Aude était sur le point de partir pour Berkeley. Et tout était compliqué. Elle ne le voulait pas vraiment mais toute sa famille qui habituellement restait perchée sur le rocher monégasque avait débarqué pour ses derniers jours à la Sorbonne. C'était la fin de l'été et Mlle Saint-Rémy n'avait aucune envie de revoir ses parents. Non pas parce qu'elle ne voulait pas leur parler, mais ils amenaient toujours avec eux cette atmosphère étouffante entièrement basée sur l'argent. Mais comme elle l'avait compris depuis bien longtemps, on ne choisit pas sa famille. Elle se réveilla donc dans une immense suite au Ritz, à Paris. Elle avait vendu son appartement déjà superbe dans le but d'en racheter un quand elle reviendrait.

Mais là était le problème. Elle ne voulait pas revenir. Pour le moment, la seule chose qu'elle souhaitait était de s'enfuir loin de Monaco, de Paris et pouvoir avoir son nouveau départ. Elle avait feint d'être surprise d'avoir été prise pour l'échange avec San Francisco mais personne n'était dupe. Elle avait d'excellents résultats scolaire et c'était sans aucune appréhension qu'elle avait postulé. Elle logeait donc avec sa famille au Ritz.

Aude enfila sa paire de chausson pour filer sous la douche. L'eau chaude lui fit du bien et lui rappela qu'une dernière chose, et pas des moindres, manquait pour son départ. Une nouvelle garde-robe bien sur. Parce que si il y avait bien une chose avec laquelle elle ne plaisantait pas, c'était la mode. Ca ne la dérangeait pas du tout de dépenser une fortune dans une paire de chaussure. Elle décida donc d'aller faire un tour dans la capitale parisienne. C'est vêtu d'une superbe robe Chanel et d'un sac à main Gucci qu'elle se fit ouvrir la porte dorée de l'hôtel. Elle ne fit que quelques pas et il lui suffit de tendre son pied fin chaussé des dernières Louboutins pour s'assoir dans sa limousine personnelle.

Après quelques heures de shopping intensif, miss Saint-Rémy sortit de la boutique Versace du quartier le plus chic de Paris en se demandant ce qu'elle allait faire. Elle aurait pu appeler sa voiture mais elle ne supportait pas ces démonstrations d'argent. Elle finit par marcher. Qui sait, peut-être allait elle prendre le bus .... Dans tout les cas, ses pieds ne lui faisaient pas mal, alors pourquoi ne pas expérimenter un peu le Paris des gens.. hum ... Normaux ? Elle s'arrêta devant plusieurs magasins, agréablement surprise ou dégoutée. Mais elle arriva devant les sublimes Galeries Lafayette. Une grande chaine bien connue. Elle n'y avait mit les pieds que rarement, préférant les enseignes plus petites et classes. Elle traversa les premiers rayons rapidement, voyant que des choses qu'elle connaissait déjà. Mais l'inscription "CHAUSSURES" sur le miroir en face d'elle l'arrêta. Elle s'apprêtait à partit mais son gout et sa curiosité ne purent l'empêcher de se diriger vers une sublime paire de sandales Yves Saint Laurent. Elle les avait vu pendant son dernier défilé. Elle fit quelques pas pour s'assoir délicatement sur les fauteuils en velours du magasins. Elle était penchée sur ses pieds manucurés quand elle entendit une réflexion sarcastique :

« Beurk, c’est trop laid »

Assise en face d'elle, une jolie brune essayait une paire de chaussure, tout comme elle. Elle était habillée comme tout le monde, une marinière et un slim. Plutôt classique. Mais elle essayait une paire de Jimmy Choo qui était plus vulgaire que jolie. En plus, Aude les avait vu dans le magasins Jimmy Choo depuis plus de trois mois. Elle aperçu vite le visage de cette fille désagréable et ne s'étonna pas. Elle avait un sourire moqueur et avait le ton qu'elle employa était aussi dénué de classe que les chaussures qu'elle essayait. Le genre de fille qu'Aude à du mal à supporter. Un grain dans le cerveau et qui pense pourtant tout savoir. Au lieu de l'ignorer, elle ne put s'empecher de repliquer:

Pas autant qu'une paire de Jimmy Choo qui date de plusieurs mois !