La journée était longue, ou plutôt la semaine, voir même le mois. Jake n'arrivait plus à récupérer. Il était légèrement crevé, comme légèrement irritable. Il prenait peu de temps pour se reposer et il ne disposait pas d'assez d'heure pour en profiter. Choisir entre sa jeunesse ou sa raison, il n'arrivait pas à le faire. Il ne pouvait pas s'enfermer et se poser devant la télé. Non, ce n'était pas dans ses projets nocturnes. Enfin, si Mackenzie n'en faisait pas partie. Car, elle était sa cadette, sa petite soeur et il n'arrivait pas à l’entraîner dans ses tourments. Dans ces soirées qui étaient trop arrosées, où Jake touchait à tout pour oublier les soucis du quotidien. Comme celui qui lui rappelait en vain qu'il n'était pas riche. Aucun compte épargne. Aucune réserve. Jake vivait réellement au jour le jour et il ne changerait pas. Il n'était pas prêt. Il ne savait même pas si demain, il serait toujours de ce monde. Alors, à quoi bon bâtir un avenir qui nous semble incertain, trop lointain. Dans cette voiture qui n'était pas nouvelle, qui n'était pas si confortable, il ramenait Mackenzie au bercail. Oui, il était fière de leur nid douillet. Même si c'était loin d'être luxueux, moderne. Il le trouvait malgré tout chaleureux. C'était leur repère et il ne lui en fallait pas plus pour qu'il se sente chez lui.  Tant qu'ils avaient un toit, Jake ne se plaindrait pas. Il était bien le loft. Il aimait bien son désordre et ce vieux canapé qu'il avait dégoté. Pendant ce temps, ce trajet où il essayait en vain de rester concentrer, Mackenzie ne pouvait pas s'empêcher de vivre. Elle lui accordait quelques notes et chantait comme une reine. Il aimait son brin de voix. Il l'avait toujours trouvé particulier et surtout plus intéressant que celui de Garrett. Il la regardait donc avec ce large sourire, celui qui promettait une connerie.  « Je parie que tu aurais battu Garrett à son émission anglaise. Ça aurait été toi le X factor !  » ajoutait-il sincère et un brin sérieux. C'est clair quand le jeune homme avait l'opportunité de rabaisser son frère, il le faisait. Simplement parce que c'était dans ses habitudes. Il l'avait toujours endurci de cette manière et surtout il avait toujours protégé son réel attachement à sa famille. Il y en avait eu des disputes chez le Fitzgerald et surtout les clans n'étaient plus à remettre en question. Leurs parents l'avaient réalisé. Ils ne pouvaient plus rien faire pour leur progéniture. Ils étaient grands, presque adulte pour la moitié. Donc, ils avaient décidé de les laisser mener leurs relations comme ils l'entendaient. Mackenzie et Jake. Olivia et Garrett. Ni plus, ni moins. Et tout le monde le vivait bien. Jake n'avait pas besoin de plus. Il avait son étoile. Cette petite boule d'énergie qu'il protégerait contre vents et marées. Pour le reste, ils pouvaient se débrouiller. Olivia n'avait qu'à prendre son petit frère sous son aile. Elle l'avait toujours fait. Rien ne changerait. « Oui, oui tout ce que tu veux. Tant que tu ne le laisses pas gagner, encore une fois. Même à ce jeu, il doit perdre. déclarait-il en laissant échapper un léger rire et en appuyant légèrement sur l'accélérateur. C'est la série avec la fille blonde ultra sexy que tu veux regarder, c'est ça ? » Jake n'était pas doué avec toutes ces choses, tout ce que Mackenzie adorait. Elle aimait les sushis. Il préférait les fast food. Elle appréciait les séries en tout genre. Il accordait plus d'importance aux films d’horreur, aux histoires vraies. Néanmoins, le jeune homme ne faisait jamais le difficile en sa présence. Elle était d'ailleurs, la seule à pouvoir en profiter, à pouvoir le crier sur tous les toits. Mackenzie était réellement sa plus grande faiblesse et il faisait le maximum pour ne pas l'interroger, pour ne pas savoir ce qu'elle avait fait, qui elle fréquentait. Car il savait que ça serait la porte ouverte aux complications. Jake se voyait déjà mener l'enquête sur ces hommes qui l'approchaient de trop près. Il pourrait également les effrayer s'ils savaient qu'ils dépassaient une certaine limite. Enfin, tout ce qu'il y avait de désagréable se réveillerait chez l'oméga. Trop protecteur. Violent. Franc. Inconscient, surtout. Jake n'avait aucune idée de chaque conséquence qu’amènerait ses actes. Indirectement, il pourrait blesser cette seule femme qui compte pour lui. Et pour cette principale et unique raison, il ne lui demandait rien. Il ne la questionnait pas. Il ne voulait pas savoir. C'était plus facile, plus supportable pour le moment. Surtout qu'il ne voulait pas faire de leur soirée, une mise au point. Il voulait profiter. Il voulait rigoler, comme ils avaient l'habitude de le faire. Rire jusqu'à en avoir des crampes, jusqu'à croire que sa vessie ne va pas tenir. Rire aux éclats. Rire à en pleurer. Les voilà donc garés. Jake avait fait le nécessaire. Il avait pris cette place tant convoité, devant l'immeuble. Pendant que Mackenzie filait comme une fusée. Elle disparaissait dans le bâtiment et montait ces cinq étages. De loin, il la suivait. Il ne vérifiait pas si le véhicule était fermé. On pouvait lui voler cette vieille voiture, il s'en foutait. Il était surtout fou, celui qui osait lui piquer. Montant les marches à son tour, il commençait à fouiller dans ses poches. Il cherchait après son trousseau de clé. Il cherchait en vain, sans pouvoir mettre la main dessus. Une réalité que la petite soeur ne mit pas longtemps à comprendre. Son ventre parlait. Son impatience se ressentait. Mackenzie ne voulait pas rire avec ça.  « Oh du calme, ce n'est pas la fin du monde. Et où sont tes clés à toi ? » la questionnait-il intrigué. Mackenzie avait l'humeur changeante. Elle avait également facile de l'accuser, plutôt que d'avouer où elle avait également égaré ses clés. Cette clé unique que Jake lui avait fait pour pouvoir se retrouver, pour pouvoir lui offrir un toit. De son côté, le jeune homme ne savait plus réellement où il avait laissé les siennes. Chez Nael. Chez Katherine. Peut-être même que Shelley lui avait volé, une fois qu'il avait eu le dos tourné.. Il n'en savait rien et il lui faisait clairement comprendre. « Et le pire, c'est que je ne peux pas défoncer cette porte, parce que je n'aurais pas un dollar pour la remplacer. Fais chier !  » laissait-il s'exprimer. D'un seul coup, la jeune femme comprenait qu'il ne rigolait pas, qu'il n'était pas content de se retrouver là. Forcément, elle essayait de le calmer, de la rassurer. Mais, peut être pas de la meilleure façon qui soit. Car, la jeune femme venait de prononcer cette éventualité. Le seul toit qui leur restait pour ne pas passer la nuit dehors. A cet instant précis, Jake aurait préféré s'enfoncer un pieu que d'entendre le seul choix qui leur restait. Garrett en avait déjà fait assez. Il ne devait pas supporter le manque de sérieux de sa famille et surtout de ce duo qui lui avait toujours rendu la vie dure. Cependant, Mackenzie n'avait pas faux. Il ne pouvait pas la laisser là. Il allait donc le faire, pour elle et uniquement pour elle. Sans plus attendre, il lui tendait la main. « On y va ! Lève toi et arrête de déprimer, on va survire. Je te dis. » Revenant sur leurs pas, le duo inséparable essayait de garder le sourire. Ils essayaient de garder leurs bonnes humeurs et ce n'était pas chose facile, surtout pour le beau ténébreux. Il imaginait déjà la tête de son cadet. Cette fierté prendre place dans son regard. Une attitude qui lui nouait la gorge et pour laquelle, ils avaient déjà failli en venir aux mains. Alors, une fois dans la rue, Jake regardait son véhicule. Il n'avait plus envie de le bouger, plus envie de le conduire. Tournant donc son attention vers Mackenzie, il lui en fit part. « Une petite marche nous fera, d'ailleurs, le plus grand bien. » Une conclusion qu'elle comprenait directement. Jake n'était pas prêt à revenir sur son choix. Il commençait déjà à marcher. C'est ce qu'il lui fallait pour se calmer, pour ne pas songer au visage satisfait que leur accorderait Garrett. Il avait besoin d'air frais, qu'importe la distance et le temps. Une demi heure de marche n'avait jamais tué personne. A quelques exceptions près.. Après une dizaine de minute, sa cadette commençait déjà à se plaindre. Elle avait fait et légèrement froid. Elle ne rigolait pas et ça l’ennuyait. Histoire de ne pas perdre de temps, et encore moins de la patience, Jake l'attrapait. Mackenzie était désormais sur son dos. C'était de cette manière qu'ils allaient parcourir le reste du chemin.  « On y presque. On arrive chez le Seigneur Crétin ! Je compte sur toi pour faire bonne figure.. Pour nous deux. » déclarait-il naturellement, en glissant ce service. Jake n'avait pas envie de faire semblant. Il ne le faisait jamais. Seulement, ce soir, il n'était pas seul. Il avait sa petite soeur et il allait prendre sur lui même, se taire pour qu'elle soit aux anges, posée devant sa télé avec sa série et un plat de sushis à la main. Arrivant devant cette façade parfaite, il continuait d'avancer. Se tenant devant le parlophone, il rapprochait Mackenzie pour qu'elle signale leur présence. Marquant derrière ses quelques mots, sa présence et surtout annonçant qu'il n'était pas d'humeur à attendre.  « Ouvre la porte. » s'empressait-il d'ajouter aux paroles de sa soeur. Ces paroles qui avaient délicatement annoncé leur présence.

Cela faisait une semaine à peu près que Olivia venait d'arriver à San Francisco, cette ville parfaite à ses yeux. Mais Sydney lui manquait énormément. A vrai dire, elle aurait pu quitter sa ville natale à la rentrée deux-mille treize, mais elle avait préféré continué son école de cuisine encore une année. Cependant, son frère Garrett lui manquait à la folie alors elle avait fait en sorte de partir plus tôt que prévu. Premièrement, ça c'était fait pendant deux semaines de vacances qu'elle avait obtenu, mais elle s'était sentie tellement bien dans cette ville et tellement bien aux côtés de son frère qu'elle déduisait une chose de ses courtes vacances passées aux Etats-Unis ; la jeune femme ne voulait plus passer encore des mois sans son frère. Elle ne connaissait personne dans son entourage qui avait cette relation aussi fusionnel avec son frère et cela pouvait même paraître suspect. Bon nombre de son entourage lui avait demandé si son frère n'était pas plus que ça, ce qui la faisait rire aux éclats à chaque fois qu'elle entendait cette question. Mais à vrai dire elle aurait sûrement pensé la même chose à la place d'un de ses amis, tout simplement parce qu'elle aimait son frère comme ça n'était pas permis. Et elle se mettait parfois à leur place et les plaignait souvent de la supporter toutes ces fois où le nom Garrett sortait de la bouche d'Ollie, c'est à dire un minimum trois fois par semaine. Lorsqu'il était à Sydney, elle s'empressait d'harceler son frère pour qu'il sorte un soir avec ses amis avec que ces derniers connaissent l'homme de sa vie, son frère chéri. Hors elle ne parlait jamais de Jackenzie, aka Mackenzie et Jake, ceux qui faisaient aussi partie de sa fratrie et qu'elle détestait. Elle aimait les appeler de cette façon, c'était bien plus simple à dire. Et lorsqu'on osait lui demander si elle avait d'autres frères et soeurs pour ceux qui apprenaient tout juste à la connaître, la blonde partait dans un long monologue où elle expliquait qu'elle détestait tant ces deux personnes qui faisaient malheureusement parties de sa famille. A vrai dire, depuis son arrivée à San Francisco, elle ne les avait toujours pas vus et elle ne s'en portait pas plus mal. Pour tout dire, la dernière fois qu'elle avait vu Mackenzie, ce fut avant la rentrée 2013. Depuis, plus rien, et si jamais Mackenzie ou Jake venaient pendant les vacances, elle s'empressait de partir une semaine ou deux chez des amis, juste pour ne pas voir leur face. Elle ne savait en aucun cas si ces loosers étaient au courant de son arrivée ici mais elle n'espérait pas, histoire de voir leur tête se décomposer lorsqu'ils allaient la voir. Rien qu'à y penser, Olivia ne pouvait pas s'empêcher d'exploser de rire, ce que son frère Garrett devait trouver bizarre puisqu'un petit silence régnait depuis quelques minutes. Enfin un silence, pas tant que ça puisque son frère était en train de jouer de la guitare et quant à elle, elle lisait un magazine qu'elle avait apporté. Depuis son arrivée en ville, Garrett et elle ne se quittaient presque pas et elle squattait souvent son appartement, si bien qu'on aurait pu dire qu'elle y habitait. Elle passait ses nuits dans sa chambre à la confrérie des Beta et ses journées avec Garrett quand il n'était pas occupé. Jusqu'à maintenant, il n'y avait eu aucun blanc dans leurs conversations, celui-ci fut le premier mais pas pour autant gênant. Chaque personne avait besoin de son moment de solitude et du point de vue de la fashionista, qu'ils parlent ou pas, tant qu'ils étaient ensemble, tout était parfait. Elle profitait du fait que son frère était occupé pour s'éclipser. Bon je vais fumer, je reviens. La jeune femme le précisait histoire que son frère ne se demande pas si elle n'était pas tombée dans le trou des toilettes, sachant qu'elle prenait son temps lorsqu'elle fumait, pour penser à plein de choses. Et elle ne dérogeait pas à ses habitudes, puisque cette fois-ci, appuyée contre la fenêtre ouverte, Livia pensait à sa nouvelle vie à San Francisco, à son rêve de devenir une grande cuisinière qu'elle allait pouvoir toucher des doigts et comment allaient se passer sa vie d'étudiante à Berkeley. Parce que d'accord, l'université de Sydney avait beau être sympathique, elle n'arrivait pas à la taille de Berkeley, l'une des plus prestigieuses universités du pays. Mais elle ne s'en faisait pas pour ça, puisqu'elle était dotée d'une grande facilité d'intégration partout où elle allait et son physique allait sûrement rapidement la faire classer parmi les plus belles filles de l'université, elle en était persuadée. La modestie ? Hm, c'est une ville ? Parce que clairement, ça ne fait pas partie du vocabulaire de la fashionista. Après plusieurs taffes tirées et de grandes pensées, cette dernière entendit des voix. Une voix d'homme, différente de Garrett et une voix de femme. Cependant elle n'était pas assez proche pour bien entendre ce qu'ils disaient ni les reconnaître, mais elle avait l'impression de les avoir déjà entendues. Sûrement les mêmes amis de Garrett qu'elle avait pu rencontrer il y a quelques jours, pensa-t-elle. Mais non, ça n'était pas le cas. Loin de là. En grande curieuse, elle s'empressa de terminer sa cigarette, de fermer la fenêtre et d'arriver dans la pièce où elle se trouvait il y a quelques minutes avec son frère chéri. A ce moment-là, elle pu voir son frère Jack et sa soeur Mackenzie, aka Jackenzie les loosers. Et ils avaient l'air très surpris de la voir, mais aussi dégoûtés. Olivia s'approchait, en prenant son air hautain et ce sourire de garce qu'ils détestaient tant. Oh Garrett, qui vois-je, deux loosers. Toujours aussi pitoyables vous deux, et mon dieu, Mackenzie après ces quelques mois passés à San Francisco, je croyais que tu as appris à t'habiller correctement. Mais visiblement, c'est pas le cas. remarqua-t-elle, accompagné d'un regard insistant sur elle, qui la dévisageait de haut en bas avant d'afficher une expression de visage plein de dégoût. Elle s'approcha de Garrett avant de lui adresser un vrai sourire et de se tenir à côté de lui. Chou, t'as pas l'impression de te sentir supérieur quand on est en face d'eux ? Parce que j'te rassure, on l'est. Après cette remarque bien placée, elle croisa les bras tout en gardant un sourire tellement provocateur. Honnêtement, si ce même sourire et ce même regard étaient présent sur le visage de Mackenzie ou Jake, elle n'aurait pas pu s'empêcher de gifler l'un deux, mais comme elle voulait les faire péter un plomb de manière à ce qu'ils partent rapidement d'ici, quelque soit la raison de leur venue, il fallait être désagréable avec eux d'entrée. De toute manière, ça ne changeait pas tellement de d'habitude lorsqu'elle était en leur compagnie, mais cette fois-ci elle attaquait directement, alors qu'elle y allait doucement au début. Oh, mais où sont mes bonnes manières ? dit-elle, en prenant une petite pose avant de continuer. Qu'est-ce que vous foutez là les loosers ?