La mi-temps venait d'être sifflée. Nous étions tous comme des enfants. Le score était à égalité et comme tout bon supporter qui se respect, je voulais absolument que mon équipe gagne. Maintenant que j'étais franchement habitant de NOLA mes espoirs étaient placés sur l'équipe de la ville, les Saints. Un nom qui me faisait rire d'ailleurs.
Je me regardais soudain avec un oeil "étranger", j'étais debout, les mains serrées l'une contre l'autre et ce certainement depuis les deux dernière minutes car j'espérais alors de tout coeur qu'ils réussissent un touchdown. Déception.

Je me suis donc assis afin de réaliser ce qui venait de se passer ou plutôt, ce qui ne s'était pas produit. J'ai ouvert ma bouteille, et j'ai bu la fin de ce qu'il me restait de mon Gatorade. Je posais sagement la bouteille dans l'encoche qui était prévue à cet effet entre mon fauteuil et celui de mon voisin et, en levant les yeux, je réalisais que je venais de passer toute une mi-temps sans avoir la moindre idée de qui était assis à ma droite. Se trouvait à côté de moi une demoiselle, rousse et la peau très pâle, plutôt mince et visiblement aussi déçue que moi par la dernière action de cette fin de période. Le soleil tapait terriblement fort et je me levais bien décidé à aller me chercher quelque chose d'autre à boire, ne souhaitant pas mourir de déshydratation aujourd'hui. En me relevant du fauteuil, je jetais un dernier coup d'oeil à celle qui se trouvait à côté de moi. Je m'étais fait lâché par Aaron qui avait eut une urgence de dernière minute. Résultat, j'étais venu ici seul, sans personne avec qui partagé ma frustration. Elle avait enfin bougé et se tripotait les cheveux. Elle semblait pensive et c'est quand elle s'adossa au fauteuil que je réalisais qu'elle était aussi rouge qu'un piment. Sans vraiment beaucoup hésiter, j'ai sorti de mon sac un petit tube que je lui ai ensuite tendu

- " Je pense que vous devriez en mettre un peu, avec ce soleil et ce match qui n'en fini plus, je pense qu'on va devoir vous emmener à l'hôpital ce soir si vous ne vous protégez pas. "

J'ai souri tout en réalisant à cet instant précis à quel point mon geste était étrange. Elle avait rougit non pas dans le dos ou sur les bras mais sur la poitrine, endroit que je fixais machinalement. J'ai viré au rouge et l'instant d'après c'était ses joues à elle qui se coloraient en l'espace d'une demie seconde. Je ne sais pas ce qui m'étais passé par l'esprit, elle avait maintenant la preuve ultime que j'avais le nez penché sur son décolleté alors qu'en réalité, je crois que c'est surtout la couleur étrangement rouge de sa peau qui a attiré mon attention.

J'ai jamais été un type très avenant. J'ai appris à l'être un peu plus, avec les amis que j'ai disons que ça été une prérogative et que je me suis retrouvé forcé à apprendre mais ce n'était clairement pas inné pour moi de foncé tête baisser vers quelqu'un. Hors je venais de faire parfaitement le contraire et je crois que j'étais le premier étonné.

L'espace d'un instant le regard de ma voisine m'a littéralement fusillé. Chaque mot qu'elle a prononcé a résonné dans l'air et j'ai instinctivement baissé les yeux, comme les enfants qu'on engueule. Une demie seconde plus tard je rapprochais mon bras du reste de mon corps, je tournais les talons et laissait tomber le flacon dans mon sac. Je sortais de ma poche mon portefeuille.
Dix dollars. Ce n'était pas beaucoup, mais ce serait bien suffisant pour que je puisse me désaltérer. Et puis même si j'avais prévu de m'acheter à boire pendant la mi-temps, c'était une raison parfaite pour quitter les "lieux du crime". En fait, je me sentais un peu con d'avoir proposé à une parfaite inconnue de se badigeonner de crème. Primo parce qu'admettons le, quel gars bénéficiant d'un taux de testostérone relativement normal voir élevé se baladait avec de la crème solaire ? Secondo, qui proposerait à une parfaite inconnue sa crème juste parce qu'il s'est dit "tient, faudrait pas qu'elle crame" ... Non vraiment, les gens ne sont plus gentils gratuitement de nos jours. Le tableau de moi que je venais de dépeindre à ma jeune voisine était bien triste et je serais partit sur le champ si elle n'avait pas de nouveau ouvert la bouche.
J'ai de nouveau pivoté sur moi même, me retrouvant face à elle. Cette fois elle semblait avoir perdu un peu de son aplomb, et me demandait ce qu'elle avait rejeté quelques secondes plus tôt. L'espace d'une seconde je me suis dit que j'allais me barrer chercher mon coca d'un air de dire "la prochaine fois t'enverras pas chier les gens qui veulent "t'aider"" mais ça ne me ressemblait pas. J'ai souris, timidement, et j'ai ensuite farfouillé dans mon sac pour ressortir le spray.
Aucun mot n'est sorti de ma bouche jusqu'à ce qu'elle me remercie une fois qu'elle eut le produit en main. J'ai continué à farfouiller machinalement dans mon sac, ai extirpé un boitier duquel j'ai sorti mes lunettes de soleil. Une fois celles-ci posées sur ma tête, je m'apprêtais à aller chercher pour de bon ce coca dont je rêvais tant quand je remarquais que ma voisine me regardais avec un drôle d'air, tout en tenant la crème solaire, sans pour autant me la tendre. Elle a enroulé ses cheveux cheveux autour de son doigt et m'a tourné le dos. Elle a timidement demandé si je pouvais lui en passé dans la nuque. Je me suis exécuté, c'en était presque trop.

- " Heuh, voilà, jcrois que c'est bon ai-je sifflé alors qu'elle virevoltait avec élégance pour me faire face. " Bon je crois que ce sera ma B-A de la journée, par contre jsuis pas responsable des responsables déjà côsés pendant la première mi-temps" petit rire.