Quelle heure est-il déjà ? Non devrais-je dire, quel jour on est ? Ce serait déjà un bon début … Mais le petit déchet de la société qu’était déjà Sacha à tout juste 25 ans, était bien incapable de se reposer sur un calendrier ou une montre. S’il s’y retrouvait un instant, son verre suivant lui faisait remonter le temps après un bon trou noir. Comme un dédoublement de personnalité. Pendant quelques minutes il sera lui-même, puis une bouteille après, son regard est vide et il semble être parti, de l’intérieur, complètement ailleurs. Physiquement il est là oui, mais pas lui. Et c’était ça tous les jours. Stupide quand on pense que ses vieux l’avaient jeté dans une camisole « Une désintoxication » appelaient-on ça ? Pour le sortir de cet état de déchet, mais qu’à peine après avoir été envoyé à Berkeley, il avait le trou noir de sa guérison … Remarquez ce n’était pas de sa faute – En fait ça ne l’est jamais ! – si on lui avait tendu un verre pour l’aider à s’intégrer. Encore moins quand on lui avait proposé d’en fumer une, puis deux … Hey ce sont les autres qui proposent, et c’est vachement mal poli et mal vue de refuser. Il vient d’une bien bonne famille, les bonnes manières il connait ! Tout ça pour dire que sa guérison avait été de courte durée, et qu’une nouvelle journée dans les bottes du déchet humain recommençait …

15h30. Il s’était pourtant levé tôt ce matin, n’ayant guère besoin de dormir plus de 5h par nuit – Simple habitude de fêtard – mais n’ayant rien de mieux à faire que la tournée des bars – Ou peut-être les cours ? Ceci dit les bars faut les découvrir aussi … Lui il vient de débarquer il a besoin de s’implanter le GPS à picolade dans la tête. – il avait emmagasiné bien plus que Johnny en toute une vie, en une simple mâtiné, et s’était complètement écroulé dans sa chambre dès 11h. Vous me direz, ce n’est pas bien difficile de trouver le sommeil chez les Omega à cette heure ci, ils comment tous leur nuit … Mais à 15h30, c’est sauvé par le Dong. Son téléphone le fit sursauter, le sortant d’un rêve assez absurde dont il n’avait même plus aucun souvenir au moment même ou ses yeux s’étaient entrouverts. Et il avait froid. Et faim aussi … Mais soif, surtout soif. Ne prenant donc même pas la peine de chercher son téléphone, il se chercha quelque chose à avaler dans son capharnaüm qui lui servait de chambre – Et dire qu’ils n’étaient là que depuis quelques jours … - mais rien. Plus un soda, plus une bière, plus une goutte d’alcool. De l’eau ?! Qui cherche à l’empoisonner ? Soupirant d’un désespoir certain, il plongea sa main sous son oreiller pour en sortir de quoi fumer quelque chose qui lui ferait oublier sa soif, puis il se laissa retomber dans son lit, tirant tranquillement sur sa fumette. Ha oui son téléphone. Il laissa le tout coincé entre ses lèvres, puis attrapa son portable posé sur sa table de nuit. Il tapota l’écran tactile pour en afficher le message. Plas. C’est qui ça ? Non pas qu’il ne soit pas habitué aux trous noirs, mais pour recevoir un message de sa part et qu’il soit enregistré dans son répertoire …. De toue façon qu’avait-il de mieux à aire que de s’y rendre dans le salon ? Soft ? Un moment de réflexion … Il ôta sa clope illicite de sa bouche, puis l’admira un long moment comme ci c’était la dernière … On repassera pour le soft ! Il la renfourna devant sa bouche, préférant tirer encore un petit peu dessus avant d’enfin se bouger. Une fois qu’elle fut totalement consumé, il attrapa son chapeau qui traînait sur sa chaise du bureau, puis l’enfonça sur sa tête par un geste visiblement bien habituel. Il se fraya un chemin parmi son linge sale qui avait élu domicile sur le sol, et atteignit la salle de bain. Ses yeux rouges allaient le trahir sur son soft … Mais comme ci cela n’avait aucune importance, et semblant même satisfait de son apparence sur ce coup là, il se contenta de passer un bref coup d’eau froide sur son visage une fois le robinet ouvert, puis il quitta finalement sa chambre sur les coups de 16h, partant à la recherche du dit salon entre les escaliers et les couloirs. Un gps universitaire ça existe ? Ce salon pourtant, il avait déjà du y mette les pieds … Restait à savoir ce qu’il avait dans le sang à ce moment là, pour que le chemin lui revienne …

Des rires, des voix, puis des soupirs, et des consternations. Ce devait-être le salon. Les mains dans les poches de son pantalon, le regard assombrit par son chapeau, la démarche un peu clopinant d’un alcoolique, ou d’un somnambule, il arriva enfin devant la porte du salon. Il en eu le doute quand même, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive du panneau sur la porte …

« … Si vous aimez les challenges, vous pouvez même pousser jusqu’à l’extrême : pas une goutte d’alcool à votre « before »… vous gardez tout pour l’ « after »… ». C’était tout ce dont il avait entendu de la réunion – Parce qu’il avait quand même comprit que s’en était une à en voir le monde réunit ici même -, arrivant probablement trop en retard. Et ne sachant absolument pas de quoi tous parlaient, il rentra discrètement dans la pièce, se faufilant tel une petite souris jusqu’à aller s’adosser contre le mur, dans le fond dans la pièce, entre deux autres Omega qui semblaient tout aussi bien réveillés que lui … Soft n’a peut-être pas le même sens chez les Omega. Va vraiment falloir qu’il s’intègre.

Puis ce fut au tour d’une petite rousse de prendre la parole. « Je m’explique. Un spectacle auquel on ferait bien l’entrée … Ca fait très Philanquelquechose non ? Mais le truc c’est qu’on reste Omega .. Durant le spectacle, on pourrait faire des danses … Les danses d’Oméga bourrés. Ca serait en même temps une excuse pour boire sans se faire griller. De plus, on pourrait y jouer quelques sketchs. Du genre, tourner en dérision notre situation .. […] ». Les yeux rivés sur cette étudiante, il haussa un sourcil d’incompréhension. « Philanquelquechose » ? Si au moins ils parlaient le même langage. Et c’est surtout très ennuyeux … « Venez soft » lui il pensait que c’était pour justement gouter un truc nouveau. Soyez prêt à planer comme jamais. Une réunion chez Omega finalement, c’était décevant … Repartir aussi discrètement qu’il était arrivé ? Ca ne passerait peut-être pas aussi bien. Finalement, il se laissât aller un profond et long soupir manquant d’ailleurs de discrétion, il enfonça un peu plus son chapeau sur sa tête pour se cacher les yeux, et bien adossé au mur, il se décida à reprendre sa nuit. Chose assez inconfortable. Il releva alors ses yeux en cherchant une place un peu plus adéquate dans la salle. Son regard s’arrêta sur un … Vieux ! Non pas qu’il semblait plus confortable que le mur, je vous rassure mais … Il avait redoublé combien de classe celui là ? Probable que sans s’en rendre compte, Sacha le dévisagea de bonnes secondes, pour reprendre son parcoure visuel du combattant. Un fauteuil ! Mais déjà occupé par un type qui semblait aussi intéressé que lui par la discussion. Sa bouche s’ouvrit alors mais se referma aussitôt sur le silence complet. Il avait bien envie de poser sa question existentielle : Pourquoi c’était CE type qui avait le fauteuil et pas lui ou un(e) autre. Mais peut-être était-ce mal approprié de la bouche d’un type qui vient de débarquer de nulle part. Aussi en passât-il par l’histoire de l’after et du before. Il avait comme l’envie de demander à ce que l’on le prévienne juste pour l’after. Mais là encore, vu les têtes d’enterrement de certain, l’heure était grave et ce qu’ils cherchaient à organiser semblait être une question de vie ou de mort. Alors il opta pour le silence plutôt que de se faire jeter par sa propre confrérie à peine arrivé en son sein.

« Shit … »

Non il ne participait pas à la discussion, mais s’était sorti tout seul de sa bouche alors qu’il levait les yeux vers le plafond. Il venait de se souvenir qu’il avait probablement oublié d’éteindre le lavabo dans sa salle de bain, après s’être rafraichit le visage. Il avait le souvenir de l’ouvrir, mais pas de le fermer … Remarquez au moins, il passait pour le type qui s’inquiète durement du sort de sa confrérie. Alors qu’en réalité, il n’avait même pas comprit le sens de la réunion …

Oui, l’entrée d’Alcide dans ses nouvelles fonctions de doyen tombait à point nommé. Sa première mission était de chapeauter la remise à flot de la confrérie Oméga. Une mission d’importance, s’il en est, puisqu’il s’agissait de redorer un blason terni par l’alcool, les soirées, les orgies et bon nombre d’activités toutes plus sympathiques et amusantes les unes que les autres, mais des activités qui nuisaient à la réputation de l’université à travers les étudiants un peu trop joyeux aux yeux de vieux grigous connus comme les donateurs de Berkeley.
Les idées des étudiants pour mener à bien des projets philanthropiques n’étaient pas les meilleures idées que l’on puisse suggérer en pareille situation, bien que van Stexhe aurait adoré pouvoir acheter le DVD collector du film érotique de Calvin et les autres, mais au moins, ils avaient quelques idées, même si le terme « philanthropique » ne semblait pas subir ici l’acception qu’il recouvrait en temps normal. L’homme devait-il leur donner la définition de cet adjectif ? Cela était peut-être un peu malvenu…

Le professeur avait donc donné son avis. Une idée folle, un peu recherchée, peut-être, mais qui lui semblait vraiment réalisable. Il fallait faire quelque chose pour que la confrérie puisse continuer à vivre. Et comme la manière de vivre des Roisterers était axée sur la fiesta, il était possible, sans aucun doute, de trouver quelque chose à faire en ce sens-là pour pouvoir améliorer l’image des étudiants Omégas…

C’était alors qu’il venait d’exposer son idée que l’homme tourna la tête vers la jeune fille qui avait pros la parole. Bon sang, cette voix, cette bouche, ce visage… Alcide ne pouvait s’empêcher de repenser à tout ce qu’il s’était passé entre Lexie et lui l’autre soir. L’entendre prononcer son nom de famille, cela résonnait étrangement dans la tête du professeur… Au Manhattan Lounge, elle l’avait toujours appelé par son prénom, un prénom qu’elle avait susurré, mordillé, embrassé…
Il était difficile de se concentrer sur ce que miss Da Vulcra disait. Trop de choses étaient en œuvre dans l’esprit de l’enseignant, il ne pouvait faire autrement.

Appuyé contre le mur du fond, van Stexhe avait entendu sans écouter vraiment. Il devait se faire violence pour cesser de penser de la sorte à cette mémorable soirée au club de striptease. Ce n’était pas à lui à décider au nom des jeunes étudiants. Après tout, son rôle à lui, c’était de chapeauter, de chaperonner.
L’idée de Lexie lui semblait se rapprochait du concept des fancy-fairs qu’il avait connues étant enfant. Des spectacles, des jeux, des trucs où les gens pouvaient dépenser leur argent en se disant qu’ils faisaient une bonne action… C’était une manière de manipuler les gens. Une manière communément acceptée par l’opinion publique. Cela pouvait marcher, peut-être… mais l’idée du spectacle était peut-être trop candide… à moins qu’il ne s’agisse d’une façon de mettre en scène les soirées des Omégas comme une sorte de pièce de théâtre… dans ce cas-là, ça allait demander pas mal de boulot !

Le regard fixé sur la rouquine qui avait pris la parole, Alcide s’était mis à réfléchir : quels moyens concrets possédaient-ils pour remplir cette mission philanthropique qui leur était confiée ? En soi, la réponse ne pouvait pas venir d’elle-même. L’homme se tourna un peu vers les deux présidents de la confrérie, attendant que l’un des deux prenne la parole pour suggérer quelque chose de faisable, peut-être en rebondissant sur les quelques idées émises lors de cette réunion…

[HJ : je sais que ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick, mais ça fait remonter le sujet et donnera peut-être envie à certains de poster, ce serait dommage d’envoyer un tel topic aux oubliettes…]