Victoire était arrivée sur le sol australien depuis trois jours. Elle était partie, seule, sans prévenir personne sauf ses parents qui l'avaient accompagné dans cette dure épreuve. Bien entendu, Victoire ne connaissait pas sa sœur, ni même ses parents biologiques mais il y avait trop de chose qui remontaient. Trop de choses dont le fait qu'elle ait été adoptée. Pourquoi ? Question à laquelle elle n'aurait sûrement jamais aucune réponse puisque ses parents biologiques étaient morts et que ses parents adoptifs n'avaient pas questionnés la famille Spencer. Sortant de la salle de bain de l'hôtel, qu'elle partageait avec son abruti de cousin, Charles Édouard, la jeune femme était au naturel comme à son habitude. Elle avait une robe noir, sobre, qui faisait passe partout. Pas de maquillage, rien puisqu'elle savait très bien qu'il y avait une chance sur deux qu'elle éclate en sanglot devant le cercueil pour plusieurs raisons. Le regard des Spencer ne seraient qu'une minime épreuve pour la jeune blonde puisqu'il lui fallait bien plus que cela pour la déstabiliser, pour la blesser. Qu'on le veuille ou non, Victoire avait vécu plus de choses que la plus part des personnes qui seraient présents à cet enterrement et le premier qui se permettrait de lui faire une remarque finirait sur les roses. Toujours sur la défensive, elle ne se laisserait pas attaquer par des inconnus parce qu'ils avaient beau être sa famille biologique, elle s'en fichait comme de l'an quarante. Pour elle, sa famille c'était Heaven, Charles Édouard et ses parents. Un petit cercle restreint et rien d'autres. Elle avait toujours vécu avec eux et finirait sa vie avec eux, bien qu'elle ferait son maximum pour se débarrasser de son cher cousin de corse. Le jeune homme était là, dans son costume noir et il ne bougeait plus. Cela avait été déstabilisant pour lui de savoir que la femme avec qui il était sortit quelques temps était morte mais aussi qu'elle était la jumelle de sa jumelle adoptive. Tout cela devait fortement le perturber mais la jeune blonde ne voulait pas aborder le sujet avec lui. Elle avait longuement entendu parler d'Holly et certes c'était une personne magnifique, certes son deuil serait difficile pour sa famille mais Victoire savait qu'on finissait par s'en remettre à un moment ou à un autre. Cela pouvait prendre du temps, beaucoup de temps mais bon, c'était ainsi. Il était midi lorsque la jeune Alpha quitta sa chambre d'hôtel au bras de son cousin, suivi de près par ses parents. Dès qu'il y avait un événement important dans la vie de la jeune blonde, ses parents n'étaient jamais très loin, pour la soutenir comme ils l'avaient fait pendant plus de vingt et un ans. Couper le cordon ombilicale avait été difficile mais tout allait bien, pour le moment du moins. Une fois arrivé à l'enterrement, Victoire fut invitée à se mettre devant, non loin de Savannah et elle fut obligée de quitter Charles Édouard et ses parents quelques temps. Victoire ne connaissait pas Savannah, son autre sœur, tout ce qu'elle savait c'était qu'elle était à Berkeley depuis peu de temps et cela la stoppait directement. Tout le monde à Berkeley ça commençait à faire beaucoup pour la petite blonde. Une fois devant la tombe, lançant une fleur sur la dite tombe de sa jumelle -triplette du moins- Victoire éclata en sanglot, non pas pour Holly mais plus parce que ce moment lui rappelait l'enterrement de son mari et ça, c'était bien plus dure qu'autre chose. Se rapprochant de ses parents, qui l'attendaient les bras ouverts, elle fut attrapée par une folle furieuse qui devait être de sa famille mais dont elle se fichait comme de l'an quarante. Elle écoutait la jeune femme et plus elle parlait, plus les larmes se stoppaient, comme si elles faisaient chemin inverse. « Et toi écoute moi bien. Je ne connais pas Holly non mais jusque preuve du contraire c'est ma jumelle et pas la tienne alors tu vas baisser d'un ton s'il te plait. Je ne connais pas ma famille biologique mais j'ai encore le droit de pleurer sur leur tombe à ce que je sache, ce n'est pas interdit par la loi. Alors lâche moi la grappe merci. Tu ne me connais pas, tu ne connais pas mon histoire alors tes remontrances tu te les fous où je pense » Victoire n'avait jamais été vulgaire de sa vie mais là c'était bien trop pour elle. Mais pour qui elle se prenait cette petite pimbèche. Elle se dirigea vers ses parents et son cousin mais se retourna et lança « J'honore surement plus Holly en ne faisant pas un speech comme tu es entrain de le faire. Et je ne tiens pas à faire partie de ta famille, j'ai déjà une famille » Un léger sourire en coin et la jeune femme partit en direction de sa famille. Faire un speech devant tout le monde n'était franchement pas sa volonté première, elle qui était des plus calmes en temps normal mais là c'était un peu tout sauf ça. Être à bout était une expression qui lui collait parfaitement à la peau dans cette situation.

Cela faisait quelques heures que l'enterrement était terminé et Victoire était assise sur un banc près de la tombe de sa jumelle mais aussi de celle de ses parents. Quelques personnes se recueillaient sur ces dernières mais la jeune alpha n'osait pas y aller, ou plutôt ne voulait pas y aller. Elle avait passé tellement de temps sur la tombe de son mari qu'elle évitait les cimetières comme la peste. Elle avait failli y finir alors maintenant... Elle regardait dans le vague et voyait la jeune femme qui lui avait limite sauté au coup quelques minutes avant. Elle leva les yeux aux ciels et lorsque la blonde australienne se mit assise à côté d'elle elle dit « Si c'est pour m’agresser, pas la peine » Au moins elle était prévenue. Victoire était gentille mais sa patience avait des limites et ses limites avaient déjà été dépassées parla jeune blonde lors de l'enterrement. Le jugement devait être son action préféré.

Victoire n'avait jamais été aussi méchante qu'elle venait de l'être avec la jeune femme qui était en face d'elle ; une Spencer sûrement. Elle n'avait jamais dit de tels mots et elle se demandait presque comment ces mots pouvaient sortir de sa bouche. Elle qui était toujours si douce, si pure et qui ne faisait de mal à personne, voilà qu'elle se transformait en tornade et mieux valait se planquer parce que le peu de fois où cela arrive, Victoire fait des dégâts. Depuis l'enterrement de son mari, la jeune femme n'avait plus mis les pieds dans un cimetière, sauf pour fleurir la tombe de James. L'épreuve était si difficile et l'idée de savoir que ça aurait du être elle la refroidissait énormément. Elle avait vu le corps de sa triplette devant ses propres yeux et elle se disait qu'elle aurait du être à sa place pour enfin être libre, pour aller rejoindre son cher et tendre aux cieux. Holly avait tellement laissé derrière elle ; ce pauvre Maël qui avait disparu de la face de la planète -même s'il paraissait que ce n'était pas un mal- elle avait laissé deux enfants derrière elle, une cousine, deux sœurs et son ex petit ami qu'elle ne connaissait mais qu'elle admirait fortement pour le courage dont il faisait preuve devant tant de peine et de responsabilités qui lui tombaient dessus en quelques heures. Victoire pensait à tout cela, à tout ce que sa cousine avait laissé derrière elle et elle se disait que franchement, la vie était mal foutue mais à un point... On prenait les êtres pures et on laissait les ordures en liberté ; quelle vie. La jeune blonde n'avait pas voulu rester bien plus longtemps au cimetière et toute la petite famille corse avait compris cela. Ils étaient partis se ressourcer un peu plus loin, dans un endroit moins morbides bien que le cimetière où elle était était presque le seul endroit où elle se sentait en paix. Elle se sentait toujours dans un continuel entre deux ; entre vivre et survivre. Elle ne savait plus quoi faire et cette certaine paix n'était pas pour lui déplaire sauf qu'allait dire ça à quelqu'un, il vous prendrez pour une folle furieuse en moins de deux. Les cimetières étaient des endroits redoutés, des endroits où on allait que pour la Toussaint, pour faire peur lors d'enterrement de corps mais la jeune Alpha voyait cela comme autre chose : c'est l'endroit parfait où repose tous ceux qui n'ont pas eut la chance de continuer de vivre et il fallait avouer que le cimetière où elle se trouvait était plus fleuris que la ville de San Francisco alors comme ça... Une légère brise ramena la jolie blonde à la réalité ; elle ne pouvait pas partir avec ses parents et son cousin en direction de l'hôtel sans rester un petit temps dans ce lieux, histoire de capter la présence de sa sœur, bien qu'elle savait que c'était impossible, improbable et tout ce qui allait avec. Elle ne croyait pas aux fantômes mais de temps à autre, elle aimerait que ce soit possible pour pouvoir parler à ses grands-parents mais aussi pour parler à son défunt mari. Cela avait beau faire plus de trois ans, elle n'arrivait pas à s'en remettre et ne pourrait sûrement jamais le faire ; il n'y avait qu'à voir le blocage qu'elle avait avec les hommes pour comprendre que quelque chose clochait chez elle et pas qu'un peu. Elle était assise sur un banc, à l'écart de tous, attendant sagement que tout le monde déguerpisse parce que toute cette foule la mettait mal à l'aise. Elle ne connaissait personne et pourtant tout le monde semblait la connaître, tout le monde était là à lui dire toutes mes condoléances alors qu'elle ne connaissait même pas Holly avant qu'elle décède. Elle n'était vraiment pas dans son élément mais comme elle l'avait dit à sa cousine il y a quelques temps de cela, elle voulait respecter la mémoire de l'ancienne Thêta et sourire poliment en était une quand on y pensait. Elle était là, perdue dans ses pensées lorsqu'elle vit la jeune femme avec qui elle avait eu un mini altercation s'avancer vers elle. Victoire ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose mais elle savait une chose, elle avait été trop dure il y a quelques minutes et même si elle avait envie de s'excuser, elle préféra ne rien dire. Seuls quelques mots forts peu aimable sortir de sa bouche, au moins sa cousine était mise au goût. Victoire aurait pu continuer sur cette lancée mais l'aveu que lui fit la blondinette lui serra le cœur. Merde, elle n'avait plus de frère, plus de cousine et sûrement plus de parents vu que ces derniers n'étaient pas là. Elle avait touché le gros lot avec cette famille et il fallait dire qu'elle avait mal au cœur pour la jeune Spencer. Victoire était fille unique, elle n'avait jamais eu à pleurer la mort d'un de ses frère, sœur -excepté aujourd'hui- et ce n'était peut être pas plus mal comme ça. Perdre un membre de sa famille relève de l'impensable pour la jeune corse, surtout depuis qu'elle était seule pour surmonter cela -presque seule. « Oh, toutes mes condoléances » Phrase bateau bonjour mais que voulez vous dire à une inconnue, à une femme qui s'ouvre à vous alors qu'il y a quatre heures vous ne connaissiez même pas son existence. Victoire se rendit vite compte qu'elle avait été dure, trop dure avec la jeune femme mais le mal semblait être fait. Sentant un regard sur elle, elle tourna la tête et fit une petite moue à sa cousine. On pouvait lui faire gober tout ce qu'on voulait mais sa voisine venait de verser quelques larmes -ou un paquet même- puisque ses yeux étaient bouffis et légèrement rouges. Elle s'y connaissait en crise de larme la petite Vic. Elle écouta sa cousine et la pointe de jalousie c'était bel et bien fait ressentir. Cette dernière avait eu tord de l'agresser ainsi mais l'Alpha n'y avait pas été de mains mortes non plus ; quoi qu'on dise, il y avait de la rage dans ce petit bout de femme. « C'est pas gr... Fin je comprends, j'ai pas été tendre non plus, c'est peu de le dire mais tu as encore tes neveux non ? J'ai cru comprendre qu'elle avait eu deux enfants et qu'elle les avait déposé chez son ex petit ami avant d'avoir cet accident... C'est toi qui va devoir maintenir la mémoire de leur mère, pas moi.. » Ça au moins c'était clair et net. Victoire ne pouvait pas faire vivre Holly à travers elle, du moins moralement, sur ses anecdotes ; rien, elle ne la connaissait pas mais alors pas du tout. « Je suis désolée d'avoir dit que je n'avais pas besoin de famille tout à l'heure... J'ai mes parents, mon andouille de cousin, mais après, 'fin, j'aimerai quand même apprendre à connaître ma famille biologique ; si ça te va bien entendu parce que Savannah est au même point que moi, c'est-à-dire le point mort. C'est pas facile pour nous de savoir qu'on a été abandonnée à la naissance et on ne saura jamais pourquoi... » Victoire avait beau jouer la grande fière, elle se sentait vraiment mal de savoir que ses parents biologiques étaient morts il y a cinq ans de cela. Les savoir en vie l'avait rassuré ; elle pourrait les questionner un jour ou l'autre mais ils étaient morts, c'était donc fini pour les explications. Elle regarda sa voisine de banc et dit « Je m'appelle Victoire au fait, juste au cas où... » Oui juste au cas où elle veuille l'appeler par son prénom ou autre... une sacré douleur remontait petit à petit et elle aurait franchement voulu tout arrêter en un claquement de doigt ; quelle idée d'être venue ici.

Victoire n'était pas une jeune fille fondamentalement méchante, loin de là même. Elle était plutôt toujours entrain de faire son maximum pour aider les gens et leur faire du bien. Pendant longtemps on c'était occupé d'elle et exclusivement d'elle parce qu'elle était malade et avait failli trouver la mort. Chaque jour, elle se disait qu'elle était vraiment chanceuse d'être toujours sur terre même si les conditions de sa survie n'étaient pas les meilleures qui soient. Elle était assise sur un banc dans le cimetière et ne remballa pas littéralement la jeune femme en face d'elle, sa cousine. Ce mot laissait un drôle de goût amer dans la bouche de la jeune blonde. Pour elle, sa famille c'était ses parents et Charles-Edouard, personne d'autre. Elle avait vécu et grandit avec eux et jusque il y a peu de temps et elle se sentait mal de les avoir abandonné. C'était difficile pour la jeune corse mais elle savait très bien que si elle restait en France, elle penserait trop à James, son défunt mari et souffrir et déprimer n'était définitivement pas la chose à faire, pas maintenant. Cependant, elle restait dans ce cimetière, regardant toutes les âmes en peine qu'il y avait autour d'elle. Elle jouait souvent ''au jeu'' de « celui là à perdu... » lorsqu'elle était en France et là, elle faisait pareil. La grand-mère là bas avait perdu un fils ou son mari, celle là haut son mari ou son frère. Victoire laissait courir ses yeux sur tout le monde, elle voulait tenter de lire à travers leur regard, lire leur peine pour mieux comprendre pourquoi tout cela lui faisait du mal, beaucoup de mal mais pas assez à son goût. Elle n'était pas sado maso, elle n'aimait pas souffrir mais là, ce n'était pas la même chose. Quand elle avait vu arriver sa cousine, jamais elle n'aurait pensé qu'elle avait perdu son frère il y a quelques années de cela. Un accident, un homicide, un suicide, Victoire n'en savait rien et elle n'avait pas trop envie d'évoquer ce sujet, surtout depuis qu'on lui répétait sans cesse que James n'était sûrement pas mort dans un accident mais qu'il c'était suicidé, qu'il avait fait exprès de rouler en sens inverse sur une grande voix. Cela semblait tellement faux mais en même temps, il connaissait sa détresse et lui avait dit qu'il était prêt à tout pour elle. Cela la tracassait énormément, elle avait tellement peur qu'il ait réellement fait cela pour la sauver et que ce n'était pas un accident. C'était un magnifique geste en soin, il l'avait sauvé au détriment de sa vie... Toute penaute, la jeune blonde préféra changer de sujet et parler de ses neveux, une petite fille et un petit garçon qu'elle ne connaissait pas encore. Elle c'était promis d'aller voir Swen mais c'était assez dure pour elle, elle était un peu l'intruse de la famille et cela lui brisait le cœur. Elle écoutait Arizona et un léger sourire se dessina sur ses lèvres, vraiment léger. La jeune australienne avait comprit le message, elle devait surpasser sa phobie, sa peur la plus intense du moment pour le bien des bébés mais aussi du père de ces derniers qui devait péter les plombs et pas qu'un peu. De ce que savait Victoire, il y avait une femme qui l'aidait mais cette dernière ne connaissait pas Holly, la seule qui la connaissait réellement était Arizona, ce qui faisait mal au cœur à la jeune blonde. « Je pense que Swen comprendra que tu as du mal... Je ne le connais pas mais il a perdu trois membres de son entourage en un petit mois donc niveau émotion, il sera le mieux placé pour te comprendre... Ça ne serait pas égoïste de ta part non... Juste dommage pour eux parce que je suis sûre que tu dois être une merveilleuse tante » Toutes les femmes voulaient être maman et cela devait être le cas d'Arizona, elle devait bien avoir une once d'instinct maternel ce qui n'était absolument pas le cas de la jeune Cermolacce qui n'avait jamais porté un bébé de toute sa vie. Elle était la petite dernière de la famille et n'avait jamais vu aucun autre enfant naître dans son entourage, ni dans celui de James. Elle avait eu vent de la naissance du fils de Zéphyr, le frère de James, mais c'était tout... Le sujet repartit sur la famille biologique de la jeune blonde et elle écoutait ce qu'avait à dire Arizona. À en entendre ça, elle avait l'impression que son père n'était pas un homme franchement gentil... Personne ne savait donc pourquoi elle avait été abandonnée à des étrangers à la naissance, étrangers qui étaient ses parents et qu'elle aimait plus que tout. « C'est gentil. Arizona aussi c'est très joli j'aime beaucoup » Un léger sourire se dessina sur ses lèvres « Ton père n'avait pas l'air très commode dis moi... Mais ne t'inquiète pas, peut être qu'un jour Savannah et moi aurons des explications sinon eh bien, on continuera de vivre avec ou plutôt sans... Je pensais être fille unique aussi alors bon, ce fut la grande surprise il y a peu... Je comprends mieux pourquoi j'entendais des élèves m'appeler Holly, je m'étais longuement demandée s'ils n'étaient pas tous fous » C'est vrai, elle avait cru à une mauvaise farce de certaines personnes pour la faire tourner en bourrique, ce qui avait marché soit dit en passant. La blondinette regardait autour d'elle, continuant mentalement son jeu de tout à l'heure tout en se disant que jouer dans un tel lieu était réellement malsain... Elle croisa le regard de Charles-Edouard et lui fit un signe de partir avec ses parents, elle les rejoindrait plus tard, là elle était occupée. En temps normal, elle ne se serait pas séparée de ses parents mais ces derniers savaient ô combien se recueillir dans un cimetière était important pour elle, que c'était bénéfique et qu'elle avait besoin de cela pour se sentir mieux, en quelque sorte. « Non c'est juste que ça me permet de me recueillir... J'ai perdu une personne très chère à mes yeux il y a trois ans de cela du coup, dès que je suis dans un cimetière, je reste dedans une bonne demi heure, comme pour être avec cette personne, même si elle est enterrée en France... Ma famille a l'habitude de ce petit rituel donc bon. Et toi, pas de famille à voir ? Tu as grandi ici ? » Victoire était du genre curieuse une fois qu'on l'avait été avec elle. La personne chère à ses yeux était son mari mais ça, elle c'était bien tu de le dire. Elle ne voulait pas passer pour la gamine qui se marie à dix huit ans pour se marier, elle ça avait été une toute autre histoire, bien plus forte et sentimentale d'un mariage en robe blanche...

Victoire était une jeune femme plus ou moins étrange. Elle pouvait vous détester et vous adorer la minute suivante. Elle n'avait jamais aucun remord dans ce qu'elle faisait et encore moins de regrets. Elle savait très bien que la vie était courte, trop courte et qu'un jour elle devrait continuer sa vie, qu'elle devrait avancer avec tout ce qu'elle avait fait dans le passé. Par conséquence, elle ne voulait rien regretter pour vivre la meilleure des vie possible. Elle était comme ça la petite corse, un grand cœur -voire énorme- et elle ne voulait jamais faire de mal à personne, absolument jamais. Son but sur terre ? Rendre un maximum de personnes heureuses, vivants ou morts. Oui, sa logique était boiteuse mais elle savait très bien que se chamailler avec sa cousine biologique ne ferait pas plaisir à sa jumelle et encore moins à son défunt mari. Elle était persuadée qu'ils étaient là, quelque part mais elle ne disait jamais rien de cela, à personne. Ses croyances étranges étaient son petit secret, elle ne voulait rien dire à personne, elle ne voulait pas qu'on la prenne pour une folle, ce qui était le cas en réalité. Elle c'était toujours raccroché à cela et ce n'était pas aujourd'hui que cela allait commencer. Souriant à Arizona, la jeune blonde comprenait très bien ce qu'elle ressentait. Depuis qu'elle avait appris la mort de son mari, pas mal de choses avaient changé, elle ne vivait plus comme avant et ne faisait plus les mêmes choses. Elle qui avait l'habitude de prendre le même café tous les mercredis, elle ne se pointait plus dans ce café, elle changeait de trajet dès qu'elle s'en approchait et c'était aussi pour cela qu'elle avait quitté la capitale française pour venir ici, en Californie. Enfin, sa nouvelle ville puisque là, les deux blondes étaient en Australie, une première pour la jeune Cermolacce. Une chose est sûre, même si elle n'avait pas franchement été aimable avec la jeune australienne, elle voulait se rattraper et la convaincre d'aller voir les jumeaux. Ils seraient peut être les deux êtres qui sortiraient la plus âgées des deux d'une certaine déprime. « Ils en ont besoin et puis, la tata n'a pas le rôle de celle qui punit, qui râle et tout ce qui va avec, non ? Je ne sais pas du tout comment un bambin de cet âge peut ressentir la peine de ses parents mais bon, j'imagine aussi qu'ils ont besoin de voir d'autres têtes... » Victoire ne se sentait pas réellement à sa place dans cette nouvelle famille. Pour elle, elle n'était qu'une jeune femme qui avait un lien de parenté avec eux et rien d'autre. La blondinette était comme ça, toujours un peu défaitiste mais elle proposerait encore son aide à Swen si jamais il en avait besoin. Elle parlait d'Arizona comme une tante pour les enfants mais à vrai dire, c'était elle la tante. C'était elle la tata dans l'histoire mais elle ne se voyait pas endosser ce rôle et elle ne pourrait jamais aider les jumeaux pour tout ce qui concerne le souvenir de leur mère. D'ailleurs, faire mettre une pierre tombale pour Holly serait peut être une bonne chose pour le futur de ces bouts de choux. Victoire l'avait fait pour James et elle était entrain d'apprendre que sa cousine l'avait fait pour... leur cousin. Les causes du décès de ce jeune homme était horrible et la jeune blonde ne savait pas quoi dire. Encore des condoléances n'était pas la bonne chose à faire. Elle savait très bien que cela la mettait hors d'elle quand on lui disait ce genre de choses alors que personne, oh non personne, ne pouvait comprendre ce que c'était de perdre un frère, un mari à l'âge qu'elles avaient. Elles étaient jeunes, trop jeunes pour perdre un membre de leur famille proche. Parlant de Savannah, Victoire ne se sentait pas vraiment à l'aise. Elle avait fait sa connaissance quelques jours avant l'enterrement et tout c'était bien passé mais pour combien de temps encore... « Je tiens trop à la vie et sais qu'elle peut vite se terminer donc c'est sure que je vais faire mon maximum pour apprendre à la connaître et tout ce qui va avec et puis... je n'ai jamais vécu avec mais elle est dans le même cas que moi, on a jamais connu nos parents biologiques et on ne les connaîtra jamais, ça ne peut que nous rapprocher j'imagine.. » Oui, elle imaginait parce qu'il paraissait que la rencontre Savannah/Holly n'avait pas été la rencontre parfaite du siècle. Les deux demoiselles c'étaient plus lancées des pics qu'autre chose. Enfin, c'était leurs histoires et maintenant, la jeune française espérait de tout cœur d'écrire une autre histoire, plein plus belle et plus joyeuse. Elle avait vraiment du mal à voir ce qui pouvait se passer de mal dans sa vie à ce moment même. Elle n'avait plus de parents biologiques, elle n'avait plus de mari, sa sœur était morte. Le monde s'acharnait sur elle, il n'y avait pas à dire. Cependant, elle voulait continuer de se battre et lorsqu'elle avoua qu'elle avait perdu quelqu'un de cher, elle se sentait mal, si mal. Elle avait perdu bien plus qu'une personne mais James avait été la plus grande perte de sa vie... Ecoutant la jeune blonde parler de son père, Victoire était quelque peu choquée. Elle se demandait bien comment on pouvait faire cela à son enfant, à sa propre fille et arracher la vie à son fils parce qu'on ne sait pas contrôler ses pulsions, sa rage. « Je... Je suis vraiment désolée pour tout ce qu'il t'a fait vivre, puis à ton frère... La famille qui ne vous croit pas derrière ça doit être horrible... Je n'imagine même pas et ne veux pas vraiment le faire. Mes parents ont toujours été là, ma famille n'est pas la meilleure du monde, loin de là même mais je n'ai jamais eu à me plaindre d'eux.. Ils doivent bien s'en vouloir de ne rien avoir vu avant que ton frère décède... C'est toujours trop tard que les gens se rendent compte de leur connerie » Les mots qu'employaient la jeune blondinette étaient forts, très forts et elle parlait d'elle même en quelque sorte. Elle n'avait jamais eu de problème avec sa famille, son oncle et sa tante étaient décédés pour un règlement de compte entre mafieux et elle s'en fichait quelque peu. Du moins, c'est ce qu'elle faisait croire parce qu'elle avait toujours été mal et aucun membre de sa famille n'avait écouté sa tante avant qu'elle ne décède, une balle dans le crâne tirée par son mari, son propre mari. Tout cela était horrible mais ce n'était pas le sujet de la conversation. « Je vais t'avouer que je ne ressens pas ce que tu ressens et tout ce qui va avec mais... j'ai perdu mon mari il y a trois ans de cela. J'étais mourante dans un lit d'hôpital à Paris. La mucoviscidose m'emportait petit à petit et puis, on est arrivé dans ma chambre un jour et on m'a dit ''Mlle Cermolacce, nous avons des poumons et un cœur pour vous''. J'étais folle de joie, je voulais partager cela avec l'homme que j'aimais plus que tout, je l'ai appelé, il ne répondait pas. J'suis passée au bloc, transplantation plutôt difficile mais j'ai survécu. En me réveillant, j'ai demandé James, mon mari et c'est là qu'on m'a dit qu'il était.. décédé, dans un accident de voiture » Les larmes perlaient les joues de la jeune femme. Elle les enleva rapidement et dit « Et j'ai appris une semaine après que c'était ses poumons et son cœur que j'avais reçu. J'ai brisé pas mal de règle de déontologie pour savoir à qui étaient ces organes et ça m'a tué d'apprendre qu'il était mort et qu'il m'avait sauvé la vie en même temps... Enfin, je ne suis pas là pour m’apitoyer sur mon sort. J'ai eu une chance que ni Holly, ni James, ni ton frère n'ont eu, je n'ai pas à pleurer » La jeune femme avait toujours vécu comme ça : remercier la vie d'être toujours en vie, de se battre et puis c'est tout. Elle était une femme forte qui avait vu la mort en face des yeux et elle se sentait coupable de pleurer alors qu'elle avait survit à la place de James parce qu'elle ne se voilait la face, elle aurait préféré mourir et qu'il vive qu'autre chose puisqu'une vie sans lui était difficile, très difficile...