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people come and go (just try not to take it too personally).

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MessageSujet: people come and go (just try not to take it too personally). people come and go (just try not to take it too personally). EmptyMer 6 Aoû - 23:40

I sometimes think that people's heart are like deep wells. Nobody knows what's at the bottom. All you can do is imagine by what comes floating to the surface every once in a while.
( zadig + aurore )

• • •

F l a s h b a c k ; Les yeux posés sur cette obscurité rutilante, les mains collées contre un volant tiédi par la chaleur lourde de l'été, Zadig avait dans ces veines un court-circuit euphorisant. Entre éveil et inconscience, la providence l'avait placé là, dans cette bagnole qui roulait trop vite, avec ses trois grammes d'alcool dans le sang, le goût âcre de la vodka flânant encore contre son palais. Imbibé tout entier de boisson, les yeux vitreux, le visage rosi par la fournaise nocturne, le vrombissement de la voiture s'opposait au chant grinçant des criquets. La véhémence de l'ivresse lui imposait la déraison, et comme un fou, il suivait la voie la plus simple. Il roulait en silence, le ronflement de la voiture enflait en déchirant le calme cotonneux de la nuit. Dans l'air ouateux d'une soirée d'été, c'était deux bolides qui fendillaient le silence. La course s'était attaquée aux esprits embués par l'alcool et ils n'avaient su reculer devant l'idée sulfureuse d'une balade le long de l'asphalte brûlant. Zadig s'était désigné comme concurrent, et Julien avait suivi, petit français entêté qu'il savait être. Ils étaient censé longer simplement le périphérique quasi désert, mais la rage de vaincre – et l'alcool aidant aussi, sûrement – ils étaient allés bien plus loin, ils s'étaient enfoncés dans une campagne californienne mystérieuse, jonchée de virages surprenants et de petites routes cahoteuses plongées dans une nuit aveuglante. Zadig venait de quitter Princeton pour Berkeley, c'était son premier mois à San Francisco, il avait tenu à fêter dignement son arrivée. Il n'allait pas oublier cette nuit d'août. Il s'humecta les lèvres, se concentra sur les mètres qui s'étendaient devant lui, tenta de trouver une stabilité à l'intérieur de ce crâne bourré des pensées encombrante et inutiles que lui prodiguait l'alcool. Il avait envie d'une clope, mais ne pouvait pas se résourdre à lâcher le volant. Pas une minute l'idée d'arrêter ne lui vint, pas une seule petite minute il ne se dit qu'il pouvait se résoudre à une défaite, l'autre avait pris de l'avance, c'était pas bien grave, il en avait du fric, il lui filerait ses dollars et il la bouclerait. Mais la victoire, dans l'esprit de tout Rosenbach, avait cette lueur dorée qui attirait magnétiquement les insectes, il s'était retrouvé moustique tournant autour d'une putain de lampe. Le pire, c'est qu'il avait tout l'argent du monde, alors pourquoi concourir ? Ce n'était pas pour la somme, juste pour l'égo. Les bruits de verre brisé et de métal incurvé s'élevèrent dans un air lourd, lourd du poids de sa bêtise, de celle de son rival, lourd du poids de cette ivresse inhibante qui les avait tout les deux concquits. Il respira difficilement, il chercha un point d'ancrage pour son regard dans cet océan de noir, il sentit sa tête tourner, ses moyens se dérober, sa force le quittait par salve, elle s'échappait prestement de sa poitrine à chaque expiration qu'il lâchait dans l'enceinte de ferraille dont il était prisonnier. Il freina. Il se retrouva devant ce minuscule virage trop serré que Julien n'avait pas vu. Il se retrouva devant la fumée grise qui s'échappait dans un air chaud. Le fossé était le cercueil d'une bagnole écrasée par le choc. Il descendit prudemment la pente, s'écorcha les mains avec les éclats de verre, avala difficilement. Dans la clarté sépulcrale de la lune, il secoua le corps inerte tâché d'un sang pourpre. Il le secoua tant qu'il put, jusqu'à ce que les forces lui manquent. Alors, dans cette nuit d'été, il déposa trois doigts au niveau de la carotide, il palpa, des minutes durant, chercha un poul, une trace de vie. Seul la chaleur fuyante de la peau lui parvenait. Sinon rien d'autre. Mort sur le coup. D'un pas empressé, la gorge nouée, il laissa dignité et vaillance ici, avec ce corps dont la vie s'était enfuie. Il remonta la pente en déployant les seules forces qui lui restaient et il remonta dans sa voiture. La lune le narguait.

L'absinthe bar était bondé, les fumeurs s'entassaient devant la porte vitrée, soulevant au dessus d'eux d'immenses arabesques grisâtres émanant de leurs clopes. Il serpente entre ces corps entremêlés, collés les un aux autres sur ce trottoir trop étroit pour tout le monde, resserré dans l'intimité sournoise de leur nicotine. Ses mains passent de son téléphones à la poignées de porte métallique, la pousse, il pénètre dans ce hâvre d'alcool et d'ivresse, il veut sentir l'agitation estudiantine, il veut venir trouver la chaleur humaine ici, au creux des lumières sépia qui déversent leur clarté sur des visages rosis par la boisson, et quelques couples déjà imbibés d'absinthe qui s'enlacent dans leur impudeur. Ils puaient l'alcool, ils étaient noyés dans leur confusion, mais Zadig se sent protégé par l'inconnu, par cette anonymat qu'il a dans la foule, les peaux inconnues qui le frôlent lointainement, les regards des gens qui pèsent sur ses smoking Yves Saint Laurent et ses grands yeux noisettes. Il jète un regard alentours, croise des connaissances, salua poliment. Pas maintenant, songe-t-il. Il n'a pas envie, pas ce soir. Il va siroter un cocktail en solitaire, personne ne viendrait emmerder cette silhouette raide accoudée au comptoir. Il aurait eut envie que James soit là avec lui, qu'ils puissent se lancer des défis à la con, qu'ils se saoulent à deux, en se racontant leurs vies décousues, en se foutant des gens, des petites gens communs, des têtes qu'ils regardent de haut, le sourire aux lèvres, en se sentant enfler sous la condescendance. Il s'humecte les lèvres. « Un mojito, avec trois glaçons et une rondelle de citron verre. Bien frais, hein. » le mec le dévisage. Il plante ses grands yeux dans les siens, il attend, ça dure quelques secondes à peine, où ils se contemplent silencieusement, ils parcourent les courbes du visage de l'autre. L'autre lui sourit, un petit rictus amusé, il baisse la tête en la secouant, se rince les mains et retourner vers les rangées de bouteilles. Zadig embrasse la salle d'un regard conquérant, il connaît beaucoup des étudiants entassés ici, à glousser en partageant les dernières rumeurs, en s'abreuvant des bruits coureurs avec un délice, comme une force dans laquelle ils puisaient leur énergie, leur cynisme. Parler de la future vie des epsilon fraîchement partis de Berkeley à New-York, très peu pour lui. Il se mure dans une contemplation muette de cette nature humaine mouvante et indomptable donc le vacarme dissonant ne lui parvient presque plus au fil de ces années passées à la supporter. Ses yeux éraflent une silhouette qui, avec une sveltesse gracile, évite les gens, se glisse entre les corps échauffés par l'alcool, il reconnaît la crinière châtain et les grands yeux marrons. Il sourit. Il se tourne vers son verre, pose ses doigts contre le verre froid, l'arrache à cette surface boisée et s'élance à travers le magma opaque de personnes. « Aurore, tiens donc. » qu'il lui lance, son regard bien planté dans le sien. Cernée par les gens, ce grand corps massif face à elle, la iota est manifestement engoncée entre les bons vivants et cette terreur de la nature. « T'avais disparu, non ? A quoi tu jouais, Hemingway ? » non pas que Zadig porte une très grande importance à ce qui l'entoure, mais il l'aimait bien, la môme. Le rhum s'imprègne dans sa bouche, l'alcool dévale sa gorge, laisse une légère brûlure le picoter une demi-seconde, le goût des agrûmes mûri contre sa langue. Il sourit. Il scrute ce visage impassible, la beauté nonchalante qui lui fait face, avec toute la révulsion écoeurée qu'elle exprime, en l'intriguant davantage. Il n'arrive pas à percer à jour cet air dégoûtée qu'elle lui affiche, cet air qui lui dit comme tiens, regardes comment j'ai envie de te voir. Il arque un sourcil contrit. Aurore, murée dans cette drôle de rage sourde et butée, le regarde de son petit mètre soixante-dix. De son mètre quatre-vingt douze, il surplombe la scène, prends du recule en contemplant ce petit nez froncé, ces grands yeux fâchés. La première fois qu'il l'avait vu, il avait aimé cet air inaccessible, audacieux, presque lointain, cet air qui voulait dire ''je m'en fous, de vous''. Ça l'avait gentiment fait sourire, et puis les verres aidant, sa silhouette restant imperturbablement dans son champ de vision il avait lancé les paris. ''Combien que je couche avec la petite là-bas avant la rentrée ?'' c'était quelques semaines avant sa rentrée à Berkeley, il y a un an. Deux semaines après la mort du fameux Julien. Personne n'avait rien dit à propos de Zadig. Tout le monde savait ce que c'était que d'être réprimandé par le Rosenbach. Ils étaient tenus au secret, pour sa réputation, pour son avenir. Les gars présents ce soir-là s'étaient éparpillés, certains ne savaient même pas qui était le deuxième conducteur qui s'en était sorti, d'autres étaient trop saouls pour s'en souvenir, et parmis les six personnes restantes de ce petit pari, seules deux savaient, des amis relativement proches, qu'il avait été facile d'acheter. Et puis pourquoi iraient-ils crier ça sur les toits ? Ce n'était ni dans l'intérêt de Zadig ni dans le leur. « Fais pas cette tête-là. Tu boudes ? » même air, mêmes yeux. « Bon, Hemingway, c'est quoi ton problème ? » il hausse un peu la voix, il la regarde avec sa vingtaine de centimètres de plus, mais ça n'y fait rien. Il sait qu'Aurore est un adversaire à sa taille. Malheureusement. Il tournait vers elle son air agacé, reprenait une gorgée de mojito, curieux de connaître la raison de son mutisme écervelé.

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MessageSujet: Re: people come and go (just try not to take it too personally). people come and go (just try not to take it too personally). EmptyJeu 21 Aoû - 0:25

“And you, you better run because i'm going to destroy you for what you've taken from me.”

~~~

La nouvelle lui fit l'effet d'une douche froide. Elle repose le combiné avec un calme olympien, quasi indifférente au destin funeste que vient de rencontrer l'un de ses amis. Julien et elle n'ont jamais été extrêmement proches : ils ne connaissaient presque rien de leur famille respective et ne se confiaient pas leurs problèmes existentiels, pourtant ils étaient tous deux satisfaits de cette relation basée sur une complicité mutuelle qu'ils s'étaient presque instantanément découverte. Il faisait partie de ces rares personnes qui avaient su, d'une façon ou d'une autre, gagner la confiance quasi impossible à perdre et pourtant si difficile à gagner de la demoiselle. Si elle tenait temps à ce garçon désormais réduit au simple rang de souvenir, pourquoi diable ne semblait-elle pas réagir à son accident ? A vrai dire le jour où elle apprit la nouvelle - et aujourd'hui encore - le choc d'une perte si soudaine lui épargna sanglots et réactions violentes. Son silence devint la seule marque de chagrin, et c'est muette qu'elle assista à l'enterrement de son ancien ami. Ce jour-là, elle ne remarqua pas l'élégant jeune homme dont la mine sombre ne parvenait pas à masquer totalement l'arrogance marquée de son visage. Elle ne se posa pas particulièrement de questions en le voyant quelque peu éloigné du reste de la foule, comme s'il n'était pas pleinement autorisé à participer à la cérémonie. A peu près une année plus tard, elle ferait le rapprochement entre cette sombre présence et l'étudiant insouciant avec qui elle passa une nuit. Si ç'avait été à refaire, nul doute qu'elle n'aurait jamais accepté de partager la moindre intimité avec l'homme responsable de la mort de son ami. Quoique son chagrin soit jusque là resté silencieux depuis près d'une année, elle n'avait pas encore surpassé sa perte. Cependant, les rumeurs estudiantines ne tarderaient pas à mettre un terme à ce silence auquel elle ne s'était que trop habituée, lui évitant de ressasser continuellement cette nuit à laquelle elle n'avait même pas assistée. Si Aurore connaissait Julien de France, cela faisait pourtant près de six mois qu'elle n'était pas retournée dans la capitale française. Ainsi, s'ils se donnaient de brèves nouvelles tous les mois, elle n'était absolument pas consciente des nouveaux loisirs qu'avait découvert le jeune homme. Il faisait la fermeture de bars un peu miteux, se mettait à fréquenter des gens qu'il aurait, quelques années plus tôt, refusé catégoriquement de côtoyer, et surtout, il éprouvait une nouvelle passion pour tout ce qui pouvait s'avérer potentiellement excitant et dangereux. C'était les parents du défunt étudiant qui lui avaient raconté sa dernière nuit - entre deux sanglots pour l'une et quelques soupirs impuissants pour l'autre. Course de voiture avec un de ses amis ivre (dont personne ne sembla se rappeler le nom, ce qui fit quelque peu tilter la jeune femme : comment peut-on oublier si facilement l'identité du responsable de la mort de son unique enfant ?), Julien avait perdu le contrôle de son véhicule avant de s'écraser dans un fossé. Mort immédiate, semblait-il. Etait-ce une connerie que le légiste leur avait servie afin d'atténuer un peu leur peine ? Stupide. Tout ce que cette nouvelle apporterait à ses parents, c'est que leur fils n'avait pas même eu le temps de réaliser qu'il venait de mettre un terme à sa vie de la plus conne des façons. L'horrible histoire finalement relatée, Aurore s'était contentée d'un bref hochement de tête, puis les avait, à la surprise de tous, remerciés. De quoi ? Elle n'en savait fichtrement rien, mais ça lui avait semblé la bonne chose à faire sur le moment. La jeune Hemingway n'avait jamais vraiment côtoyé la mort. Adoptée dès sa naissance par une famille nombreuse, elle avait grandi dans la chaleur de ses frères et des ses parents et n'avait vu mourir qu'un seul de ses grands-parents alors qu'elle n'avait pas cinq ans. Si son père était atteint d'une maladie du sang, elle avait toujours tenté de prendre ce fait à la légère, aidée par ses trois frères qui prenaient soin d'en minimiser la gravité, autant pour eux que pour elle. Alors la mort de Julien, aussi soudaine qui plus est, était loin d'avoir glissé sur elle. Pour autant n'y pense-t-elle pas en ce début de soirée alors qu'elle redécouvre l'ambiance chaleureuse de l'Absinthe Bar. Elle retire sa veste en cuir beige, submergée par le changement de température soudain, dévoilant une courte robe blanche aux manches parsemées de dentelle qu'elle accompagne d'une paire de bottines couleur sable. Elle passe une main dans sa chevelure coupée court, balayant la pièce des yeux. Supposée rejoindre une poignée d'amis qui partagent un verre depuis près d'une heure, c'est décidée que la jeune femme se fraie un chemin vers leur table un peu plus loin. C'est bien sûr sans compter sur la silhouette qui vient interrompre sa marche. Zadig et son allure impeccable, son sourire éclatant, sa tignasse décoiffée qui n'a pourtant rien de naturel tant elle semble réglée au millimètre près. Elle qui aurait, quelques semaines plus tôt, simplement soupiré tout en lui accordant ce mince sourire en coin dont elle a le secret, se contente aujourd'hui de lui offrir toute l'étendue de sa froideur. « Je ne peux malheureusement que feindre ma surprise de te voir ici... Ce bon vieux Zadig, toujours à errer dans les bars à la rechercher de sa prochaine proie. » Proie qu'elle avait un jour été, à son grand contentement ce jour là. Mais plus maintenant. Ce soir, elle aurait tout donné pour effacer cette nuit, et du même fait la satisfaction qui se lisait sur son visage. Elle esquisse un pas vers la droite, que le jeune homme se presse d'imiter. Elle tente la même manoeuvre du côté opposé, en vain. La voilà contrainte de se coltiner Monsieur Parfaitement Insupportable. « La question n'est pas de savoir à quoi je jouais, mais plutôt avec qui. Et la réponse est : pas avec toi. » souffle-t-elle dans un soupir. Elle ne cherche pas à le rendre jaloux, ni même à lui faire comprendre qu'elle ne réitérera jamais leur nuit passée ensemble. Tout ce qu'elle veut, c'est qu'il la laisse tranquille, trace sa route et vive sa soirée comme il l'entend, tant que ce n'est pas avec elle. C'est la première fois qu'elle se trouve face à lui depuis qu'elle a appris, grâce à des bruits de couloir, que Zadig aurait été la cause d'un accident de voiture qui aurait couté la vie à quelqu'un. Interpellée par ces brèves rumeurs auxquelles elle ne prêtait généralement aucun intérêt, elle n'avait pu s'empêcher de se renseigner plus attentivement. Elle avait même appelé les parents de Julien afin qu'ils lui confirment qu'un gosse de bonne famille avait en effet été blanchi alors même qu'il aurait du être inculpé de non assistance à personne en danger ou de délit de fuite, au moins. Et désormais, elle était tout à fait consciente que ce gosse n'était autre que Zadig Rosenbach. Ce dernier se met alors à persister, lui demande si elle boude, et souhaite connaître son problème. Elle rêve de le lui jeter à la tête, son problème. Elle inspire une longue bouffée d'air, fuyant volontairement le regard du jeune homme, dans lequel, elle le sait, ne réside pas une once d'incertitude. Brusquement, elle relève les yeux qu'elle plonge dans ses prunelles avec tout autant de froideur. « Tu ferais peut-être bien de demander à Julien. Lui doit sûrement le connaître, mon problème. » lâche-t-elle, abrupte. Tout ce qu'elle cherche, c'est une trace de désarroi, un brin de remord, ou ne serait-ce qu'une brève surprise. De quoi faire descendre Zadig de son paradis d'insouciance, en somme.
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MessageSujet: Re: people come and go (just try not to take it too personally). people come and go (just try not to take it too personally). EmptyVen 5 Sep - 17:05

L'insouciance de Zadig avait éconduit des regrets légitimes, il avait oublié le goût amer des prémices de la culpabilité et s'était laissé coulé dans une vie d'or dans laquelle une mort avait été ôtée par sa faute. Mais jamais il n'aurait su s'en vouloir, il avait laissé le poids des remords sur le hasard malheureux des detins cruels et s'en était retourné, avait parcouru sa vie en diagonale en fuyant les tâches sombres de ses souvenirs. Pour Zadig les faits étaient là, brûlant de pureté ; l'alcool avait tué, pas lui. Il n'y était pour rien, il était autant perché dans les brumes de la vodka que Julien aux moments où il vivait ses derniers instants. Mais par sûreté et soucis de réputation, il s'était assuré que ça ne se sache pas, il ne voulait pas que les miettes de l'histoire ébruitées se déforment en des accusations dont il serait la cible. Sans questions, il avait adouci les esprits par quelques billets, avait convaincu chacun qu'il était largement mieux pour tout le monde que tout ça reste entre eux, entre ce cercles privés des anciens amis saouls, des anciens côtoyeurs de celui qui avait pragmatiquement quitté ce monde. Jamais il ne s'était senti attristé par la mort de Julien, ils avaient été amis une dernière soirée, à peine connu que l'autre se fondait dans les étoiles, alors autant ne pas s'alourdir le cœur de reproches futiles. C'était sa vision étriquée des choses, et rares étaient ceux qui la partageaient. Il était le récipiendaire d'un trophée mortuaire. Il était venu à l'enterrement plaintif de ce fils repris par la nuit, où le visage rubicon d'un vieil écclésiastique s'était empourpré en déblattérant des vétilles pleines de bons sentiments à vomir parterre. Il avait revêtu un costume noir corbeau, les cernes violaçaient le contour élégant de son œil, il se souvenait de nuits passées à fixer un plafond désespérément blanc. C'était pas tant sa mort qui lui arrachait le sommeil, c'était les images monochromes d'une nuit d'été qui remontait. A chaque fois il revoyait un long visage ovale encore rosi par l'ivresse en train de se vider de ses couleurs, comme si elles coulaient à travers sa pâle peau, comme si la vie elle-même s'égouttait par ses pores. Il revoyait chaque petites entailles creusées dans le relief de son visage, le sang luisant sous la lune, les lèvres blanches. Le long filet rouge qui roulait contre le bas de sa joue et ces grands yeux qui fixaient sans rien voir, deux grandes vitres grises qui l'accusaient silencieusement. Il se souvenait de la position qui n'était pas naturelle, cette sorte de disloquement discret, caché par l'épiderme, ces os qu'on devinait craquelés par le choc, ses bras ballants le long de son corps avachi. Ça revenait, dès qu'il fermait les yeux, la valse reprenait, et ça avait duré plusieurs semaines. Le long visage ovale, les entailles, les lèvres blanches, le filet de sang, les yeux gris. Et, inéluctablement, les gouttes rouges le ramenait à celles plus grandes encore de la flaque autour de sa mère, en novembre 1999. Vermeil, le tourbillon de réminiscences était une hypnose douloureuse qu'il avait accueilli les dix nuits après la mort de Julien. Même engourdi des plus assomantes quantités d'alcool ou de drogue, il restait assourdi par la tornade sifflante de ses cauchemars. Tout s'était dissipé quand il avait réussi à se convaincre lui-même qu'il n'y était pour rien, qu'il restait d'une triste innocence. Mais l'ère de ses débuts à Berkeley s'était éteinte dès qu'il avait réussi à acheter tous les regards ivres qui avait pu contempler la soirée. Il s'en était séparé aussi vite qu'ils s'étaient liés à lui, il les avait fuit discrètement, avait cherché refuge en plus indécente compagnie, chez les grandes figures richissimes de l'université. Les dollars émollients avaient glissé entre les doigts et Zadig avait été rayé des esprits. Il s'était emparé d'une épatante capacité de reptation devant ces réscapés des nuits onix. Et il recroisait une silhouette qui datait des ères oubliées, bien que restée immaculée de ces histoires poisseuses. Aurore Hemingway. Aussi belle qu'audacieuse, les cheveux courts et le regard lointain. Ils ne s'étaient plus adressé la parole depuis des mois, séparés par la mélasse bruyante de Berkeley. Happés à leur vie respective, il avait oublié cette figure douce d'une candeur un peu dure, un brin cassante. Mais il n'avait pas oublié la rouge. Calée quelque part dans un recoin de sa tête, il sentait l'inachevé dans leurs liens effilochés. « Je suis obligé de reconnaître que tu me connais bien, Hemingway. Mais errer n'est pas le terme exact... je sais toujours où je vais. Et je laisse volontiers mes potentielles proies pour parler avec une interlocutrice plus... intéressante, disons. Même si visiblement, ce n'était pas ton intention. » qu'il lui lançait, avec ses grands yeux ambrés cherchant les siens, un large sourire amusé sur les lèvres. Si ça n'avait pas été elle, il n'aurait pas voué une grande importance aux mots, mais il lui imposait la communication, il voulait comprendre son éloignement. Il fit habilement référence aux deux pas esquissés par ses longues jambes qu'il contra distraitement, sans lui laisser l'opportunité de se soustraire à une courte entrevue. Ils avaient passé une unique nuit ensemble, après quoi ils s'étaient croisés, salués, et avaient entretenu quelques temps une entente cordiale mais éloignée, qui leur convenait parfaitement, aucun d'entre eux n'ayant l'intention de partager une relation amoureuse avec l'autre. Et d'un jour à l'autre, ils ne s'étaient plus adressé la parole. Il n'avait que peu remarqué l'absence de sa silhouette, car il était bien connu que Zadig Rosenbach n'apportait d'attention à rien ni personne si ce n'était lui-même. La providence les avait séparés, avait-il pensé alors qu'Aurore s'était appliquée méticuleusement à se rendre invisible à ses yeux, à ne plus jamais le croiser ou devoir l'affronter. Devant la froideur effrontée de la iota, il commença à considérer sa figure de marbre avec plus de méfiance, les yeux légèrement plissés pour saisir chacun des traits de son visage poupin. Elle puait d'une animosité haineuse qui lui déplut au plus haut point. Elle était drapée dans une sorte d'inaccessibilité qui lui avait autrefois parut charmeuse et provocante et qui lui était aujourd'hui absurdement insupportable. Il arqua un sourcil. « J'espère que tu t'amuses bien au moins, ce serait con que je vienne mettre une ombre sur le tableau de la fantastique vie d'Aurore Hemingway. » il grinçait, son verre à la main, piqué d'un agacement amer. « Te fatigues pas à répondre, visiblement, j'en met une. Mais généreux comme je suis, je te priverai pas tout de suite de ma présence, que tu te rendes compte après de ce que tu rates. Donc t'as deux minutes pour m'expliquer, Hemingway. C'est quoi ton putain de problème ? » son cynique orgueil lui conférait un certain calme. Il détestait cet irrespect manifeste qu'elle calait dans son timbre, mais il maîtrisait sa colère derrière ses mots, moins bien placés qu'à son habitude, truffés de ''putain'' et de froncements de sourcils, mais il réussissait à orchestrer les flammes quand même. Immodeste et arrogant, il la fixait de sa carrure athlétique, deux grandes pupilles tournées vers elle, excédé par ses piques égrenées avec une froideur lointaine. Elle prononça une dernière gracieuse entaille dans l'esprit de l'héritier, consciente de ses capacités destructrices. Il s'humecta les lèvres, déploya vers elle toute l'assurance dont il savait faire preuve, même si sous le masque, la confiance tremblait. S'échappa d'entre ses lèvres un petit rire sonore, accompagné par un grand rictus dont il avait le secret. « Je ne pensais pas que tu étais du genre à écouter les bruits de couloir, je suis un peu déçu que tu te fies aux mauvaises langues mais je suis curieux d'entendre ce qu'on t'a dit à mon propos. » comme si il n'avait pas essayé de cacher tout ça, comme si il avait laissé traîné ça dans Berkeley. Il jouait sa meilleur carte, celle de la quiétude condescendante qu'il revêtait toujours. « Allez, vas-y Aurore, crache ta valda. Qu'est-ce qu'on t'a dit à mon sujet ? Zadig est un tueur, Zadig fait crever des gens pour son bon plaisir ? Allez dis-moi, je suis curieux de savoir ce qu'ils disent. »
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MessageSujet: Re: people come and go (just try not to take it too personally). people come and go (just try not to take it too personally). EmptyDim 21 Sep - 19:42

Cet abus de pouvoir dont était capable Zadig Rosenbach avait souvent tendance à écoeurer la jeune femme tout comme elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un brin impressionnée. Il avait les outils pour obtenir tout ce dont il pouvait bien rêver, tout comme Aurore avait toujours su exploiter ses capacités afin d'y parvenir. Mais si le point commun était présent quelque part, la différence entre eux n'aurait pu être plus grande. De quoi un homme comme Zadig pouvait-il bien rêver ? D'argent ? Un epsilon n'a jamais besoin d'argent, si ce n'est pour flatter un peu plus son égo. D'amour ? De famille ? De réussite professionnelle ? Sombre question à laquelle la jeune femme n'avait aucune envie de réfléchir et encore moins d'en connaître la réponse. Elle doutait qu'il ait envie de ces choses simples et si futiles que chacun recherche ardemment et qui sont pourtant supposées être la définition même du mot bonheur. Car aussi tordu et atypique qu'était Zadig, sa définition à lui devait différer dans bien des aspects. Son regard tout d'abord fuyant tant elle essaie de ne pas lui prêter plus d'attention que nécessaire - le bougre en serait beaucoup trop satisfait - elle est finalement bien obligée d'ancrer ses yeux dans les siens lorsqu'il l'empêche d'esquisser un pas de plus. « Je suis flattée d'attirer ton attention, vraiment. Mais je ne voudrais priver personne de ton exquise compagnie. » qu'elle réplique d'une voix calme et délicate, son visage froid se teintant d'un mince sourire parfaitement maîtrisé. Avec un peu de chance, le suivre sur le terrain de l'hypocrisie suffirait à la faire abandonner. Futile espoir qui ne connaîtrait malheureusement pas satisfaction. Tous deux immobiles au milieu de la pièce, ils ne manquent pas d'attirer quelques regards dans leur direction, ce dont Aurore se rend bien compte. Elle n'a pas l'envie particulière de se donner en spectacle, mais c'est sans compter sur le jeune homme qui ne reculerait devant rien pour attiser les regards, et avec eux l'envie et la jalousie. Lorsqu'on était en sa présence, il ne fallait pas espérer passer inaperçu ou s'attendre à du banal ou du quotidien, ce qui n'avait pas déplu à la demoiselle lors de leur brève relation, puisque sa hantise résidait dans l'ennui et le monotone. Elle avait apprécié chaque instant qu'ils avaient partagé, et malgré l'état d'agacement record dans lequel il parvenait à la mettre en moins de cinq minutes, elle avait appris à le considérer autrement que comme l'arrogant enfoiré qu'il était souvent. Sauf que désormais ils ne se côtoyaient plus, et non seulement Zadig était de nouveau considéré comme un enfoiré à ses yeux, mais il était également devenu responsable de la disparition d'un garçon auquel elle tenait. Elle s'apprête à répliquer à propos de sa vie fantastique lorsqu'il lui intime le silence, l'empêchant de dire un mot et enchaînant sur une nouvelle remarque moins contrôlée cette fois-ci. Il se montre bien plus virulent qu'auparavant, et son sourire constamment amusé a pour une fois disparu de son visage. Aurore hausse très légèrement les sourcils, surprise de le voir s'agacer alors que tout semble habituellement lui glisser dessus avec la plus grande facilité. Peut-être est-ce simplement une ruse de plus pour lui gâcher définitivement sa soirée. « Que je fasse tout mon possible pour t'éviter prouve plutôt que je suis saine d'esprit et non que j'ai un problème, si tu veux mon avis. » Elle doutait bien sûr qu'il veuille de son avis, mais c'était un détail qu'elle ne trouva pas utile de relever. N'aurait-il pas été plus simple de simplement lui avouer qu'elle était au courant de l'histoire sordide qui avait entraîné la mort de Julien ? De lui dire clairement qu'elle lui en voulait plus qu'il ne lui était possible de lui faire savoir d'avoir assisté à tout cela sans même bouger le petit doigt ? Peut-être bien. Mais les possibilités de réponse du jeune homme étaient loin de lui donner envie de tenter l'expérience. S'il jouait les indifférents, ça la mettrait tout bonnement hors d'elle, et elle n'était pas certaine de savoir comment réagir face à ça. S'il niait les faits, elle n'aurait aucun moyen de lui mettre sa faute sous le nez puisqu'il avait tout bonnement acheté tous ceux qui avaient eu vent de cette affaire. Et s'il s'excusait platement, et bien... Arrêtez de rêver, ça n'arriverait jamais. C'est une perche que la jeune femme ne peut laisser passer lorsqu'il lui demande ce que le reste du monde peut bien raconter sur Zadig Rosenbach. « Ce qu'on dit sur toi ? Que tu es tellement égocentrique que la mort d'un individu ne te fait tout simplement ni chaud ni froid. Que tu achètes le silence des autres quand ça t'arrange, que tu forces un respect à ton égard qui ne saurait exister sans tes perfides menaces, et que tu paies tes acolytes pour te rêver une compagnie consentante. Peut-être que si tu te mêlais d'avantage au petit peuple, tu aurais une idée de ce qui peut bien se dire à ton propos. » lâche-t-elle en appuyant sur chaque adjectif cassant dont elle le gratifie. Ses paroles sont prononcées avec véhémence, et son attitude se fait un peu plus agressive que précédemment. Malgré tout, elle prenait un certain plaisir à lui énoncer les rumeurs qui courraient à son sujet, tant elle espérait que ces dernières le fassent réagir. Mais bien sûr, c'aurait été mal évaluer le personnage. « Mais j'imagine que toutes ces critiques ne peuvent que laisser l'antipathique Zadig complètement indifférent. » conclut-elle alors avec un bref haussement d'épaules. Elle semble déclarer forfait, abandonnait l'espoir qu'il puisse se montrer humain le temps de quelques secondes. A quoi bon tenter de creuser derrière une surface en béton ? Elle n'avait pas l'intention de s'y casser les dents, et l'idée d'un abandon était sûrement la meilleure des solutions. « Je sais que tu as assisté à la mort de quelqu'un. Je sais aussi que tu en es en partie responsable et que tu n'as rien fait pour tenter de l'aider. Et ce garçon, Julien, je le connaissais. » Le souvenir de sa perte la prend aux tripes, et c'est dans un murmure qu'elle termine sa confession. Son regard quitte le sien tandis que la jeune femme paraît soudainement bien fragile face au dominant Zadig qui la dépasse d'une tête, et qui pourrait à présent ne faire qu'une bouchée d'une Aurore anéantie par un chagrin qu'elle a toujours porté seule.
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MessageSujet: Re: people come and go (just try not to take it too personally). people come and go (just try not to take it too personally). EmptyMer 8 Oct - 10:26

Désarroi sur les hanches, toute coulée dans sa colère, Aurore le regarde avec ses grands yeux furieux, son visage prostré dans une drôle de haine en furie. Ils se font face dans une joute verbale allongée, s'échangent ces mots pierreux, durs, tout plein d'une rancune poussiéreuse. Ils sont murés dans une contemplation haineuse de l'ennemi, presque dans la réserve sourde des amants qui se sont trop vite feints oubliés. Passifs mais bouillonnants, leur cœur battant lentement, les souffles posés s'affrontent dans un silence qui n'enveloppe qu'eux, autour c'est le rugissement de la foule alcoolisée qui gagne. Il a toujours ce verre froid dans la main, pesant de sulfureux, il fixe toujours impassiblement les cheveux courts de l'Hemingway boudeuse. La clameur brisée des étrangers qui grouillent autour les atteint à peine, elle sait que des gens l'attendent, quelques mètres plus moins, leur visage grignotés par les silhouettes qui défilent dans le tumulte la guettent, mais le petit corps de la rouge est dissimulé par cette grande carcasse pétrie de muscles qu'est Zadig. Ils s'attendent, se défient, ils sont impitoyables, remuent les mémoires, échauffent les esprits, font danser les phrases de longs doigts crochus. Pas de vainqueurs, que des écorchés. Mais ils combattent pour l'honneur, se dévisagent pour l'amour de la discorde, se saignent pour le goût des haines brûlantes. Elle est petite, il est grand, et pourtant les mots d'Aurore bousculent ceux de Zadig, foutent un bon coup à ce goujat des temps modernes. La dissonance de leurs rapports forme la répugnante quintessence de leur cacophonie. Ils se déchirent avec un plaisir malsain, leurs mots solubles transpercent les peaux perméables, ils agraffent leurs petites insultes vexées aux chairs mouvantes, ces superbes de violence cultivent leur propension à la douleur. Quelle drôle de transubstanciation que celle de la passion en désamour, celle des nuits fauves en platoniques querelles fielleuses. Le regard fangeux de Zadig la parcourt tout entière, il repasse le long corps drapé d'Aurore distraitement, redécouvre sans surprise les courbes régulières de son visage, se délecte quelques instants du spectacle, cette petite moue énervée qui s'agite sous son regard pesant. Le myocarde calmé, son palpitant bat en rythme qu'il sirote l'air puant. La sécheresse du cœur chiffonnaient son esprit, il se tordait sous le poids de sa véhémence. Nimbés de la lumière rouge du bar, ils sont immobiles au beau milieu de l'agitation même, leurs corps culbutés par d'autres loquedus rosis par la boisson. Il ne comprendrait que par la suite ce qu'elle lui reprochait à son illutre ardeur de demoiselle blessée. Et c'était dans cette incompréhension acide que résidait tout le tragique de la chose, toute cette violence qu'ils déployaient en acroîssant leur désamour. « Je te l'offre aujourd'hui, profites-en. » qu'il répond, grand héritier aux airs d'éternel assuré devenus bancals dès les premières salves venimeuses de la iota. Il lui offrait son illutre présence, cette stature d'homme suffisant qu'il faisait reluire à qui voulait bien l'entendre, toujours classe, toujours élégant, mais confronté à la grâce coléreuse en ces soirées d'ultime sujétion. Il fait moirer son pouvoir sous l'éclairage sanguin et se redresse devant elle, boit par petites gorgées le rhum, laisse la boisson s'écouler le long de sa gorge, laisser sa chair s'empreindre de la brûlure douce amère. Ses mots glissaient sur elle comme la soie, un satin doux et énervant qui l'effleurait sans jamais sembler l'égratigner. Ils s'aventurent dans l'excursion houleuse de chacun, s'essaient à la découverte maladroite des galeries sineuses qu'abritent l'adversaire, sans jamais réussir à en forcer les portes. Vannes ouvertes, un torrent de mots, de reproches s'égrène le long des lèvres, dégouline des bouches, un jus poisseux d'aveux interdits. « Oh, tiens donc. Et qu'est ce qui justifie ton hostilité à mon égard ? Mademoiselle Hemingway a ses humeurs ? » Zadig fixe, recherche la réponse à toutes ses questions dans le fouillis d'émotions verdoyantes qui transparaissent dans le regard de la brune. Aucune capacité à s'épancher, très clairement elle se cloîtrait dans ses grandes vagues de colère, dans sa ferveur farouche à la haine envers l'héritier Rosenbach. Cet hédoniste complexe, aux allures princières tente de craqueler cette insondable forteresse de dureté qu'elle lui présente là, toute recroquevillée sur ses raisonnements, mais toute grande de son audace. Jamais réellement cernée l'Aurore, quand on la croit saisie, elle se retranche en sinuosités, part dans ses chemins. Spontanéité et joliesse étaient, autrefois, le mot d'ordre lui semblait-il, et puis l'Hemingway avait changé, s'était mué en cette grandiloquante gonzesse qui prenait ses airs de remontrance en le pointant du doigt. Il grimaçait en repensant à ce qu'elle avait put être, de sa fraîcheur acidulée à son parfum vanillé. Envolées, ses certitudes, il nageait dans un désert glacé, une steppe infinie, incapable de savoir quoi fixer pour comprendre cette colère froide. Et puis, les rouages craquent, le nœud se dénoue, elle parle, déverse paroles, mots, ouvre grand ses petites lèvres pour lui faire parvenir, lui insuffler ce qu'elle gardait caché. Ce que la mort de Julien avait ménagé en elle. Il laissa le discours d'Aurore surplomber la clameur dissonante de l'endroit et attendit son tour de parole. « Bien vu. » il se foutait bien de l'avis estudiantin et se gargarisait de son détachement. « A mon tour d'argumenter ? Non, je n'ai pas éploré Julien comme les tonnes de gonzesses en pleurs à son enterrement, tu m'en excuseras, les effusions de bons sentiments, je trouve ça gerbant. Mais je connaissais Julien, certainement mieux que ces filles qui n'ont partagé avec lui que des passages éclair dans son lit. C'est pas parce que j'avais pas envie de chialer comme elles toutes qu'il va pas me manquer, ouais. Les regrets, ça sert à rien. » un calme olympien, pas une once de sentiment ou de sensiblerie dans ces paroles, il parlait comme on parle d'un bon pote parti étudier ailleurs. Faisant tourner le fond de rhum dans la froide silhouette rectiligne de son verre, les yeux divaguant d'un point à l'autre de la pièce. Il n'y avait là aucune goutte d'épanchement, il donnait un avis clair, énonçait sa pensée d'une voix grave et froide. « Je ferme les bouches qui pourrait gueuler un peu trop fort, nuance. Et concernant mes conquêtes... Je ne crois pas t'avoir payé, Hemingway ? » il remuait du bout de la lame la plaie encore ouverte, plantait un regard faussement interrogatif à sa précieuse locutrice, la coupe toujours à demi-vide à la main, les airs de dandy cynique peints sur sa grande figure de loup. « Et qu'est-ce que tu vas faire, Aurore ? Tu vas me faire chanter ? La grande Aurore Hemingway renoncerait à tous ses beaux principes pour Zadig Rosenbach ? Quel honneur ! » il lui sourit. « Tu veux quoi ? Tu voudrais que je fasse quoi ? Des excuses ? Navré, c'est pas dans mon programme. »
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