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Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.

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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMer 15 Juil - 16:46


“Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.”

Je ne lui avais jamais dit, mais je l’avais dès le début trouvé radieuse avec son ventre rond. Ce n’était pas tant mon orgueil qui m’empêchait de parler que le souvenir de ma fiancée qui avait porté le fruit de mes entrailles. Un souvenir chéri, mais douloureux encore aujourd’hui. Cependant, je ne pouvais que constater combien la grossesse lui allait comme un gant. Quoiqu’il en soit, après ces semaines passées à se chamailler pour un oui ou pour un non, et d’autres jours bénis où nous étions bizarrement sur la même longueur d’onde, pour ne pas dire presque des ‘amis’, je ne portais plus sur Leyla le regard méfiant, perfide et méprisant que je lui réservais au départ. Au contraire, ce soir, nul n’oserait douter de nos personnages. Le sourire aux lèvres moi qui d’ordinaire ne montrait que les crocs, le regard rieur et très tactile, je n’osais lui dire que le jeu me plaisait, autant que la demoiselle, et que je profitais pleinement de cette soirée en sa compagnie. Biensûr, je gardais en mémoire notre mission, mais elle n’avait plus l’amertume rageuse que je lui trouvais par le passé.

Abaissant légèrement la nuque,  à la fois insondable face aux invités présents, et fier de l’attention qu’elle me portait – bien que je savais que ce n’était qu’une couverture – je me noie dans son regard tandis que ses doigts effleurent le bout de ma moustache, esquissant même un sourire amusé. « Tu as enfin remarqué… » la taquinais-en en faisant référence à la motion « parfaite » qu’elle venait de glisser à mon intention. « Merci. » Lorsque tout à coup son vocabulaire se concentra sur le langage des mers, je réprimai avec peine un air blasé tandis qu’un soupir dépité s’échappait de ma bouche, laquelle venait d’avaler d’une traite le contenu de mon verre. « Humphh, si seulement tu parlais bien de poissons… je crois que j’aurai préféré le supplice d’être déchiqueté par un requin que …BONSOIIIR !! » La main tendue vers le couple fraîchement débarqué des dents de la mer, j’affiche un sourire à la fois heureux et factice, en priant dieu que Leyla ne me laissera pas seul dans ce pétrin.  « Belle soirée, hum ? » De quoi parler avec des gens dont vous vous fichez, que vous n’allez sans doute par revoir de sitôt, et qui n’ont aucun centre d’intérêt commun avec vous ? « Il fait chaud ce soir, vous ne trouvez pas ? » Du temps. Je pourrais y rester pendant vingt bonnes minutes au moins, le temps de trouver autre chose pour les distraire.


Quatre semaines plus tôt. * Le feu. Le feu partout… Tacha…Tacha va t-en…y’a le feu partout…Ta…TACHAAA !! *  C’est toujours comme ça que ça se termine. Ce cauchemar récurrent. Lorsque je me réveille en âge sur le lit, le visage défait, les cheveux en pagaille, et mon cœur menaçant de quitter ma poitrine. Peinant à recouvrer mon souffle, je passe une main rapide sur mon visage, exténué. Le même cauchemar, toutes les nuits, depuis 6 ans. J’en devenais insomniaque à force.

Dans la salle de bain, je passe un peu d’eau sur mon visage, et l’arrière de ma nuque, observant plusieurs minutes cet homme que je ne reconnaissais pas dans le miroir. Livide, j’enfile ensuite un pantalon histoire de ne pas sortir complètement nu de la chambre. J’ai beau ne pas être très pudique, je n’avais pas envie que Leyla me tire dessus dans son sommeil. Ou même réveillée d’ailleurs.

Dans le salon, j’ai la surprise de découvrir que la jeune femme ne dort pas. Elle est allée nager, encore. A vrai dire, cela fait plusieurs nuits de suite que je l’observe, sans qu’elle me voie. Au départ incrédule, puis songeur, et maintenant...je ne pouvais plus m’en empêcher. D’autres me traiteraient de pervers et sans doute m’aurait-elle chassé à coups de balles dans le derrière si elle avait su. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne lui ai rien dit. Je la trouvais magnifique, nue, à barboter avec les poissons. Ok, n’importe quel type aurait dit la même chose. Sauf que ce n’était pas sa nudité qui m’intéressait. Soit, elle était ravissante, cela va sans dire, mais c’était…elle que je voulais voir. Ces cicatrices que j’avais remarquées sur son corps, d’où venaient-elles ? Pourquoi se levait-elle chaque nuit, à la même heure ? Pourquoi avais-je l’impression qu’elle n’était pas celle qu’elle prétendait être ? Je ne résoudrais jamais à la questionner. Par excès de fierté, pour ne pas qu’elle croit qu’elle m’intéresse de quelque manière que ce soit, bien que la vérité soit toute autre, et par peur que mes questions ne soient renvoyées à leur expéditeur. La voilà qui sort de l’eau, et moi qui me détourne pour qu’elle ne remarque rien. Feignant d’être arrivé il y a peu, je campe dans le séjour, attendant son retour en fixant un point devant moi.

« Merci… » Je ne lui avais rien demandé, mais j’étais touché. Sans doute un reste du Beni que j’étais autrefois, trop sensible, incapable de contrôler ses émotions. La télévision allumée, je reste silencieux une minute ou deux, buvant par petites gorgées le contenu de ma tasse. C’est vrai que ça fait du bien. En plus, j’adore le lait. Je n’ai pas eu l’occasion d’en boire beaucoup étant jeune. ‘Autorisé’ à lui tenir compagnie, nous ne pouvions de toutes façons pas dormir ni l’un ni l’autre, j’hésite un moment à lui dire ce qui me trotte dans la tête, avant de me lancer. Loin de dévoiler aux autres les sentiments que je ressentais, et que je gardais profondément enfouis en moi, je ne sais ce qui m’a poussé à me confier ce soir-là. Le lait, qu’elle avait peut-être saupoudré d’alcool qui sait ? Ou la fatigue de vivre sans que personne ne comprenne, sans avoir quelqu’un à qui parler ? Ou peut-être parce que j’avais l’impression que Leyla me comprendrait, parce qu’elle avait enduré des choses aussi difficiles que moi ? « Vous avez déjà été amoureuse de quelqu’un ? Je veux dire …pas un coup d’un soir. Quelqu’un qui comptait vraiment et avec qui vous vous êtes dit que vous pourriez passer toute votre vie ? » lui demandai-je dans un murmure sans lever les yeux de ma tasse.  


∞everleigh
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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMer 15 Juil - 19:55

Psychologie : maladie qui se fait passer pour un remède
benedikt & leyla
Le côté malsain des rôles dans lesquels ils s’étaient tous deux glissés, c’était justement le fait qu’ils commençaient à y prendre goût. Depuis plusieurs semaines, Leyla avait l’impression qu’on lui avait insufflé un nouvel air, que chacune de ses respirations n’étaient plus aussi douloureuses qu’auparavant. Elle était tellement entrée dans la peau de Myra, cette jeune femme adorable, insouciante, d’une douceur et d’une joie de vivre infinies, qu’elle sentait sa véritable nature se détacher au profit de la fictive. Elle sentait chaque jour un peu plus qu’elle aurait du mal à retrouver son quotidien, sa vie, son amertume. Peut-être que cette expérience l’avait changé. Ou alors n’était-ce qu’une façade, un mur qui menaçait de s’effondrer à tout instant. Le fait est que ses traits semblaient jouir d’un nouvel éclat. Elle avait pris le parti de se poser le moins de questions possibles, et d’agir avec spontanéité. Et désormais, elle prenait parfois plaisir, tant à donner qu’à recevoir certaines attention. Benedikt lui avait permis d’entrevoir des bribes de lui-même qu’elle n’aurait pas soupçonné au premier abord. Et elle-même s’était sentie se libérer d’un poids en se confiant, ne serait-ce qu’un peu. « Modestie imparable. » ironisa-t-elle en levant les yeux au ciel avec amusement. « Elle ne va pas te déchiqueter … Juste te mâchouiller … Bonsoir ! Vous êtes ravissante mademoiselle. » L’homme, clairement plus âgé que sa compagne, venait de serrer la main de Benedikt. Quant à la compagne, elle l’avait serrée aussi mais d’une façon … Trop sensuelle pour une simple poignée de main. A croire que ses doigts étaient en train de brosser ses poils d’avant-bras. Ou alors c’était elle qui se faisait des idées … Elle ne portait pas trop attention à ce genre de détails d’habitude … Non mais, franchement, elle se présentait encore là ? Hum. « Vous êtes charmante. Il n’y a rien de plus beau qu’une femme amoureuse qui attend un heureux événement. Toutes mes félicitations. » leur dit l’homme avec un air entendu et tout à fait charmant (il avait l’air sympathique, que faisait-il avec une grande bringue comme ça ?). Car tout le monde sait que s’il y a bien un type de femmes complètement intouchables, ce sont les femmes enceintes. Elles inspirent la joie, l’attendrissement, mais certainement pas les Don Juan. Aussi était-elle plutôt tranquille pour ce soir. Benedikt en revanche … jeune homme séduisant, en tenue qui le mettait en valeur, avec une « femme » à son bras ventripotente … Elle mettrait sa main à couper que certaines ne se dérangeraient pas en la congédiant, sous prétexte que, compte tenu de son état, elle devait être fatiguée … Et lui moins pomponné depuis que madame était enceinte et obnubilée par son petit bout m’voyez. « C’est vrai ça, vous êtes enceinte de combien, au moins dix mois non ? » plaisanta la blondasse en riant. A ce moment-là, Leyla eut un rire jaune entre ses dents, et Benedikt dût sentir ses doigts se serrer autour des siens … de rage. Elle allait lui faire bouffer ses dents. « Très chaud. Tiens d’ailleurs chéri, la mini baleine que je suis serait ravie avec un verre d’eau. Ça ne t’ennuie pas de m’en rapporter un le temps que je fais connaissance avec … ? » « Stéfan et Déborah. » « Stéfan … Et Déborah, oui tout à fait. » Pour le coup, elle venait de lui sauver la mise. Il lui en devait une sur ce coup-là. Pas si incommode que ça la femme enceinte lorsqu’il s’agit de se sortir d’affaire.

Seule avec ses deux acolytes, dont l’une ne regardait vraiment pas dans sa direction, elle sentit alors quelque chose (ou quelqu’un plutôt), la heurter de dos, puis quelque chose de froid couler le long de sa nuque. Ayant un hoquet de surprise, elle eut la surprise de voir un homme, confus, très fins et très grand, se morfondre en excuses. « Oh pardon, excusez-moi, je suis maladroit. Je vais tout de suite chercher une serviette pour vous essuyer. » Elle lui aurait bien dit que c’était inutile, mais déjà il l’avait menée non loin du buffet. « Excusez-moi mais, nous ne nous sommes pas déjà vus ? » lui demanda-t-elle alors que son regard le fixait avec attention depuis leur altercation. Elle était persuadée de l’avoir déjà croisé … sa silhouette … Cette expression sur son visage … « Je ne pense pas. Je n’aurais jamais oublié un visage tel que le vôtre. Votre mari vous a délaissé ? » - « Mon mari ? Comment savez-vous que ? … Ah tiens chéri te voilà. » - « Je vais vous laisser entre vous. Passez une très belle soirée. Monsieur. Madame. » Prenant sa main, il l’effleura de ses lèvres. Un souffle qui, sans qu’elle ne sache pourquoi, lui glaça le sang, la laissant muette pendant quelques instants tandis qu’elle épongeait toujours machinalement son décolleté plein de champagne renversé.

Quatre semaines plus tôt.
La tiédeur de la tasse entre ses mains lui réchauffait le cœur. Elle n’était pas d’humeur à lui tenir tête. Encore moins pour faire semblant. Et puis il y eut cette question, sortie de nulle part, qu’elle savait lourde de sens autant pour lui que pour elle. Il ne l’avait pas posée par hasard. C’était donc ça, qui le torturait ainsi ? Il avait perdu un être cher, une femme. Était-ce la mère de la petite fille dont elle avait entre-aperçu la photo dans l’avion ? En tout cas, elle venait de comprendre une chose. Si elle voulait qu’il s’ouvre à elle, ne serait-ce qu’un peu, elle serait obligée d’en faire de même. C’est la raison pour laquelle, au début, elle demeura silencieuse, buvant une, puis deux gorgées, alors que des souvenirs resurgissaient dans sa mémoire.

« Oui. Une fois. » avoua-t-elle, ses genoux se repliant contre sa poitrine alors qu’elle n’entendait même plus le son de la télévision. Sur ses traits, ce n’était pas de la souffrance, ni une profonde tristesse, juste une sorte de mélancolie profonde liée à ce souvenir aujourd’hui imparfait, mais qui parvenait parfois, contre toute attente, à lui procurer de la joie. « Nous devions même nous marier. On était ensemble depuis des années, on était pareils tous les deux, très complémentaires. Vous imaginez, moi, avec la bague au doigt, la belle-mère, les projets d’enfants, de maison, de hamster et tout le reste ! » et en cet instant, à ce souvenir, elle en riait presque tant elle semblait aujourd’hui aux antipodes de l’épouse parfaite. Elle avait gardé un bon souvenir de cette époque. Elle était heureuse.  « Après avoir repoussé une fois à cause de mon travail, tout était finalement prêt. J’avais même trouvé une robe … Magnifique … On avait fait le dîner de répétition … Tout dans la tradition … Et puis le jour j … Je n’ai pas pu. Je ne pouvais plus. » La raison pour laquelle elle n’avait pas pu, elle la connaissait très bien, mais avait beaucoup de mal à aborder le sujet. C’était peut-être trop tôt, trop abrupt. « En tout cas, je n’oublierais jamais ce que nous avons partagé tous les deux, même si ça ne pouvait pas être éternel. » ajoute-t-elle avant d’avoir un petit soupir triste. « Comment était-elle ? » osa t-elle lui demander avec pudeur, n’osant lui retourner abruptement la question, et voulant qu’il comprenne qu’elle ne le forçait pas. Elle voulait qu’il se remémore de bons souvenirs, et non qu’il se terre dans la tristesse.

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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMer 15 Juil - 23:49


“Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.”

Je savais que de lui poser des questions m’obligerait à répondre aux siennes plus tard dans la soirée. Ou même dans les jours à venir. Sans y être préparé, mais parce que j’avais, pour une fois, besoin et envie de me confier à quelqu’un qui ne me jugerait pas sur mon passé, j’avais pris la décision de prendre ce risque. Juste pour cette fois. Aussi, lorsqu’elle répondit qu’elle avait effectivement déjà été amoureuse, mon menton se souleva, et je me perdis dans la contemplation de son visage, recherchant dans ses traits les mêmes sentiments que j’avais autrefois connus. Tout en l’écoutant avec attention, je me rendais compte des points communs que nous avions et dont je ne doutais pas de prime abord. Le mariage, l’amour, les projets, les enfants… une liste non exhaustive que nous avions nous aussi survolé avec Tacha. Exception faite du hamster parce que ce genre de bestioles sournoises me met mal à l’aise, mais je n’aurais pas été contre prendre un chien ou un poisson rouge, à la rigueur. Finalement, je m’interrogeais. Elle n’avait pas pu, pourquoi ? Encore le travail ? Non, la raison semblait plus…profonde et personnelle. D’autant qu’elle n’avait pas dit qu’elle ne pouvait pas, mais qu’elle ne pouvait plus. J’en déduisais qu’il y avait quelque chose…un évènement qui s’était produit qui avait tout chamboulé, mais quoi ? Pas éternel ? Je résistais à la tentation de la curiosité pendant de brèves secondes, bien que je ne la quittais pas des yeux. Bientôt, ce fut à mon tour de jouer le jeu. Loin de retrouver ma tristesse et ma rage d’antan, je me surpris à sourire en lui parlant de mon couple. « Magnifique. Elle avait un vrai caractère de cochon. » soupirai-je sur le ton de la plaisanterie, bien qu’au fond, ce soit l’unique vérité. « On a grandi ensembles. Et malgré toutes les merdes que la vie nous a fait endurer, elle a jamais pu nous séparer. » lui racontais-je fièrement. Mon portefeuille toujours accroché à la poche arrière de mon pantalon, je me soulève légèrement pour lui retirer une photographie. On y voyait les visages expressifs d’un jeune couple avide de vivre. La jeune femme faisait semblant de mordre dans le menton de son homme qui de son côté pinçait les lèvres comme s’il craignait la morsure. Lui tendant la photographie, je poursuis, avec un air désormais imperturbable. « Elle est décédée dans l’incendie de notre immeuble il y a sept ans. » Première révélation, bien que Leyla devait se douter depuis un moment de sa mort. « Je travaillais tard ce soir-là. » Deuxième révélation. Soufflée, presque inaudible, tandis que je laissais s’installer un silence de mort dans la pièce. « Comment vous avez fait ? Comment vous faîtes pour…ne pas y penser ? Pour continuer à…vivre malgré tout ? » Biensûr, j’avais Natacha, ma fille, mais le constat était bien là : j’avais changé. Moins sensible, plus dur, froid, voire brutal. J’étais redevenu le loup russe. Sauvage et indomptable. Et si je n’aspirais pas à retrouver l’âme sœur, je craignais que mon comportement ne finisse par perturber ma fille, et à long terme, par me séparer définitivement d’elle. Mon père m’avait prévenu la dernière fois où nous nous étions rencontrés. C’était ma dernière chance de bien faire. Or, je ne savais plus comment être un homme normal, bien agir, être social, faire des rencontres. Je n’arrivais plus à vivre. Je survivais, pour Natacha.


Quatre semaines plus tard.
« Tu sais que tu as un sens de l’humour tout à fait déplorable, mon ange… » la taquinai-je à mon tour en baissant la voix tandis que le couple s’était rapproché. Si l’homme en question paraissait être d’un autre siècle, à la fois jovial et mou, son épouse en revanche me faisait penser à ce documentaire que j’avais vu à la télévision il y a un mois de cela. La traque d’un bébé antilope par une lionne féroce. C’est à se demander si, lorsqu’elle avait fait référence au grand requin blanc, Leyla avait songé au mari plus qu’à la femme. Maintenant que je l’avais sous les yeux, je n’en étais pas certain. Parvenant aux termes de plusieurs minutes d’agonie silencieuse à récupérer ma main, je feignis pourtant de sourire dans l’espoir que mes envies de m’enfuir à toutes jambes finissent par disparaître totalement. En tous cas, elle avait un sens de l’humour bien à elle. A la fois sérieuse et innocente dans sa manière d’évoquer un sujet sensible, comme la grossesse de Myra. Aussi bizarre que cela puisse paraître, si ce genre de plaisanterie m’aurait amusé fut un temps, j’étais ce soir consterné par son indélicatesse, et presque autant énervé par sa provocation à l’égard de ma –fausse-compagne. Ce qui ne semblait pas avoir ému cette dernière pendant que j’y pense. Etrange. Est-elle plus imperméable que moi à se faire traiter de la sorte sans ciller ? Apparemment, oui. « Personnellement, il n’y a rien qui m’attire davantage qu’une femme portant un enfant. Ca ne la rend que plus fraîche et délicate. Quoique dans ton cas, ma chérie, tu n’aurais pas eu ce ventre que tu aurais quand même eu tout mon amour. » répliquai-je avec un sérieux irréprochable et une douceur inégalable, en avisant du regard tantôt sa rivale, tantôt Leyla, qui accueillit sans doute avec surprise mes lèvres se posant tendrement sur son front. « Je reviens tout de suite. » Ne suis-je pas un mari aimant ? L’illusion n’aura pu être plus parfaite, bien que l’illusion ne soit pas aussi factice que certains pourraient croire.

Mais où est-elle ? Je me suis à peine absenté cinq minutes et je ne la vois plus nulle part. Il y a bien deux mains folles qui s’agitent dans ma direction, mais je n’avais pas envie de poisson ce soir. Les sourcils froncés, j’observe chaque visage, marchant à pas lents dans la grande salle à la recherche de Leyla, jusqu’à l’apercevoir enfin, en pleine discussion avec ce qui semblait être un serveur. « Oui, je te cherchais justement. Tiens, ton verre d’eau…Monsieur… ? » Trop tard, il s’était déjà éclipsé. Sûrement avait-il compris que je n’appréciais pas son attitude vis-à-vis de ma femme. Sérieusement, quel homme oserait draguer une femme, enceinte jusqu’aux oreilles, alors que son époux est présent dans la salle ? « Il y a vraiment des types qui ne doutent de rien ici. » soupirai-je d’une voix très calme, sans m’être même rendu compte du trouble qui avait pris Leyla. « Ah, les portes s’ouvrent, pas trop tôt. » La conférence allait enfin commencer. « Et tout le monde se précipite, évidemment ! » grommelai-je entre mes dents. « Bon, si on veut avoir un bon angle de vue dans la salle, on ferait mieux d’y aller tout de suite avant que toutes les bonnes places soient prises. » Attrapant la main de Leyla, je fonds aussitôt vers la queue, que dis-je, la masse qui s’attroupait peu à peu devant les portes – on se croirait dans une foire aux bestiaux – et pousse lentement mais sûrement les épaules, les jambes, les hanches, me frayant peu à peu un chemin jusqu’à l’entrée, en tâchant de garder entre mes doigts, et à ma suite, ma chère épouse.  


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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyJeu 16 Juil - 10:32

Psychologie : maladie qui se fait passer pour un remède
benedikt & leyla

Sa remarque l’avait bluffée. Elle avait conscience que ce n’était qu’un jeu, et savait désormais qu’il était plutôt agile dans l’art de paraître ce qu’il n’était pas, pourtant, elle avait été touché qu’il prenne ainsi sa ‘défense’. En d’autres circonstances, s’ils avaient été dans une situation réelle, elle aurait pu l’aimer sincèrement un peu plus pour ce genre d’attention. Mais le fait est qu’ils n’en étaient pas là, et qu’il ne le pensait certainement pas. On ne change pas un loup sauvage en agneau docile aussi facilement. Mais en tout cas, sa remarque l’avait touchée, si bien qu’elle n’avait répondu que par un sourire en demi-lune. Déborah, quant à elle, s’était visiblement renfrognée. Leyla maîtrisait son caractère parce qu’elle se sentait, depuis un certain temps maintenant, comme observée. Il était capital qu’on ne devine pas qui ils étaient tous les deux. Et Myra était censée être une future maman d’une douceur infinie, capable de diplomatie entre tous les partis possibles et imaginables. A croire que ses supérieurs lui avaient donné ce personnage pour qu’elle ne devienne pas incontrôlable. Et si dans l’intimité, lorsqu’elle était sure d’être seule avec Benedikt, son caractère reprenait ses droits, en public, elle était irréprochable. « Merci. »

Encore décontenancé par l’échange qu’elle venait d’avoir, un nœud s’était formé au creux de son estomac sans qu’elle ne sache exactement pourquoi. Était-ce Benedikt qui était revenu et qui était en train de la tirer par le bras ? Ah oui, il semblerait. « Hmm pardon excuse-moi, je te suis-je te suis. » A force de jouer des coudes et de déambulations, ils finirent par trouver une place à bonne distance de l’estrade. Une fois assise, elle eut l’impression que ses jambes étaient en train de se dérober sous ses pieds. Comme si elle était sur le point de faire un malaise, des nausées commençaient à lui tirailler l’estomac. Une main sur les lèvres, elle ne se rappelait pas avoir mangé quelque chose de suspect ces jours ci … « Chéri … Je crois qu’il faut que j’aille me rafraîchir le visage, reste ici la conférence va commencer … J’en ai pour quelques minutes. » Et avant d’avoir eu sa réponse elle s’était déjà levée, le rassurant en posant sa main sur son épaule ; de toute façon ils avaient des micros sur eux pour communiquer en cas de besoin, et puis elle n’en avait pas pour longtemps.

Sentant le malaise se dissiper légèrement tandis qu’elle remontait le couloir qui menait aux toilettes des dames, elle fit couler de l’eau fraîche pour mieux s’humidifier la nuque. Encore très nauséeuse, les paupières mi-closes, elle eut alors comme un flash. Elle revoyait un homme grand, et mince, à la piscine de l’hôtel, distribuant des glaces à des enfants. Ce même homme, ou presque, dans la salle de restaurant, et ce même homme, encore, lui servir un verre de jus de fruits lorsqu’ils étaient arrivés le soir même, avant qu’une fois encore, cet homme, ne fasse mine de lui renverser un verre sur … décolleté … endroit où avait été dissimulé le micro … « Oh c’est pas vrai … » (peut-être le micro fonctionnait-il encore, comme un grésillement, mais ce n’était même pas sur). Venant de réaliser les erreurs qu’ils avaient tous deux commises, elle pu voir se réverbérer dans l’acier du robinet une silhouette immense derrière elle. « Tout va bien mademoiselle, une indigestion peut-être ? » C’était lui. Et il avait dû mettre quelque chose dans son verre. Elle avait l’impression que les ordres que son cerveau envoyait à ses autres muscles n’arrivaient pas au bout. « Je vais très bien, merci. Probablement un fruit de mer qui est mal passé. » Comment parvenait-elle encore à sortir de telles idioties, alors que son instinct l’alarmait et lui disait déjà qu’il était trop tard. Elle ne l’avait pas vu venir. Il avait été plus fin. Ils s’étaient peut-être trop laissé distraire par leurs rôles respectifs. « Je vous assure que … Ca ... Ça va … » La présence dans son dos se rapprochait, de plus en plus, oppressante, sa vision quant à elle, devenait de plus en plus floue. « Permettez que je vous aide … » son souffle caressa son oreille, alors que sa main se posait sur son faux ventre avec une tendresse presque malsaine. Elle n’arrivait même pas distinctement à voir son visage, elle sentait juste un poids s’abattre sur ses épaules. Le poids de l’erreur et de l’impuissance, parce qu’elle n’avait pas toutes ses facultés. « C’est très imprudent d’essayer les jeux de dupes … Mademoiselle Harrows. » c’est lorsqu’il prononça son véritable nom qu’elle poussa un cri qu’il étouffa avec sa main. Après l’avoir mordu, elle parvint quand même à arracher quelques mots. Un prénom, celui de Benedikt, et deux mots : « Il sait. ». Après quoi elle avait senti quelque chose lui piquer la nuque, probablement une seringue, et elle avait perdu connaissance.  Tout était noir. Elle ne savait même plus si elle était dans ce monde, ou un autre.


Quatre semaines plus tôt.

Consciente de ce qu’il lui coûtait de s’ouvrir ainsi à elle, elle restait néanmoins heureuse qu’il prenne le risque de la faire. De ce point de vue, il pouvait avoir confiance. Elle ne donnerait jamais à personne d’armes qu’il pourrait retourner contre lui. Et puis, lorsqu’il commença enfin à parler d’elle, elle fut touchée par son expression. Comme si son souvenir était toujours vivace en lui, tant qu’elle ferait comme partie de lui-même. C’était beau, unique, d’une intensité rare. Elle comprenait qu’un tel amour perdu l’ait dévasté. Comme s’il avait perdu une partie de son âme dans cet incendie. Prenant délicatement la photo qu’il lui tendait entre ses doigts, comme s’il eut s’agit d’un objet rare et précieux, elle esquissa un léger sourire. Un brin triste, un brin mélancolique pour eux. Le destin vous jouait parfois des tours tragiques, et injustes. Et plus elle regardait Benedikt, plus elle s’apercevait que le mal qui le rongeait était certes la tristesse, mais une tristesse transcendée par un sentiment beaucoup plus pernicieux : la culpabilité. Osant poser sa main sur la sienne en la serrant légèrement, elle finit par dire avec ténacité, consciente qu’il avait dû l’entendre une centaine de fois, mais voulant quand même qu’il l’entende autrement cette fois-ci. « Benedikt, cet incendie … Ce n’était pas votre faute. Vous ne devez pas vous en vouloir … Je ne pense pas qu’elle aurait voulu que la culpabilité vous ronge à ce point. » Et puis sa question, à laquelle elle aurait plus de mal à répondre parce qu’ils n’avaient pas vécu le même deuil. « Pour nous, c’était différent parce que nous n’avons pas été forcé à nous séparer. C’est une décision que j’ai prise en connaissance de cause. Quelque chose en moi s’est brisé, et je n’étais plus en mesure de lui offrir la vie qu’il avait toujours désirée. C’est pour cela qu’on s’est séparés … on ne suivait plus les mêmes lignes. Mais, je dirais que … On apprend à survivre avec. Vivre est un mot que je peine encore à définir. C’est terrible à dire mais … Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Cette force n’est seulement pas toujours celle que l’on espérait. »


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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMar 28 Juil - 0:01


“Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.”

Mais que faisait-elle ? Cinq minutes étaient passées et la conférence venait de commencer … décidément, les femmes ne changeront jamais ! Assis au fond de l’amphithéâtre, j’observais avec grande attention l’ensemble de ceux présents en cette fin d’après-midi, tout en écoutant d’une oreille distraite le conférencier présenter ses travaux de recherche. Dans un autre cadre, à un autre moment, et si je n’avais rien eu de mieux à faire, cette conférence m’aurait sans doute intéressé. Enfin, s’il n’y avait pas eu certains …invités. Comme cette Deborah qui venait de se retourner et m’offrait un sourire à la diable accompagné d’un vif mouvement de la main. Etonnant que son mari ne fasse pas plus attention à sa femme. Enfin, je suppose qu’il doit en avoir l’habitude. Et puis, ce n’est pas interdit de regarder…tant que c’est avec les yeux. De mon côté, j’esquisse un vague sourire pour continuer à faire croire en mon rôle de mari aimant et d’homme sociable, jusqu’à ce que mon micro se mette à grésiller, et que derrière ses grésillements, je crois entendre la voix de Leyla. Correction, c’est bien la voix de Leyla. Et le message fut parfaitement clair malgré les parasites. Sans réfléchir, je fonce directement aux toilettes. Vides, évidemment. Aucune trace de lutte. J’en déduis que son agresseur l’a surpris par son apparition, et qu’il était sans doute plus grand et fort qu’elle, car si ça n’avait pas été le cas, elle aurait pu se défendre et il y aurait eu un miroir cassée, ou du sang séché…bref, n’importe quoi qui laisserait à penser qu’il y a bagarre.

Il sait. Ce furent ses derniers mots avant qu’il ne l’emmène. Alors ce salopard était au courant depuis le début. Mais comment ? Nous avons été attentifs au moindre détail, joué notre rôle à la perfection. C’était impossible…à moins…à moins qu’il nous ait observé sans que nous le voyions ces dernières semaines. Ou…qu’il y ait une fuite. Malheureusement, je ne connaissais pas les collègues de Leyla. Pas suffisamment en tous cas pour prendre le risque de les appeler et de tomber directement sur le traître, s’il y en avait un. Tant pis, sur ce coup, je me débrouillerai seul.

Interrogeant les lieux du regard pour ne rater aucun indice, je retire mon arme de sous ma veste, vérifiant les balles qui s’y trouvaient. Le regard animé d’une haine sans nom, une idée fixe dans la tête, je faisais défiler devant moi la liste des manières possibles pour exécuter un homme. Car c’est bien ce qui allait se passer. Mon chef avait été très clair. Nous ne faisions jamais de « prisonnier », et même si ça avait été le cas, je ne l’aurais pas laissé s’en tirer. Ce type…ce salop a osé s’en prendre à Leyla. Et ils nous a dupés depuis le début. Ma lèvre supérieure tremble sous la colère. Quand je t’aurais mis la main dessus…

Il me fallut une heure tout au plus pour arriver à notre maison du lac. Biensûr, un bruit de moteur aurait été trop repérable, aussi avais-je pris un taxi à qui j’avais demandé de me laisser plus bas sur la route, afin d’éviter d’être repéré. Les sens à l’affut du moindre bruit, du moindre signe suspect, je me rapproche dans la nuit noire. Seules les rues sont éclairées par des lampadaires de fortune, et le lac illuminé par la pleine lune. Etrangement, mon pouls est régulier, et mes pas agiles malgré la pénombre. Je ne ressens ni peur, ni faiblesse. Un peu d’excitation mêlée à l’adrénaline due à une dose de courage muet m’envahit quand je songe à ce monstre et à notre future rencontre. Dans un coin de ma tête, je me remémore la formation que j’ai reçue de mon père, et de l’agence, avant de me concentre sur le souvenir de Leyla. J’espère qu’elle va bien, qu’il ne lui a encore fait aucun mal. Que je l’arrêterais à temps. Ca y est, je suis sous la fenêtre de ma chambre, toujours entrouverte pour laisser passer la brise du soir. Un faible rayon de lune éclaire la pièce, vide. Sur mes gardes, je me glisse tout doucement à l’intérieur, mes doigts tenant fermement mon arme, tandis que de mon autre main, je tâte dans la pénombre les objets qui me font obstacle jusqu’au salon…

Quatre semaines plus tôt.

« Benedikt, cet incendie … Ce n’était pas votre faute. Vous ne devez pas vous en vouloir … Je ne pense pas qu’elle aurait voulu que la culpabilité vous ronge à ce point. » Oui, ces mots combien de fois me les suis-je répétés ? Sauf que je ne les ai jamais crus. Non, si j’avais été là, j’aurai pu l’aider. Si j’avais été là, elle aurait été en vie aujourd’hui. Me retenant de lancer au visage de la jeune femme qu’elle ne savait rien de Tacha et ne pouvait donc présupposer de ce qu’elle aurait fait ou pensé, je préfère garder le silence et détourner les yeux, avant qu’elle ne me parle de son propre vécu. Mon ego m’interdisait de lui avouer que je ne comprenais pas comment une femme comme elle pouvait ne pas satisfaire un homme, mais je sentis dans le timbre de sa voix, la lueur de son regard et le frémissement de ses narines, combien la mélancolie dictait sa vie. Pour une raison que je n’expliquais pas encore, mais que je sentais la ronger de l’intérieur. Je ne pense qu’un homme, une simple histoire d’amour qui finit puisse faire autant souffrir. Biensûr, il s’agit de survivre lorsqu’on a perdu son âme sœur, mais dans le cas de Leyla, peut-être justement en raison de son métier qui l’amenait à vivre des expériences parfois douloureuses, j’avais l’impression qu’elle s’interdisait de vivre autrement. De vivre une autre histoire. Si moi j’agissais par culpabilité, elle vivait dans la prudence. Finalement, nous avions tous deux construit des murs autour de nous, afin de nous préserver du monde extérieur. Et si effectivement nous avions une force peu commune pour surmonter certaines épreuves, ses remparts finissaient à la longue par nous rendre imperméable à toutes émotions trop sentimentales. Cette philosophie de vie, si une partie de moi en avait conscience, l’autre en revanche se refusait catégoriquement à la suivre. Ce pourquoi, je préférai en finir. « Au fait, vous pouvez prendre la chambre si vous voulez…» N’ayant pas envie qu’elle croit en une quelconque démonstration de courtoisie princière de ma part, j’ajoutais aussitôt pour tout argument « …peut-être que ça vous aidera à trouver le sommeil… » avant de me lever du canapé et de quitter les lieux presque en courant, pour aller faire ma ronde quotidienne dans le quartier.


∞everleigh
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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMer 29 Juil - 22:43

Psychologie : maladie qui se fait passer pour un remède
benedikt & leyla

Trois semaines plus tôt.

Le soleil était ce jour-là cuisant. En robe légère estivale, pieds nus dans l’herbe verte, armée de grandes lunettes sombres et d’un chapeau clair, Leyla était installée sous un arbre, lisant un livre en le laissant se reposer sur son faux ventre rond. Cette journée avait presque un goût de vacances. Presque, dans la mesure où elle gardait quand même un œil sur les personnes de l’hôtel alentour, qui elles aussi se prélassaient au soleil. Abaissant son regard sur Benedikt qui était allongé à côté, un demi-sourire éclaira ses traits. Même si leur relation frôlait encore parfois le désastre, les tensions semblaient s’être apaisées sensiblement, entre eux, depuis quelques jours. Avec son short de campeur, il avait un look tout à fait …Hilarant. A croire qu’elle n’était pas la seule à avoir eu droit à la panoplie kitsch dont leurs personnages étaient censés être adeptes. Quoiqu’il en soit, elle ne savait pas s’il s’était assoupi ou non (elle ne voyait pas avec ses lunettes de soleil), mais le fait est que blanc comme il était de base, il était en train de se transformer en écrevisse à vue d’œil. Dégainant son tube de crème solaire (arme absolue de la future maman qui se respecte), il n’eut sans doutes pas le temps de se rendre compte de quoique que ce soit, que déjà, son nez était blanc de crème. « Chéri. Tu te transformes en homard trop cuit. » dit-elle en se pinçant les lèvres, avant qu’un rire cristallin ne s’échappe de ses lèvres. Rire qui fut interrompu par un ballon qui vint lui cogner la tête. S’apprêtant à protester, elle découvrit devant elle un petit bambin, de trois ou quatre ans à peine, qui la regardait fixement avec des petites lunettes. « Pardon madame. Dis … Tu veux pas venir jouer avec nous ? » Elle l’observa, songeuse. Etait-ce bien raisonnable ? Elle ne risquait pas grand-chose contre des petits bambins a priori « Hmm … Pourquoi pas … » Elle fit un clin d’œil au petit garnement. Et pendant les minutes qui suivirent, Leyla parut comme rayonner, s’amusant comme une enfant avec une tripotée de bambins enragés. Elle faisait quand même mine de se tenir le ventre, et d’avoir l’air essoufflée. Mais sinon, elle s’amusait comme une folle.

Au bout d’un certain temps, véritablement essoufflée cette fois ci, elle revint s’asseoir près de Benedikt, reprenant ses esprits en buvant une lampée d’eau fraîche. « Vous avez des enfants ? » lui demanda t-elle alors, sans même le regarder, encore souriante d’amusement à cause du jeu qu’elle venait de partager. « Parfois, ils me fascinent. Et d’autres fois … Ils me terrifient. Ces petits bouts de vie … Probablement un des trésors de l’existence. » Un brin de nostalgie l’avait alors envahie. Son regard se perdit dans le vague à l’âme. Mais malgré tout, elle souriait. Presque détendue. Presque … naturelle.



Trois semaines plus tard .


Un tiraillement lui saisissait la nuque, se prolongeant comme une onde diffuse dans l’intégralité de sa tête, et redescendant comme une sueur froide le long de sa colonne vertébrale. Quelque chose de froid et d’humide écrasait sa joue. Rien à voir avec un oreiller duveteux. Cela ressemblait plus à de la terre humide, ou un bitume sale, avec une légère touche d’essence séchée. Où était-elle déjà ? Certainement à New York, endormie sur son vieux canapé comme cela pouvait lui arriver parfois. Mais chez elle, il ne faisait pas si froid. Comme si elle venait tout à coup de rejoindre les entrailles glacées de la terre. Les paupières encore trop lourdes, elle intimait à ses mains de bouger, mais celles-ci, comme entravées, n’y parvenaient pas. Bon sang, avait-elle bu au point de ne plus se souvenir de son propre nom ? Encore un coup de Benedikt qui avait dû lui remplir son verre sans qu’elle fasse attention (mauvaise foi quand tu nous tiens). Prenant une bouffée d’air âcre, elle toussota légèrement, ayant l’impression qu’une nuée de poussière venait de s’engouffrer dans ses narines. Une paupière s’ouvrit, puis une seconde, elle était allongée sur le sol, sur le côté, la joue écrasée contre le bitume. Il faisait sombre dans la pièce, seule une ampoule dénudée vacillante était suspendue au plafond, permettant à peine de distinguer l’étendue de la pièce. Retrouvant peu à peu l’usage de ses sens, un vent de panique sembla l’animer pendant quelques instants. Elle se rappelait. La conférence, le jus de fruit, les toilettes, le grand homme dans son dos, puis l’obscurité totale lorsqu’elle avait littéralement perdu connaissance. Sentant son cœur battre la chamade sous sa cage thoracique, Leyla commença à bouger les mains dans tous les sens, réalisant soudain qu’elles étaient liées dans son dos. Elle avait terriblement froid lorsqu’elle réalisa aussi qu’elle était pieds nus, et qu’on lui avait ôté sa robe de soirée au profit d’une sorte de vieille chemise de nuit blanche en coton humide. Elle n’avait plus son faux ventre non plus … Signe que leur homme avait bien compris le subterfuge. Chose étonnante, son agresseur n’avait pas pris la peine de lier ses pieds, mais elle était raccrochée par les mains à une chaîne reliée à un grand tuyau duquel semblait s’échapper parfois de la vapeur brûlante. Où diable était-elle ? Cela ressemblait à un sous-sol, ou une cave, ou même à un entrepôt. Tentant de garder son self contrôle en respirant lentement, son cœur lui disait déjà de succomber à la panique. Mais elle ne l’écouta pas, rassemblant ses idées en tentant de percevoir un autre souffle dans la pièce. Elle n’en entendit aucun.

« Merde. » était le seul mot qu’elle répétait sans cesse tandis qu’elle se tortillait dans tous les sens pour tenter de dégager ses poignets. Ils s’étaient vraiment fait avoir comme des bleus. Elle encore plus que lui. Son instinct l’avait pourtant alarmée face à cet individu, mais trop emportée dans leur rôle, elle avait préféré l’ignorer. Elle s’en voulait désormais terriblement, et se demandait comment ils avaient pu se faire avoir si facilement. Elle ne se souvenait pas s’être trahie, et Benedikt non plus … Alors comment ? A moins que … Soudain une petite lumière rouge venait de s’allumer de l’autre côté de la pièce. Comme … Une caméra entrain de filmer. Et quelques secondes plus tard, un poste de télévision, juste à côté, présentait le salon de la petite maison dans laquelle ils avaient passé plusieurs mois. Poste sur lequel elle vit la silhouette de Benedikt, qui avançait prudemment. Aux vues de sa réaction, elle comprit que le poste de télévision dans le salon venait lui aussi de s’allumer devant lui, lui montrant probablement sa silhouette à elle, dans une autre pièce, dans un autre lieu aussi. Il n’y avait pas de son. Ils ne pouvaient être que spectateurs l’un de l’autre. Mais à qui le tueur voulait-il montrer quelque chose ? Était-ce à elle, ou à lui ?

« Si tu es là, montre toi espèce de … » elle se tut, venant de distinguer une silhouette dans le dos de Benedikt, que lui n’avait pas dû voir, probablement trop concentré sur le poste. Soudain il dû la voir crier, se mettre à l’avertir … mais sans le son, allait-il comprendre ? Elle se tut d’un seul coup, l’image s’étant coupée de son côté brusquement avant qu’elle n’ait pu voir s’il avait eu le temps de riposter. « Bien bien bien … » entendit –elle dans la pénombre. « Qui est-là ? Montrez-vous espèce de … AAaah. » Un hurlement s’échappa de ses dents. Etait-ce une décharge électrique qui venait de traverser ses bras, la faisant vaciller sur le sol. Et pourquoi venait-elle d’entendre une voix de femme ? C’était quoi ce bordel ?! « Leyla Leyla Leyla … Ne vous inquiétez pas trop pour ce cher jeune homme … Mon petit va nous le ramener bientôt. » Serrant les dents en maugréant des insultes, elle se hissa sur ses jambes en se ruant vers le coin obscur, mais sentit de nouveau un courant la traverser de part en part par les mains. La décharge ayant été puissante, elle se sentit retomber, et perdre de nouveau connaissance pendant quelques instants. Ou était-ce des minutes entières ?La seule chose dont elle avait vaguement conscience était le rythme accéléré de son cœur qui luttait pour encaisser la charge, et ses jambes qui ne la tenaient plus.



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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyLun 3 Aoû - 16:54




Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.

Dans la pénombre, difficile de faire la distinction entre ombres mouvantes au gré du vent et des reflets lunaires, et celles vivantes d’un monstre tapi dans l’ombre. Sur mes gardes, je sentais néanmoins que le piège se refermerait sur moi tôt ou tard, et que la toile de l’araignée n’était pas loin. Les battements de mon cœur, seule musique sourde à mon oreille, démontraient si ce n’est mon taux d’adrénaline, le courage aveugle qui me portait. Dans le salon, que j’observe sans encore y entrer, rien n’a changé, tout est resté comme l’après-midi, avant que nous quittions les lieux Leyla et moi. Je vois encore sa valise entrouverte sur l’un des canapés, l’assiette que j’ai négligé au petit-déjeuner, vide de toute substance. Des chaussures de petite taille trônent à quelques mètres de moi, la première effraction qui me fait froncer les sourcils, suspicieux. Je n’avais vu aucune empreinte de pas autour de la main, signe que la jeune femme avait été transportée, et plus encore, que mon adversaire n’était pas un petit gabarit. Bien, j’avais plus encore intérêt à me tenir sur mes gardes. Avançant à pas de loups en détaillant chaque objet, chaque meuble et chaque mur, mes yeux manquent tout à coup de sortir de leurs orbites en découvrant Leyla. Ou plutôt, lorsque je m’aperçois que la télévision est allumée, et qu’une caméra invisible la fixe avec attention. Enchainée à une sorte de tuyau poussiéreux, vêtue d’une simple chemise de nuit ivoire, son faux ventre disparu, les cheveux défaits et l’air visiblement paniqué, voire affaibli, Leyla m’observe à son tour, tandis que j’en oublie jusqu’au plus élémentaire des instincts de survie. Face à ce maigre indice, mes neurones carburaient à une vitesse folle pour tenter de dénicher un détail, un infime détail sur l’endroit où elle était retenue prisonnière. Soudain, elle a une réaction. Le son nous manque à tous les deux, mais je perçois clairement le danger à travers le poste. Hélas, ne songeant qu’à sa seule sécurité, je me retourne trop tard, alors que la masse a déjà fondu sur ma tempe. Tombant lourdement sur le sol, j’essaie de toutes mes forces de me relever. Un filet rougeâtre obscurcit ma vue, et c’est le néant.

Dix minutes plus tard. Je me sentais balloter de droite à gauche, incapable de bouger. Mes poignets attachés entravaient tout mouvement de défense. La gorge pâteuse et toujours sonné, j’ai toutefois l’esprit suffisamment lucide pour chercher à me dégager. Sur la route qui nous conduit à une cabane au fond du bois, planqué sous une bâche couleur fauve, nul ne peut me voir. Ni m’entendre, puisque ma bouche ne respire que ce tissu sale en coton qui la traverse de part en part. Désormais bien réveillé, je ne cesse de gesticuler pour tenter de détacher mes liens, cherchant des yeux dans cette benne de véhicule de chantier de quoi m’aider à hisser le cordage. Hélas, le temps joua contre moi. Seul un clou trouvé par hasard, fut enterré dans l’une de mes mains, alors que je découvrais enfin le visage de mon agresseur. Le serveur !! La surprise passée, ma colère se décuple tandis que ses bras puissants me font descendre de la camionnette. J’aurai pu me défendre, bien que ça n’aurait pas eu grande utilité mais pour assouvir mon envie de le cogner. Toutefois, je craignais qu’il ne finisse par m’administrer une correction trop forte pour me permettre de me défendre plus tard, voire de m’empêcher de savoir où se trouvait Leyla. C’est ainsi que calmement, j’obéissais. Il me conduit jusqu’à la fameuse cabane située au bord d’un vieux quai en bois. C’est à se demander comment une bicoque pareille tenait encore debout. « Tiens, le v’là ! Il a été moins coriace que prévu. »  grogna mon agresseur en me poussant à l’intérieur de la cabane, me faisant aussitôt chuter sur le sol crasseux. « Enlève-lui ce chiffon, je veux qu’il puisse parler comme elle si jamais j’ai des questions à lui poser ! » s’exclama une autre voix beaucoup plus haut perchée. Deux. Ils étaient deux. Pas étonnant qu’ils aient eu une longueur d’avance. En attendant, je ne voyais toujours pas Leyla. « Où est Myra ? Dîtes-le moi si vous ne voulez pas que… » Ogghh !! Un puissant coup de pied dans mon abdomen mit aussitôt un terme à mes protestations. « La ferme ! C’est pas toi qui donnes les ordres ici ! »  Le sourire machiavélique de cette vieille pie parlait pour son état psychologique. « Qui est Myra ? Je ne connais pas de Myra. En revanche, je connais une mademoiselle Leyla Harrows. Bienvenue, nous n’attendions plus que vous, monsieur Benedikt Shark. »  A peine avait-elle terminé sa phrase que je fus envoyé dans un coin de la pièce, menotté comme Leyla à un tuyau qui faisait le tour de la bicoque, tandis que, la femme s’en allait chercher sa victime, et que l’homme en profitait, par sadisme, pour me balancer un nouveau coup dans les omoplates et en plein visage. Si tu crois que je vais baisser les yeux, tu peux toujours te brosser…Malgré le sang qui tâchait ma chemise, je n’avais ni crié, je ne comptais pas le supplier, et mon regard ne le quittait pas une seule seconde, comme pour le provoquer plus encore.


Trois semaines plus tôt

D’ordinaire, je hais les pique-niques. Pire encore des pique-niques improvisés. Et n’en parlons pas si je devais m’habiller comme un clown sorti tout droit d’un film de western. Il n’empêche qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie, et que le boulot avait parfois un impact considérable sur votre vie privée et vos principes tout faits. C’est ainsi, habillé d’une chemise vert clair, d’un pantalon beige en lin, d’une paire de santiags et d’un chapeau ridicule, que je quittais le logement ce matin-là, marmonnant et boudant pendant toute la durée du voyage qui nous conduisit à une aire aménagée, afin de faire prendre conscience à ma compagne que le plein air n’était vraiment pas dans mes habitudes de vie. Sauf que, plus je protestais silencieusement, plus j’avais l’impression que ça l’amusait. Et plus je me renfrognais. Finalement, je décidais de ne plus lui adresser la parole, plus par principe que par véritable colère, et m’allongeait à bonne distance de la plupart des gens présents dans le parc, pour piquer un somme, le temps que nous retournions au logement. De toutes façons, j’avais dans l’idée que ce n’était pas ici qu’on allait pouvoir attraper notre fameux tueur en série, alors tant qu’à profiter de ces quelques heures de tranquillité, autant le faire à fond.

« Hummggrrppphhh… »  J’aurai dû me mettre encore plus loin. Le plus loin possible en fait, pour l’empêcher de m’atteindre. Et alors ? Les homards c’est super bon, d’abord ! Et puis elle dit ça uniquement pour me taquiner. Après tout, ce n’est pas parce que je suis devenu aussi rouge que ce coquelicot que ça veut forcément dire que j’ai pris un coup de soleil. « Beau lancé, petit ! »  A mon tour de rire lorsque le ballon a atteint la tête de ma chère et tendre. « Si. Si, si si si, elle va venir jouer avec vous. Pas vrai…chériiiieee ? »  l’embêtai-je en passant une main dans son dos. Tiens, elle accepte sans rechigner ? « Je ne veux pas manquer ça. »  Bon, finalement je n’ai plus tellement sommeil. Calant mon dos à un arbre situé à quelques centimètres de là où nous avions posé nos affaires, afin d’avoir un meilleur angle de vue, un sourire sarcastique inonde déjà mes joues dans l’attente du spectacle. Leyla, une femme, une femme enceinte qui plus est, qui joue au foot. Passez-moi une caméra, et vite !

Au bout du compte, ça n’avait pas été aussi drôle que je l’avais espéré. Enfin, Leyla semblait s’être bien amusé, moi au contraire, je m’étais senti tout chose en la voyant aussi radieuse, et mon sourire avait rapidement fondu pour laisser place à des traits tirés par la réflexion et l’incompréhension. Lorsqu’elle revint quelques minutes plus tard, je ne l’avais même pas entendu arriver, perdu que j’étais dans mes songes. Ce n’est que lorsqu’elle me posa une certaine question que je posais à nouveau les pieds sur la planète Terre pour lui décocher un regard étrange de derrière mes lunettes. « Pourquoi vous me demandez ça ? »  La réponse vint juste après. Par nostalgie, parce qu’elle avait apprécié de retourner en enfance, pendant de brèves minutes. J’aurai pu l’envoyer sur les roses, en faisant preuve de mon tact légendaire, mais au lieu de ça, je l’observais encore quelques secondes, avant de murmurer un rapide « Oui » , sans rien ajouter de plus. Notre relation avançait, mine de rien. Elle n’était pas encore au beau fixe, et je ne prétendais pas qu’elle le serait un jour, mais je commençais à lui faire confiance. Et elle, sans doute sans qu’elle ne le conçoive personnellement, avait désormais toute mon attention, et mon estime. Pour autant, il y a des sujets trop sensibles pour qu’ils puissent être abordés sans perdre la face, d’une manière ou d’une autre.

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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMar 4 Aoû - 22:33

Psychologie : maladie qui se fait passer pour un remède
benedikt & leyla

Lourde torpeur obscure, ton nom est impuissance. Impuissance de l’esprit, impuissance du corps aussi. Ses lèvres s’entrouvrirent pour voler un filet d’air. Les mains tremblantes et engoncées dans des liens de métal qui lui cuisaient la peau, Leyla tentait de se concentrer vers un essentiel, vers une lumière abstraite, au loin, qui guiderait son esprit plutôt que de l’enfoncer dans l’obscurité. Dans son état de demi-conscience, la frontière du temps et de l’espace semblait s’effriter de secondes en secondes. Ses dents grinçaient. Le sol était humide. A mi-chemin entre le délire et le songe, sa tête roula sur le sol. Devant elle se dressait une silhouette bien connue : celle qu’elle sentait chaque nuit venir la torturer dans ses songes. Et les bruits de la réalité, de Benedikt qui venait d’être ramené à ses côtés, de leurs agresseurs qui formulaient leurs premières menaces, étaient en train de se confondre complètement avec la voix d’un souvenir, aussi vivace dans son esprit et dans son corps que la douleur et la terreur inconsciente qui était en train de lui faire oublier son professionnalisme, et même sa raison d’être. Ils avaient voulu la mettre à l’épreuve en l’envoyant sur cette affaire, voir si elle était prête. Elle avait été persuadée que ses démons étaient derrière elle, qu’elle serait capable de tout affronter. Peut-être s’étaient-ils fourvoyer … Sur toute la ligne.

« Bon ça suffit, réveille la maintenant. » maugréa la vieille femme  de sa voix rauque. Quelques secondes plus tard, allongée jusqu’alors dans la pénombre, elle sentit quelque chose de violent lui percuter l’abdomen, la ramenant violemment à la réalité. Toussotant de douleur, elle sentit deux mains lui empoigner les épaules avec une facilité déconcertante, et la jeter au sol, où elle rencontra quelque chose de tiède, et de plus mou que le sol lui-même. Un autre corps peut-être ? « Benedikt ?! Vous allez bien ? » le questionna-t-elle compulsivement en tentant de l’aider à se redresser malgré ses mains liées. Elle ne s’en apercevait même pas, mais des larmes coulaient sur ses joues, signe qu’elle était chamboulée, plus que n’aurait dû l’être un simple agent dans les mêmes circonstances. « Je … Je suis désolée … Pardonnez-moi … » Murmura-t-elle alors que les doigts crispés, dans son dos, se refermaient autour des siens en guise d’excuses. Mais d’excuses pour quoi ? Pour ne pas avoir été plus vigilante ? Pour s’être fait avoir ? Pour n’avoir pas réussi à lui éviter cette situation ? Trop de raisons qui ne cessaient de s’accumuler. « Regardez-moi ça, les deux faux tourtereaux enfin réunis. Ah il était plutôt convainquant votre petit  manège. On a presque failli tomber dans le panneau. Mais c’était sans compter vos deux parcours plutôt … Atypiques. Je trouve plutôt curieux qu’ils vous aient envoyés tous les deux … Deux éléments au mensonge facile … N’est-ce pas, Shark ? J’imagine que vous ne lui avez pas dit le réel but de votre mission … » A cet instant, les sourcils de Leyla s’arquèrent, elle inclina la tête sur le côté, murmurant doucement : « De quoi parle-t-elle ? » Une intuition qu’elle avait fini par enfouir, se disant que l’honnêteté avait fini par s’installer entre eux … Que lui avait-il caché ? Quel était son rôle dans tout cela ? Soudain, une chose insinueuse venait de  s’infiltrer dans ses veines : le doute.
« Et vous, Harrows … Vous lui avez dit ? » Son regard s’assombrit, devint d’une noirceur proche de la menace. « Vous lui avez dit la façon dont vous avez échoué à sauver la petite … Comment était-ce déjà ? Ah oui … Lily. Quelle affaire dites-moi … Un sacré remue-ménage jusqu’à ce que vous l’ayez, et après … Pouf … Plus rien. A croire qu’ils ont tout fait pour que personne ne sache ce qui s’est passé cette nuit là. Mais dites-moi Leyla … Vous hante-t-elle toujours … cette petite qui vous implorait de l’aider … Qui croyait en vous … Et qu’il a torturé devant vos yeux jusqu’à ce que la vie ne s’échappe de son petit corps … ahahahah. Il était plutôt doué pour ça, vous le savez mieux que quiconque. Sacré personnage, je l’admirais beaucoup. » Riait-elle tandis que Leyla, livide, les mâchoires crispées à l’extrême, se sentait la force de se désarticuler les épaules pour lui sauter à la gorge comme un animal. Comment pouvait-elle savoir tout cela ? Personne n’était censé avoir eu accès à ces informations.  Cette femme avait obtenu des informations classées confidentielles, voire secret défense. Elle faisait donc partie, ou avait des complices qui étaient leurs confrères ou même leurs patrons. S’approchant de Benedikt, la femme s’accroupit devant lui et lui empoigna les cheveux de l’arrière du crâne d’une main ferme, rejetant sa tête en arrière pour le « réveiller un peu ». « Autant vous le dire, on ne vous a pas donné l’agent le plus stable pour veiller à votre sécurité gueule d’ange. Mais je ne suis pas sure que vous en ayez vraiment besoin … Quoique … Vous si fort, si solitaire … Vous êtes pourtant incapable de veiller sur autre chose que vous-même. N’est-ce pas Benedikt ? » Autant d’insinuations de son côté qui avaient sans doutes pour but de les faire se rebiffer. Elle distinguait bien la vieille femme prête à actionner son espèce de télécommande à décharges électriques, au cas où ils décideraient de voler de leurs propres ailes.





Trois semaines plus tôt
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Elle s’en était doutée. Le jour où elle avait vu à la dérobée, sans véritablement le vouloir, cette photo qu’il glissait dans son portefeuille. Ainsi, son amour avec Tacha avait donné naissance à un fruit, à une jeune fleur qui devait lui rappeler sans cesse son défunt amour. Cet enfant ne pouvait être que celui qu’il avait eu avec tacha, elle n’avait pas le moindre là-dessus. Il lui vouait un amour trop inconditionnel, même encore aujourd’hui, pour qu’il en fût autrement. Ils devaient être si jeunes tous les deux lorsqu’elle était tombée enceinte … C’était à la fois si beau, si poétique et si tragique et triste. Elle n’osa en tout cas pas lui poser plus de questions sur le sujet, ne jugeant pas nécessaire de dépasser certaines frontières. Il n’avait pas l’air près, elle acceptait et comprenait cela. Néanmoins, après quelques minutes d’un silence nostalgique, la tonalité douce de Leyla se fit entendre de nouveau, plus égarée cette fois-ci. « Je ne pourrais probablement jamais avoir d’enfants. » De nouveau, un silence s’installa. « Les risques du métier voyez-vous. » Un sourire ironique étira ses traits. Il ne connaîtrait pas les détails. Pas maintenant. Peut-être même jamais. « Mais … Cela vaut surement mieux ainsi. » Un point final à une confidence qu’elle n’avait fait qu’une seule fois à voix haute … A son fiancé. Lorsqu’elle lui avait annoncé qu’à cause des mutilations, à cause de l’emprunte physique, elle avait été touchée si profondément que cela avait entaché son avenir de femme. Lorsqu’elle lui avait annoncé que leur rêve de fonder une famille, leur famille, appartenait à quelque chose d’autre que l’avenir à deux dans lequel ils s’étaient projetés trop de fois. Un léger frisson lui traversa le corps. Les poils de ses bras se hérissèrent, et elle se releva promptement. « Il faut que j’y aille. Réunion au sommet autour d’une limonade chez notre voisine de droite. Elle veut absolument m’expliquer en quoi la méditation et les gâteaux secs au gingembre sont bons pour les bébés en devenir. » Elle ne revenait toujours pas que c’était-elle qui disait cela. Improbable. Et puis, elle détestait les gâteaux secs.




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MessageSujet: Re: Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède. - Page 5 EmptyMer 5 Aoû - 14:39




Psychologie : Maladie qui se fait passer pour un remède.

J’avais eu raison. De lui faire confiance. Elle n’avait rien dit. S’était contentée d’écouter, et de réfléchir, sans me brusquer dans mes déclarations. Il faut dire que depuis que j’étais rentré, il y a moins d’un an, mes relations avec Natacha stagnaient au même point. Ma fille m’en voulait. Responsable de la mort de sa mère, et coupable de l’avoir abandonné à son oncle, mon frère, et à son grand-père sans même un mot, une explication, je cherchais son pardon dans le silence et les regrets à peine murmurés tellement j’avais honte de mon comportement. Hélas, cela ne suffisait jamais. J’espérais pourtant qu’un jour, un jour prochain, elle me pardonne mes erreurs et ma faute, et accepte de m’appeler « papa », plutôt que de me lancer ce regard où brillait un mélange de tristesse et de colère. En résumé, je n’étais pas prêt à lui parler de ma fille, parce que je ne savais rien sur elle, et parce que ma conduite avait été telle que je craignais le jugement d’autrui, même si au fond de moi, je savais que je méritais amplement de tels reproches. Pensant alors que Leyla prendrait mal mon besoin de solitude et le fait que je n’avais répondu qu’en partie à sa question, je fus d’autant plus surpris en découvrant une vérité à son sujet. Etonné, je dirais même abasourdi par ce qu’elle venait de m’annoncer, j’avais aussitôt tourné la tête dans sa direction, et l’observais maintenant avec une incrédulité passive, mêlée à une réelle compassion pour ce qu’elle avait sans doute, dû endurer pour avoir ce fardeau à porter aujourd’hui. Les risques du métier avait-elle dit, c’était donc une mission ratée et non la naissance qui l’avait frappée. Bien que je ne connaissais pas grand-chose sur la jeune femme, ni sur la parentalité, je sentais une colère noire me monter à la gorge en pensant qu’on avait osé lui enlever le cadeau le plus précieux que la Nature avait accordé à la femme : la possibilité d’enfanter. Et pour quoi ? Le boulot. Toujours, et encore ce fichu boulot. Je parie même que les responsables n’avaient pas été punis à hauteur de leur méfait. Que ses supérieurs avaient préféré se taire pour éviter de se confronter à sa peine, trop profonde pour être effacée d’un « désolé, c’était les risques du métier ». J’en arrivais à éprouver une haine muette et intangible pour ces bourreaux, et à voir mon instinct protecteur reprendre le dessus sur mon habituelle indifférence. Mais c’est elle-même qui me convainquit de me taire, lorsqu’elle tenta de me faire croire que ce n’était rien. Que c’était… « mieux ainsi ». Evidemment que je n’étais pas dupe. Je l’avais longuement observé auprès d’enfants, dans l’avion, et ici dans ce parc. Je n’avais pas manqué de voir son regard s’illuminer à leur contact, son sourire s’agrandir lorsqu’elle jouait en leur compagnie. Qui pourrait croire encore qu’elle ne désirait pas d’enfants ? Ou plutôt, qu’elle avait réussi à faire son deuil d’être un jour mère ? Certainement pas l’homme qui se tenait auprès d’elle, en apparence froid mais intérieurement choqué par ce qu’il venait d’apprendre. « Je suis désolé. » murmurai-je alors qu’elle s’éloignait. « Vous auriez fait une très bonne mère. » ne pus-je qu’ajouter sans savoir si elle m’avait entendu.

Trois semaines plus tard

Je me souvenais. De ce qu’elle m’avait dit. De son désir d’enfant tué dans l’œuf. Et je bouillonnais intérieurement en la voyant allongée là, incapable de se défendre, face à des monstres qui s’amusaient à la torturer pour l’obliger à rester éveillé malgré les coups portés qui l’affaiblissaient d’heure en heure. D’un vert forestier, mes pupilles avaient viré au noir le plus profond tandis que d’un violent coup d’épaule, j’avais vainement cherché à m’interposer, rugissant tel un fauve en cage, désireux de vivre pour soumettre à son tour son maître qui avait osé croire pouvoir un jour l’apprivoiser. « Ouhhh, mais c’est qu’on se rebiffe ma parole ! Tiens, voilà qui t’apprendra à rester tranquille, comme un bon chien. » Son poing venait de s’abattre comme une masse contre ma joue, éclaboussant le bois humide de la cabane de mon sang. Gouttes perlées qui coulaient à présent à l’intérieur de ma bouche, repoussant mes lèvres pour se frayer un chemin jusqu’au parquet grinçant. « Voilà c’est ça, couché, si tu veux pas que je te balance mon pied dans ta jolie gueule ! » Recrachant une montée de salive tâchée de rouge, je le dévore littéralement des yeux, m’amusant à le provoquer par un self-control dont il n’avait pas idée. Lorsqu’enfin Leyla me répondit, mon soulagement fut tel que je lâchais un moment l’ogre des yeux pour me concentrer sur la jeune femme. « Vous n’avez pas à me présenter d’excuses. Vous n’y êtes pour rien. » murmurai-je à mon tour en serrant plus fort ses doigts entre les miens, comme pour lui insuffler le courage de tenir bon. Moment choisi par la vieille harpie pour faire son come-back, et son fils de me dévisager avec un sadisme à peine contenu. Loin de me sentir coupable ou de démontrer une quelconque forme d’expression, j’avais décidé de me taire, rien que pour énerver celui qui me semblait le plus facilement manipulable. Le fils, qui ne me quittait plus des yeux maintenant et attendait avec impatience que je réplique férocement à sa mère, ce qui lui donnerait une bonne raison de me corriger à nouveau. Dommage, tu n’es pas aussi malin que tu le crois et je ne suis pas aussi stupide que tu le penses. Ne bougeant plus, le visage baissé, dissimulé par mes boucles blondes, les yeux fermés et les lèvres closes, je donnais l’impression d’être mort, ou alors de ne prêter aucune attention à ce qui se passait autour de moi. Même Leyla, qui avait réagi trop vite, n’obtint de moi que mon seul silence. « Héé, on te cause le chien ? Tu as perdu ta langue ? » grogna la voix grave de l’homme tandis que son poing s’abattait pour la énième fois sur ma mâchoire douloureuse. Continue. Ne lâche pas. Ne baisse pas les bras. Dans un coin de ma tête, je connais déjà le sort qui m’est réservé. J’ai déjà tout calculé, je sais comment tout ça va finir. Pour nous…comme pour eux.

Une voix s’élève à nouveau, s’en prenant cette fois à Leyla. Efficace si j’en juge par le mouvement de colère qu’elle avait su engendrer chez la jeune femme. Dans mes pensées, je lui garde une place. Ecoutant attentivement, me taisant toujours. Je vois la scène à l’intérieur de ma tête, celle d’une enfant prise au piège, comme nous actuellement. Celle d’un agent incapable de lui venir en aide. D’un agent qui pleure de douleur et par culpabilité. D’une femme qui survit plus qu’elle ne vit, poursuivie par des démons d’un genre nouveau. Au rire de la mère suivi par celui du fils, répond mon sourire, rapidement envolé lorsqu’elle m’oblige à la regarder en face. Je savais ce qu’elle essayait de faire. Le plaisir qu’elle ressentirait à nous voir perdre pied face à ses accusations, le sadisme recherché dans la peine que nous avions causée par le passé. Mais je vous refuserai ce plaisir là. Mon sourire revient, plus pernicieux, alors que mes yeux affrontent les siens, presque joueurs. « Pourquoi tu ne parles plus ? Ma mère t’a posé une question ! » rugit le fils en se jetant à nouveau sur moi, pour m’assaillir de coups de poings, de pieds, de jurons et de crachats jusqu’à ce qu’un filet de sang ne commence à s’installer sur ma chemise, et le long de mes jambes. « Peut-être que sa petite amie est plus polie, qu’en penses-tu ? D’ailleurs, on va lui montrer combien maman n’aime pas qu’on se moque d’elle. Passe-moi la perceuse, chéri. » Un éclair de frayeur passa dans mon regard, qui la fit aussitôt rire aux éclats. Je ne permettrai pas qu’ils s’en prennent à Leyla, surtout pas. Je faillis d’ailleurs ouvrir la bouche pour déclarer forfait, lorsque son fils eut la réaction que j’attendais depuis un bon moment. « Euh…je....je crois que je l’ai oublié dans la camionnette... » C’était étrange. Il semblait presque inoffensif tout à coup. Effrayé par le regard que venait de lui adresser sa mère, baissant aussitôt le menton en guise de soumission, et reculant peu à peu vers le mur froid de la cabane pour se protéger de la gifle qui claqua violemment dans l’air. « Imbécile ! Tu es vraiment un bon à rien comme ton père ! Va me chercher cette perceuse, et dépêche-toi ! » hurla sa mère en le poussant à l’extérieur de la maisonnette. C’était le signal que j’attendais.

Mes poignets me faisaient souffrir. Particulièrement le poignet gauche, qui avait en partie était mangé par la rouille d’un clou que j’avais fait glissé lentement le long de mes attaches afin de me libérer. Les fils avaient fini par craquer, suffisamment pour me permettre de les briser d’un mouvement de bras. Malgré les tâches brunes qui assombrissaient le sol, filant le long de mes doigts, j’avais suffisamment de force dans le reste du corps pour m’élancer sur la mère, une fois qu’elle eut le dos tourné, juste après que son fils soit allé chercher l’outil à la camionnette. Elle avait beau se débattre, la force d’une femme n’est aucunement comparable à celle d’un homme. Et dans ce genre de situation à laquelle j’avais été trop souvent habitué, la lutte était de toutes façons inégale, puisque ma rage et mon instinct de survie faisaient ma force. A peine l’avais-je rejoindre qu’une main s’était enfoncée dans sa bouche, bloquant sa respiration et parant à tout cri qu’elle aurait pu émettre. L’autre qui n’était pas en reste s’assurait de sa perte d’autonomie en maintenant fermement sa gorge contre mon bras. Plus elle cherchait à se défaire et plus il appuyait, jusqu’à ce qu’elle tombe mollement sur le sol, face à Leyla. Une minute écoulée. Le fils n’allait pas tarder. J’eus tout juste le temps de me précipiter sur Leyla pour briser ses chaînes d’un coup de masse qui traînait, de poser une main sur sa joue pour m’assurer qu’elle n’était pas en état de choc et pouvait bouger, et enfin d’installer entre ses doigts chétifs une arme de passage, avant de foncer sur l’homme qui venait d’entrer, le prenant par surprise, jusqu’à ce qu’il échoue sur le sol boueux. « Je reviens. » soufflai-je avant de refermer la porte derrière moi, laissant seules les deux femmes dans la cabane. Peu m’importait ce que Leyla ferait désormais, de l’arme que je lui avais remise. L’arrêter, la tuer…ou pire encore, j’estimais en revanche que sa tortionnaire méritait amplement son châtiment. Quant à moi, le fils allait comprendre qu’on ne joue impunément avec le diable sans s’assurer d’avoir son entrée au paradis. Il était loin le petit garçon qui pleurait quand sa mère le frappait à coups de fouet. Loin la peur de se retrouver enfermé dans un placard trop petit pour tenir debout. Si la misère des rues avait forgé mon caractère, mon bourreau allait apprendre que six ans passés loin des siens pouvaient rendre un individu aussi inhumain qu’il l’avait été envers moi. Six ans d’exil, pour une nuit de terreur. « Debout… » D’une main, je lève à se relever, tandis que l’autre demeure hermétiquement fermée autour de la perceuse qu’il avait cru bon de ramener avec lui. « J’espère qu’elle est bien calibrée…ce serait dommage d’avoir fait tout ce chemin pour rien… » énonçai-je en le fixant droit dans les yeux, un sourire sadique sur les lèvres. « Alors ? Tu as perdu ta langue toi aussi ? Ce n’est pas grave. Ce n’est pas comme si elle allait te servir encore très longtemps… » ajoutai-je avant de le pousser devant moi.

Nous nous enfonçons peu à peu dans la forêt. Les arbres protègent nos silhouettes, la Lune nous guide de plus en plus loin dans le néant. Les feuilles séchés et les branchages craquent sous le poids de nos pas. Il n’y a aucun bruit. L’orage gronde, et avec lui, un vent violent s’est levé. Bientôt, ce sont des rafales de pluie qui agitent le paysage.


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