La vie est bien souvent faite d'évènements inattendus, même lorsque ceux-ci se révèlent être absolument merveilleux. Et c'est ce qui arriva à Maria O'Berkeley, enceinte de sept mois maintenant d'un petit garçon qu'elle et son compagnon avaient décidé de prénommer Aaron. Alors qu'elle se trouvait dans sa chambre à coucher en train de refaire le lit, la brunette vêtue d'un tee-shirt d'Edward sur elle – alors qu'elle comptait aller prendre une douche – sentit soudainement quelque chose de chaud lui couler le long des jambes. Rien de normal, elle le pressentit. Baissant instinctivement son regard vers ses jambes, elle ne tarda pas à s'apercevoir que ce qu'elle pouvait craindre de dire venait effectivement d'arriver.

Elle venait de perdre les eaux.

« Ambre ! »

La petite n'avait pas cours aujourd'hui de façon exceptionnelle puisque sa maîtresse était malade et avait un arrête maladie de trois jours, ce qui représentait pour la petite fille la possibilité de passer quelques jours tranquilles avec sa maman sans que son père ne soit là systématiquement.
Elle ne tarda pas à pointer le bout de son nez dans la chambre de sa mère pensant sur le moment qu'elle allait lui proposer quelque chose d'amusant comme aller au parc, ou jouer.

« Chérie, tu veux bien appeler papa s'il te plait ? »

Ça, ça n'avait absolument rien d'amusant pour la petite fille qui fronça brutalement les sourcils ne comprenant absolument pas pourquoi sa mère lui demandait une chose pareille, à ce moment de la journée alors qu'Edward était parti travailler. Non, elle ne comprenait définitivement pas du haut de ses cinq ans que sa mère allait accoucher. En même temps, si cette dernière ne lui exposait pas clairement la situation, comment pouvait-elle le deviner ? Certes, Ambre était une enfant douée d'une très grande intelligence, mais tout de même, à ce point, il ne fallait pas trop en demander non plus.

« Pourquoi ? »
« Je vais avoir mon bébé, ma puce. »

Ambre ouvrit soudainement de très grands yeux, effarée d'apprendre une telle nouvelle à une telle heure de la journée. Elle savait pourtant que ce bébé allait faire son arrivée à un moment ou à un autre, mais ce qu'elle n'avait certainement pas prévu, c'était bien le fait qu'il puisse arriver maintenant. Encore une fois, Ambre n'avait que cinq ans.

Maria attrapa son cellulaire, qui fort heureusement, se trouvait sur sa table de chevet, elle composa le numéro d'Edward et donna le cellulaire à sa fille qui descendit dans le salon, sachant – car sa mère le lui avait expliqué – qu'il y avait un meilleur réseau en bas plutôt que dans les chambres se trouvant à l'étage de la maison.

« Edouard, maman va avoir son bébé. Elle me l'a dit. »

Le printemps commence à pointer le bout de son nez. Les températures deviennent agréables. Le soleil se montre bien plus souvent. Une bien belle journée qui commençait. Ces derniers temps, je me montrais bien plus agréable avec Maria, même si j'avais quelques coups de gueules et que nous nous prenions parfois encore la tête. Mais dans l'ensemble, nous pouvions dire que ça s'améliorait et c'était agréable pour elle comme pour moi. À présent, la brunette ne travaillait plus. Et ce matin, je me préparais pour aller à l'université de Berkeley afin d'y donner quelques cours. J'étais vêtu d'un simple jeans, d'un T-shirt blanc que Maria appréciait apparemment beaucoup car il accentuait la forme de mon torse et de mes bras volumineux. Lunettes de soleil sur le nez, mon sac à dos noir aux épaules et... mes rollers aux pieds. Oui, la brunette a déjà pu me voir à plusieurs reprises, lorsqu'il fait beau, me remettre en rollers. C'est rapide, ça fait du sport, c'est extra quand on sait en faire, et pour tout avouer, sur des roues, je m'éclate comme un gamin. Je patinais jusqu'à la cuisine et venais enlacer la future maman qui crisait un peu que je fasse du roller à l'intérieur, mais je m'en fichais, je n'avais qu'à lui faire un câlin pour qu'elle me pardonne. « Bonne journée mon cœur. »

Quelques minutes plus tard, j'étais sur la route. J'avais du chemin à faire, mais ça restait très rapide et ce, même si je désirais prendre mon temps et profiter des températures. Je passais devant une femme, qui m'observait avec un sourire amusé, trouvant certainement charmant mon côté enfant, à être sur des rollers. Je me retournais et me laissais rouler sans la quitter des yeux, avec une expression dragueuse sur le visage. Certes, j'ai frôlé la catastrophe en évitant au dernier moment de me manger le poteau qui se trouvait juste derrière moi alors que je reculais. Quand j'arrivais à l'université de Berkeley, je débarquais dans l'amphithéâtre où j'avais cours, alors que les étudiants étaient déjà installés. Je freinais en faisant un demi-cercle avec un de mes pieds, puis m'asseyais sur mon bureau, et retirais les rollers juste après avoir relevé les lunettes de soleil dans mes cheveux clairs. « Bonjour à tous. Et bien, il y a beaucoup de monde aujourd'hui, je pensais que vous alliez tous sécher. Vous avez vu le temps dehors ? Il faut en profiter. », leur lançais-je sur un ton ironique, alors que j'enfilais des converses noires en cuir.

Peu de temps passa avant que mon téléphone ne sonne. « Excusez-moi, j'ai oublié de l'éteindre. » Je l'attrapais dans ma main et voyais le prénom de ma femme inscrit sur l'écran. Fronçant légèrement les sourcils, je me demandais pourquoi elle m'appelait. Ça devait être urgent, sinon, elle aurait attendu, surtout en sachant que d'habitude, je ne réponds pas. Je décrochais tout en me dirigeant vers la porte pour m'éclipser un peu. Les étudiants ne perdirent pas de temps pour discuter entre eux. C'était Ambre au bout du fil. Je sentais la couille arriver à très grande vitesse. « Edouard, maman va avoir son bébé. Elle me l'a dit. » J'écarquillais mes yeux bleus alors que je restais un moment pétrifié sur place. « J'arrive tout de suite trésor, dis le à ta mère. » Puis je raccrochais. Mais elle n'était qu'à sept mois de grossesse. Sept mois ! Merde, c'est aussi à ce moment là que j'ai pointé le bout de mon nez. Mon Dieu, faites qu'il soit en bonne santé et qu'il n'arrive rien à Maria. Mon cœur battait la chamade, alors que je lançais à l'amphithéâtre : « Le cours est terminé ! ». Puis je partais en courant, attrapant juste mon sac au passage. Merde, merde, merde ! Je rentre comment aussi ?! Mes yeux bleus se posèrent sur Samuel. Je me ruais vers lui et mettais sans grande gêne les mains dans les poches de sa veste. Mes doigts rencontrèrent bien vite ses clefs de motos. « Merci ! J'ai des rollers dans l'amphithéâtre là-bas si tu veux ! », puis je reprenais ma route en courant, le laissant dans l'incompréhension la plus totale, surtout que nous sommes encore en froid aujourd'hui.

Quelques minutes plus tard, roulant démesurément vite, et après quelques accidents évités de justesse, j'arrivais jusqu'à la maison et descendais de la moto de Samuel. Je ne prenais même pas le temps de me reposer que j'entrais déjà dans la maison en pleine vitesse. « Maria ! » Je montais les escaliers et arrivais dans la chambre sous les yeux surpris d'Ambre. « T'es... t'es sûre que tu vas accoucher maintenant ?! » Oui, sincèrement, j'étais très paniqué, bien plus qu'elle ne pouvait le croire. Perdre les eaux après sept mois de grossesse, ce n'est jamais bon signe et voilà que mes angoisses revenaient à la surface. Et si Maria risquait sa vie ?

Elle était pétrifiée, morte de peur. Maria n'en était qu'à sept mois de grossesse, ce qui était quelque peu trop juste pour accoucher maintenant. Et elle ne le savait que trop bien. Alors elle en avait trop fait... Son médecin la suivant durant toute sa grossesse avait pourtant été très clair à ce sujet ; si Maria ne se ménageait pas très vite, les risques seraient en constantes augmentation. Et bien nous y voilà. L'un des gros risques étant l'accouchement prématuré.

« Ça y est, maman. Il a dit il arrive. »
« Merci, mon cœur. »

Il allait arriver d'ici quelques minutes, il fallait qu'elle reste calme. Qu'elle prenne une douche ? Non, elle ne savait même pas ce qu'elle devait faire présentement. Oui, elle était complètement paniquée maintenant. A vrai dire, bien qu'elle ait pourtant été mise au courant des risques qu'elle encourait, elle n'y avait jamais pensé aussi fort que maintenant, elle avait peur, et ce pour la deuxième fois de sa grossesse, la première ayant été avant la première échographie où on allait lui annoncer si le bébé allait bien ou non. Et cette fois-là, on lui avait annoncé une bonne nouvelle. Seulement, en serait-il de même maintenant ? Elle avait comme un gros doute pour le coup !

S'asseyant sur le lit qu'elle n'avait même pas eu le temps de refaire convenablement du coup, Maria demanda à sa fille d'aller dans sa chambre en attendant que son père n'arrive. Il était absolument hors de question qu'Ambre reste là si c'était pour voir sa mère défaillir. Maria voulait avant tout protéger sa fille, comme toujours en outre.

Quelques minutes, ce n'est pas long, excepté pour une femme qui est sur le point de donner naissance à un enfant, ah oui, dans ce cas, quelques minutes paraissent être l'éternité. Heureusement pour Maria, Edward ne tarda pas à débouler comme un boulet de canon dans la maison, aussi paniqué qu'elle – ce qui n'était vraiment pas rassurant – et qui commença à lui demander si elle était vraiment sûre qu'elle allait accoucher.

« Non espèce d'abruti, je t'ai appelé pour déconner ! »

Ça c'est ce qu'elle aurait répondu si elle n'avait pas eu à hurler de douleur en sentant une forte contraction la prendre d'un seul coup. Une fois celle-ci terminée, Maria regarda son compagnon droit dans les yeux, le regard noir.

« Emmène-moi à l'hôpital !! »

J'étais complètement pétrifié à l'idée que Maria accouche maintenant, qu'il y ait des complications et qu'elle n'en sorte pas indemne. Et l'espace de quelques minutes, je regrettais sincèrement qu'elle ait accepté de garder l'enfant. Si elle venait à perdre la vie ? Jamais je ne m'en relèverais et elle le savait très bien, mieux que quiconque même. Certes, je m'inquiétais aussi pour l'enfant, mais ma principale préoccupation restait la femme dont je suis terriblement amoureux. Non, ce n'était pas une belle journée qui s'annonçait en fait, elle semblait même mauvaise, très mauvaise. « Emmène-moi à l'hôpital !! » La brunette semblait apeurée et je me rendis compte que mon stress et ma peur n'étaient pas pour la rassurer. Il fallait que je me comporte en homme, que je lui fasse croire que je gérais totalement la situation pour qu'elle se sente davantage en confiance. Oui, je devais agir comme un homme, un vrai. « Ça va bien se passer, ne t'inquiète pas. » Je sortais rapidement une petite valise histoire de mettre quelques vêtements pour Maria. J'avais appelé en sortant de l'université Sarah, pour qu'elle vienne chercher Ambre. Je ne souhaitais pas qu'elle se trouve à l'hôpital dans cette situation là. Elle viendra voir son petit frère quand tout le monde sera sain et sauf. Et heureusement, mon ex-femme ne tarda pas à arriver. Je me retournais vers la fillette et déposais un baiser rapide sur sa joue. « Tu vas rester avec Sarah aujourd'hui d'accord ? Tu reverras maman en fin de journée, ou peut-être cet après midi, d'accord ? Vas lui faire un bisou. » Et alors que la fillette, assez apeurée par les circonstances, avouons le, allait saluer sa maman pour rejoindre Sarah, je finissais de préparer les affaires.

Quelques minutes à peine plus tard, je me retrouvais dans la voiture, avec Maria qui tentait tant bien que mal de gérer ses contractions. Je roulais un peu au-dessus des limitations de vitesse, mais je faisais tout de même très attention à ce que nous n'ayons pas d'accident. Il ne manquerait plus que ça. Intérieurement, je stressais énormément, et mon cœur battait très vite, me donnant une certaine douleur dans la poitrine. Extérieurement, mon visage semblait apaisé, sûr de moi, calme, serein. « Inspire profondément, et expire doucement... encore... encore... », lançais-je à Maria pour qu'elle arrive à contrôler sa respiration. Nous ne tardâmes pas à arriver à l'hôpital, ce qui me soulagea. En fait, c'était bien une des premières fois de ma vie où j'étais aussi heureux d'arriver dans un tel endroit tant détesté depuis longtemps par ma personne. Là, Maria fut prise en charge par des infirmières avec une rapidité qui me fit presque croire en Dieu.

Je me retrouvais bien vite devant la salle où se trouvait la brunette. J'hésitais à entrer. Je glissais mes mains dans mes cheveux puis les gardais posés à l'arrière de ma tête. Je tremblais. J'étais mal en point, tant j'avais peur que les choses tournent mal. Et si Aaron avait les mêmes problèmes cardiaques que moi ? Non, jamais je ne me le pardonnerais. Je ne voulais pas lui faire vivre cet enfer là, je ne le souhaitais même pas à mon pire ennemi. Et lorsqu'une infirmière sortait de la salle, je l'observais avec un regard apeuré. « C'est mauvais... signe... je suppose... » Elle se mit face à moi et soutint mon regard. « C'est trop tôt pour le dire. Une grossesse à cet âge peut amener des complications, et l'accouchement prématuré en est une. Mais il est trop tôt pour tirer des conclusions négatives. Il n'est pas rare qu'une femme accouche au bout de sept mois... » Je ne la quittais pas des yeux. Elle ne me rassurait pas beaucoup. « Je peux entrer ? » Elle hocha la tête. « Allez demander une tenue à l'accueil et bien sûr, vous pourrez entrer. » Je filais en courant donc et revenais quelques minutes plus tard vêtu de l'uniforme bleu pour plus de stérilité. Quand j'entrais dans la pièce, je croisais le regard clair de Maria. M'approchant d'elle, je glissais mes doigts sur sa joue. « Ça va bien se passer, d'accord ? » Je déposais un baiser sur son front. « Je vais rester là, tu pourras broyer ma main autant que tu le veux. Profites en, car tu n'auras pas cette chance tous les jours. » Oui, mieux valait blaguer un peu, sinon, j'allais vite être submerger par la tension et le stress.

Rester calme, il lui fallait absolument rester calmer. Seulement comment était-elle censée rester calme alors qu'elle savait pertinemment que ce n'était absolument pas le bon moment pour accoucher ? Allez essayer de vous calmer dans un moment pareil vous, et vous verrez un petit peu la tâche délicate que ça peut être en réalité. On dit bien souvent que se calmer n'est finalement pas si difficile que cela. Et bien Maria serait présentement ravie de se retrouver nez-à-nez avec une personne qui disait ce genre d'inepties, question de lui coller son poing en pleine figure et lui faire alors comprendre que ses bonnes phrases à la con, elle pouvait se les garder.

Une fois arrivée à l'hôpital, Maria ne savait plus très bien si elle devait rire ou pleurer de la situation. En effet, elle n'avait jamais été tant soulagée de se retrouver à l'hôpital, et dieu sait pourtant qu'elle avait de plus en plus de mal avec cet endroit tant elle y avait passé de temps cette dernière année aux côtés de son compagnon, Edward qui avait de graves problèmes cardiaques. Comme quoi elle et lui faisaient la paire. Une belle paire de bras cassés oui ! Après cet accouchement, Maria ne voulait plus jamais remettre les pieds ici, terminé les frais, elle avait suffisamment donné selon elle. Encore faudrait-il qu'elle sorte indemne de cette nouvelle admission à l'hôpital de San Francisco.

Se retrouvant un peu vite à son goût sans son compagnon à ses côtés, Maria ne put faire autrement que d'exprimer en hurlement ses contractions qui étaient de plus en plus rapprochés et de plus en plus violentes. Bon sang, elle avait véritablement l'impression qu'elle allait y rester à ce rythme-là. Serrant les draps de toutes ses forces, elle accepta difficilement le moment où le médecin qui allait assister l'accouchement lui expliqua qu'il fallait être courageuse, et que tout se passerait pour le mieux. Mais qu'en savait-elle sincèrement ?! Et si quelque chose se passait et qu'elle et/ou le bébé y restait ? Et Edward dans tout cela ? Oh mon dieu... Elle ne préférait même plus y penser sinon elle allait fondre en larmes. Oui, elle avait extrêmement peur présentement. Et elle avait certainement toutes les raisons pour, à vrai dire.

Lorsqu'Edward arriva en tenue, Maria soulagée ferma les yeux et attrapa violemment la main de l'homme qui lui expliqua alors qu'elle pouvait la lui broyer si cela pouvait la soulager mais qu'elle devrait se faire plaisir car ce serait bien la seule fois où elle serait autorisée à faire une chose pareille. Elle ne rit même pas, elle n'avait aucune envie de rire présentement, elle avait mal nom d'un chien !

« Et la péridurale c'est pour quand ?!! »

Hurla t-elle alors qu'une nouvelle contraction venait de faire son entrée, plus que magistrale celle-ci.

« Nous n'en avons malheureusement plus le temps. »
« QUOI ?! »

Alors celle-là, c'était la meilleure ! Voilà qu'on lui annonçait qu'elle allait souffrir le martyr pour donner naissance ? Mais merde, elle en avait rien à foutre de ce que pouvait dire la Bible, elle n'était pas chrétienne bon sang, elle était juive, juive !!!

Je restais là, à observer Maria, sans lui lâcher la main une seule seconde. Et, de celle libre, je venais tracer des petits cercles sur son front, comme j'avais l'habitude de le faire le soir, lorsqu'elle cherchait le sommeil, afin de la décontracter le plus possible. J'observais son visage, crispé par les contractions, la peau un peu plus blanchâtre que de coutume. Ça m'alerta. Elle allait passer un sale moment et je devais prendre sur moi pour accepter de voir ma femme souffrir de la sorte, sans pouvoir faire quelque chose. Si j'en avais eu la capacité, je lui aurais arraché sa douleur, quitte à devoir me l'administrer. J'espérais que tout se passerait bien. Mon stress augmentait sans cesse. Je sentais mon cœur battre dans ma poitrine, sans même avoir à poser mon index et mon majeur au niveau de mon cou. Mon visage se décomposait peu à peu, je n'arrivais pas à garder une expression dure, sûr de moi-même. Non, c'était impossible. J'avais peur pour la femme de ma vie, j'avais peur pour notre fils. J'avais présentement peur pour Ambre aussi. Également pour moi.

« Et la péridurale c'est pour quand ?!! » Elle haussait la voix comme si on venait de la pousser à bout, de l'insulter ou bien de lui en montrer de toutes les couleurs. Néanmoins, pouvait-on lui en vouloir ? Elle était sur le point de mettre au monde à petit homme, et cette situation était mêlée à une grande peur dans la mesure où elle n'aurait dû accoucher que dans deux mois. Bon, on pouvait déjà dire de qui il pouvait tenir là-dessus, et je comprenais parfaitement pourquoi mes parents avaient eu la peur de leur vie en me voyant arriver bien plus tôt que prévu. Je pesais à peine deux kilogrammes. Direction les soins intensifs, car la plupart des organes vitaux sont dits immatures. Un prématuré à de grandes détresses respiratoires la plupart du temps, et c'est ce qui nécessite une surveillance irréprochable. Non, je ne voulais pas que Aaron subisse ça. Il ne pouvait pas vivre les même problème que moi.

Un hurlement. Je laissais Maria resserrer sa main autour de la mienne. Je passais la libre devant mes lèvres en serrant les dents. Par pitié, il fallait que ça se termine rapidement, sinon, j'allais également péter un câble. « Nous n'en avons malheureusement plus le temps. » Je tournais la tête vers le médecin. Bon et bien ça, c'était fait. Mes joues étaient légèrement rougies par le stress de la situation. « Inspire... expire... », lançais-je à Maria, avant de moi même prendre une grande bouffée d'air, avant de l'expirer doucement et ce, à plusieurs reprises. Oui, moi aussi je devais me calmer, c'était nécessaire. Je passais mes deux mains de part et d'autre de celle de la brunette, avant d'y déposer un baiser. Si plus tard, elle venait me dire qu'elle était de nouveau enceinte, là, c'est moi qui irait me pendre. Plus jamais ça. Je ne prendrais pas le risque qu'elle perde la vie, ou bien qu'elle soit traumatisée par la mort de son enfant. Il en était hors de question.

Elle le savait, les prochaines heures allaient sans doute être les plus douloureuses de toute son existence, et malheureusement pour Maria, il lui serait absolument impossible dire « non, je laisse tomber, je m'en vais ». Elle devrait aller au bout du bout des choses. Était-ce vraiment ce qu'elle avait souhaité ? La future maman n'en avait jamais été aussi peu sûre que depuis qu'elle se trouvait dans cette salle d'accouchement, entourée d'elle ne savait trop combien de personnes travaillant en Néo-Nat. Et en prime, on venait de lui annoncer qu'elle allait devoir enfanter dans la douleur. Connerie oui ! Elle voulait une péridural bon sang de bonsoir ! Était-ce tellement demandé que de vouloir ça ? Pas selon elle, non, mais apparemment ce n'était pas elle qui déciderait aujourd'hui.
Sa main serrait violemment celle de son compagnon qui passait par toutes les couleurs, mais qui finissait surtout par devenir affreusement pâle, ce qu'elle ne trouvait pas du tout bon.

« Edward O'Malley, fais un arrêt cardiaque maintenant et je te jure que je ferai de ton futur un véritable enfer ! »

La douleur la rendait mauvaise, il paraît qu'il en est de même pour toutes les femmes sur le point d'accoucher, alors autant rentrer dans les normes « spéciales femmes enceintes ». Fermant les yeux un court instant, Maria sentit soudainement une nouvelle contraction qui faisait son apparition, celle-ci se trouvant être malheureusement encore plus forte que les autres.

« Il va falloir pousser madame. »
« Ah non, non, non ! »

Regardant son compagnon avec un regard déposé, mortifié, apeuré, Maria espérait trouver en Edward suffisamment de force pour pouvoir donner naissance à leur enfant sans que cela ne dure et dure encore. Elle n'avait jamais fait ça elle avant, Edward lui avait déjà assisté à la naissance de ses deux jumeaux ; Seth et Jade, alors il était carrément mieux préparé qu'elle dans toute cette affaire. Ce qui, je vous l'accorde n'allait malheureusement pas aidé véritablement la brunette en ce moment.

« Ed... »

Sa voix était cette fois, celle d'une femme véritablement apeurée de la situation, et elle ne demandait qu'une seule chose présentement ; qu'Edward la soutienne, la rassure, car oui, elle en avait vraiment besoin en ce moment, et ceci était loin d'être une plaisanterie de mauvais goût. Elle allait donné naissance à leur enfant, prématuré apparemment. Au moins, on savait clairement qui en était le père, il ne pouvait pas y avoir d'erreur à ce sujet.

« Edward O'Malley, fais un arrêt cardiaque maintenant et je te jure que je ferai de ton futur un véritable enfer ! » Je fronçais légèrement les sourcils en l'entendant. Oui, elle est gentille mais ça, je ne pouvais pas vraiment le contrôler. Pouvait-elle vraiment m'en vouloir d'être mort de peur à l'idée qu'il lui arrive quelque chose ? Est-elle consciente qu'elle est la femme que j'aime, une des personnes les plus importantes à mes yeux ? Celle avec qui je veux passer mes dernières années ? Donc oui, j'avais la trouille, et c'était encore peu de le dire. Néanmoins je ne répondais pas à la brunette, sachant que c'était la douleur et la peur qui parlaient pour elle. Et si j'avais été à sa place, probablement je me serais aussi montré assez dur dans mes paroles. Puis je reportais mon regard sur le médecin qui était en train de lui demander de pousser. Je grimaçais légèrement en sentant ma main mourir encore une fois sous l'étreinte de celle de la brunette. Je serrais les dents, puis croisais les yeux de Maria.

« Ed... » Ah non, elle n'avait pas le droit de me faire ses yeux là, non, elle n'en avait absolument pas le droit. Je ne quittais pas son regard, en me mordillant la lèvre inférieure. Très bien, j'allais doublement me faire violence. Déposant à nouveau un baiser sur sa main qui était présentement en train de détruire la mienne, je laissais mes yeux bleus dans ceux clairs de la brunette. « Tout va bien se passer mon cœur. Tu vas donner naissance à notre petit garçon. Quand tu le verras, quand tu le tiendras dans tes bras, tu oublieras toute la douleur que tu as pu ressentir là. » Je caressais sa joue du bout des doigts, alors qu'elle détournait légèrement la tête. « Non, regarde moi dans les yeux. » Je savais que j'avais un certain effet sur Maria et lorsque l'un de nous avait besoin de se calmer, le plus souvent, l'autre venait et nous nous regardions dans les yeux, comme pour oublier tout autour, caler notre respiration sur celle de l'autre et devenir bien plus serein. Souvent, ça marchait.

Je me montrais bien sûr de moi, contrairement à il y avait encore quelques minutes, et je voulais qu'elle prenne conscience, qu'elle puise sa force dans mon regard, assez pour donner naissance à notre fils. Je voulais qu'elle comprenne qu'en voyant son enfant, elle oublierait tout. « Tu souffres maintenant, mais quand tu verras Aaron pour la toute première fois, c'est ton rêve qui va se réaliser et crois moi, tu te diras même être capable de supporter l'équivalent de deux accouchements juste pour avoir un bébé comme lui, à toi, à nous. » Je lui adressais un beau sourire en coin qui dévoilait mes fossettes. Mais je savais qu'elle était également apeurée par l'accouchement prématuré. Ça aussi, ça m'inquiétait bien plus qu'elle ne pouvait le croire. Mais je voulais qu'elle y prête le moins d'attention possible. Elle devait se concentrer présentement pour aider les médecins. « Et ne t'en fais pas, il sera en bonne santé. La médecine évolue tous les jours, tu le sais bien. Il y a beaucoup de prématurés, et ils savent très bien ce qu'il faut faire pour qu'ils se portent bien. Alors maintenant mon cœur, tu vas pousser, comme ça, ça se terminera plus vite. C'est qu'un mauvais moment à passer pour un grand bonheur qui durera toute une vie. » Un baiser sur sa joue, puis je reculais doucement la tête pour continuer à soutenir son regard. « Je t'aime tu sais. »

Donner naissance à un enfant n'est vraiment pas chose facile, dorénavant, Maria pourrait en témoigner. On lui avait pourtant dit combien il pouvait être risqué d'avoir un enfant au vu de son âge mais surtout au vu de ses antécédents médicaux comportant déjà une fausse couche et un AVC datant de quelques mois auparavant. Edward lui avait pourtant dit que ce bébé n'était peut-être pas une si bonne idée si cela devait en venir à mettre sa vie en danger. Oui, tout le monde lui avait dit combien cette grossesse était risquée pour elle. Mais elle n'avait écouté personne... Elle aurait dû.
Les premiers cris d'un nouveau-né sont tellement rassurants à entendre, représentant tellement de bonheur. Le son continu d'un monitoring l'est beaucoup moins.

« La mère nous lâche !! Le défibrillateur, vite ! »

Tout allait très vite autour de Maria, mais elle n'était plus vraiment là pour s'en rendre compte. Alors qu'elle s'était soudainement sentie libérée d'un poids, ses forces l'avaient quitté d'un seul coup, la plongeant alors dans un sommeil total. Enfin ça, c'est ce qu'elle crû. Seulement ce n'était pas le sommeil. Malheureusement.
A peine Aaron était-il né qu'il avait été emmené en couveuse par des infirmières de Néo-Nat qui allaient tout faire pour qu'il se porte au mieux le plus vite possible. Pendant ce temps, les médecins avaient amenés le défibrillateur, avaient demandés à tous de se reculer et commençait la procédure en cas d'arrêt.
On lui avait pourtant dit encore et encore...cette grossesse n'était peut-être pas la meilleure des choses à faire.

Flash-Back

« Si tu veux le garder, très bien garde le... Je ne pourrais pas te forcer à faire quelque chose que tu ne souhaites pas. Après tout...ce n'est pas moi qui porte cet enfant... Seulement, je ne te demande pas de choisir entre le bébé et moi. Donc s'il te plaît, ne me demande pas de ne pas angoisser, c'est impossible... »

Fin du flash back

Edward avait eu vraiment très peur de la perdre, et elle, elle lui avait simplement demandé de lui faire conscience, lui avait dit que tout irait pour le mieux si elle faisait attention. Maria avait cependant eu beaucoup de mal à cesser toute activité professionnelle. Elle aurait dû.

Le son en discontinu du monitoring provoqua un soulagement général dans la salle d'accouchement. Elle était encore bien là, avec eux. A peu de choses près, mais dorénavant elle était saine et sauve. Heureusement que les médecins avaient agis très rapidement cependant.

« On va la placer en soins intensifs pour vérifier ses constantes. »

Expliqua le médecin accoucheur à Edward alors que celui-ci semblait affreusement choqué de ce qu'il venait de se produire sous ses yeux. Et pour cause, Maria avait bien failli les lâcher.