La naïveté, Shanelle en est sa belle définition de la tête jusqu’aux pieds. Stupide, sans cœur, l’attirance s’envole tranquillement et permet au dégout de s’installer. Déçue, face à ses envies qui la massacraient de minutes en minutes, elle pouvait les assouvir au plus profond. Profiter de cette femme était sublime, délicieux mais tout à la fois, difficile. Si seulement parfois, elle se permettait de se rappeler, de ce passé qui l’avait tant fait souffrir. Ces moments où elle avait tant été triste de la perdre, tant triste d’être rendue qu’un simple jouet à ses yeux. Alors que quelques temps plus tôt seulement, elles étaient inséparables. Même à ce moment présent, alors qu’elles faisaient presque l’amour, elle avait mal, mal de voir cette brunette souffrir, cette femme qu’elle avait tant aimée, amicalement parlant. Qu’elle aurait protégé jusqu’à en mourir. Qu’elle n’aurait jamais cru perdre. Et pourtant, aujourd’hui, le contraire était là. La souffrance, c’était ce qui planait dans cet air difficile à respirer. Les doutes, les larmes, la violence .. toutes ces choses qu’elle aurait gratuitement troqué contre un simple sourire réel. Non, elle se devait d’accepter cette situation et de finalement s’occuper de son plaisir sexuel et celui de sa rivale. Elle avait dépassé les limites, vraiment. Ces paroles, qu’elle avait prononcées, sans les penser, du moins, pas de façon amoureuse, allait surement lui couter cher. Et oui, exactement ce qui se passa. Elle se retrouva férocement repoussée contre la porte arrière, devant admettre qu’une douleur s’accapara de son dos entier. Aussi rapidement que la jeune blonde avait enlevé ses vêtements, Mikayla s’était revêtue de ceux-ci, lui disant précisément de dégager de sa voiture. Si seulement c’était aussi simple. Aucun mot, rien. Elle écoutait, ne réagissait même pas. Simplement, remettre ses vêtements, était quelque chose qui se devait d’être exécuté. Seulement ça. Rien d’autre. Prête à prendre la parole, elle fut de nouveau surprise alors que Mika’ lui montra, en direct, devant elle, qu’elle effaçait la photo. Elle ne sourit même pas, mais fut du moins terriblement soulagé. L’écoutant de nouveau, elle enfila entièrement ses vêtements, avant de retourner à l’avant de la voiture elle aussi. Elle avait mal, terriblement en fait, mais elle devait le cacher. Regardant une Mikayla du je m’en foutaise, elle esquissa un sourire, plus vrai que tous les précédents, un de souffrance, ceux qu’on à peine à regarder. Sa main agrippa sur le coup la poignée de la porte, prête à partir, plus que jamais. Prête à oublier cette femme machiavélique, qu’elle le veuille ou non. Mais pourtant, elle ne put s’en empêcher. Tout cela n’était plus question de victoire ou de quoi que ce soit qui pouvait se relier à ce fait. « Je me rappel, ce soir-là. Je t’ai regardé partir, espérant que tu te retournes. Ou même que tu me gifles, que tu me dises que j’étais en plein délire. Ou encore, que je me réveille et que je remarque que je dormais, rêvais. Cauchemardais, plutôt. J’ai changé, en meilleur pour certains, en pire pour moi-même. Je suis rentrée, dès que t’es partie. Je me suis couchée, sans savoir ce que demain allait m’offrir. Et c’était de la merde. Oh oui. Je pleurais comme un enfant. Ouais, un vrai moment de faiblesse. Et je me suis rendue compte qu’au fait, je perdais une petite partie de moi. Je t’ai obéis. J’ai fait tout ce que tu m’as demandé. Et peut-être qu’en fait, je le faisais pour moi, en espérant qu’un jour tu me pardonnes. Punaise, je me sentais comme un enfant qui venait de voler un bonbon dans un petit magasin du coin. Alors que tout ce que j’avais fait, c’était embrassé une femme. Pff, c’était rien. Remarques, c’est et ça restera toujours un mystère, pourquoi je t’ai embrassé toi et pas une autre, je ne sais pas. Je n’ai pas la réponse. Mais ne me repousse pas. Ne me laisse pas partir. Partir comme une conne, sans personne sur qui compter. Je sais déjà que si tu me laisses franchir cette portière, je me retrouverai seule contre tous. » dit-elle sur un ton presque trop sinistre pour ce qu’il se passait. Ce qui l’attendait? Peut-être se faire tuer. Finir seule, sans personne sur qui compter. Un monologue de pitié, c’était ce qu’elle venait de faire et pourtant, elle regrettait un peu ses paroles. C’était du n’importe quoi, mais c’était fait. Vulnérable, c’est exactement ce qu’elle était présentement. Elle ne méritait pas Mika’ et peut-être que toutes ses paroles ne mèneraient à rien non plus. Shanelle avait toujours eu besoin d’amitiés profondes, mais à chaque fois, elle les avait perdus. Et de plus belle, elle voulait reprendre la parole, ce qu’elle fit donc finalement. « Et merde, je veux pas de ta pitié. Je veux que tu me dises que je t’ai manqué. Que tu regrettes toutes les merdes que tu m’as fait subir. Non, pas tes excuses. J’veux juste voir dans tes yeux que t’as mal autant que moi, autant que j’ai souffert. Je veux que tu me dises que tu ne peux pas te passer de moi, que tout ce que tu m’as fait subir, c’était toi aussi pour espérer que tout s’arrange. Ça ne valait pas la peine d’aller jusque-là. T’étais une copine en or et j’ai beau essayer de te détester, putain, j’ai besoin de toi. Je n’arrive pas à tout laisser de côté, c’est pour ça que j’agis en connasse. Je baisse les armes maintenant, j’en ai marre. T’as beau avoir un corps de rêve, je trouverai quelqu’un d’autre à baiser. dit-elle, laissant une larme coulée tout le long de sa joue. Mika, putain, dis-moi que j’suis une pauvre conne et qu’tu m’aimes. » dit-elle, finissant ainsi donc son discours. Elle voulait entendre de la bouche de son amie un je t’aime? Seulement, pas de façon amoureuse. Seulement ces je t’aime entre amies, ceux qui nous font se sentir bien. Ceux en lesquels on a de nouveau espoir. Mais pourtant, il ne suffisait qu’une dernière phrase de la belle, pour que S’ comprenne qu’elle devait réellement sortir de sa bagnole. Tel un enfant, les yeux brillants, elle souffrait en silence, mise totalement à nue.

Peut-être que finalement, elle venait faire d’elle une simple femme lamentable, qui croyait qu’avec ces paroles, réussirait à atteindre sa rivale. Non, elle s’était parfaitement trompée, remarquant que cette femme était restée parfaitement froide, sans intérêt, aux remarques, aux paroles, à la presque demande de pardon de la blondinette. En outre, peut-être était-ce mieux ainsi? Qu’elles coupent tous les liens possibles, qu’elles s’oublient, avançant chacune de leur côté, à leur rythme. Mais pourtant, toute cette haine qu’elles avaient accumulé l’une pour l’autre, n’avait pas servi à rien. Toutes les misères que chacune avait pu endurer, toute cette souffrance accaparée, se retrouveraient dans le néant, sans la moindre conséquence liée? Comme si au fond, rien ne s’était passé. Avait-elle était tant pathétique que le point de retour était présentement effacé de tous les disques durs de leur amitié? Semblait-il que c’était bel et bien cela. Elle venait de faire d’elle-même une folle, oh oui, une parfaite cinglée qui croyait qu’avec ces paroles, qu’avec la si magnifique amitié qu’elles avaient auparavant entretenues comme des grandes, qu’elle aurait au moins pu avoir quelque peu de dignité, un résultat plus positif que cela venant de sa part. Et non, bien au contraire, elle s’en mettait encore une fois plein la gueule. Comme si ce n’était pas suffisant. Comme si elle avait besoin de cela, alors qu’elle s’était mise véritablement à nue devant elle, lui expliquant que toute cette merde qu’elle comptait, qu’elle faisait n’était que preuve d’appui d’une souffrance, d’un manque de quelque chose. Et cela ne guérirait en aucune sorte toutes les plaies qui s’étaient ouvertes ce soir. Non, rien comme elle venait très bien de lui faire entendre ne se réglerait. Tout était décidé ; chaque erreur avait porté son fruit à cette défaite, à cette défaisance, ainsi, plus jamais elles n’auraient à s’affronter, puisque semblait-il que Mikayla avait tout décidé par elle-même. Shana’ n’avait pas eu le moindre mot à poser là-dessus. Tout était terminé, le choix était final. Du moins, peut-être pas final ; ainsi elles resteraient ennemies. Elle regarda alors la jeune femme traversée la voiture, lui disant que tout ce qu’elle faisait était pour elle. Éclatant de rire après toutes ces sensations qui l’avaient envahi, elle répliqua automatiquement. « Oui, bien sûr. Tu fais ça pour moi, hein. Écoutes, je te crois. Tu peux pas savoir le bien que ça me fait de savoir que tu tiens autant à moi. De comprendre que pour toi, la solution ce n’est pas d’essayer, mais bien d’abandonner. Nan, écoutes. C’est pas – tu t’en vas, et on s’oublie. Non, c’est soit on se détestent, soit on fait une trêve. Et non, je ne vais pas te supplier. Parce que là, tu me prouves véritablement que t’en as rien à foutre. Et que j’apprenne à grandir, tu dis ? Putain, Mika, regardes c’est qui qui fait la grande fille et qui préfère rester la petite fille terrorisée de ce qui pourrait vraiment arriver. Je te croyais plus forte. C’est décevant. » s’exprima-t-elle enfin, tentant tout de même de rester sincère, de ne pas broncher, sachant que punaise, elle en avait vraiment trop marre de passer sa vie à tenter de détruire celle de son adversaire. Et pourtant, semblait-il que tout allait continuer de la sorte, ainsi Mikayla avait choisi. Sortant enfin de la voiture, comprenant que présentement, c’était tout ce que la jeune femme désirait véritablement, elle le fit, souriant narcissiquement, alors que contre toutes les attentes, la pluie repris de plus belle. C’est alors, la raison du pourquoi, Shanelle soupira en étouffant un rire épuisé, où tout ce qu’elle désirait au fond, aurait été de revoir cette femme entrée de nouveau, mais tranquillement dans sa vie, de voir deux femmes mures, beaucoup plus qu’auparavant, rattraper leurs graves erreurs. Pourtant, elle savait enfin que cela ne serait jamais possible. « Ouais, nous sommes allées trop loin. » dit-elle, en appuyant gravement sur le mot nous. « Eh merde, tu sais quoi? Je ne regrette rien. Aucun de mes actes, aucune de mes paroles. Que ce soit du moment à la marina ou bien jusqu’ici, où j’ai tenté de me racheter. C’est bon, je ne le mérite pas, ton pardon. Comme tu ne mérites pas le mien, après tout. Mais alors, toi, tu t’imagines déjà chez toi avec la conscience soulagée? Non, je te connais, chérie. dit-elle en souriant au mot chérie. Ce mot, lorsqu’il sortait de sa bouche était plutôt.. irritant qu’affectueux. Tu vas passer une putain de nuit merdique, à te demander qu’est-ce que t’es devenue. Et même à te créer un million de scénarios, à te demander qu’est-ce qu’il se serait passé si on aurait enfin mis une trêve à ces conneries de merde. Mais tu vois, ton « je m’en foutisme » causera ta perte un jour. Je t’assure. » dit-elle avec la voix tremblante, chose qu’elle tenta automatiquement de corriger, sans réussite. Elle avait cette douleur insurmontable, gravée au plus profond de sa gorge, qui combattait toutes les paroles positives qui tentaient de monter de là. Toujours hors de la voiture, alors que la température était de plus en plus pire, tempête à l’arriver, elle esquissa un dernier sourire avant de fermer la portière où elle était assise, d’une violence furieuse, étonnante. « Tu veux que je dégage? Je vais le faire. Seulement, n’oublies pas que certaines paroles étaient sincères, plus que jamais ce soir. affirma-t-elle, laissant une larme s’échapper de son œil droit, sans la moindre volonté venant d’elle. Dans le temps, tu t’es déjà imaginée en être là, avec moi? Dans ce temps, quand t'arrivais encore à me flairer? » dit-elle, se le demandant à elle-même du coup. En fait, ce n’était pas vraiment une question mais plutôt une espèce d’affirmation qui faisait un grand mal à toute cette atmosphère qui avait déjà une étrange difficulté à rester sur un coup stable. Et la pluie, d’un coup foudroyant, se transforma en véritable déluge. Au moment exact où Shanelle se mit à avancer, laissant Mikayla derrière elle, dans cette rue déserte. Se retournant une dernière fois, terriblement frigorifiée. « Bonne soirée, Mika. Moi j’ai comme boulot de trouver quelqu’un à baiser. Tu m’as mis dans un état terrible. » dit-elle en étouffant un rire qui se voulait finalement plus amical que méchant. Pourtant, elle savait déjà que Mikayla ne le verrait pas de la sorte. Tant pis pour elle. Elle se retourna qu’une simple seconde pour reprendre sa marche, mais ne pu se résoudre à dire quelques dernières paroles sincères. « Allez, je dégage, pour ton bonheur. Seulement, fais attention à toi. Et fais pas de conneries. Fais juste .. vraiment attention à toi. » dit-elle, sachant dans quoi, ce soir elle s’était vraiment embarqué, lorsqu’elle avait, si défendu pouvait être le mot, contre l’homme qui aurait très bien pu s’en prendre contre Shanelle. Un sourire de désolation, un sourire qui avait pitié de savoir qu’à leur prochaine rencontre aléatoire, la rivalité serait de retour, la haine aussi & bien entendu le bonheur de pouvoir détruire l’autre. Ce soir, cette soirée, avait principalement eu pour but de faire comprendre à ces deux jeunes femmes de ne jamais aller trop loin dans un jeu. Tout, peut détruire. Jouer de cette façon dangereuse, avait en une seule soirée détruit une amitié, une possibilité de réconciliation, la fierté de deux femmes et enfin, le cœur d’une.

Spoiler:

Oui, c’était bel et bien, ce qu’elle avait toujours recherché ; achever son ennemie, rapporter la victoire, comme toujours. Mais cette fois, le tout avait été différent. Aucune n’avait gagné. Aucune n’était perdante. Elles devaient simplement laisser tomber le tout, faire comme si cette histoire n’avait jamais existé. Du moins, essayer. Elle aurait bien pu répliquer à toutes ces remarques, mais cela ne ferait qu’empirer une situation qui avait déjà dépassé une bonne limite, comme toujours. La fin ne serait jamais d’accueil à leur histoire, mais une trêve de quelques sommeils, serait de demande. Tout ce qu’il leur restait ? Une guerre, une en devenir. Quelque chose qui, jamais, ne s’arrêterait. Comme quoi, leur destin était déjà tracé. Il semblait vouloir les obliger à se battre, même si au fond de S’ .. l’envie de se résigner, d’abandonner était là. Mais bon, elle voulait la guerre, elle l’aurait. Et c’était obligatoirement de cette façon que le tout allait se dérouler. C’était un début accompagné d’une fin impossible. Alors qu’elle lui proposa de la raccompagner, chose que Shanelle avait attendu toute la soirée, une proposition que même bornée comme elle était, ne refuserait pas, elle esquissa un simple sourire mesquin, faisant mine de ne pas avoir souhaité cela à aucun moment, mais que, vu cette température, elle n’avait pas vraiment le choix d’accepter. Un jour, probablement, elles reparleraient de tous ces faits, mais pour le moment, leur lit, respectif à chacune, les attendait. Seulement, il était temps de mettre fin à ce cauchemar, et de se réveiller le lendemain en croyant que ce n’était guère la réalité. Malgré tout, c’était impossible. Voyageant que quelques rues plus loin, dans un silence étouffait et affamé de haine et de mauvaises intentions, la route parue vachement plus longue que ce qu’elle en était vraiment. Arrivée face à chez Shanelle, un énorme sourire s’afficha sur ses lèvres, alors qu’elle savait pleinement que leur histoire ne s’arrêterait jamais à ce genre de fin. Non, aucunement. Agrippant la poignée de la porte, elle se racla la gorge, signe qu’un rhume la guettait solidement. Et la parole fût de nouveau sa propriété, comme à chaque fois. « On sait bien .. toutes les deux que cette conversation, que toute cette merde, c’est pas fini. » dit-elle, sourire faux fendu aux lèvres, probablement un signe qu’elle en avait marre de toujours se battre. Ainsi était la vie, quoi. Ouvrant enfin la portière afin de se retrouver à l’extérieur, elle reprit la parole de plus belle. « Bonne nuit, chérie. » dit-elle, contre son gré, comme si une voix particulière qui s’était nichée au creux d’elle-même l’avait obligé à répliquer, à chercher à mettre en froid de nouveau, cette relation. Et un violent claquement, lorsque Shanelle ferma la portière, se dirigeant froidement vers la porte de son appartement, avant de voir au loin, Mikayla qui avait déjà entamé son départ. Elles allaient périr encore plus loin que l’enfer, ces deux femmes. Fallait croire que Satan pouvait subsister dans plus d’un corps.

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