« Electric Feel » {Sacha H.}

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« Electric Feel »

Lux agita sa main devant ses yeux ensommeillés, à peine étaient-ils ouverts que le soleil les éblouis et elle fut contrainte de les refermer instantanément . Elle les rouvrit quelques minutes plus tard. Elle regarda alors lentement autour d'elle, elle s'était endormie sur un canapé dans la salle de détente de l'université! A force de faire ses devoirs aux derniers moments elle perdait de précieuses heures de sommeil, et elle s'endormait durant la journée n'importe quand et n'importe où. Elle se frotta délicatement les yeux, puis étira les bras au dessus de sa tête. Elle soupira... Combien de cours avait-elle raté aujourd'hui? Elle consulta sa montre 19h25. Le dernier cour de la journée était terminé depuis une quinzaine de minutes désormais. Elle avait manqué la moitié de la journée, elle se rongea l'ongle du pouce. Elle était vraiment en colère contre elle-même. Sa bourse ne tiendrait pas si elle continuait sur cette voie! Elle leva alors les yeux voyant du mouvement devant elle. Par l'ouverture de la porte elle aperçut Sacha Hambourg se diriger vers la sortie. Il lui lança un regard distrait puis continua son chemin. Lux sentit un étrange sentiment remonter dans sa poitrine, un sentiment plutôt électrique, qui lui faisait hérissé les poils, et lui donnait des fourmis dans les doigts. Il partait... Ce qui voulait dire que la salle d'arts plastiques était vide (elle avait remarqué qu'il partait toujours le dernier), et qu'elle allait pouvoir regarder les travaux de tout le monde et surtout ceux de Sacha. Elle adorait faire ça. Cet instant magique où elle fouillait un peu partout dans l'espoir incontrôlable de trouver quoique ce soit provenant de lui, de ses doigts... Et dès qu'elle trouvait elle se sentait bien plus apaisée, et calme. Elle rassembla ses affaires et les fourra dans son sac en cuir marron. Elle monta alors les escaliers rapidement, la salle d'arts était au dernier étage. Aux aguets, elle essayait de faire le moins de bruit possible, l'université n'allait pas tarder à fermer ses portes et le gardien vérifiait que tout le monde soit parti. Arrivé devant la salle, elle appuya sur la poignée et poussa doucement la porte. Des odeurs de peintures et d'argile lui chatouillèrent les narines. Elle inspira lentement les yeux fermé.
Elle se dirigea alors vers les travaux qui avaient été sans doute fait le jour même. Elle fouilla un peu dedans, elle ne trouvait rien de lui... Elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait si déçue.
Elle entendit alors des bruits de pas, elle saisit la première chose qu'elle avait sous la main c'est-à dire un tube de peinture, et fit volte-face: une ombre se détachait dans la lumière du couloir. Les pas se rapprochèrent, dès que la personne apparut dans la pièce, Lux ferma les yeux et lança le tube qui éclata aux pieds de la personne. Elle venait de faire un truc très bizarre et elle ne savait pas pourquoi elle-même. Jeter de la peinture pour se défendre, on aura tout vu. Tremblante des pieds à la tête elle vit alors que son présumé agresseur n'était autre que... Sacha!

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Il était 19h02, lorsque Sacha reposa son pinceau sur le bord de la table de travail, dont le bois doux était depuis longtemps parsemé d'abruptes bavures multicolores. Sa dernière planche était presque terminée: ce paysage onirique, perdu sur une simple toile, attaché injustement sur ce support batard qui exprimait au mieux sa nature chimérique rendait une impression d'étendue herbeuse toxique et tendre à la fois, soumise sous le front d'un ciel souriant et pétillant. Plus il regardait ce qu'il formait, et plus son sentiment se dispersait, le jeune homme passait d'un sentiment à un autre vis-à-vis de ces flux de formes et de couleurs. Un coup il s'éprenait de ces représentations rêveuses, pour d'un seul coup se sentir dégouté par tant de douceur. Quelque chose le gênait. Etait-ce cette imperfection qui ne cessait de le hanter dans tout ce qu'il pouvait entreprendre ou un ennui différent, une crasse plus précise, autre. Il ne pouvait le dire. Ces formes bleues-grises ne juraient pas, écrasées gentiment par ce ciel de printemps illuminé et sans aucune vilenie. L'harmonie était là, l'étincelle piquait l'oeil au premier regard, était-ce alors ce "Somewhere" glissé en haut du tableau qui gênait sa conscience? Cette sensation de nulle part, inquiétante et envoutante? Il ne pouvait s'en soucier encore un moment, que déjà ses camarades rangeaient la salle, netoyaient leurs pinceaux, brosses et divers ustensiles, dérangeant son imaginaire. Sacha rejoint un lavabo, et après s'être consciencieusement lavé les mains, il repoussa son chevalet vers le fond de la classe, parmi les oeuvres de bien d'autres. Il repassa par la chambre noire, qui jouxtait la salle d'art, pour récupérer des photos prises quelques jours auparavant, des plans qui lui avaient plu, alors que San Francisco florissait sous ce ciel implacable.

Après quelques "Salut" polis adressés à ses camarades, Sacha quittait la salle, sa pochette à dessin sous le bras, l'air dégingandé, comme à son habitude. Il avait perdu du poids, son jean lui tombait un peu plus sur les genoux que d'habitude, il s'en rendait bien compte. Mais rien d'alarmant, il ne faisait pas trop maigre, le stress des exams dirons nous, sans aucun doute. Sans une expression claire sur le visage, il descendait les étages du grand batiment d'un pas presque machinal; il voulait vite rentrer, du boulot l'attendait. Le bâtiment était presque totalement vide, la plupart des étudiants ayant déjà rejoint depuis longtemps leurs maisons de confréries respectives, seuls restaient pour la plupart les plus assidus dans leur travail, encore à la bibliothèque, ou les élèves comme Sacha, pris plus longuement par certains de leurs travaux. Ses pas rapides résonnaient sur les marches grises et froides de l'escalier C, seuls fracas dans l'enceinte qui s'endormait. Son exclamation surprise s'éleva alors haut dans le couloir alors qu'il remarquait qu'il avait oublié sa pochette de notes dans la salle d'art. Dans l'impossibilité de s'en passer, et dans l'hypothèse que les agents d'entretien passent très prochainement pour finalement fermer la salle, Sacha fit volte-face pour faire chemin inverse. Revenu à la salle d'art en trombe, il eut la mauvaise surprise de voir la lumière éteinte. *Pas de veine, le prof est déjà parti, c'est surement déjà fer...*, se dit-il agrippant la poignée sans grande volonté. Mais voilà qu'elle cèdait, laissant s'ouvrir la salle. Agréablement surpris, il pénétra dans la salle d'un pas assuré. Les effluves piquantes des pastels, des craies, de l'huile ou des pots de peintures étaient connues des sinus du jeune homme, qui s'y étaient accoutumés au point même qu'ils nécessitaient d'un long moment sans en être mis au contact pour pouvoir pleinement à nouveau inaler ces aromes.

Comme s'il était nyctalope, il s'avança doucement, éclairé sur les éventuels obstacles, fin appréciateur des formes variées de ce palais de la création. Pourtant, il ne soupçonna pas l'agitation au fond de la salle, qui éjecta d'un seul coup un tube de peinture dans sa direction. Sursautant d'un coup, il fit un petit saut en arrière afin d'éviter le projectile qui atteint sa cheville gauche. Heureusement fermé, Sacha n'imagina pas la simple mauvaise blague. En fait, il ne comprit tout simplement pas.

_ Qui est là?

, déclara-t-il, le plus naturellement du monde, comme on le fait si bètement dans ce genre de situation.

Il ne voyait pas son "agresseur", et il s'avança juste pour attraper ses notes, que son professeur avait remarqué et posé sur son bureau. Il resta un instant immobile, comme pour tenter de percevoir un seul son qui pourrait trahir celui qui l'épiait à cet instant. Il balaya furtivement la salle du regard, ses yeux s'habituant peu à peu à l'obscurité. Cela l'amusait, c'était tout bête, mais ce petit jeu avait au moins permit de lui donner le sourire. Finalement, après un moment, il sembla se retourner pour atteindre l'interrupteur de la salle, bien qu'il laissait croire à première vue qu'il s'en allait. Un léger sourire en coin se dessinait sur sa joue droite, il n'imaginait alors pas du tout la rencontre qu'il était sur le point de faire.

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Lux était tremblante, les mains posées sur son cœur, elle le sentait accélérer sous ses paumes moites. Elle avait aussi la nette impression que ses jambes cédaient sous son poids qui semblait d'ailleurs de plus en plus lourd. Le silence était pesant lui aussi, et l'obscurité presque complète. Les derniers rayons de soleil s'étaient évanouis derrière les grands immeubles qui envahissaient la ville de San Francisco.

Elle avait reconnu Sacha, à sa démarche mais aussi ses yeux s'étant habitués à la noirceur de la pièce elle avait réussit à détailler son visage. Ses impeccables traits étaient si calmes que cela donner envie de hurler à Lux. Comment pouvait-il rester aussi détendu dans ce genre de situation? Lux, elle n'en était pas bien capable, elle était déjà très fatiguée, et toute ses émotions soudaines n'amélioraient pas l'état précaire de ses nerfs. Elle se pinça l'intérieur de la main, comme pour se réveiller, mais rien se produisit, c'était à prévoir, c'était même évident. Elle ne put retenir un soupir, il glissa sur ses lèvres et résonna doucement dans toute la salle, comme un courant d'air. Elle était très mal à l'aise, dès qu'il l'aurait reconnu il ne pourrait pas ne pas lui demander ce qu'elle faisait là dans le noir. Que lui dirait-elle alors? Lux savait bien mentir mais là les idées ne fusaient pas dans son esprit épuisé et paralysé.

Elle ne se sentait atrocement pas à sa place, soudain des souvenirs refirent surface et accablèrent sa pauvre cervelle. Elle ferma les yeux pour effacer ses scènes de sa mémoire, mais elles persistaient. Les images défilaient sous ses paupières closes. Impossible d'y échapper.
Elle se vit alors grimper dans une berline noire il y a plus d'un an de cela. Arriver à la cérémonie funéraire, tous les yeux s'étaient alors tournés vers elle, des regards compatissants et détestable. Car Lux était heureuse que son père soit mort. Il ne lui ferait plus de mal, plus jamais, et elle était enfin libre de vivre comme bon lui semblait. Elle avait donc des excellentes raisons de ne pas se sentir à sa place à l'enterrement de son père qu'elle n'avait jamais aimé. Tous le monde était triste, sauf elle. Car personne ne connaissait son père à part Lux. Une amie de sa grand-mère avait posé sa main sur son épaule, elle pleurait à chaudes larmes et lui avait adressé toutes ses condoléances, puis elle avait chuchoté:

"Quel brave homme!"

Lux lui avait lancé un regard grave, en suite le verre qu'elle tenait entre ses mains glissa et s'écrasa avec grand fracas. Ce souvenir bruyant la tira de sa rêverie.

Ouvrant ses yeux elle vit alors que le jeune homme était encore là, immobile. Il ouvrit la bouche et demanda de sa voix douce qui était là. Un frisson parcourut l'échine de Lux et le long de sa colonne vertébrale. Elle ouvrit sa bouche à son tour, mais aucun son ne s'échappa de ses lèvres entrouvertes. Si il ne voyait personne, peut-être partirait-il! Elle ne put s'empêcher de s'attarder contre sa volonté sur l'adorable accent du jeune homme, qui lui semblait très européens. Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre mouvement, si elle ne voulait pas être remarquée. Sacha s'anima alors, comme une poupée articulée, il se dirigea vers la porte pour sortir... Lux ne put réprimer du soulagement mais aussi de la déception: il partait.

Puis retournement de situation, comme dans les films. Au lieu d'ouvrir sagement la porte et de s'en aller, le jeune homme tendit la main vers l'interrupteur. Les yeux de Lux s'écarquillèrent. La lumière s'alluma, et éblouis les yeux bleus de la jolie blonde. Le garçon était encore dos à elle. Dernières minutes d'anonymat.

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Sacha pressa l'interrupteur de la lumière d'un coup d'index, et les néons au plafond s'illuminèrent chacun leur tour dans un petit crépitement sonore. Il se retourna, plissant légèrement les yeux face à ces éclairs vifs, avant que ses pupilles ne s'adaptent à l'éclairage. Et là, au milieu des chevalets, et des diverses sculptures en repos, flamboyait une muse qui semblait avoir été prise au dépourvue, découverte dans sa plus grande intimité. Mais au-delà de cette vision envoutante et de ces trais effectivement à la limite du merveilleux, Sacha reconnut bien vite en cette figure, la belle, la simple Lux Kahn, qui paraissait totalement décomposée face au Sigma qui venait de la surprendre. Son visage était empreint d'une certaine culpabilité innocente qui lui accordait une beauté toute nouvelle. Une expression étrange, peu plaisante, mais pourtant d'un sincérité superbe.

Elle semblait un peu perdue, aspect enrichi par la lueur blafarde des néons qui se réfléchissait sur ses traits de petite fille; et cet arrière plan vif rappelait étrangemment l'impression du "Cri" de Munch. Mais bien sûr, surtout en cet instant, il vallait mieux que la donzelle ne soit pas mise au courant de cette comparaison singulière qui fit doublement sourire le Sigma.

Sacha connaissait la demoiselle. Enfin, connaitre était un bien grand mot. Lux Annalyn Kahn, un bien étrange et joli nom pour une sacrée petite demoiselle. Elle avait 20 ans, en deuxième année, étudiant la psychologie et la sociologie. Mais surtout, elle appartenait à la Confrérie des Betas. C'est cette dernière information qui avait surpris le jouvenceau. Comment une si charmante demoiselle, qui parassait si pure, si légère, dont aucune vileté ne pouvait ronger le visage si doux, comment une telle petite perle pouvait s'acoquiner avec pareille populace? Pas que toutes les Betas soient...enfin vous voyez bien ce que je veux dire, mais, sa présence au milieu de ce panier de crabes demeurait surprenant. A moins que justement, cet aspect si tendre ne soit qu'une magnifique façade devant une pensée bien plus aigre. Sacha ne savait pas du tout quoi penser d'une si charmante demoiselle, ce qui avait tout déclenché. Oui, en effet, sans entrer dans une idolatrie douteuse, Mademoiselle Kahn préocupait le petit cerveau de Monsieur Hambourg, sans que lui-même puisse dire pourquoi. Il l'avait apperçue pour la première fois au milieu du parc, avec quelques camarades, riant aux éclats, enchantant un peu plus le paysage ensoleillé. Depuis cette vision, Sacha n'avait de cesse d'en savoir plus sur elle. C'était une sensation étrange, cette volonté de la connaitre, ardemment et timidement, ce désir toujours discret.

Il l'avait quelquefois croisée au détour d'un couloir, l'avait apperçue au réfectoire, mais sans plus, toujours dans l'idée qu'elle ne pouvait jamais l'avoir remarqué. Mais le comportement de cette jeune fille continuait de l'intriguer. Finalement, il en avait appris bien peu, mais là, elle se retrouvait devant lui, tout simplement, c'était une chance, malgré la situation on ne peut plus singulière dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Sacha gardait ce petit sourire amusé qui masquait clairement sa surprise. Il ne savait pas quoi dire, et, n'était-ce pas à elle de peut-être justifier sa présence ici, et maintenant? Il ouvrit simplement la bouche, faisant cligner ses yeux comme s'ils se sentaient agressés à nouveau, avant de refaire face à son interlocuteur toujours dans un état de surprise visible.

_ Euh... Tu voulais tendre un piège aux agents d'entretien, ou tu désirais faire une surprise à quelqu'un en particulier demain matin?

, dit-il bètement d'un ton léger, l'air interrogateur.

Il avait dit ça sur une tonalité qui ne présentait aucune pointe de méchanceté apparente. Sacha se sentit bien bête après avoir déclaré ça, il se dit alors qu'il y avait bien mieux à faire que d'ironiser alors qu'il semblait lui avoir fait peur. En même temps, qu'est-ce qu'elle faisait là? Le silence retomba entre eux deux: la petite fille dont la surprise ne faisait qu'amplifier la lueur malicieuse de ses yeux bleus, et la bète noire qui venait de la surprendre.

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Les paupières de Lux se fermèrent instinctivement lorsque la lumière violente des néons s'alluma. Elle les frotta maladroitement pour faire disparaître les désagréable tâches violette qui obstruaient sa vue. Elle ressemblait à un nouveau né avec ses mains ainsi recroquevillée devant ses yeux innocents.

Elle finit par arrêter et elle glissa une de ses mains dans la poche de sa veste en jean pour paraître peut-être un peu plus décontractée. D'ailleurs cette veste faisait partie de ses biens les précieux, elle avait appartenu à son grand-père lorsqu'il étais dans l'aviation, puis à sa mère car c'était la mode apparemment lorsqu'elle était au lycée. Maintenant c'était à Lux que revenait ce morceau de tissu délavé, usé et troué. Malgré l'aspect très peu convenable de cette veste Lux réussissait à la porter avec élégance. Elle avait mis une robe rose très pâle à volants qui vu sans le reste faisait niais mais qui en présence de la veste débraillée et des bottes de motarde prenait un air bien plus "rock'n roll". Elle avait relevé ses cheveux en un chignon décoiffé avec naturel, mis une couche de mascara et le tout était joué.

Lux vit son visage blafard se refléter dans un miroir à l'autre bout de la pièce. Elle ressemblait à un fantôme, elle posa une main sur sa joue comme pour vérifier que c'était bien elle qui apparaissait dans cette glace. Elle avait l'air si fragile et effrayée qu'elle avait presque du mal à se reconnaître. Que pensait Sacha? Avait-il pitié? Était-il effrayé? Aucune émotion n'apparaissait sur son visage, on aurait dit une peinture, un portrait plus exactement. Ses traits étaient immobiles, comme figés sur la toile. Elle n'avait fait cette comparaison seulement car elle voyait un artiste en Sacha et tout ce qu'il touchait devenait de l'art à ses yeux. Aussi stupide cela soit Lux était un peu jalouse de ton son talent, elle, elle n'avait pas de don comme le sien, et elle se sentait bien vide et inintéressante face à lui.

Du bout de ses doigts fins elle tapota le bord d'une table, le bois était rugueux, froid et déprimant. Toucher du bois dans la tradition était censé porter chance. Lux n'est pas superstitieuse, mais elle a des manies, et des petits jeux qui peuvent bien y ressembler. Un exemple: "Si deux voitures rouges passent à la suite je vais passé une mauvaise journée", "Si le feu passe au vert au moment ou la veille dame à côté de moi éternue deux fois alors je vais passer une bonne journée". Tous ses petits trucs Lux n'y croit pas, mais c'est parfois rassurant d'avoir l'impression d'avoir le contrôle sur ce qu'il va se produire. Lux établis alors un petit jeu dans sa tête: "Si le néon au dessus de moi arrêter de clignoter pendant cinq secondes alors tout va bien se passer". Elle regarda le néon, il arrêta de clignoter, Lux entama le décompte mentalement: 1.... 2 .... 3 .... 4 .....

Sacha parla alors, tirée de sa stupeur, Lux le regarda incrédule. Cinq secondes étaient passée sans que le néon clignote, n'est-ce pas. Elle tentait misérablement de se rassurer. Les mots de Sacha résonnèrent dans sa tête comme si elle était dans une grotte où il y avait un écho effroyable.
La question de Sacha n'était pas dite explicitement dans sa phrase, mais Lux l'a connaissait: "Mais qu'est-ce que tu fais ici?", et Lux ne savait vraiment pas quoi répondre... Après quelques instants de rélflexion elle répondit:

« J'aime bien regarder vos travaux après que tout le monde soit partit... Je sais, je ne devrais pas, mais bon, j'égaye mes journées comme je peux. »

Elle regarda ses pieds silencieusement puis ajouta doucement:

« Oh, et puis désolée pour la peinture... Je m'appelle Lux. »

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Elle tenta de prendre un air décontracté après ce sursaut infantile. Les mains dans les poches, un sourire en coin naissant, lui donnait peut-être enfin quelques couleurs. Malgré la singularité du moment, elle tentait d'arborer une stature la plus naturelle possible comme pour éviter les questionnements béats du Sigma. Sacha demeurait neutre face à elle, malgré son petit sourire qui perdurait qui pouvait le trahir, mais le silence pesant qui s'établissait entre eux deux devait empècher la jeune fille de le souligner. Ils demeurèrent en silence un moment, à peine troublés par le cliquetis incessant de certains néons du plafond. Le français remarqua qu'elle garda les yeux au ciel pendant quelques secondes juste avant qu'il ne la dérange dans sa lamentation silencieuse auprès de jenesaisquel saint qui serait susceptible de la sortir de cette situation. Il n'imagina pas qu'elle pouvait se lancer le genre de petit défi ou épreuve que lui même aimait parfois s'imposer. "Si je parviens au coin de la rue avant qu'il n'annonce le but attendu du quaterback que le présentateur radio supporte avec ferveur, ." ou encore ", ". A plusieurs reprises, le jeune homme se prenait avec amusement à parler de karma. Sans connaitre grand chose de toute cette croyance, c'est avec ce genre de pensée toute supersticieuse qu'il pouvait réfléchir dans certaines situations. C'était bète, il le savait, mais ce genre de réflexion pouvait le prendre, n'importe quand, pour n'importe quoi.

En attendant c'était elle qui s'imaginait sortir de là sans encombre si le néon pouvait s'arrèter de gémir 5 secondes. Sacha eut la même pensée, géné par pareil refrain grésillant. Il plissa les yeux en se tournant vers cette lumière gènante, les sourcils grondeurs. Mais il ne put leur imposer le respect que Lux tentait de lui répondre le plus naturellement possible. D'une manière assez détachée, Sacha devait le reconnaitre, elle tentait de lui faire croire que ces petites escapades pour se ravir les yeux, l'esprit avide des nouvelles créations étudiantes, était une habitude chez elle. Elle était amusante, le sourire du jeune homme se faisait alors plus marqué. Il ne répondit pas, gardant simplement son air malin. En l'observant un peu on aurait pu dire alors qu'il était dans un état de stase alarmant. Comme si le temps s'était arrèté, il l'a regardait tout bètement, s'expliquant comme elle le pouvait, et il essayait de rechercher dans son assurance juvénile une trace de candeur honteuse. Mais elle le surprit, malgré la grosseur de son mensonge (dans les deux sens du terme), elle semblait parfaitement sereine en le proclammant de ce ton mutin. Il sourit un peu plus encore en continuant de garder son regard posé sur son visage doux. Il ne croisait pas directement ses yeux, de peur peut-être qu'elle le toise elle-aussi. Finalement c'est elle qui baissa la première le regard, qui rejoint ses pieds, comme boudeur ou honteux. Sa voix se ravisa, elle semblait plus faible, plus embarassée. Elle s'excusa de cette attaque...maladroite, avant de se présenter innocemment.

_ Je sais qui tu es...

, laissa-t-il échapper de suite tout naturellement.

Il sembla pris d'un hoquet à peine après avoir finit sa phrase. Elle ne sembla pas le remarquer, mais lui s'en voulait particulièrement d'avoir sorti telle ineptie. Quel débile! Oui il savait bien qui elle était, mais elle n'était pas cencée le savoir. Elle pouvait clairement retourner la situation à présent, lui demandant comme on s'y attendrait comment il pourrait la connaitre. Oulah... On se calme. C'est bon, Sacha n'était pas pour la première fois de sa vie dans une situation qui necessitait un petit retournement rapide de son invention. Mais là, c'était bien lui qui se découvrait tout seul. Bien, il trouverait dans les quinze secondes suivantes ou elle se demanderait comment il put savoir qui elle est et lui formuler oralement une réponse plausible. "Eh bien, disons que j'ai du te croiser au parc il y a quelques temps, et depuis je n'oublie pas la vision que tu m'as offertes. Je n'ai pas engagé de détective privé, mais je t'avouerai presque que l'idée me tente. Ce désir m'a permis de chercher à en savoir un peu plus sur toi, de te croiser le plus souvent possible au campus; le fait de tomber sur toi seul à seul en cet instant étant une chance des plus délectables." Voilà, il devait éviter chaque terme de cette réponse. Il s'imagina avec ironie - trait de caractère qui se repointait enfin dans son cerveau, signe qu'il revenait totalement à lui - qu'il lui répondait ça avec la spontanéité et la facilité de sa demande quotidienne de produits au marché.

Mais non, il ne pouvait pas décemment répondre ça, vous vous en doutez bien. Il resta silencieux, il pensait que c'était le mieux à faire, bien que l'envie de l'ouvrir à nouveau le titillait. Il décousit finalement ses lèvres, comme cédant à une envie irrésistible, mais aucun mot n'émergea. Après une seconde d'hésitation, alors que cela faisait surement 11 secondes déjà qu'il avait affirmé connaitre son interlocutrice, il ajouta:

_ Moi c'est Sacha, Sacha Hambourg. Enchanté.

Il semblait ainsi courteois et la laissait sur cette dernière information. Il faisait preuve d'une gaucherie dont il était le seul témoin, mais qu'est-ce qu'il se sentait bête. Mais attendez, on ne savait toujours pas ce qu'elle fichait ici la petite? [o_O] Ce détail lui revint en mémoire, c'était très romantique de jouer les ombres aux élans artistiques, venues se nourir une fois la nuit tombée, à l'abri des regards, pour mieux savourer les expressions physiques des Muses, mais ça n'était pas très convaincant avec Sacha Hambourg, qui en avait vu bien d'autres - en se remémorant aussi ses propres récits rocambolesques.

» electric feel. (w/sara)
» Poupoupidou. [ Sacha ]
» « Electric l Chuck.S & Taylor.C ... PRIVEE
» Phase une enclanchée [Sacha]
» Solitude [PV Sacha]

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