Le stylo qui frappe la cadence depuis quelques minutes, la tête posée négligemment contre sa main gauche, Dany contemple les merveilles que lui offre la vue de la fenêtre. Assise dans la salle principale de la confrérie des omégas, la jeune femme n'est pas d'humeur à travailler. Ses chimères s'envolent bien trop loin pour tenter de les rattraper et se concentrer sur son management. Un soupir las s'échappe de sa bouche. Les études, Dany n'en est pas une fervente admiratrice. Le seuls moments où elle apprécie poser sa mine de crayon sur le papier, c'est lorsqu'elle écrit son journal intime. Elle pourrait passer des heures à griffonner des pages et des pages sans se lasser. Bousiller ses stylos à en user l'encre. Mais malheureusement, aujourd'hui, elle n'a pas le temps pour cela. Le devoir est à rendre pour le lendemain et elle ne l'a pas encore commencé. Ou si peu. Décidant de s'accorder une pause, Dany se promène dans la salle principale de la confrérie, laissant ses iris bleutés balayer chaque recoin de la pièce. L'australienne est en colocation avec son meilleur ami Davis, depuis quelques semaines maintenant, alors elle n'a pas encore vraiment beaucoup explorer ce lieu. Son index balaie le rebord d'un meuble, à mesure qu'elle avance. Elle s'arrête alors devant les cadres photos de la trinité des omégas et un visage attire soudain particulièrement son attention. Celui du doyen de la confrérie. Zachariah La Tour Dubois. Ses traits, elle n'a jamais pu les oublier. Ce visage aussi machiavélique qu'angélique a toujours demeuré intact dans son esprit. Parce qu'à l'époque où elle a partagé un bout de son chemin, le russe détenait une place particulière dans son cœur. Déterminant qu'elle ne parviendrait pas à poursuivre correctement son devoir, Dany se décide à aller rendre visite au doyen, priant pour que ce dernier se trouve dans son bureau. Ses escarpins foulent les escaliers menant à l'étage de la trinité. Il ne lui faut pas longtemps pour trouver le bureau de Zachariah et frapper à sa porte. Après un léger silence, une voix rauque s'élève, intimant l'australienne à entrer. Dany ne se fait pas prier et ouvre la porte. Un sourire s'installe sur son visage lorsqu'elle croise le regard du doyen. « Zachariah La Tour Dubois » apostrophe-t-elle le russe. Elle lit dans les yeux du jeune homme de la surprise en premier lieu. Cela fait maintenant six ou sept qu'ils ne se sont pas revus, ni même échangés le moindre courrier. Leur séparation avait été clair, jamais ils ne chercheraient à se revoir. A croire que le destin souhaite les voir réunir à nouveau. « Il me semblait bien que je connaissais ce prénom ». Comment l'oublier. Et puis des Zachariah, ça ne court pas des rues, tout comme les Dany. Si la jeune femme doit remercier ses parents, c'est bien pour ceci : le choix de son prénom. Les patronymes s'enchantent pas tout le monde, certains s'évertuent même à les changer. Mais Dany, elle ne le modifierait pour rien au monde. Il reflète très bien sa personnalité et scie les traits de son visage à la perfection. Dany n'a connu qu'un seul Zachariah au cours de son début de vie. Celui-ci qui se trouve à l'heure actuelle en face d'elle. Dany ne reste pas bien longtemps stoïque devant le La Tour Dubois. Elle s'avance vers le bureau et aidée de ses mains posées sur le bois massif du bureau, se hisse et s'assoie sur le rebord de celui-ci. On est bien mieux assise que debout teh. « Maaaaazette le bureau ! Doyen de la confrérie, rien que ça. T'as couché avec combien de filles pour avoir ce poste ? » ironise-t-elle. Un clin d'oeil ponctue ses paroles. Dany, elle lance des boutades à longueur de journée. L'astuce, c'est de ne rien prendre au premier degré dans ce que dit la jeune femme. Et ceux qui ne comprennent pas cela n'apprécient généralement pas l'australienne et son humour douteux. Mais Dany l'a toujours assumé. Changer ? Pourquoi faire quémande-t-elle ? Elle est toujours partie du principe qu'une personne doit être acceptée avec ses défauts et ses qualités. Et si le franc-parler de l'oméga ne fait pas l'unanimité, elle invite alors les gens à passer leur chemin, tout simplement. « Je plaisante. Ca me fait plaisir de te revoir Zachy ». Zachy, un surnom qu'elle lui avait accolé au temps où ils se fréquentaient. Zachariah, ça fait trop pompeux qu'elle lui avait dit, alors on change et on donne un surnom. Enfin elle ne l'a pas donné, elle l'a imposé. Parce que Dany, elle ne fait que ce qui lui plait, sans jamais demander la permission auparavant. Et si ce comportement dérange, well, ça l'importe peu. Dany ne se soucie jamais de rien. Elle vit sa vie avec légèreté et joie, sans se la compliquer avec des inquiétudes futiles. Hakuna matata signifie que tu vivras ta vie sans aucuns souciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis.

De la paperasse encore et toujours. S'il y a bien un point qui dérange Zachariah La Tour Dubois dans le fait d'être doyen de confrérie, c'est celui-ci. Remplir des tonnes de papiers pour les admissions des élèves au fur et à mesure chez les omega. Lire les dossiers, vérifier s'ils sont plus ou moins compatibles avec l'ambiance générale des omega, en discuter avec Xavier et Maël avant de prendre une décision finale et de l'annoncer. Aujourd'hui, le russe a une quinzaine de dossiers étudiants à étudier de manière consciencieuse. Ce qui lui demande un effort de concentration parce que Zachariah a tendance à envoyer valser tous les papiers pour prendre ses futurs camarades de confréries au feeling. Ce qu'il ne peut plus faire désormais. Tout ça à cause de la société secrète qui sévit sur le campus. La méfiance est donc de mise. Il faut éplucher chaque ligne pour ne pas prendre chez soi un psychopathe qui ferait tout exploser en deux minutes. Le nez dans ses feuilles, il invite assez distraitement la personne qui frappe à la porte à entrer. Il se passerait bien de toute discussion car son envie première est d'en finir au plus vite et de rentrer dans ses appartements. Le jeune homme relève la tête à l'entente de son patronyme. Et qu'elle ne fut pas sa surprise d'avoir en face lui une personne à laquelle il ne s'attendait pas du tout. Le doyen des omega se renverse contre le dossier de son fauteuil et observe l'arrivante avec une bienveillance sincère. « Tiens donc Dany Cagle-Hopkins. » Dit-il avec un sourire à son égard. Zachariah a l'impression qu'ils ne se sont pas vus depuis des années lumières et pourtant elle n'a pas changé. Le fait de la revoir le replonge dans ses années en Russie quand il foutait tout et n'importe quoi sans se soucier de ce qui pourrait arriver demain. Pour certains, Dany serait un mauvais souvenir d'une période que l'on préférerait oublier. Pour Zachariah, c'est tout le contraire. Malgré leur rencontre assez … tumultueuse, il est heureux qu'elle soit là. Pour une fois qu'une personne de son passé ne lui en veut pas à mort et qu'ils se sont quittés en bons termes … C'est à marquer d'une pierre blanche. Il la regarde s'approcher du burea pour s'y asseoir sans chichis. Ça c'est du Dany tout craché. « Installe-toi je t'en prie. » propose le russe avec moquerie. Ah non, c'est trop tard, c'est déjà fait. La brunette a l'air assez surprise de le trouver à un poste aussi important au sein de l'université. Pas étonnant quand on connaît l'ancien Zachariah qui passait son temps à sortir et à jouer des poings quand on le cherchait un peu trop. Il hausse les épaules en lâchant un bref rire. « Des dizaines. Et le doyen Fredericksen en prime. » La manière dont il s'exprime prouve bien qu'il n'est pas du tout sérieux. Pour une fois, il a réussi quelque chose. Par lui-même. Sans avoir son père adoptif sur le dos qui lui rabâche qu'il n'est qu'un bon à rien. Et cela va faire près d'un an et demi qu'il est à la tête de la confrérie des fêtards. Malgré quelques couacs assez retentissants auprès des autres confréries, Zachariah s'en est plutôt bien sorti. Il est même assez fier de lui. Et de ses confrères. Il ne grogne pas quand elle l'appelle Zachy, néanmoins le jeune homme n'est pas très fan. « Arf' Zachy … Si tu n'avais pas utilisé ce surnom, j'aurais presque pu dire que tu m'avais manqué. » Dit-il sur un ton assez ironique. En réalité, cela lui faisait plaisir de retrouver Dany à Berkeley. Et qui plus est dans sa confrérie. Néanmoins, il avait toujours détesté l'espèce de surnom affectif que la jeune femme se plaisait à lui donner à toutes circonstances. Cela lui donnait un côté efféminé dont il ne raffolait pas et qui avait tendance à lui faire lever les yeux au ciel dès qu'il l'entendait. A présent, le doyen des omega est certain que Dany ne loupera pas une occasion pour le ridiculiser avec son Zachy. Finalement, le jeune homme prend la peine de se lever pour s'approcher de la brune et lui planter un baiser sonore sur la joue. Le tout accompagné par un sourire irrésistible. « Que me vaut l'honneur de ta présence ? » Demande-t-il un brin surpris de voir que Dany se retrouve dans la même université que lui. Le destin semble avoir eu la bonne idée de les rassembler. « Laisse-moi deviner. Tu t'es ennuyée de moi durant toutes ces années. Alors tu as fait des investigations pour me retrouver. » Il n'a la jeune femme sous les yeux que depuis une dizaine de minutes à peine, cependant Zach' a déjà retrouvé ses bonnes vieilles habitudes. Vannes pas drôles et complicité d'antan. Il lui donne une légère pichenette sur le nez avant de reprendre sa place sur son siège.