Ma maman m'a toujours dit qu'elle aimait ce genre de réveil. Elle adorait ces matins de week-end à l'aube desquels ces trois petits poussaient doucement la porte de la chambre, des étoiles plein les yeux, et débarquaient à la file indienne pour la sortir du pays des rêves. D'abord Kent, ses grands yeux verts et ses bouclettes, puis Deepika, sa douce voix et ses mots gentils, et moi, mes fesses encore enveloppées dans une couche culotte et mon sourire ravageur. Aujourd'hui, j'ai passé la trentaine, et c'est à mon tour de connaître ce bonheur. Allongée paisiblement dans mon lit, je ne dors que d'un oeil. J'écoute ce qu'il se trame dans la pièce à côté, j'entends les petites voix de mes bébés, qui chuchotent à voix haute et manigancent quelque chose de visiblement diabolique étant donnés leurs ricanements. Je ne peux m'empêcher de sourire, ils sont tellement craquants mes petits schtroumpfs. Et voilà que leurs pas se rapprochent, et que la porte de notre chambre grincent pour les laisser apparaître dans l'ouverture en criant "Papa !" et "Maman !", sauter sur le lit et nous réclamer des câlins. Nous nous redressons donc, nous appuyant contre la tête de lit, et nous nous frottons les yeux alors que les deux poussins insistent encore. Nous jouons donc avec eux, chatouilles et batailles de polochons sont au rendez-vous, mais comme toute maman je ne peux m'empêcher d'observer d'un oeil attentif et bienveillant cette adorable bataille, à l’affût d'un mauvais mouvement qui pourraient blesser l'un de mes bébés. Au terme de ce doux affrontement, Axel finit dans tes bras et les fesses matelassées garantie Pampers de Cara près de moi. Alors que je fais passer les longueurs blondinettes de ma fille derrière ses épaules et que je délivre un grain que le marchand de sable a laissé tomber au coin de l’œil de mon fils, tu me regardes avec ces yeux que j'aime tant, ceux qui m'assurent que tu es au moins aussi heureux que je ne le suis, avant que tes lèvres ne rejoignent finalement les miennes dans ce doux et court baiser, qui témoigne de tout l'amour et toute la tendresse que nous éprouvons l'un pour l'autre depuis de longues années maintenant.

- Merci de m'avoir donné de si adorables chatons mon bébé..

Mon nez profite de la proximité de nos visages pour venir caresser le bout du tien, comme le feraient les peuples des grands froids, et je t'offre mon plus beau sourire avant de te souffler..

- Des comme ça, je t'en fais autant que tu en veux..

.. et de t'embrasser à nouveau. Berk ! lance alors Cara en posant ses petites mains sur sa petite bouche, l'air taquin, alors que simultanément son grand frère s'exclame en gesticulant N'importe quoi Papa ! On est pas des chats ! Je ne peux m'empêcher de rire et je m'enfouis à nouveau sous la couette en riant, mais c'est alors qu'Axel mentionne la cabane que tu lui promets depuis le début du mois. Dieu merci, ça fait des lustres que des dizaines de planches ont envahis le garage, vivement qu'elles soient transformées en une jolie maisonnette de bois à côté du grand cerisier. Je me surprends à rêvasser un moment. Moi aussi j'avais une petite cabane au fond du jardin, en Arizona. Une fois la construction terminée nous n'avions toujours pas réussi à nous mettre d'accord sur la couleur que devait avoir la façade, donc mon père a décidé de nous faire peindre un mur chacun de la couleur que nous voulions, et la façade principale, celle de la porte, lui s'en chargerait. J'ai eu droit à la face à la gauche, je l'ai peinte en rose. Deepika a peint l'arrière en vert et Kent le côté droit en bleu pâle. C'était absolument immonde, une abomination visuelle. Sauf le front. Mon père l'avait coloré en jaune pâle, et avait dessiné un pot de fleurs au pied de la porte, au dessous d'une boîte aux lettres et d'un perchoir à oiseaux à gauche. C'était magnifique. Et si j'y repense maintenant, c'est parce que je serais incapable de faire quelque chose d'aussi beau. Ma mère s'était occupée de l'intérieur. Elle avait déposé une grande couverture, tout au fond, avec des tas de coussins, et accrochait tous nos dessins sur les murs. Je ferais la même chose pour la cabane de mes loupiots, et je suis à peu près persuadée que je ferais ce que ma mère ne nous a jamais avoué mais dont j'étais certaine qu'elle faisait ; quand les enfants sont à l'école, passer se reposer dans cette cabane, sur ce nuage de plume dans le coin, et imaginer l'avenir. S'imprégner de la sérénité qui se dégage du lambris, comme dans une bulle de bois, un échappatoire taillé dans l'amour dans sa forme la plus forte. Je suis certaine qu'elle faisait ça, Maman. Maman..

- Mamaaan !!

Je redescend de mon petit monde suspendu quand la couette glisse à mes pieds, accompagnée d'éclats de rire, et que tu t'approches de moi l'air aussi malicieux que les deux minets.

- Tu as promis un coup de main hier soir, amour ... allez debout !

Avant que je ne puisse affirmer mon opposition, tu me soulèves dans tes bras, acte qui a pour effet instantané de me faire échapper un léger cri de surprise, qui fait très vite place à des rires. Je m'accroche à toi, fort, très fort. J'enfouis mon visage dans ton cou et fais mine de me rendormir pour amuser les enfants, mais en réalité, je profite de l'odeur de ta peau. De la caresse rugueuse de ton rasage imparfait. Je m'enivre de ton parfum, un doux mélange de souffre et de miel, que j'ai tellement envie de goûter présentement. J'ai tellement envie de nous retrouver, tous les deux, tu n'imagines même pas à quel point. Je me doute que toi aussi tu voudrais qu'on se laisse plus souvent aller, comme avant, alors attend de voir ce que je te réserve ce soir. Nous devrions dormir chez mes parents, mais il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas à propos de mon refuge en Arizona..

Arrivés à la cuisine, c'est presque avec regret que je me sépare de tes bras. Je te propose alors d'aller habiller les enfants pendant que je prépare le petit déjeuner. Quelques minutes passent, les poussins sont prêts, tout comme les œufs brouillés, le bacon, et le biberon de lait de Cara. La journée commence bien, il fait beau dehors, tout le monde est de bonne humeur, et nous ne risquerons pas de nous ennuyer avant la nuit. Nuit qui, je te le promet, va te rester longtemps en mémoire mon chat..

J’ai l’impression d’être dans un rêve. Sans doute l’un des plus beaux songes que j’ai osé imaginer. C’est vrai, j’ai eu une vie remplie de belles choses. Au lycée j’ai rencontré l’homme de ma vie. Quelques années plus tard, mon père lui accordait ma main et lui me donnait son nom, une superbe réception s’en ai suivi, pleine de surprises et de rebondissements. A la suite de cela, nous nous sommes offert la plus belle lune de miel, à mi-chemin entre idylle et paradis, entre ciel et terre. Une parenthèse de bonheur à l’état pur à laquelle je repense avec nostalgie, en restant certaine qu’un jour, nous la revivrons, d’une façon ou d’une autre. La suite logique à tout cela fut l’arrivée de notre premier bébé, Axel, il y a six ans. Même si sa naissance n’a pas été de tous repos, le simple fait d’enfin tenir ce petit bout de chou dans nos bras nous tous les deux a ému aux larmes. C’était magique, tout simplement magique. Personne ne peut réaliser ce bonheur intense de voir débarquer un concentré miniature de deux être qui s’aiment. Quand je regardais ce tout petit bébé, là où tout le monde voyait un petit singe sans poil tout rose qui brame, moi je voyais trois petits kilos qui me rattacheraient à l’homme que j’aime, pour le reste de ma vie. Un petit peu de lui, un petit peu de moi, ensemble, et parfait. Ce sentiment-là, qu’une mère ressent envers son enfant, est tout bonnement inexplicable, et je l’ai ressenti à nouveau quand Cara est venue au monde. C’était exactement la même chose, si ce n’est que j’avais deux hommes avec moi, mon mari et mon jeune fils, qui, du haut de ses deux ans, voulait à tout prix prendre sa petite sœur dans ses bras. Cette complicité entre eux n’est pas toujours au rendez-vous, mais ça ne les empêche nullement de s’adorer l’un l’autre. Et quand je les regarde faire, comme aujourd’hui, je suis fière. Je suis fière de là où je suis aujourd’hui, de ce que sont mes enfants. Même si je n’ai que trente ans, j’ai véritablement l’impression d’avoir déjà réussi ma vie, grâce à mes enfants, et grâce à mon homme. Celui qui a toujours été là, et qui le sera toujours. Celui qui m’est revenu et qui restera. Celui qui, alors que je le regarde à l’œuvre, torse nu, a la merveilleuse idée de me regarder et de m’envoyer le sourire qui m’achève sur place en un quart de seconde. Celui dont je suis amoureuse, même après autant d’années, et pour qui après autant d’années, c’est tout ce qui compte. Toi.

Toi, qui refuse l’idée que je rentre trois minutes dans la cuisine pour nous servir à boire si je dois m’écarter de ton champ de vision, sache que même j’ai davantage l’air de fuir le labeur auquel tu m’invites, la vérité est que j’aurais mis le moins de temps possible pour faire cette limonade juste pour pouvoir plus rapidement te dévorer du regard. Les années passent, faut pas se mentir, mais les petites pattes de poules qui commencent à se dessiner au coin de tes yeux quand tu souris te donnent un truc en plus que je ne saurais expliquer, mais qui me fait craquer. Je t’aime tellement Jesse Ashron, tu n’as même pas idée de tout ce que je ressens pour toi. Dans un couple on dit toujours qu’il y en a un qui aime plus que l’autre. Si c’est toi le plus aimant, tu dois vraiment être fou à lier. J’y pense quelque fois, avec le sourire aux lèvres, encore comme une adolescente rêveuse.

Décidée à rentrer à l’intérieur pour préparer cette fiche limonade, je me résous toutefois à te quitter du regard quelques secondes, juste le temps de rentrer dans la maison, mais même ce court instant suffit à ce que tu te débrouilles pour attirer à nouveau mon attention. Tes pas résonnent derrière mois, jusqu’à ce que les griffes du chien se mettent elles-aussi à claquer sur les graviers, et finalement j’entends un bruit de fracas, un léger grognement typique de tes instants intrépides qui tournent à la catastrophe et les rires des enfants qui se rapprochent. J’ai tout de suite compris, et me retourne. Mon chéri, tu es irrécupérable ! Te voilà dans une position plutôt étrange, affalé par terre, dans une position intermédiaire entre l’assise et la couchée, le regard exaspéré par le chien qui te tourne autour en remuant la queue. Je croise les bras en m’avançant vers toi lorsque tu prononces à mon intention..

- Au final il est plus rusé que moi car il a réussi à te faire revenir sur tes pas.

Je m’accroupis face à toi quand j’arrive à ta hauteur, et c’est alors que le chien me fait la fête, m’assénant de grands coups de langues auxquels je réponds par de grosses caresses.

- Effectivement, je suis bête, j’aurais dû épouser ce bon gros Ash ! Hein mon chien ! Oh oui ! Oh oui t’es d’accord ! lance-je avant d’éclater de rire.

Je n’ai pas le temps de me calmer que tu me tires par le bras et j’atterris au-dessus de ton visage. Tu sais comment ça se finit quand on commence de cette façon, mon chat, et tu le fais exprès. Je finis de rire, redevenant silencieuse petit à petit sans perdre mon sourire, qui visiblement, contamine tes lèvres.

- Allez jouer plus loin deux minutes les bébés, on va faire des bisous de chat... Les bambins s’éloignent alors en sautillant et en gloussant, accompagné d’Ash qui bondit à leurs côtés en jappant et en remuant la queue. Ne me prive pas comme ça de toi sans crier gare. Je déteste quand tu cherches à t'échapper.

Ta main passe alors derrière mon crâne, et invite mon visage à se rapprocher du tien, si bien que tu poses un doux baiser sur mon front et que, comme pour en profiter davantage, je ferme les yeux. Je ne les rouvre pas. Pas tout de suite. Je me laisse charmer par tes mots doux. Tu es tellement belle.. Je sens que tu te rapproches. Ton souffle caresse ma peau, jusqu’à ce que tes lèvres rejoignent les miennes, et que nos langues se mêlent délicieusement. Tout doucement. Tout en sensualité. Mes doigts caressent ton visage, doucement, alors que tes lèvres parcourent avec tendresse mes joues, mes tempes..Si tu prends part active à la construction de cette cabane, je t'y ferais passer des nuits dont tu te souviendras toute ta vie ...

J'arque un sourcil, l'air intéressée, et me sépare progressivement de moi avant de pousser un Oh.. et que nous nous redressions. Assis sur le sol, moi sur toi, mes doigts divaguent dans ta courte chevelure blonde, alors que même dans mon regard on peut voir que je m’apprête à te taquiner..

- Mais quand même, quel exemple tu donnes aux enfants ! S’il s’y prend aussi bien que toi, ton fils aura toutes les filles à ses pieds avant même d’avoir du poil au menton, et tu seras grand père avant d’avoir eu ton premier cheveu blanc ! Quite à te taquiner, autant te flatter, et faire comme si je ne t’en avais pas déjà arraché quelques uns. Et ta fille, par contre, elle finira seule et frustrée, parce qu’elle n’aura pas trouvé un homme qui arrive à la cheville de son papounet chéri et après avoir brisé des millions de cœurs, parce qu’elle sera quand même au moins aussi canon que sa maman, se rabattra sur les chats, les chocolats, et le bacon.

Okay. Ma connerie m'impressionne un peu. Même si je ne souhaite bien évidemment pas tout cela à ma petite princesse, je ne tiens pas non plus à ce que mon fiston soit papa trop vite ! J'éclate de rire, avant de poser un rapide baiser sur tes lèvres, et de me relever avant même que tu puisses me retenir. Debout devant toi, je tends la main en ta direction, et te lance, sur un ton à la fois espiègle et séducteur, un grand sourire aux lèvres..

- Aller mon prince charmant, viens me construire mon palais des mille et une nuits.

Je suis plutôt fière de nous. En une journée de travail, la cabane est déjà à demi montée. Il nous faudra récupérer des plaques de PVC transparent ainsi que de quoi faire un joli toit, et d'ici la fin du mois, il ne fait aucun doute que Cara et Axel s'y amuseront. J'imagine déjà les tas de jouets qui vont s'entasser à l'intérieur de leur petite maison de bois. Alors que tu proposes à ton fiston de fixer la dernière planche avec le dernier clou de la journée, je prends Cara en lui promettant que le chantier n'avancera pas plus sans elle, mais que maintenant, il est l'heure de se faire jolie. Effectivement, pendant que les hommes de la maison rangent les outils, la petite dernière barbote dans son bain, entourée de nuages de mousse rose. Une fois toute propre, je lui sèche les cheveux et tresse sa crinière blonde selon une technique que j'ai accidentellement mise au point alors que j'essayais de faire une tresse africaine. Pendant ce temps, j'entends l'eau qui coule de l'autre salle de bain, accompagnée de rires, je ne peux que supposer qu'Axel subit le même sort que sa petite sœur qui, d'ailleurs, insiste fortement pour porter une robe ce soir. La coquetterie de ma fille m'étonnera toujours, j'étais un véritable garçon manqué étant petite, elle ne tient surement pas cela de moi. Mmmh, Jesse ?

Une petite demi-heure plus tard, nous voilà tous prêts à quitter la maison pour la nuit. Nous nous apprêtons à rejoindre Santa Cruz où mes parents ont acheté une charmante maison sur la plage. Leurs trois enfants étant installés en Californie, ils ont voulu à leur tour avoir un pied à terre près de l'océan, et près de leurs petits enfants, que leurs allers et venus permettent de voir plus souvent que s'ils vivaient perpétuellement à Casa Grande. Ce soir, tout le monde sera là, et je dois dire que j'ai quelques appréhensions. Disons que certains éléments perturbateurs ont le don de mettre de l'eau dans le gaz dès qu'ils ouvrent la bouche, et que certains événements ont aboutis à des tensions qui, à mon avis, ne se dissoudront pas de si-tôt..

Il ne nous a pas fallu plus d'une heure et demi pour arriver à Santa Cruz, mais ce fut suffisant pour que les petits s'endorment sur la banquette arrière. Alors que tu arrêtes la voiture dans l'allée, je me retourne vers eux. Je n'ai presque pas envie de les réveiller, ils ont l'air si paisibles, Cara, la sucette à la bouche, et Axel, les cheveux en bataille. Tu te retournes bientôt toi aussi, alors que je te murmure..

- Regarde, c'est trop mignon, ils bavent en dormant.. tout comme toi !

Les yeux pétillants, je ris et te bondis dessus pour te câliner et t'embrasser, avant de descendre finalement de la voiture. Mes parents doivent nous attendre avec impatience. Nous enlevons finalement nos chatons à leurs jolis rêves, leur annonçons que nous sommes arrivés, et d'un seul coup les voilà survoltés. De vrai pile électriques ces minots ! Ils prennent même les devants en courant vers la porte, ne se préoccupant même pas de ce que leurs vieux parents deviennent. Nous échangeons un regard complice, je prends ton bras et ensemble, nous rejoignons nos enfants, qui, impatients, frappent finalement à la porte.

C'est leur grand-père qui leur ouvre, et qui, lançant une exclamation de surprise, serre ses petits enfants dans ses bras avant qu'ils ne s'échappent en ricanant à l'intérieur. Les yeux de mon père s'illuminent quand ils les voient, et c'est un spectacle duquel je ne pourrais jamais me lasser. Il ouvre ensuite les bras en me regardant et lance " Ma petite fille !" quand je me blottis contre lui, puis il te salue d'une accolade chaleureuse et d'un large sourire. Alors fiston, comment vont les affaires ? Il t'aime beaucoup tu sais, vraiment. Nous rentrons finalement tous les trois, et pénétrons ensemble dans le salon.

Là, assis sur les canapés autour de la table basse remplie de biscuits salés et de petites préparations indiennes dont je raffole personnellement, nous attendent ma mère, mon frère Kent, sa femme Mandy, alors que plus loin, s'amusent Faith et Alan, leurs enfants. Nous nous saluons affectueusement et entamons une discussion tout à fait cordiale alors que la petite tribu de mini-nous s'affaire bruyamment à la construction d'une ville de légos de l'autre côté de la pièce. Nous plaisantons et prenons du bon temps ensemble, partageons nos aventures de ce dernier mois. Nous apprenons qu'Alan a tombé sa première dent de lait, que Kent a été promu au poste de chef de la chirurgie cardiaque de l’Hôpital des enfants de Los Angeles, et que mes parents vont bientôt recevoir nos cousins d'Inde à la maison. Beaucoup de bonnes nouvelles en somme, et encore, je pense que l'on cherche à nous en cacher encore une. J'ai bien remarqué que le ventre de Mandy s'était légèrement arrondi, mais je mènerai mon enquête pendant la soirée pour essayer de constater si un joyeux événement est effectivement en route.

Notre conversation s'arrête soudainement lorsque l'on toque trois fois sans ménager la porte. Les sourires se perdent, et chacun se regarde l'un l'autre. Je soupire, serre ta main, et me lève pour me diriger vers l'entrée. Kent me regarde fixement, toi aussi, je sais ce que cela veut dire, je vous réponds en souriant alors que mes doigts se referment sur la poignée, et que je la tourne, finalement, laissant apparaître dans l'ouverture, deux des trois bouilles qui manquaient jusqu'alors à la soirée. D'abord, Leela, ma petite nièce de cinq ans. Je m'accroupis et pose un baiser sur son front avant qu'elle ne file saluer les autres et jouer avec ses cousins. Puis Zack, le mari de Deepika. Toujours aussi grand, avec son sourire toujours aussi brillant, et son air toujours aussi con.

- Alex ! Dans mes bras ma poule ! lance-t-il en m'étranglant entre ses biscottos outrageusement gonflés alors que sur mon visage s'affiche l'expression de dégoût la plus évidente.
- Salut.. Zack..
- Ta soeur arrive. Elle s'est cassé la gueule dans les escaliers, elle finit de maquiller son bleu dans la voiture.

J'arque un sourcil alors qu'il s'avance vers le reste de la famille. Il a anticipé ma question, mais sa réponse ne me convient pas le moins du monde. J'ai beau ne pas être l'incarnation de la féminité, je pense être en mesure de dire qu'une femme normalement constituée n'aurait jamais l'idée de recouvrir son genou de fond de teint pour cacher un hématome. Mais qu'importe. Je laisse la porte ouverte, ma sœur rentrera quand elle sera prête. Un rapide coup d'oeil dehors me permet de constater que Pikachu est bel et bien dans la voiture, je lui fais un signe de la main avant de rebrousser chemin. Je me rassois à côté de toi sur le canapé, saisis ton bras et te glisse à l'oreille, bien peu rassurée..

- Toi aussi tu sens que quelque chose de mauvais va arriver..?

Et voilà que Deepika débarque dans le salon. Un oeil au beurre noir et la lèvre fendue. Mes mâchoires se serrent, de même que tous les muscles de mon corps, et je peux aisément constater que les tiens font la même chose. Tous les regards se braquent sur Zack, qui est bien le seul à ne pas avoir remarqué l'entrée en scène de sa femme..