Son corps. Ses cheveux. Son âme. Son odeur.

Je me retournais, en sueur, dans mon lit. Non, c'était mon obsession. J'avais les yeux fermées, l'esprit ailleurs, avec lui, loin. Je rêvais d'un truc impossible, comme à chaque nuit. Il était là, ce mec. Un des trucs les plus beau qu'il m'ait été donné de voir dans ma misérable petite vie, avec ses abdos encore plus alléchant qu'un bol de crème glacée en pleine canicule. Il était là, dans une cuisine, dans un salon, dans une chambre à coucher, peut importe. Il portait du bleu, du marron, rien du tout, l'on s'en fout. Il était beau, magnifique, indescriptible. Il était dans ma vie, la mienne, à moi, et c'était tout ce qui comptait. Il m'amenait sur la tour Effeil en me tirant par la main. L'on marchait, côte à côte dans les rues de Rome, comme si c'était normal. Tout ce que je sais, c'est que j'étais affreusement bien, et que de me savoir si confortable me fit peur, quand mes yeux s'ouvrirent, d'un coup, comme si j'avais été parcourut par la dure réalité de la vie : C'était pêché.

J'aurais eut envie de me lever, de courir prendre une douche d'eau froide, de prier durant des heures, de me repentir, de raconter ma vie au confessionnal, mais j'allais devoir rester au lit un moment; une horrifiante bosse était présente sous les draps. Je n'osais pas l'affronter : premièrement car c'était mal, je ne désirais pas devenir sourd, et puis, je ne devais pas commencer à jouer avec le diable. J'avais besoin de cette place au paradis, même si elle me semblait de plus en plus lointaine, que j'avais l'impression que de jour en jour, mon procès au purgatoire serait mitigé. Alors, je priai a voie haute dans mon lit, des larmes sur les joues, en espérant très fort que la bonne ne se déciderait pas à entrer dans la pièce sans avertissement. Finalement, après une éternité, je sortis de sous les draps, me dirigeant directement vers ma luxueuse salle de bain privée. Je laissai la vapeur d'eau chaude embuer les miroirs, pendant que j'essayai, dans la douche, sans réussir, de me vider la tête de toutes ses pensées. Ça paraissait si facile à la télé. Comment Kurt faisait-il, dans glee, pour être si à l'aise, sans même sembler incertain, parfois. Comment Eric, dans gossip girl, avait fait pour sortir du placard, comme ça, quand il savait très bien que quelqu'un était là pour l'épier, et révéler à tout le monde sa vraie nature? J'éteins l'eau, et je finis ma toilette avant de m'habiller. Mes créations, comme à mon habitude, mais pour une fois, rien d'extravagant. Du noir, une chemise en réalité, toute noire, sans aucun reflet. Et du bleu royal, luisant, en guise de pantalon. J'affichais un air terrible, a faire peur, réellement. Mais je n'avais pas le choix. J'avais des cours toute la journée. Soit à la fin de cette journée j'aurais totalement perdu espoir, ou j'aurais retrouvé une petite flamme de vie. Un combat perpétuel.

Ma mâtiné fut d'un ordinaire déprimant. Je dus même avaler deux cocas zéro pour me tenir debout. La chose la plus surprenante fut probablement que je m'entrais une aiguille dans le doit, comme un vrai débutant. Le midi, je n'avais pas faim. Je me contentais de légumes crus, sans accompagnements, et d'un verre d'eau citronné, avant de remonter à l'atelier, finir un manteau que j'avais commencé, et qui devait être évaluer, pour l'examen de mi-année. J'avais mis un temps fou à le dessiner, et maintenant, je mettais à néant tout mes efforts en cousant une loque affreuse. Finalement, je passais ma journée à travailler, sans arrêt, jusqu'à 17h, lorsque mon enseignante vint me sortir de ma bulle; je devais quitter pour qu'elle puisse verrouiller la porte. Je sortis donc, le moral toujours à terre, mes choses dans les bras. Je descendis les escaliers, me dirigeant vers la porte de sortie, quand je fut bousculé. Comment rendre ma journée encore plus minable? Que ça soit lui, qui se retourne pour s'excuser. J'étais tétanisé. Effrayé, et en colère. Toutes mes pensées matinales me révèrent en tête. Il allait me tuer. James se retourna, partant comme si de rien était, quand il venait de signer mon arrêt de mort. Soudainement, un cri se fit entendre, un cri rageux, presque déchainé, provenant de ma propre bouche, sans même que je ne l'ai voulu. Il se retourna. Il était exactement comme dans mes rêves. Tellement gentil, merveilleux, poli. Au départ, j'hésitai à lui répondre, puis je repensai à la journée, et la rage repris le dessus.

evan – En fait si, j'ai quelque chose de cassé. Moi. Tu me tues. Tu m'énerves. Tu me donnes envie de crever, mais me suicider, ce serait contre mes valeurs. Tu sais ce que c'est d'être torturer par quelque chose et d'avoir l'impression de n'être que la marionnette de tes peurs? Bah c'est ce que tu me fais. Tu me fais me détester. Alors, on peut dire que oui, j'ai quelque chose de cassé.

il n'aurait probablement rien comprit. J'avais l'impression de me libérer, mais également qu'une douleur aigüe enlaçait, peu a peu, mon âme, comme si le diable entrait en moi.

Corbeille ; membre supprimé.