Si Rayan s'était penché un tantinet vers la demoiselle, cela n'était guère dans le but d'échanger un baiser avec la demoiselle, mais bien pour l'intimider, en plongeant son regard dans le sien, en lui montrant ses crocs luisants au point de l'effrayer et de la faire quitter l'endroit au pas de course. Bien évidemment, le plan ne s'était guère déroulé comme prévu, étant donner que Lucie fit une gaffe qu'elle allait regretter pendant bien des années. Le lait atterrit sur le visage du bras-droit alors qu'il n'avait absolument rien compris à ce qui était en train de lui arriver. Assis sur sa chaise, Rayan avait les yeux clos et la bouche quelque peu entrouverte, passant alors ses doigts sur ses paupières qu'il gardait close. Cette substance liquide, presque visqueuse, le répugnait dés lors qu'il fermait les yeux et c'est pour cette raison qu'il se débarrassa de la substance couvrant le pourtour de ses yeux avant de les ouvrir. Ce qu'il n'aurait pas dû faire puisqu'il put apercevoir son propre verre se renverser sur son pantalon. Rayan se redressa en deux temps, trois mouvements, repoussant la chaise et la laissant se renverser sur le carrelage. « Mais merde, tu peux pas faire attention à ce que tu fais ?! », hurla finalement le Delta, faisant tourner bon nombre de regards sur eux. En général, il adorait ça, mais pour cette fois-ci, le jeune homme s'en serait bien passé, alors qu'il se tournait en ridicule devant le genre de fille qu'il se défendait de côtoyer. La honte de sa vie, évidemment, de quoi donner aux autres une bonne raison de se moquer se poire à l'avenir, lui qui faisait toujours si attention à son image au point que cela en devienne une maladie. « T'es rien d'autre qu'une psychopathe et une catastrophe ambulante, tu ferrais mieux de déguerpir de mon chemin. Des têtes sont déjà tombées pour moins que ça. », grogna finalement l'étudiant, les poings et les dents serrés, prêt à coller la raclée de sa vie à cette peste. Heureusement pour Lucie que le Delta se refusait de frapper une femme, peu importe le mal qu'elle avait pu lui causer. Furieux et rouge de colère, il se retourna et attrape le jus à la tomate d'un étudiant assis deux tables plus loin, revenant vers Lucie d'un pas décidé et la tête haute, le contenu du verre s'écrasa sur la figure de l'étudiante pour dégouliner sur le haut qu'elle portait et un sourire en coin fit son apparition sur les traits du blondinet. « Si tu me connais aussi bien que tu le prétends, tu aurais dû savoir que j'ai la rancune tenace. » La vengeance est un plat qui se mange froid, comme le dit le proverbe, mais pour Rayan, elle se mange carrément congelée. Sans plus attendre, l'étudiant tourna les talons pour quitter la cafétéria aussi rapidement qu'il y était entré. Tant pis pour le dernier donut qui se trouvait encore sous la table, il pourrait très bien s'en payer un meilleur dans une boulangerie à quelques mètres de l'université. Pour l'heure, rien ne comptait plus que de mettre autant de distance que possible entre lui et Lucie.

Rayan semblait furieux. La couleur de son visage avait changé si vite que Lucie se croyait plongée dans un film d’horreur. Oh lala ! Il devait exploser sous peu. Aussitôt, la tête se secoua de droite à gauche pour tenter de lui expliquer la situation. Pourtant, le blond avait plongé la tête première dans une furie sans nom.

« Non. Non. » Souffla l’étudiante en biologie sans oser réellement se faire entendre. « Je n’ai pas dis ça. »

Jamais Lucie ne prétendrait le connaître. Elle avait simplement envie de le connaître, à tel point que son comportement frisait le ridicule, qu’elle avait été se renseigner et qu’elle avait réussi à l’aborder. Mais probablement aurait-elle dû s’abstenir de lui parler. Aussi rouge que lui, Lucie supportait les regards difficilement. Rapidement, le contenu d’un jus de tomates lui coulait sur la figure et aussi, Lucie sourit doucement. Peut être que la tomate avait des vertus bénéfiques pour la peau. Elle le saurait demain. En tout cas, il s’était vengé non ? Il devait aller mieux à présent. Tentant de voir clair dans ce brouillard, elle essuya l’ensemble du jus qui dégoulinait sur ses yeux pour mieux voir la suite arriver. D’ailleurs qu’arriverait-il ? Allait-il cogner ? Elle savait que c’était possible. Ce genre de chose arrivait même plus souvent que l’on acceptait de l’admettre. Mais la chose qui lui traversait l’esprit semblait à des kilomètres. Roman allait être furieux des photos, vidéos et autres commérages qui allaient circuler à son sujet. Dans peu de temps, son frère allait débarquer pour lui rappeler qu’elle ne savait qu’humilier la famille. Ce genre de choses là arrivait aussi beaucoup trop souvent. Devait-elle nettoyer ? Roman la tuerait si on la voyait passer le balai et la serpillère. L’ensemble aurait compromis son intégration dans la confrérie qu’elle visait. Ramassant son sac, Lucie enfonça sa tête entre ses épaules pour partir précipitamment sur les pas de Rayan. Non, elle ne le suivait pas. Elle fuyait pour le moment. Soyons positif, au moins, maintenant, il se souviendrait d’elle. Certes, l’image qu’il avait d’elle ne brillait pas sur du papier glacé. Peut être pourrait-elle remédier à ce souci. En attendant, elle priait le ciel pour que les dégâts ne soient irréparables. Inutile de le poursuivre. Il la prendrait pour une folle et sa colère ne ferait que croître.

Aussi, Lucie patienta quelque heure, remontant chez l’un des meilleurs pâtissiers de la ville pour acheter l’un des gâteaux typiquement Américain une forme de Cheesecake au Brownie, le tout parfaitement bien décoré et finement accompagné de petites figurines en chocolat. Lucie avait apposé un petit mot, juste pour lui dire que c’était en guise de remplacement de son Donuts.

Bien sûr, trop timide pour quoique se soit, elle se garda d’entrer dans sa chambre de confrérie pour délivrer le paquet. Déjà qu’elle avait eut à soudoyer une Bêta pour entrer…. Elle laissa la pâtisserie simplement accrochée à la planche de porte, dans un sachet en plastique. Elle s’assurait ainsi qu’il ne tomberait pas lorsque Rayan ouvrirait la porte. Elle savait qu’il était dedans puisque la lumière était allumée. Grace au jeu d’ombre, Lucie s’assura qu’il était assez loin de la porte pour éviter que celle-ci ne s’ouvre trop tôt. Ensuite, elle frappa rapidement à la porte avant de déguerpir en courant. Oui, elle pouvait passer pour une lâche de première mais Rayan avait clairement dit qu’il avait la rancune tenace et Lucie ne tenait pas à se faire écraser le gâteau en travers de la figure.