J'étais perdue. Un jour tout allait bien et l'autre, rien n'allait plus, c'était pire qu'une girouette cette nana. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'aimer Charlie, c'était sans doute ça le pire. J'aurais aimé être sans coeur, lui dire de dégager de cette ville, ce pays, mais rien à faire, en l'écoutant parler, je ne voyais que ces efforts. Peut-être qu'elle méritait plus Charlie que moi, au final. J'avais du mal à ne pas lâcher un truc du genre.. T'aurais mieux fait d'abandonner etc. Mais je savais que ce n'était pas le genre d'Emma, de lâcher prise, encore moins quand il s'agissait de Charlie, malheureusement. Je ne pouvais pas non plus dire que je ne voyais pas pourquoi elle s'attachait tant, non, ça aurait été tellement hypocrite. Sinon, je n'avais plus qu'à me questionner moi-même. Pourquoi t'as eu ce coup à l'estomac quand tu lui a parlé la première fois ? Pourquoi t'as pas été seulement soulagée de le voir à la fête des Omégas mais heureuse, sublimée par sa présence ? Pourquoi ça t'as retourné quand il t'a embrassé ? Pourquoi t'as pas voulu juste être « un coup comme ça » ? Pourquoi tu lui as jamais dit je t'aime avant qu'il se retrouve avec une autre fille ? Pourquoi t'as pris peur ? Pourquoi ça te rendait toute bizarre de la voir, même quand tu savais que t'allais poser tes yeux sur lui dès la matin, parce qu'il s'endormait toujours sur ton lit ? Pourquoi t'avais l'impression de le tromper alors que t'embrassais ton petit copain ? Pourquoi tu t'accroches, même quand il te trompe ? Pourquoi ça t'as détruit de demander le divorce ? Pourquoi ça allait tout de suite mieux quand il était là ? Hein, pourquoi Bela ?

Je ne pouvais pas en vouloir à Emma. Je me sentais un peu.. désolée pour elle. Je n'avais pas la prétention de dire que Charlie l'avait oublié, on ne peut pas oublier quelqu'un, plus.. tourner la page. Mais je savais très bien que dans la même situation, j'aurais été pire. Sans valeur, si ce n'est celle de retrouver ce qui me revenait de droit et oui, c'était sans aucun doute ce qu'elle pensait. Mais voilà, je ne voulais, ne pouvais pas la laisser faire simplement. J'avais compris la fragilité de l'être humain et surtout de ces organes. Peut-être que si jamais lui ne craquait pas quand il se passait quelque chose, moi oui, et j'étais très impulsive. D'où le divorce. Mon Dieu, si elle était arrivée à ce moment, je crois pouvoir aisément dire que jamais je ne serais venue ici en temps que Silver, j'aurais retrouvé le nom de Canterburry et c'est elle qui aurait changé son statut facebook pour « Mariée. ». Charlie était accro à ça, les cérémonies dans les chapelles. Peut-être qu'elle aussi, qu'ils avaient beaucoup plus de points communs que je ne pouvais le voir. Après tout, ils avaient ensemble très longtemps, c'est tout ce que je savais d'elle avant qu'elle ne débarque, à vrai dire. Il n'avait jamais voulu en parler, sans doute parce que cela lui faisait mal. Elle était obstinée, je savais qu'elle l'aimait vraiment, et dans un sens, ça me troublait. De l'autre, ça m'horripilait vraiment. Savoir qu'elle était là, toujours, à mettre des bâtons dans les roues. Même si j'avais pensé tout ça, la seule chose que j'avais pu répondre, c'était quelque de... pas foncièrement méchant. Mais ça venait du cœur, au moins. J'avais ce mérite, c'était bien le seul.

Ah bah putain, pas moi !

J'avais néanmoins fait un regard d'excuse, me rendant compte de ce que je venais de sortir. J'étais horrible, vraiment, quand il s'agissait de quelque chose qui me tenait à cœur. Mais plus que ça, cette relation avait rempli mon cœur à une vitesse inimaginable. Magique. Je pesais mes mots. En l'entendant ouvrir la bouche une nouvelle fois, je ne pus retenir un léger sourire. Ce serait vraiment ignoble d'approuver de dire qu'effectivement, elle ne pouvait plus rien faire. Mais à la place, je me trouvais plutôt.. rien du tout. Je n'aimais pas vraiment juger mes propres actes, souvent parce que je le faisais mal et que dans ce cas, cela ne servait à rien que je me prenne la tête.

- Emma, sincèrement, je suis désolée pour toi. J'aimerais que tu me crois. Et oui, je peux comprendre. Sincèrement, s'il m'arrivait la même chose, je crois qu'à ta place, je me serais arrangé pour attacher Charlie quelque part, parce que l'idée qu'il puisse.. être avec une autre personne m'horripile, je me sens pas bien avec ça dans le crâne. Ou alors j'aurais laissé coulé. Je ne sais pas. Et je sais que ça te fait mal de l'admettre alors.. merci. Mais tu sais aussi bien que moi que même s'il « m'appartient » comme tu dis, expression que je n'aime pas vraiment, si jamais tu continues, c'est moi qui en aurait marre et qui partirais pour te laisser vivre ton bonheur avec. C'est comme ça. Même si j'en aurais pas envie, je sais que je le ferais...