Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Mar 10 Avr - 9:50
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Hum, Kilian ne connaissait pas encore suffisamment Alfred. En effet, l'homme s'occupait d'à peu près tout dans le château. Et vu le nombre de pièces, sans compter la cuisine, faire les courses, surveiller la boule d'énergie haute comme trois pommes, les animaux, les voitures, l'emploi du temps bien agencé de James, veiller à sa santé – car oui, il jouait aussi ce rôle à la perfection malgré ce que pouvait en penser le milliardaire – on avait rapidement l'impression que le vieil homme était submergé par le travail et n'avait pas de temps à se consacrer. Ce qui était faux, d'autant plus qu'Alfred refusait qu'on lui apporte un quelconque soutien dans ses tâches quotidiennes. Voyons, James n'avait rien d'un tyrant, surtout pas envers celui qu'il considérait comme un second père. Il n'avait juste pas eu le choix le jour où le vieil homme l'avait expulsé pour la première fois de la cuisine dans laquelle il avait jugé bon venir lui apporter un coup de main. Alfred adorait apparemment se tuer à la tâche. Kilian allait bientôt s'en apercevoir. Et peut-être même avec un coup de balai dans les fesses en prime s'il se refusait à capituler devant le forçat.
Quant au chat, animal qu'apparemment Kilian délaissait pour nos amis les canidés, Louna n'aurait sans doute pas donné suite à son idée si elle avait su quel sentiment il éprouvait pour les félins. Elle, ne pouvait tout bonnement pas s'en passer. Comme son père d'ailleurs. Le chat avait tendance à calmer les nerfs et le stress par son ronronnement continu, là où le chien avait tendance à baver ou à être bien trop dépendant de son maître pour que James y trouve un compagnon digne de ce nom. Certes, c'était contradictoire, en un sens. Le chien est le meilleur ami de l'homme. Oui bon, d'accord. Sauf que le milliardaire préférait la fidélité moins marquée des animaux à fourrure qui, une fois restaurés, disparaissaient à travers champ, plutôt qu'un pot de colle ambulant. De son côté, Louna les adorait pour une raison plus pragmatique : la texture de leur poil, leur côté pantouflard, et la faculté quasi-systématique qu'ils avaient tous à pouvoir se transformer en peluches quand l'occasion se présentait. Est-ce à dire, quand la petite était dans les parages.
Désolée d'apprendre que le prénom du chiot de Kilian n'avait pour lui aucun sens, et surtout surprise alors qu'elle-même choisissait avec soin le prénom de chacun de ses animaux, insectes, barbies et autres objets qu'elle avait en affection, l'enfant fronça légèrement les sourcils en dévisageant le Sigma, se demandant presque s'il avait toute sa tête pour commettre pareille faute de goût. Ce qui lui donna une bonne raison pour répondre de son propre animal. Avec un sérieux irréprochable – et justement comique en la circonstance – Louna croisa les bras sur sa poitrine avant de prendre la parole, tel un colonel de l'armée devant son soldat en plein apprentissage.
« Alors. Pourquoi Pantoufle ? D'abord, parce que comme les pantoufles que les gens mettent en général pour dormir, il dort toute la journée. Ensuite, parce que comme presque toutes les pantoufles, il est tout doux. Et pour finir, parce qu'il adore machouiller les pantoufles de Deidi. »
A ces dernières paroles, la fillette n'avait pu s'empêcher de rigoler, avant de se concentrer sur le plateau de pancakes. Une cuillère, deux cuillères ...et pourquoi pas tout le pot ? Dire que James lui avait dit cent fois de ne pas se resservir, surtout pas de chocolat depuis que son médecin lui avait parlé du taux de glucose dans le sang de la petite, un peu trop élevé à son goût. Mais comme tous les enfants, ça passait par une oreille et ça ressortait de l'autre. Heureusement, le père était arrivé au moment propice pour refaire la leçon à sa fille.
« Je m'en doutais un peu. »
Souriant à Alfred, puis reportant son attention sur Louna après avoir salué Kilian, James suivit son regard jusqu'au pot de Nutella, lançant un regard empli de sous-entendus à son ami. Là-dessus, et pour pousser le vice à son extrême limite, il la reposa au sol. Pour l'observer, sans surprise, se réfugier près de la table sur laquelle trônait son pancake et le chocolat qui va avec.
« Lounaaaa... »
« Ouiiii ?? »
Et en plus, elle se fichait littéralement de sa tête. Un grand sourire sur son visage d'enfant, fixant son père avec les mêmes yeux que le Chat Botté – ce fut à cet instant précis que James songea à ce qu'il n'aurait jamais dû lui montrer ce dessin animé – la petite fille cacha bien vite son pancake dégoulinant de cacao fondu dans son dos, en priant St-Pantoufle que son père n'eut rien remarqué. Ben voyons, il fallait être sourd et aveugle.
« Trésor, tu te souviens de ce que le docteur a dit, n'est-ce pas ? Tu manges trop de sucre. Donne-moi ce pancake Louna. »
Hochement vigoureux de la tête de gauche à droite et regard suppliant de l'enfant. Hélas, bien que cette méthode fonctionnait encore il y a deux semaines de cela, James aimait trop son petit bout pour fondre de nouveau devant ses yeux-là.
« Lounaa...donne. Tu sais que ce n'est pas bon pour toi. »
« Mais j'ai pas mis beaucoup, juste deux cuillères. Tiens, regarde. 'Te plait Deidi. Kilian aussi il en a pris d'abord ! »
Tu parles d'une excuse. Rejeter la faute sur l'invité de service, elle ne manquait pas de culot la gamine. Encore que c'était tout à fait compréhensible pour une enfant de son âge qui se retrouvait privée de ce qu'elle adorait par dessus-tout. Levant son pancake pour que James puisse voir qu'elle n'avait 'effectivement' tartiné la pâte que deux fois, son père poussa un long soupir de désespoir en l'attrapant, malgré ses protestations, et de demander à Alfred de s'en occuper.
« C'est pas juste, d'abord. J'ai faim moi ! »
Croisant les bras sur sa poitrine, une moue agaçée sur le visage, Louna avait décidé de bouder. Et comme à chaque fois, de ne plus adresser la parole à son père qui, même s'il n'était pas dupe, détestait jouer ce rôle de mauvais père à ses yeux.
« Tu as déjà mangé ce matin. Et tu mets trop de chocolat sur tes tartines, Louna. Je te l'ai déjà dit. Deux cuillères, oui, mais pas de quinze centimètres d'épaisseur chacune. »
Rien n'y faisait, la fillette le toisa une minute, avant de s'éclipser à la cuisine, à la recherche d'Alfred. Elle le faisait toujours lors d'une dispute. Le majordome était alors son confident le plus précieux, son journal intime. Même si, bien vite, James reprenait les rênes. Quoiqu'il en soit, devant Kilian, il ne pouvait tout bonnement pas s'absenter pour répondre des caprices de sa fille unique. Aussi, laissant le soin à Alfred de parfaire son rôle de grand-père poule, James s'excusa auprès de son ami, avant de s'asseoir à ses côtés.
« Les enfants, de vrais têtes de mûle. Au fait, Alfred t'a déjà montré ta chambre ? »
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Mar 10 Avr - 21:21
Ah, aurait-il fait un sacrilège en répondant qu'il n'avait aucune idée de la signification du mot "Mahikan" ? En voyant la mine assez blasée et surprise de son interlocutrice, Kilian aurait presque eu l'impression qu'elle le toisait. Les enfants et leurs jugements on ne peut plus arrêtés, cela l'avait toujours amusé car lorsqu'il était petit, lui aussi s'était toujours montré aussi obstiné... et ce serait de la mauvaise foi de se dire que ce trait de caractère ne s'était pas développé à l'âge adulte. Pantoufle portait donc ce nom en hommage à son caractère mais également à l'intérêt particulier qu'il éprouvait envers les pantoufles de James. C'est bon à savoir, il faudra qu'il songe à regarder les fameuses pantoufles en question lorsque James aura l'idée de les passer, ne serait-ce que par curiosité. Dans tous les cas, cette famille semblait préférer les chats, chose que Kilian ne partageait pas. Non pas qu'il déteste les chats à proprement parler, il aimait les animaux en général... mais il avait toujours eu un coup de coeur pour les chiens. Les "vrais" chiens, pas les saucissons sur pattes comme des Teckels ou des Yorkshires. C'est pourquoi Kilian s'était montré un peu plus enclin à partager le même toit que son père lorsque celui-ci lui avait annoncé qu'il avait fait l'acquisition d'un chiot dont la ressemblance avec un louveteau était tout à fait saisissante. Il avait oublié le nom de cette race particulière, mais il l'appréciait beaucoup. Il repensa à ce chien qu'il ne verrait peut-être pas avant un certain temps puis sortit de ses pensées lorsque la leçon du jour par Papa O'Malley fut dispensée. Bras croisés sur son torse et en retrait pour ne pas s'incruster dans ce moment père/fille, il se contenta d'observer l'Irlandais dans un rôle où il ne l'avait pas encore vu évoluer, bien qu'il se doute du genre de père qu'il puisse être. Avant même qu'il repose Louna au sol, Kilian aurait juré voir ses petits pieds battre dans le vide comme pour signifier l'empressement avec lequel elle se rendrait directement vers le plateau de pancakes... et surtout le pot de Nutella qui trônait fièrement à côté, comme si la châtelaine avait vu le Saint-Graal se dresser devant elle. Sans la moindre surprise, elle se rendit près des victuailles puis se saisit d'un pancake en ignorant avec superbe la présence de son père pourtant exaspéré par son goût sans limite pour cette pâte à tartiner. L'envie de lui dire qu'elle n'était pas la seule à blâmer pour cette passion gourmande démesurée lui brûlait les lèvres mais il s'en empêcha, il n'avait pas à intervenir dans cette leçon de morale. En même temps, James avait raison de ne pas vouloir céder puisqu'il en allait de la santé de son enfant : l'overdose de Nutella pouvait provoquer de terribles maux de ventre, pour ne citer que cela... et Kilian savait de quoi il parlait. A la maison en France, lorsqu'il était petit, le jeune garçon avait toujours livré une bataille sans merci avec son père pour savoir qui aurait l'illustre honneur de terminer le pot de Nutella ou de toute substance comestible, sous le regard parfois désespéré de sa mère. L'accusation éhontée de Louna envers lui fit arquer un sourcil au principal coupable pointé du doigt par la jeune fille. En silence, il resta dans cette position fermée et visiblement vexée... alors qu'en son for intérieur, il luttait contre l'envie d'éclater de rire. On peut le dire, elle ne manque pas de répartie. Il y en a qui sont morts pour moins que ça, petite. Va dormir une nuit dans une voiture sans avoir mangé depuis le déjeuner de la veille et on en reparlera... Toujours aussi silencieux, il adressa un regard suppliant à James, un peu comme un accusé qui implore le pardon de la cour suprême avant la décision finale... si avec ça, il ne percevait pas toute l'ironie de l'étudiant. Ce n'est pas facile de se montrer ferme avec un enfant qu'on chérit par-dessus tout, mais c'est malheureusement nécessaire. La pauvre victime de six ans s'enferma dans un mutisme caractéristique avant de s'enfuir face à son bourreau paternel pour se réfugier sans doute chez le bon Alfred. Entre un papa qui affame son enfant et un majordome qui cuisine sur commande, on comprend vite où les intérêts d'une petite fille commencent... même si au fond, elle devait tout de même aimer son père sans condition.
Une fois que les deux hommes se retrouvèrent seuls, le Breton se rassit à son tour puis croisa les jambes en arquant un sourcil, animant son visage d'un petit sourire taquin au coin de la bouche suite à la remarque qu'il venait de sortir. "Tête de mule ? Comme c'est surprenant..." Qui donc avait livré bataille à tout le service médical de l'hôpital de San Francisco en se bornant à vouloir sortir au plus vite ? Qui avait essayé de manigancer pour parvenir à ses fins ? Et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres. Kilian n'avait pas la moindre idée de l'identité et de la personnalité de la mère de Louna, mais il pouvait affirmer qu'elle tenait tout de même du caractère affirmé de son paternel. Le regard bleu azur du fils Salaun se posa sur ce qu'il restait de pancakes - c'est-à-dire à peine deux ou trois - puis fit plusieurs fois le trajet entre James et le plat en silence... avant de le rompre avec un air suppliant et apeuré parfaitement souligné par son talent de comédien. "Moi aussi, je vais me faire gronder, si j'en prends un autre ?" Pour un peu, on lui aurait donné le bon Dieu sans confession. Avec la rapidité d'un affamé de 40 jours, il chipa un pancake et en prit une bonne bouchée. Il secoua négativement la tête. "Non, pas encore. J'ai préféré t'attendre au salon. C'est que j'ai peur, moi, tout seul dans ce grand château avec deux inconnus... dont une mini junkie shootée au sucre aussi adorable qu'intimidante." Le fait est qu'il s'était mal vu attendre dans une chambre tout seul le temps que James arrive, il préférait faire le tour du domaine avec le propriétaire, d'autant plus que cela lui avait permis de faire la connaissance des deux autres résidents. "Au fait, je te remercie encore de m'héberger, ça me touche." Lui qui avait réussi à se débrouiller tout seul sur un autre continent lorsqu'il avait tourné le dos à son père la première fois, rebondir du jour au lendemain lui avait paru un peu plus difficile cette fois-ci. "Tu me fais visiter ? C'est tarifé à combien ? Il y a une boutique souvenirs ?" Le cynisme lui collait décidément à la peau, il n'y pouvait rien.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Jeu 19 Avr - 14:56
Oui, Kilian avait parfaitement compris. Et l'on pouvait ajouter le proverbe suivant, qui correspondait bien à la petite fille en la circonstance : « la vérité sort de la bouche des enfants. » Sauf qu'en l'occurence, toute vérité n'est pas bonne à dire. Le fait de montrer Kilian du doigt, avec cet air sérieux et envieux sur le visage n'avait hélas pas suffi à convaincre son père de sa mauvaise foi. Il savait mieux que quiconque ce qui convenait à sa petite boule d'énergie aussi caractérielle que rancunière. Jetant malgré tout un coup d'oeil à son ami, comme pour s'excuser du comportement peu courtois de la petite, James comprit à son regard qu'il n'en était rien. Kilian ne lui en voulait pas le moins du monde. Au contraire, le milliardaire avait la certitude que s'ils avaient perduré sur cette voie, le Breton aurait fini par éclater de rire. Ce qui n'aurait pas manqué d'agaçer un peu plus la Lady O'Malley, évidemment. Quoiqu'il en soit, fronçant les sourcils en direction de sa fille, comme pour lui intimer l'ordre de se taire, et surtout, de ne pas aller contre un ordre direct, la moue boudeuse de l'enfant répondit aussitôt à son entêtement, suivi de l'un de ses fameux regards noirs, avant qu'elle ne se dirige vers la cuisine pour aller se plaindre de Daidi à Alfred.
Aussitôt seuls, invitant Kilian à s'asseoir à ses côtés, et après avoir rebouché le pot de Nutella, James fit mine de ne pas avoir entendu la question rhétorique, et naturellement ironique du Sigma – il savait qu'il allait y avoir droit de toutes façons – pour se soucier davantage de sa santé, notamment du fait que la situation était loin apparemment de s'être arrangée entre son père et lui. Il savait pourtant que ce n'était pas ses affaires. Mais James tenait profondément à Kilian, et tenait à le faire savoir en lui donnant les meilleurs conseils qui soient, en vertu d'abord de son expérience de vie, mais aussi, parce qu'il considérait qu'un véritable ami ne se mêlait jamais 'trop' de la vie de ses proches, que c'était son rôle que d'être présent à chaque moment, à chaque coup dur, même s'il se faisait piétiner, insulter ou bafoué au passage.
« Tu n'as pas pris de petit-déjeuner ce matin ? »
D'abord inquiet, James eut rapidement une moue de surprise, remplaçé peu de temps plus tard par une légère gêne. A sa façon de le lui demander, on aurait pu penser que la réponse à la question de Kilian était négative. Sauf qu'il n'en était rien. James s'étonnait juste que le Sigma ait le ventre vide, avant qu'au final, il ne finisse par recoller les pièces du puzzle. Si Kilian n'avait pas dormi chez son père, et s'il avait réclamé son aide, ce n'était pas seulement une histoire de petit-déjeuner, mais bien d'argent. Argent qu'il était tout prêt à lui offrir avec sa bénédiction s'il n'était pas certain que le Breton prenne son geste pour de la pitié plutôt que comme une manière de lui témoigner son affection. Tous les Hommes ont de l'orgueil, mais certains en ont plus que d'autres. James faisait lui aussi partie de cette dernière catégorie. Ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'il n'allait pas faire tout ce qui était en son pouvoir pour lui venir en aide. Avec ou contre son gré, cela va sans dire. Kilian avait beau être borné, James était dix fois pire lorsqu'il s'agissait de ses proches.
« Non, tiens vas-y sers toi. Si tu pouvais tous les prendre d'ailleurs, ça m'arrangerai. J'ai déjà dit à Alfred qu'il devrait diminuer le volume mais enfin ... »
Le rassura le milliardaire en jetant un oeil vers la cuisine au cas où sa petite princesse l'aurait entendu. Elle n'aurait pas eu besoin d'un traducteur pour comprendre le message que sous-entendait James à son hôte. Les enfants font parfois preuve d'une intelligence aussi remarquable que celle des adultes. Plus dangereuse aussi, parce qu'ils ignorent presque toujours comment s'en servir à bon escient.
« Hum, il faut l'excuser. Elle n'a pas l'habitude de rencontrer mes amis véritables. Je n'ai jamais invité d'autres personnes que des hommes d'affaires, des collègues au château, et Louna n'y a jamais trouvé son compte, évidemment. Avec toi, elle a senti que c'était différent, donc, elle en a profité. Je suis désolé si elle a manqué aux convenances. »
James savait bien que Kilian ne lui en tiendrait pas rigueur. Le Sigma aimait les enfants, et Louna n'avait pas été d'une impolitesse exagérée.
« Je t'en prie. Je t'ai dit que je serais là en cas de besoin. »
Ajoutant aussitôt, sur le ton de la plaisanterie, après s'être levé du canapé pour accompagner Kilian jusqu'à sa chambre, située un étage plus haut.
« En construction. Je peux te réserver un mug si ça t'intéresse ? »
Montant une à une les marches des escaliers, James le conduisit jusqu'à une porte, située à l'autre bout du couloir. La dernière chambre, l'une des plus spacieuses, et des plus tranquilles du château. Tranquille parce qu'elle n'était pas voisine de celle de Louna qui avait tendance à s'amuser avec un peu trop d'entrain et qui devenait vite agaçant pour une personne qui, comme Kilian, avait besoin de se ressourcer au calme.
« Voilà ta chambre. J'espère qu'elle te conviendra.»
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Sam 21 Avr - 14:05
A la question de James, le regard de Kilian s'était fait un peu plus lointain. Cela peut paraître idiot ou même très exagéré, mais il eut la brève impression qu'on s'adressait à lui comme on le ferait avec un sans-abri qui aurait fait de la rue son nouveau domicile. Au cours de ce fugace instant, une désagréable sensation s'empara du jeune homme : la culpabilité. Au fond, n'était-il pas en train d'abuser de la gentillesse et des largesses de James, chose qu'il exécrait chez celles et ceux qui profitent sans scrupules des gens riches ? Si on veut aller au bout des choses, il semble alors nécessaire de préciser que dans les faits, Kilian n'était pas sur la paille. Il en était même très loin. Son compte principal n'était guère à la fête, c'est bien vrai… en tout cas, il ne l'était pas suffisamment pour qu'il se permette de prendre une chambre dans un hôtel correct sans savoir quand il repartirait. Ce compte était alimenté par les nombreux boulots qu'il cumulait, qu'ils soient brefs ou sur une plus longue durée : des ventes spontanées de tableaux ou de dessins, des représentations dans des pièces, beaucoup de concerts d'ambiance dans des bars, cuisinier occasionnel dans certains restaurants… le Sigma cultivait le goût de l'effort récompensé par un salaire décent. En revanche, il possédait un deuxième compte. Ce compte était littéralement blindé d'argent. Une petite fortune confortable qui était toujours alimentée par Logan Salaun. En partant à l'armée, celui-ci avait ouvert un compte pour y verser chaque mois une partie de sa paie afin d'assurer à son fils une vie d'étudiant sans souci financier, un compte entièrement à la disposition de Kilian le jour où il avait eu 18 ans. Un geste honorable, me direz-vous… seulement, un détail venait noircir cette facilité financière : la fierté. Le Breton refusait obstinément de toucher au moindre centime de ce compte qui dormait depuis maintenant 13 longues années à la banque. A ses yeux, c'était de l'argent sale, une compensation presque insultante d'un père lâche qui préfère de loin s'occuper d'un compte bancaire que de son propre fils. Kilian ne voulait pas lui faire ce plaisir de se servir de cet argent pour une bonne raison : prouver qu'il avait très bien vécu 13 ans sans lui et qu'il pouvait continuer sans se soucier de cette somme qui aurait pourtant réglé tous ses soucis actuels. Chez les Salaun, l'orgueil peut faire faire des choses qui vont souvent à l'encontre de leur propre intérêt, mais qu'importe, ils s'obstinent à agir de la sorte.
Voilà pourquoi Kilian préféra rester silencieux et essayer de ne pas croiser le regard de James suite à cette question. Il se sentait coupable de se faire héberger alors qu'au fond, en mettant sa rancœur et sa fierté exacerbées - et encore davantage depuis hier soir - il pourrait ne pas l'importuner. Cette idée finit même par lui couper l'appétit au point qu'il finisse son pancake mais s'abstint de toucher aux autres malgré l'invitation à laquelle l'Irlandais l'enjoignit. "Sans façon, merci. Même s'ils sont très bons, je cale rapidement au niveau des pâtisseries et viennoiseries." Mensonge éhonté que n'importe quel boulanger-pâtissier de San Francisco ou de Paris pourrait facilement contredire. Kilian était un ventre sur pattes très gourmand mais sur le coup, c'était la seule explication qui lui était tombée sous la main. Il préféra miser sur son aplomb de comédien, bien que James soit l'un des rares qu'il ne parvienne pas à berner aussi souvent qu'il le souhaiterait.
La façon qu'il eut de parler de Louna fit froncer légèrement les sourcils au fils Salaun avant que celui-ci n'émette un petit sourire en coin. James avait l'air de parler de sa fille comme un père totalement dépassé et presque craintif de la manière qu'elle aurait de traiter ce nouvel invité particulier. Alors qu'ils marchaient en direction de la chambre, Kilian tint à le rassurer à voix haute, même si un regard aurait allègrement suffi pour que les deux hommes se comprennent. "James, ne t'excuse pas pour Louna, elle n'a que six ans. Elle a peut-être les manières d'une grande dame, mais c'est une enfant. C'est tout à fait normal pour elle d'être curieuse… lui en vouloir alors qu'elle accueille un inconnu chez elle serait malvenu de ma part. Tu peux être très fier de ta fille." Il se doutait bien qu'à un moment donné, cette perspicace petite poupée de porcelaine mettrait le doigt sur un ou plusieurs points sensibles du Breton, mais il n'allait certainement pas reprocher à une fillette de six ans de manquer parfois de tact face à quelqu'un qu'elle ne connait pas. Lui montrer les limites serait du rôle de James, mais répondre à quelques unes de ses questions serait un moyen pour Kilian d'entrer dans les bonnes grâces de la châtelaine. "Puis je tiens à souligner qu'elle n'a manqué à aucune… "convenance". Avec une telle attitude, elle pourrait presque faire de l'ombre à la cour des Windsor." lança-t-il avec un petit sourire ironique. De ce côté, on ne pouvait pas dire que James avait manqué à son rôle de père : Louna était une petite fille extrêmement polie et respectueuse quoiqu'il en soit, comparée à certains enfants de son âge.
"Un mug, avec grand plaisir. Quoique j'ai toujours eu un faible pour les petites cuillères avec des armoiries dessus." Entre les deux hommes, se tendre des perches était devenu une sorte d'automatisme assez amusant et toujours aussi distrayant vu la répartie dont ils étaient pourvus. D'une façon assez enfantine, il le reconnut, Kilian se retourna pour s'assurer du chemin à faire pour parvenir jusqu'à la chambre que James lui prêtait afin d'être sûr de ne pas se tromper… il s'imaginait déjà tomber au beau milieu d'un repas entre poupées autour de la dinette de Louna, une sieste de James dans un lit probablement immense et richement manufacturé… voire Alfred en pyjama pour aller se coucher. Quoiqu'il avait presque du mal à l'imaginer sans son costume, mais passons. Une fois à l'intérieur de la chambre, le regard azur du beau brun accusa la vision absolument merveilleuse qu'il avait sous les yeux. Comme pour le salon tout à l'heure, il osa à peine rentrer de peur de salir quelque chose ou de ne pas être à sa place ici… "C'est… j'ai l'impression qu'elle fait au moins la taille de l'appartement…" Pourtant, le domicile des Salaun était assez spacieux lui aussi, sans doute était-ce la beauté des meubles et leur répartition qui donnait un caractère encore plus immense à la pièce. Le Breton fit quelques pas à l'intérieur afin d'essayer de ne pas passer pour le timide de service, passant sa main sur le dessus de lit puis sur l'une des petites tables. "Elle est parfaite, James. C'est…" Trop ? Il se mordit la langue pour éviter que ce mot ne franchisse ses lèvres. S'il devait aller dans un hôtel pour se payer une chambre comme celle-ci, son compte principal serait épuisé pour une nuit sans formule petit-déjeuner. Et là, James l'accueillait gratuitement.
Le fils Salaun prit sur lui pour ne pas mettre son ami mal à l'aise en grommelant sans cesse que tout ici lui semblait démesuré par rapport au niveau de vie auquel il avait toujours été habitué jusqu'ici. Connaissant James, cela aurait fini par l'agacer alors mieux valait tirer un trait sur cette culpabilité au plus vite. "Alors, qu'est-ce que je peux faire pour être utile ici ?" lui demanda-t-il d'une voix soudain plus enjouée et assurée, après avoir frappé une fois dans ses mains pour les frotter l'une contre l'autre. Que ça plaise ou non, Kilian comptait se rendre utile. Il n'éclipserait certainement pas le rôle d'Alfred pour éviter de le mettre lui aussi dans l'embarras, mais rester les bras croisés dans un tel palace, c'était hors de question. "Ca va être parfait pour faire le point pendant quelques temps, sincèrement, je ne pourrais pas rêver mieux que cet endroit. En revanche, si on m'interdit de servir à quelque chose, je plie bagage et je file dormir sous les ponts." Il croisa ses bras sur son torse et s'assit sur une chaise en face d'un jeu d'échecs posé sur une table. Kilian adressait un vif regard à son interlocuteur tandis qu'il haussait un sourcil. James ne le laisserait jamais dans la misère… et Kilian était tout à fait capable de s'enfuir d'ici. Résultat des courses ? Quitte à ce que cela consiste à sortir des chiens, passer un peu de temps avec Louna, faire briller l'argenterie, restaurer quelques tableaux si besoin est, passer l'aspirateur, lustrer les parquets, faire les carreaux pourtant déjà impeccables ou quoique ce soit, il allait falloir lui trouver une occupation qui puisse "rembourser" et rentabiliser son séjour ici. "Puis il n'y a rien de mieux que l'effort pour se vider la tête et réfléchir, il paraît." Nouvel argument choc face à un homme dont la négociation était le métier. Il désigna le jeu d'échecs à James pour l'inviter à une petite partie s'il avait le temps.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Sam 28 Avr - 6:43
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Et il avait bien évidemment tort. James n'avait pas l'habitude de faire la charité, ou alors uniquement dans un cadre bien réglementé telles que les associations auxquelles il était partie. Kilian était son ami, il était donc bien normal qu'il vienne à son aide. Comme l'a dit un grand écrivain dont le nom m'échappe, l'amitié ce n'est pas seulement être là pour ses amis lorsqu'ils ont raison, c'est d'être présent également lorsqu'ils ont tort. C'est d'être là lorsqu'ils ont des problèmes. Là, se fait toute la différence entre ami véritable et faux amis. En l'occurence, le fait que le Sigma ait une vision assez négative du soutien apporté par James n'avait rien d'illogique en soi. Il avait de l'orgueil, de l'estime pour lui-même, et ce petit quelque chose que le milliardaire aimait à appeler un sale caractère, typiquement Français. Et toutes ces raisons expliquaient que l'homme n'irait pas voir ailleurs même si le Breton le lui demandait de vive voix. Il avait un autre compte en banque bourré aux as, et après ? James était aussi milliardaire, ce n'était pas une raison pour lui de donner de l'argent à tous les mendiants du coin. Chacun avait ses priorités, chacun avait ses problèmes et sa façon de la résoudre. C'était même plutôt estimable que de savoir que l'artiste refusait le dû de son père pour se débrouiller par lui-même. Une façon bien différente de concevoir son avenir en solitaire. Il ne pouvait se prévaloir d'avoir un haut statut, mais au moins celui-ci lui appartenait. C'était cela que Logan avait apparemment du mal à concevoir. Il avait veillé aux biens matériels, sans lui apporter ce que son fils désirait vainement : son amour et son soutien véritable. L'argent fait beaucoup de chose, mais il n'apporte pas le bonheur, et cela, James pouvait en témoigner. Alors que Kilian ait un, deux, trois comptes remplis à rabord n'y changeait rien. Il n'était pas là pour lui servir de vache à lait mais parce qu'il tenait à lui, en leur amitié. Tout simplement. Haussant un sourcil en se demandant toutefois s'il n'aurait pas mieux fait de tenir sa langue – bien qu'il n'ait pas tous les renseignements propices à la compréhension de la réaction soudaine du jeune homme – James acquiesca en silence, en jetant un coup d'oeil aux fameux pancakes délaissés par son ami.
« Si tu le dis. »
Un témoignage de son incrédulité ? Peut-être bien. Quoiqu'il en soit, il n'avait posé aucune question, jugeant le moment peu opportun. Les lèvres tirées en un bref sourire à la réponse de Kilian quant aux manies de son petit bout de femme, James hocha la tête, comprenant par la même qu'il n'était pas dans sa nature de s'agaçer pour si peu. Heureusement en un sens, parce que ce n'était que le début. James savait sa fille suffisamment fouineuse pour le prévenir des éventuelles scènes auxquelles il allait avoir droit tant qu'il demeurait au château. D'ailleurs, le châtelain s'étonnait encore que sa fille ne lui ait pas montré plus d'intérêt, elle qui aimait s'informer de tout et de n'importe quoi. Enfin, sans doute que la réaction de son père à l'égard de son appétit avait favorisé sa disparition prématurée, et sa curiosité légendaire.
« Je ne sais pas si je dois le prendre pour un compliment... Je sais que j'ai été un peu dur avec elle dans son éducation. Ce n'était pas une volonté pour moi de la faire entrer dans la haute société à laquelle j'appartiens, ou même une volonté de la faire plus princesse encore qu'elle ne l'est. C'est...mon éducation, en un sens. J'ai voulu que ma fille réponde à la fois aux besoins sociétaires, tout en ayant suffisamment de recul, de répartie, et de culture une fois devenue adulte. Sans doute suis-je allé un peu loin, mais Louna a tendance à être capricieuse en grandissant. Rien d'étonnant au vu de son cadre de vie. Lui inculquer certaines règles me permet au moins de l'obliger à s'y soumettre plutôt que d'être une enfant gâtée. »
Lui expliqua le milliardaire tandis qu'il l'accompagnait jusqu'à sa chambre. Là, il observa discrètement chacun de ses gestes, chacune de ses réactions, depuis ses yeux agrandis par l'émerveillement et le doute, jusqu'à l'ironie que marquait sa voix.
« J'en déduis qu'elle est à ton goût ? »
Répondit alors James avec un grand sourire en entrant à son tour dans la chambre, priant par là-même son jeune ami de faire comme s'il était chez lui, puisque de son point de vue, il l'était totalement. Il y avait plus de huit chambres dans le château, Kilian pouvait bien faire ce que bon lui semblait de celle-ci, il serait de toutes façons toujours le bienvenue. Levant sa main alors qu'il s'apprêtait à le remercier une fois encore, James s'apprêta alors à quitter la chambre, afin de le laisser se satisfaire de son boudoir, mais s'arrêta finalement en plein milieu de la pièce, se retournant très lentement comme s'il avait du mal à en croire ce qu'il venait d'entendre.
« D'utile ? »
Répéta t-il en fronçant les sourcils. Si Kilian s'avisait de jouer les majordomes à la place d'Alfred, non seulement James allait se faire un plaisir de lui remonter les bretelles, mais en plus, Alfred risquait de l'attacher à une chaise pour l'empêcher de faire ce qu'il adorait pratiquer – même si cela pouvait paraître étonnant aux yeux du Breton.
« Non, écoute Kilian tu …. »
Il lui avait coupé la parole. Délibéremment ou non, Kilian venait de lui faire bien comprendre qu'il n'avait pas l'intention de rester les bras croisés à profiter de la demeure en bon invité durant le temps de son séjour. Une vraie tête de mûle. Si bien que James avait levé les yeux au plafond en poussant un long soupir de dépit, rechignant à insister pour qu'il se détende plutôt que de vouloir s'occuper. Connaissant Kilian, il serait encore en train d'essayer de le convaincre le lendemain matin.
« Très bien, après tout fais comme bon te semble. Tu vois ça avec Alfred, d'accord ? Je te préviens seulement qu'il va très mal le prendre. »
Ironisa James en pouffant déjà dans sa barbe. Rien que d'imaginer Alfred en train de courir derrière Kilian parce qu'il avait osé touché à l'aspirateur ….il lui fallait absolument placer des caméras vidéos à tous les coins et recoins du château pour ne rien rater.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Sam 28 Avr - 10:21
Kilian n'avait pas le même âge que James et il n'avait pas non plus d'enfant... mais il en voulait. Plus tard. Il comprenait donc en quelque sorte la position délicate dans laquelle il était avec sa fille. On pourrait croire qu'élever un enfant dans l'opulence et l'aisance est quelque chose de relativement simple puisque l'argent est un secours qui pourrait être utile à des parents qui en manquent parfois cruellement. Toutefois, le Breton n'était absolument pas de cet avis. Pour payer des études, pourquoi pas. Mais pour le reste, sûrement pas. L'argent ne faisait pas le bonheur, il peut simplement y contribuer à sa juste mesure. Lui-même n'avait jamais vécu dans une famille bien plus fortunée qu'une autre... s'était-il montré capricieux ou jaloux lorsqu'il voyait certains de ses copains d'école avec des tonnes et des tonnes de bricoles que ses propres parents n'auraient pas les moyens d'acheter ? Non. Il avait eu ce que tout enfant veut vraiment à cet âge : une présence. De l'affection, pure et dure. D'abord par ses parents puis ensuite par ses grands-parents maternels, à la mort de sa mère. Voilà la raison pour laquelle il était difficile voire même impossible d'acheter Kilian. Il s'était toujours passé de l'argent et il n'éprouvait toujours pas le besoin de devenir richissime. James faisait partie des millionnaires ou milliardaires qu'il lui arrivait de côtoyer de façon exceptionnelle, mais jamais il n'avait été curieux de l'état de leurs finances, de leur business ou de leurs biens immobiliers. Il les fréquentaient pour ce qu'ils étaient... et à partir du moment où ils n'étaient pas du genre à se plaire dans l'extravagante indécence de certains bourgeois enrichis, alors ils avaient une chance pour que le Breton leur témoigne de l'intérêt. D'où l'enjeu d'offrir à Louna une éducation aussi "dure" que l'Irlandais semblait l'affirmer. En réalité, le Sigma venait même à se demander s'il ne fallait pas poser plus de limite à un enfant d'une famille aisée qu'à un enfant issu de la classe moyenne. James n'était pas de ces riches parents qui confient l'éducation de leurs enfants à une gouvernante souvent négligente et qui alignent des cadeaux somptueux par centaines juste pour avoir la paix. A la manière dont la petite s'était jetée sur son père pour l'accueillir tout à l'heure, on pouvait facilement conclure que leur relation était fusionnelle, pas occasionnelle. Le jeune homme se doutait bien qu'il allait avoir droit à des questions gênantes qui pourraient le mettre mal à l'aise, mais si c'est le seul inconvénient de ce séjour, alors il y a pire. "Un enfant a besoin de limites... et surtout de parents qui comprennent qu'il y a des limites à imposer. Je pense que tu peux prendre ça pour un compliment, James."
Quoiqu'il en soit, James semblait surpris et sans doute légèrement inquiet de la tournure que pourraient prendre les évènements si Kilian s'insurgeait contre le monopole exclusif d'Alfred sur les tâches ménagères. D'ailleurs, tout bien considéré, le jeune homme en vint à se dire que s'il en venait à batailler pour ne serait-ce que passer l'aspirateur, il risquait fort de recevoir plusieurs propositions en mariage sous peu. Ce n'est pas tous les jours qu'un homme serait prêt à livrer bataille pour accomplir des tâches ménagères ! "Avec tout ce qu'il fait tout seul, il serait contre un petit coup de main ? Allons bon, je verrais avec lui. Pantoufle a l'air d'aimer planquer tes chaussures, je dirais que c'est lui qui aura aussi planqué l'aspirateur, le balai et les torchons pour essuyer la vaisselle propre..." ajouta-t-il avec un léger sourire presque machiavélique. Louna semblait assez douée pour mener son petit monde et cumuler quelques bêtises bonne enfant qui font la joie de cette période d'une vie humaine. Cependant, malgré ses vingt ans pleinement acquis, Kilian pouvait lui aussi faire preuve d'une rare intelligence en matière de bêtises ou de manipulation lorsqu'il le désirait. Du temps de sa propre enfance, il avait provoqué une légère forme de paranoïa chez ses parents qui, à la moindre interdiction un peu trop contrariante aux yeux de leur fiston, devaient faire face à un stratège hors pair qui ne manquait pas d'imagination pour réussir ses coups en douce. Après tout, la bêtise est aussi un art en soi... et l'âme d'artiste de Kilian Salaun était l'une de ses plus brillantes qualités. Alfred VS Kilian, game on. "Quoiqu'il en soit, cette chambre est vraiment à mon goût. Comment ne pourrait-elle pas l'être, d'ailleurs ?" Le Breton déposa une main affectueuse sur son épaule et observa le châtelain quitter la pièce pour le laisser un peu seul. Kilian retira ses chaussures et s'allongea sur le lit en prenant une profonde inspiration. Son dos appréciait ce confort face à celui tout relatif de sa voiture dans laquelle il avait passé la nuit. Le Sigma ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit du vent dans les feuilles des arbres alentours. Une douce mélodie qui eut tôt fait de l'endormir d'un sommeil plus réparateur et apaisant que le dernier.
Quatre jours plus tard
Superbe journée de printemps à San Francisco. Le soleil était haut et chaud, la température excellente bien que le jeune homme les préfère souvent un peu plus fraîches. Kilian avait accepté sa précédente défaite du jour face à Alfred qui s'était empressé de faire la vaisselle du déjeuner non sans avoir pris soin de tenir l'invité à bonne distance de l'évier et de la cuisine en général. Qu'à cela ne tienne, le Breton avait encore plus d'un tour dans son sac... ce n'est que partie remise. En ce dimanche, il avait décidé de s'accorder un moment peinture afin de représenter le parc qui entourait le splendide château O'Malley. Il représenterait également plus tard le château en lui-même, ceci représentant à la fois un défi pictural et architectural puisqu'il devrait avoir le souci du détail de chaque contrefort, de chaque pilastre ou de chaque fenêtre. Dans un coin tranquille, face à un paysage plus fleuri et pourvu d'un cours d'eau dans ce parc, le fils Salaun avait installé son chevalet à l'ombre d'un grand arbre pour être certain de ne pas récolter un sévère coup de soleil. Il s'était habillé d'un simple tee-shirt et d'un pantalon de toile, une tenue relativement simple et légère qui avait tendance à contraster avec l'abondante et somptueuse richesse des lieux. Son visage était concentré, fermé, ses sourcils légèrement froncés alors qu'il dessinait au fusain pour commencer les principales lignes de la toile qu'il recouvrirait bientôt de peinture multicolore. Il s'était décidé pour un style impressionniste, c'est ainsi qu'il trouvait les paysages les plus beaux sur les toiles des grands maîtres. Pour lui, représenter ces "bouts" de la propriété de James, c'était comme créer un album photo. Kilian n'était pas un photographe hors pair, alors ses clichés prenaient plus de temps à réaliser et plus de place... mais c'était sa façon à lui de se faire des souvenirs supplémentaires. "J'ai les yeux sur ma toile, mais je ne suis pas sourd pour autant..." lâcha-t-il à voix haute pour se faire entendre. En effet, un énième bruit de craquement de bois lui fit savoir qu'il devait certainement être épié. James ou Louna, il n'en savait trop rien.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Dim 13 Mai - 11:23
Quittant la pièce pour laisser à Kilian le soin d’apprécier comme il se doit son hospitalité et le luxe de la demeure, James lui jeta un dernier regard, avant de refermer la porte dans son dos. Les jours passèrent. Alfred avait appris du caractère têtu borné de son invité à ne pas se laisser faire – à savoir, l’inviter gentiment par l’un de ses fameux regards noirs et à ses lèvres pincées à s’éloigner de ses lieux de travail sous peine de passer un sale quart d’heure en sa compagnie, Louna avait décidé de suivre Kilian à peu près dans toutes les pièces du château, lui ayant servi par bien des occasions de guide qui avait bien du mal à garder sa langue au fond de sa bouche, et parfois James, qui, lorsqu’il ne travaillait pas, passait du temps avec son ami breton. C’était il y a trois jours de cela.
QUATRE JOURS PLUS TARD
Assis dans le jardin, apparemment très occupée à redessiner les arabesques et autres courbes anciennes de la demeure, Kilian avait l’esprit ailleurs. Comme tous les artistes lorsqu’ils étaient en plein travail. James lui, était en pleine séance de sports avec un certain Tchang, dans une autre aile du château. Quant à Alfred, il devait sans doute être en train de passer l’aspirateur tout en guettant avec suspicion chaque ouverture de porte au cas où le Sigma aurait eu dans l’idée de lui donner un nouveau coup de main, ce à quoi il répondrait par un coup de balai au … Quoiqu’il en soit, un bruit derrière lui avait attiré l’attention de Kilian. Sans se retourner, et croyant sans doute à une farce de la jeune maîtresse du château qui voulait lui faire peur, un autre bruit plus significatif l’obligea à tendre à nouveau l’oreille.
Aucune réponse à sa question insidieusement posée si ce n’est un léger grognement. Pas humain, malheureusement pour lui. Derrière lui, se dressaient les deux chiens O’Malley. Les deux gardiens du Fort comme aimait à les appeler James. Deux magnifiques Dogue Allemand tout en muscle et impressionnant de par leur taille. Près d'un mètre de hauteur. L’un était tacheté comme un Dalmatien, l’autre avait un pelage grisâtre. Tous deux observaient fixement l’inconnu, immobiles, prêt à bondir comme le laissaient entrevoir leurs pattes arrière, légèrement abaissées. Au moindre geste de sa part, à la moindre réaction, les chiens n’en feraient qu’une bouchée. Et évidemment, personne dans les parages pour empêcher le carnage.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Dim 13 Mai - 12:28
Depuis le début de son séjour, Kilian avait été habitué à avoir une petite guide personnelle pour voyager dans le château en la personne de l'adorable Louna O'Malley. A un détail près : techniquement, on peut se passer d'un guide. Voire s'en débarrasser poliment. Se débarrasser de Louna était malheureusement aussi difficile que planquer l'aspirateur d'Alfred pour le passer pendant son sommeil... et pour cause, l'étudiant avait déjà essayé. Rien de bien méchant, ça met de l'animation dans la vie paisible de ce bon majordome. Quoiqu'il en soit, il avait fini par s'habituer à avoir cette petite curieuse dans les pattes dès qu'il voulait se déplacer ici. Pour tout dire, il finissait presque par s'en amuser en essayant de la semer juste pour le plaisir de la voir galérer et emprunter des tas de raccourcis connus d'elle seule afin de ne jamais le perde de vue. Elle était curieuse à un point quasi maladif mais puisque selon ses propos et ceux de son père, il était le premier « ami » masculin que James invitait sans que cela ait à voir de près ou de loin avec une forme quelconque de business, c'était légitime. Pour être au contact hebdomadaire des enfants de l'hôpital de San Francisco, le jeune homme savait comment se comporter pour gérer certaines pulsions juvéniles, comme la curiosité. Savoir les éviter, plus précisément. Ainsi, c'est donc sans l'ombre d'une surprise qu'il avait entendu un craquement signifiant que quelqu'un s'approchait de lui. Honnêtement, il aurait cru que Louna aurait mis moins de temps que cela à retrouver sa trace malgré la taille colossale de ce parc autour du château. Un bref sourire très effacé orna les lèvres du Breton qui n'arrêta pas son mouvement de pinceau pour autant...
... du moins jusqu'à entendre un grognement qui n'avait absolument rien d'humain. A la rigueur, les seuls grognements de ce type qu'il avait pu entendre ressemblaient à ceux que le père et le fils Salaun émettaient quand ils étaient vraiment contrariés ou de mauvais poil. Mais là, il y avait peu de chances pour que Logan se tienne derrière lui, dans ce parc, pour lui grogner dessus. La main gauche de Kilian s'arrêta immédiatement de faire courir le pinceau sur la toile tandis que la droite tenait son téléphone en main. Il releva la tête, les yeux subitement écarquillés. James lui avait parlé de ses gardiens canins... Alfred l'avait presque menacé de les lâcher sur lui s'il approchait la cuisine. Quant à Louna, elle ne cessait de raconter à quel point ses chiens étaient les plus beaux et les plus forts. Sans se retourner, son téléphone caché par son corps, il envoya un rapide sms à James. « Parc, chiens. Vite. » Il préféra ne rien écrire de plus, autant par peur que les chiens ne le remarquent que parce qu'il espérait que son ami serait suffisamment réactif pour comprendre. En espérant qu'il ait son téléphone à portée de main, ou qu'il ne soit pas en silencieux. Avec une lenteur tout à fait mesurée, le Sigma se tourna sur son tabouret pour faire face à deux molosses qui n'avaient rien de très accueillant au premier abord. "Oh putain..." ne put-il s'empêcher de murmurer. Qu'on ne s'y trompe pas, Kilian adorait les chiens. Toutes races confondues pour peu que ce ne soient pas des chiens miniatures "à mémère", avec quelques préférences. A cet instant, il ne put que regretter de ne pas avoir son cher Mahikan sous la main, le chiot de son père étant beaucoup plus drôle que les deux titans canins face à lui. Muscles figés et prêts à l'effort, regard fixement posé sur lui, Kilian s'empêchait presque de respirer. Même déglutir sembla lui faire mal à la gorge. Il y a peu de temps, il s'était retrouvé dans l'enclos d'un panda, au zoo, avec Juno... Il avait eu vraiment peur, ce jour-là. Eh bien là, tout de suite, maintenant, voire même immédiatement, il aurait donné tout ce qu'il possédait pour se retrouver à nouveau dans les bras de cette peluche vivante plutôt que face aux deux Dogue Allemand. Lequel était le moins féroce des deux ? Impossible à dire, si tant est qu'il y ait une réponse à cette question. Kilian ne devait ni bouger, ni les quitter du regard sans pour autant se montrer trop insistant, ni crier... En fait, il devait tout simplement cesser d'exister. Le Breton aurait bien essayé d'amadouer les deux chiens, mais si c'est pour les voir réagir d'une façon beaucoup plus agressive, sans façon. La seule chose qu'il jugea bon de faire fut d'attendre. Et prier. Prier tous les dieux possibles de toutes les religions existantes encore aujourd'hui ou passées, du moment qu'il y en a une qui puisse faire en sorte qu'il ne finisse pas en hachis dans le parc de James O'Malley.
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Lun 14 Mai - 9:01
crédit - tumblr
Assise dans sa chambre, en pleine reconstruction faciale de l'une de ses barbies qui ressemblait de plus en plus à Madonna, Louna fut interrompue dans son travail de chirurgien par le bruit familier de la sonnerie de Daidi. Elle lui empruntait toujours son portable lorsqu'il était au château. Une façon comme une autre pour une fille d'empêcher son paternel de retourner au boulot après que l'un de ses subordonnés l'eut appelé. S'apprêtant d'ailleurs à envoyer l'un de ses habituels « Je dors. » à l'inconnu en question – ce qui lui avait déjà valu des punitions. Insuffisantes apparemment – Louna eut un sourire, rapidement transformé en fou rire lorsqu'elle vit l'expéditeur du sms. Kiki. Ou Kilian, pour les adultes. Elle avait décidément de ce surnom dès le départ, justement parce qu'elle avait l'impression de l'énerver. Ce qui avait bien entendu fait rire son père la première fois où il l'avait entendu l'appeler ainsi. Dommage, Louna n'abandonnait pas de sitôt. Kilian allait devoir supporter la boule d'énergie pendant encore très longtemps. Elle, et ses surnoms ridicules.
Descendant une à une les marches des escaliers, en manquant de louper la dernière, la fillette se dépêcha de se rendre au jardin, déjà toute conquise par le spectacle d'un Breton en pleine concentration – soit aussi immobile qu'une statue – face à deux énormes chiens baveux. Le sourire aux joues, les mains dans le dos – l'attitude de la parfaite petite peste de service – Louna se râcla la gorge pour avoir toute l'attention de son hôte, alors qu'elle était à deux mètres de lui, avant de lui montrer le portable de son père qu'elle tenait entre les mains. Si ça ce n'était pas du sadisme …
« Coucou Kiki, tu as un problème on dirait. »
...alors qu'est-ce que c'était ? Enfin l'ami de Daidi était à sa merci. Une si belle occasion ne se présenterait pas deux fois. Pourquoi ne pas en profiter un peu tant que Daidi ne voit rien ?
« Je te présente Darling et Maestro. Daidi les a trouvé sur la route il y a cinq ans. Les pauvres, personne ne voulait les prendre parce qu'ils avaient tendance à mordre. Depuis, ils sont dressés, mais vu qu'ils te connaissent pas très bien, toi aussi ils pourraient te mordre si tu bouges. »
Les informations étaient de la plus haute importance, c'est sûr. Tout comme il était certain que le visage de la petite fille respirait l'auto-satisfaction.
« Alors, tu vas faire exactement ce que je te dis, d'accord ? Sinon, ils vont te sauter dessus et la dernière fois, ma baby-sitter a dû se faire opérer de la joue parce qu'ils avaient mangé un morceau. C'était pas de leur faute, c'est parce qu'elle avait glissé sur une branche. Ils ont cru qu'elle les attaquait. Donc, tu vas te lever trèèèsss doucement. Là, tu recules...encore ...encore ….......encore. »
Soudain, un bruit aigü. Comme une aspiration ou un sifflement. Kilian venait de marcher sur la balle des toutous. Alors, sans prévenir, les deux dogues Allemand foncèrent dans sa direction, langue au vent, aussi rapides que l'éclair. Sans doute la plus grande peur de sa vie. Et Louna qui regardait le spectacle en faisant mine d'être effrayée, une main devant sa bouche formant un 'o' parfait. Trop tard. Les chiens venaient de renverser le Sigma. L'un approche dangereusement sa gueule de son visage et ….lui donna un formidable coup de langue. Aussitôt suivi de son compagnon. Leurs deux queues ne cessent de frétiller. L'un d'entre eux rapporte la balle piétinée par Kilian. A deux pas, Louna se roule dans l'herbe. Encore écroulée de rire par la tête qu'avait faite Kilian quelques secondes plus tôt.
« En fait, ils sont pas méchants. Ils sont doux comme des lapins tant que tu es dans la cour du château. C'est seulement si tu entres sans prévenir et s'ils t'ont pas vu arriver avec Daidi qu'ils sont méchants. »
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Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot