the great escape
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i want you by my side so that i never feel alone again. (noran)

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MessageSujet: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptyLun 20 Jan - 0:42



Onze jours. Deux cent soixante quatre heures. Quinze mille huit cent quarante minutes. Neuf cent cinquante mille quatre cent secondes. Vingt trois cafés. Cent sept cigarettes. Trente cinq kilomètres à pieds. Treize verres de whisky. Soixante six heures de sommeil. Quatorze mille trois cent quinze secondes d'ennui. Vingt sept lavages de dents. Deux soirées. Dix huit mensonges. Une éternité. Zéro Nora. Zéro message. Zéro coup de fil. Zéro rendez-vous. Neuf cent cinquante mille quatre cent regrets pour une putain d'évidence. Y'aura jamais d'elle et moi, jamais de boite aux lettres à nous deux, jamais d'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. C'est ça, l'évidence. Elle a un sale goût. Le goût amer d'une épine en plein coeur, d'un caillou au quotidien dans sa chaussure. Le goût saisissant d'un mur en pleine gueule, d'un incendie meurtrier. Notre meurtrier à nous s'appelle Emrys. C'est ce gamin égoïste et rancunier que je connais depuis la cour d'école. Celui qui me pourrit la vie depuis des années. Mais moi je me tais, je lui dis rien, je le laisse faire. Parce que c'est pas mon genre. La provocation, la bagarre, tout ça. Ça n'a jamais été mon truc. Mais je n'en peux plus. Je n'en peux plus de me dire qu'à cause de lui, Nora et moi passons à côté de la vie. De notre vie. Et je ne sais pas ce qu'en pense Nora, mais je sais que si les choses ne changent pas, je ne serais qu'à moitié heureux. Qu'à moitié heureux, et qu'à moitié vivant. L'autre moitié ne serait qu'un tas d'os et de chair, sans vie, sans joie, sans chaleur. Je suis dans ma chambre. Une bouteille de whisky entre les mains. Elle n'a encore jamais été ouverte. Alors je la regarde, fixement, comme un naufragé ne quitterait pas des yeux sa bouée de sauvetage. Sauf que je n'ai jamais bu pour noyer ma détresse. Jamais. Mais aujourd'hui, je n'en peux plus. Je suis à bout. Cette bouteille est ma dernière option. Alors je l'ouvre, et en bois une première gorgée. J'attends, quelques secondes. Je ne me sens pas mieux, au contraire. Alors j'en bois plusieurs autres. J'en bois plusieurs autres, suffisamment pour me donner du courage. Mais pas assez pour me faire perdre la tête, ou pour me rendre incontrôlable. Je referme alors la bouteille, à moitié vide, et la dépose au pied de mon lit. Je finis par me lever, et quitter ma chambre, mon skateboard sous le bras. J'entends du bruit dans la salle de bain, peut-être Helsye ou Hugo. Qu'importe. Je me traine jusqu'à la porte d'entrée, enfile mes chaussures et ma veste, et quitte l'appartement. La nuit est tombée, il n'est pas encore vingt-deux heures. Je grimpe sur ma planche à roulettes, et me mets en route. Je connais le chemin par coeur. Je l'ai dessiné et re-dessiné tellement de fois dans ma tête ces derniers jours. J'esquive les marcheurs solitaires, et traverse les rues une à une. À toute vitesse. Avant de changer d'avis et de faire marche arrière. Mais la maison des Osborne apparaît, et je ralentis mon allure. J'appréhende. De la voir, elle, Nora. Mais pas lui. Lui, je veux le voir. Lui parler. Et me battre, si c'est ce qu'il veut. Peut-être qu'après, il me laissera enfin aimer sa soeur. Je quitte finalement ma planche, l'attrape et la tiens sous mon bras. Je prends une profonde inspiration, tente d'apercevoir une silhouette à travers les fenêtres, et grimpe alors les quelques marches qui mènent au pallier. Je ne prends ensuite pas le temps de réfléchir une seconde de plus, et toque à la porte, un peu précipitamment. J'entends quelques pas se rapprocher, et la porte s'ouvre, enfin. C'est elle. Pas son père, ni son grand-père, ni même Emrys. Mais elle. Nora. Cela fait si longtemps qu'elle ne s'est pas tenue là, juste devant moi. Onze jours. Une putain d'éternité. Je plonge mon regard dans la sien, la mâchoire serrée. Puis alors, y'a toutes ces émotions à la con qui font surface. La tristesse, la rancoeur, mais surtout la colère. Mon poing se serre, et je tente de faire un pas en avant, comme pour la forcer à me laisser entrer. "Je veux le voir Nora. Laisse moi entrer. Je dois lui parler, ça peut plus durer." Elle doit me laisser entrer. Me laisser parler à Emrys. Et lui nous laisser nous aimer. Il doit nous laisser nous aimer. C'est la seule solution envisageable. On ne peut pas se cacher éternellement. Non, je ne veux pas. Je ne veux pas renoncer à Nora. Ne la voir qu'une semaine sur trois. Feindre d'être heureux de la retrouver alors qu'on fond, cela me déchira le coeur et me retournera les entrailles. Je fais alors un nouveau pas en avant, la forçant ainsi à reculer légèrement, et commence à hausser la voix. "Laisse moi entrer Nora merde. Je ferai en sorte qu'il sache que je suis là sinon." Délivre-nous Nora. Sors moi de là putain. Allons le raisonner, lui parler, l'engueuler, le secouer. Il a pas le droit de nous faire ça. De nous détruire. On ne peut pas le laisser faire.
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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptySam 25 Jan - 13:46


Que peut-on dire d’un homme qui a été fauché par une bagnole puis valdingué au ciel à seulement vingt-trois ans ? Qu’il aimait les jours qui sentent fort la pluie sur le béton ? Les dimanches en famille à regarder des matchs de football américain ? Qu’il aimait les filles mais détestait les études, qu’il ne sortait jamais de la baraque sans avoir bu un café noir et qu’il trouvait que c’était un crime que de rajouter du lait dedans ? Qu’il aimait les rides de son grand-père et qu’il les comptait chaque fois qu’il s’ennuyait ? Est-ce qu’il faut dire qu’il aimait aussi se moquer des moins chanceux que lui, des moins beaux, des moins grands ? Qu’il adorait casser la gueule aux gens, que ça le rendait vivant, lui, de se battre et de battre ? Qu’il écoutait du vieux jazz mais ne l’assumait pas, que son rappeur préféré était Eminem et qu’il connaissait chacun de ses textes par cœur ? Est-ce qu’il faut parler du A+ qu’il venait d’avoir en langues et qu’il planquait dans un tiroir de son bureau ? Des treize clopes qu’il fumait par jour, pas une de plus, pas une de moins ? De ce manteau qu’il trainait depuis des années et qui lui allait toujours aussi bien qu’au premier jour ? De ses cheveux en bataille au réveil ? De la tarte aux épinards de papa qu’il aurait pu dévorer tout seul ? De sa lampe de chevet qui ne fonctionnait plus depuis trois semaines et qu’il insultait chaque soir avant de se coucher ? Est-ce qu’il faut dire qu’il aimait la vie, qu’il aimait la mort, mais qu’il détestait les deux ensemble ? Que le coma avait dû être un calvaire et qu’il était sûrement parti tout d’un coup à la première occasion ? On n’avait même pas le droit de dire que Lenny avait eu une belle vie parce qu’elle avait été minuscule. Qu’est-ce qu’il reste de lui, maintenant qu’il est parti depuis plus d’un an ? Les gens ont oublié. Et bientôt, on aura plus que les papiers officiels pour se rappeler. Lenny Andre Osborne. Sexe masculin. Né le vingt-et-un septembre 1990 à San Francisco. Taille au moment de la photo : 1m34. Pour raconter Lenny, il aurait fallu y rajouter les matchs, les filles, le café noir et le vieux jazz, sa dernière note aussi. Et au verso, on aurait pu y foutre le reste, qu’il aurait aimé avoir trois gosses mais n’en aura aucun, qu’il voulait finir journaliste sportif ou jouer dans une grande équipe de football américain, qu’à son mariage, il avait prévu qu’Emrys soit son témoin et qu’il rêvait de porter un costume blanc. Que pour faire chier papa, il s’amusait à lui dire qu’il ne se marierait jamais et que maintenant, on sait. Que c’était vrai. Qu’aucune femme ne portera son nom, qu’on n’aura jamais l’occasion de garder ses gosses et que sa première résidence principale s’ra aussi sa dernière, qu’il vivra au cimetière jusqu’à ce qu’il soit tout bouffé. « Je vais ouvrir, Emrys. » Je crie à travers le couloir et descends les escaliers lentement. J’ai envie de voir personne, ce soir. J’ai juste envie de retourner la baraque jusqu’à ce que je mette la main sur la carte d’identité de Lenny pour y ajouter tout ce qui manque, tout ce que ce vulgaire bout de papier plastifié ne dira jamais. J’ouvre malgré tout la porte, parce que c’est malpoli, non, de laisser des gens sur le palier de votre porte ? Sur le côté de votre vie, en l’occurrence. Evan. J’ai mal au bide, tout d’un coup, comme s’il m’avait tapé dans l’estomac pour me saluer. « Je veux le voir Nora. Laisse moi entrer. Je dois lui parler, ça peut plus durer. » C’est peut-être ce qu’il fait, en fait. Me mettre des coups de mots dans le bide. Des coups violents, plus violents que le silence de ces onze derniers jours. Il me pousse légèrement, comme pour me dire dégage Nora, dégage de chez toi, dégage de ma vie, aussi. Surtout, de ma vie. Casse-toi d’là. « Laisse moi entrer Nora merde. Je ferai en sorte qu'il sache que je suis là sinon. » Je me décale pour le laisser passer, par réflexe. Puis je ferme les yeux un instant et je me répète dans ma tête que lorsque je les rouvrirai, Evan aura disparu, l’odeur d’alcool aussi, il y aura à nouveau le silence de ces onze derniers jours, le silence douloureux de ce qui ne sera jamais. Un, deux, trois. Il est encore là. Avec son regard noir. S’il savait que moi,  c’est tout mon intérieur qui vient de noircir. Jusqu’au bout de mes orteils. « Suis-moi… Et  laisse moi te dire que si tu fais le moindre petit bruit, ce sera le dernier que j’entendrai venant de toi. » D’un signe de tête, je lui désigne l’escalier et « l’invite » à me suivre. Pour la première fois depuis la mort de notre frère, je suis heureuse qu’Emrys ait oublié de laisser sa porte ouverte. Je ferme celle de ma chambre derrière nous. « Ne marche pas sur Lenny, s’il te plait. » Il y a des centaines de photos éparpillées partout dans ma chambre. Sur le sol. Sur mon lit. Sur le bureau. Des photos de Lenny enfant, des photos de Lenny qui pleure parce qu’il est tombé en jouant au football, des photos de Lenny qui a du chocolat partout autour de la bouche, de Lenny à sa remise de diplôme, de Lenny avec nous, avec Emrys, surtout. Faut dire qu’ils étaient toujours collés, tous les deux. Comme des aimants. Et maintenant, y’a plus d’aimants. Plus de colle. Plus de Lenny et seulement un tout p’tit peu d’Emrys. Je souffle difficilement, ramasse les quelques photos qui traînent à nos pieds pour les mettre sur le lit, avec les autres, et reviens vers Evan en pointant mon index sur son torse. « A quoi tu joues ? » C’est un murmure qui m’arrache la gorge alors que j’aimerais pouvoir lui hurler dessus, pour la première fois de ma vie. « Tu n’as pas le droit de t’inviter comme ça chez moi, Evan. Et tu n’as pas non plus le droit de t’en prendre à mon frère. » Mes yeux se plantent dans les siens, comme deux couteaux qu’on aurait aiguisés. Il a le droit de faire plein de trucs, Evan. Il a le droit de m’aimer, de me mentir, de me faire sauter une journée de cours pour être avec moi, de m’apprendre à faire du skate, de me détester, de me parler d’étoiles, de saluer mon père et même de m’briser le cœur. Mais ça, il a pas le droit.
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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptyJeu 30 Jan - 22:44



Je suis dans le hall d'entrée de la maison Osborne. J'ai l'impression d'être chez l'ennemi. Même si le grand-père a toujours eu l'air de bien m'aimer. Emrys me hait de tout son être, il me tient probablement responsable de tout ce qui a foiré dans sa vie. Et peut-être même aussi de la mort de son frère. Puis Nora, quand je la vois comme ça, à fermer les yeux comme si elle priait pour que je disparaisse, je me dis qu'elle me déteste aussi finalement. Peut-être bien que c'est contagieux, qui sait. Peut-être bien que c'est Emrys qui l'a attrapé en premier. Puis peut-être bien qu'il l'a refilé à sa soeur, qui elle-même le refilera à son grand-père, et à son père. Le virus de la haine de moi. Un truc spécifique aux Osborne, ou peut-être pas d'ailleurs. Je sais pas, après tout. Mais je m'en fous. Je m'en fous. Moi y'a qu'aux Osborne que j'aurais aimé plaire. J'aurais voulu qu'ils soient ma belle-famille. Ma seconde famille même. Je n'ai jamais connu mon père. J'ai grandi seul avec ma mère. Et quand Samson est mort, c'est un peu mon frère que j'ai perdu. J'aurais aimé avoir un beau-frère comme Emrys. Parce que s'il était moins buté, on s'entendrait probablement bien lui et moi. Au lieu de ça, on a jamais eu le temps d'apprendre à se connaître. Emrys ne nous a laissé aucune chance, tout comme il ne laissera aucune chance à Nora et moi. Alors je voudrais savoir pourquoi. Pourquoi ne cesse-t'il pas de faire l'enfant ? Surtout que je ne lui ai jamais rien fait au final. Au contraire. J'ai fait en sorte de ne jamais lui retourner ses insultes. De ne jamais m'énerver, de ne jamais le bousculer. J'ignorais tout simplement ses provocations. "Suis-moi… Et  laisse moi te dire que si tu fais le moindre petit bruit, ce sera le dernier que j’entendrai venant de toi." Je ne dis rien, pas un mot, et tente de calmer ma colère. Les poings serrés, le coeur lourd, je suis Nora en silence. Je devine la porte de la chambre d'Emrys, fermée. Et même si j'aimerais y entrer, même si j'aimerais lui faire face, je n'en fais rien. J'entre finalement dans celle de Nora, et la laisse fermer la porte derrière nous. Je reste immobile, un instant. Il y a des photos étalées partout. Et sur chacune d'elles, je reconnais Lenny. "Ne marche pas sur Lenny, s’il te plait." Cela relève du défi. Alors je ne bouge pas, et laisse Nora ramasser les photos pour les déposer sur son lit. Je ne sais pas pourquoi elle a ressorti tout ça. Tous ces souvenirs. Puis je n'ose pas lui dire que de toute façon, y'a tout le monde qui marche sur Lenny. Puis que le monde tourne sans lui. Et qu'il tournera aussi sans nous. Alors faudrait qu'on se dépêche. Qu'on se dépêche avant qu'il soit trop tard. C'est pour ça que je suis là. Pour elle. Elle accrochée à mon bras pour le restant de nos jours. Je suis là pour notre amour. Celui qu'on gaspille à mal s'aimer. Nora revient finalement vers moi, et pose sur index contre mon torse. On pourrait s'attendre à ce qu'elle me hurle dessus. C'est comme ça qu'elles font normalement, les filles, quand elles pointent leur index contre le torse des mecs. Mais elle chuchote. "A quoi tu joues ?" Je joue à la vie Nora. Tu sais, la vie. Celle qui s'en va. Celle qui nous glisse entre les doigts. Alors tu vois, si je suis venu, c'est pour toi. Parce que je veux pas avoir à imaginer ma vie sans toi. Ce jeu là, c'est un peu une partie d'échec. T'es la reine, de l'autre côté du plateau. Moi le roi, et Emrys le fou. Mais lui, il a un coup d'avance sur moi. Il peut me faire tomber à tout moment. Il peut faire en sorte que nos chemins se séparent, et ne se recroisent plus jamais. Alors je suis là pour ça Nora. Jouer ma dernière carte. "Tu n’as pas le droit de t’inviter comme ça chez moi, Evan. Et tu n’as pas non plus le droit de t’en prendre à mon frère." Son regard se plante dans le mien. J'ai même l'impression qu'elle voudrait me tuer, et me jeter au fond d'un trou. J'inspire profondément, les sourcils froncés. Ma colère s'intensifie. Depuis que je suis gosse, c'est Emrys qui s'en prend à moi. Tous les jours. Et bien sûr que Nora le sait. Elle sait également que m'en prendre aux autres, c'est généralement pas mon truc. Alors je lâche un soupir, tout en secouant la tête. J'aimerais pouvoir hurler. Peut-être bien même, que pour la seconde fois de ma vie, j'aurais envie de me battre. La première étant lorsque les jumeaux Osborne sont venus me dire que si Samson était mort, c'était bien fait pour lui. Mais je chuchote. "J'ai pas le droit de m'en prendre à ton frère, mais lui a le droit de s'en prendre à nous, c'est ça Nora ? Tu me fais la morale, mais lui, tu le laisses faire ?" Je fais un pas en arrière, l'index de Nora se décollant finalement de mon torse. Puis je traverse sa chambre, et en ouvre la fenêtre. J'ai besoin d'air. D'air frais pour ne pas exploser. Je reste là quelques instants, tournant le dos à Nora, murmurant après plusieurs longues secondes de silence. "Tu sais très bien que je m'en prendrais jamais à lui de toute façon Nora. Je voulais juste lui parler." Je me retourne finalement, et lui fait face. Pourquoi est-elle si belle ? Pourquoi la regarder me fend le coeur ? Je soupire, et plonge mon regard dans le sien, tout en m'approchant d'elle. Une fois face à elle, c'est presque timidement que mes doigts viennent effleurer les siens. Juste effleurer. "J'aimerais seulement que tu fasses partie de ma vie."
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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptyDim 2 Fév - 16:51


Evan s’éloigne pour aller ouvrir la fenêtre de ma chambre. Il est loin. Mais pas assez. Parce qu’il ne devrait pas être là, dans cette piaule. Il devrait être partout ailleurs mais pas là. « J'ai pas le droit de m'en prendre à ton frère, mais lui a le droit de s'en prendre à nous, c'est ça Nora ? Tu me fais la morale, mais lui, tu le laisses faire ? » On gaspille toujours quelque chose lorsqu’on se lance dans ce genre d’histoire. Le pire, c’est qu’on ne peut rien y faire. Au début, on essaye de valdinguer le livre au fond de nos entrailles, on s’entraîne à fuir les personnages principaux. On se dit que comme ça, l’histoire crèvera d’elle-même. Si les héros ne se rencontrent pas, alors il n’y a plus rien à raconter. Peut-être que ça fonctionne, parfois. Peut-être qu’il existe des gens assez courageux et déterminés pour gribouiller sur une histoire simplement parce qu’ils savent qu’elle se terminera mal et que certains héros ne s’en sortiront pas. Moi, je n’ai pas eu ce courage. Après la mort de Lenny, il a fallu que je m’accroche de toutes mes forces à quelque chose. C’est tombé sur Evan. Un peu par hasard. Ca fait plus d’un an que je m’agrippe à lui comme un homme sur le point de se noyer s’agrippe à sa bouée de sauvetage. Et même si j’essayais de toutes mes forces, je sais que je ne serais jamais foutue de lâcher prise, de me laisser couler. Alors en attendant, chaque fois que je m’appuie sur les épaules d'Evan pour avaler un peu d’air, lui se retrouve sous l’eau à boire la tasse.   « Je ne le laisse pas faire, Evan. Ou peut-être que si. Mais il a perdu son frère jumeau, bordel, est-ce que tu peux te rentrer ça dans le crane ?  » On gaspille toujours quelque chose lorsqu’on se lance dans ce genre d’histoire. Moi, c’est Evan que je gaspille. Paraît que tout le monde ne peut pas en sortir indemne, paraît que pour qu’une histoire fonctionne, faut toujours qu’il y en ait une autre qui parte en fumée. Alors voilà. Evan et moi, on part en fumée. On se consume, comme une clope, et un jour, demain ou dans quelques mois, y’aura plus rien à fumer. Plus rien à incendier. On aura fait le tour de toute cette histoire et il ne nous restera plus qu’à piétiner les cendres. Il a raison, quelque part. Et ça me tord le bide de l’avouer. Mais j’ai décidé de tirer un trait sur lui pour tenter de sauver mon frère, Emrys. Le problème, c’est que c’est pas un vrai trait, un de ces gros traits noirs qui indiquent que c’est vraiment la fin, qu’faut prendre des chemins différents maintenant, supprimer le numéro de l’autre sur son téléphone, aller trouver quelqu’un de nouveau à embrasser et à qui on laissera des post-it dégoulinant d’amour dans quelque temps. C’est un trait en pointillé, un trait qui l’empêche de se sauver trop loin, un trait qui dit on aura jamais rien Evan mais j’ai besoin de ce rien. « Il ne t’écouterait pas, de toute façon.  » Silence. « Si tu lui parlais. Il ne t’écouterait pas. Il n’écoute plus personne. Alors à quoi bon perdre son temps ?  » Je me trouve des excuses, et j’ai honte. Honte de jouer aux mêmes jeux qu’Evan. Honte de mentir. Peut-être qu’il m’écouterait, si j’osais vomir sur lui tous ces mots qui pourrissent à l’intérieur de moi. Seulement je les laisse là, partout dans mon intestin grêle. Et tant pis si l’un de nous trois en crève. Tant pis si dans cette histoire, contrairement aux autres, il risque de n’y avoir personne qui s’en sort. Evan finit par revenir tout près de moi, jusqu’à effleurer mes doigts avec les siens. Je serre mon poing mais c’est trop tard, il les a déjà enlevés et je me referme sur du vide. « J'aimerais seulement que tu fasses partie de ma vie. » Mes paupières se ferment, toutes seules. Elles pèsent des tonnes, j’ai l’impression. Des tonnes de trucs pas beaux, qui piquent les yeux et donnent envie de remplir des bocaux de larmes. Mais comme toujours, mes yeux restent tout secs. Il aimerait que je fasse partie de sa vie. On dirait un accord de mi mineur. Un accord qui suinte la nostalgie de tout ce qui ne sera pas. Un accord fait pour nous. « C’est encore un mensonge, pas vrai ?   » Depuis que je sais qu’il lui arrive de me mentir, comme ça, parce qu’il faut bien cacher des choses aux gens qu’on aime, j’ai l’impression qu’il ment tout le temps. Même le silence de ces onze derniers jours est un mensonge. Parce que je suis certaine qu’il crevait d’envie de me voir. De m’attendre à la fin des cours. De jouer aux indiens. Mais il ne l’a pas fait. Moi non plus. Je l’attendais comme on attend que le jour se lève à nouveau. Et j’aurais été prête à l’attendre une éternité entière. Peut-être même deux.   « Moi, je crois plutôt que tu préfèrerais que je n’en fasse plus partie du tout. Seulement, on sait tous les deux que ça a la gueule de montagne infranchissable, de devoir dire adieu aux gens avec qui on s’imaginait jusqu’à quatre-vingt ans.   » C’est un vrai murmure, cette fois. Pas un cri déguisé. Un murmure d’effondrement. J’crois que les fondations ne tiennent pas. J’crois que demain, y’aura tout à refaire. Mais plus personne pour se salir les mains.


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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptyMar 11 Fév - 20:55



Je me suis toujours demandé si le malheur nous tombait dessus à la naissance, ou s'il nous choisissait au hasard au cours de la vie. Et je sais pas ce qui est le mieux. D'être lié à son destin depuis toujours, ou risquer de se ramasser un orage matin après matin. Est-ce que, dès le départ, il était écrit que Nora Osborne serait trop bien pour moi ? Qu'on s'aimerait peut-être comme des fous mais que notre amour serait dans tous les cas voué à l'échec ? J'en sais rien. Mais réfléchir à ce genre de choses me donne mal au crâne. C'est un peu comme de résoudre une équation de degrés soixante-quinze. Impossible. Et même si Nora est plus forte que moi en mathématiques, je sais qu'elle non plus n'a jamais résolu notre équation. "Je ne le laisse pas faire, Evan. Ou peut-être que si. Mais il a perdu son frère jumeau, bordel, est-ce que tu peux te rentrer ça dans le crane ?" C'est bon, j'ai saisi Nora. J'ai saisi. Je ferme les yeux, les poings serrés. Je voudrais hurler la rage qui brûle au fond de mon coeur. Mais je ne peux pas. Même ça on me l'interdit. Comme d'aimer Nora. On a pas le droit d'abandonner son chien sur l'autoroute. On a pas le droit de se réjouir devant les malheureux. On a pas le droit d'être ivre sur la voie publique. J'ai pas le droit d'aimer Nora. J'y peux rien. C'est écrit. Quelque part. De toute façon, y'a tellement de lois que personne ne les connait par coeur. Pourtant, j'aurais voulu connaître celle-là. J'aurais voulu la connaître avant de rencontrer Nora. Avant de tomber amoureux. Maintenant c'est trop tard. C'est un peu comme si j'étais un meurtrier qui ne savait pas qu'il était interdit de tuer. Sauf qu'on l'a condamné à perpétuité. J'ai tué personne. J'ai aimé. Et au fond, j'ai l'impression que c'est pire. C'est vrai, suffit de voir tout ça. Emrys qui devient rouge dès qu'il me voit avec sa soeur. Nora qui pourrait m'égorger si son frère était mis au courant de ma présence ici. Les choses prennent des dimensions disproportionnées. "Il ne t’écouterait pas, de toute façon. (…) Si tu lui parlais. Il ne t’écouterait pas. Il n’écoute plus personne. Alors à quoi bon perdre son temps ?" Je secoue la tête. Rester là, sans rien faire, le laisser nous détruire, c'est ça perdre son temps. Ça et pas autre chose. Alors je préfère passer ma vie à essayer de sauver ce qu'on a plutôt que d'y renoncer. Plutôt que de tout laisser tomber sans me battre. Et quand je me rapproche finalement de Nora, et que j'attrape ses doigts entre les miens, j'ai l'impression que le temps s'arrête. Que le contact avec sa peau, après ces onze jours d'absence, a arrêté le monde. Qu'il ne tourne plus, que les horloges se sont coupées, que nous sommes seuls. Elle et moi. Seuls au milieu de notre parenthèse. Celle qui nous a toujours arraché au monde. Celle qui, au début, faisait que nous passions au-delà de l'évidence. "C’est encore un mensonge, pas vrai ?" Je serre les dents. Si fort qu'elles pourraient exploser. Pourquoi me parle-t'elle de mensonge ? À cause la dernière fois, c'est ça ? J'ai l'impression d'avoir chaud, et de commencer à étouffer. Alors, sans que je m'en rende compte, mes doigts se mettent à serrer ceux de Nora, avant que je ne les relâche enfin, presque violemment. Je voudrais rester calme. Contenir la colère qui s'empare de moi. Toute cette colère, mélangée au chagrin. Mais je peux pas. C'est comme d'être avalé par un cyclone et tenter de courir en sens inverse. C'est trop tard. Je suis déjà emporté. "Moi, je crois plutôt que tu préfèrerais que je n’en fasse plus partie du tout. Seulement, on sait tous les deux que ça a la gueule de montagne infranchissable, de devoir dire adieu aux gens avec qui on s’imaginait jusqu’à quatre-vingt ans." Ma main se pose sur ma bouche, comme pour m'empêcher de lui hurler dessus. Je n'ai jamais été dans cet état. Aussi en colère. Ce n'est pas moi. Je ne me reconnais plus. Je sais pas ce qui se passe, à l'intérieur de moi. Je me sens dévasté. Et dévastateur en même temps. Alors je finis par attraper Nora par les épaules, fermement, mais sans lui faire mal non plus. Je serre la mâchoire, et la poignarde du regard. "Tu te fous de ma gueule Nora ? Tu crois vraiment que je suis en train de te mentir ? Que si je suis venu là c'était pour me foutre de toi hein ? Si c'est ce que tu crois, t'es vraiment trop conne." Conne. Je n'ai jamais insulté Nora. Jamais. Et c'est ce que je viens de faire. Pourtant, je ne réalise pas vraiment. Pas encore du moins. Je suis aveuglé par ce tourbillon de sentiments qui me secoue les entrailles. "Et tu crois que la perte de Lenny est une excuse à tout ? Tu crois que ça donne le droit à Emrys de jamais se relever, de jamais s'en remettre ?" Je la relâche finalement, et fais un pas en arrière. Et derrière elle, j'aperçois mon reflet dans son miroir. On dirait un fou furieux. Alors je finis par lui tourner le dos. Et par réaliser. Ma colère. Mon état méconnaissable. L'insulte. Nora qui va finir par me détester. Qui ne va plus jamais m'aimer. Je viens de tout bousiller. C'est peut-être pas que de la faute d'Emrys. Mais peut-être de la mienne aussi. Et c'est contre moi que se retourne ma colère finalement. Et alors que je me rapproche du lit de Nora, sans que je ne puisse me contrôler, mon poing vient balayer toutes les photos qui s'y trouvent. Y'a Lenny qui vole partout dans la chambre, et qui s'étale par terre. Y'a même une photo qui s'envole par la fenêtre. Et sûrement l'amour qu'avait Nora pour moi avec.

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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptySam 15 Fév - 0:13


« Tu te fous de ma gueule Nora ? Tu crois vraiment que je suis en train de te mentir ? Que si je suis venu là c'était pour me foutre de toi hein ? Si c'est ce que tu crois, t'es vraiment trop conne. » Conne. Ca me secoue. A l’extérieur, on dirait que je suis tétanisée, comme un pantin à qui on aurait coupé les fils. Deux coups de ciseaux et plus rien à bouger, rien qu’un corps incroyablement fixe. Peut-être même qu’Evan croit mes poumons ont arrêté de se gonfler puis de se dégonfler à l’instant où l’insulte a claqué dans l’air. Mais à l’intérieur, c’est la tempête, l’ouragan. Et toute la flotte qui refuse de sortir par mes yeux mouille tout en moi. Il pleut sur chacun de mes organes. On dirait des gouttes de sang, ou bien d’acide, je sais pas trop. Ca dégouline de part et d’autre des mots tranchants qu’il vient de dire. . Evan est un menteur. Je ne m’en étais jamais vraiment rendue compte. Il a fallu qu’il me murmure des mots interdits pour que je réalise. Qu’il n’est peut-être pas tout à fait celui que j’imaginais. Qu’il est capable d’atrocités, lui aussi, comme tous ceux qu’on croise dans la rue.  Qu’il n’a peut-être rien de plus, finalement, peut-être même qu’il a quelque chose en moins, une case qui manque, un truc qui l’empêche d’accepter l’idée que lui et moi, on ne restera toujours que deux dans deux. Alors voilà, je regarde Evan et je me dis qu’il est mon faiseur de pluie, lui qui arrive encore à me regarder après les mots interdits, les mots qui laissent des marques et bouchent les artères au moins pendant cent semaines. Conne. Conne d’aimer un faiseur de pluie, et de réfléchir quand il me supplie de faire la pluie à mon tour. La pluie sur Emrys. La pluie sur ses cheveux toujours en bataille, sur ses cernes qui ressemblent à des poches de passé, sur ses poings écorchés, puis sur son cœur qu’a la gueule de bombe désamorcée. Un peu comme mes mots, qui se voudraient aussi tranchants que ceux d’Evan, mais qui ne tranchent que mes cordes vocales parce que trop gros pour leur faire passer la barrière de mes lèvres. Et puis au fond, je crois que même si j’en étais capable, je ne lui répondrais pas. Les gens devraient arrêter les jeux de chat et de souris, les jeux où on se cherche, on s’aime, on se blesse et se rafistole. Ils devraient changer de jeu. Moi, si j’avais la chance de pouvoir aimer Evan devant tout le monde, à l’ombre et au soleil, j’essaierais de scotcher des millions de sourires sur son visage. Même pas, en fait. Des sourires partout dans ses yeux, des sourires qui feraient un petit tintement chaque fois qu’il fermerait les paupières. Comme les cloches de Pâques, qui sonnent pour dire qu’il y a plein de jolis trésors planqués aux alentours. Le reste, les écorchures pour voir jusqu’où on tiendra, les disputes pour se tester et mieux se retrouver, je les laisserais au placard. Ou bien tout simplement aux autres.   « Et tu crois que la perte de Lenny est une excuse à tout ? Tu crois que ça donne le droit à Emrys de jamais se relever, de jamais s'en remettre ? » Il va trop loin. Est-ce que c’est parce que je l’ai poussé trop fort ? De toute façon, il aurait bien fini par cracher toutes ces vocables sur mes godasses. J’aimerais lui demander combien de fois ? Combien de fois est-ce qu’il m’a menti ? Une fois de temps en temps ? Ou bien chaque matin qu’on a passé ensemble ? En tout cas, je ne l’ai jamais vu comme ça. Et quand il s’en va balayer du revers de la main les photos de mon frère qui traînent sur mon lit, je crois que je ne le reverrais plus du tout. « Tu… » Je te déteste. Je t’aime. Je te déteste et je t’aime. Il y a une des photos qui passe par la fenêtre, et moi qui cours jusqu’à celle-ci. Comme si je pouvais empêcher le vent de l’emmener. Je ne vois qu’un bout de l’image mais je garde les yeux grand ouverts, jusqu’à ne plus rien distinguer. Lenny sourit, dessus. Il vient de recevoir sa lettre d’acceptation pour Berkeley. C’est un sourire soulagé. Et a chaque fois, je me dis que c’est exactement ce sourire qu’il a dû faire lorsqu’il a filé hors du monde. Un sourire soulagé. Peut-être que c’est un signe, que ce soit cette photo qui file avec le vent. Peut-être que ça vient de lui, là haut. Peut-être même qu’il aimerait mourir une seconde fois. Dans nos têtes, cette fois. Pour qu’on arrête de se trimballer avec la nostalgie de lui partout dans nos veines. Moi, je suis sûre que c’est ce qu’il voudrait. Mourir une dernière fois. Dans nos mémoires. Et pour de bon. « Tu devrais rentrer chez toi. Je pense que tu en as assez fait pour ce soir, tu ne penses pas ? » Je ne prends même pas la peine de le regarder. Et dans ma voix, il n’y a pas un seul milligramme de colère. Mais des kilos de fatigue, sûrement un peu de déception, aussi. « Et tu sais quoi ? Ne reviens pas. Pas maintenant. Le destin ne devrait pas mettre sur notre route des gens comme toi, des gens faiseurs de pluie. » Dans un dernier effort, je tourne mes épaules pour attraper ses pupilles. « Avant, j’ai une dernière question. Si la perte de Lenny n’est pas une excuse à tout, est-ce que notre histoire planquée en est une ?  » Est-ce que  parce qu’on vit notre amour comme deux réfugiés, tu as le droit de m’insulter, de me bousculer, et de le tuer une deuxième fois ?  


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MessageSujet: Re: i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) i want you by my side so that i never feel alone again. (noran) EmptyMar 4 Mar - 23:28



C'est dingue, à quel point nous sommes fragiles. À quel point nous sommes volatiles. Une bourrasque de vent, et tout s'envole, tout s'en va. Personne n'est à l'abri. Et lorsque ce qui nous semblait inébranlable se casse finalement la gueule, c'est notre vision du monde qui est remise en question. Lorsque les tours se sont effondrées, c'est l'Amérique entière qui s'est effondrée avec elles. Alors il a fallu se relever, se reconstruire différemment pour éviter les récidives. Et ré-apprendre à marcher. À vivre, à respirer. "Tu…" Lenny s'est envolé par la fenêtre. À cause de ma colère incontrôlable. Il en a peut-être eu marre de moi auprès de sa soeur, de moi qui la bousille alors que j'avais pour habitude de la faire rire. Alors il s'est barré. Et y'a Nora qui passe devant moi en courant. Comme si sa vie était en jeu. Elle se penche par la fenêtre, les mains en avant, comme pour le rattraper. Sauf que c'est trop tard. Lenny est parti. Mais Nora reste là, devant la fenêtre, les bras flottant dans le vide. J'ai l'impression qu'elle va se retourner d'un coup, et finir par m'égorger. Elle me pendra par les pieds dans la chambre d'Emrys, et ils me regarderont mourir en se racontant des histoires drôles. Des histoires d'amours foutus, d'amours perdus. Mais Nora ne se retourne pas. Elle ne bouge plus. Comme une amante sur le port attend le retour de celui qu'elle aime et qui a pris la mer, Nora attend le retour de Lenny. Et j'ai l'impression qu'elle va rester là des heures. "Tu devrais rentrer chez toi. Je pense que tu en as assez fait pour ce soir, tu ne penses pas ?" Elle est toujours face à la fenêtre, et me tourne donc le dos. Alors je baisse la tête, et lâche un soupir. Ma colère est toujours là, accrochée à mes tripes. Et avec elle, il y a aussi le désespoir et la fatigue. Je suis usé, érodé, abîmé, entravé. Je n'ai jamais songé à abandonner. Jamais. Pas même une seule fois. Pourtant ce soir, je me sens épuisé. Alors je lâche prise. J'abandonne. Elle veut que je parte, alors je partirai. À quoi bon rester de toute façon ? "Et tu sais quoi ? Ne reviens pas. Pas maintenant. Le destin ne devrait pas mettre sur notre route des gens comme toi, des gens faiseurs de pluie." Très bien. Je ne reviendrai pas. Elle ne me verra plus. Je vais disparaître quelques temps. La laisser vivre sa vie, et tenter de vivre la mienne. N'est-ce donc pas la chose à faire après tout ? N'est-ce pas ce qui nous attend, au bout du compte ? Nora et moi, tout ce temps, on a pédalé dans le vide. Parce qu'on avançait pas, on faisait juste semblait. Au fond, on a toujours su que notre route se terminerait là où elle avait commencé. Mais comme on voulait quand même avancer, ou au moins faire semblant, on s'est dit qu'on allait pédaler dans le vide. Alors voilà. On est tombé amoureux au premier regard. C'est ça, notre commencement. Et c'est ça aussi, notre fin. Alors on ne dé-tombera pas amoureux. Jamais. C'est irréversible. Sauf qu'on ira pas plus loin non plus. Je relève une dernière fois mes yeux vers Nora, qui me tourne le dos, et alors que je m'apprête à partir, elle se retourne enfin. "Avant, j’ai une dernière question. Si la perte de Lenny n’est pas une excuse à tout, est-ce que notre histoire planquée en est une ?" Je plonge mon regard dans le sien, le visage probablement décomposé. J'ai l'impression qu'un train m'a roulé dessus. Mais c'est juste Nora qui m'est tombé dessus. Difficilement, j'hausse les épaules. "Elle n'en est pas une Nora non. Et si elle ne me donne pas le droit de me comporter comme je viens de le faire, elle ne te donne pas le droit non plus de nous laisser tomber. De ne même pas essayer de te battre pour nous. Et ça veut pas dire mettre en péril ta relation avec Emrys. Les deux sont compatibles Nora. Sauf que t'as jamais rien fait pour que ça marche." Je la regarde un instant, avant de finir. "Sur ce, bonne nuit Nora. Et à dans plusieurs semaines, sans doute." Alors je tourne les talons, sans lui laisser le temps de répondre. J'esquive chacune des photos, et quitte sa chambre en silence. Sur la pointe des pieds, je descends les escaliers, et quitte la maison des Osborne. Je me retrouve finalement enveloppé par l'atmosphère de cette nuit d'hiver. L'air froid, la nostalgie ambiante, le silence pesant. Je reste sur le pallier plusieurs minutes, avant de faire le tour de la maison pour me retrouver dans la cour. Là, je jette un oeil à la fenêtre de la chambre de Nora. Elle a dû la fermer après mon départ. Alors, je me mets à chercher la photo d'Emrys. Il fait plutôt sombre, et je mets un certain temps avant de remettre la main dessus. Mais une fois que c'est fait, une fois que je l'ai, j'attrape un caillou et le lance contre le carreau de la chambre de Nora. J'attends un instant, mais rien ne se passe. J'attrape donc un second caillou et le lance également. La fenêtre s'ouvre enfin, et Nora apparaît. Je secoue la photo, pour la lui montrer. "Je te la mets dans la boite aux lettres."
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