22H. Après une soirée passée en compagnie de sa meilleure amie Meleya, se trouvant être aussi la doyenne de la confrérie où réside Ellie, c'est-à-dire les alphas. Les deux jeunes femmes se sont retrouvées le temps d'une soirée, afin de débriefer sur la rentrée et de passer une soirée entre filles, à manger n'importe quoi et à regarder des films romantiques, voir à l'eau de rose. Ellie est une fan de ce genre de soirée en compagnie de ses amis et il faut dire qu'avec Meleya, la française ne s'ennuie jamais. Elles trouvent toujours quelque chose à faire ou à se raconter. Comme des filles quoi. Ellie ne souhaite pas rentrer tard, sachant que le lendemain son premier cours se déroule à huit heures du matin. Et sachant que l'alpha n'est pas vraiment du matin, il faut au moins ses neuf heures de sommeil afin qu'elle se sente en forme et de bonne humeur. La jeune femme déambule dans les rues de San Francisco et décide de passer par le parc Presidio pour rentrer à l'appartement qu'elle partage avec son ami de toujours, Maxim Caldwell. La nuit est déjà tombée depuis un petit moment, et il n'est certainement pas très prudent pour une jeune femme de se promener seule la nuit, mais Ellie se refuse à rester enfermer chez elle sous prétexte que le monde peut être noir et cruel quelques fois. Elle se refuse à écouter ces voix qui lui intiment de faire attention, qu'il pourrait arriver quelque chose. Elle se refuse à ne pas vivre comme elle l'entend. Elle se refuse à ne pas vivre tout court. Ellie fait partie de ces personnes un peu naïve, voir utopiste, à se laisser convaincre que le bon l'emporte toujours sur le mal, que la vie mérite d'être vécue coûte que coûte, qu'il peut arriver de très belles choses dans le plus sombre des moments. Enfin, elle le pensait, jusqu'à aujourd'hui. Ellie traverse le parc d'un pas assuré, pressée d'arriver chez elle et s'enfouir au fin fond de son lit. Elle ne fait pas attention à ce qui l'entoure, jusqu'à qu'une voix l'interpelle. « Hey toi ! ». Ellie se retourne et elle comprend vite que les problèmes ne vont pas tarder à survenir. Un groupe de trois hommes, de son âge, voire d'une ou de deux années de plus qu'elle, s'approche d'elle d'une démarche féline. Le sang de la jeune femme se glace, leurs visages n'ont rien d'amical. Bien au contraire. « Tu sais que ce n'est pas prudent d'être toute seule ici, à cette heure-là ? ». Ellie voudrait s'en aller, mais les trois jeunes gens l'encerclent si vite qu'elle n'a le temps de réagir ou de prendre ses jambes à son cou. De plus la peur la paralyse et la tétanie complètement. « Donne nous tout l'argent que tu as sur toi. On sait que tu es une Grimaldi et on compte bien en profiter ce soir » l'informe le plus costaud de la bande. Ca ne sent vraiment pas bon tout cela. Le pire, c'est qu'Ellie est allée chez Meleya sans le moindre sac à main ni portefeuille sur elle. « Je n'ai rien sur moi désolé... » dit-elle, d'une voix chevrotante, voire tremblante. Des larmes de stress commencent à menacer de s'écouler, mais la jeune femme se mord l'intérieur des jours pour ne pas leur donner ce plaisir. « Et bien tu vas tout donner ce charmant petit collier que tu portes. Non d'ailleurs on va se servir nous-même, vous en pensez quoi les gars ? ». Les deux autres hommes acquiescent aux dires de leur comparse, s'esclaffant au passage. Ellie s'en doute, elle va passer un sale quart d'heure et  ne sait pas comment se dépatouiller de cette situation. « Tu sais ce qu'on leur fait aux petites bourgeoises comme toi ? ». La jeune femme n'a pas le temps de réagir qu'un premier coup de poing lui ai assigné au visage. Ce dernier est d'une telle violence que la française en perd l'équilibre et se retrouve au sol, totalement à la merci de ses bourreaux. D'autant plus que ses agresseurs ne comptent pas s'en arrêter là, puisque la jeune femme reçoit une pluie de coups de pieds dans le ventre. Ellie ferme les yeux, elle ne sent plus la douleur tant ces hommes s'acharnent contre elle. Seul le goût du sang dans la bouche lui reste. Elle ne crie pas, ne pleure pas, ne réagit pas. Elle n'en a plus la force. Son visage est complètement tuméfié de coups, tout comme son abdomen. Elle prie pour ses agresseurs cessent leur petite activité. Elle est fatiguée tout à coup mais soupire de soulagement lorsque ses bourreaux décident de prendre la poudre d'escampette, à l'entente d'une sirène de police passant un peu plus loin. La jeune femme, au sol, ne bouge plus. Elle n'en a pas la force. Alors elle reste ainsi de longs instants, à la limite de l'inconscience. 23H30. Après un moment de flottement, Ellie revient petit à petit à elle. Elle n'a aucune idée du temps pendant lequel elle est restée inconsciente. La douleur se manifeste alors, tandis qu'elle tente de se relever doucement. Impossible. Alors, tant bien que mal, elle s'assoit afin d'extirper son téléphone de la poche de son jean. Elle décide d'appeler Caleb. Il est le premier nom auquel elle a pensé, et surtout, jamais elle n'appellerait Maxim, son meilleur ami, qui serait bien capable de poursuivre ces hommes afin de commettre un meurtre. Hors de question. « Ca..leb ? Caleb, c'est Ellie » informe-t-elle, une fois que son ami à décroché. Sa voix est faible et des perles salées inondent  ses joues enfantines. « J'ai besoin de ton aide ». Ellie est en pleur, elle ne réalise pas encore bien ce qui lui est arrivé, mais une chose est certaine, elle est effrayée. « Est-ce que tu peux venir au parc Presidio s'il te plait ». Sa voix se montre suppliante. La monegasque est en plein désespoir. Du sang s'écoule encore de son arcade et de son nez. « C'est urgent, viens vite.. ». Aussi vite que tu le peux Caleb.

« C'est bon Jules, je ne suis pas un bébé. Je n'ai pas besoin que tu me maternes. » Maugrée Caleb en se renfonçant dans son lit, sous sa couette moelleuse. Depuis qu'il est sorti de l'hôpital, sa jumelle adore prendre soin de lui comme elle le dit. Lui a plutôt tendance à affirmer qu'elle le dorlote comme une mère poule et il commence à en être fatigué. Tout ce qu'il souhaite, c'est se mettre un film et s'endormir devant pour être réveillé demain matin par son réveil et aller en cours. Supporter Jules et ses éternelles recommandations lui donnent envie de s'étouffer avec son oreiller pour y échapper. Le iota finit par convaincre son double qu'il a une envie irrésistible de dormir et qu'il faut qu'elle aille rejoindre les bras de Morphée elle aussi. A vrai dire, le plus important est qu'elle s'en aille, peu importe le motif. « Oui, oui, allez. Bisous et bonne nuit. » Caleb la congédie d'un vague geste de la main et c'est avec un soulagement immense qu'il voit Jules trottiner vers la porte et la fermer derrière elle. Avant, il avait tendance à la laisser ouverte pour dormir. Maintenant c'est différent. Surtout depuis que Babi a découvert son fameux secret. Rassuré à l'idée d'être seul durant les prochaines heures, le jeune homme ferme les yeux et savoure avec bonheur le silence. La vibration de son cellulaire fait trembloter sa table de chevet et c'est avec un soupir à peine dissimulé que Caleb attrape son téléphone. Selon le nom de son interlocuteur, il verra s'il répond ou pas. Et si c'est Jules, il l'envoie directement au diable. Cependant, ce n'est pas le sien qu'il aperçoit. Le prénom d'Ellie s'affiche sur l'écran et il fronce les sourcils. A cette heure aussi tardive, il est surpris qu'elle l'appelle. Surtout qu'ils n'ont pas forcément prévu de se voir dans les jours à venir. Néanmoins, il s'agit et elle représente énormément pour lui. C'est ce fait indéniable qui le pousse à répondre rapidement. Au début, le jeune homme a l'impression qu'il y a comme des interférences entre eux. Des bruits étranges qui font qu'il ne comprend pas très bien ce qu'elle lui dit. Cependant, Caleb saisit tout aussi vite que ce sont les sanglots de la brune qui coupent régulièrement leur discussion téléphonique. Dès cette seconde, il commence à paniquer à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose. « Ellie, calme-toi. J'arrive tout de suite ok ? Surtout ne bouge pas et attends-moi dans un coin reculé. » Il raccroche immédiatement et attrape les clés de sa voiture. Il ne lui reste plus qu'à s’éclipser de la maison sans qu'aucune des trois filles ne le remarque. Sinon il devra se perdre en explications et il perdra du temps. Ce qui lui est impossible. Le iota descend les marches le plus silencieusement possible. Par chance, personne ne se trouve au rez de chaussée, ce qui lui permet de filer. A partir de là, plus rien d'autre ne hante son esprit à part Ellie. Comme on le dit si familièrement, il appuie sur le champignon. Les kilomètres défilent rapidement et Caleb grille ou ( voire même plusieurs ) feux rouges. Il arrive au parc Presidio et se gare vite fait, bien fait avant de sauter hors de son véhicule. A partir de là, Caleb se met à courir en criant le prénom de l'alpha à tout va. Il fait nuit et il ne distingue aucune silhouette. Pour un peu, il s'en voudrait de lui avoir dit de se mettre à l'abri. Les chemins du parc défilent et toujours pas de Grimaldi. « Ellie ?!? » Crie-t-il quelque peu désespéré de ne pas la retrouver. C'est finalement un murmure qui l'interpelle. Il s'élance vers le son et voit la jeune femme. Quand il constate son état, Caleb tombe à genoux pour se mettre à la hauteur d'Ellie et il attrape avec douceur son visage pour contempler les dégâts. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qui t'a fait ça ? » Chuchote-t-il horrifié. Des bleus s'amoncellent sur ses pommettes et elle risque d'avoir un bel œil au beurre noir dès demain. Pour ne pas dire d'ici quelques heures. « Tu peux te lever ? » Le sportif se remet sur ses pieds et finit par soulever l'alpha. A bien y réfléchir, il ne faut pas qu'elle marche. Si son visage est aussi abîmé, dieu seul sait l'état de son corps. Il la cale contre lui de façon à ce qu'elle soit installée confortablement et il rebrousse chemin. Direction sa voiture. Et ensuite … « Je t'emmène à l'hôpital. » Dit-il d'un ton sans réplique. Elle ne va certainement pas lui faire avaler qu'elle a trébuché et qu'elle s'est cognée la tête la première dans un arbre. Parce que sinon cet arbre avait des mains féroces.

Spoiler:

« Oh Ellie ! » S'exclame Caleb en tombant à genoux en face d'elle et en l'entourant de ses bras qui se veulent protecteurs. Il la berce durant plusieurs minutes en espérant que ce geste parviendra à calmer un minimum les sanglots qui la font tressauter contre lui. Il désteste la voir aussi malheureuse et il se met à haïr ces mecs qui osent s'en prendre à une femme seule plutôt que de trouver quelqu'un à leur taille. Il caresse tout en douceur les cheveux de l'alpha tout en lui affirmant gentiment. « Tu ne pouvais rien faire Ellie, rien du tout. Et heureusement que tu n'as pas essayé parce que dieu seul sait ce qu'il t'aurait fait. » Rien que le fait d'imaginer les atrocités qu'elle aurait pu subir de la part de ses bourreaux … Caleb en a le ventre qui se tord et des frissons qui se répandent le long de son échine. Elle est trop fragile et trop choquée pour marcher alors il la porte. Et forcément il lui assure avec vigueur que le prochain endroit où ils vont aller sont les urgences. L'incompréhension se peint sur le visage du jeune homme quand elle refuse net. Elle ne comprend pas la gravité de ses hématomes ou quoi ? « Mais tu es blessée ! Ellie, sois raisonnable s'il te plaît. Il faut que tu te fasse ausculter, qu'un médecin prenne soin de toi ! » Et dans les plus bref délais, ce ne serait pas du luxe. Ça il le garde dans un coin de sa tête et ne lui dit pas pour ne pas l'affoler. Mais ce n'est pas beau à voir … Pas beau du tout. Et ses compétences en matière d’infirmier sont limitées alors il ne s'imagine pas trop pouvoir ( et savoir ) soigner ses plaies correctement. Bref, ils sont dans la merde. D'un côté, il ne souhaite pas aller à l'encontre de l'envie de la brune mais de l'autre, il sait fort bien qu'un petit tour par la case urgence à l'hôpital ne serait pas superflu. Dans sa tête, le pour et le contre s'affrontent et Caleb a bien du mal à se décider. Les supplications d'Ellie le font finalement pencher en sa faveur. Pas de commissariat ne les urgences pour cette nuit. Toutefois, il faudra qu'ils en parlent sérieusement dès demain matin pour aller porter plainte. Il était hors de question que ces malfrats s'en sortent les mains dans les poches et le sourire aux lèvres. « D'accord euh … Laisse-moi réfléchir. On va aller chez moi. » Chez lui, chez lui … Il n'en a plus réellement depuis que Levy est parti et qu'il a laissé leur maison. Désormais il vit avec sa jumelle, Sara et Babi. Autant dire qu'ils vont devoir la jouer serrer pour qu'aucune des trois filles ne les voient entrer. A tous les coups, elles poseraient des dizaines de questions en découvrant le visage de l'alpha. Et elles auraient bien raison. Seulement, Caleb n'aurait pas de réponse correcte à leur fournir. Donc le mieux est qu'ils se fassent tout petits. Il resserre quelque peu son étreinte lorsque la jeune femme le remercie d'être venu à sa rescousse. Comme s'il allait faire la sourde oreille alors qu'elle avait besoin de lui. Son ancienne et première amoureuse avait tendance à passer avant tout le monde pour lui. Mais ça, bien évidemment, elle ne le savait pas. « C'est normal, jamais je ne te laisserai. Jamais. » Murmure-t-il avec une sincère ferveur. Caleb marche avec lenteur pour éviter tout soubresauts à Ellie. Ils arrivent à la voiture et le jeune homme la dépose au sol et lui ouvre la portière de manière à ce qu'elle puisse s'installer comme elle le désire. Puis il prend la place côté conducteur. Tout en conduisant, il reste muet de sorte à ce qu'elle puisse se reposer si elle le veut. De son côté, il réfléchit à toute vitesse. Il n'a pas de quoi soigner de telles blessures avec lui. Il est très bien achalandé niveau médicaments avec sa maladie mais il n'a pas de compresses ou de désinfectant, ce qui va rendre la guérison périlleuse. En passant devant une pharmacie de garde, le sportif pile devant et descend en hâte. Il revient une dizaine de minutes plus tard et dépose un gros sac sur les genoux de la brune. « Je ne savais pas trop quoi prendre … Alors j'ai demandé un peu de tout et n'importe quoi. » Dit-il un peu timidement avant de reprendre la route qui les mènera chez lui. Il s'est peut-être un peu trop emballé dans ses achats mais mieux vaut en avoir trop que pas assez. Ils arrivent à la demeure du iota et c'est à partir de ce moment que les choses sérieuses débutent vraiment. Une fois Ellie sortie de la voiture, Caleb l'aide à marcher jusqu'à la maison. Sa chambre se trouve à l'étage alors il la reprend dans ses marche et monte l'escalier avec la légèreté d'un papillon. Puis il ferme la porte de sa chambre à clé. Heureusement, Caleb dispose de sa salle de bain personnelle. Ce qui va leur éviter de faire des allers-retours incessants. « Je ne sais pas trop par quoi il faut commencer. » Annonce-t-il en renversant le sac sur son lit. « Par ton visage peut-être ? Ou ils t'ont amoché le corps aussi ? » Soudain, il se sent un peu nerveux à l'idée de la toucher. Il n'est plus habitué à avoir des rapprochements physiques quelconques. Avec son caractère bordeline, il se tient à distance des gens généralement. Mais ce soir va être une exception. Son exception.