Lyzabeth était totalement dépassée par les événements, absolument pas en contrôle de ses faits et gestes ou de la situation elle même. Et elle ne put qu'exploser intérieurement de joie à réaliser que cette sensation n'était pas désagréable du tout, bien au contraire. Elle était habituée à savoir ce qu'elle faisait, à planifier, être en contrôle, maitresse des circonstances. Mais il n'y avait pas plus faible personne qu'elle lorsqu'elle se trouvait dans les bras de Maxwell. Faible puisqu'avec lui elle sentait qu'elle pouvait baisser sa garde mais tout de même être en sécurité. Faible aussi parce que lorsqu'elle elle se perdait dans les yeux du Delta, plus rien n'existait d'autre que lui et qu'elle était absolument exposée et vulnérable. Et pourtant en une seule journée, une journée si idéale et presque toute droit sortie d'une hallucination divine, Maxwell avait conquit son cœur et obtenu sa confiance. C'était difficile à avouer venant de la Gamma, habituée à privilégier son égo et son orgueil toute son adolescence jusqu'à aujourd'hui, mais le constat était si indéniable, qu'elle se faisait à cette idée très rapidement. Oui elle l'aimait, quel mensonge que de dire le contraire.

Son baiser était enivrant, Lyzabeth n'était capable de rien à part sentir et apprécier, et le mot était faible. Il n'y avait que cet instant gravé en elle, comme si l'essence même de qui elle était avait disparu, laissant place à ce souvenir et celui-là seul. C'était si hypocrite venant d'elle, mais elle n'en avait que faire soudainement, elle voulait changer pour lui, le mériter surtout. Elle sourit contre sa bouche et leurs langues se frôlèrent à nouveau, se mélangeant et se caressant. Lyzabeth sentit le désir monter en elle, l'envelopper à un point où elle ne savait plus qui était qui, et qui faisait quoi. Les caresses lentes des doigts de Maxwell ne faisait qu'amplifier la sensation, et au beau milieu d'un des parkings de Berkeley, c'était trop dangereusement plaisant. Lorsque le baiser prit fin, parce qu'il fallait bien respirer un jour, ses lèvres ne purent s'empêcher de former le sourire le plus naturel que son visage n'ait connu. Les battements de son cœur montaient jusqu'à ses oreilles et Lyzabeth eut la dernière preuve que Maxwell l'avait ruiné pour quiconque autre homme. Il n'y aurait jamais personne d'autre capable d'insuffler de telles sensations en elle, de sentiments si forts si rapidement. Elle l'aimait tant que c'était aveuglant. Pourtant la Gamma savait qu'éventuelement elle devrait équilibrer ses priorités, mais pour le moment, elle n'était encore que trop surprise pour penser à ce qui allait se passer demain. Il y a peine une vingtaine de minutes, elle se disait qu'elle passerait la journée la plus ordinaire, la même routine. Mais maintenant elle concevait les choses sous un angle complètement différent et surtout, totalement déstabilisant.

Maxwell se mit à parler tout doucement, et Lyzabeth releva la tête, plongeant son regard dans le sien, sans crainte cette fois-ci de ne pas voir ses sentiments réciproqués. Il murmura qu'il voulait passer la soirée avec elle, mais la jeune femme se retira doucement de son embrasse. Parce que c'était trop tout à coup, et toutes leurs phrases échangés en ce cours laps de temps, tout leurs mots et leur baiser, rejouèrent dans sa tête comme sur une bande magnétique. Elle ferma les yeux parce que tout était allé si vite qu'elle comprit enfin le dicton qui disait que notre vie pouvait basculer d'une minute à l'autre, qu'un seul et unique élément pouvait nous forcer à nous remettre en question de A à Z. Elle eut comme une impression de se déconnecter du monde pendant quelques instants, figeant le temps et l'espace comme si pour analyser calmement les choses. Parce que Lyzabeth avait beau être dotée d'une réflexion impressionnante, elle marchait comme une calculatrice. Donnez lui trop d'informations en un seul coup, et elle s'éteint après vous avoir signaler qu'il y a une erreur quelque part. Seulement il n'y avait dans la situation présente aucune erreur et Lyzabeth se haïssait quelques instants pour son manque incroyable de savoir faire. Elle se sentait comme une adolescente, totalement prise entre ce qu'elle voulait être et ce qu'elle était. Puis elle ré-ouvrit les yeux et vu Maxwell toujours aussi proche d'elle, ses lèvres esquissant ce léger sourire qui avait le don de la rendre irrémédiablement calme. Il était tout ce dont elle avait besoin, et il n'y avait même plus à le nier. Un jour, un seul et unique jour lui avait permis de répondre à ses questions. Il y avait Maxwell dans toutes ses réponses, et Lyzabeth rendit son sourire au Delta en acquiesçant légèrement de la tête. S'il lui permettait, elle n'était que trop capable de passer toutes ses soirées et ses nuits avec lui.

Il lui murmura par la suite deux mots d'une façon si sincère que le cœur de la Gamma fit un bond et que ses yeux clignèrent immédiatement en sa direction. Son visage s'adoucit et alors qu'auparavant elle aurait déjà prit la fuite, elle se mordit la lèvre et murmura:

- Moi aussi je t'aime Max, puis ajouta en souriant nerveusement, mais je dois t'avouer que ça me terrifie autant que ça me rende folle de joie

Elle se mordit sa lèvre inférieure à nouveau puis baissa le regard par peur de le décevoir. Elle voulait qu'il sache que même si cette peur d'aimer semblait la paralyser, elle ne regrettait en aucun cas ses mots et qu'ils étaient tous aussi sincères les uns que les autres. Elle voulait qu'il sache qu'arrivée à ce point, elle était prête à se vouer corps et âme à leur relation et que même si elle le voulait, elle n'aurait pas la force de fuir ses sentiments.

La peur n'avait jamais fait autant partie de la Gamma qu'à ce moment précis. Son cœur n'avait jamais été tiraillé entre deux sentiments si forts et si différents qu'à cet instant. Pourtant crainte et amour n'étaient pas supposés marcher de paire, plutôt tout le contraire. Lorsqu'on aime on ne craint pas, on est aveuglé même, et tout autre sentiment est supposé sembler banal. Cependant ce n'était plus les émotions qui effrayaient Lyzabeth, mais plutôt ce qui pouvait en découdre. En matière de relations, la jeune femme n'était pas connue pour être la plus stable tant émotionnellement que moralement. Alors fidélité et compassion, tendresse et altruisme, étaient des adjectifs qu'elle n'avait pas l'habitude de côtoyer, si l'on pouvait dire ainsi. Et, l'idée qu'elle pourrait un jour être dépassée par ses sentiments, en avoir tellement peur qu'elle blesserait Maxwell plus profondément qu'elle n'aurait jamais voulu le faire, cette idée la terrifiait, la tétanisait, à un tel point qu'elle voulait s'effondrer et conjurer au Delta de ne pas faire l'erreur de lui accorder sa confiance. L'amour qu'elle pouvait ressentir pour lui n'avait rien à voir avec cette angoisse; il la taisait même, l'étouffait au point où Lyzabeth, rien qu'en regardant dans le bleu azuré des yeux de Maxwell, se sentait plus en sécurité que jamais auparavant. Mais n'ayant jamais réellement connu une pareille sensation dans son cœur, une telle envie d'être là pour l'autre, le faire sourire, rire, lui apporter tout le bonheur qu'il lui fallait, si ce n'était plus encore, la Gamma se sentait totalement perdue. Mais elle avait dépassé le stade de 'vouloir' croire en cette relation, elle y croyait tout court, et son passé ne se mettrait pas en travers de son chemin. Néanmoins, elle ne voulait pas que la couleur du mensonge achève cette relation comme elle avait pu le faire auparavant. Maxwell n'avait connu ce samedi que la personne qu'elle essayait de devenir graduellement, elle voulait qu'il connaisse aussi celle qu'elle avait été. Il méritait de savoir avec qui il s'engageait, et ça anticipait par ailleurs des conversations embarrassantes pour Lyzabeth dans le futur. Elle ferma ses yeux quelque peu, savourant à nouveau le contact des doigts du Delta sur sa peau, puis laissa sa main dans la sienne.

- Si seulement je pouvais répondre à cette question sans te faire fuir Maxwell, murmura t-elle, j'ai peur de ne pas être assez pour toi, de me réveiller un jour et réaliser que la seule chose que je fais c'est te tirer dans un monde que j'ai toujours haï, j'ai peur de ne jamais pouvoir te dire véritablement ce que je ressens pour toi, ou pire encore, te le dire mais ne faire que te blesser au final, parce que j'ai ce don pour dire à voix haute tout le contraire de ce que je pense, pour me protéger lâchement. Plutôt faire du mal aux autres qu'à moi même, c'est tout moi ça. Elle se mit à parler d'un air plus décidé, souhaitant tout lâcher en une traite, voulant une bonne fois pour toute se débarrasser de ce poids dans son cœur, assis comme un Roi sur son trône. J'ai peur de te décevoir, parce que je me connais, et que je finis toujours par tromper mon monde. Je me déteste Max, donc j'essaye de changer, tout les jours j'essaye de retrouver la personne que j'aurai du être si j'étais pas tombée dans la drogue, mais ça prend du temps, et j'ai peur qu'un jour t'en ai marre d'attendre.

Elle sourit ensuite lorsque leurs mains se joignirent pour n'en former qu'une, unie et inséparable, puis ajouta

- J'aurai jamais envie de la retirer Max, elle a jamais été aussi bien que dans la tienne et si ça n'en tenait qu'à moi, elle y resterait pour toujours. Elle lui sourit doucement, son cœur se serrait de la manière la plus agréable qui soit à la sensation qui vibrait sur toute sa peau. Puis elle réalisa que jamais ses mots n'avaient été aussi sincères qu'aujourd'hui. Elle avait besoin de lui comme on a besoin de respirer. C'était peut-être extrême de parler de la sorte, d'une parce qu'ils étaient très précoces dans leur déclaration, et de deux parce qu'ils avaient encore énormément à apprendre l'un sur l'autre. Mais quelque chose au plus profond de son esprit indiquait à Lyzabeth que de toutes les manières, quoi qu'elle apprenne de nouveau sur lui, quoi qu'elle découvre dans sa personnalité, ses sentiments ne changeraient pas. C'est une idée qu'on ne peut pas comprendre lorsqu'on ne l'a pas vécu, on se moque même, on rit de ceux qui la proclame haut et fort, mais une fois venu le moment où en un seul regard on est amené à vouloir changer du tout au tout pour une autre personne, on ne peut que l'admettre. Et la Gamma se sentait exactement comme ça. Il n'y avait rien de ce que Maxwell avait pu faire dans son passé qu'elle n'accepterait pas, ses défauts comme ses qualités elle ne les séparerait pas, ils faisaient tous parti de lui à part entière. Le mot aimer était presque dégradant pour ce que Lyzabeth ressentait à ce moment, même si elle n'en était pas encore tout-à-fais consciente et que son expérience en la matière était bien pauvre. Ce dont elle était consciente cependant, c'était d'à quel point elle ne souhaitait rien d'autre que de passer plus de temps avec lui. Elle passa délicatement sa main dans ses cheveux et répondit en secouant sa tête

- Je n'ai pas peur de nous Maxwell, puis lui sourit en posant son regard sur le sien, et rien ne me plairait plus que d'être avec toi. Et comme elle aussi souhaitait qu'ils partent d'un bon pied, qu'ils prennent le temps de se connaître mentalement avant de se découvrir physiquement, elle ajouta, et on prendra notre temps oui, pour ensuite l'embrasser furtivement sur le coin des lèvres et murmurer, même si, l'embrassant ensuite sur les lèvres d'un air joueur, rien ne nous empêche, plus longuement, de faire d'autres choses. Puis elle sourit avec malice en lui faisant un clin d'œil, et se mordit ensuite la lèvre pour murmurer plus sérieusement, et presque d'un air absent, Je suis complètement amoureuse de toi Max...

Il n'y avait pas plus nouveau que cette conversation, plus inconnus et plus inattendus que ces sentiments. Mais pour la première fois, Lyzabeth accueillait cette sensation les bras grands ouverts. Rien n'était si bon à accorder que son entière et sincère confiance, sachant pertinemment que personne ne viendrait vous poignarder dans le dos par la suite. Et rien ne semblait meilleur que de savoir que la personne à laquelle vous l'aviez accorder, vous la confier à son tour. Cela ne faisait même pas trois jours, même pas trois misérables jours que Lyzabeth connaissait Maxwell, mais déjà sentait-elle qu'elle pouvait déballer son sac et qu'il ne la fuirait pas. Elle lui avait fait part de ses angoisses, dont une peur qui remontait à des années maintenant. Celle de décevoir, de ne pas avoir la possibilité ou la capacité de changer, celle de blesser inintentionellement pour la stupide et égoïste raison qu'est celle de protéger son orgueil et son égo. Il l'écoutait, confiant, aimant, et la rassurait par la suite. Une partie de Lyzabeth voulait fondre en larmes, parce que ses mots guérissaient une plaie trop longtemps ouverte en quelque sorte. Ses mots s'adaptaient à toutes les situations semblait-il, et la Gamma ne pouvait que se redemander ce qu'elle avait bien pu faire pour le mériter.

Elle releva la tête soudainement. moi parfaite ? invraisemblable pensa t-elle. Elle; celle qui s'était convaincue toute sa vie qu'il valait mieux faire souffrir que souffrir; incapable de blesser ? impossible. Il disait presque tout haut ce qu'elle pensait tout bas, en le tournant à l'envers. C'était elle qui ne méritait pas ses sourires, ses mots, ses promesses, son amour. Et c'était lui qui était parfait, des pieds jusqu'à la tête, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Et pourtant, pourtant venant de ses lèvres, elle se sentait capable de croire en elle même, de devenir celle qui peut-être, le mériterait un jour. C'était plus qu'une volonté d'ailleurs, c'était un désir profond et explicable par tant de manières différentes... Par exemple rien que le regarder sourire était contagieux. Surement ce pourquoi lorsqu'il mentionna les araignées, Lyzabeth ne put s'empêcher de sourire à son tour. Puis il poursuivit plus sérieusement, et la Gamma ne put s'empêcher de secouer la tête.

- Tu ne me perdras pas Maxwell, ça c'est ma propre promesse, je ne te quitterai jamais volontairement, je pourrai plus m'y résoudre maintenant. Son front contre le sien, leurs lèvres si proches, c'était une promesse qui se voulait très intime mais en même temps, s'il le fallait, la jeune femme lui répéterait chaque jour. Je ne sais pas comment c'est arrivé, comment quelque chose d'aussi fort peut être ressenti aussi rapidement, mais j'ai pas envie de le fuir Max, et je veux être là pour toi, puis elle lui sourit doucement, qu'il s'agisse de faire fuir les grosses araignées avec mes talons, que te tirer en arrière lorsque t'aura le vertige.

Et la sincérité dans sa voix n'était pas une apparence, elle voulait le protéger comme lui apporter les meilleurs moments de sa vie. Le faire sourire, le faire rire, rien ne pourrait lui faire plus plaisir maintenant. Et à mesure qu'elle le réalisait, elle se rendait compte de tout autre chose. D'à quel point ce désir là était bien plus merveilleux que tout les autres désirs qu'elle avait expérimenter dans sa vie. La drogue, l'alcool, l'adrénaline même, tout palissait en comparaison de ce sentiment. C'était bel et bien vrai que l'amour surpassait tout alors, et Lyzabeth ne put s'empêcher de sourire curieusement à sa découverte. Romans, nouvelles, contes, beaucoup voulait prouver cette notion, et ce n'est qu'en se perdant à nouveau dans le bleu azure des yeux de Maxwell, que la Gamma se rendit compte d'à quel point on ne pouvait rien comprendre lorsque l'on n'avait rien vécu. Puis son battement de son cœur s'accéléra à nouveau lorsqu'il lui proposa de ne pas lâcher sa main, et la Gamma se demanda si elle s'habituerait un jour à avoir le souffle coupé de cette manière. Probablement pas, sourit-elle. Et après tout, si rien que son rire pouvait faire battre son cœur de cette façon toute sa vie, elle serait la femme la plus comblée du monde. Elle caressa sa main du revers de son pouce et prit à son tour la parole,

- Je suis toute pour, on verra bien si tu arrives à me supporter comme ça, puis elle lui rendit son sourire et se reperdit dans son regard. C'est toi qui me rend folle, avec tes mots, tes yeux, tes lèvres, ton côté joueur, tes cheveux dans tout les sens, elle se mordit légèrement la lèvre, bien que je sois un peu à blâmer sur le coup...

Puis, elle se perdit dans la vision du futur du Delta, si merveilleusement tentante. Son optimisme, cette étincelle dans ses yeux, ses fossettes lorsqu'il envisageait les possibilités de leur avenir ensemble. Comment ne pas désirer les mêmes choses que lui ? Dormir dans ses bras, se réveiller tout les matins à ses côtés, boire leur café en parlant de ce qu'ils feraient dans la journée, s'appeler pendant leurs pauses lorsqu'ils travailleraient, les post-it sur le frigo, les je t'aime lorsqu'ils rentreraient, les grandes fêtes à passer ensemble, tout ces clichés qui ne pouvait que tenter n'importe qui. Mais Lyzabeth ne voulait pas seulement cette vie en rose avec lui, elle voulait les bosses aussi, les disputes et parfois même les peines, les moments de blues et de tristesse, parce que finalement c'est ce qui forge un couple et qui le fais murir de la meilleure façon possible.

- Moi aussi je t'aime, et même si parfois j'aurai surement l'impression de vivre dans un rêve tellement ça semble tout droit sorti d'un film, j'aurai jamais envie de le vivre avec quelqu'un d'autre que toi.

Un klaxon distant tourna immédiatement la tête de la Gamma en sa direction et ce n'est qu'à ce moment qu'elle reprit conscience de leur environnement, ainsi que de ses livres toujours à ses pieds. Soupirant doucement mais entremêlant toujours ses doigts avec ceux de Maxwell, elle ajouta,

- Je pense qu'on devrait y aller, j'avais oublié que le monde continuait à tourner, elle sourit doucement, sauf si t'avais l'intention de faire autre chose...