Depuis la fois où je m'étais disputée avec Maël, je ne lui avais pas adressé la parole. Vu notre sujet de dispute, je devais reconnaître que j'avais fait en sorte de l'éviter au maximum. Je préférais que la situation se tasse entre nous avant de reprendre contact avec lui. D'autant plus que j'avais honte du comportement que j'avais eu chez lui. J'étais passée pour une véritable idiote en jouant les femmes bafouées, alors qu'au final les histoires de mon meilleur ami ne me concernaient pas tant que cela. Il était majeur et vacciné, il pouvait donc faire ce qu'il voulait. Je m'en étais tellement voulu d'avoir agis de la sorte mais je n'avais pas pu m'en empêcher. La jalousie était un sentiment bien trop puissant en moi pour que je ne puisse le refouler. Ces quelques jours sans voir Maël m'avaient permis de mettre au clair certaines choses concernant mon attitude ou bien mes sentiments. La solitude et la distance m'avaient permis de me rendre compte que premièrement : il me manquait affreusement. Etre sans lui m'était vraiment difficile. Deuxièmement, je voyais Maël sous un autre angle finalement. Quelques uns de mes partiels étaient passés donc j'avais beaucoup moins de pression sur les épaules. Je m'étais donc aperçu que mon irritabilité ne venait pas uniquement de examens ou de mon manque de sommeil. Pour être honnête, je pense que je commençais à éprouver quelque chose envers Maël. D'où ma jalousie lorsqu'il fréquentait d'autres fille. Rien que d'y penser cela me faisait un drôle d'effet. C'était tellement absurde en y réfléchissant bien. Comment avais-je pu en arriver à ce point là ? Cela faisait maintenant des années que je le connaissais, il avait été comme un frère pour moi, alors que je commence à éprouver quelque chose pour lui... Seigneur, j'avais l'impression de faire quelque chose d'affreux en pensant à tout ceci. Ce n'était pas raisonnable. Notre relation n'avait jamais changé alors je ne comprenais pas ce qui avait pu me pousser à avoir un faible pour lui. Mais bien entendu toute cette histoire aurait été trop simple si elle s'était arrêtée là. Non, il avait fallu que mon ex et premier petit-ami Neal se pointe à Berkeley. Ma vie était un putain de bordel ces derniers temps, et je ne savais plus par où donner de la tête pour essayer de remettre un peu d'ordre dans tout cela. Je secouais alors la tête afin de chasser ces pensées de mon esprit. J'avais tellement de mal à me concentrer sur mes devoirs à cause de ces histoires. Cela devait bien faire deux bonnes heures que je tentais de réviser et pourtant j'étais toujours sur la même page de droit. Si je ne pensais pas à mon meilleur ami, c'était à Neal que je songeais. Autant ma vie sentimentale pouvait être aussi vide que le néant, autant elle pouvait être aussi mouvementée qu'une série télévisée. Alors que je tentais de me concentrer une bonne fois pour toute, quelqu'un toqua à la porte. Je me levais donc de mon lit afin d'aller ouvrir la porte. Je me demandais bien ce que l'on pouvait me vouloir à une heure pareille. Je n'eus même pas le temps d'ouvrir la bouche que Maël s'empressait de lâcher une phrase à toute vitesse tout en me collant un bouquet de fleurs dans les mains. Je le fixais de mes grands yeux verts. Il était beau. Quant à moi je ne ressemblais à rien comme à mon habitude. Mes cheveux étaient relevés d'un simple chignon fait à la va vite, et j'étais habillée d'un t-shirt bleu délavé ainsi que d'un vieux pantalon de jogging. Trop de sex apeal. « Maël ! » M'exclamais-je comme prise d'un électrochoc. Je ne m'attendais tellement pas à le voir débouler dans ma chambre étudiante. Je sentais mon coeur s'emballer en le voyant devant moi. J'étais prise au dépourvu pour le coup. « Merci pour les fleurs elles sont vraiment jolies. » Dis-je avec un sourire. Je ne crois pas que l'on m'ait déjà offert des fleurs. Je m'en souviendrai je pense. « Si je veux venir avec toi ? Euh... oui mais je ne suis pas franchement prête pour sortir.. » Répondis-je tout en me frottant le front.

En général je n'aimais pas trop que l'on vienne me déranger de la sorte le soir. Autant j'adorais sortir lorsque c'était prévu dans mon programme – j'aimais que tout soit organisé – mais lorsque l'on me demandait des trucs à la dernière minute, j'étais tout de suite moins motivée. J'étais quelque peu casanière. Parfois je manquais un peu d'envie, je me complaisais parfaitement entre les quatre murs de ma chambre étudiante. Alors qu'à d'autres moments j'étais une vraie pile électrique, prête à aller faire la fête jusqu'au petit matin. Avec moi, tout était une question de timing. Visiblement Maël n'avait pas jugé nécessaire de me prévenir avant de débouler sur le pas de ma porte. Il n'y a que dans les films ou les séries que les gens sont parfaitement habillés et coiffés à n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit. Et contrairement à certaines filles de l'université, je ne pensais pas que ma vie était une série télévisée. Alors forcément je suis quelque peu surprise lorsque mon meilleur ami me propose d'aller diner avec lui dans un grand restaurant. « Je sais que j'aurais peut-être du t'appeler plus tôt pour te prévenir. Je suis désolé, j'ai complètement oublié » Bon au pire, ce n'était pas un drame d'Etat. « Ca ne fait rien, je vais aller me mettre quelque chose de correct. » Dis-je en me reculant afin de laisser entrer mon meilleur ami. Ayant le bouquet de fleurs encore dans les mains, je décide de le mettre sur mon bureau. Cette situation était vraiment étrange. Nous ne nous étions pas adressé la parole depuis plusieurs jours et voilà que tout se déroulait comme si rien ne s'était jamais passé. Bien sur un malaise, une certaine gêne pouvait se ressentir. Comme si nous ne savions plus très bien comment nous y prendre l'un avec l'autre. Enfermée dans la salle de bain, je décidais d'enfiler une robe rose clair, simple et s'arrêtant juste au dessus du genou. Je décidais ensuite de laisser mes cheveux détachés. Un simple petit coup de rouge à lèvre et le tour était joué. Je n'étais pas le genre de fille qui mettait des heures à se préparer. Je me demandais bien ce qu'elles pouvaient fabriquer durant tout ce temps. « J'espère que ça ira comme ça. » Dis-je avec un sourire tout en posant les mains sur mes hanches. « C'est parti ! » M'exclamais-je après avoir attrapé mon sac à main. […] Le restaurant dans lequel Mael avait choisi de m'emmener était vraiment très chic. Bien que je ne sois pas quelqu'un aimant le grand lux, je dois reconnaître que je préfère largement ce genre d'endroit à McDonalds. A peine arrivés que l'on s'occupe déjà de nous. Maël et moi suivons la serveuse qui nous conduit à notre table. Au passage j'admire la décoration de l'établissement. Je constate que tout est pensé dans le moindre petit détails. Bien que j'ai toujours eu l'habitude de ce genre d'endroit en y allant déjeuner avec mes parents, je sens mes yeux s'illuminer par la beauté des lieux. La serveuse tire ma chaise afin que je prenne place sur celle-ci puis me donne une carte afin que je fasse mon choix. Maël et moi sommes à présent face à face et je le regarde par dessus le menu. A vrai dire je ne sais pas trop par quoi commencer. Devons nous aborder le sujet concernant la dernière fois ou bien faire comme si tout cela n'est jamais arrivé ? En fait je préfère ne rien dire. J'ai tendance à trop ouvrir ma bouche et cela m'attire des problèmes. « Ca me fais plaisir d'être avec toi ce soir. » Lui dis-je tout en souriant. Mon meilleur ami m'avait vraiment manqué durant tout ce temps. Cependant les sentiments que j'éprouvais pour lui depuis quelques temps me mettaient un peu mal à l'aise. Comme si quelque chose me bloquait.