Enfin. Enfin la fin des cours. Enfin la fin de cette journée à croiser encore et encore ces couples niais qui croient que la Saint-Valentin est le seul jour où l'on peut offrir de l'amour à l'être aimé. Si je trouvais ça débile ? Absolument. Je n'ai pas besoin d'un jour particulier pour prouver à Benedikt à quel point je suis amoureuse de lui, pas non plus besoin de ce jour pour aller dîner au restaurant, encore moins pour passer une nuit de folies sous la couette. Le temps se fait long sur le chemin qui mène de l'université jusqu'à l'appartement, alors que ma seule hâte est de retrouver ma petite famille. Je déteste retourner à l'université depuis la naissance de la petite Angelina, je dois l'avouer, et c'est bien pour cette raison que j'essaie de prendre autant que possible des cours à domicile, histoire de pouvoir rester auprès de ma fille et de m'assurer qu'elle va bien. Hors de question de prendre une nourrice. Ni même de confier ce petit ange à Joe Shark comme Beni la si souvent suggérer. Et la confier encore à Noah et Kirby, serait abusé de leurs services. Le premier ayant un travail, la seconde étant épuisée à longueur de temps. Me voilà finalement devant la porte de l'appartement, la clé se glissant dans la serrure avant que je ne vienne à passer le pas de la porte. Je referme cette dernière sur mon passage et là, m'abstiens de tout mouvement. Beni se tenait à quelques pas seulement, un bouquet de rose rouge à la main. Je pousse un soupir, presque blasé, mais ne peux malgré tout m'empêcher de lui adresser un tendre sourire. D'accord, je reconnais être enchantée de le voir m'accueillir de la sorte, mais quand même... il aurait pu s'abstenir. « Merci mon amour, mais tu n'aurais pas dû, vraiment. » Bon, maintenant que tu m'as filé tes fleurs, je peux voir ma fille ? Attends, c'est quoi les billets que t'as dans tes mains ? « Rien que tous les deux ? Et Angie ? Tu l'oublies ? » Question existentielle. Si avant, nous pouvions penser à rien de plus qu'à nous, il ne fallait pas omettre notre petite fille qui réclamait toute notre attention depuis sa venue au monde. « Et depuis quand tu penses à la Saint-Valentin, toi ? » Autre question existentielle. Bon, c'est vrai que l'occasion est toute trouvée pour s'offrir un peu de bon temps, mais quand même, le week-end d'après aurait pu être tout aussi adéquat. Un nouveau soupire s'échappe d'entre mes lèvres alors que je m'aventure rapidement dans la cuisine, y déposant au passage mon sac sur une chaise et allant me servir un verre d'eau. Oui, je n'ai toujours pas répondu à Beni, j'en suis consciente. « Bon, je dois admettre que j'apprécie le geste, mais quand même... D'ailleurs, où est la petite ? » Où. Est. Mon. Bébé ?! BENIIIIIIIIIIIIIIII ! Pourquoi je ne la vois pas et pourquoi je ne l'entends pas ?! Traduction, tu l'as confié à quelqu'un dans l'espoir que j'accède à ta requête sans la moindre hésitation. « Si j'apprends qu'elle est chez ton père... » Je te casse les dents et te les fais bouffer une par une, t'as compris ?! Mais au passage, sache juste que je ne suis pas contre le fait de te suivre dans un gîte afin de me détendre... si toutefois, tu as eu la condescendance de confier Angelina à quelqu'un de responsable et en qui j'ai confiance ! C'est-à-dire... pas grand monde.

Tout arrangé pour Angie ? Comment ça ? Qu'est-ce que t'as fait ? Tu l'as confié à qui ? T'as pas oublié sa petite peluche ? Ni les couches ? Mes poings sont serrés si forts que mes ongles se plantent dans mes paumes de mains. « C'est pas drôle. Tu rigolerais moins si ça arrivait vraiment. » Notamment si les kidnappeurs n'étaient pas le couple Noah/Kirby. Imagine un peu ça, Beni ! Mais non, il ose encore se moquer de la tronche du peuple sans le moindre scrupule alors que mon cœur ne cesse de battre à tout rompre à l'intérieur de moi. Jamais encore, je ne suis rentrée à la maison sans voir ma fille, alors désolée d'être tant sous les nerfs alors que je ne cesse de m'inquiéter pour sa santé jour après jour. Maman poule n'a pas fini de frapper, croyez-moi. Après les nombreux gémissements, je me décide de revenir vers mon compagnon, installé sur le canapé, affichant presque la mine digne du chat botté. Et sans la moindre hésitation, je m'installe à califourchon sur ses genoux, mes bras venant à encercler son cou alors que je dépose un rapide baiser sur ses lèvres. « Ça me fait plaisir, je t'assure. C'est juste que... enfin, tu sais à quel point je m'inquiète pour Angie, même si elle se trouve entre de bonnes mains... » Pause. Sûr que tu as vraiment confié notre fille aux bonnes personnes et non pas au paternel Shark ? « Attends, tu l'as bien confié aux bonnes personnes, j'espère ?! » C'est la panique qui vient rapidement à me gagner. Imaginez un peu si Benedikt a eu l'audace de mettre la petite Angelina entre les mains de son grand-père le temps d'un week-end ! Il en est tout simplement hors de question ! J'ai accepté qu'il la tienne le temps d'une courte minute, ce n'est pas pour autant que je lui confierais la garde de cette petite princesse rousse aussi rapidement. Et si cela ne tenait qu'à moi, jamais, ô grand jamais, je ne laisserais la demoiselle entre ses mains sans qu'il n'y ait un adulte responsable à proximité. M'emparant de mon portable se trouvant dans la poche de mon jean, je compose rapidement le numéro d'une certaine Iota tout en plaquant ma main sur la bouche de Benedikt, le temps que je passe mon coup de fil. Traduction, si la petite n'est pas là où elle doit être, tu vas le regretter dans la seconde. « Kirbyyyyy ! Dis-moi qu'Angie est avec toi, par pitié ! », hurlais-je alors d'une voix des plus paniquée à l'encontre de la jeune femme. Elle doit avoir l'habitude, avec le temps. « Pas de panique, tout va bien, dépêchez-vous de partir tous les deux en week-end. Noah et moi, on s'occupe de tout, bisous ! » Et bien évidemment, elle me raccroche au nez ! Non, mais je rêve ! Quoi qu'il en soit, le couple n'ait pas prêt de voir le téléphone s'arrêter de sonner ce week-end. Ma main glisse des lèvres de mon compagnon et je l'observe longuement, sans dire le moindre mot pour le moment. Finalement, je me décide à briser le silence. « Tu sais ce dont je rêve depuis des semaines ? Un bon massage qui ne terminera jamais. On part tout de suite ? », lançais-je, sourire aux lèvres avant d'échanger un nouveau baiser avec le jeune homme.

« Dis donc, tu parles en véritable connaisseur de cause. » Et tu m'étonnes, le pauvre Beni a eu le droit à de sacrer coups de crocs, mais aussi de griffes s'il faisait un geste de travers envers la petite Angie. Si je n'avais déjà pas totalement confiance en mon compagnon, comment aurais-je confiance envers les autres ? Telle est la question. Ce que Noah lui file à manger ? J'écarquille les yeux autant que possible, mes yeux près à sortir de leurs orbites avant de sortir l'arme magique que l'on appelle téléphone et qui me permet de harceler les baby-sitters de ma fille plus qu'autre chose. Pardon, chéri, tu disais ? De toute manière, je n'ai pas l'oreille attentive pour le moindre de tes commentaires, bien trop absorbée et notamment inquiète vis-à-vis d'Angelina. Une fois rassurée, je ne peux venir que me lover contre mon compagnon, presque en ronronnant, cela dit. Oui, c'est comme ça que je fonctionne, d'abord, je gueule, ensuite, je réclame des câlins. Shark a peut-être raison, pour une fois, je dois penser à lâcher prise et à m'en remettre aux autres pour m'aider avec Angie, sans quoi, je vais finir par rendre mon monde complètement fou, moi la première. « Nooon, allez, on paart ! », le suppliai-je presque dans un long soupir de dépit. Je ne peux pas rester à la maison sachant que ma fille n'y est pas. Comment ça, j'abuse ? Mais non ! Un cri de surprise s'échappe d'entre mes lèvres au moment où Beni se redresse tout en me portant dans ses bras et je finis par grogner lorsqu'il me repose au sol. Bon, je ne suis pas du genre petite princesse ou peu importe, mais j'apprécie fortement pareilles gestes d'affection de la part de l'homme que j'aimais. « Il est bien léger, ce sac, tu es sur d'y avoir mis assez d'affaires ? » Quoi encore ? Je suis une fille, et une fille, c'est censée apporter un sac rempli à ras-bord de vêtements en tout genre lorsqu'elle part pour ne serrait-ce qu'un petit week-end. Imaginez un peu la valise pour partir une semaine. Ou les valises, plutôt. Je m'empare de la brochure tout en quittant finalement l'appartement, commençant à descendre les marches une par une tout en lissant avec attention l prospectus. « Oh mon dieu, un jacuzzi ! Tu sais depuis quand, je n'ai pas mis les pieds dans un jacuzzi ? Jamais. Jamais je n'y ai mis ne serrait-ce que le petit orteil. » Et ce qui devait arriver, arriva. Je loupe la dernière marche et manque de me casser la figure au passage dans un cri fort aigu. Tout va bien, heureusement qu'il y avait un mur à côté. Mon cœur bat à tout rompre tandis que j'explose de rire, les larmes aux yeux. « La honte de ma vie. » Comme quoi, lire et descendre les escaliers ne font pas bon ménage. J'y repenserais à deux fois avant de commettre la même erreur. À l'extérieur de l'immeuble, je me tourne finalement vers Beni, posant un regard pétillant sur ce dernier. « Je t'aime, tu le sais ? » Autrement dit, merci d'avoir programmé ce week-end, nous en avions grandement besoin pour nous retrouver.[/color][/b]

Je plisse les yeux, pas très convaincue que ma valise soit convenablement faite. Ne jamais faire confiance aux hommes en ce qui concerne la préparation des bagages pour les femmes, c'est un fait, il finira toujours par vous manger un vernis à ongles ou une paire de chaussettes. Mais finalement, je ne décide de pas faire de caprices, alors que ma seule envie est de profiter d'un week-end détente. Ce n'est pas pour autant que je ne m'inquiéterais pas pour ma fille, loin de là, mais essayions de ne pas montrer mon désarroi tout de suite, alors que nous n'étions pas encore sur le chemin de ce fameux chalet. « Non, c'est bon, tout va bien. Plus de peur que de mal. » Ce n'est qu'une petite glissade de rien du tout, ce n'est pas comme si j'avais dévalé tous les escaliers, la tête la première. N'oublions pas que j'avais connu pire que ça, que les blessures, j'y étais habituée à force de me battre. Combien de fois m'étais-je retrouvée, les genoux ouverts jusqu'au sang, les poignets cassés ou les arcades sourcilières explosées ? Trop de fois pour qu'on puisse compter toutes ces blessures en une seule vie. « Rooh le vilain. », ricanais-je. Tout de suite, monsieur monte sur ses grands chevaux, mais que voulez-vous, je savais que j'aurais réagi de la sorte si mon compagnon s'était retrouve à ma place, sauf que contrairement à lui, je n'aurais peut-être pas collé uniquement mon poing dans la tronche de la personne concernée. Personne ne se moque ni ne touche MON Beni, compris ?! Sans parents. Facile, dis à ton père de nous lâcher les fesses et tout ira bien, c'est après tout le seul parent qui nous reste, enfin qui te reste. Pour ma part, je n'en ai plus aucun. Si ma mère est morte, mon père se trouve toutefois quelque part sur cette planète et ne sait en rien que j'existe. Ma seule famille avait toujours été cette bande de copains avec qui je passais mes jours dans les rues de Bogotol. « Promis, je ne l'appellerais que matin, midi et soir. Ça te va ? » Mon regard plonge dans le sien, mais je vois très bien qu'il n'est pas tant prêt que ça à me laisser autant appeler la jeune femme. Et qu'est-ce que je vais faire, moi, sans nouvelle de ma petite Angelina ? « Ok, très bien. Mais par pitié, laisse-moi au moins lui téléphoner une ou deux fois. » Autrement dit, si tu ne suis pas ma demande, je ferai de ce week-end un véritable cauchemar pour toi et je rentrerais même avant qu'il ne vienne à s'achever. Beni n'a pas l'air de comprendre la raison pour laquelle je m'accroche tant à cette petite princesse aux cheveux roux. Certes, j'ai confiance en Kirby et Noah, mais là n'est pas la question. Je finis par donner à contrecœur mon portable à mon compagnon dans un long soupir. Deux heures se sont écoulées entre le moment où nous sommes partis et le moment où nous sommes arrivés et je découvre avec émerveillement l'endroit où Beni m'a conduite, chalet encore plus chaleureux que ne l'annonçait la brochure. Dans ce petit coin de paradis, j'en oublie même mon inquiétude quant à Angie, je ne pense plus qu'à moi. À nous, plus exactement, aux quelques heures de bonheur et de détente que nous allons passer ensemble. « Beni, tu viens ? », lançais-je finalement à mon compagnon alors que j'étais déjà bien éloignée de la chambre, sur les traces de l'aubergiste. Je me tourne vers ce dernier au moment où il nous rejoint. « Apparemment, il y a un restaurant assez... sympathique, à deux kilomètres à peine. On pourrait s'y rendre, non ? » Sympathique, pour ne pas dire doté d'une ambiance fort romantique. Oui, j'ai horreur de toutes ces choses en général, mais nous n'allons pas nous le cacher, je ne rêve que d'un moment en tête à tête avec le jeune Russe.