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| « The point between rage and serenity » •• Hot | |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Jeu 31 Mai - 7:46 | |
| Pendant plusieurs secondes, une minute même, Louna observa chacun des traits de Kilian. Plus particulièrement son regard bleu azur qui, comme toutes les femmes, avait su la captiver. Sans compter les quelques tâches de rousseur qui lui faisaient presque penser à son père. Sauf que lui en avait plutôt sur le bras, le torse et les jambes que sur le visage. Voilà quelque chose qu'elle aurait aimé conserver de lui : la couleur rousse. Certes, elle n'était ni blonde, ni brune, et avait quelques reflets roux dans sa tignasse indisciplinée, mais pas assez pour la satisfaire. C'est la raison pour laquelle elle passait beaucoup de temps au soleil. Pour, comme elle le répétait à son père, 'bronzée couleur caramel.' Je vous rassure, James veillait toujours à ce qu'elle ait de la crème scolaire, un chapeau, des lunettes ...et tout le nécessaire pour que le petit morceau de caramel ne fonde pas comme beurre au soleil.
« Merci. Mais je veux lui donner moi-même. C'est son cadeau. Mais j'ai pas de papier cadeau. […] Je vais demander à Alfred. Je suis sûr qu'il sera content. Comme ça, il pourra la voir tous les jours dans sa chambre. S'il l'accroche au mur, comme le mien ... »
Observa la fillette avec un grand sourire. Apparemment, elle avait tout planifié de A à Z. Deux heures plus tard, les toiles étaient faites. Une vue en panoramique à la De Vinci – au sens où on avait un peu de mal à comprendre chaque forme qu'avait voulu dégager l'artiste – pour Louna, un portrait très réussi de la mère de l'enfant pour le Sigma. Enjoignant d'ailleurs cette dernière à donner son avis sur sa peinture, celle-ci ne put que lancer un « Ouaahh » enthousiasmé et stupéfait en découvrant les talents jusqu'alors inconnus de Kilian.
« Je l'ai pas connu, mais ça ressemble à la photo. Elle est magnifique. »
Murmura la poupée de porcelaine dans un dernier soupir. Elle avait le coeur gros, c'était bien normal. C'était la première fois qu'on peignait le portrait de sa mère. La première fois qu'on lui faisait un tel cadeau. Kilian ne le savait pas encore, mais il venait de se faire une place bien à lui dans le coeur de l'enfant. Elle lui en serait à jamais reconnaissante d'un tel chef d'oeuvre. Et son père aussi, certainement.
« Il est fini là ? Je peux le faire emballer ? »
Excitée comme une puce à l'idée d'offrir ce présent à son irlandais de père, - il fallait pour cela qu'elle parvienne à tenir sa langue, ce qui n'était pas une mince affaire dans son cas – Louna était restée immobile devant le tableau, patientant que Kilian lui donne à son tour un avis objectif sur le sien. |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Jeu 31 Mai - 21:42 | |
| Comme il espérait que Louna ne se trompe pas... Kilian ne savait que trop bien à quel point la susceptibilité des veufs peut être mise à rude épreuve lorsqu'il est question de leur défunte épouse. Peu après être rentré de France, l'étudiant s'était jeté dans son appartement en feu pour sauver in extremis un portrait qu'il avait peint de sa mère, à partir d'une photo comme il venait de le faire avec Cheryl. Rien qu'en peignant cette toile, le Sigma avait été contraint de faire quelques pauses à cause de larmes qui ne voulaient pas cesser de couler malgré toute la retenue dont il tâchait de faire preuve. Lorsque son père avait posé ses yeux sur le fameux portrait, il avait pu voir une multitude d'émotions circuler dans les reflets bruns et verts de ses pupilles... dont une grande tristesse. Une plaie béante qui mettait un temps fou à vouloir se refermer sans disparaître pour autant. Les artistes ne recherchent pas à faire quelque chose de beau - du moins ce n'est pas ainsi que Kilian concevait le concept d'artiste - mais à susciter l'émotion chez le spectateur. L'appréciation, le dégoût, la curiosité, la tristesse, la colère, la rêverie... qu'importe. L'indifférence est la pire insulte qu'on puisse asséner à un artiste. En son for intérieur, Kilian craignait un peu de savoir quelle allait être la réaction du châtelain, mais la curiosité commençait à l'emporter. Non pas pour tout savoir sur sa femme... juste pour voir sa réaction comme il avait pu observer celle de Louna. Le peintre se mit d'ailleurs derrière elle, déposa ses mains larges sur ses épaules fines puis lui offrit un baiser affectueux sur le sommet de sa tête. Il appréciait de voir la petite fille encore si sensible, si naturelle. C'est ce qui lui plaisait le plus chez les enfants : la spontanéité. Pas de mensonge, pas de tromperie... de la vérité à son était le plus pur, pour le meilleur comme pour le pire. "Oui, il est fini. Le vernis sera sec le temps qu'on le ramène au château." Dieu merci, le matériel de nos jours permettait de ne pas attendre une prise démesurément lente pour protéger les oeuvres fraîchement crées.
En attendant, le Sigma se tourna vers le tableau réalisé par la petite graine d'artiste et s'y intéressa de très près. Non pas pour le trouver tout simplement beau ou moyen... mais plutôt pour le comprendre. Encore une chose qu'il avait appris au contact des enfants malades à l'hôpital : les faire dessiner ou peindre fait bien plus état de leur santé ou de leurs pensées que n'importe quelle conversation avec un psychologue confirmé. Accroupi devant l'oeuvre, il observa longuement le tout avec un intérêt particulier et même un petit sourire aux lèvres. "C'est coloré... je le trouve vraiment très réussi, ton tableau." Aucun doute, cette petite n'avait pas une vie sans amour ou sans joie de vivre. Toute cette matière en couche épaisse, toute cette remarquable utilisation d'une palette très variée... Louna ne s'excusait pas de peindre comme elle ne s'excusait pas d'exister. Ravi d'avoir face à lui le témoignage pictural des pensées d'une petite chipie aux airs angéliques, il se releva puis leva un pouce en l'air en arborant un air très sérieux. "Sur l'honneur, je jure que c'est le tableau d'une future grande artiste." Et ce n'était même pas pour la simple envie de lui faire plaisir. Louna avait l'imagination ainsi que la volonté de mettre ses pensées en forme. La technique s'acquiert avec les années et une formation solide... mais la passion de base est une chose que nul professeur ne peut vous offrir. Il rangea son matériel avec précaution dans sa grande mallette puis prit le portrait de Cheryl dans son autre main, laissant le soin à Louna de porter sa propre oeuvre. "Attention de ne pas coller ton tableau à ta robe. Tu ne l'as pas encore salie, ce serait dommage qu'elle le soit maintenant."
Ils repartirent donc tous les deux jusqu'au château où ils furent accueillis par Alfred qui semblait surpris de les voir arriver tous les deux aussi "équipés", escortés par Darling et Maestro... ce qui n'était pas sans avoir fait monter une petite pression chez Kilian lorsqu'il avait posé le pied sur le perron. Finalement, une fois dans le hall d'entrée, il tourna le portrait de la mère de Louna puis se pencha vers la petite. "Tiens, à toi de demander à Alfred ce que tu voulais." Il prit le tableau de la petite fille avec lui afin qu'elle ait les mains libres et qu'elle explique au majordome qu'elle voulait voir ce tableau emballé afin de l'offrir elle-même à son père. De son côté, le Breton attendit très sagement que le bon Alfred s'exécute et quitte le hall d'entrée avec sa nouvelle tâche à accomplir... permettant ainsi à Kilian de foncer vers l'escalier pour aller jusqu'aux chambres. Il posa son index sur ses lèvres et fit un signe de tête à Louna pour lui demander de le suivre. En silence, comme une complice. Le temps qu'Alfred trouve comment emballer cette toile, ils pouvaient accrocher ensemble le tableau de la ravissante enfant dans sa chambre. Tous les deux. |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Mer 6 Juin - 20:13 | |
| Yeux grands ouverts, toujours en totale contemplation devant le portrait de sa mère, Louna retint un sourire reconnaissant lorsque Kilian, en grand frère protecteur et artiste dévoué, déposa un baiser sur le sommet de son crâne. Ca y est, elle l’avait trouvé. Son nouveau confident. Celui qu’elle appellerait lorsque ça n’allait pas. Le Sigma l’ignorait encore, mais la fillette avait été en quête d’un nouvel ami – à défaut de son ami imaginaire qui avait disparu du jour au lendemain lorsqu’elle fêta son quatrième anniversaire – depuis l’année passée. Depuis que la sœur de sa mère, Kitty, avait dû quitter les Etats-Unis pour raisons professionnelles. Depuis que Blaith, sa tante de cœur, soit de plus en plus souvent appelée sous les drapeaux. Et il était hors de question de raconter ses secrets d’enfant à son père. Non pas parce qu’il était lui aussi souvent absent, mais plutôt parce qu’il y avait des choses que les enfants préfèrent garder pour eux, ou en parler à un ami, plutôt qu’à leurs parents. Encore plus lorsque le parent en question a tendance à surveiller comme de l’eau sur le feu vos moindres faits et gestes au prétexte de sa réputation ou …des médias. A ce propos, la petite commençait à comprendre la raison qui poussait son père à la considérer comme une proche parente plutôt que comme sa fille lorsque certains invités de marque étaient conviés au château. Et bien qu’au départ, cette situation l’amusait, l’enfant prenait peu à peu conscience des implications futures. De la vie qu’elle mènerait si cela perdurait. Elle voulait vivre, non pas dans l’ombre de son père, mais vivre comme les petites filles normales. Pouvoir sortir dans la rue sans être perpétuellement surveillée par Alfred ou Gauthier. Vivre sans avoir à s’inquiéter d’un homme qui s’approcherait de trop près ou de quelques photos prises sans la permission de O’Malley père.
En attendant, immobile et dévisageant avec suspicion chacun des traits de Kilian pour tenter d’y déceler la réponse à sa fameuse question, un soupir de soulagement, suivi d’un sourire apparut aussitôt qu’il la complimenta sur son œuvre d’art. Oser dire qu’elle n’aurait même pas sa place à la galerie des horreurs lui aurait valu un aller-retour en enfer dans le quart d’heure qui aurait suivi. Une vraie chipie lorsqu’elle y mettait son cœur.
« Merci. J’ai eu un bon maître d’œuvre. »
Lâcha la petite avec sincérité. Etonnant de voir d’ailleurs le nombre de mots qu’elle connaissait et employait – parfois à tort et à travers – au cours de la journée. Nul doute que les heures à regarder les documentaires à la télévision, les cours particuliers, ou les pages du dictionnaire et autres encyclopédies y étaient pour quelque chose dans sa culture précoce. Hochant la tête suite à la remarque avertie de Kilian concernant sa robe, Louna tint à ramener elle-même son tableau au château, jetant de temps à autre des coups d’oeils derrière elle pour voir si le Breton la suivait toujours. Les chiens derrière.
« D’accord, je t’attends là-haut. Deuxième étage, première porte au fond du couloir. C’est ma chambre. Tu peux entrer, la clé est sur le verrou. »
Murmura la petite sur un ton complice. Si on lui avait dit qu’un jour une petite fille se lierait à un jeune homme pour jouer les cachottières dans sa propre maison… Et avec plaisir en plus, vu le sourire taquin qu’Alfred pouvait voir – méfiance, méfiance- sur son visage de poupon.
« Alfred…regarde ce que j’ai peins avec Kilian. C’est joli hein ? Tu aimes ? Tu crois que Daidi va aimer ? Ca c’est Pantoufle, avec Maestro et Darling là. Là, c’est Daidi et … Ah oui, tu peux me donner un papier cadeau s’il te plait ? Mais je veux l’emballer moi-même. C’est pour Daidi. J’espère qu’il va aimer. Merciii. »
Ni une ni deux, juste le temps pour le majordome de lui rapporter, amusé, ce qu’elle lui réclamait, que la petite avait déjà filé vers les étages, réussissant même l’exploit de faire le tour du jardin, de rapporter avec elle marteau et clou, avant d’entrer dans sa chambre, essoufflée, et de refermer rapidement la porte à double tours. Au cas où Alfred aurait eu l’idée de la suivre jusqu’ici. Il en serait bien capable.
« Ouf, et bah c’était moins une. Tiens, j’ai pris des clous et le marteau. Et j’ai mon papier cadeau. Tu vas l’accrocher où mon tableau ? Ici, c’est bien non ?! »
Demande d’emblée la petite boule d’énergie en lui indiquant de l’index le milieu du mur, juste au dessus de son lit. Une place de choix, à n’en point douter. |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Jeu 7 Juin - 9:11 | |
| Lorsqu'il avait été enfant, Kilian avait vécu deux périodes très différentes. A Paris, avec ses parents, il avait toujours été celui avec les parents les plus jeunes qui soient... les conséquences d'une grossesse d'adolescence. C'est un fait qui l'avait toujours rendu très fier car il se disait ainsi que ses parents seraient encore jeunes lorsqu'il serait grand, donc ils resteraient très longtemps ensemble. Seulement voilà, sa mère était décédée et son père l'avait laissé immédiatement à ses grands-parents à San Francisco. Des parents les plus jeunes en France, Kilian était devenu l'enfant étranger venu d'un autre continent, qui n'a plus de parents et élevé par ses grands-parents, bien plus vieux que la moyenne en comparaison des autres parents à la sortie de l'école. Cruellement, on l'avait raillé et il avait dû accuser sans broncher pour se forger une carapace qui lui servait aujourd'hui admirablement bien. Toutefois, une seule chose était commune à ces deux périodes distinctes de l'enfance de Kilian : l'envie de ne pas être seul. Un frère ou une soeur lui aurait fait vraiment plaisir. Avec ses parents, il aurait pu lui enseigner tout un tas de bêtises, aller à l'école ensemble, etc... tandis qu'avec ses grands-parents, il aurait eu quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui puisse lui rappeler encore un peu sa mère ou son père. Être fils unique présente beaucoup d'avantages selon certains spécialistes. Le fils Salaun n'avait pas été un enfant malheureux ou mal aimé, c'était même tout l'inverse... cependant, il aurait mieux vécu avec une personne à ses côtés. Aujourd'hui, seul Roméo Hermès-Cador était le dernier ami d'enfance datant de Paris qu'il lui restait. Voilà donc pourquoi il sentait sans difficulté que Louna commençait à le voir différemment que comme un "simple" ami de son père. Elle se montrait souvent chipie et mutine avec lui, mais cela n'enlevait rien à la considération qu'elle semblait nourrir pour lui. Elle rendait son séjour ici bien plus agréable que ce que James avait pu lui dire au départ, sans doute effrayé à l'idée qu'elle puisse harceler le Breton de mille et unes questions. Louna, c'était un peu la petite soeur qu'il n'avait jamais eu... et cela rendrait sans doute son départ de la demeure O'Malley que plus douloureux lorsqu'il reviendra un jour crécher chez son paternel Logan. Son petit doigt lui disait qu'il allait avoir obligation de faire de nombreux crochets jusqu'ici sous peine que l'auguste mais exigeante petite châtelaine ne lui fasse un véritable scandale. Des visites auxquelles il s'astreindrait sans ronchonner et avec plaisir, cela va sans dire.
Lorsqu'il vit la petite embobiner Alfred avec ses grands yeux pétillants - bien que le majordome ne soit pas forcément dupe - Kilian ne put s'empêcher de penser qu'elle ferait une formidable actrice ou sinon une excellente séductrice. Pas dans le sens "je m'envoie en l'air avec tous les messieurs qui se présenteront" mais plutôt ces femmes séductrices qui, d'un sourire, d'un esprit vif et de quelques battements de cils, peuvent se mettre n'importe qui dans leur poche. Après être arrivé dans la chambre de Louna, Kilian regarda sa main libre puis pesta. "Et merde... avec quoi tu l'accroche le tableau, Salaun ?" murmura-t-il à lui-même. Dans la précipitation, il avait complètement oublié de prendre un clou et un marteau. Quoique, dans un sens, il n'aurait pas su où étaient rangés ces éléments... et demander à Alfred revenait à vendre la mèche. En attendant que Louna revienne, Kilian rouvrit ses affaires pour en sortir une petite cordelette qu'il fixa à l'arrière de la toile afin que le tableau puisse être en suspension. C'était le seul mécanisme qu'il avait sous la main. En voyant la petite fille rentrer au pas de course puis refermer la porte derrière elle, le Sigma ne put retenir un vague sourire amusé. "Ah, excellent, j'avais oublié de les prendre. Au-dessus de ton lit, alors ?" Kilian commença par retirer ses chaussures pour éviter de salir la couette, les draps ou les oreillers. Il prit un clou et un marteau puis se concentra. Cela allait forcément faire du bruit, chose qui ne manquerait pas d'alerter Alfred qui arriverait ensuite au pas de course, il en était presque certain. Une chance pour lui, Kilian était manuel et bricoleur : il n'aurait pas à s'y prendre à deux fois pour planter un clou, à la différence des bricoleurs quadragénaires du dimanche. Après quelques petits coups pour enfoncer le clou de façon très droite, il donna deux coups plus fort pour l'enfoncer suffisamment sans qu'il soit totalement planté. "Voilà. Tu me passes ton tableau ?" demanda-t-il poliment à la fille de James. Une fois le tableau en main, il l'accrocha grâce à la cordelette puis le redressa de manière à ce qu'il soit parfaitement droit. Kilian descendit du lit, prit du recul et déposa une main sur l'épaule de sa complice. "Les couleurs que tu as utilisé se marient très bien aux couleurs de ta chambre. On attaque l'emballage du tableau pour ton Papa avec le papier cadeau, maintenant ?" lança-t-il sur un ton amusé tout en baissant son regard bleu dans le sien. |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Lun 11 Juin - 21:08 | |
| Oui d’ailleurs à ce propos – à présent que Kilian parlait de la facette « séductrice » de la petite – James n’avait de cesse de veiller au grain. Dire qu’il y a encore une semaine, Louna lui avait présenté l’un de ses fiancés. Oui parce que, tenez-vous bien, il y en avait plusieurs. Un gamin de 8 ans, prénommé Joshua, qui paraissait aussi arrogant que sûr de remporter le gros lot. Certains gosses sont plus précoces que d’autres dirait-on. Quoiqu’il en soit, je vous laisse imaginer la réaction de papa James lorsqu’il apprit la nouvelle, et lorsqu’il fit connaissance avec le fameux fiancé. Louna avait boudé pendant deux jours, refusant obstinément de lui adresser la parole si ce n’était pas bribe de phrase : « oui » « non » « peut-être ». Et Joshua avait étrangement disparu du cercle de sa petite poupée. On se demande bien ce qui avait pu lui arriver à celui-là. Bref, considérez James en tant que papa poule alors que sa fille n’était âgée que de six ans et faisait déjà parler d’elle comme la princesse qu’elle était dans la cour de l’école et imaginez ensuite quant elle atteindrait la majorité. L’Irlandais aurait sans doute construit tout un barrage maritime autour du château, crocodiles inclus, des alarmes à toutes les portes et fenêtres, et une dizaine de types prêts à user de tact pour faire comprendre à tous les gentlemen avides de faire la cour à son petit bout, que séduire la fille de James équivaudrait à mourir dans d’atroces souffrances.
« Oui, juste au dessus. Un peu plus à gauche. Oui là, c’est parfait. »
Tapant des mains en sautillant sur ses pieds devant le spectacle de SON Kiki en train d’accrocher ce magnifique chef d’œuvre signé Louna Cheryl O’Malley – elle songeait déjà à faire une carrière artistique – au dessus de son lit à baldaquin, l’enfant obéit au doigt et à l’œil à son maître bricoleur, observant une fois fini le travail du Sigma sous toutes les coutures avant de lui répondre avec un sourire plus que satisfait.
« D’accord. Attends, je vais chercher du ruban. J’en ai plein dans mes tiroirs. Toi aussi tu aimes les rubans ? Moi je fais collection. J’ai presque toutes les couleurs tu sais. Je vais prendre du vert pour Daidi. C’est sa couleur préférée. Tu le savais que c’était sa couleur préférée ? »
Et c’est reparti pour un tour de manège au pays du babillage. Ramenant plusieurs rubans de différents verts jusqu’au lit, là où se trouvait Kilian ainsi que tout le matériel pour emballer le cadeau de son père, la petite commença d’elle-même, avant de s’énerver avec le scotch qui refusait obstinément de lui ‘obéir’.
« Pff…tiens, tu peux tenir ça s’il te plait ? »
Mais polie malgré tout, attention. Sourcils fronçés, en pleine concentration – même un tremblement de terre à ce moment-là n’aurait pas réussi à la tirer de son travail – le cadeau finit par être emballé après plusieurs minutes de dure labeur, de quoi rendre fiers nos deux artistes.
**** Revenant de son cours de boxe taï, encore un peu sonné après s’être pris deux points en pleines côtes, qui l’avaient mises ko pendant au moins deux minutes non stop, James rentrait au château, profitant du fait que personne n’était dans les parages pour câliner sa madeleine de chat qui passait par là au passage, attrapant un cookies préparé par les soins d’Alfred lorsqu’il parvint à la cuisine, et fila illico presto jusqu’à la salle de bain. Plus tard, les voix de sa fille et de Kilian, alors qu’il sortait tout juste de dessous la douche, le fit sourire. Décidément, elle était douée pour se mettre les gens dans la poche. C’était à se demander de qui elle pouvait bien tenir ce don inné de la communication. Pauvre Kilian, dire qu’il était obligé de jouer à la baby-sitter … quoiqu’il ne soit certain que le boulot lui déplaise autant que cela.
Poussant légèrement la porte de la chambre d’enfant, afin de ne pas faire trop de bruits lorsqu’il surprendrait son ami en plein babillage avec sa fille chérie, James poussa un soupir de dépit en entendant le grincement significatif des gonds. Depuis le temps qu’il devait les faire réparer. Trop tard, il était repéré.
« Daidi ? »
Ou pas. Et s’il filait discrètement vers l’escalier, ni vu ni connu ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Mar 12 Juin - 14:58 | |
| "Ah oui ? C'est curieux, cette passion pour les rubans. Ca fait longtemps que tu les collectionne ?" Loin d'être du genre à repousser la conversation pourtant envahissante des enfants de l'âge de Louna, Kilian se prêtait volontiers au jeu. Il trouvait lui-même très étrange cette préférence à discuter parfois avec les enfants pour leur faire plaisir plutôt qu'à faire l'effort d'entretenir une conversation avec certains adultes... mais il avait abandonné l'idée de trouver une explication à cela. Alors qu'il s'était assis en tailleur à côté du tableau pendant que la fille de James cherchait le ruban vert qui correspondra au goût prononcé de son père pour cette couleur, il fit voyager son regard sur la pièce toute entière. un vrai cocon de princesse au coeur d'un château comme dans les contes de fées... pas étonnant que la ravissante petite fille se sente aussi bien dans un lieu comme celui-ci. Elle devait avoir à peu près tout ce dont une petite fille de son âge pouvait rêver. Peut-être qu'en grandissant, ces murs hauts et ces pierres finiront par l'oppresser, mais elle semblait pour l'instant s'y sentir comme un poisson dans l'eau. Pas besoin de jalouser les princesses de Disney, Louna avait tout pour en être une. A cette pensée, un petit sourire à la fois rêveur et amusé s'égara sur les lèvres fines du fils Salaun qui revint à l'objectif du moment, à savoir faire un paquet digne de ce nom. Et autant dire qu'avec un scotch récalcitrant, ce n'est pas une mince affaire. Assez diverti par cette scène très touchante, Kilian attendit sagement qu'elle lui demande un coup de main : elle voulait y arriver seule, il n'allait donc pas lui imposer son aide sans qu'elle soit requise au préalable. "Vas-y, ma puce, ne te laisses pas faire." plaisanta le Breton en l'encourageant avec un petit sourire complice. Et voilà, en quelques mouvements, c'est la miss O'Malley qui remporta une victoire par K.O. contre le papier mutin.
"En voilà un joli paq..." Un grincement lui fit froncer les sourcils. Alfred aurait-il finalement décidé de suivre la châtelaine à la trace pour avoir vent des activités suspectes des deux plus jeunes du château ? Mais c'est lorsque Louna parla que Kilian en conclut que cette discrétion était davantage propre au maître des lieux. Il se leva du lit puis marcha jusqu'à la porte en l'ouvrant d'un seul coup pour faire la lumière sur James qui semblait vouloir s'échapper à petit pas pour passer inaperçu. Dommage : un grand gaillard comme lui aurait pu y arriver s'il avait eu la corpulence d'une souris de l'année. Kilian s'adossa contre l'embrasure de la porte puis afficha un très fin sourire plutôt subtil. "On ne bouge plus, mains en l'air. Vous êtes pris en flagrant délit d'espionnage." Kilian tourna un bref instant la tête vers Louna qu'il prit à cet instant pour sa complice policière afin que l'accusé James soit remis entre les mains de la « justice » domestique. Eh oui, sous cet air grognon et sarcastique pouvait se cacher l'âme d'un véritable enfant. Du moins, lorsqu'il était au contact des plus facétieux d'entre eux, à l'image de la petite fille O'Malley. Il fit d'ailleurs un petit clin d'oeil à cette dernière puis tourna à nouveau la tête vers James qui s'était immobilisé dans le couloir. "Vous allez devoir rentrer en cellule pour prendre connaissance de quelques petites nouveautés et surprises. C'est ma collègue qui va prendre le relais." lui indiqua-t-il en lui faisant signe de rentrer dans la chambre.
En attendant, Kilian rentra d'abord puis déposa ses mains sur les épaules de Louna avant de s'accroupir pour se mettre à sa hauteur et chuchoter à son oreille. "Vas-y, je te le laisse." Il était à peu près sûr qu'elle allait prendre ce mini jeu de rôle improvisé très au sérieux. Le Sigma s'assit sur le lit et patienta sagement le temps que Louna présente son chef-d'oeuvre accroché au-dessus de son lit puis que James déballe son cadeau pour y découvrir la représentation de sa femme peinte par ses soins... |
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| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Sam 16 Juin - 17:53 | |
| Hochant vigoureusement la tête – dût-elle se faire un torticoli au passage – la petite se dépêcha de lui monter la multiplicité des rubans qu'elle avait amassé depuis toute petite – bien qu'elle ne soit pas tellement grande à ce jour – un grand sourire empli de fierté sur ses petites lèvres rosées. « Ils sont beaux hein ?! Moi je préfère celui-là. Et celui-là. Ah, y'a celui-là aussi. Et toi ? C'est quoi tes couleurs préférées de rubans ? » Parce qu'attention, il y avait les couleurs que l'on portait sur soi, celles que l'on appréciait dans la vie de tous les jours, et ...les couleurs de rubans. Louna faisait la différence entre ces trois catégories. Dans son cas, c'était le violet, pour les chewing-gum à la framboise, le rose fushia pour ses robes et princesse, et le vert, pour « le regard de Daidi ». Mais ce que Kilian ignorait encore – mieux valait qu'il ne le sache jamais par ailleurs – c'était que la petite princesse avait la curieuse manie de s'attacher un peu trop aux objets et d'en faire collection. Une matérialiste comme on dit dans le monde des adultes. Ce qui peut aller des feuilles d'arbres de diverses espèces aux figurines que l'on trouve dans les Kinder, au point de harceler son pauvre père sitôt qu'il lui manque la dernière pièce de la collection. Et James de faire le plein de centaines de boîtes de Kinder pour faire plaisir à sa fille qui, sans manger l'oeuf en chocolat autour – et obligeant son cher père à affûter son sens du goût et sa gourmandise – s'intéressait uniquement aux figurines qu'il renfermait. Voilà ce pour quoi la chambre de la petite était aussi 'décorée' et 'royale'. Parce que James était incapable de refuser certains plaisirs qu'il jugeait 'normaux' du fait de son jeune âge. Les papiers peints roses avec une frise représentant plusieurs qualités de friandises. Le plafond parsemé d'étoiles qui s'illuminaient la nuit. Les coussins et les draps du lit faisant de la publicité pour la Belle et la Bête ou Le Monde de Nemo, le tapis de sol, doux comme des poils de chaton, du mobilier en bois de chêne, bref, James ne calculait pas à la dépense concernant son petit bout. Au grand désespoir de sa tante qui jugeait que son père la gâtait beaucoup trop. Mais que ne ferait pas un père pour sa fille unique, je vous le demande.
Une fois le cadeau bien emballé sur les soins de Louna et l'aide providentielle de Kilian, Louna l'observa en fronçant les sourcils tandis que ce dernier s'était relevé, se dirigeant sur la pointe des pieds jusqu'à la porte d'entrée. Traître ! Et James de lever immédiatement les mains au ciel, un air mi surpris, mi amusé sur le visage, tandis que Louna s'approchait à son tour en imitant son compagnon de jeu. Les deux index joints dans sa direction, les sourcils fronçés, très concentrée dans sa nouvelle mission, elle le tenait en joue et ne cessait de jeter des petits coups d'oeils au maître de jeu, afin de savoir quoi faire. Adorable. « Oups, vous m'avez eu. Pitié, ne me faîtes pas de mal. Je me rends. » Comme quoi, sous cette indifférence désarmante et austère, James pouvait lui aussi se montrer très gamin. Et encore, si Kilian l'avait vu lorsqu'il chatouillait sa fille ou qu'il lui soufflait dans le cou, ou lui courait après dans toute la maison ...il aurait sans doute eu une toute autre opinion de son ami. « A vos ordres, monsieur. » murmura James en s'avançant dans la chambre, lançant un regard suppliant en l'apparence à son bourreau. Au tour de Louna de lui montrer à qui il avait affaire. Comment avait-il osé pénétrer son domaine sans y être invité ? Et en espionnant en plus. « A genoux !! Dis-moi pour qui tu travailles ! » Et c'est qu'elle était plutôt douée dans ses interrogatoires la gamine. « Hum...pour une immense société de robotiques. » Haussant les sourcils, l'enfant oublie son rôle le temps d'une seconde en observant son père. « C'est quoi robotique ? » Sourire de James qui refuse de répondre et s'apprête à l'attraper. « Noon, on ne bouge plus j'ai dit. Ah ah, vous avez failli m'avoir. Mais j'ai été plus rapide, d'abord. » D'un bond, la fillette avait sauté sur son lit, braquant toujours James qui, avec grande difficulté, se retenait de ne pas éclater de rire devant ce spectacle particulièrement touchant. « Bon euh ...je fais quoi maintenant ? » murmura t-il à l'oreille de Kilian avant de redescendre du lit et de se placer juste derrière son père. « Levez-vous maintenant. » Il faudrait savoir, fillette. « Et en silence, monsieur. » Et polie avec ça. « Regardez le tableau que j'ai fait avec Kiki au dessus du lit et dîtes-moi si vous l'aimez. » Grand sourire de Louna en direction du Sigma. « Hum, je pense que vous êtes une merveilleuse artiste, mademoiselle O'Malley. Et votre ami l'est tout autant. » Fierté de l'enfant de s'entendre appeler par son nom de famille. Comme si cela lui donnait une importance qu'elle n'avait pas jusqu'ici. « Merci Daid...Non, je veux dire : je sais. Monsieur. » se corrigea l'enfant au dernier moment. « Maintenant, il y a un cadeau sur mon lit, prenez-le. » « Et si je refuse ? » « S'te plait ? » Trop chou. « Bien. » Attrapant le fameux cadeau en faisant semblant d'être paniqué à l'idée d'avoir affaire à une bombe, James se tourne vers sa fille, le dépose à ses pieds, et attend les prochaines instructions, jetant un coup d'oeil discret à Kilian, l'air de lui dire : « Encore une idée à toi je suppose ? » « Ouvrez-le. C'est un ordre ! » « Bien madame. » Peu à peu, le tableau se découvre. D'abord les bordures, puis les yeux... Au fur et à mesure, le sourire de James faiblit, jusqu'à totalement disparaître sous un masque de neutralité feinte. « Qu'est-ce que …Tu as fouillé dans mon bureau ! » fut la première remarque de l'homme alors qu'il se relevait, sans lever les yeux du portrait de Cheryl. Sa peine était visible, même aux yeux de sa fille qui le regardait maintenant sans comprendre. « Daidi ? » Ils n'étaient plus en train de jouer. Quelque chose n'allait pas. Elle avait voulu lui faire plaisir. Non, elle était sûre que ce cadeau lui ferait plaisir et... « Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas le droit d'entrer dans mon bureau. » murmura James dans un souffle en adressant un regard accusateur à la petite, avant de relâcher l'oeuvre d'art, et de quitter sa chambre, sans un mot.
Louna elle, l'avait suivi du regard, les joues rouges, les larmes aux yeux. Déçue. Et triste comme jamais. Sans un regard en direction de Kilian, l'enfant rangea le tableau dans son coffre à jouets, essuya une larme qui venait de rouler sur sa joue, et alla s'asseoir à l'autre bout de la pièce pour qu'il ne voit pas la douleur l'envahir toute entière. De son côté, James s'était directement dirigé vers son bureau, recherchant la photo à la base de laquelle ce dernier avait dû peindre ce portrait, ne s'arrêtant qu'après dix minutes de fouille intensive, les mâchoires contractées, les dents serrées, et le coeur lourd d'une souffrance qu'il avait toujours refusé de partager avec quiconque. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Sam 16 Juin - 20:52 | |
| Des couleurs de ruban ? Le fait que Louna fasse la distinction l'avait amusé. "Le bleu roi. Je trouve les rubans très jolis lorsqu'ils sont de cette couleur." Autant se prêter au jeu jusqu'au bout, puisqu'il avait lui-même poser la question. Puis vint le moment fatidique où James, fraîchement arrêté par les forces de l'ordre en présence, se prêta également à un tout autre jeu mené très rapidement par la petite châtelaine. C'est qu'elle ferait presque de l'ombre aux séries policières, à ce rythme-là. Kilian resta sagement assis sur le lit en assistant à l'interrogatoire, l'air fermé pour passer pour un vrai flic borné, mais le regard décidément amusé par la situation... un amusement qui masqua habilement une pointe de nostalgie douloureuse. Il n'avait encore jamais vu James sous cet angle, comme un père aimant et particulièrement joueur. Exit le businessman distant et mesuré, il était un homme attentionné, presque enfantin à sa manière, ne rechignant pas à se prêter aux caprices de Louna rien que pour voir un sourire creuser ses petites joues rebondies et rosées. Le Sigma baissa les yeux et regarda ailleurs quelques instants. Cette vision le charmait autant qu'elle lui enfonçait une dague dans le coeur. Que n'aurait-il pas donné pour remonter le temps jusqu'à l'époque bénie où son père et lui entretenaient une relation aussi fusionnelle ? Toutes ces années à souffrir son absence, à ne plus pouvoir jouer de la sorte avec lui... tout ceci remontait à la surface dès qu'il voyait des enfants aussi heureux en compagnie de leurs parents. Aussi idiot que cela puisse paraître aux yeux de certains, Kilian affirmait éprouver un soupçon de jalousie, tout simplement parce que la vie lui avait arraché injustement sa mère et que son père l'avait abandonné à son tour. Les raisons de ce départ semblaient justifiées aux yeux de certains... et quand bien même Kilian lui pardonnerait peut-être un jour, jamais cette blessure ne saura se refermer totalement. Il regrettait ces instants de complicité et ne pouvait s'empêcher de regarder Louna en espérant qu'elle puisse continuer à compter au moins sur cet inconditionnel amour de James, puisque sa mère n'était plus là pour lui en offrir à son tour.
Il revint à la scène en battant des paupières puis en retrouvant un visage moins pensif et absent, la voix de sa complice se glissant à son oreille. "Montres-lui ton tableau... et tu le prives de bisous pendant une heure s'il ne le trouve pas joli." lui répondit-il avec un petit sourire sans lâcher James des yeux. Le Sigma ne put se retenir de rouler des yeux lorsqu'elle l'appela Kiki devant son père. En quelle langue faut-il lui dire qu'il haïssait ce surnom ?! Bon, tant que ça reste entre les murs du château O'Malley... et si jamais quelqu'un entend parler du surnom attribué par Louna, il sera prié de garder le silence sous peine de finir muet ou six pieds sous terre. Littéralement. "Cette oeuvre est du fait de ma collègue ici présente, je n'y ai pas touché une seule fois." Il l'avait peut-être conseillée quand elle en avait eu besoin, mais le mérite revenait avant tout à la jeune artiste, il tenait à ce qu'elle s'en tire avec tous les honneurs. Mais rapidement, l'ambiance bascula à la découverte du portrait de Cheryl. Kilian fronça un peu les sourcils : comme il s'en doutait, la réaction n'était pas celle escomptée par Louna... il en avait été certain. Pourtant, la réaction de James lui fit aussi du mal, la pauvre Louna chutait de haut, elle qui pensait faire un formidable cadeau à son père. Kilian ne le prit pas personnellement, mais il fut davantage blessé pour cette pauvre enfant qui avait cru bien faire. La susceptibilité des veufs peut les conduire involontairement à faire preuve de méchanceté lorsqu'ils sont tristes ou touchés. Il ne le savait que trop bien pour avoir vécu quelques temps au côté de son paternel Logan.
Pourtant, il eut l'extrême intelligence de ne surtout pas intervenir tant que James était là. Ce n'était pas à lui de s'interposer dans cette dispute familiale, bien qu'il en ait tout de même envie. On lui avait enseigné qu'il fallait parfois rester à sa place et c'est exactement ce qu'il fit jusqu'au départ du milliardaire. Une fois seuls, il avança doucement vers Louna puis s'accroupit à côté d'elle. "Princesse... regardes-moi, s'il te plait..." Il souleva un peu son menton afin de croiser son regard, essayer de l'apaiser avec ses beaux yeux azur comme il le faisait souvent avec les enfants qu'il côtoyait. Ou ses très proches amis. "N'en veux pas trop à ton Papa... tu as voulu bien faire. Quand les gens sont tristes ou qu'ils pensent à des personnes qu'ils aiment très forts bien qu'elles ne soient plus là, ils peuvent réagir comme ça." Il caressa sa joue avec son pouce, dans une lenteur tendre et affectueuse. Le Breton se releva un peu puis la serra quelques instants contre lui en déposant un baiser sur son front. "Je reviens tout de suite, restes-là." Son attention avait été attirée par l'endroit où la toile s'était trouvée avant d'être rangée et, plus particulièrement, par la photo qui était tombée de l'arrière. L'artiste se détacha lentement de Louna dans un dernier baiser sur le sommet de sa tête, attrapa la photo et sortit de la chambre de la jeune demoiselle. Il gagna le fameux bureau de James et rentra avec précaution et délicatesse, après avoir toqué à la porte. En le voyant dans un tel état de nerfs, il jugea bon de ne pas entamer la conversation ou de lui faire le moindre reproche. James n'était pas un homme fait pour s'épancher sur un sujet aussi sensible. "Excuses-moi, je ne savais pas que cette photo était... cachée. Je suis désolé, sincèrement." Kilian le regarda encore une poignée de secondes puis disparut du bureau sans se retourner. Il venait de déposer la photo sur le bureau de l'Irlandais, maintenant celui-ci était libre d'en faire ce qu'il souhaiterait. L'idée de prendre la défense de Louna lui avait traversé l'esprit, mais une fois encore, James semblait si fragile et instable que le Breton n'avait pas eu l'audace d'insister.
Il revint dans la chambre de Louna et la retrouva, encore bien tristounette. Kilian laissa la porte entrouverte puis s'assit au bord de son lit. "La prochaine fois, demandes d'abord à ton Papa si tu peux avoir une photo, d'accord, miss ? Les gens n'aiment pas qu'on aille fouiner dans leurs affaires..." Avec une patience et une tendresse toutes particulières, il pencha la tête pour essayer de croiser à nouveau le regard de la châtelaine. "Tu veux qu'on fasse quelque chose avant le dîner ?" La distraire serait peut-être l'une des meilleures façons de lui faire oublier son chagrin, le temps que la situation se tasse avec son paternel meurtri. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: « The point between rage and serenity » •• Hot Lun 18 Juin - 6:43 | |
| En repensant au visage de son père, à sa colère, Louna ne pouvait que s’en vouloir de l’avoir déçue. Il est étrange de savoir qu’un enfant recherche continuellement, et use de tous les moyens possibles et inimaginables pour ce faire, l’amour de ses parents. A leurs yeux, leur affection n’était pas acquise d’avance, dès leur naissance. Ils devaient l’obtenir. Et la petite fille ne faisait pas exception à cette règle. Elle qui pensait faire plaisir à son paternel avait l’impression d’avoir fauté, de lui avoir brisé le cœur. Un sentiment de solitude et de tristesse inconsolable l’avait alors envahi. Comme un raz-de-marée qui ensevelit tout sur son passage, la peine de l’enfant était insurmontable. Même les mots et la voix rassurante de Kilian ne purent avoir raison de cela. Pourtant, elle avait relevé les yeux lorsqu’il le lui avait demandé, plongeant dans cet océan de quiétude qui aurait dû, qui aurait pû l’apaiser si son cœur ne venait pas d’être brisé en milles morceaux par l’être qu’elle chérissait le plus au monde. Immobile, écoutant sans l’interrompre son conseiller, Louna n’avait rien répondu à tant de sagesse. A peine la petite avait-elle hoché la tête en signe d’acquiescement, de compréhension. Kilian s’éloigna, elle demeurait à nouveau seule. Perdue. Oubliée.
James réfléchissait. Ou plutôt, avait les doigts d’une main qui lui massait son front brûlant. Sa tête lui faisait un mal fou. Saleté de migraine. Cela faisait des années qu’il n’en avait plus. Les paupières closes, crispé dans son siège en cuir, l’homme n’eut aucun mouvement en direction de la porte d’entrée malgré le bruit reconnu d’une main qui cognait. Il voulait être seul. Et personne n’avait l’audace de venir le déranger lorsqu’il était enfermé dans son bureau. Pas même Alfred qui connaissait pourtant l’endroit et le moindre secret du bout des ongles. Ce ne pouvait donc qu’être …
« Excuse-moi, je ne savais pas que cette photo était… cachée. Je suis désolé, sincèrement. »
Kilian. Comment avait-il trouvé son repère aussi facilement ? Oh après tout qu’importe. James n’avait même pas prêté attention à la photo de Cheryl que le Sigma avait déposé sur son bureau. Seules les mots qu’il venait de prononcer lui avait fait froncer des sourcils. Heureusement, puisque l’homme guettait à la fenêtre à ce moment-là, Kilian ne l’avait vu que de dos. Le Breton ne l’avait pas vu contracter des mâchoires lorsqu’il lui présenta ses sincères excuses. Des excuses, pourquoi au juste ? A moins que ce ne soit lui qui soit venu fouiner ici, ce n’était pas à lui de faire des excuses. Et James ne lui en voulait pas pour ce portrait. Il était si ressemblant. Sans aucun doute, une brillante carrière d’artiste se dressait devant lui. Non, James s’en voulait à lui-même de s’être montré aussi sévère, aussi froid pour une simple photographie. Pourquoi donc ne réussissait-il jamais à tourner la page ? Louna n’était qu’une enfant, elle n’avait pas conscience du mal que pouvait lui procurer la seule vision de la femme qu’il avait jadis aimée. Sa mère. Tout ce qui comptait à ses yeux avait toujours été le bonheur de son père. Son bonheur… « mais ma fille, ce n’est pas à toi de veiller sur ton père, mais à ton père de t’aimer comme sa fille… » Et puis, il repensa à Kilian, et à sa relation conflictuelle avec son propre paternel. Aux conséquences sur l’enfant qu’il était alors et sur l’adulte qu’il était devenu. Il lui en voulait encore, malgré le temps qui passe. Un abandon que James était loin d’approuver mais qu’il comprenait, eu égard à son propre vécu. Et voilà qu’il repoussait sa propre enfant, à cause d’une vieille photographie. Ce n’était pas un abandon, lui avait fait pire : il l’avait rejetée. Comme si sa mère, ou plutôt, comme si une morte avait plus d’importance à ses yeux que l’enfant vivante qu’elle lui avait donnée. C’était ainsi qu’il le concevait, même si l’image paraissait grossière et exagérée. Non, il ne ferait pas la même erreur deux fois.
« Louna, viens là s’il te plait. » James avait rejoint sa chambre, se tenant devant l’entrée. Contemplant sa fille assise sur le plancher, des larmes plein les yeux. Sans pour autant lui montrer sa peine, l’Irlandais sentit la culpabilité et la honte l’envahir à ce spectacle. « Je suis désolée que mon cadeau t’a pas plu. » murmura la petite sitôt face à son père, les yeux baissés au sol, les mains repliées devant elle. On aurait dit un enfant qui attendait sa punition, sage et soumise. Sans un mot, James avait alors soulevé sa fille dans ses bras, la serrant très fort contre son cœur, fermant les yeux, le souffle court. « C’est le plus beau cadeau que tu m’ais offert, ma chérie. Je t’aime Lou’. » Ses doigts couraient dans sa chevelure rousse, et ses lèvres la couvraient de baisers dans le cou, sur le front et sur les joues. Elle, pleurait et riait à la fois, ne repoussant son père qu’après plusieurs minutes de silence. « Tu piquuuess ! » Sa barbe naissance, son atout séduction. « Ah oui ? Alors comme ça je pique ?! C’est c’qu’on va voir ! » Ca y est, le jeu avait repris, l’enfant avait retrouvé sa joie de vivre tandis que son père lui chatouillait les côtes en riant. « Hum, bon, je peux reprendre mon cadeau maintenant ? Donner c’est donné. Reprendre c’est … » « …volé !! » s’exclama Louna à sa suite en courant vers son coffre à jouets pour lui rapporter le portait de sa mère. « Il est vraiment très réussi.. » Cette fois, il s’adressait à Kilian, un sourire sur les lèvres. « Merci. Merci à tous les deux. » murmura James en déposant un baiser dans les cheveux de sa fille, et lançant un regard reconnaissant en direction de son ami Breton.
Vingt-deux heures.
Alfred aux fourneaux avait encore fait des merveilles de ses dix doigts et avait pris congé sur les ordres exprès de James qui s’inquiétait toujours de le voir travailler autant et aussi tard, n’en déplaise à son majordome. Louna elle, avait déjà rejoint son lit, et dormait maintenant du sommeil du juste, bien calée dans les bras de Morphée. Ne restait plus que Kilian qui était encore à la salle de bain, ou dans sa chambre, ou au jardin pour prendre l’air avant de rejoindre le pays des songes, et James, qui n’arrivait pas à oublier sa mauvaise conduite de l’après-midi, et qui buvait un deuxième verre de Bordeaux dans le salon, près de la cheminée. Dans le château, le silence était complet. Reposant. |
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