Dans une postériorité proche, la trêve aurait pu être possible. Seulement, certains actes allaient subsister dans les annales. L’atmosphère ressemblait plus à un bouchon de représailles chaperonnées de problèmes provenant des limbes que les deux libellules avaient elles-mêmes érigées. Peut-être n’avaient-elles pas remarquées, mais toutes ces ondes négatives qui voltigeaient au-dessus de leur tête, n’étaient pas là par un pure hasard. Insultée, Shanelle retira finalement sa main, la recroquevillant sur elle. Elle n’avait pas été de sourde oreille aux gémissements de celle-ci, mais n’avait pas été mieux auparavant. Elle n’allait pas lui reproché, avouant au fond d’elle-même qu’elle n’avait pas à s’en plaindre. Complètement calmée, Shanelle se sentait pénible et se détestait un peu plus à chaque seconde qui passait, remarquant que la pire des deux jusqu’à maintenant, c’était elle. Elle avait toujours agit ainsi, lorsqu’il était question de rattraper sa fierté. Sauf que cette fois, elle s’était prise elle-même à être d’un sadisme extrême, que revenir en arrière lui était interdit. Impossible à envisager. Voulant prendre la parole de nouveau, elle ne put, se retrouvant à écouter un court monologue de la jeune femme. Les deux oreilles grandes ouvertes, elle n’en crut pas une seconde. Soit le joint qu’elle avait fumée était vraiment fort, soit Mikayla venait de baisser les armes. La seconde possibilité était irréelle. Elle avait bu, tout cela devait venir de là. Et pourtant, au plus profond, elle avait mal. Elle ne pouvait pas baisser sa garde à son côté, elle ne le ferait pas. Sa fierté prenait toute la place, contrôlant ainsi donc sa vie. Elle n’avait plus le droit de penser au bon côté des choses. « Mika’.. je, je ressens là même.. » et là, elle fut coupée par une voix intérieure. Elle ne pouvait pas baisser pour la première fois de toute sa vie, sa garde. Non, elle n’en avait guère la possibilité. Et surtout, ne pas l’offrir à elle. Elle était faible, beaucoup plus que cette carapace de supergirl. Elle était tout simplement le contraire. Elle ne valait pas grand-chose dans le fond. Elle avait été sur le point de lui faire comprendre qu’elle ressentait la même chose. Qu’elle avait mal et qu’elle s’en voulait au plus haut point. Mais la demoiselle lui demanda pourquoi elle lui avait ordonné de s’arrêter. « Je commençais juste à me demander si t’avais pas appelé les flics pour vrai finalement. Cette putain de bagnole nous suit depuis que nous sommes parties. » dit-elle, étrangement sérieuse. « Ou bah au moins avoue que t’as appelé un de tes potes pour me foutre la trouille. » Une voiture noire de luxe les suivait depuis leur départ, ce à quoi Shanelle avait passé quelques temps à surveiller malicieusement dans le rétroviseur. Et celle-ci s’était garé tout juste derrière les deux demoiselles. Suffisant pour vous donner la chair de poule. Ne disant pas un mot de plus, elle sortit de la voiture, étant sûre que c’était un coup tout simplement monté de M’. À l’extérieur, une personne se tenait debout. Familière, beaucoup trop. Elle s’approcha tranquillement de la voiture, méfiante tout de même. Et instinctivement, recula. « Dustin .. » À cet instant, la peur pris complètement possession de l’esprit entier de la belle blonde. Effrayée, elle savait que dès maintenant, elle ne pourrait pas fuir. Elle était totalement sans issus. Parlant à voix basse, mais suffisamment pour que Mikayla puisse l’entendre, elle ne put s’empêcher, sur un ton instinctif de lui faire comprendre que c’était dangereux. « Kremer, dégages! » Comme si du même moment, elle l’avait dit à elle-même. N’ayant même pas regardé si elle l’avait écouté, elle le répéta, mais cette fois, presqu’en gueulant, qu’elle se rende compte qu’elle ne devait nullement rester. « Mika’, tu dégages tout de suite. S’il te plaît. » dit-elle tout en mâchant ses mots. C’était sincère et la situation risquait grandement de dégrader en flèche. Ces intonations n’avaient servi qu’à être de simples mises en garde. Peut-être bien qu’au fond, elle tenait à Mika, plus qu’elle ne l’aurait voulu. L’homme que S’ avait appelé Dustin quelques minutes auparavant, s’approcha galamment de Blondie, comme un homme de haut grade. Complètement riche et cinglé en même temps. Arrivée à deux pas, voir même moins d’elle, il s’appropria les lèvres de celle-ci. S’ n’avait pas son mot à dire, surement devant l’incompréhension de la brunette. Le repoussant tranquillement, avec un sourire tout faux mais qui semblait sincère, elle était d’un malaise intense, mais tentait de le camoufler. « Harrows. Que c’est bon de te retrouver, enfin. Ça fait quoi .. sept voir même huit mois que je te cherche. Et te voilà. J’ai jamais aimé jouer à cache-cache et encore moins aujourd’hui. » dit-il sur un rire bonnement diabolique. Complètement subjugué par l’homme, l’on pouvait sentir la peur à des kilomètres à la ronde. Et même à ce moment, elle ne savait pas si M’ avait écouté ses paroles ou si elle était toujours là. « Alors, je me rappelle plus ce que je m’étais dit. Si je te trouvais, je te baisais autant que j’en avais envie ou .. je te tuais. Les deux me disent en fait. » dit-il en poignant férocement le menton de la jeune.

Elle tentait de rester stable, de garder confiance, de trouver une seule simple issue, une façon de repartir d’ici en vie. Alors que l’homme la menaça bien ouvertement, elle aperçut la jeune brunette s’approcher dangereusement de Dustin. À peine eut-elle l’envie de répliquer, de lui faire comprendre qu’elle devait vraiment partir, restant tout de même à la théorie qu’elle n’avait aucune raison de rester. Non, M’ ne risquerait pas en temps normal de mourir pour la belle blonde, ainsi était la vie. Et pourtant, là, à ce moment si dangereux.. elle ne savait vraiment pas dans quoi elle venait de s’embarquer. Voyant qu’elle avait tenté un revirement de situation des plus parfaits, - enfin du moins, cela donnait quelques jours, voire un peu moins d’espérance de vie pour la Blondie – mais cela ne donnerait pas l’une des vies les plus paisibles à Mikayla. Finalement dans la voiture, la brunette mis le contact, démarrant à toute vitesse, laissant un homme sur le sol. Enfin, un piètre de son espèce qui l’avait bravement mérité. Ne répondant pas directement à la première question de celle-ci, elle resta de marbre, concentrée sur la route, ne pouvant poser son regard horrifié ailleurs. « Putain.. Pourquoi t’as fait ça? Pourquoi tu ne m’as pas écouté? T’aurais dû partir .. fallait pas rester. Tu viens d’engrosser son tableau de proies. Tu ne sais vraiment pas dans quoi tu viens de t’embarquer. Il te traquera, te chassera à toutes les heures de la journée et .. te trouveras. C’est un fou, un dangereux. T’aurais dû me laisser là. Au fond, peut-être que c’était ce que je méritais, que tout était calculé, que ce soir, j’allais y laisser ma peau. Je .. » dit-elle sur un ton sérieux, des plus sincères et étranglé. La peur se sentait encore bien au gouffre d’elle-même, bégayant presque. Elle était faible, effrayée et fatiguée. Elle n’avait pas pu compléter. Ainsi, elle allait admettre qu’elle avait peur pour elle. Dustin était un homme redoutable ; la preuve, il s’était même engagé un chauffeur privé pour poursuivre la jeune femme. Peut-être ne le savait-elle pas, mais de cette façon, Mikayla venait de sacrifier une partie d’elle-même dans une chasse sans retour, où les moyens de s’en sortir étaient faibles. La trêve était présente, mais le malaise continuait de tramer quelque chose contre leur volonté. « Et puis, j’aurais très bien pu m’en sortir toute seule. » expliqua-t-elle, sérieusement sur le coup, mais étouffant un rire, beaucoup plus réel que tout ce qui s’était passé dans cette soirée. Non, sa fierté aurait complètement été violée et sa tête aurait été planté sur le panneau d’entrée de la ville. « Je ne comprends pas .. Tout ce que t’avais à faire, c’était de partir. Et tu viens de donner ton âme à Satan. T’aurais pas eu mes mains promeneuses pendant une soirée entière, t’aurais pas eu à endurer mes phrases d’un sarcasme pénible. T’aurais filé, prendre un bain chaud, repenser à la soirée, remarqué que peut-être, t’avais fait des trucs que jamais t’aurais cru faire. T’aurais été bien, j’aurais été dans la misère. Ce que t’as toujours souhaité. T’aurais gagné. » dit-elle avec un sourire souffrant, alors que les doigts de Mika’ s’entrelaçaient dans ceux de S’ en lui demandant si elle allait bien. À cet instant, elle étouffa un rire, ceux que l’on fait quand l’autre sait nécessairement déjà la réponse. Non, elle n’allait pas bien. Elle avait besoin de chaleur humaine, de quelque chose pour tenir ses pensées hors route de ce qui venait tout juste de se passer. Et pourtant, elle s’avait qu’elle poserait de nouveau la question. Sur ce qui venait de se passer. Son ancienne amie avait le droit de le savoir, tout étant parfaitement relié du même moment, à la fin d’une amitié qui avait tant compté aux yeux des deux damoiselles. « Ce fameux 14 mai .. ouais, je crois que toi et moi, on oubliera jamais cette date. J’ai déconné. J’étais pas dans cet état-là à cause d’un mec, d’un ongle brisé ou parce que j’avais trop bu. En fait, c’est à peine si j’avais bu. » avoua-t-elle, avec un sourire absent, piéger au plus profond de ses pensées. Non, l’alcool n’avait pas eu le moindre effet sur le baiser langoureux qu’avait offert la blonde à sa rivale présente. « Je fais pas que bouger mon cul. J’ai un million d’autres choses à faire. Oui, tous un lien avec mon corps, mais tellement de choses différentes. Et j’avais besoin de mon boulot .. aujourd’hui encore. J’ai seulement fait le sale boulot qui était mis à mon horaire. Et t’étais pas là pour m’en empêcher. T’étais juste .. pas là. » Pendant que Shanelle faisait son petit exposé, elle ne pouvait s’empêcher de serrer un peu plus fort la main de son interlocutrice, ne s’en rendant point compte. « Putain Mika’ .. j’ai fait en sorte qu’un mec crève ce soir-là. » avoua-t-elle de plus belle, d’où une larme perla sa joue droite. Restait seulement le mystère à propos de ce fameux baiser. Et voilà ; maintenant, elle se retrouvait parfaitement à nue. Mikayla avait le choix ; rejouer, ou être là, au final.

Une vie entière peut parfois se retrouver être un parfait bobard. Un montage de pièces situées les unes après les autres, quelque chose de simple et différent, qu’on invente. Et bien entendu, avec le temps, la mémoire s’assemble comme un gant avec la réalité. On perd ce que nous sommes vraiment et on continue. On vie dans la souffrance, croyant que notre bonheur est le malheur des autres, et pourtant, ce n’est pas suffisant. Rien n’est suffisant. Et pourtant, on continue de vivre ainsi, certain que le bonheur arrive après. Surprise ; rien. La vie reste la même, et à soixante ans, lorsqu’il est trop tard, on regrette. On voudrait tout faire pour retourner en arrière. Et en ce moment même, c’était ainsi que la belle blonde vivait ; au jour le jour, oui, mais tellement dangereusement qu’il lui était presque impossible de vivre jusqu’au moment où elle aurait la chance d’avoir peur de mourir seule. Elle faisait pitié entre autre. Mais pas suffisamment pour se poser dans une relation sincère. Pour se rendre à cela, elle avait un nombre impossible à compter d’erreurs à réparer. Une vie normale d’un humain ne serait même pas suffisante. À l’instant même, elle avait envie de se venger, de cesser ce calme perturbateur. Elle ne pouvait pas offrir à cette femme, son ennemie préférée du moment, une trêve. C’était rendre les armes, accepter la défaite, accepter tout le mal qu’elle s’était fait un plaisir malin à lui offrir. Mais au fond d’elle, elle ne pourrait jamais se passer de Mika’. Violente, sadique et tout le reste, elles le possédaient toutes les deux. C’est pourquoi cesser le jeu maintenant, l’obligerait à recommencer un peu plus tard. Au fond d’elle-même, elle savait très bien que tout cela n’était pas qu’un simple jeu pour elle. L’idée de se retrouver au lit avec cette jeune femme ne lui déplaisait pas, bien au contraire. Ainsi donc pour dire, que ses avances n’étaient pas terminées. Admettant que plus proprement parlant, ce qui venait de se passer avec Dustin lui obligeait une chaleur humaine. Oh oui, elle savait très bien qu’elle n’arriverait probablement pas à acquérir le corps de Mikayla, mais ce n’était pas cela qui l’empêcherait à s’amuser, voir espérer. Non, ici-même, on ne parlait pas d’amour, de sentiments à la con, du moins, au fond de la conscience de Shanelle, cela se retrouvait à être une simple et perverse attirance. Peut-être plus. Mais jamais elle ne se permettrait de l’admettre. Elle avait trop à perdre et elle connaissait déjà assez bien la jeune demoiselle pour savoir qu’elle se ferait un plaisir diabolique à s’amuser avec cette révélation. Écoutant les dernières paroles qui, provenant de sa bouche, elle étouffa un rire, mais différent des derniers, rien de bon en fait. M’, être là pour elle? Il n’était pas un peu trop tard. Semblerait-il qu’elle n’aurait jamais dû dire cela. Mauvaise idée, ma belle, très mauvais idée pensa-t-elle. « Et parce que tu me dis ça maintenant, tu crois que je vais tout te pardonner? J’ai passé six mois à être ton esclave personnel. À t’écouter parce qu’au fond, je te croyais assez perversement atteinte pour faire de cette photo, une annonce publique. Tu veux savoir? Oui, j’avais la trouille. J’avais peur de devoir assumer ce qu’au fond, je voulais tant. Ce que je suis, mais ce que, au même moment, je ne veux pas être. » dit-elle en remarquant qu’une phrase n’aurait pas dû se retrouver dans ce petit monologue. Ce qu’elle voulait? Mais que voulait-elle? Pourtant, sur cette photo, on ne voyait qu’elle, lèvres contre lèvres avec M’. Il n’y avait pas grand-chose à vouloir sur ce moment, non? Bref, si elle aurait repris la parole sur le champ, elle aurait bégayé, ayant surement parsemé l’esprit de la brune de doutes, un peu plus qui se devait de l’être déjà. Elle savait très bien qu’elle devait rattraper le coup, question de ne pas être humiliée publiquement, faisant mine de s’être trompée en parlant. Non, elle ne donnerait probablement jamais la moindre explication sur ce fait à Kremer. Prise par un malaise, elle ne savait pas comment rattraper la mise. Mais elle trouverait. Comme toujours. Séparant sèchement sa main de celle de la jeune femme, chose qui au début lui avait fait un grand bien, une chaleur humaine qui en temps normal, n’aurait jamais repoussé. Elle prit une bonne respiration, prête à tout pour faire oublier ce léger incident à sa rivale. Prenant sans aucun doute la mauvaise idée, elle reprit une légère partie du jeu qui était commencé, même si elle en avait marre de jouer, et de faire face à quelque chose qui, au fond, ne serait jamais réel. Agilement, elle se déplaça de son siège afin de se retrouver sur son ancienne amie, corps contre corps, ayant agrippé les mains de la belle, pour les retenir un peu plus à l’arrière, puisque de cette façon, elle ne pourrait pas l’enlever de sur elle. Elle avait peur, était complètement tremblante, s’exposait à quelque chose de plus en plus dangereux. Sa peur? Que pour elle, le jeu devienne sérieux. Au point de désirer sauvagement le corps de son amie, ce qui ne devait guère arriver. « Il y a eu ce temps où je t’aimais, je t’adorais, où que même parfois, je t’enviais. Ouais, où j’enviais ton petit monde qui semblait tellement parfait aux yeux des autres. » dit-elle avec un sourire sincèrement triste, laissant en suspens le réel sens du mot aimer et adorer. Oui, elle s’était permise de le dise d’une façon tellement trompeuse, que personne n’aurait pu savoir si elle parlait amicalement ou de quelque chose de grandement plus puissant. « C’est dommage. Ce temps est résolu. J’ai changé et toi aussi, semblerait-il. J’en ai rien à foutre de ta gueule d’ange qui me prend en pitié. J’ai pas besoin de ça. » dit-elle en répliquant aussi bêtement qu’au tout début. Elle exagérait, allait trop loin, mais le désirait peut-être plus qu’elle ne le montrait. Le regard noir de S’ pénétra entièrement dans celui de la demoiselle qui se retrouvait soumise à son corps, prouvant qu’en ce moment même, elle avait peur, était totalement blessée, mais en même temps, avait soif de vengeance. Et ses actes, de toujours se reporter au niveau sexuel en la menaçant, lui donnait un point en moins, puisque tout cela la trahisait. Elle désirait Mika’ et n’avait pas la force de le montrer autrement que par la violence. « Mais de ça, j’en ai besoin. » dit-elle, en relâchant tout doucement les mains de la brunette, fixant toujours le regard de Kremer, s’approchant tranquillement de son visage si parfait, si envoûtant. Réticente pendant quelques secondes, ce qui ne fut pas suffisant pour laisser le droit de refus de la belle, elle partagea de nouveau le souffle de la brunette, contemplant toute sa beauté. Un relâchement de sa part. Quelque chose qu’elle n’aurait probablement jamais du commettre. Certes, la peur qu’elle venait de vivre n’y était certainement pour rien. C’est alors que ses lèvres s’avancèrent dangereusement, contre son gré. Lèvres tremblantes, elle tentait de renoncer, mais elle ne put, déposant un baiser plus tendre que tous les précédents. Et pourtant, l’espace d’un instant, plus rien autour d’elle n’était important ; c’était bien cela, l’ivresse d’un baiser après tout. Contre le contact chaud et tendre, elle se résigna, dévorant une dernière fois ses lèvres. Mauvaise idée, qu’elle regretterait amèrement. Se reculant tranquillement, la réaction de Mikayla allait être maître de ce qui allait arriver par la suite. La honte pouvait se lire sur ses lèvres, mais si la moindre question qui aurait le risque de mettre en péril le sadisme de Shanelle se ferait entendre, elle n’aurait pas peur de reprendre la situation en main. Elle était prête à tout nier, à cacher cette attirance une bonne fois pour tout, si c’était ce qu’elle devait véritablement faire. Mais ce n’était pas pour autant que S’ avait caché son sourire démoniaque, qui ornait ses lèvres depuis quelques minutes déjà.

La vie était un trou gigantesque remplies de problèmes, de phases parfaites, de moments qui étaient faits pour ne jamais être oubliés, d’amour, d’amitié, de sensations à découvrir et surtout, de haine, de vengeance. Chacun avait ce qu’il désirait, seulement si les efforts fournis étaient considérables, si au plus profond d’eux-mêmes, ils ne se mentaient pas. L’évidence dans tout cela, c’était qu’à la fin, l’on se ramassait avec ce qui nous définissait le mieux. Une femme à marier aurait son mari, ses enfants et sa maison et une salope, elle, aurait tous les hommes qu’elle désire, l’argent et la popularité. Mais devant elle, un futur sans rien. Et ainsi était la vie, avec toute sa banalité accrochée au cul. Raccrochée à tous les moments qu’elle avait vécu avec la belle brune, elle s’obligeait malgré tout à redevenir une peste, prête à tout pour obtenir ce qu’elle désirait. Lorsque le tout se trouvait à vouloir être simplement sexuel, les baisers étaient souvent mis de côté, mais pourtant, Shanelle n’avait pas accepté de s’en passer. Elle était du genre à toujours souhaiter avoir plus que ce qu’elle pouvait avoir, ce qui avait pour fait de toujours la mettre dans le pétrin. Ayant repris son côté sadique, elle cessa de sourire pendant un instant alors que la belle lui montra que la photo, qu’elle avait supposément supprimé, se trouvait toujours sur son téléphone. Elle l’avait bien eu. Et dire que si S’ avait enfin décidé de passer à l’acte, de lui faire payer tout ce qu’elle avait bien pu lui faire, ce n’était nulle autre que parce qu’elle se sentait en sécurité, sans rien pour la menacer de quoi que ce soit. Et là, elle regrettait. Mais elle ne renoncerait pas. La soirée n’était pas terminée et c’est pourquoi elle en profiterait pour lui faire payer tout ce qu’elle pouvait venger. Bien entendu, avant de se réveiller le lendemain et de se sentir pointé par tout ceux qu’elle croiserait. Oui, c’était exagéré, mais elle était du genre à appréhender beaucoup plus que ce qui pouvait arriver, ainsi donc, elle se sentirait réconfortée si tout se déroulerait normalement. De retour à elle, elle tenta de reprendre la situation en mains, se retrouvant à califourchon sur la demoiselle, position qui malheureusement, augmentait son excitation. Alors que la chaleur de leurs corps ne faisaient plus qu’un, un baiser fut déposer, chose à laquelle elle devait s’attendre. Elle était en parfaite possession de tout ce qu’il se passait, jusqu’à ce que la brunette, surement en désaccord avec la soumission dans laquelle elle se retrouvait, les pousse toutes les deux à l’arrière de la voiture. Il fallait admettre que la position se trouvait déjà être beaucoup plus confortable. Cela n’empêchait pas que la demoiselle restait toujours autant confrontée à penser à ce qu’elle venait de voir de la part de M’. Mensonges par-dessus mensonges, c’était ce à quoi elle devait s’attendre à présent, et définitivement. Ne pouvant rien faire, prise sous l’emprise de la demoiselle, elle ferma les yeux, sentant que la demoiselle avait retiré ses pantalons, déplaçant sa tête beaucoup trop près de son intimité. C’était toujours un délice pour une femme d’avoir le droit à ce genre de « gourmandise » mais pourtant, elle savait très bien qu’elle ne pouvait pas la laisser continuer ainsi. Remarquant que tout ce que la jeune femme avait envie de faire – lui donner une envie irréprochable de ce que, peut-être elle n’obtiendrait pas -, elle ne put contenir un soupire tellement saccadé qui se retrouva être un gémissement, mais très léger. Quelle femme n’était pas excitée à l’idée d’avoir une langue à sa disposition? Aucune. Et puis, rouvrant les yeux de plus belle, elle se redressa, attaquant les vêtements de Mikayla, malgré ce que la belle brune avait répliqué. Une envie de gâcher le moment se faisait sentir sur les lèvres de la blonde, mais du même moment, une voix désirante s’y trouvait. « Tu veux tellement cette victoire Kremer, que tu serais prête à te faire baiser par une femme. Tu sais, y’a pas de retour quand on se retrouve si bas. » dit-elle, esquissant un léger sourire, qui en réalité, semblait s’inquièter davantage pour celle qui en prendrait surement un coup sur son estime le lendemain même. Elle retira le haut de la Mika’ qui se retrouvait présentement en pantalon et en soutien-gorge. Toutes les deux s’étaient retrouvées à genoux, l’une face à l’autre, sentant cette atmosphère qui, malgré toutes les rivalités alarmantes qui se trouvaient ici, un désir d’être comblée sexuellement, de faire l’amour. Enfin, entre deux personnes non-amoureuse, le terme baiser était vachement plus convenable.. Couvrant le corps de la jeune femme de chauds baisers, elle déplaça d’une façon professionnelle sa main, au travers du pantalon qu’elle avait détaché quelques secondes auparavant, s’amusant tendrement avec l’intimité de sa rivale. La température était passée du froid au chaud en à peine quelques instants. Et puis, malgré l’insulte qu’elle venait de lui lancer, elle déposa encore une fois ses lèvres contre les siennes, ayant besoin d’absorber toute chaleur humaine qui se trouvait à sa disposition. Alors que ses mains descendaient un peu plus bas sur le sexe de la jeune femme, Shanelle orienta son regard beaucoup plus vivant que quelques minutes auparavant, dans celui de son ancienne amie, mais d’une main agile et très rapide, ayant peur que celle-ci ne l’arrête. Un doigt, et puis finalement une pénétration, mais féroce, du genre tellement excitant, puisqu’elle n’était venu de nulle part, n’ayant auparavant que donner quelques caresses pour la faire languir. Et là, retirant sa main aussi rapidement qu’elle avait effectué cette légère pénétration, ses lèvres chaudes qui s’étaient permis de donner un dernier baiser fougueux dans le cou de la belle, elle reprit la parole, se foutant éperdument de tout foutre en l’air, sachant que si M’ se décidait à la repousser, elle ne durerait pas longtemps, puisque le désir était une chose parfaitement incontrôlable. « T’imagines le plaisir que je me ferais de te convertir? Si t’as trop peur de te retrouver dépendante de moi, fait pas ça hein. » dit-elle, avec un sourire sadique, mais sans trop, parce que ces mots n’avaient seulement été preuves d’une affirmation. Elle se recula, montrant à Mikayla qu’au fond, elle ne se trouvait pas être une femme si facile. « Dis que t’as envie de moi. Dis que t’as envie que je te baise. Dis-le. Sinon, tu dégages et tu vas te trouver un homme qui te draguera pendant cinq minutes, à qui tu cèderas automatiquement parce que tu seras seule, à admettre que dans le fond, le mauvais coup que tu pensais de moi, t’auras vachement allumée. Alors dis-le, que je me fasse un plaisir de l’entendre. » Peut-être qu'au fond, elle voulait se convaincre de quelque chose qui était parfaitement faux. Ou peut-être désirait-elle entendre un "ta gueule" ferme, suivit d'un " baise-moi " sincère pour ne plus avoir à faire des monologues inutiles.

Une sentence, une tirade, un discours, tous menaient à un dialogue néanmoins insignifiant, mais qui trainait par la queue un éternel jeu qui n’acceptait guère de prendre jeu. Le tout lambinait sur le passé, à vouloir savoir qui aurait la dernière claque, qui aurait le dernier mot et surtout, qui repartirait la tête haute. La fierté dépassait toujours tout. C’était l’égoïsme pur d’un humain, quelque chose qu’il ne pouvait balayer. Le plus dangereux dans cet instant présent se résumait à une belle brune et une belle blonde, prête à se baiser l’une et l’autre, question de mettre tous les sentiments humains à traquer, le plaisir de prendre son pied et de se mettre à nue, entièrement. Le moment se résumait donc à deux femmes, ne trouvant pas pénible le corps de l’autre, l’envie de faire l’amour et donc, de peut-être mettre fin à quelque chose qui au fond, n’avait peut-être pas vraiment raison d’avoir lieu. Blondie s’était permise de prendre la situation bien en mains, mais pourtant, ce n’était pas pour autant que cela plaisait à Mika’. C’est pourquoi, un nouveau revirement se devait d’être là, permettant à Kremer de se retrouver face à l’entrecuisse de la blondinette. Un péché auquel personne ne pouvait dire non, un délice sexuel que toutes les femmes désiraient déguster au moins une fois dans leur vie. Un homme pouvait très bien exceller à cette pratique mais pourtant, une femme s’y débrouillait souvent mieux. Simple raison qu’elle connaissait amplement mieux les points sensibles d’une personne de son même sexe. Tentant de résigner les centaines de légers gémissements qui parcouraient tendrement son corps entier, son vendre se courba, obligeant Shanelle à ouvrir un peu plus les jambes, mécanisme chez une femme. Certes, c’était un délice, mais du coup, c’était un contrôle parfaitement exercé par la brunette qui avait présentement chaque respiration, chaque sensation et chaque sentiment en son emprise. Là était le seul problème. Alors que S’ avait cherché à entendre quelque paroles venant de sa bouche, qu’elle n’obtenu, sous raison que le moment était à la baise et non à parler. Elle avait raison, mais pourtant, ceci donnait encore un bon nombre de points d’avance à la jeune demoiselle. Elle gagnait et pourtant, Shanelle n’y pouvait rien. Perdante, elle trouverait surement autre chose pour s’en sortir. Ou alors, la guerre prendrait faim avec une vrai looseuse avec la rage de vivre et une gagnante avec une satisfaction dépassant tout le reste. L’endroit était dôté d’un confort absent et d’une froideur présente. Un mélange difficile lorsque la satisfaction sexuelle était recherchée, mais semblait-il que toutes les deux allaient devoir faire avec. Alors qu’un baiser langoureux fit une nouvelle apparition, l’ambiance se transforma, du moins, pour la blonde, en quelque chose de dévorant, d’obligatoire. Shanelle était une de ces femmes, où son plaisir passait en deuxième. Ou sa satisfaction était de donner et non de recevoir. Oui, elle adorait cette sensation de devoir s’arrêter avant d’exploser intérieurement mais, en outre, les gémissements et mouvements de son ou sa partenaire était son souci. Jouant à un jeu des plus dangereux, S’ se devait de mettre quelques règles, à son propre esprit. Rester concentrer sur le jeu, sur l’irréel. Simple? Non, bien au contraire. Le plus difficile était de savoir qu’au profond de cette histoire, la jeune brunette ne désirait que Shana’ pour satisfaire ses besoins de femme qui s’était faite allumer. Ce n’était pas suffisant, mais elle faisait avec. Elle se contentait du moins, de se dire qu’elle avait réussi à les rendre là toutes les deux, alors que précédemment, elles se trouvaient être de parfaites ennemies, anciennement connues par de si bonnes amies. Le mot baiser, avait été celui le plus utilisé de la soirée. Et contre toutes les attentes, Mikayla se redressa, mis sa bouche à son oreille, lui disant des mots insensés, lui demandant de lui faire l’amour, accompagné d’un surnom tendre, que deux amoureux se diraient. Cette femme piquait, mordait, déchiquetait ; présentement, elle préférait jouer avec les sentiments de la belle blonde. Un bon coup. Dans ses yeux, pendant une seconde voir même peut-être deux, un regard différent de tous les précédents avaient fait surface. Un fake, surement. Ce soir, elle perdrait probablement la raison. Irrécupérable, demain, elle serait. Sentant une léchouille tranquille, humide et simple, elle frissonna, tentant de revenir à la raison. Elle ne répondit pas automatiquement à la remarque de la demoiselle, préférant se redresser légèrement, enlevant automatiquement les sous-vêtements de la belle brunette, la rendant ainsi totallement nue. Les deux femmes se retrouvaient nues, corps soudés, la respiration haletante. Bien que possible, Shanelle se dressa un effort à travers d’elle-même afin de se retrouver sur le dessus des deux. Soumise, elle détestait. Dominante, elle glorifiait. Prenant alors un peu plus de nouveau le contrôle, bien que le niveau d’excitation à lequel elle se trouvait était intense, elle se retrouva face à face avec Mika’ mais parfaitement le corps plaçé sur le sien, ses deux jambes entre les siennes, permettant à son intimité de se retrouver lié au sien. Effectuant quelques mouvements déplacés, elle se frictionna son intimité à celle de la jeune brunette, effectuant instantanément un plaisir intense, quelque chose de bien entendu, très différent d’un homme. Pourtant, c’était simple de trouver son plaisir, de prendre son pied de cette façon. Respiration haletante, elle déposa un tendre baiser mélangé avec un désir sauvage, sur les lèvres de Kremer, tentant de réprimander cette envie irrésistible de connaître le fond de son plaisir. Tentant de se mettre dans la peau d’un personnage, elle hésita quelques instants, déposant son regard dans le sien, repoussant de quelque peu l’étreinte qu’elles avaient, prenant la parole, pour des paroles qu’elle disait sur un ton qui semblait si sincère, que la vérité serait dure à découvrir. « Je t’aime .. mon ange. » Et voilà, mensonge bien entendu, question de rendre la monnaie de la pièce à celle-ci, mais pourtant, ce ton si connu, ce ton qu’on croirait menteur, mais au contraire sincère à son non-vouloir, s’était appuyé à ces paroles. Esquisant un sourire mesquin, elle se mordilla la lèvre, purgeant son bonheur de se plaisir sexuel, mais de cette situation délicate dans laquelle ces deux femmes se trouvaient présentement. « Crois-moi .. » dit-elle, tentant d'avoir l'air encore plus sincère à ce fameux " je t'aime " qu'elle avait lâché. Continuant de masser son corps contre le sien, sa langue s’orienta grassieusement vers la poitrine de celle-ci, titillant le plus rosé. Sa tête descendant graduellement, donnant un moment de languir à sa partenaire, ce pour quoi elle avait un don. Sans raison, du moins ce que Shana’ croyait, une larme se cambra au coin de son œil droit, chose qu’elle n’avait pu contrôler. Elle la laissa glisser le long de sa joue, tentant de se mémorer que le passé resterait toujours ainsi, provocateur du présent. Ennemies with benefits aurait été le nom de leur histoire, alors que si tout avait été différent, elles ne seraient pas là, à concourir sur laquelle était la meilleure au lit. Elles seraient là à faire des trucs de femmes, à sortir en boîte, à s’amuser, à s’adorer, à trinquer à leur si grande amitié. Et non, au contraire, elles se mettaient à nue, dans tous les sens du terme, à faire l’amour, si cette expression se trouvait être la bonne, en se détestant toujours autant. Bref, hein. La respiration saccadée, sa langue se musardait tranquillement un peu partout, sans faire approche totale sur l’endroit énigmatique de la brune. Endroit délicieux à atteindre, elle donna quelques baisers langoureux à Mika’ sur les cuisses, à grande proximité de son intimité. C’était à prouver que ce qu’elle désirait, c’était une légère participation de la grande brunette, des paroles qui la suppliaient, quelque chose qu’elle n’aurait pas. Le problème avec le sexe, pour la belle blonde, se trouvait à perdre l’entier contrôle, à oublier le reste, à oublier que face à elle se tenait une vipère, une femme prête à tout pour la détruire. La soirée n’était pas terminée et ne se terminerait pas par deux femmes prenant leur pied. Non, c’était un début. Bien entendu.