Samedi soir. Pour l'occasion, le Rayan ne travaille pas. Le Delta, fraichement élu bras droit du président qui n'est nul autre que son frère jumeau, assez bossé pour ce week-end et à bien le droit de profiter de son samedi soir comme les trois quarts de la population. Après tout, il avait commencé avec son boulot en tant que barman à l'Absinthe Bar, puis avait quitté son service peu avant minuit afin de se rendre dans le club de striptease où il dansait trois nuits par semaine, afin d'arrondir ses fins de mois. Car oui, le Rayan coûte beaucoup d'argent au vu de l'entretien qu'il nécessite. Mais peu importe, accoudé avec classe contre la rambarde d'un immeuble, le jeune Clives-Harabo attendait son invité du soir tout en admirant la gente féminine qui faisait la file devant la boîte de nuit dans laquelle il compte entrer d'ici quelques minutes. Vêtu d'une chemise blanche dont il avait replié les manches jusqu'aux coudes et déboutonné pas moins de deux boutons, ainsi que d'un jean noir moulant, orné d'une ceinture marron et des chaussures de luxe noires, personne ne pouvait ignorer le canon qu'il était. Enfin, un jeune homme se planta devant lui, lequel il ne put s'empêcher d'examiner de haut en bas, et de bas en haut. Sacha Weiss, son poulain, en quelque sorte, celui à qui il doit apprendre le sens du mot vie. « Attends, c'est quoi cette paire de baskets ? T'as rien d'autre qu'une paire de baskets à te mettre aux pieds ? Encore heureux qu'ils ne soient pas à scratch. » Un peu comme ces mères qui achètent leurs premières chaussures aux gamins, c'est moins compliqué que des lacets, et les mômes ne peuvent en aucun cas faire des nœuds. Exception faite peut-être de Charlie, mon neveu, pas sûr que le père Kenzo accepte que son fils porte pareilles immondices aux pieds. Quoi qu'il en soit, Rayan ne doit pas seulement apprendre la vie à Sacha, il se doit aussi de l'habiller convenablement, comme quoi, papa et maman ont raté cette partie-ci de l'éducation, voir son éducation complète. « Bon... déboutonne un peu ça. Et sors-la de ton jean, on dirait un grand-père. », braille encore le Delta alors qu'il fait sauter un bouton de la chemise du jeune homme avant de la tirer hors de son pantalon. Par moment, il a l'impression d'avoir affaire à un gamin de dix ans. « Les ch'veux... ça passe, faut que tu changes de gel. Ou de coiffeur, dans quelques jours, tu ressembleras à un porc-épic. » Trop de gel, tue le gel, et le coiffeur n'est pas en option, que les choses soient claires, sinon les minettes te fileront entre les mains à chaque fois. Rien d'étonnant, si je me trouve dans le coin, mais passons ce minuscule détail. « T'évites de me foutre la honte dés les premières minutes, et t'évites d'ouvrir la bouche quand une femme nous aborde tant que je ne t'en ai pas donné l'ordre. » Sinon tu risques de faire fuir la demoiselle en question, mais si elle est, un tantinet, trop moche, t'as le droit de parler. Sûr qu'elle ne restera pas plus de dix secondes à nos côtés. « Je sais que t'es timide et tout, mais ce soir, faudra sauter le pas. Pour l'instant, tu restes avec moi. En plus t'as pas l'âge, alors déconne pas, sinon j'me fais aussi mettre à la porte et j'pourrais plus jamais venir. » Autrement dit, je ferais de ta vie un enfer. Cet endroit permet à la fois au blondinet de s'amuser les week-ends, mais également de faire de la publicité pour le club de striptease dans lequel il travaille, détail que Sacha ne connait pas. Il branche des filles et les attire pour le spectacle, aussi simple que ça. Un instant plus tard, et les deux hommes se faufilent devant toute la file et Rayan salue le vigile d'une brève accolade. « Il est avec moi. » Plus facile que ça pour rentrer, tu meurs. « Non, on ne paie pas le vestiaire. Le barman, c'est mon vestiaire. Faut connaître un peu de monde, sinon t'es le petit poisson au milieu d'un gang de requins. » Le Rayan ne laisse jamais ne serrait-ce qu'une écharpe au vestiaire, il donne tout à son confrère, le barman, celui qui lui a tout appris, lui qui travaillait à l'Absinthe avant d'atterrir ici. « Regarde-moi les canons qui se promènent... » Hommes et femmes confondus. L'étudiant en littérature bombe alors le torse et traverse la foule en compagnie de Sacha, lançant au passage quelques clins d'œil à droite et à gauche jusqu'à arriver au bar. « Qu'est-c'que tu veux boire ? C'est la maison qui offre. » C'est toujours la maison qui offre.

Spoiler:

Quand Sacha court après une fille!

« Tu veux que je sorte quoi de mon jean ? » Taquina Sacha dans un rire, tout en s’esquivant des tentatives de Rayan pour le rhabiller. Obéissant, les pans de sa chemise quittèrent son jean dans un geste souple et malhabile.
Dire que dix minutes plus tôt, sa principale occupation lui prenait la tête ne serait pas du luxe : les problèmes de mathématique…. Il se l’était tellement prise, la tête,  que ses cheveux refusaient de revenir à la normale et qu’importe le nombre de fois où il avait tiré dessus dans l’espoir de mettre un peu d’ordre. Les cheveux hirsutes l’avaient suivi depuis toujours et qu’importe les tentatives pour les coiffer.

« Les cheveux hirsutes comme ça c’est un truc de génie… Tu ne peux pas comprendre. C’est comme moi, je peux pas comprendre le coup du jean noir moulant ! Sérieux ? Ca doit....»

Mais Rayan eut la  bonne idée de le faire taire avant de commettre l’irréparable, la plaisanterie de trop, celle pas drôle ou qui ne ferait rire que lui. C’est à cet instant normalement que, s’il avait eut une cravate, Rayan l’aurait utilisé pour le pendre lui et son humour aussi bas que les pâquerettes dernièrement. Habituellement, ses vannes pouvaient réellement prêter à rire.

« T'évites de me foutre la honte dés les premières minutes, et t'évites d'ouvrir la bouche quand une femme nous aborde tant que je ne t'en ai pas donné l'ordre. »

Aujourd’hui et depuis plusieurs semaines déjà, Sacha avait perdu de sa superbe, ce petit quelque chose qui le faisait se sentir bien, unique et solide : son humour. Depuis son arrivée à Berkeley, Sacha étudiait. Evidemment, le rôle des étudiants se trouvaient là. Cependant, Sacha avait toujours eut des facilités exaspérantes pour apprendre plus vite que la moyenne. Aujourd’hui, plus rien ne venait avec simplicité et il était obligé de travailler, de se concentrer, lui qui ne savait pas tenir en place. Pour la première fois, il avait peur d’échouer. Pire, il se sentait échouer et il n’avait pas le droit de décevoir ni son père qu’il venait tout juste de retrouver, ni sa mère qui aurait préféré le voir dans une autre université. Cette soirée promettait un peu de détente et la passer avec Rayan le rassurait. Ce blond un peu taré avait tendance à juger facilement le physique mais il avait un don pour mettre à l’aise Sacha, même avec ses remarques sur son look ou ses manières !

Sacha marchait dans les pas du grand bonhomme comme un gamin ayant chaussé des bottes de sept lieux ! Un calin au vigile, aller hop. Et direction le bar. De beaux spécimens, oui certes. Mais pas aussi beau que Violette. Sacha ne jurait que par elle, son amour d’enfance, celle qui lui brisait le cœur à chaque tentative d’approche. Un petit poisson ? C’était exactement comme ça qu’il se sentait et il n’était pas certains de parvenir un jour à revenir le requin.  En parlant de requin, qui trainait dans le coin ? Deux filles gloussèrent comme des pintades en se rinçant l’œil sur le beau Delta et Sacha leva les yeux au ciel. Déjà !!! Ca devait être son parfum…

Les boissons de commandées arrivèrent sans attendre et après les remerciements d’usages, Sacha s’interrogea sur le taux de popularité de Rayan avant d’en arrivée à son taux d’alcoolémie. Combien tiendrait-il ? La dernière fois, il avait bu deux verres à l’Absinthe et le Barman, Adam, avait dû le traquer toute la soirée pour lui éviter de faire des bêtises. Il allait éviter de préciser à Rayan qu’il ne tenait pas l’alcool et que ce verre était probablement le quatrième de sa vie afin de ne pas finir interdit de boisson. Il devait se faire la main, voilà tout. Chacun ses secrets, Rayan s’amusait à se dévêtir pour de l’argent et Sacha ne tenait pas l’alcool. Soudain, un verre glissa en direction des garçons.

« Cadeau de la table du fond. » Expliqua le barman avec un mouvement de tête en direction de deux filles qui gloussèrent dès que le regard des garçons se tourna dans leur direction.

« Pourquoi elles gloussent toujours, les filles ? » Questionna Sacha un brin perplexe. Pourquoi on ne lui payait pas de verre à lui ? Enfin, pourquoi aucune fille ne lui offrait de verre ? « Tss t’arrive et hop, direct, on te paye à boire. Faudra que tu me dises le nom de ton parfum… » Grommela Sacha un brin jaloux de son compagnon.

« C’est pour toi, petit. » Précisa le barman dans un sourire avant de s’éclipser.

« Only the brave, de Diesel.» Expliqua Sacha à Rayan pour lui annoncer son parfum. Quoi? Puisque c'était lui qui avait le verre, c'était grace à SON parfum. Un peu de vantardise dans un brin d'humour ne tuait personne. Il venait de se faire payer son premier verre par une fille. Laissez le savourer. Et voilà, Sacha brillait comme un soleil ou plutôt comme un gamin devant le sapin de noël. Oui mais il fallait faire quoi maintenant ? Admirer son verre ne ferait pas avancer l’affaire.

Sacha qui part en croisade chez les gonzesses   

TA CHEMISE ! Il veut que tu sortes ta chemise de ton jean, rien d'autre ! Quoi que si, mais Rayan ne dira rien de plus à ce sujet, il se contente simplement d'un regard de travers à l'encontre du jeune Sigma qui doit à l'avenir s'abstenir de toute réflexion déplacée sans quoi, le blondinet ne se fera pas priver pour se jeter sur son jeune poulain. Il donne l'impression de s'être coiffé avec un pétard et ose encore critiquer la tenue du bras droit des Delta ? Silence, petit, tu as encore beaucoup de choses à apprendre sur la mode comme sur les filles, alors admire ton maître et écoute-le, au lieu de dire des imbécilités en tout genre. « Et que j't'explique. Ce jean, il affine littéralement la silhouette, t'as pas l'impression que j'ai des cuisses ultra musclées comme ça, puis ça ne mincit pas trop, ou alors ça ne me donne pas l'allure d'un éléphant. Puis mettre les fesses en valeur, c'est un atout de séduction en plus. Les filles, elles adorent te reluquer le derrière dés que t'as le dos tourné. » Il fallait quand même que le jeune Clives réponde à l'attaque de Sacha, même si cela fut plusieurs minutes plus tard. Si les hommes aiment bien admirer l'arrière-train des jeunes demoiselles, la réciproque s'y applique également, et combien de femmes ont déjà posé les mains sur le fessier du Delta ? Trop de fois, alors ce jean est un atout majeur que Sacha ferait mieux de ne pas dénigrer. Une fois installé au bar afin de prendre la température des lieux avant de passer à l'attaque tels des prédateurs affamés, un verre ne tarda pas à atterrir sous le nez des deux étudiants, provoquant un haussement de sourcil chez l'étudiant en littérature qui, en même temps que Sacha, se tourna vers les demoiselles que leur indiquait le barman. « C'est pour flatter ton égo, une technique de drague bien minable en quelque sorte. Elles croient que dés lors qu'elles attirent ton regard, tu seras l'homme qui craquera pour elles et qu'elles sortiront ainsi du lot parce qu'elles seront les seules auxquelles tu t'intéresses. » Combien de minettes se sont déjà pavanées à son bras, après tout ? Beaucoup trop pour qu'elles soient comptées, mais attention à ces filles, elles peuvent parfois s'avérer être de véritables garces. Mais pas pour Rayan, lui, il connait par cœur ses filles et ils ne s'attachent jamais à l'une d'entre elles, parce que son cœur a déjà été brisé par le passé, il est vacciné contre toute forme d'amour. Sa seule faiblesse restant les hommes, il tient bien caché le fait qu'il soit bisexuel. Eux au moins, ne l'ont encore jamais déçu. Lorsque le barman avoua que le verre était pour Sacha, Rayan se tourna rapidement vers le jeune homme, l'incompréhension se lissant sur son visage. Lui avait un verre, mais pas le Delta ? À l'énonciation de son parfum, le Pakistanais d'origine reporta son regard sur les demoiselles, plissant un tant soit peu le regard. « En fait, j'veux pas te faire peur, mais ces filles-là sont sœurs, et j'ai eu un plan à trois avec elles pas plus tard que la semaine dernière. Elles croyaient qu'à deux, elles seraient plus fortes pour me repousser, mais Dieu a voulu que j'sois un as de la drague, alors j'les ai bernées toutes les deux. C'était presque le meilleur coup de ma vie. » Sourire ravageur sur les lèvres, il s'emparait du verre de whisky que le barman venait de lui déposer sous les yeux. Pas besoin de filles pour payer un verre, il avait tout en un claquement de doigts. Et oui, Sacha, tu as encore beaucoup de choses à apprendre. « Mais bon, faut pas te décourager. Puis ton parfum, il vaut pas mon Gentlemen Only de Givenchy. » True story. « Bon, tu prends ton verre, et tu vas montrer à ses filles c'que tu sais faire. Règle importante, tu ne parles jamais de toi, toujours d'elles. Deuxième règle importante, utilise ton regard et ton sourire pour les faire manger dans ta main. Allez, au boulot. » Rayan tire subitement sur la manche de la chemise du Sigma pour que ce dernier quitte le bar et aille retrouver les pintades en pleine extase. Pendant ce temps, il ne se lasse de fixer l'étudiant, presque jaloux -si ce n'est pas déjà le cas- de le lâcher dans ce monde sans pitié.

Les strip tease de Rayan

Avoir un peu d’attention, se sentir unique et regardé, Sacha trouvait la requête plutôt justifiée. Chacun d’entre nous avait envie d’avoir un peu de lumière sur soi. Mais lorsque Rayan évoqua les sœurs, le plan à trois et la démarche à suivre, il ne su pas réellement expliquer tout ce qui se passait dans sa tête mais il ne voulait plus y aller. Pourtant, les encouragements de son mentor de drague ne manquèrent pas de le motiver, ou tenter de le motiver. Un coup pour élan et Sacha avançait timidement vers les deux filles. Les recommandations de Rayan pour leitmotiv ne cessaient de se répéter dans sa petite tête. Surtout, les faire parler d’elles… oui mais… comment ? Il était doué avec des machines pas avec les filles !

Plus il avançait, plus il remarquait un détail. Ce n’était pas elles qu’il voyait mais les traces de son ami sur elle. Rien de réel, rassurons nous, Rayan ne les avait pas malmenées. Il ne parvenait qu’à penser à une chose : Rayan était déjà passé par là ! Inspirant profondément, il posa son verre sur la table.

« Merci pour …le verre. » Souffla Sacha qui se sentait bien minable. Finalement, se faire offrir un verre n’avait rien d’amusant.

La réaction ne se fit pas attendre. Les filles gloussèrent un peu plus en se serrant l’une contre l’autre pour faire un peu de place au Sigma.  Leurs provocations et leurs mises en scène annonçaient un malaise de plus en plus intense chez le mécanicien. Leurs pieds contre son mollet, le rentre dedans…. Tout ça ne plaisait pas à Sacha. Il ne savait que faire mais surtout il ne pouvait s’ôter de la tête que ses filles avaient couchée avec Rayan mais aussi toutes les deux. Répugnant !  Ca s’appelait de l’inceste et ça ne l’excitait pas du tout, lui. Son mentor devait savoir une seule chose sur le brave Sacha : il ne savait absolument pas mentir. Garder des secrets, il pouvait le faire mais mentir relevait d’une autre paire de manche ! Pour se donner courage, en écoutant avec attention ce que les filles racontaient, il attrapa son verre pour en descendre la moitié.

« C’est  comme ça qu'on s’y prend avec les garçons… » Avoua l’une d’elle en pivotant vers sa sœur pour l’embrasser goulument, les mains jouant sur sa poitrine.

Goooooore ! Aussitôt, l’autre moitié du verre se jeta au fond de son gosier, tassant le contenu de son estomac. Impossible ! Réellement impossible. Le niveau devait être trop haut pour lui ou trop facile…

« Non mais non. » Trancha Sacha dépité. « Mon pote m’a dit que vous étiez pas un bon coup. » Ah bon ? Si, si elles pratiquaient l’inceste, elles étaient un mauvais coup. Relation de causalité évidente ! « En plus, l’inceste… non. Allez en Asie, ils raffolent de ça dans les mangas. C’est des dess…»

Bam, premier verre à la figure tandis que l’autre se levait d’un bond, direction Rayan avec la ferme intention de lui faire subir le même sort qu’à son ami. Une gaffe plus tard et Sacha remarquait l’une des filles rejoindre sa sœur devant un Rayan couvert d’alcool. Sacha avait gagné la soirée non ? Combien de temps avait-il tenu avec les filles ? Deux minutes !

Et voilà, le taureau est à présent lâché dans l'arène, ne reste plus qu'à espérer qu'il va gentiment arriver à ses fins avec ces deux gonzesses, sans quoi, Rayan ne répondra plus de ses actes. D'un œil plus qu'intéressé, il observe la scène, toujours installé au bar à siroter son verre de whisky, se demandant bien qu'elle tactique a adopté son poulain, si tout du moins, il en a une, ce qui est peu probable en y réfléchissant bien. Oh mon dieu, et ces garces s'embrassent juste devant lui ! Mais attaque, petit, attaque ! Mais qu'est-c'que tu fais ? Pourquoi t'es pas déjà aux préliminaires avec l'une d'elles ?! Ces jeunes de nos jours, il faut vraiment tout leur apprendre. Finalement, le Delta se dit que prendre Sacha sous son aile a été la pire erreur qu'il ait pu commettre, sans nul doute parce qu'il est bien trop tard pour faire de lui un homme, il est irrécupérable. Quelques secondes plus tard, et l'une des sœurs jeta son verre à la figure du pauvre Sigma, tandis que l'autre... oh mon dieu, elle s'approche avec son verre à la main. Il a tout juste le temps de se redresser avant que le contenu du verre ne vienne à lui sauter à son tour en pleine figure, éclaboussant sa chemise de luxe. Et voilà la deuxième sœur qui pointe son nez, sans verre, amen. « Non, mais ça va pas, oh ! Vous venez de bousiller une chemise à 100 dollars, bande de... » Qu'il est vilain, le Delta ! « Et qu'est-c'que vous lui avait fait au gamin, hein ? Il cherchait juste un peu de compagnie ! » L'une des sœurs se daigna à prendre la parole, rapportant au mot pour mot ce que Sacha leur avait raconté. Vraiment, il avait dit ça ?! Mais merde, Sacha, faut leur faire des compliments, aux filles, pas les descendre en flèche, t'as rien compris ! Comme il le pensait, ce gamin était plus qu'irrécupérable. « Pardon, mais non les filles, il a dû mal comprendre, j'ai dit que vous étiez le meilleur coup que j'ai pu avoir. En fait, on pourrait envisager une soirée tous les quatre, non ? » Ou comment essayer de rattraper les bourdes d'un gamin de quatre ans d'âge mental. Il les dévisage, tour à tour, leur lançant des œillades coquines, prenant son temps pour parcourir furtivement leurs courbes de sa main, flirtant dangereusement avec ces dernières. Bon, elles ne semblent pas très convaincues. Plan B. « Regardez un peu, vous n'aller pas y résister. » Et voilà le Rayan en train de grimper sur le comptoir après avoir demandé deux nouveaux verres au barman. Sans plus attendre, se sont de nombreux yeux qui se braquent sur le jeune homme qui ne peut s'empêcher de faire ce qu'il sait le mieux faire, autrement dit, un petit numéro de strip-tease dans le but d'éloigner les deux sœurs. Et hop, voilà la chemise qui tombe au sol , juste avant qu'il ne flirte avec son pantalon, mais lorsque les verres qu'il a commandés se déposent sur le comptoir, il les agrippe et arrose les sœurs avec ces derniers. « Cadeau, les garces ! » Lesquelles bougonnent de rage avant de s'enfuir. Descendant du comptoir, Rayan demande à nouveau deux verres, cette fois-ci, pour se rendre jusqu'à Sacha devant lequel il pose l'une des deux boissons, l'autre, il la descend cul-sec tout en prenant place aux côtés de ce dernier. « Toi, t'as encore beaucoup de choses à apprendre. T'as deux nanas qui aimeraient coucher avec toi, et tout ce que tu trouves à leur dire, c'est qu'elles sont un mauvais ? Y'a des milliers de gars qui aimeraient être à ta place et qui, eux, auraient saisi leur chance, alors c'est quoi le souci ? T'es gay ? » Seule explication valable.

Elle était partie après une gifle et un verre en travers de la figure. Ca pouvait faire mal une fille, vraiment. De vraies harpies. Dans le fond, il soupira en attrapant l’une des serviettes pour essuyer son visage. Lorsque toutes traces de liquide alcoolisé furent retirées, son regard tomba sur un Rayan debout sur le bar. La mâchoire se décrocha avant qu’il ne réalise qu’il devrait probablement s’habituer aux frasques du blondinet. Dans un sourire amusé, il commença à rire lorsque les demoiselles reçurent le continue du verre. Ne lui en tenait pas rigueur, le petit avait l’alcool qui commençait à lui faire rougir les joues. Il n’avait jamais tenu l’alcool. JAMAIS !
Lorsque Rayan vînt s’assoir face à lui. Sacha attrapa le verre tendu. Dans un parfait mimétisme, il descendit le verre. Se lever allait être plus dur. Mais pour l’instant, il était parfaitement assis.

« C’est pas pareil que deux sœurs. Deux nanas oui, mais sœurs non. »

Dans un haussement d’épaule, il se laissa tomber contre le dossier du siège. Comment ça gay ? Il leva les yeux au ciel. Il n’avait jamais songé un seul instant qu’il puisse sembler homosexuel simplement parce qu’il avait certain principe.

« En plus maintenant, je vais friser… » Annonça-t-il en tirant sur l’une des petites bouclettes que commençait à former sa tignasse humide. Il poussa le vice à imiter le mouton à la fin de son mot. Je vous jure les jeunes.
Rayan pouvait à présent comprendre l’intérêt des pétards dans les cheveux et de la fameuse coiffure de génie. Elle évitait les frisotis jugés particulièrement peu sexy et viril. Oh, il n’avait rien du mouton, fort heureusement. A peine eut il fini de se plaindre que deux filles taxaient les places libres, l’une à côté de Rayan et l’autre à côté de Sacha. La première semblait sortir tout droit d’un magasine de mode tandis que l’autre devait être une forme de faire valoir, technique réputée chez les canons. Si le Delta s’intéressait à la lingerie féminine, il pourrait reconnaître un jeune mannequin. Certes, elle débutait dans le milieu mais restait particulièrement appétissante. Quant à ce qu’elle voulait, Sacha ne tarda pas à le comprendre. La copine assise à côté de lui était une Alpha, la fille derrière lui en cours d’informatique. Il mettrait sa main à couper que le canon à côté de Rayan désirait se faire une petite place chez les Bêta. Quoi de mieux que de copiner avec le bras droit pour parvenir à ces fins ?

« Je m’appelle Fredja. » Annonça t elle dans un sourire ravageur, prête à bouffer le delta dès que possible. Evidemment, elle semblait peser le pour et le contre d’une soirée avec lui. « On a apporté de quoi jouer mais on cherchait des garçons qui en valent le coup. » La copine posa alors une bouteille de vodka sur la table. Sacha senti alors que la soirée allait virée bizarrement. « On a vu ton petit numéro sur le bar tout à l’heure. On se fait un jeu à boire ? A mon commandement ? Et c’est moi qui commande !»

Ah, c’était donc ça qui attirait les filles, des mecs à poils sur un bar ? Dure la vie. Et finalement, un jeu à boire ? Il sentait que tout allait encore plus déraper, surtout si c’était la fille qui énonçait les gestes à faire, il allait se planter et boire. La copine remplissait les verres en précisant d’une voix plus timide qu’elle, elle s’appelait Alice. Et voilà, verres qui défilent, geste stupides à réaliser aux commandements de la modèle. Puis, le commandement passa à Rayan. Malheur…

Dans la tête de Sacha

Deux nanas ou deux sœurs. Putain, Sacha, c'est la même merde, peu importe qu'elles soient sœurs ou non ! Au final, quand t'auras fini ton affaire avec ces dernières, elles viendront en rampant pour te supplier de faire partie de ta vie. Ah ces femmes, une fois qu'elles ont goûté au plaisir que les hommes peuvent leur procurer, elles ne peuvent plus s'en passer. Soupirant finalement, Rayan ne se préoccupe guère des problèmes capillaires de son ami. Il a déjà bien assez de soucis avec ses propres cheveux, se devant de s'assurer, au moins toutes les deux minutes, qu'ils sont toujours parfaitement placés sur sa tête. S'emparant de son portable, il cherche à faire effet miroir et à arranger comme il peut les quelques brins rebelles qui se sont faufilés sur sa tignasse de porc-épic après avoir reçu un verre en pleine figure. Qu'est-c'qu'elles peuvent être rancunières, ces gonzesses. Sans compter le bruit de mouton qui sort alors d'entre les lèvres de Sacha. C'est une plaisanterie ? Apparemment pas, et pour la peine, le bras droit du président de confrérie passa une main sur son visage en signe d'exaspération. Sans prévenir, deux étudiantes se décidèrent à poser leurs fesses près des garçons. Rayan dévisagea sans la moindre gêne la splendide blonde qui le dévorait du regard, s'attardant sur ses jambes à la longueur interminable. Un canon d'un mètre quatre-vingts, perché sur des talons de dix centimètres de hauteur. Une délicieuse robe blanche sur le dos, avec un décolleté des plus plongeant qui n'allait pas laisser le Delta sur sa faim. « On se connait, non ? » Fredja. Mmh, il ne connait pas, mais il s'en contre-fiche, elle sera sa prochaine conquête, point final. Alors, les filles, vous voulez ? Parfait, tonton Rayan aussi veut jouer avec vous ! Bon, peut-être moins pour la dénommée Alice parce qu'elle est un tantinet moins canon que sa camarade, mais peu importe. Il veut faire mumuse et ne va pas se faire prier plus longtemps. Les verres et les gestes s'enchaînent, tout comme les crises de fous rires. Cette fille, la Fredja, une vraie dévergondée de service qui sait comment exciter sa proie. Au tour de Rayan ? Bad idea. « Sacha. J'veux que tu pécho la p'tite, là. », annonça le Delta aussi calmement que possible, désignant cette fameuse Alice d'un simple signe de tête. Allez, offre lui un baiser dont elle se souviendra, un baiser qui annoncera le début d'une longue soirée de débauche. Son regard se faisait des plus insistants, encourageant même la jeune femme à faire le premier pas vers son ami, au cas où il s'avérait un peu trop timide. Mais il fallait dire que cette dernière ne semblait pas mieux dans son genre, contrairement à le mannequin qui se trouvait aux côtés de Rayan. Chaude comme la braise, prête à lui sauter dessus dés lors que l'occasion se présentera. Sa main glissait encore et encore sur la cuisse du blondinet, prête à s'aventurer plus loin lorsque le Delta lui donnerait le feu vert, mais ça, il n'en ait pas question, pas maintenant tout du moins, même s'il crève d'envie de l'attirer dans la ruelle vide et sombre derrière le bar. Entre tout l''alcool qu'il a ingurgité et l'affolement que lui provoque Fredja, on ne peut en vouloir au jeune Clives de ne penser plus qu'avec son entre-jambe à l'heure. Bon, dépêche Sacha, parce que si tu ne te décides pas à lui fourrer ta langue au fond de la gorge, c'est moi qui vais m'en occuper, mais pas avec Alice. Ni même avec le mannequin en chaleur.

Pour mettre les filles dans son lit. D'abord Rayan qui s'y colle, puis Sacha!

Les verres s’alignaient bien mieux que les actes à réaliser. Tout devenait brouillé dans l’esprit du petit. Tant et si bien que le gamin commençait à rire pour rien au deuxième verre, que ses joues se tintèrent de rouge au quatrième et qu’il ne su plus comment il s’appelait au sixième. Heureusement, il avait de petites quantités à chaque fois et une montagne de cacahuètes pour faire passer le tout. Mine de rien, voilà plus d’une heure qu’il jouait. Le jeune Sigma regarda le fond de son verre avec un air absent, ou plutôt l’air d’un pochtron. Quand Rayan eut le malheur de lui ordonner d’emballer sa voisine, Sacha tourna son regard sur elle.
Pointant son index vers le visage de la demoiselle, Sacha pouffa de rire.

« Si je touche la bouche, j’ai le droit à 100 points, le nez 50, la joue 25. »

Et paf, la main de la fille lui atterrissait en travers de la joue alors que Sacha ne comprenait rien de ce qui venait de se dérouler. Lui qui se penchait bien tranquillement vers la fille ne réalisa que dix bonnes secondes après qu’elle était partie en pleurant toutes les larmes de son corps. Dix secondes plus tard, il se mangeait la banquette. Il fallut en compter dix de plus pour qu’il se redresse avec la main sur la joue. Non mais c’était l’autre joue qu’elle a frappé Sacha, pas la peine de frotter celle là.

« On me donne 30 points pour avoir embrassé la banquette?! Et...T’as vu ? Je fais comme les beaux, je frotte pour que ça fasse le même rouge des deux côtés. »

Bah voyons Sacha… Le rire benêt était en supplément.

« Elle a l’alcool mauvais. Ca la fait planer bizarre » Annonça la mannequin avec une moue ennuyée en se tordant le cou pour tenter de trouver son amie. L’alcool mauvais, c’était loin d’être le cas de Sacha qui riait comme un imbécile pour un rien, y compris une gifle.

« Oh bah fallait demander hein ?! Je la faisais planer, moi et hop septième ciel direct ! » Déclara le garçon avec un petit sourire triomphant. Le sous-entendu n’avait pas besoin d’être éclairci. Sacha se plaçait en lover avec un petit air qui va avec. Une réflexion qui fit rire la modèle avant qu’elle se torde à nouveau le cou pour essayer d’apercevoir son amie.

« Je ferais mieux d’aller la voir. » Annonça t elle avant de s’éclipser, laissant son sac et sa bouteille.
A peine deux pas d’effectuer loin d’eux que Sacha se rua à côté de Rayan pour attraper le sac de la modèle pour l’ouvrir en grand et le retourner au dessus de la table avec un air béat !

« Je me suis toujours demandé ce qu’elle avait toujours dans leur sac à main. TADAM ! »

La tête de Sacha

Affligeant, totalement affligeant, au point que Rayan posa sa main sur ses yeux en se disant que très bientôt, il sortira de cet enfer, mais non, le Sacha continue à débiter paroles débiles après paroles débiles, tel un moulin à paroles que l'on ne pouvait arrêter. Au lieu de tourner au vent, celui-ci tourne à l'alcool. Merci de rappeler au Delta de ne plus jamais entraîner le morveux, qui se tenait en face de lui, dans ses combines. Entre temps, le mannequin avait arrêté de tripoter le bras droit, refroidi par les paroles de Sacha ainsi que par la claque que lui avait administrée son amie. Rayan essaya de se boucher les oreilles tant bien que mal, préférant croire qu'il s'agissait ici d'un mauvais rêve, mais lorsque sa main quitta ses yeux, il ne put que se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Et voilà le contenu d'un sac de femme sur la table. Entre maquillages, portefeuille, préservatifs et autres babioles, le Rayan ne savait plus ou poser ses yeux et se contenta de pousser un long et fort soupir d'exaspération. « Bordel, Sacha, t'es con ou quoi ? Cette nana, elle voulait coucher avec toi, sauf que tu lui as rigolé au nez et qu'est-c'qui s'est passé ? Elle est partie, et elle ne reviendra pas vers toi, sauf pour te coller son poing entre les deux yeux. » Et en plus, il ne semble pas l'écouter, plus attiré par le butin que contenait le sac à main qu'autre chose. Cause toujours, tu m'intéresses, mais le Rayan ne va pas se laisser abattre, il faut bien que quelqu'un s'occupe de l'éducation du bonhomme avant qu'il ne soit trop tard et qu'il se tourne une bonne fois pour toute vers les forces du mal. Sauf s'il est gay, dans ce cas, tout paraitrait plus logique, mais même le Sigma semblait ne pas le savoir. Désespérant. Il sait au moins qu'il peut se servir de son entre-jambe autrement que pour pisser ? Pas sûr. « Tu rigoles pas, au nez d'une femme, t'as compris ? Pourquoi tu t'es pas contenté de l'embrasser ? » Règle importante à respecter à l'avenir : toujours suivre les directives du grand-maître Clives qui connait mieux que quiconque comment fonctionnent les femmes. Vu le tableau de chasse qu'il a à son actif, il ne peut qu'être un maître dans l'art et la manière d'aguicher la demoiselle. « Attends, deux secondes... t'as déjà embrassé une fille, j'espère ? Non ? J'sais pas qui c'est occupé de ton éducation, mais faudra lui remettre les pendules à l'heure. » Bah oui, si Sacha n'a jamais embrassé de filles, pas étonnant qu'il ait agi tel le parfait débile mental ! « Bouge pas, j'te montre ! » Et sans plus attendre, le blondinet se penche vers le Sigma, glissant sa main à l'arrière de la nuque du jeune homme pour attirer son visage près du sien. Leurs lèvres se scellent en un rien de temps et le Rayan ne va pas se gêner pour donner une leçon de roulage de pelle à son ami. Rien de mieux que la pratique !