours tout son possible pour la cacher. Autant envers ses pensées qu’envers les femmes qui ne passaient pas inaperçues à ses yeux. Intentionnellement, sa main resta bien entendu par-dessus les pantalons de la demoiselle, certes elle n’allait pas exagérée, du moins pas maintenant, mais remonta en divaguant tranquillement vers ce qui cachait sa poitrine. S’arrêtant automatiquement, elle redescendu sa main, contre son ventre, sans aucune raison apparente. « Tu sais, on ne fait que commencer à s’amuser. Ce serait une mauvaise idée de partir maintenant. Tu manquerais tellement quelque chose. Et je ne peux pas te laisser faire ça. » dit-elle avec un sourire narcissique, et un léger rire sans aucune valeur. « Tu vois, je pense encore un peu à ton bien dans le fond. » Toujours autant ironique, mais réaliste. La main qui quelques secondes auparavant avait frolé tout ce que le dos d’elle-même contenait, se dirigea vers l’agrafe de son soutien-gorge, s’amusant tendrement avec, sur le point de se permettre de le détacher. « Laisse-moi au moins faire le plus intéressant. Sois pas si méchante. Après tout, ne mets pas tous tes actes de ce soir, sur la victoire que tu désires. Tu perdras tout, mais certes, tu n’arriveras pas non plus à garder ta fierté. » Fierté? Dans le sens que malgré tout, Shanelle se permettait de dire que M’ ne passait pas sans s’arrêter au charme de la belle blonde. Elle savait qu’elle avait tort, mais c’était toujours si plaisant de s’amuser. Au fond, tout ce qu'elle voulait, c'était de ne pas avoir à marcher jusqu'à chez elle, à cette heure, sous cette température qui la faisait frisonner depuis plusieurs minutes déjà.