Nael Silvano Sala there's no place like berkeley › prénom, pseudo : inès
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 |  Sujet: Re: i'm gonna end up alone ( nael + swan ) Mer 14 Mai - 17:23 | |
| J'ai lu un livre, une théorie sentimentale, dite de la deuxième chance, selon laquelle le destin se chargerait de remettre sur votre chemin le ou la promis(e) que vous auriez manqué une première fois, par paresse ou par inadvertance. Il était bien tôt et pourtant, déjà les premières traces d’activités agitaient la ville de San Francisco. Certains lève-tôt avaient connu le bonheur de s'éveiller avec les lueurs d'un soleil qui semblait décidé à briller. Mais pour Nael Silvano Sala, le réveil avait un aspect moins charmant, et la promesse d'une journée lumineuse ne pouvait remédier à la pauvre gueule de bois qu'il risquait de se traîner toute la matinée. Ouvrant les yeux difficilement, il ne mit pas longtemps avant de maudire l'alcool, cette infamie qu'il disait vouloir sortir de sa vie à chaque lendemain difficile, tout en étant parfaitement conscient du fait qu'il oublierait ses imprécations dès qu'une nouvelle soirée s'annoncerait. Une douce voix qu'il connaissait pour le moins par cœur l'accueillit dans le monde réel, et en tournant la tête, il découvrit Swan à côté de lui, dans une tenue qui ne laissait presque plus de place à l'imagination. Il plongea son regard dans le sien, les sourcils se fronçant peu à peu alors qu'il rassemblait ses souvenirs de la veille. Il s'avérait que même si Nael avait bu plus que de raison, il se rappelait de tout. Ou pratiquement, car s'il devait être totalement honnête, dès l'instant où Swan était venu le récupérer chez Johanna, les événements devenaient plus mystérieux. C'était comme si son cerveau avait voulu s'arrêter sur le plus important, et l'image la plus réconfortante qu'il puisse trouver : voilà Nael, elle est toujours là, avec toi, tu peux lâcher prise maintenant. Autant dire que la tentative de la jeune femme pour le piéger échouait complètement ; des retrouvailles avec elle sous les draps, voilà quelque chose dont il se serait souvenu dans les moindres détails, et ce, même avec un nombre élevé de grammes d'alcool dans le sang. Elle comprit vite qu'il n'était pas dupe de son petit manège, et sans crier garde, sauta sur lui tout en le prévenant sur les risques qu'engendreraient une mémoire défectueuse de sa part. C'était une provocation bien trop évidente pour Nael, qui ne pouvait laisser passer une telle occasion d'enfiler sa casquette de gamin facétieux. « Bah... Je t'ai dis que je voulais que tu partes et qu'on ne se voit plus, non ? » déclara-t-il tout à fait sérieusement. Il emprisonna les mains de la jeune femme dans les siennes et se mit à jouer avec, tout en continuant. « D'ailleurs, je vois que tu ne m'as pas écouté. Mon avis n'a pas changé, tu devrais partir, vraiment. » Il laissa passer quelques seconde sans sourciller, cherchant à distiller rien que l'ombre d'un doute chez la jeune femme. Puis un sourire éclaira son visage, et la vérité fut enfin rétablie. « Ça va, je déconne. Je suis conscient de mes mots. J'aurais préféré qu'ils soient lâchés dans une situation un peu plus glorieuse mais... Sans vouloir faire cliché, le cœur y était, tu sais. » Je t'aime. Deux mots simples, deux mots que certains jettent chaque matin à la figure d'une nouvelle ingénue, que d'autres préfèrent réserver pour une personne, celle qu'on a coutume d'appeler "la bonne". Nael ne faisait pas partis de ces derniers. Il l'avait déjà dit, cette fameuse phrase ; oh, seulement deux ou trois fois tout au plus, et toujours sans vraiment y croire, sous motif d'une vengeance mesquine, ou d'une ivresse entraînant spontanéité un peu trop hâtive. Mais il l'avait tout de même prononcé, en souillant par ailleurs quelque peu le sens. Au fond, cela était-il réellement important ? Non répondait Nael, qui avait toujours pensé que si jour, il se retrouvait dans la situation d'aimer une femme comme pas permis, alors peu importait les circonstances dans lesquelles il le lui révélerait, sa sincérité ne pourrait être remise en doute. Bon, ce n'était tout de même pas le genre de règle qu'il se répétait en boucle jusqu'à sa rencontre avec la dite personne, car comme le révélait l'emploi du conditionnel, le jeune homme avait toujours été assez dubitatif sur le fait. Il s'avérait pourtant que Monsieur Silvano Sala n'était pas aussi intouchable qu'il le pensait. Il fallait bien qu'il se rende à l'évidence, - au bout de six ans, quand même ! -, Swan l'avait coincé, et le temps où il se démenait pour le nier était arrivé à son terme. Et effectivement, il fallait mieux pour Nael de croire que les circonstances importaient peu lorsqu'on criait ce que l'on avait sur le cœur, car c'était vrai qu'il n'y avait rien de glamour dans sa déclaration ; bourré, après avoir juré, et au téléphone, de surcroît. Mais ça ne faisait rien ; ça n'en restait pas moins transperçant de vérité et de toute manière, c'était une déclaration à l'image de leur tandem. Un peu inattendue, un peu décousue et sortie de nulle part, mais pénétrée par la passion d'une histoire pourtant compliquée. « Au passage, j'aimerai vraiment qu'on cesse de parler d'hier soir. Je crois que ma fierté ne s'en relèvera pas si on continue à évoquer cela. » Même s'il n'avait pas été en mesure de constater sa déchéance, il imaginait bien que la sud-africaine n'avait pas dû ramasser un homme la veille, mais bel et bien un espèce de déchet humain. Puis il se souvenait aussi qu'il avait bien failli se consoler dans les bras de Johanna. Embarrassant. Tellement pitoyable, tellement pas digne de toi mon pauvre Nael, pensait-il désormais avec amertume. Il se demandait si Swan avait compris les enjeux qui se jouaient avant son arrivée. Mais il n'était pas assez fou pour se risquer à évoquer le sujet. « Naturellement. Tant que je peux toujours te traiter d'emmerdeuse, mais comme t'es bien consciente d'en être une, ça ne devrait pas trop poser de problèmes. » répliqua-t-il spontanément à son affront verbal. Les dernières traces de sommeil qui engourdissaient son esprit partaient peu à peu, à mesure que leur échange se faisait plus pétillant ; le goût de ses lèvres sur les siennes le réveillèrent complètement. « Des menaces, déjà ! Misère, dans quel guet-apens suis-je tombé. » Sans crier garde, alors qu'elle achevait de lui expliquer quel sinistre destin l'attendait s'il s'avérait ne pas être à la hauteur, il bascula vivement la hanche de la jeune femme sur le côté et se retrouva à son tour au-dessus d'elle, ses mains se refermant sur ses bras fins pour l'empêcher de bouger. Ses yeux plongés dans les siens, il la dévisagea longuement avant de souffler. « Je pense toujours ce que j'ai dis hier soir. Nous deux, c'est un carnage depuis le départ et ça changera pas, tu sais. Je pense pas que t'iras jusqu'à mon assassinat, mais souvent t'auras, on aura d'ailleurs, envie de s'étriper. » La vision d'une Swan et d'un Nael dans une espèce de contrée parallèle lui vint à l'esprit. Ils les voyaient dans différents endroits, à différents moments. Ils étaient tous deux souriants, tous le temps. Ils se tenaient la main à chaque sortie en public, parlaient souvent d'une même voix, pouvaient rester collés pendant des heures sans jamais se disputer. Ils prenaient les décisions à deux, ne se contrariaient pas, préféraient la discussion calme aux cris lors d'une discordance. C'était beau et très apaisant, oui. Trop, peut-être. Une prise de conscience traversa Nael ; pour rien au monde, il n'échangerait sa personne et sa Swan contre ces clones bienheureux. Peut-être leur fierté les empêchaient-ils parfois de régler quelques conflits stupides ; peut-être perdaient-ils beaucoup de temps avant de s'avouer certaines choses, il en avait encore la preuve avec ce qu'il s'était passé hier soir. Peut-être n'étaient-ils pas toujours sur la même longueur d'onde, mais ils restaient indubitablement capables de s'aimer, encore et toujours, malgré leurs différences, malgré les conflits, malgré toutes les conneries qu'ils avaient pu commettre. Alors, quand il reprit la parole, c'est un peu de cette idée là qu'il mit dans ses paroles. « Mais tu sais quoi ? Si t'étais pas là, je m'emmerderai. » Un sourire malicieux vint éclairer ses lèvres, car il savait que Swan percevrait nettement ce qu'il voulait dire ; elle-même n'était pas le genre de fille à se satisfaire des clichés d'amoureux à la gomme qu'on resservait à toutes les soupes dans tous les films romantiques. Finalement, Nael se redressa et s'assit en tailleur sur le lit, les sourcils froncés. « J'ai trop parlé. Et ça me donne encore plus mal à la tête. » Une grimace exprimant l'état de son pauvre crâne accompagna ses paroles. Malgré toute la satisfaction qu'il éprouvait à l'idée d'imprégner actuellement le lit de Swan, il n'avait qu'une envie : s'enterrer et dormir. Le fait était que ce n'était ni très intéressant, ni très réalisable. Alors, avec une grimace mi-penaude, mi-amusé, il lança; « Pour ton bien, j'espère que tu as de l'aspirine. Sinon, tu risques de te trimbaler un cadavre toute la matinée. » Remarque, elle allait avoir l'habitude maintenant. |
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