Quand ils se sont mariés "J'ai la clef de ton coeur baby!"

Vous vous souvenez ? Le cri le moins virile de la planète revenait à Sacha alors qu’il avait tenté de sauver les fesses de son ami Rayan. Ce matin, il gagnerait le prix du gars le moins virile de la planète pour de bon.

Mais ne sautons pas d’étape. Personne n’est sage à Las Vegas. Personne et certainement pas Sacha et Rayan. Pour fêter sa majorité, Sacha avait choisi de s’envoler à Las Vegas avec un petit groupe d’ami. La dernière soirée s’était terminée avec Rayan. Sacha avait alors décidé de profiter de tout ce qu’il ne pouvait avoir avant de franchi cette limite d’âge : 18 ans.  Le tout nouvel homme qu’il était devenu réalisait à peine l’énormité de la situation à l’heure actuelle. Sa tête menaçait d’exploser s’il ouvrait le moindre œil. Aucun souvenir ne le titillait. En réalité, la seule chose qui le chatouillait se trouvait dans son cou, une perruque soyeuse et douce : blonde. Tout laissait croire que pareil chevelure appartenait à la plus magnifique des créatures féminines sur cette planète. En effet, les mèches cascadaient sur une robe blanche brodée de violine. Sacha aurait pu être la femme idéale s’il n’était pas un homme.

A l’heure actuelle, il dormait à point fermé, réalisant à peine la présence dans son dos. Rayan. Dans son esprit encore embrumé par l’alcool, personne d’autre que Catalina ne pouvait partager son lit. Il l’aimait, elle ! Il l’aimait si fortement que c’était l’unique femme au monde pour qui il se serait mis à genoux pour lui offrir une bague en diamant. Malheureusement, plus de place sur le fameux doigt. Une énorme bague en plastique se trouvait là.

Trop de détails, trop de bêtises, trop de trou noir. Dans un gémissement mi douloureux, mi endormi, il tira sur la couette qui menaça de s’effondrer. En réalité, il fit basculer l’ensemble du lit. Probablement que les deux lurons avaient retourné toute la chambre. Aussi, Sacha dégringola rapidement, le nez contre le plancher. Même cette petite chute laissa le jeune homme sans réaction. Rassurons-nous, il respirait toujours. Deux minutes plus tard, il comprenait qu’une masse l’écrasait.  Probablement sa douuuce Violette qui avait trop mangé au petit déjeuné. Bordel ! Ce qu’elle était lourde. Pourquoi ne se souvenait-il pas de sa nuit avec elle? Pourquoi? Dommage d'avoir enfin réussi à conclure si c'était pour ne pas avoir eut cette nuit merveilleuse avec elle! Tant pis, il remettrait le couvert avec elle pour essayer de faire revenir les heures passées. Délicatement, Sacha posa sa main sur la cuisse de sa bien-aimée. Il avait finalement réussi avec elle ! Sa merveilleuse Violette ! Tendrement, les doigts remontèrent sur le long de la cuisse. C’était un peu poilu quand même ! Bof, sa précieuse petite Violette avait la peau douce malgré tout. Ah, l’amour… Il tenta de faire délicatement basculer sa tendre petite amie pour pouvoir respirer mais l’ensemble s’avéra plus lourd que prévu. Violette avait un cul drôlement ferme et musclé. Sexyyyyy ! Certes, il avait besoin d’elle pour vivre mais aussi d’air !!! Quel déception aurait-il en remarquant que sa Violette n’était personne d’autre que Rayan ! Imaginez celle de Rayan lorsqu’il réaliserait que la main parfaitement manucurée et la chevelure blonde n’était autre que Sacha lui-même.

Le cri de Rayan vrilla les tympans de Sacha. Que se passait-il ? Alerté, il se redressa d’un bond ; idée la plus stupide du siècle. Le sol avait tourné pour mieux se dérober sous les pieds du Sigma. Non, le monde ne voulait plus de lui et s’éclipsait. La connerie du Sigma devenait trop lourde pour la planète elle-même. La Terre tentait de l’expulser. Aussitôt, le garçon avait eut le réflexe le plus idiot du monde. Enfin, il trônait parmi la crème de l’idiotie.  Les bras avaient réagit à retardement, enserrant les genoux du Delta plutôt que ses épaules. Le nez de Sacha finissait entre les cuisses musclées de Rayan. L’endroit ne facilitait pas la réflexion !

Le Sigma glissa le long du pakistanais pour finir aux pieds de ce dernier. Pas cool même si tous finissait par tomber aux pieds de Rayan non ? Ici, il semblerait que Sacha ait prit le principe au pied de la lettre. Trêve de jeu de mot, reprenons le récit.

« Chuuuuuuuuuuut ! » Couina le Sigma, visiblement peu concerné par la situation en relevant les yeux vers Rayan. « Qu’est…t’fou à poil ? » Marmonna-t-il avec la plus grande peine.

Il serait temps de décuiter Sacha. Malheureusement, le plus jeune tenait réellement moins bien l’alcool, ou peu importe ce que Rayan et Sacha avaient ingurgité. Le rouquin n’avait visiblement pas fini avec les substances illicites. Un petit coup d’eau pourrait lui être bénéfique. En remarquant, des mèches blondes sous lui, le jeune homme tenta de s’écarte.

« Y a une fille… »

Inutile de lui préciser que la fille c’était lui. Il préférait rire bêtement en continuant de rouler pour essayer de libérer la blonde. Mais non, il ne compris pas pourquoi la chose le suivait. Aussi, il continuait de glousser. Les filles alors, de vrais pots de colle. Et si Rayan lui parlait, Sacha demeurait trop occupé par la blonde pour écouter le Delta.

« Meuh laiiiisse moi. »

Voilà maintenant qu’il parlait à une perruque. Ce ne fut que lorsqu’elle se détacha de son crâne que Sacha s’interrogea. Ou était la fille ? Lentement et étape par étape, il termina assis. Le regard admira enfin sa magnifique robe de mariée. Qu’est-ce que… ? La fille était dessous ? Posant la main dessus avec force Sacha senti sa propre jambe.

« Oh…p’tain… ! »

Le miroir en face de lui venait de lui renvoyer le pire reflet de sa vie. S’il n’avait pas décuvé, c’était fait à présent. Il était… déguisé en fille : manucure, maquillage et robe. Il avait même rembourré le décolleté. Les yeux s’écarquillèrent en grand alors que le premier réflexe de Sacha s’avéra tout aussi idiot que le précédent. Pourquoi changer les bonnes habitudes ? Le rouquin déposa rapidement sa main sur son entrejambe, comme pour vérifier que tout était bien en place. Un soupir de soulagement laissa deviner le court de ses pensées. Il possédait toujours son pénis et le reste. Un doigt tremblant remonta sur une valise présente sur le sol.

« C’ma chambre. » Répondit-il enfin en calculant la question de Rayan.

Après tout, c’était sa valise et oui, il commençait à retirer le coton ou le rembourrage dans son corsage. Il devait virer tout ça ! Rien à faire s’il terminait cul nu devant Rayan. Hors de question porter ça encore plus longtemps.

La tête semblait sur le point d'exploser, son âme semblait n'être qu'un tourbillon de brume, et la douleur paraissait être accrochée à son corps, voir même visée. Elle refusait de s'en aller, comme toujours dés lors qu'elle venait à s'emparer de lui. Il avait l'impression de revivre la même scène qu'il y a quelques semaines, lorsqu'il s'était réveillé à l'hôpital sans plus savoir ce qui s'était passé, hormis la scène où son père s'abattait sur lui pour le coller à même le sol avant le trou noir. S'était-il encore une fois fait passer à tabac par ce dernier ? Ou cette fois-ci, Sacha et lui avaient-ils été victimes d'un parfait inconnu ? Toutes les possibilités devaient être prises en compte, y compris les situations les plus loufoques. Comme celle-ci. Celle où les bras de Sacha encerclaient ses genoux pour se retrouver finalement, la tête entre son entre-jambe. Et ben, c'est que le petit en redemandait encore. Finalement, le delta l'observa s'effondra au sol sans bouger ne serrait-ce que le petit doigt. Si tout le monde faisait comme Sacha, la vie serait plus simple, mais non, il y avait toujours les éternels rebelles qui refusaient de finir à ses pieds. « Bah... j'dors toujours à poil. », réprima-t-il d'une voix des plus faibles. Rayan ne savait même plus ce qu'il portait la veille au soir, il ne savait même plus où ses vêtements se trouvaient, ni même pourquoi Sacha se retrouvait dans un accoutrement des plus ridicules. Ainsi, le grand blond préféra faire quelques pas en arrière et laisse le sigma régler ses problèmes. Une perruque blonde, une robe de luxe, ça y est, il avait fini par se trouver une nouvelle vocation après avoir découvert qu'il pourrait très bien être, tout au pire, bisexuel. « Va-y, elles sont où mes affaires... » Laissons donc le petit se débrouiller comme un grand, lui au moins avait des vêtements sur le dos, contrairement à Clives qui, aidait de son regard embrumé, se devait de retrouver ce qui lui avait servit d'habits pour la veille au soir. Difficile, d'ailleurs, lorsque l'on voyait l'état de la pièce. Le delta avait l'impression qu'une tempête s'était pile abattue sur la chambre. Dire que c'était une pagaille était une opportunité manquée pour des mots bien plus appropriés. Tsunami, cataclysme, désastre, tout comme l'état de sa cavité crânienne à l'heure actuelle. Les pensées se perdaient, toutes plus incohérentes les unes que les autres, le faisant presque se tordre de douleur alors qu'il avançait au cœur de la pièce. Il ne savait même plus combien de temps il avait passé à marcher sur le sol en moquette, inspectant les alentours comme pour la première fois. Une bombe avait carrément explosé. Enfin, l'assistant de direction retrouva un premier vêtement, celui qu'il considérait comme le plus important, son caleçon, qu'il enfila en une fraction de seconde à peine. Comment pouvait-il avoir pu oublier la soirée qu'il venait de passer ? À croire qu'il s'était tellement mis la tête à l'envers, mais venant de sa part, cela n'avait absolument rien d'étonnant. Il s'était promis qu'il ferait la fête pendant tout l'été, quitte à se retrouver un jour, les pieds attachés au plafond et la tête en bas. Il n'en était, apparemment, pas passé loin. « On a volé les boutons de ma chemise. », gémit-il alors qu'il s'emparait du morceau de tissu qui était à présent plus que froissé. Cependant, en saisissant son vêtement, ses doigts s'étaient également emparés d'un morceau de papier qu'il tenta de déchiffrer, plissant les yeux à de nombreuses reprises alors que son cerveau ne répondait plus de rien. Vide, dévasté, même les éléments les plus essentiels semblaient s'être éclipsés de ce lieu si sacré. « Et eeeuh, truc là... Tu connais une Sacha Weiss, toi ? J'crois que j'suis dans la merde. » Oui, Rayan avait tellement la gueule à l'envers qu'il ne savait même plus comment s'appelait le petit. C'est à peine s'il savait comme lui s'appeler, mais son nom venait de lui sauter à la figure au moment où il avait réussi à analyser un peu mieux le papier qu'il tenait dans sa main. Un très charmant certificat de mariage.

Tout devenait beaucoup trop complexe pour son petit cerveau. Pourquoi l’alcool jouait-il à faire balloter son esprit comme s’ils prenaient le bateau ? Est-ce qu’ils prenaient le bateau ? Mais à la demande Rayan. Sacha bloqua un instant. Il avait prit soin de retirer cette maudite perruque. Sa tête le faisait suffisamment souffrir. Tout ce maquillage lui donnait la nausée. Comment les filles pouvaient-elles vivre avec un tel masque de cochonneries sur la figure ? Aussi, c’est devant le miroir de la salle de bain que Sacha prit connaissance de l’existence d’une homonyme. Cette histoire devenait réellement folle pensa-t-il en se jetant un coup d’eau à la figure. Comme si le mascara et rouge à lèvre n’avaient pas assez coulé ! Il ressemblait à une mauvaise caricature du Joker dans Batman. Il jurerait presque que ses cheveux étaient verts tant la migraine le rendait fou. Frottant encore et encore, il patientait que l’eau froide fasse resurgir le souvenir d’une Sacha qui porterait le même nom de famille que lui.

« Tes boutons de manchettes flottent au fond de la cuvette… » Annonça Sacha, en retard sur la conversation et non, il n’irait pas les récupérer.

De son côté, Sacha avait un autre souci. Comment on retirait une robe ? Rayan devait savoir, lui avait ôté de nombreuses robes dans sa vie. Combien de filles avaient-ils dénudé ? Non, hors de question de demander à Rayan de le déshabiller. Il allait faire ce que tout Geek normalement constitué ferait. Il chercherait sur internet. Malheureusement ou heureusement, en allumant son portable, Sacha tomba sur une étrange photo en fond d’écran. Rayan au bras d’une fille blonde, maquillée comme un cul et dans une robe meringue minable présentait un fuck. Pouffant de rire, il avança vers Rayan.

« Je crois que c’est elle. » Déclara-t-il d’une voix pâteuse.

Il mettait le temps pour réaliser. D’ailleurs, il se permit de jeter un coup d’œil au papier que Rayan tenait entre ses doigts. Sacha Finley Weiss. Attendez, il avait probablement mal lu.

« Mais je suis pas une fille !!! » S’offusqua Sacha tout en réalisant parfaitement le décalage entre sa tenue et son propos!

Évidemment, cette remarque n'avait rien d'importante face à l'horreur de la réalité. Mais à peine cette idée lui eut traversé l’esprit que Sacha dégluti avec peine. Lentement, le regard se tourna vers Rayan. La bouche entre-ouverte et la respiration suspendue, il réalisait une chose qu’il ne pouvait prononcer, pas maintenant.

« Oh… mon… Dieu. Rayan…C’était notre nuit de noce. » Annonça une voix blanche.

Le dos raidit aussitôt, imité dans la seconde par le postérieur de Sacha. Qu’est-ce qu’ils avaient fait ? Pourquoi ? Qui avait été assez con pour accepter de les marier ? Qu’est-ce qu’ils avaient prit pour dériver autant ? Impensable ! Ils n’avaient tout de même pas… NON ! Est-ce que le papier était réel ? Est-ce qu’il dormait encore ? Possible ! Avec tout ce qu’il avait prit, possible qu’ils soient encore endormis !

« Bah... prends-les avant de tirer la chasse. » Sérieusement, est-ce que ses paroles atteignaient les oreilles de Sacha des années-lumières après les avoir prononcés, ou était-il juste long à la détente ? La question restait en suspens dans ses lèvres et mieux valait se taire, un autre problème se pointait sous les yeux du grand Delta qui ne réalisait pas vraiment qu'il était littéralement dans la merde. Un certificat de mariage entre les mains, c'était à croire qu'il ne comprenait pas vraiment qu'il était à présent l'homme de cette personne dont le nom sonnait étrangement familier au final. Mais où placer pareil nom ? Aucune idée. Trop ivre, trop fatigué pour chercher des réponses aux questions qu'il se posait à l'heure actuelle. Ayant enfilé ses vêtements une bonne fois pour toute, le blondinet se tourna vers le Sigma qui lui tendait à présent son téléphone. Les yeux à demi écarquillés, Rayan s'empara de l'appareil afin de voir sa tête de plus près. « Seigneur, comment j'suis beau gosse. Un peu la tête dépravée, mais j'devais être le marié le plus bourré et le plus beau en même temps. » Non, toujours pas en train de réaliser ce qui cloche ? Apparemment pas. Le mariage est quelque chose qui horripile presque l'Israélien, autant dire qu'il est, un tantinet, réticent quant au mariage de son frère jumeau, mais uniquement parce qu'il a peur de le voir s'éloigner malgré une conversation qu'ils avaient déjà eue à ce sujet. Et Rayan n'étant guère dans les relations amoureuses, autant dire que le jour où il aurait la bague au doigt, les poules auront des dents. Mais visiblement, ce jour-là est arrivé. « On dirait, toi quand même. La blague. », lança le bras droit en fronçant les sourcils tout en éloignant et approchant le portable à plusieurs reprises de son nez. Mais comment une telle laideur pouvait faire une photo avec lui, sérieusement ? Évidemment, il ne pensait qu'à son image, pas au fait qu'il était marié avec une moche à présent. Haussant un sourcil à la remarque de son ami, il lui jeta un bref coup d'œil tout en le laissant se saisir du certificat qu'il tenait entre ses doigts, bien trop préoccupé par cette foutue image qui sortait de nul part. « C'est ta sœur alors ? La vache, comment elle te ressemble... C'est moi qui vois flou, ou elle n'est vraiment pas très belle ? » Même de loin, on aurait dit un monstre. La même robe et la même gueule que Sacha... Mais bordel, Rayan, secoue-toi un peu la cervelle au lieu de te secouer l'entre-jambe, ça t'aidera enfin à comprendre ce qui t'arrive. Mais lorsque la voix du jeune homme remonta aux oreilles du Delta, ce dernier le dévisagea avec un regard d'incompréhension. Qu'est-c'qu'il racontait encore celui-là ? Leur nuit de noce... Mais non, ils étaient ici pour l'anniversaire de Sacha ! Sacha... Weiss... C'était lui, en fait, le Sigma qui se tenait à ses côtés. Il était son... « QUOI ?! C'est toi... et c'est moi... Et on est... J'vais tourner de l'œil, j'saigne du nez, j'vais mourir. J'suis en train de faire un arrêt cardiaque. J'ai mal quelque part là... » Sa main tomba sur sa poitrine, juste au niveau de l'organe non identifié que l'on appelait communément un cœur. Son teint naturellement bronzé était passé par la case blafard. Rayan commençait à voir flou, il se sentait vidé de ses forces. Ainsi, le téléphone de Sacha quitta sa main pour mieux s'écraser sur la moquette de la chambre. Un dernier coup d'œil au certificat eu raison du blondinet qui se précipita dans la salle de bains pour mieux vomir dans l'évier. Bah oui, ses boutons se trouvaient toujours dans la cuvette, alors personne n'irait les salir tant qu'ils se trouvaient là. « Faut que je rentre à la maison. » Et par maison, il entendait Rosh HaAyin, ville qui l'a vu grandir et où se trouvait sa mère.

Sacha ne redescendait plus, ou très peu, pas assez pour réaliser la réalité de la situation et de l’authenticité du papier qu’il tenait entre les doigts. Mais il était apte à aider Rayan dans cette épreuve du mariage avec un petit compliment dont il avait le secret.

« Sûr ! Si on prenait ton taux d’alcoolémie et qu'on le multipliait avec ton … » Et voilà que Sacha se lançait dans des explications mathématiques particulièrement ennuyeuses que Rayan ne devait probablement pas comprendre. Le seul passage qui devait le marquer restait simple. « C’est toi qui aurait eut le plus haut taux de bogossitude et si on fait pareil avec le quotient intellectuel, c’moi qui gagne ! » Assura-t-il en louchant sur le papier.

Sa sœur ?  Le rouquin avait choisi de rentrer dans le jeu et de laisser place à la plaisanterie. Après tout, ce bout de papier ne prouvait rien du tout. Surement que des amis avaient tenu à faire un canular douteux. Tout ça , ce n’était qu’un fake, un énorme gros fake ! Tout s’enchainait trop vite pour Sacha qui peinait à ramasser son portable au sol. Rayan venait déjà de vomir dans l’évier alors que Sacha pensait toujours avoir à faire à une plaisanterie. D’ailleurs, le seul constat qui quitta l’esprit de Sacha fut un rire. L’index levé en signe de triomphe, il patienta que Rayan ne laisse plus entendre de bruit répugnant dus aux nausées pour déclarer.

« Et c’est aussi moi qui ais le plus haut taux de résistance de l’estomac  ! Je n’ai pas vomi ! »

Pour l’instant oui. Quelle victoire et quelle compassion ! Attendez un peu que son alcoolémie redescende pour le voir dans le même état que le Delta. Les substances prises la veille continuaient leur effet catastrophique sur le brave rouquin. Toujours sur une autre planète, le garçon avança dans la salle de bain pour rejoindre Rayan. Il ne souhaitait pas voir son ami s’effondrer.  Bien qu’encore jeune,  sa musculature se dessinait finement, discrètement et non marqué comme celle de Rayan. Aussi, au moindre évanouissement ou vertige trop intense, la chute serait inéluctable. Les bras encore mou d’alcool ne sauraient pas rattraper le plus âgé. Aussi, prévoyant, il attrapa une bouteille d’eau ouverte sur la table et poussa une chaise jusqu’aux fesses de Rayan.

« Assis toi, mec…  C’est qu’un fake, je t’assure. » Rassura-t-il en poussant la chaise un peu trop vivement contre l’arrière des genoux de Rayan. « Oups… d’solé. »

Maladroit comme jamais, le geste ne pouvait surprendre Rayan. La coordination constituait un point fort lors de créations robotiques, artistiques ou de manipulations chimiques. A contrario, dans la vie courante, elle faisait défaut au jeune Weiss. Harabo devait s’être plus ou moins habitué à cette gaucherie parfois exaspérante. Mais comme toujours l’esprit joyeux du sigma ne cessait de voir le côté positif de la situation et la situation le fit sourire.

« T’affole pas. Si c’était réellement notre nuit de noces, comme le prétend le papier, je peux te garantir que tu ne pourrais pas t’assoir… » Déclara Sacha dans un hochement de tête parfaitement entendu.

Evidemment, s’il y avait eut relation sexuelle entre eux, c’était lui, Sacha qui aurait eut le rôle actif…. FORCEMENT ! Non.  Mais pourquoi pensait-il à tout ça ? Son habitude d’explorer toutes les pistes pour trouver une solution le poursuivait. Bordel ! Quand allait-il redescendre ? Et puis ça puait ici. Aussitôt, d’une main malhabile, il tourna le robinet. Inutile que Rayan n’ait encore la nausée !

« Faut que je me change… » Poursuivit-il en portant le goulot de la bouteille à sa bouche sans pour autant boire. Il devait savoir.... « T’as mal? » Interrogea-t-il comme un médecin à son patient.

« Et si tu parlais une fois dans une langue que tout le monde comprend ? » Le Rayan avait un sacré mal de cheveux et n'était, en aucun cas, apte à réfléchir quant aux propos que tenait actuellement son ami. En même temps, il fallait bien souvent être le genre génie boutonneux en mathématiques pour comprendre le langage du petit, ce qui n'était en rien le cas de l'Israélien, bien plus mordu par la littérature que par autre chose. Autant dire que même lorsqu'il n'était pas dans un état aussi pitoyable, Rayan avait du mal a traduire les mots que prononçait son ami. « J'comprends toujours rien, mais possible que t'ais raison. » Il avait employé les termes toi et bogossitude dans la même phrase, alors cela devait bien évidemment couler de source. Si le delta tenait bien l'alcool en temps normal, apprendre qu'il pouvait très bien être marié, notamment avec Sacha, était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Trop d'émotions venaient à se mêler d'un seul coup, retournant les tripes du grand blond, lesquelles il finit par régurgiter dans l'évier. Aussi, après cinq bonnes minutes à maintenir son visage penché au dessus du lavabo, la voix du jeune Weiss résonna à nouveau, faisant bouillonner intérieurement le delta. « Comme d'habitude, t'as presque rien picolé, alors tu risques rien. », brailla-t-il. Comme si Sacha pouvait un jour concourir avec le Rayan qui avait une incroyable descente et une résistance à toute épreuve. Petit joueur. Agrippant une serviette, il s'en servit pour éponger furtivement son front ruisselant de sueur, tandis qu'un bord de chaise lui cogna l'arrière des genoux, le faisant s'asseoir dans un gémissement de douleur. Décidément, venir à Las Vegas n'avait été qu'une stupide idée, sans nul doute la pire décision qu'il aurait pu pendre, et voici où tout cela l'avait mené. En même temps, depuis son altercation avec William et son bref séjour à l'hôpital, le delta ne semblait plus être tout à fait lui-même. Il avait rejeté pas mal de monde et prenait un chemin qui ne lui était en rien commun. Le blondinet respira profondément avant que la bouche de Sacha ne vienne à nouveau à s'ouvrir. Les paupières de Rayan se plissèrent et il fronça les sourcils. « Tu plaisantes, j'espère ? Alors ça, mon p'tit, c'est même pas envisageable, qu'on soit bien d'accord. » Laisser le petit prendre le contrôle d'une partie de jambes en l'air, il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin. Si Pavel avait déjà eu du mal à obtenir ce qu'il désirait au cours de cette fameuse soirée sur la plage, Sacha pouvait toujours courir pour jouer au rôle de dominant face à l'Israélien. Aussi, il rejeta sa tête en arrière, cherchant à rassembler tous ses esprits. Un but, un seul, prenant à présent l'intégralité de ses pensées. Rassembler ses affaires, retrouver sa valise et se tirer d'ici au plus vite. « Non, j'ai pas mal, lâche-moi ! » Une question de plus dans le genre et Weiss regretterait amèrement d'être né. Ouvrant les yeux, il inspira un grand coup pour finalement se redresser. Ses jambes tremblaient, mais peu l'importait, partir restait le mot d'ordre. « En fait, t'as sûrement raison, ça doit être une blague de mauvais goût. C'est tout simplement pas possible, j'ai pas pu tomber aussi bas. » Et pourtant, tout laissait porter à croire que oui. Depuis le début de l'été, les choix de Rayan ne cessait de l'attirer vers le néant. « J'savais que j'aurais pas dû venir avec toi, c'est n'importe quoi. T'as intérêt à trouver tes potes pour savoir si tout ça, c'est une blague ou pas. » Parce qu'évidemment, tout ceci est la faute de Sacha, et uniquement de la sienne.

Sacha peinait à suivre. Rayan devenait de plus en plus désagréable et le rouquin laissait la gueule de bois pour responsable. Le plus jeune n’avait pas pour habitude de décevoir. Son problème se trouvait d’ailleurs là. Il détestait lorsqu’une personne se trouvait contrarié ou en colère à cause de lui. Sacha redoutait alors le pire et tentait de faire quelques plaisanteries pour calmer le jeu. Mais cette porte de secours ne semblait pas fonctionner à l’instant. Il ne savait plus quoi faire. Le jeune homme évitait par tous les moyens les conversations sérieuses pour ne pas se retrouver confronté à ses pires craintes et des situations autant émotionnellement que socialement particulièrement complexes. Aussi, plus Rayan montait en colère, plus Sacha plongeait les mains dans ses poches et rentrait la tête entre les épaules. L’alcool avait tendance à le rendre plus câlin que jamais mais cette fois, son cœur battait contre sa poitrine.

Il recula de quelques pas pour garder une forme de distance avec Rayan. Peut être que sa haine et sa rage étaient contagieuses. Pourquoi est-ce que le Delta s’affolait ? Sacha savait pertinemment qu’ils ne coucheraient jamais ensemble ! Des amis partageaient des bières, des soirées, des matchs, des robots et des programmes, pas un lit ! Sacha sortait presque avec Catalina. Il ne prendrait pas le risque de la tromper. Mais Rayan alignait les reproches et Sacha sentait la culpabilité gagner du terrain. Et puis, il y a eu la fin que le Sigma écouta avec amertume. Rayan n’avait jamais eu envie de venir Las Vegas ou plutôt de venir à Las Vegas avec Sacha. Affichant un piètre sourire de circonstance, Sacha redressa le nez sur Rayan.  

« On fait notre première dispute conjugale…» Murmura Sacha avant de tourner les talons vers la grande pièce. « Tu devrais peut être te rincer la bouche avant de commencer. »

Non, il ne puait pas. Sacha parlait de ses mots et de ses idées. Il devenait blessant.

« Rafraichi toi l’esprit pendant que je gère. Je sais pas, prends une douche.» Fini doucement Sacha en repartant vers son téléphone pour chercher le numéro de Stephen et Gary, ses amis d’enfance. Ils étaient fiables et honnêtes. Ils pouvaient être informés de la situation.

Sacha referma la porte de salle de bain avec tous les efforts possibles pour ne pas la claquer. Il avait besoin d’un peu d’air. Ce qui aurait dû être une semaine agréable à Las Vegas se transformait en cauchemar.