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flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).

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MessageSujet: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyVen 27 Déc - 18:09



J'ai lu dans un magasine qu'un mariage sur trois se termine par un divorce. Et malgré ça, les gens continuent de se marier. Peut-être pour réaliser un rêve de gosse. Peut-être pour se rassurer. Peut-être juste pour des papiers. On rencontre quelqu'un, on apprend à le connaître, puis à l'aimer. On lui présente sa famille, ses amis. Après on emménage ensemble, on pense à faire des gosses, des qui nous courront dans les pattes pendant au moins quinze ans, on change la bagnole deux places pour une plus familiale, on opte pour une sept places au cas où il y aurait d'autres bambins derrière. Et au milieu de tout ça, on se marie. Quand on a un peu de temps, un temps creux. On se marie et puis parfois, on regrette. Une fois sur trois, on regrette. Ça fait six mois, maintenant. Six mois que mon mari et moi sommes mariés. Et chaque fois que j'assiste à un nouveau mariage, je prie pour que ce soit le leur qui se traduise par un échec. Parce que les pourcentages défectueux, j'ai l'impression qu'ils ont été fabriqués pour moi. Il y a eu le pourcentage Lenny, mon frère, qui n'est jamais sorti du coma alors que quatre-vingt trois accidentés de la route sur cent s'en sortent. Il y a le pourcentage Evan, ensuite, paraît que deux personnes qui s'aiment on quatre-vingt seize pourcents de chance de finir ensemble. Pas nous. Il y a eu le pourcentage grossesse qui se déroule mal, papa qui devient vieux et perd sa tête malgré les statistiques rassurantes. Et il y en a eu tellement d'autres, des pas très graves, des graves, des qu'on oublie et des qui restent. Aujourd'hui, c'est un truc qui me fout la frousse, les statistiques. Alors quand je me rends au mariage de mes amis, je ne peux pas m'empêcher d'espérer que leur amour soit plus bancal que le notre. Mon mari est témoin, aujourd'hui. Témoin d'un peut-être futur divorce. Témoin de tout comme de rien. De leur passion, surtout. Parce que c'est vrai qu'ils se dévorent des yeux, c'est vrai qu'ils ont l'air de s'aimer à mille à l'heure. Aimer à mille à l'heure. C'est un truc à la gueule de vieux souvenir, pour moi, un truc dont j'ai oublié jusque la saveur. Un truc qui remonte à l'université. Avec Evan, l'homme qui aurait dû être l'homme de ma vie et qui n'en fait même plus partie. Certains soirs, il m'arrive encore de me demander si c'est de mon mari que je suis amoureuse ou de cette sécurité qu'il m'apporte. Si on s'aime, on s'aime différemment des autres. Doucement. Calmement. On ne se dispute jamais, mais on ne rit jamais vraiment non plus. Entre nous, il n'y a pas un mot plus haut que l'autre, pas un baiser plus fort que l'autre. On s'aime avec simplicité, au rythme des saisons et du vent qui cogne aux volets sans jamais nous effleurer. Il ne s'est pas énervé quand je lui ai parlé d'Evan, ni quand je lui ai dit que je n'étais pas prête à le suivre en France, encore moins quand je lui ai annoncé qu'on attendait un enfant et que lui, des enfants, il n'en avait jamais voulu. C'est peut-être cet amour raplapla qui sauvera notre histoire. Qu'est-ce qu'il leur restera, aux autres, une fois la passion trop souvent passée à la machine à laver? Rien, sinon ces dizaines d'habitudes qu'il leur faudra ré-apprendre et le goût âpre de toutes ces choses qu'ils ne vivront plus de la même manière.
Ils se sont dit oui un peu plus tôt dans la mâtinée, on leur a jeté du riz et des pétales de rose, puis chacun est monté dans sa voiture pour les suivre jusqu'à la salle de réception. Sur le trajet, Malo n'a pas arrêté de hurler d'excitation, ce qui nous a fait rire, mon mari et moi. On a félicité les nouveaux mariés pour la décoration du lieu et les vœux exaucés à l’église ainsi qu'à la mairie. Et maintenant, tous les invités attendent les discours des élus et des témoins. Malo court dans tous les sens avec des enfants de son âge, un peu plus loin, et je ne peux pas m'empêcher de jeter des coups d'oeil réguliers dans sa direction pour m'assurer que tout va bien. Il a tenu à porter le même costume que son père. Il a fallu payer une petite fortune pour que le créateur accepte d'en faire une version miniature mais son père lâcherait toutes ses économies pour voir son fils heureux. Il est le genre de père et mari dont tout le monde rêverait, le genre de type conciliant qu'on ne croise que dans les plus grands films d'amour. Pourquoi, alors, ai-je encore tant de mal aujourd'hui à me sentir complètement heureuse avec lui ?  « Evan Daniels ? » Je dois faire une drôle de tête. Ça ne peut pas être lui, près de la fontaine de champagne. J'avance doucement, un sourire timide accroché aux lèvres, attrapant une coupe de champagne au passage pour me donner de la contenance.  « Dîtes moi que je rêve. Ça fait combien de temps, maintenant ? » Combien de temps qu'on s'est perdu de vue ? Combien de temps qu'on a renoncé ?

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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyLun 13 Jan - 0:35



Nous sommes des marionnettes. Le temps tire nos ficelles. Il tire même nos sourires, dessine nos balafres. Il change de décor au rythme des saisons, écrit des tragédies dignes de Shakespeare. Il sait pas choisir qui finira avec qui le temps, non, il sait pas. Alors il a inventé un jeu. Son jeu préféré. Il l'a appelé le destin. C'est simple. Il a inscrit nos prénoms sur de minuscules morceaux de papier. Tous de la même taille, pour pas piocher les évidences. Et tous les morceaux de papier, il les a enfouis dans son grand chapeau blanc. Ensuite, il en tire un premier, le déplie, et inscrit le nom sur son manuscrit. Il trace une flèche juste à côté. Le genre de flèche qui représente l'inévitable. Et en face, il écrit le nom qu'il pioche en second. Puis y'a des noms qui restent seuls. Des noms en face de personne. Parce qu'il y en a qui finiront leur vie avec la solitude pour seule amante. J'ai longtemps hésité à me lancer dans une quête. Une quête qui consisterait à rendre visite au temps, à se faufiler chez lui, ouvrir le tiroir de sa table de chevet, et lui piquer son manuscrit. Puis j'ai laissé tomber. Je me suis dit qu'il valait mieux ne pas savoir qui se trouverait de l'autre côté de la flèche. À supposer qu'il y ait quelqu'un. Je me suis dit qu'au moins, ça me laisserait le bénéfice du doute. Et que comme ça, je pourrais peut-être avoir l'impression de choisir, même si finalement ce n'est pas le cas. Assis au fond de la chapelle, je regarde les futurs mariés et l'émotion qui se dégage d'eux, comme une sorte d'aura. Leurs regards ne se quittent plus, je suis même pas sûr qu'ils écoutent vraiment la cérémonie qui se déroule autour d'eux. Pour eux. Moi, j'ai décroché. Ce sont toujours les mêmes discours sur l'amour. Ces discours qui nous parle de théorie. Mais l'amour n'a rien d'une théorie. Il n'y a pas d'équation secrète, ou de plan détaillé. Sinon, ça serait facile. À la limite, l'amour serait un peu comme une pièce montée. On a la recette sous la main, on pourrait croire que c'est facile. Y'en a pour qui ça réussit. D'autres pour qui tout se casse la gueule. Et y'en a qui n'ont jamais appris à battre des oeufs. Alors ceux-là sont sans espoir. Moi je suis pâtissier. J'ai même fait la pièce montée de ce mariage. Mais je suis pas sûr que ça m'aide en amour. En fait, je suis même plutôt sûr du contraire. J'ai jamais été aidé à ce niveau-là. D'abord, y'a mon père que j'ai jamais connu, et de ce fait, je n'ai jamais su à quoi ça ressemblait. Un couple de parents amoureux. Je sais pas comment ça marche. Je sais pas comment je vais m'y prendre quand je deviendrai papa, qu'est ce que ça changera dans ma vie actuelle. Ensuite, y'a cette partie de billes, et ce gosse dans la cour d'école qu'a commencé à ne pas m'aimer. Résultat, moi c'est sa soeur que j'ai pas pu aimer. Enfin, bien sûr que si, je l'ai aimée. En silence. Parce que je n'ai jamais eu d'autre choix. J'entends finalement quelques intonations heureuses, voire quelques légers applaudissements. Alors je relève les yeux, et je vois les amoureux qui s'embrassent. Ça y'est, ils se sont dit oui. Ils s'aimeront pour le meilleur, et pour le pire. Du moins si l'on en croit les théories. Mais certains n'y ont pas cru. Alors ils ont écrit d'autres livres, avec d'autres théories. Des théories selon lesquelles, un homme qui n'aime plus sa femme a le droit de s'en séparer, mais devra très probablement en payer le prix fort. Alors le jeune marié aimera-t'il sa femme jusqu'au dernier jour ? Et si ce n'est pas le cas, préfèrera-t'il abandonner son humble fortune pour en rejoindre une autre ? Ou bien feindre le bonheur et garder son argent ? Je lâche un soupir, et me force à penser qu'ils seront simplement heureux. Tout le monde quitte finalement la chapelle, moi en dernier. Une fois dehors, je m'allume une cigarette, grimpe dans ma voiture, et roule jusqu'à la salle de réception. Finalement arrivé, je reste appuyé contre ma voiture le temps de finir ma clope, et rejoint enfin la foule. Je m'approche des mariés, leur souhaite bonheur et amour, tâchant d'être convaincant. Je crois que ça a marché, ils me remercient, et je m'éclipse alors en cuisines histoire de vérifier que la pièce montée se tient bien. Et c'est affectivement le cas. Elle est dans le même état qu'il y a quelques heures, au moment d'y déposer les dernières décorations. Avant de replonger au milieu de la foule, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'oeil à ma montre. Rowan sera là d'ici trois quarts d'heure. Elle a été retenue au boulot. Alors je lui envoie un message, pour lui dire que je pense à elle, comme le ferait n'importe quel petit-ami modèle. Même si j'en suis bien loin, oui, bien trop loin. J'essaie quand même. De me souvenir des formalités, de faire en sorte qu'elle ne soit pas malheureuse. Je quitte finalement les cuisines, et me dirige vers la fontaine de champagne. J'attrape une coupe, en boit une gorgée, et pose mon regard vide sur des enfants qui courent, un peu plus loin. "Evan Daniels ? (…) Dîtes moi que je rêve. Ça fait combien de temps, maintenant ?" En un sursaut, mon regard se pose sur elle. Nora. Nora Osborne. Elle n'a pas changé. Toujours ce visage de poupée, et ce sourire d'ange. Celui que je n'ai jamais pu oublier. Je reste silencieux un instant, comme un acteur qu'aurait oublié ses répliques. Puis je finis par me racler la gorge, et afficher ce sourire sorti de nulle part. "Punaise, Nora. Je m'attendais pas à te voir ici, enfin…" Enfin en vérité, je m'attendais pas à te revoir tout court, ici ou ailleurs. Maintenant ou dans vingt ans. "Ça fait… Un sacré moment, je saurais même pas te dire." Je fais un pas vers elle, et lui fais la bise, comme le ferait n'importe quel ami. Je reprends ensuite ma place initiale, et avale une nouvelle gorgée de mon champagne. Que disent les théories à ce sujet là, hein ? Que doit-on dire à celle que l'on a toujours aimée, et qu'on pensait ne jamais revoir ? Doit-on lui parler de ce jeu ? Du destin ? Du chapeau blanc et du manuscrit ? J'ai longtemps hésité à me lancer dans une quête oui. Mais je ne l'ai jamais fait. Je sais cependant ce que j'y aurais trouvé. Rowan, flèche, Evan. Evan, flèche, Rowan. "Je suis content de te voir."
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyMar 21 Jan - 23:15



On espère tous finir sa vie avec quelqu’un.  Moi, je me foutais de terminer avec quelqu’un. C’était avec Evan que je voulais finir. Et c’est vrai qu’à l’époque, il y a des tas de choses que j’imaginais finir avec lui. Finir de faire l’amour pour la première fois. Finir nos petits déjeuners ensemble avant d’aller au boulot. Finir notre premier enfant. Finir de payer l’emprunt de notre baraque, le crédit de la bagnole. Finir notre nuit de noces, les vacances scolaires des gosses passées chez les grands parents, les livres qu’on aurait lu à deux, ce film ennuyeux qu’on aurait regardé en quatre fois. Finir de débarrasser le grenier et y installer un lit pour le prochain bébé, finir une dispute avec des insultes dégueulasses et s’embrasser derrière. Et par-dessus tout, finir notre vie ensemble. Malheureusement, Evan et moi n’avons rien eu à finir ensemble, sûrement parce qu’on n’avait rien réussi à commencer. Il y avait bien ces pages de nous, mais aucun de nous deux n’avait trouvé de colle assez forte pour les coller ensemble pour de bon. Et après les avoir scotchées et re-scotchées des dizaines de fois sans parvenir à former ne serait-ce que le début d’un livre, on avait fini par jeter les armes. Après ça, je me rappelle qu’il m’a fallu tout réapprendre de la vie, jusqu’au deuil de Lenny qui m’avait re-claqué à la gueule comme au premier jour. Il a fallu réapprendre à se relever toute seule, et à tomber toute seule, aussi. Réapprendre la nuit et le soleil, les rires et même les cris. « Punaise, Nora. Je m'attendais pas à te voir ici, enfin… Ça fait… Un sacré moment, je saurais même pas te dire. » Il a surtout fallu réapprendre à ne plus compter les heures, les jours, les mois à s’oublier. A-t-il couru, lui ? A-t-il foncé à toute allure pour essayer de nous barrer plus vite ? J’imagine que oui. Moi, ça m’a surtout tchernobylisée, tout ce vide en moi, tout ce vide au toucher, à l’odorat et au reste. Je suis restée comme ça des jours, planquée sous ce costume de grande paralysée. Paralysée d’amour qui fout pas l’camps. Paralysée d’amour qui squatte dedans. Puis un matin, je me suis levée en me rappelant que si mes yeux restaient secs, mes lèvres gercées et mon cœur froissé, mes jambes, elles, pouvaient encore bouger. C’est ce matin-là  que j’ai fait un premier pas. Pour ouvrir les volets. Après, il y a eu d’autres pas, des tous petits pas à l’allure de miettes de pain, des pas de rien du tout. Aujourd’hui, en regardant ce qu’est devenu Evan, en face de moi, en remarquant à quel point il n’a pas changé, je me rends compte que c’était la seule solution. Avancer pas à pas. Parce que même en avançant à pas de rien du tout, on finit toujours par arriver quelque part. Et là-bas, on y rencontre quelqu’un d’autre avec qui écrire la longue liste des choses à finir. « C’est drôle –et tu vas sûrement trouver ça bête- mais j’ai toujours eu l’intime conviction qu’on finirait par se revoir. » Et quelques fois, là-bas, on y retrouve d’autres gens, des gens d’avant, des gens passés, comme des ombres qui viennent  trébucher sur le présent pour y bouffer un bout d’soleil.   « Alors, pour qui est-ce que tu es là ? J’imagine que ce n’est pas pour moi. » Je ris légèrement, c’est un rire qui raconte à quel point c’est ridicule, l’amour, et comme on nous ment dans les bouquins en nous pompant avec l’amour qui s’rait la chose la plus importante au monde. C’est faux. Sinon, je crois que je serais morte depuis longtemps. Depuis le jour de notre rencontre, en fait, et celui de l’enterrement de Lenny, aussi. Je lâche son regard un instant pour le poser un peu plus loin, sur mon mari, qui n’a encore rien remarqué.  Est-ce qu’il y a un mode d’emploi pour ce genre de situations ? Est-ce qu’il y a un chapitre pour expliquer comment faire ralentir ce cœur qui pompe trop vite, mais pour la mauvaise personne ? Un chapitre pour expliquer comment éviter tout dérapage entre les deux hommes de votre vie ? Et un chapitre pour faire déguerpir tout ça, la poussière du passé et celle des jours à venir ? S’il existe, alors je ne l’ai pas en ma possession. Je souffle, le plus discrètement possible, pour  tenter de mettre du vent en moi, du vide, comme lorsqu’Evan semblait dégagé de mon bide pour de bon. Je m’y étais faite, moi, à ce grand sac de rien à la place de l’estomac. Et voilà qu’il vient tout chambouler. A croire que c’est ce qu’il a toujours préféré faire. Tout chambouler. Ma boîte à rire, celle à aimer, et puis celle à pleurer, en sortant de ma vie comme il y était entré : comme ça, tout d’un coup, à la gueule d’une porte qui claque. « Alors, que devient le fils Daniels qui étudiait l’astronomie pour faire plaisir à sa mère et oubliait de se raser six jours sur sept ? » J’espère qu’il reste encore un peu de cet Evan-là quelque part, au bout du monde ou juste dans les chaussures taille quarante-quatre que tu portes aujourd’hui, et quelques rêves réalisés, aussi, toi qui n’y croyais pas vraiment.
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyJeu 23 Jan - 22:40



Il y a Nora devant moi. Elle porte sa robe des beaux jours. Celle qui lui va si bien, et qui fait ressortir ses yeux. Sa robe en lin couleur rose pâle. Elle s'ajuste parfaitement à son corps, comme si elle avait été taillée spécialement pour elle. À chaque fois qu'elle la porte, je ne peux m'empêcher de lui dire ô combien je la trouve belle. Comme ce matin, juste après qu'elle l'eut enfilée. Ou encore tout à l'heure, quand elle s'est mise à rire en voyant toutes les filles essayer de rattraper le bouquet de la mariée. Elle, elle s'est contentée de les regarder faire. Elle n'avait pas besoin de ça. Du bouquet qui dit qu'elle sera la prochaine. Parce que Nora a déjà la bague au doigt. À l'intérieur de son anneau, ce sont nos prénoms que l'on a fait graver. Nora & Evan. À défaut de les avoir gravés sur un tronc d'arbre lorsque nous étions plus jeunes. Un peu plus loin, si l'on regarde bien, c'est notre bambin que l'on voit courir après ses copains. Il a le visage d'ange de sa mère, et l'endurance de son père. Nous sommes fiers de lui. De ce petit bout de nous, du fruit de notre amour. Mais cela ne s'est pas passé comme ça. Je soupire, avant de boire une nouvelle gorgée de mon champagne. Nora n'a jamais été ma femme, et ne le sera jamais. Il n'y aura jamais de bout de nous, jamais de fruit de quoi que ce soit, jamais d'amour. "C’est drôle –et tu vas sûrement trouver ça bête- mais j’ai toujours eu l’intime conviction qu’on finirait par se revoir." Pour ma part, j'ai toujours eu le secret espoir de ne jamais la revoir. J'esquisse un sourire. Un sourire qui veut rien dire, et qu'est là juste parce qu'il le faut. Oui, il faut faire semblant de trouver ça drôle. Semblant de se sentir bien, semblant d'être heureux. Semblant, comme on l'a toujours fait elle et moi. Ça fait bien trop longtemps que je fais semblant. De ne pas l'aimer. De l'avoir oubliée. La vérité, c'est que je pense à elle au réveil, mais aussi en m'endormant. Nora fait partie de moi. Elle coule dans mes veines, circule dans mes poumons. Et elle s'en ira en même temps que moi. Pas avant. Je l'emporterai dans ma tombe, et on s'envolera jusqu'au paradis. Ça fait bien longtemps que je me dis que c'est le seul endroit où l'on pourra enfin s'aimer. "Oui, c'est drôle…" Je marmonne, à peine audiblement. Je ne suis même pas sûr qu'elle m'ait compris. Qu'importe, après tout. "Alors, pour qui est-ce que tu es là ? J’imagine que ce n’est pas pour moi." Nora se met à rire légèrement. Moi je fronce les sourcils, et je me demande si elle fait semblant elle aussi. Si tout cela n'est qu'un jeu pour elle. À moins qu'elle soit tout simplement heureuse, qu'elle m'ait juste oublié, et rayé de sa vie. Mon coeur se serre, je grimace légèrement. Avant de laisser échapper un rire minuscule, histoire de ne pas trop éveiller les soupçons aux yeux de Nora. De toute façon, quels soupçons pourrais-je bien éveiller ? Se souvient-elle de nos caresses ? De nos rires qui lézardaient les murs ? Et de nos baisers, s'en souvient-elle ? Peut-être que oui. Mais cela ne doit ressembler qu'à un vieux bouquin poussiéreux. Un vieux bouquin qu'a le goût des aventures passées qu'on a laissées derrière soi. Ce vieux bouquin, elle le retouchera jamais plus. Il est là, sur son étagère. Perdu au milieu de tous les autres. Elle le regarde, parfois. Se rappelle de l'histoire, et des deux personnages. Elle se dit que c'était sympa, comme histoire, esquisse un léger sourire, et reprend sa vie comme si de rien n'était. Au fond, elle a oublié que c'était son histoire. Que c'était la notre. Et qu'elle était l'héroïne. Même que moi, j'étais son héros. "Si bien sûr que si, je suis là pour toi Nora." Je garde mon sérieux, quelques secondes. Puis je me force à rire, histoire de souligner ma mauvaise blague. "Non, je suis là pour la mariée. Une amie." Alors je lui lance un simple sourire. De toute façon, je savais pas qu'elle serait là Nora. Et si je l'avais su, je serais même pas venu. J'aurai prétexté une maladie, n'importe laquelle, je m'en fous. Mais je serais pas venu. Pourquoi risquer de la revoir ? De me confronter de nouveau à sa gueule d'ange ? À l'amour impossible ? J'ai Rowan maintenant. Rowan est la femme avec qui je passerai le restant de mes jours. Je devrais d'ailleurs songer à lui demander sa main. À l'épouser, et à sceller mon destin au sien. Pour toujours, et à jamais. Il n'y aura plus de retour possible, plus de doute. Rowan portera alors mon nom. Et celui de nos futurs enfants. On pourra raccourcir l'étiquette sur la boite aux lettres. "Alors, que devient le fils Daniels qui étudiait l’astronomie pour faire plaisir à sa mère et oubliait de se raser six jours sur sept ?" Je secoue la tête en souriant, un peu comme pour prendre un air décontracté. Puis je porte à nouveau ma coupe de champagne à mes lèvres, avant d'en boire plusieurs gorgées à la suite, et de la terminer. J'hausse les épaules, l'air de rien. La vérité, c'est que je ne sais pas quoi lui répondre. Quelles sont les choses à évoquer ou non ? "Comme tu le vois, je me suis rasé." Je passe alors une main sur mon visage, en souriant d'un air faussement amusé. "Plus sérieusement, j'ai laissé l'astronomie derrière moi. Ma mère était déçue, au début. Avant de venir acheter des gâteaux à ma pâtisserie." Je lui lance un clin d'oeil. Nora a toujours voulu que je fasse ce qui me plaisait vraiment. Quand je bossais secrètement à la pâtisserie à l'époque de l'université, elle m'encourageait, et venait même me voir assez souvent. Aujourd'hui, à chaque fois que je fais un fraisier, j'ai l'impression de le faire pour Nora. Et quand la porte s'ouvre, j'ai toujours peur que ce soit elle qui vienne m'en acheter un. Je pose finalement ma coupe sur la table derrière moi, et en prend une nouvelle. "Et que devient la petite matheuse ? Me dis pas que t'es devenue organisatrice de mariage et que c'est pour ça que tu es là ?" Arrête de rêver Evan. Elle est venue là avec son mari. C'est peut-être même son gosse là-bas. Je regarde finalement ma montre, et réalise que le temps passe. Rowan va débarquer plus vite que je ne le pense. Elle va me voir, là, avec Nora. Et bien sûr, elle va tout deviner, tout comprendre. Que si je l'embrasse pas avec la même fougue que celle que l'on voit dans les films, c'est parce que Nora n'a jamais quitté mes pensées. Parce que Nora est celle que j'ai toujours voulu embrasser à sa place. Alors je ne veux pas que Rowan nous voie. Je ne veux pas la blesser, je ne le voudrais jamais. "Tu viendrais avec moi en cuisines ? Je dois vérifier que la pièce montée est tenue à bonne température." Mensonge. J'ai quitté les cuisines il y a à peine quelques minutes. Mais je sais qu'elles sont vides, et que nous y serons à l'abri des regards.
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptySam 25 Jan - 20:53



J’ai lu de nombreux livres avant de me rendre compte qu’ils racontaient tous la même histoire. C’est l’histoire d’une femme et d’un homme qui se rencontrent et tombent amoureux, parfois au premier regard, parfois au vingt-quatrième et une fois, je crois même que c’était au centième. Ils font des projets, choisissent des prénoms aux enfants qu’ils rêvent d’avoir un jour, une fois qu’ils auront terminé leurs études, s’embrassent dans des cafés, dans la rue, chez eux. Trois mois, six mois, un an ou deux ans plus tard, ils finissent par se séparer. A cause du temps, d’un proche, d’une nouvelle rencontre ou simplement pour cause de sentiments abîmés, délavés. A chaque fois, les chapitres qui suivent parlent des souvenirs. De Martin qui n’oubliera jamais le parfum de Louise, partie avec un autre. De Lola qui se souvient de chaque grain de beauté du visage de celle qu’elle a aimé seulement un mois, mais parait que c’était le plus beau mois de sa vie. Et Nathaniel, qui s’endort avec la voix de Jade dans ses oreilles, cette voix qu’il a en musique de fond depuis près de six ans. Tous les chapitres qui suivent la rupture racontent la plus grande escroquerie de tous les temps. Parce qu’en vérité, quoi qu’on fasse, quoi qu’on veuille, on finit toujours par oublier. On commence par oublier un tout petit détail, insignifiant, on se rassure en se disant que c’est le détail de rien du tout, celui qu’a rien d’important, qui ne nous faisait pas chavirer. Puis on en oublie un second, un troisième et des dizaines d’autres encore. Un jour, on se réveille avec la mémoire raplapla de ces détails qu’on n’aura plus jamais. Il avait les yeux de quelle couleur, déjà ? Verts ? Non, peut-être que ça tirait plus vers le bleu. Et le côté droit de sa bouche qui s’affaissait chaque fois qu’il souriait, à mois que ce soit le gauche ? Il ne reste que des contours, des formes, des trucs abstraits et ça y est, on arrête de chavirer. On ne tangue plus d’amour. On avance enfin vers autre chose. Jusqu’à ce que ça nous retombe dessus, quelques années plus tard, en regardant une photo, en écoutant une musique, ou bien à un mariage. « Si bien sûr que si, je suis là pour toi Nora. » C’est étrange, la sensation de sa voix au creux de mon estomac. C’est quelque chose que je pensais avoir jeté au placard pour toujours, cette chaleur qui s’insinuait dans mon ventre chaque fois qu’il s’adressait à moi. Qui s’insinue encore. « Non, je suis là pour la mariée. Une amie. » Je hoche la tête d’un air entendu. Il y a sûrement eu d’autres disputes avec sa mère, d’autres amis, d’autres gueules de bois et d’autres rêves depuis nos années à l’université. Que reste-t-il du Evan avec qui je parcourais le monde sur une planche à roulettes ?   « Comme tu le vois, je me suis rasé. » Je ris légèrement. Il reste au moins ça, cette facilité qu’il avait à m’arracher un rire. « Plus sérieusement, j'ai laissé l'astronomie derrière moi. Ma mère était déçue, au début. Avant de venir acheter des gâteaux à ma pâtisserie. » Je lui souris. J’aimerais lui dire à quel point je suis heureuse pour lui mais il ne me croirait sûrement pas. Parce qu’Evan et moi avons vécu nos derniers mois ensemble sur des mensonges, des rabais, des non-dits. Et qu’il est sûrement difficile pour lui d’imaginer que je sois heureuse qu’il ait réalisé ses rêves sans moi alors que je les vivais par procuration. « Et que devient la petite matheuse ? Me dis pas que t'es devenue organisatrice de mariage et que c'est pour ça que tu es là ? » J’aurais fait une piètre organisatrice, moi qui n’avais même pas réussi à épouser l’homme qui me consumait. « Hé bien si… Toutes ces fleurs, c’est moi. » Silence. « Non, je plaisante. J’écrivais des livres sur les mathématiques, comme ceux qui trainaient chez moi et que tu détestais, tu te rappelles ? Mais tu avais raison. On ne peut pas passer sa vie à faire ça. Alors il y a  quelque mois, j’ai troqué les formules d’algèbre pour les mots. » Je ris légèrement, avant de terminer. « J’écris un livre. Sur Lenny.  » Même après tout ce temps, prononcer son prénom me fait un pincement au cœur. Pas assez fort pour qu’il soit douloureux. Mais assez pour pour le sentir à chaque fois, comme une piqure de rappel. Tu es amputée d’un frère, Nora, ne l’oublie jamais. Comment le pourrais-je, de toute façon ? « Tu viendrais avec moi en cuisines ? Je dois vérifier que la pièce montée est tenue à bonne température. » J’acquiesce d’un signe de tête et le suis. Ca me rassure, de savoir que ni mon mari ni mon fils ne me trouveront avec l’homme qui aurait pu tout balayer. D’un seul mot. D’une seule caresse. D’un seul baiser. Une fois dans les cuisines, mes yeux se posent directement sur l’énorme pièce montée qui trône au fond de la pièce. Abandonnant Evan là, je me dirige jusqu’à elle pour m’imprégner de chaque détail.   « C’est toi qui a fait ça, Evan ? Elle est magnifique. » Je me retourne vers lui, dans un murmure. Si j’avais pu choisir, Evan, c’est cette pièce montée que j’aurais voulu que tu appelles Nora. Tu me l’avais promis, tu te souviens ? Que le jour où tu deviendrais pâtissier, il y aurait dans ta boutique un gâteau qui porterait mon nom ? Hé bien voilà, je sais qu’il n’existera jamais, ce gâteau Nono, mais moi j’aurais voulu que ce soit lui. Je t’en veux pas, d’accord ? Je trouve juste que c’est mal fait, dans nos caboches. Pas toi ? Tu trouves pas ça triste, qu’on oublie les détails qui nous faisaient chavirer mais qu’on se souvienne de toutes ces promesses qu’on n’aura pas tenues ?
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyMer 5 Fév - 12:39



J'aime les vieux films. L'image ancienne en noir et blanc, le son qui grésille. Les vieux films se concentraient sur l'histoire, sur les sentiments. Aujourd'hui dans les films, on se concentre sur les effets spéciaux, sur les décors imposants. Quand je pense à Nora, je pense à elle en noir et blanc. Y'a même pas de son, c'est un peu comme un vieux Chaplin. Y'a son visage qui veut tout dire, son visage illuminé par son sourire. Et y'a moi qui lui court après, qui l'attrape et qui la chatouille. Puis y'a nos baisers, tendres et légers, nos caresses, nos regards. Notre histoire ressemblait à un vieux film. Elle aurait dû se terminer comme tel. Mais on s'est planté quelque part. Dans le scénario. On a oublié que les vieux films avaient une fin heureuse. Un peu à l'image des contes. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Sauf que nous, ça sera jamais ensemble, mais plutôt chacun de son côté. Et quand je regarde Nora aujourd'hui, après tant d'années d'absence, je me dis que si ça se trouve, c'est déjà le cas. Si ça se trouve, elle est mariée, a des gosses. Elle est peut-être même enceinte. Mais d'un autre côté, y'a toujours l'espoir qui brûle au fond de moi. L'espoir qui dit que peut-être, y'a une fin alternative à notre scénario. Et que nos retrouvailles d'aujourd'hui ne sont pas dues au hasard. Alors je chasse Rowan de mon esprit un court instant. Rowan qui partage ma vie depuis maintenant un bon moment. Et je me concentre sur Nora. "Hé bien si… Toutes ces fleurs, c’est moi. (…) Non, je plaisante. J’écrivais des livres sur les mathématiques, comme ceux qui trainaient chez moi et que tu détestais, tu te rappelles ? Mais tu avais raison. On ne peut pas passer sa vie à faire ça. Alors il y a  quelque mois, j’ai troqué les formules d’algèbre pour les mots." Je ris également, avec elle, et nos rires ne font qu'un. "J’écris un livre. Sur Lenny." Je me rappelle du soir où j'ai débarqué chez elle, sans prévenir. Et quand elle m'a fait entrer dans sa chambre, y'avait Lenny partout. Une bonne centaine de photos trainait par terre, sur son lit, son bureau. Partout. À chaque pas, on prenait le risque de marcher sur Lenny. Et si par maladresse je l'avais fait, je sais qu'elle m'aurait égorgé. Nora n'a jamais oublié son frère. Et même si au début ça la rendait malheureuse, je crois que ça n'a duré qu'un temps. Comme si elle avait transformé tous ses souvenirs de Lenny en rayons de soleil. À Berkeley, tout le monde la regardait toujours comme une pauvre fille malheureuse. Mais pas moi. J'ai compris que Nora était heureuse. "T'as vraiment écrit des bouquins sur les mathématiques ? J'ai toujours su que t'étais un peu toquée." Je lui lance un clin d'oeil taquin avant de reprendre. "C'est bien que tu écrives sur lui. Et j'ai déjà hâte de lire un livre signé Nora Osborne." Je souris, sincèrement, parce que c'est vrai. J'ai lu des tonnes de bouquins. Parce que j'adore ça. Et l'idée de pouvoir en lire un d'elle, c'est complètement fou. Et ça me rend fier. Fier de ce qu'elle est devenue. Puis nous nous rendons ensuite en cuisine. Je me sens soudain plus léger. Parce que je sais que si Rowan arrive, elle ne tombera pas sur Nora et moi. Je pousse finalement la porte des cuisines, et laisse Nora entrer. Ses yeux se posent directement sur ma pièce montée, au fond de la salle. Alors elle s'avance jusqu'à elle, tandis que je reste à l'entrée. "C’est toi qui a fait ça, Evan ? Elle est magnifique." C'est moi qui ai fait ça Nora, oui. Et la vérité, c'est qu'à chaque fois que je fais une pièce montée pour un mariage, je la fais comme si elle était pour le nôtre. Au moins, je sais qu'elle sera réussie. Qu'elle sera à la hauteur de toi. Je la rejoins finalement, au fond de salle, et me place à ses côtés. Mes yeux se posent sur Nora, et je lui lance un sourire. Puis j'acquiesce, pour répondre à sa question. "Merci." J'ai déjà reçu plusieurs compliments sur mon travail. De ma mère, de mes amis. De Rowan. Mais aucun ne m'a fait l'effet de celui-là. "Peut-être que la trouveras dégueulasse." Je lui lance un sourire amusé. Je sais qu'elle aimait mes gâteaux, mais après tout, c'est vrai. Peut-être qu'elle n'aimera pas celui-là. Même s'il y a très peu de chances. Parce qu'il s'agit d'un fraisier. Son gâteau préféré. Et que c'est pour ça que je l'ai proposé aux mariés. Comme je le fais tout le temps. Certains préfèrent autre chose, mais eux ont dit oui. Comme s'ils avaient su qu'elle allait le goûter. Et qu'on se retrouverait là, tous les deux. Mon regard ne quitte pas Nora. Je me dis que ça fait beaucoup de coïncidences, tout ça. Et y'a ces images qui me reviennent. Ces images en noir et blanc. Sauf que j'aimerais les voir en couleurs. Alors, quand Nora tourne finalement son visage vers moi, je m'approche d'elle, doucement. Ma main se pose sur sa joue, et mes lèvres finissent par capturer les siennes, avec douceur. Tu t'en souviens Nora, de notre premier baiser ? Moi je ne l'ai jamais oublié. C'était sous le vieux chêne, au fond du parc de l'université. Y'avait personne autour. On était que tous les deux. Alors je me suis mis à rêver d'une vie à tes côtés. Et c'est un peu cet effet là qu'il me fait ce baiser. Et si on s'était retrouvé pour ne plus jamais se quitter Nora ? Est-ce que t'y penses, toi aussi ?
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptySam 8 Fév - 19:18



« T'as vraiment écrit des bouquins sur les mathématiques ? J'ai toujours su que t'étais un peu toquée. » Je hoche la tête, sans vraiment savoir si je réponds à la première question ou à ce qui suit. J’ai vraiment écrit des bouquins sur les mathématiques. Et oui, peut-être que je suis toquée. Mais pas à cause de ces livres que j’ai pu écrire. A cause du reste. Toquée par l’absence de Lenny, qui claque, parfois. Toquée par l’amour pour Evan qui prend pas le large et reste à quai. Toc toc. Un coup, c’est Lenny qui frappe. D’autres fois, Evan. La plupart du temps, un peu des deux.  Il m’arrive de passer des jours et des jours sans bruit d’eux. Et un soir, un matin, au moment où je m’y attends le moins, ils débarquent, comme ça, un peu par hasard, surtout pour tout le reste. Moi, je crois que je suis fatiguée de ce toc toc au goût de nostalgie, fatiguée de me trimballer avec des bouts de fantôme de Lenny et Evan en moi. Partout en moi. Dans mes poumons. Dans mes artères. Puis dans mes veines. Comme des tumeurs. Des billes de plomb. Du plomb qui tire tout vers le fond de mon bide. C’est lourd. Ca m’traine, laisse des grandes trainées d’passé sur le sol. Comme s’ils me suivaient partout, ces deux-là. Et puis les trainées d’eux, elles partent pas, même quand on frotte. C’est tout ce qu’ils m’ont laissé en s’en allant. Des tâches et du toc toc.   « C'est bien que tu écrives sur lui. Et j'ai déjà hâte de lire un livre signé Nora Osborne. » Je secoue la tête, comme pour dire gentiment cause toujours. Il a bien fallu continuer après toi, Evan, trouver de nouvelles occupations, des échappatoires, recoller des bouts de vie partout où je m’infectais. Il a fallu laisser la grande maison au coin de la seizième, celle où j’avais toujours vécu. Et quand j’ai vu que ça ne suffisait pas, c’est tout San Francisco qu’il m’a fallu abandonner. Y’avait toi à chaque carrefour. Des clones de toi. Des qui marchaient comme toi, balançaient leurs mégots comme toi, roulaient sur une planche à roulettes, comme toi, encore. C’est difficile d’avancer avec le vent de toi dans la gueule, tu sais ? Difficile d’avoir envie de sortir, de croiser des un peu comme toi tous les cent mètres, mais jamais toi. « Il ne sera sûrement jamais publié. Mais merci.  » Je lui souris. Je ne lui dis pas qu’avant d’écrire sur Lenny, j’ai commencé à écrire sur lui. Sur nous. Mais que je n’ai jamais réussi à écrire quoi que ce soit au sujet de Rowan et lui main dans la main, et de cette sensation d’être piétinée qui s’insinuait en moi chaque fois qu’elle me souriait, comme pour me dire j’ai gagné, ou bien peut-être qu’elle me remerciait juste d’avoir quitté l’équation. Problème résolu. Plus d’inconnue et le futur dans les pattes. Pourtant, quand je regarde cette énorme pièce montée, j’ai l’impression que ce sont tous nos hier, qui squattent sous nos semelles. « Peut-être que la trouveras dégueulasse. » Impossible. C’est tout ce qui suit, qu’est dégueulasse. Sa main qui se pose sur ma joue, et le trou dans mon estomac qui se remplit de chaleur au moment où il choisit de capturer mes lèvres, tendrement. Ce sont mes paupières qui se ferment toutes seules, mes doigts qui crèveraient d’envie de glisser le long de son torse, puis d’effleurer sa peau, mais qui restent là, à flirter avec du vide. Et puis par-dessus tout, ce qui est dégueulasse, c’est ma main qui finit par arracher Evan à moi, en le repoussant, fort, si fort qu’il pourrait bien disparaître à tout jamais. Comme ça. Pouf. « Je… Qu’est-ce que tu fais ?  » Je plonge mon regard dans le sien. Non.  Je m’effondre dedans. Mais c’est trop tard. Dans ses yeux, je vois du creux et je comprends qu’il a déjà foutu l’camp. Parce que j’ai tiré trop fort. Parce que j’ai tiré trop loin. Je ferme les yeux, un instant, et mon index vient descendre le long de son nez, puis sur son menton. « On a tous les deux grandi Evan, il faut qu’on laisse ça derrière nous, maintenant.  » Ce n’est qu’un murmure, ridicule, un murmure qu’a paumé toute sa volonté. La vérité, c’est que j’ai plus envie de laisser ça derrière nous. J’ai eu envie de le laisser dans un coin de ma tête pendant des années mais maintenant, j’en veux plus, de ce vide qui s’éteint seulement quand il revient vers moi. C’est trop dur de s’essouffler toute seule. Ce serait peut-être plus simple, si c’était lui qui le faisait, lui qui m’essoufflait. Mais en espérant ce jour qui n’arrivera plus jamais car nous avons choisi de prendre une autre route, une avec moins de graviers mais moins de racines de joie dans lesquelles se prendre les pieds aussi, je me contente de son souffle sur mon visage et de cette rafale de vent dans mon intérieur. « D’ailleurs, on devrait retourner avec les invités. On n’a plus l’âge de jouer à ceux que se cachent, tu ne penses pas ?  » Je n’essaye pas d’être blessante. Mais peut-être que je le suis un peu en m’éloignant sans attendre sa réponse, parce que je sais  qu’il suffirait d’un frôlement pour que je vacille, d’un frôlement pour que je tombe à nouveau dans ses bras. Comme avant, au tout début, quand on s’aimait mais qu’on n’avait pas encore compris qu’on finirait par s’en mordre et doigts et vouloir le buter, cet amour encombrant qui fuit partout de nous. Partout de moi, surtout, mon amour.  
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyMer 12 Fév - 23:35



"Il ne sera sûrement jamais publié. Mais merci." Je fronce les sourcils, non sans cacher ma déception. Pourquoi dit-elle ça ? Compte-t'elle abandonner ? Comme nous avons abandonné l'idée de nous ? De nous ensemble, de nous heureux, tous les deux ? Est-ce que c'est Nora qui veut ça, commencer des choses promettantes et les laisser sans fin ? Je fais un peu la moue, avant de lui répondre. "Tu ne devrais pas abandonner sans même essayer Nora. Puis Lenny mérite de revivre à travers ce livre, à travers tes mots." Mais tu ne dois pas faire comme t'as fait avec nous. Tu te rappelles ? Tu disais toujours qu'Emrys ne nous laisserait aucune chance, alors pendant un sacré moment t'as tout simplement laissé tomber l'idée d'essayer. Sans la moindre once de volonté. T'as fait un pas en arrière au lieu d'en faire un en avant. Alors ne fais pas la même connerie avec ce bouquin. Peut-être que je méritais d'être abandonné, mais Lenny ne le mérite pas. Moi je n'ai jamais abandonné Nora. Même après toutes ces années, même malgré la vie que je partage avec Rowan. Nora ne m'a jamais quitté. La seule différence, c'est que j'ai appris à le vivre en silence. À penser à elle sans en parler. J'ai même réussi à la chasser de mon esprit l'espace de certains instants avec Rowan. Mais jamais bien longtemps. Jamais suffisamment. Puisqu'après toute cette absence, voilà où j'en suis. À l'embrasser, planqué dans les cuisines, comme un adolescent fou amoureux. J'ai l'impression de revivre mon premier baiser. De revivre ces premiers sentiments, ce premier tract de la première fois. Je voudrais le prolonger, le faire durer encore, mais Nora me repousse plutôt fort, me forçant ainsi à faire deux pas en arrière. Alors je la regarde, le visage probablement décomposé. À quoi je m'attendais, après tout ? À ce qu'elle me tombe dans les bras comme si le temps n'était pas passé ? Comme si les choses allaient enfin se dérouler comme elles auraient toujours dû ? Et bien oui. Je crois que c'est à ça que je m'attendais. "Je… Qu’est-ce que tu fais ?" Je sais pas, c'est évident ce que je fais non ? Je fais ce que j'aurais aimé faire jour après jour, jusqu'à aujourd'hui. T'embrasser. T'embrasser le matin au réveil, le soir au coucher. Au lieu de ça, Nora, tu veux savoir ce que j'ai fait ? J'en ai embrassé une autre. Tous les jours. Parfois même, je priais pour que ce soit toi à côté de qui je me réveillerai le lendemain. Mais ça n'a jamais été toi. Jamais. Tu sais, la pire chose que j'ai faite, c'est tomber amoureux. De Rowan. Pour de vrai. Et même si c'est moins fort que ce que j'ai toujours ressenti pour toi, moi je trouve ça grave. C'est étrange, mais j'ai l'impression que l'aimer est te tromper. Mais je n'ai pas l'impression que t'embrasser est la tromper. "On a tous les deux grandi Evan, il faut qu’on laisse ça derrière nous, maintenant." Je ne sais pas quoi dire, donc je me tais, tout simplement. Alors que son index vient de glisser sur mon nez et que j'en frissonne encore. On a grandi. Ça veut rien dire. Ça veut rien dire à part que les grands ne font plus de bêtises justement. Et que nous, on en fait encore. On en fait encore quand on s'aime et qu'on passe à côté. Comme là. Même si moi, je l'ai embrassée, et que ça voulait tout dire. Oui, ça voulait dire que j'étais prêt à tout laisser tomber pour elle. À partir, maintenant, n'importe où, pour que l'on vive notre histoire. "D’ailleurs, on devrait retourner avec les invités. On n’a plus l’âge de jouer à ceux que se cachent, tu ne penses pas ?" Je fronce les sourcils alors que Nora a déjà fait demi-tour, et qu'elle s'apprête à retourner avec les autres, et à me laisser seul. Je la regarde s'éloigner un instant. Je me sens con. Con d'y avoir cru. Oui, d'avoir cru que ça serait si simple parce qu'au fond on s'aime, on s'est toujours aimé. Et y'a rien de compliqué à comprendre là-dedans. Puis finalement, avant que Nora ne sorte de la cuisine, je cours vers elle et l'attrape par le bras, l'empêchant de sortir. "Non, attends." Je la tire avec moi vers le fond de la salle, comme pour m'assurer qu'elle ne partira plus aussi vite. Et je la relâche enfin, me plaçant entre elle et la sortie, par réflexe. "Ça veut dire que ça n'a plus d'importance pour toi Nora ?" Je plonge mon regard dans le sien. Et il y a soudain cette évidence qui me frappe. Cela fait des années. Des années que Nora vit sa vie. Elle a écrit des livres sur les mathématiques, et en a même commencé un sur Lenny. Mais à côté de ça, il s'est sûrement passé un tas de choses que j'ignore dans sa vie. Elle a peut-être voyagé, obtenu son permis, sauté à l'élastique, rejoint une association humanitaire. Puis surtout, elle a peut-être rencontré quelqu'un. Quelqu'un pour la faire sourire un peu, pour lui offrir des fleurs, pour la faire danser. Alors je l'interroge du regard. "Il y a quelqu'un dans ta vie Nora ?" Je me sens au bord du précipice. Au bord du gouffre. Prêt à tomber. J'en oublie presque qu'il y a quelqu'un dans la mienne. Oui, j'en oublie presque Rowan. Nora m'aveugle. D'aussi loin que je m'en souvienne, ça a toujours été le cas.
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MessageSujet: Re: flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran). flashforward ; avec le temps va tout s'en va (noran).  EmptyLun 24 Fév - 22:55



D’aussi loin que je m’en souvienne, il n’y a rien de plus dur que de savoir qu’on est sur le point de faire quelque chose qui nous fera atrocement souffrir, mais de le faire quand même. Parce que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, parce que c’est la seule issue acceptable. Arrêter d’écrire à Lenny pour rattraper le monde qui a couru sans moi. Pousser Evan hors de ma vie une première fois. Ne plus m’accrocher à l’espoir que papa finira par ouvrir la bouche à nouveau, un jour. Repousser Evan une deuxième fois, et prier pour que ce soit la dernière. Je ne sais pas si certaines choses sont écrites à l’avance, s’il était écrit quelque part que nous ne finirions jamais ensemble… Mais je sais qu’en choisissant de retourner avec les invités, sans me préoccuper de la boule qui squatte ma gorge et me prévient de l’éboulement qui ne va pas tarder à arriver, je prends la bonne décision. Pour Emrys. Pour l’homme que j’ai choisi d’épouser. Pour mon fils. Et puis sûrement un peu pour moi, aussi, même si je refuse de l’admettre.  Et Evan, dans tout ça ? Je m’oblige à ne pas y faire gaffe, je m’oblige à le jeter au second plan, avec le reste des gens comme lui, ceux qui sont partis d’eux-mêmes, et ceux que j’ai valdingués. Les gens passés, enfouis, à oublier définitivement. Parce que malgré tout, c’est ce que les gens normaux font. Tirer des traits. Passer des coups d’balai pour se débarrasser de la poussière, des miettes à la gueule de bout de verre sur lesquelles on pourrait se couper les pieds. On se protège les pieds pour continuer à marcher, à avancer, et au fond, il n’y a que ça qui compte. Ne jamais arrêter de mettre un pied devant l’autre. Jusqu’à ce qu’on en crève. « Non, attends. » Il y a un truc qui a changé, par rapport à la première fois. Cette fois, Evan me rattrape, et si à l’époque, je m’étais éclaboussé le cœur à chaque pas en espérant qu’il le fasse, aujourd’hui, sa main sur mon bras me laisse une sensation de brûlure. « Ça veut dire que ça n'a plus d'importance pour toi Nora ? » Il me tire au fond de la salle, et je me sens prise au piège. Comment peut-on se sentir prisonnière de l’homme avec qui l’on aimerait finir sa vie ? Et c’est vrai que j’ai toujours eu la gueule d’un oiseau en cage, avec Evan dans les parages. Pas le droit de déployer mes ailes pour les enrouler autour de ses épaules. Pas le droit de lui picorer les lèvres au soleil. Pas le droit de rester, mais pas le droit de partir complètement non plus. Juste le droit d’être entre les deux, ni vraiment là, ni pas assez. Comme une tumeur dans son cerveau. «  Evan... » Est-ce que ça a encore de l’importance, hein ? Dis-moi la vérité. Est-ce que ça compte encore, que j’ai envie de t’engueuler parce que tu m’as mise en cloque pour la troisième fois, que j’ai envie de me plaindre de ce ventre ballon de baudruche en répétant « avec tous ces coups de pied qu’il me fout, ça doit être un emmerdeur comme toi, Evan ». Est-ce que ça compte encore, qu’on ait un jour eu envie de vieillir ensemble, mais que ce jour-là ne se soit jamais pointé ? Je hoche la tête de gauche à droite. La vérité, aussi atroce soit-elle, c’est que tout ça ne compte plus. Plus comme avant, du moins. On a arrêté de jouer aux indiens, de se chercher du regard dans les couloirs de Berkeley, de se chamailler, de faire des batailles de farine chaque fois qu’il cuisinait, de se retrouver avant une soirée pour salir notre mémoire avec nos baisers, nos caresses, nos espoirs.  On a changé de jeu et maintenant, c’est à la vraie vie qu’on doit jouer. Ca n’a plus d’importance. Ca n’en a plus eu à la minute où je l’ai vu débarquer en cours en tenant la main de Rowan Daugherty. Et ça n’en aura jamais plus. « Ca n’a pas changé, c’est drôle. Même après tout ce temps, tu continues à poser les mauvaises questions. Demande-toi plutôt à partir de quel moment tout ça n’a plus eu d’importance.  » Je ne parle pas seulement pour moi, mais pour lui, aussi. Parce qu’en choisissant de tenter d’écrire quelque chose avec Rowan, il a, sans même s’en rendre compte, tiré des balles dans notre histoire au goût de rien. Et dans mon cœur, qui s’est remis à saigner chaque fois que je les ai vus, ensemble, après. Au fond, c’est même lui qui a décidé en premier que tout ça n’aurait désormais plus d’importance. Qu’il nous fallait tourner la page, et tracer sa route, chacun de son côté. « Il y a quelqu'un dans ta vie Nora ? » J’inspire profondément, et tends doucement ma main devant lui, pour lui montrer mon alliance. Pour lui dire ce qu’il m’est impossible de formuler à voix haute. Ce quelqu’un, dont tu parles, Evan, n’est pas seulement de passage. Il sera là aussi les cinquante prochaines années, c’est du moins ce qu’on s’est juré. A la vie à la mort. « Je ne devrais pas me sentir coupable, pas vrai ?  » Alors pourquoi est-ce que je le suis, Evan ? Pourquoi est-ce que je me trouve soudain horrible d’en aimer un autre, et de l’aimer mal, en plus ? Tu sais quoi, Evan, j’crois que j’aurais préféré qu’on ne tombe jamais l’un sur l’autre. Qu’on ne tombe jamais l’un pour l’autre. Que tout ça n'ait plus d'importance aujourd'hui ne suffit pas. Il aurait fallu que ça n'en ait jamais eu.    
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