Cela faisait maintenant presque un mois qu’Harper avait posé ses valises sur le sol New Yorkais. Une ville qui l’avait toujours faite rêvée, depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. Et aujourd’hui, son rêve se réalisait, ou du moins, il était sur la bonne voie ; elle le touchait du bout des doigts. Décorcher un poste de stagiaire assistante de rédaction chez Vogue US, qui plus est à NYC, des milliers de femmes en rêve. Il fallait croire qu’elle devait bel et bien avoir du talent, sans doute hérité de son défunt père. Elle n’y aurait jamais cru si on lui avait prédit une année auparavant qu’elle serait une working girl journaliste chez Vogue d’ici quelques mois. Alors enceinte jusqu’au coup d’un bébé qu’elle n’avait a priori pas désiré, son moral touchait le fond à cette époque. Avec Erwan, ils ne savaient même pas s’ils allaient former un couple, si leur relation allait continuer sur le long terme. Ils ne savaient même pas ce qu’ils étaient, finalement. Un plan cul ? oui, au départ. Mais depuis, les choses avaient tout de même évoluées, heureusement. Finalement, Alessia pointa le bout de son nez le trois octobre passé. Depuis, Harper revit. Finalement, devenir mère devait être fait pour elle. La jeune cubaine n’ose même pas imaginer comment elle ferait pour continuer à vivre si la moindre chose arrivait à sa précieuse petite fille. Elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux, et ce depuis la première fois qu’elle avait déposé ses yeux sur son doux petit corps. Cependant, malgré tout l’amour qu’elle ressent pour cette petite demoiselle aux yeux d’un noir profond, elle est fatiguée. D’un part parce qu’Alessia lui demande beaucoup d’attention – normal ceci dit, et d’autres part, elle travaille énormément pour son travail. Elle ne s’arrête jamais, ne dort que quelques heures par nuit, et son corps est encore meurtri par la grossesse, et surtout, l’accouchement. Harper adorait Alessia, et si c’était à refaire, elle n’hésiterait pas. Mais elle ne comprend pas toutes ces femmes qui adorent être enceinte, sans parler de celle qui son mère porteuse. Comment peut-on avoir envie de faire subir cela à son corps, si le bébé n’est même pas le vôtre ? Un  besoin irrépressible d’argent, sans nul doute. Ainsi, Harper décida de prendre congé et proposa à Olivia, sa nouvelle colocataire et excellente amie, de confier les petites à une babysitter et de se prendre une journée rien que pour elle. « Tu sais que j’ai horreur de laisser Alessia à une inconnue, mais là, j’en peux plus, il faut que je souffle sinon je vais faire un burn out ! » dit-elle de façon presque hystérique, tellement l’éreintement prenait le dessus sur la raison. Harper ne confiait sa petite fille qu’a un nombre restreint de personnes, dont Olivia. Erwan vivait désormais à la Nouvelle-Orléans et Maisy était restée à San Francisco, ce qui compliquait les choses. Une babysitter ? Olivia avait fini par la convaincre, à condition qu’il s’agisse toujours de la même et qu’elle subisse un entretient en bonne et due forme. On entend bien trop d’histoire glauque sur le sujet. Pas question qu’Alessia en fasse les frais par manque de vigilance. Quelques jours plus tard, les deux amies se retrouvèrent devant l’un des meilleurs spa de New York. Un spa qu’Harper avait pris le soin de choisir sur internet, d’après les commentaires excellents laissés par d’autres clients. Au programme : massage, soin du visage, manucure et pédicure, sans oublié le sauna et le bain à remous. Le mois d’avril n’était pas le même ici qu’en Californie ; Olivia et Harper avaient très froid et étaient presque ridicules sous leur grosse veste respective, tandis que d’autres habitués se baladaient en t-shirt. « T’as raison, dépêchons-nous ! On nous attend de toute façon. J’ai opté pour un massage aux pierres chaudes, mais la dame m’a dit que tu serais libre de choisir le tien le moment venu ! », répondit-elle, faisant preuve d’impatience. « Si tu savais comme j’en rêvais… », ajouta-t-elle, rêvant déjà de la journée qui les attendaient. Elle vérifia une dernière fois son téléphone portable : pas de nouvelle de la babysitter. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, n’est-ce pas ? Les deux anciennes bêtas pénétrèrent à l’intérieur du spa et furent accueillie pas une demoiselle très sympathique, qui leur donna peignoir et autres gadgets dont elles pourraient avoir envie. « Allez-vous changer, puis vous trouverez des chaises longues sur lesquelles vous reposer, en attendant qu’on vienne vous chercher », annonça la réceptionniste. « Super, merci ». Quelques minutes plus tard, les voilà affalées sur des sièges extrêmement confortables. « Vous voulez boire quelque chose ? » proposa une autre femme. Harper opta pour un thé vert glacé, sa boisson de prédilection. Elle ferma ses yeux, appréciant enfin de se reposer. Chose qu’elle n’avait pas faite depuis la venue au monde d’Alessia, il y de cela presque neuf mois. « Et sinon, qu'est-ce que tu racontes ? Les amours ? » lança Harper d'un ton curieux. Elle et Olivia n'avaient eu que très peu de temps pour discuter depuis qu'elles avaient débarqué à New York. L'occasion était enfin là.