the great escape
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez

« no happy ending. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyJeu 21 Nov - 0:02


joe & noah & james
no happy ending



Le voilà qui arrive. Attifé comme un véritable maître de cérémonie, comme à son habitude. La classe nonchalante mêlée au charisme innée des Anglais. L’une des seules choses que j’admire chez eux, d’ailleurs. Ainsi que leur humour. Quoique la différence fait bien les choses puisqu’au final, j’avais un panel impressionnant d’amis de tous horizons, dont certains étaient effectivement britanniques, malgré le mythe qui contait qu’entre Irlandais et Anglais, même encore aujourd’hui, la guerre n’était toujours pas terminée. Passons. Me levant de table en défaisant l’un des boutons de ma veste de costume, sitôt l’éditeur parvenu à ma hauteur, je le gratifie d’un sourire à la fois amusé et compréhensif suite aux excuses qu’il s’est empressé de me présenter du fait de son léger retard. « Je suis vraiment navré pour lui. » énonçai-je à mon tour en songeant au pauvre homme qui avait, ou allait devoir subir les remontrances du grand Joe Shark pour son incapacité à dépasser des embouteillages, une fois ce rendez-vous d’affaires terminé. Joe avait en effet une solide réputation de tyran au sein de son entreprise, qui se faisait même entendre Outre-Atlantique. Un tyran sans pitié, à la fois sans coeur et sans aucune circonstance atténuante. Certains prétendaient même qu’au lieu de naître dans un chou, monsieur était le descendant en titre de Lucifer lui-même. Bref, je vous épargne toutes les légendes qui courent sur la renommée de l’un de mes plus vieux amis, puisqu’elles sont à la fois fondées, et ne m’avaient ceci dit jamais posées aucun problème. Du moment que ses valeurs profondes n’entraient pas en contradiction avec les miennes, il pouvait bien interagir avec son monde comme bon lui semble, plus encore dans sa vie professionnelle qui ne me concernait en aucune manière. Ceci dit, la situation allait peut-être changer, aujourd’hui, puisqu’il m’avait convié à ce rendez-vous, qu’il avait précisément ‘pour les affaires’.  « J’ignorais que tu aimais le Boxty, Joe. » Un sourire avait pris naissance sur mes joues, à l’instant même où la serveuse repartait avec nos commandes. Je me doute bien qu’il n’avait pas écouté un moment de ce qu’elle lui avait rapporté au sujet du menu, auquel cas, il n’aurait sûrement pas opté pour le même plat – typiquement irlandais – que moi. Mais qu’importe, il est vrai que nous ne sommes pas ici pour goûter aux choix culinaires qui se trouvent sur la carte, après tout. Je l’écoute donc, avec grande attention, m’exposer une à une les raisons qui lui ont fait me donner rendez-vous, les mains jointes sur la table, et mon regard ne lâchant plus les siens. Il me fit donc d’abord part de l’attaque qu’avait subie sa société, et dont j’étais parfaitement informé. Pas tant par les médias que par le fait que rien n’est jamais secret dans le monde dans lequel nous évoluons tous les deux, ce qui nous obligeait justement à faire preuve de la plus grande prudence concernant à la fois nos rivaux potentiels, mais plus encore ceux qui se présentaient comme étant nos alliés. Après quoi, un dossier fait son apparition sur la table, qu’il pousse subtilement dans ma direction, et que je feuillette à mesure de nouvelles explications. S’il y avait bien une chose que je savais du monde des affaires, c’est qu’après une crise financière comme celle qu’avait subi sa société, on ne pouvait s’en relever sans une aide d’importance. Or, le dossier que Joe venait de me remettre était certes complet en tous points, car j’imagine bien qu’il n’a pas laissé une seule erreur risquée de lui faire perdre cet arrangement entre nous, mais je n’étais pas dupe pour autant. Je savais dès lors que sans mon aide, la Shark Publications n’avait aucune chance de remonter en selle. Toutefois, il y avait une autre chose que je n’ignorais pas au sujet de Joe : son orgueil. Le même que le mien, à dire vrai. Aussi, bien qu’étant persuadé d’être son unique et dernier recours avant la faillite de son entreprise, je ne me serais jamais permis de le lui faire remarquer. Non seulement, ce débat n’était pas constructif, puisque nous savions tous deux que tel était le cas, mais qui plus est, je n’avais pas l’intention de rabaisser un homme que j’avais toujours considéré comme un ami véritable. Je refermai donc très vite le dossier, au moment où la serveuse revenait avec nos plats. « J’espère que tu vas apprécier. C’est un plat un peu ‘gras’ pour les Anglais. Je sais que vous aimez la nourriture saine, en règle générale. » D’abord sérieux, je me fends peu à peu d’un sourire en plaçant ma serviette sur mon genou. « Tu peux reprendre ton dossier, Joe. Je te prêterais la somme dont tu as besoin, à une seule condition. » Je pique un morceau de pomme de terre avec ma fourchette. Délicieux. « Que tu me tiennes au courant de l’avancée de l’enquête, au sujet de cet attentat. » J’aimerai en outre savoir si le motif était personnel ou si le poseur de bombes visait les entreprises les plus fortunées et donc réputées, de la ville. Auquel cas, je devrais renforcer la sécurité. Mais si tel était le cas, Joe m’en aurait parlé, non ?! Qui sait, il est parfois si mystérieux. « Je ne tiens pas à savoir les raisons qui ont poussé cet ou ces hommes à s’attaquer à ton empire, bienque je reste à l'écoute dans le cas où tu voudrais en discuter, mais si tu as besoin d’aide pour les retrouver et leur apprendre disons… le sens des civilités, tu as tout mon soutien. » Ollister sera d’ailleurs ravi de faire un peu d’exercice. Pour le reste, concernant sa vie privée, par exemple, bien que l’idée m’était d’abord venue de lui proposer mon aide, toujours à cause de cette maudite fierté, je doute qu’il l’accepte sans croire à une touche de compassion, qu’il prendrait évidemment avec mépris. Je préfère donc me taire, et agir en conséquences si jamais un jour, Joe réclamait de lui-même, mon soutien moral et|ou physique. « Alors, ce Boxty ? » 



∞everleigh
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyVen 22 Nov - 19:20



C'est effectivement pour cet incapable qu'il va falloir être désolé car je compte bien lui faire retirer son permis pendant quelques semaines, le temps qu'il apprenne à maîtriser la trottinette pour se rendre au travail et avoir le plaisir de me voir conduit par un autre chauffeur que lui. Vicieux ? Je pencherai plutôt pour le terme "imaginatif" lorsqu'il est question de châtiment. Mes fils vous en parlerons mieux que moi. J'arque un sourcil, quand ai-je commandé ce plat ? Ah, je me souviens, j'ai pris la même chose que James. Joie. "Après tant d'années, je me dois d'entretenir un peu de mystère pour le bien de notre entente, James." répondis-je d'une voix railleuse et mesurée. En réalité, je ne suis pas spécialement fan de ces plats bourratifs. Après, je suis un bon vivant et j'apprécie la gastronomie variée, qu'elle soit anglaise ou non. Cependant, de là à avaler une pièce de viande enroulée dans une crêpe de pommes de terre et baignant dans une sauce avec garniture, il y a un monde. Passons, le plus important n'est décidément pas dans l'assiette, mais dans les mots. Je m'applique à exposer avec honnêteté une situation que mon collègue businessman connaît sans doute déjà très bien, tout en minimisant adroitement certaines conclusions alarmistes. À ma place, n'en aurait-il pas fait autant ? Toutefois, contrairement à un autre investisseur que j'aurais pu berner en un battement de cils, je tenais à demeurer franc avec O'Malley. C'est l'un des rares pairs avec lesquels je m'entends plutôt bien - où dont je n'ai pas encore ruiné la carrière - et j'y tiens. C'est naturellement vers lui que je préférais me tourner car, d'expérience, il sait que l'orgueil est chose commune entre nous deux. Sans être un monstre d'égocentrisme, James a aussi sa fierté et elle est encore plus exacerbée dans son entreprise qu'il mène de main de maître. Qu'on l'attaque et il ne se laissera pas faire. Nos commandes arrivent et en voyant le contenu de l'assiette, je réprime une plainte déchirante. Si mon cardiologue avait été à table avec nous, il aurait pris l'assiette lui-même pour la jeter par-dessus le balcon. On m'a prescrit une nourriture saine et pauvre en graisse... Soit l'opposé de ce plat. La réponse de James fait naître une ébauche de sourire au coin de ma bouche. Ce sursis va apporter un second souffle aux employés encore traumatisés de l'attentat, du décès d'une trentaine de leurs collègues, mais aussi de la crainte d'une perte d'emploi. Taxez-moi d'insensible tant que vous le souhaiterez, mais je ne suis pas ingrat au point de me réjouir du malheur de tous mes employés. Sans eux, Shark Publications serait une coquille vide. "Je t'en suis extrêmement reconnaissant, James, merci." De la contenance, de grâce. Une bouchée plus tard, je lève les yeux vers mon interlocuteur, curieux de connaître l'avancée de l'enquête. Il veut savoir s'il à quelque chose à craindre également, c'est tout à fait compréhensible, aussi je décidais de lui faire partager les éléments que j'avais déjà en main. "L'attentat en lui-même m'était uniquement destiné. En revanche, l'auteur a fait appel à un tiers extérieur pour le piratage informatique et l'extorsion des fonds de la société. J'ai quelques contacts qui étudient, à l'heure où nous parlons, tous les disques durs et les adresses IP ayant circulé sur le réseau bancaire et interne le jour de l'attaque. La tâche est difficile car le pirate à fait rebondir sa signature sur des centaines de serveurs de pays à travers le globe. Qui que ce soit, c'est loin d'être un amateur. Il savait ce qu'il faisait et l'a exécuté très rapidement." Littéralement, j'ai vu mes comptes se vider sous mes yeux. Croyez-moi, c'est traumatisant. Dans un sens, avoir un tel génie à son service doit être particulièrement gratifiant. "Pour le moment, la seule avancée sérieuse nous mènerait vers les pays de l'Est. Peut-être la Russie." Navré, fils, mais j'ai une confiance toute relative dans ces gens-là. Disons que Benedikt Shark-Alekseïevi est la seule exception que je veux bien faire. "C'est... particulier." Les dents de ma fourchette piquent, saisissent, reposent et repoussent les aliments de manière aléatoire. Je n'ai pas faim. Je mange peu depuis la mort de Sophie, pire depuis que Beni s'est installé dans un appartement avec Tacha. Je veille à ce que Connor mange normalement, je nourris la petite aussi, mais je n'avale pratiquement rien. Et j'ai perdu cinq kilos. Au lieu de ça, je bois un verre d'eau avec une rondelle de citron et regarde le paysage. "Je suis tout de même ravi de savoir que je peux compter sur toi. Tes affaires se portent bien mieux, j'imagine ?" Sans chercher à être indiscret, je l'invite à parler de son propre business, des avancées qu'il a pu faire dans la recherche. J'ai mangé à peine la garniture, et même si je m'en veux de ce flagrant manque de politesse, aucun aliment ne peut passer, je n'y peux rien. Ça m'évitera de manger gras. Les mains jointes, je l'écoute avec attention. Et le repas s'écoule au fil de notre conversation dont j'évite soigneusement le pan privé.

Une semaine plus tard.

"Je vais chercher tes affaires chez Maman. Non, tu ne peux pas venir, j'ai besoin que tu restes là pour t'occuper du bébé." Connor boude en croisant les bras sur son torse, mais il n'insiste pas. Retourner dans la maison de Sophie ne nous enchante pas plus l'un que l'autre, mais je dois y passer avant que le professionnel que j'ai engagé ne vide les lieux demain matin. Avant de partir, je m'assure que Connor n'a rien oublié sur sa liste, ni même Benedikt à qui j'ai demandé s'il voulait des meubles pour son appartement, ou bien de la vaisselle, de la literie et autres afin de lui faire faire des économies. De toutes manières, le reste ira à un brocanteur, je ne veux rien garder. Elle m'a déjà collé ce bébé dans les bras pour les deux prochaines décennies, c'est largement suffisant. "Je reviens dans une heure maximum, mon numéro de portable est sur la table à côté du téléphone." Je ferme la porte derrière moi, sachant pertinemment que je peux laisser la petite Camille avec lui car il s'en occupera avec soin, même s'il a du mal à se faire à l'idée que c'est à cause de sa naissance qu'il n'a plus de mère. Une fois arrivé sur place, à peine quelques quartiers plus loin, je me gare et reste assis dans la voiture face à la maison. Mes yeux se posent sur le rétroviseur et ce reflet de déterré que je renvoie. Dans un soupir, je descends et m'achemine vers la bâtisse que j'ouvre avec les clefs que le notaire m'a remis. À l'intérieur, je ferme les yeux. Je sens encore son parfum de pêche, sucré et fruité. J'allume la lumière sans ouvrir les volets et je marche un peu au hasard. Il fait froid. Tout est encore en place, même les quelques traces de désordre ici et là. Comme si elle n'était partie que depuis une heure à peine. En plein pied, la maison n'est pas immense, mais j'ai l'impression de mettre un temps infini à tout regarder. Les photos sur les commodes ou dans la bibliothèque. Une prise avec Tacha et Beni ainsi que leur fille, juste après l'accouchement lorsqu'elle était passée les voir. Une autre avec Connor en train de jouer au football. Une autre d'elle en cuisine, aux prises avec une cocotte minute, immortalisée par Connor. Le chien de notre fils. Une de ses amies. La chorale qui a chanté à ses funérailles. Au fond, une photo de nous deux. Je m'en rappelle, c'était avant qu'elle soit enceinte de Connor. Nous étions allés à Glasgow, dans un pub. La tête de l'un contre celle de l'autre, le sourire aux lèvres. Ma gorge se serre et, d'un geste rageur, j'attrape le cadre pour le jeter au sol. Juste derrière, j'aperçois un petit journal. Je fronce les sourcils en l'attrapant puis je l'ouvre à la dernière page.

« 30 octobre 2013.
Je sens que ma petite perle ne va pas tarder à sortir, elle tambourine de plus en plus fort. À croire que j'ai engendré une ninja en herbe ! Aujourd'hui, j'ai trainé Joe dans les magasins pour bébés, il a ronchonné dans tous les rayons sans exception. Pourtant, quand je l'ai abandonné pour aller aux toilettes, je suis revenue en le surprenant au rayon des vêtements. Il souriait en tenant une petite robe couleur parme à la main, retenue sur son torse par son menton, avec les petites chaussures assorties. Et à son bras, il devait y avoir au moins quatre autres tenues différentes. Je suis restée cachée pour l'espionner. Il murmurait des choses, je l'ai rarement vu aussi enthousiaste. Sans doute que personne ne le voyait ! Je le soupçonne même d'en avoir choisi une pour Angelina. C'est dans des moments pareils que je me dis que même si je suis condamnée à ne pas pouvoir voir ma fille grandir, elle sera entre de bonnes mains. C'est la seule chose à laquelle je peux me raccrocher, ces derniers temps. »


Je serre la mâchoire au point de m'en faire mal, mes mains tremblent en gardant ce fichu journal en main. Garce. Égoïste. Les vannes s'ouvrent et laissent ma colère se distiller enfin dans mes veines, infiltrer jusqu'à la moindre petite parcelle de mon esprit. Je jette le journal contre un mur, j'agrippe les bords de la bibliothèque et je la renverse violemment par terre. La télévision se casse, le meuble se démonte sous l'impact. J'en fais autant avec la table basse, la commode, le vaisselier et tout ce qui me passe sous la main. Une chaise s'éclate contre un mur, je crie comme un forcené, rugissement rauque de l'homme en proie à la pire crise de colère de toute sa vie. Je déploie une violence inouïe en démolissant tout ce qui se présente. Le salon, la chambre, la cuisine. Le verre éclate, le bois se fend en copeaux, le tissu se déchire. Rien ne m'arrête. Pas même la fatigue. Après avoir retourné la cuisine au point d'en démonter les meubles, je tombe sur une petite réserve d'alcool. Je m'arrête, le souffle court, le torse soulevé rapidement par l'effort. Mon cœur tambourine à mes oreilles. "Brûler. Tout brûler. C'est tout ce que tu mérites." grognai-je. Je vais lui épargner un voyage, à ce brocanteur. J'attrape les bouteilles et je commence à en verser partout. Le sol, les murs, les meubles, les débris, tout. Au passage, j'en avale plusieurs lampées avec une lueur extrême dans le regard. Malsaine. Et quand on regarde bien au fond, c'est l'effondrement qui domine.
Trop occupé à asperger d'alcool tout ce que j'ai fichu en l'air, j'en oublie l'heure. Ça devrait faire trente minutes que j'aurais dû rentrer et mon téléphone est éteint. Par réflexe, Connor attrape le téléphone et appelle le premier numéro qui lui vient à l'esprit. Noah. "Tonton No' ? C'est moi, Connor. J'suis inquiet, papa est parti à la maison de m'man pour récupérer des affaires, mais il aurait dû rentrer depuis longtemps... Tu... Tu veux pas y aller ? À la maison de m'man ? Je suis tout seul avec Camille, moi..." lâcha le petit blond, angoissé.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyVen 22 Nov - 20:07


joe & noah & james
no happy ending



« Ne me remercie pas trop vite, tu me le revaudras. » répliquai-je, le sourire aux lèvres. Biensûr que non, je ne faisais pas référence à la garantie d’un remboursement. Plutôt à ce qu’il soit présent si un jour, j’avais besoin de son soutien, qu’il soit moral, financier ou physique ne sait-on jamais. En outre, en l’écoutant avec attention, je me dis que l’attentat n’avait donc aucune chance de se reproduire dans l’une de mes sociétés, même si mon aide était toute entière dévolue à Joe, pour la sienne. « Je te ferais envoyer mes experts, pour qu’on le retrouve plus rapidement. » lui assurai-je en reprenant une bouchée de Boxty. Non que je doutais que Joe finisse par me demander mon aide, mais je pouvais au moins faire ce geste qui était réellement sans fioritures à défaut de m’impliquer personnellement dans la tâche que consistait à poursuivre son assaillant. Il savait de toutes façons que j’étais là, en cas de besoin. « Hum, tu parles du procès ? » Qui n’en avait pas entendu parler ? Le déchainement médiatique engendré par l’agression de Maëlle et d’Aengus par le propre frère de celui-ci m’avait coûté les yeux de la tête pour éviter que l’histoire parvienne à certaines oreilles trop indiscrètes. Au bout du compte, Maëlle s’était rétractée, et le procès n’avait pas eu lieu. Enfin, disons que j’ai été débouté des charges contre l’Irlandais, à mon grand regret. « Ca va. Ce n’est pas un gamin qui va venir à bout de la forteresse O’Malley, tu peux me croire. » énonçai-je en fronçant les sourcils au souvenir du frère d’Aengus. Où était-il d’ailleurs, celui-là ? Je n’avais plus de nouvelles depuis qu’il avait quitté précipitamment le tribunal le jour du procès. Lui, ainsi que sa famille que je connaissais depuis toujours, qui me voyait maintenant, Aengus y comprit, comme la réincarnation du monstre de Frankestein en personne. Passons. Le déjeuner se termina plus gaiement, malgré l’évident manque d’appétit de Joe pour la cuisine irlandaise. A moins que ce ne soit d’appétit, tout court.  



∞everleigh
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyVen 22 Nov - 20:08


joe & noah & james
no happy ending



« Et moi aussi je pourrais avoir des cheveux comme toi, un jour ? » Amoun, 6 ans, bientôt 7, ne cessait de me poser toutes les questions du monde depuis bientôt une trentaine de minutes. Questions auxquelles je répondais tantôt avec le sourire, tantôt avec grand sérieux. « Et bien… non, peut-être pas tout à fait comme moi mais … » Dois-je lui informer qu’il existait des couleurs aujourd’hui, pour les gens qui avaient envie de changer leur coloration capillaire ? Non, il n’a que 6 ans. Et je n’ai pas envie que mon fils mette des trucs pareils sur son crâne. « Mais ils sont très beaux tes cheveux, qu’est-ce que tu leur reproches ? » Mon bras autour de ses épaules, sa joue collée sur mon flanc, le petit haussa les épaules, jouant avec le bas de ma chemise en poussant un long soupir de dépit. « Les filles préfèrent les bruns, tu sais. » L’argument qui était censé faire réfléchir et réagir tous les garçons. « J’aime pas les filles. C’est nul. » Oui enfin, passé le seuil de l’adolescence, en tous cas. A 6 ans, c’était plutôt les jeux vidéos qui les intéressaient. Et les câlins des parents. « Tiens, qu’est-ce que tu dirais qu’on aille au centre commercial, rien que tous les deux ? » Réaction immédiate. Bondissant du canapé, il m’avait déjà agrippé l’index en me tirant vers la sortie, joyeux comme pas deux, lorsque le téléphone du salon se mit à sonner. « Attends, deux secondes Amoun… Allo ? » C’était Connor. Connor, que je n’avais pas eu l’occasion de voir, d’entendre et de pouponner depuis que Joe avait décidé de récuser mon amitié. Connor qui venait de m’annoncer une nouvelle qui fit instantanément comprendre au petit indien que la sortie ne serait pas pour ce matin. « Tout seul ? Tu es… » Joeee, c’est pas vrai ! « Connor, écoute-moi bien. Je vais demander à une amie de rester avec Camille et toi. Tu verras, c’est une dame très gentille qui travaille à l’hôpital avec moi. Elle s’appelle Emilie, et elle est infirmière. Je veux que tu restes avec elle le temps que j’aille chercher ton papa, d’accord ? » Aussitôt dit, aussitôt fait. La voix stressée de Connor, et connaissant l’état de santé de Joe en ce moment, après une brève concertation avec Logan, me rendait tout aussi inquiet que lui au sujet de mon frère de cœur. « Amoun, je te promets qu’on ira tous les deux, mais une autre fois, d’accord ? A tout à l’heure, poussin. » Embrassant le front du petit, suivi d’un baiser à Kirby qui sortait tout juste de la salle de bain en lui expliquait brièvement le fin mot de l’histoire, je me dépêchai de prendre la voiture et de me diriger vers la maison de Sophie. La porte est fermée, mais pas taquée. « Joe ? Qu’est-ce que… » A l’intérieur de la maison, on aurait cru qu’une tempête avait tout dévasté. Les meubles étaient sens dessus dessous, la vaisselle cassée, le papier peint arraché des murs, des débris de verre et de poils jonchaient le sol. « JOEEE ??!! » Plus j’avançais dans la maison, et plus j’avais l’impression que quelque chose de grave était en train de se jouer. Le coeur battant la chamade, je cherche à la fois des yeux l'éditeur, tout en faisant attention à l'endroit où je mettais les pieds.



∞everleigh
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyVen 22 Nov - 21:01



Les bouteilles s'enchaînent et se ressemblent, l'alcool coule tantôt sur les meubles, les murs ou les sols, tantôt dans ma gorge. Plus j'avance, moins je résiste à l'envie de tout retenir. Fini de jouer la comédie, d'être l'Anglais parfait que ma mère a pris tant de soin à éduquer, d'être ce froid et insensible androïde à l'apparence humaine. Personne n'est là, alors pourquoi se retenir ? Je tombe sur un portrait de Sophie, sur ses quelques toiles. Si tu voulais que je les garde de côté, il ne fallait pas me faire ce dernier coup de couteau dans le dos, Gallagher. Je vide une bonne lampée de whisky sur les toiles alors que j'entends une voix résonner jusque dans mes tympans. Tiens, j'ai bu un coup de trop. Je grogne en la reconnaissant entre mille. Lorsque je me tourne, j'aperçois l'auteur de cette apostrophe insupportable mais qui ne mettra pas un terme à ce que je suis en train de faire. Sarcastique et imbuvable – de caractère, du moins – au possible, je le dédaigne avec une nonchalance insolente et arrogante. "Tiens, mais c'est effectivement la maison des morts, ici… la propriétaire s'est envolée et le zombie de la famille Clives s'amuse à venir la hanter… quel beau tableau." Ce sont les premiers mots que je daigne lui adresser depuis qu'il a refait surface. Benedikt m'a expliqué, je l'ai écouté. Mais pas une seule fois je n'ai daigné faire attention aux jérémiades du frère de William. Pas un coup de fil. Il m'avait même guetté et appelé à la sortie du bureau mais, là encore, je l'ai soigneusement snobé comme s'il n'avait jamais existé. Il s'était fait passer pour mort ? J'ai veillé à le considérer comme tel. Je veux bien reconnaitre que je n'ai pas toujours un caractère facile à vivre, mais il y a certaines zones rouges dans lesquelles il ne vaut mieux pas s'avancer. Il l'a fait, tant pis pour lui. Je m'approche de la chambre de Connor jusqu'à me retrouver confronté à une commode qui me regarde de travers. A moins que ce ne soit mon pas presque incertain qui me pousse à le croire. "Saloperie de meuble, tiens !" Quand Joe Shark sort de son habituel élégance langagière, cela veut dire qu'il est énervé. Vraiment très énervé. J'attrape le meuble puis je le fracasse contre le mur à côté de moi dans un geste violent et rageur. Les années au MI6, ça paie quand on veut péter un câble. Un vrai de vrai. Jamais on ne m'avait vu craquer à ce point, et pour cause : jamais je n'ai atteint un tel degré de frustration de toute ma chienne de vie. "Tiens, la chambre du gamin… Il est grand, il n'a pas besoin de toutes ces idioties, plus maintenant…" Peluches, Lego, ActionMan, et j'en passe. La literie, les jouets. "Si j'étais toi, je partirai illico de cette baraque. J'ai décidé d'arroser toutes les choses inutiles qui s'y trouvent avant de flamber… Il doit me rester encore une bouteille pour un revenant." Je termine de vider l'avant-dernière bouteille en avalant une gorgée au fond puis je la lance sans ménagement contre un cadre photo de Sophie avec Connor dans un zoo d'Angleterre. Il devait avoir trois ou quatre ans, une époque où je vivais dans l'insouciance de savoir que j'avais deux fils qui se baladaient dans la nature. Le cadre tombe du mur et s'éclate sur le sol. Je vais pour retourner vers le salon lorsque Noah se plante devant moi. "Retourne d'où tu viens, je ne vais pas le répéter deux fois." Jamais je n'ai levé la main sur lui. Mais la proximité de nos visages, mon poing fermé et cet air de tueur sur un visage épuisé pourraient laisser à penser que ça peut être amené à changer d'ici peu. Careful, Clives…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyVen 22 Nov - 21:58


joe & noah & james
no happy ending



Et cette odeur infecte….qu’est-ce que c’est ? De l’alcool ? Je me doute bien que depuis ce qui s’est passé, Joe n’est plus tout à fait le même. Logan m’a dit qu’il buvait et couchait plus que de raison, mais de là à enfumer toute une maison… Non, l’odeur est trop forte pour n’être que le résultat d’une simple haleine. Elle est partout. Sur les meubles, les murs, les fenêtres, les tapis, …. Oh god ! « JOOOOOEE !!! » Je venais de faire le lien. En général, on boit pour oublier la douleur. Et une maison empestait autant l’alcool, c’est parce qu’on avait décidé de tirer un trait sur tous les souvenirs qu’elle représentait encore. Tout brûler, pour tout effacer. Finalement, je tombe nez à nez avec celui que je cherche. Saoul, naturellement. Son état, à la fois pitoyable et démesuré me noue la gorge et me rend plus coupable encore que je ne le suis déjà. Combien de kilos a-t-il perdu depuis la dernière fois ? Et cette barbe de six jours ? Depuis quand Joe Shark était-il aussi négligé ? La chemise qui dépasse du pantalon, les traits tirés et les paupières alourdies par les litres de boisson qu’il avait si souvent ingurgité, les cheveux à la Presley, …bref, cet homme-là, je ne le connaissais pas. Le ton cinglant et cynique de sa voix tranche avec le calme apparent de mon attitude. Je suis immobile, face à lui. En apparence de marbre, le visage sévère, tant et si bien qu’on pouvait penser que j’étais en train de le juger. Loin de là. Pour avoir connu la disparition d’une femme chère à mon cœur, je ne savais que trop bien ce qu’il endurait. Le bloc de glace d’ordinaire si fier de sa puissance, se fissurait petit à petit, jusqu’à n’être plus qu’un tas de sables. Lorsqu’il monte à l’étage, vers la chambre de son fils cadet, je l’attends au rez-de-chaussée, non sans froncer un peu plus les sourcils devant la bouteille d’alcool qu’il tient dans une main. C’est elle, qui l’aveuglait plus encore que la douleur. Il finit par redescendre au bout d’une minute ou deux, comme je l’avais prévu, et je décide qu’il est maintenant temps de faire front. Qu’importe ce qu’il doit se passer aujourd’hui, j’étais bien décidé à lui venir en aide, comme il m’avait aidé par le passé. Encore que la situation était légèrement distincte, à ses yeux. Il me haïssait en songeant que je l’avais trahi, mais refusait de voir à quel point son chagrin venait d’ailleurs. A quel point, Sophie lui manquait. Certes, j’étais coupable, mais je ne crois pas qu’il aurait réagi avec autant d’indélicatesse et de laisser aller, si Sophie était encore de ce monde. « Je n’irai nulle part. » lui soufflai-je sans bouger, en guise de réponse à sa menace. Oui, c’était bel et bien une menace. La première en vingt ans. Loin de moi l’idée d’être effrayé par sa rage et le fait qu’il puisse passer à l’acte. Tant pis si je prends des coups si je pouvais le ramener sur le droit chemin. L’importance était qu’il aille mieux, et pour se faire, que ne sacrifierions-nous pas, pour sa famille ? « Donne-moi ça, maintenant. Tu as assez cuvé pour la journée. » Premièrement, s’occuper de la coupable. Mais lui prendre la bouteille des mains n’était pas aussi aisé que je l’aurai cru. « Joe, lâche ça ! » Cette fois, je ne le répétais pas non plus une deuxième fois. M’élançant vers lui, j’agrippai de toutes mes forces la bouteille d’alcool, me débattant pour la lui arracher des mains,... jusqu’à ce qu’elle se brise en milles morceaux sur le parquet du salon. Premier round.



∞everleigh
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptySam 23 Nov - 7:37



Il est là, le grand Noah Clives, le chevalier blanc envers et contre tous. La morale au bout de la langue, le regard perçant d'un homme qui à piétiné jusqu'à la moindre petite parcelle de l'affection que je lui portais, il se dresse devant l'escalier comme un garde-fou qui se veut inébranlable. Cette vision aurait pu m'arracher un sourire blasé si je ne me tenais pas à quelques centimètres de lui, le poing serré, prêt à venir l'écraser sur son visage. J'ai conscience que l'image nette, impeccable et puissante de l'impitoyable Joe Shark est en train de voler en éclats un peu plus chaque jour... et aujourd'hui, dans cette maudite maison imbibée d'alcool, je m'en moque allègrement. Je suis à bout de forces, je n'arrive même plus à faire semblant. Et lorsque je décide de me laisser un peu aller pour la première fois en quarante deux ans, comment réagit-on ? Mon meilleur ami ose l'affront de venir me contrôler jusque chez moi, tandis que mon prétendu frère de cœur vient jouer les super héros de pacotille au mépris d'une rancœur que je m'applique à entretenir sans problème. Si d'ordinaire, je suis le premier à revendiquer mon absence totale d'humanité, cette fois, j'aimerai seulement qu'on réagisse en comprenant que je ne suis qu'un homme. Un homme qui, pour avoir l'habitude de tout contrôler dans la vie de ses proches et dans la sienne, s'aperçoit qu'en seulement quelques mois, tout n'était qu'illusion. Qu'un simple grain de sable dans le rouage a fait disparaître son prétendu leadership. Qu'est-ce que je contrôle réellement ? Rien. Cette bouteille d'alcool, à la rigueur, mais le temps où j'étais parfaitement à l'aise en ayant la mainmise sur tout et n'importe quoi semble bel et bien révolu. J'arque un sourcil ? Tu n'iras nulle part ? Je te laisse cinq secondes pour changer d'avis, dans mon immense mansuétude. Malheureusement, il met ces cinq secondes à profit pour tenter de m'arracher la bouteille des mains. Rien à faire, je ne lâcherai pas et même ivre, j'ai plus de force et de poigne que lui. Résultat des courses, la bouteille tombe au sol sans plus de cérémonie. Je le regarde de travers. "Décidément, j'ai toute une éducation à refaire..." Règle numéro un : on obéit à Joe Shark. Toujours et sans condition. Qu'importe le lieu, le temps, les circonstances. J'attrape le col de Noah de mes deux mains larges puis je le décolle légèrement du sol pour le fixer avec méchanceté et agressivité. "C'est quoi, ton idée ? Débarquer en me servant le discours du veuf éploré en imaginant que ça va m'émouvoir ? Remballe tes paroles, j'ai déjà envoyé paître Logan pour les mêmes raisons !" Je jette le grand blond dans le couloir sans aucun ménagement et avec une vigueur certaine. J'avance lentement vers lui en l'observant avec des yeux remplis de haine. Noah va prendre pour tout ce qui me tape sur les nerfs. "Vous devriez ouvrir un comité, tous les deux, pour vous raconter vos histoires de compagnes fauchées par la maladie... Qui sait si un jour, ça finira par intéresser quelqu'un." Et quand il est furieux, Joe devient méchant. Très méchant. J'appuie là où ça fait mal, et même l'alcool ne peut pas me servir d'excuse car j'aurais réagi de la même manière en étant sobre. Je continue d'avancer vers lui et, au lieu de lui laisser le temps de se relever, je l'attrape par les épaules et je le plaque dans le mur de l'entrée, mon visage presque collé au sien. "Si je m'écoutais, je t'attacherai dans ce salon et je mettrai le feu juste après. Tu voulais te faire passer pour mort, je peux avoir la gentillesse de veiller à rendre ton histoire un peu plus crédible..." Je le lâche puis je lui décoche un violent crochet du gauche en pleine mâchoire pour lui faire à nouveau embrasser le parquet. "Va rejoindre ta petite famille, Clives. Continue à faire ta vie de ton côté, ça vaudra mieux pour tout le monde." Je sors le paquet d'allumettes que j'ai récupéré dans la cuisine tout à l'heure et j'en craque une. La flamme est forte, lumineuse. Purificatrice. Son éclat incertain danse sur mes traits émaciés et mangés par une barbe mal rasée et mal taillée. Puis, sans un sourire, je jette l'allumette plus loin, au niveau de la bouteille qui s'est cassée. Le feu prend tout de suite et se sépare en suivant les dizaines de trajets dessinés par les traînées d'alcool. L'incendie va se propager et pourtant, je reste immobile. Incapable de bouger. Est-ce qu'elle est normale, cette envie de rester là et de partir avec ce feu ? Après tout, puisqu'il semble évident que je n'ai plus aucun contrôle sur quoique ce soit, qu'il s'agisse de ma vie professionnelle, ma vie de famille ou même chez mes rares amis, à quoi bon s'insurger à rester ? Fasciné, je commence à marcher lentement vers les flammes, sans trop réaliser ce qui se passe, laissant Noah dans l'entrée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyDim 24 Nov - 18:45


joe & noah & james
no happy ending



Ca ne me fait pas rire, Joe. Dans d’autres circonstances, j’aurai sûrement pris sa remarque plus à la légère qu’aujourd’hui et ne me serait pas gêné pour le remettre à sa place – même si au final je n’aurai jamais eu le dernier mot – uniquement pour le faire taire. Mais là, tout était différent. Je ne le reconnais plus. Et pire que ça, j’ai l’impression que sa haine se décuple à mesure qu’il songe à ce qu’il a vécu. Une haine non maîtrisée qui le ronge et finira tôt ou tard, par le tuer. Ceci dit, ce n’était pas en tant que médecin que je m’inquiétais pour lui. Joe avait une solide constitution et ce ne sont certainement pas une mauvaise hygiène de vie qui aura raison de lui. En revanche, son état psychologique parait plus préoccupant. Et c’est en tant qu’ami, frère et confident de toujours, que je viens vers lui aujourd’hui. Même si de toutes évidences, j’aurai du mal à lui faire entendre raison sur ses vices. Rapidement, sans même que j’eus le temps d’agir, ses mains m’attrapent par le col et me secouent vigoureusement. Il a encore de la force dans les bras, malgré la boisson. C’est bien, c’est une bonne chose. Ca prouve au moins qu’il n’est pas totalement abattu. Impassible, je le laisse faire, visage en apparence indifférent et regard inquiet… pour lui. « Non, je suis venu discuter, pas parler du passé. » Mes mots n’ont aucun effet. Très vite, je me retrouve par terre, poussé avec violence par l’éditeur contre le parquet imbibé du salon. Il s’avance, et je ne bouge toujours pas. Qu’est-ce qu’il croit ? Qu’il lui suffira de faire le coq pour que je détale en courant ? Je n’ai jamais eu peur de Joe, et je ne le craindrais jamais. Ce n’est pas parce que je ne prêtais pas foi à son discours. Dans cet état, je sais qu’il pourrait effectivement me malmener sans une once de culpabilité. Mais c’est mon ami et mon frère. Il l’a toujours été, et gardera toujours ce titre. Même si pour l’instant son esprit est trop confus, que la colère l’aveugle au point qu’il fasse du mal aux siens, je parle surtout des enfants, ce n’est pas l’homme que j’ai connu, et je sais que cet homme-là est toujours là, qu’il a juste besoin d’aide pour s’extirper du brouillard. Ses paroles sont abruptes, destinées à me blesser autant que possible. Je n’entends cependant que le discours d’un homme au cœur brisé. Oui, ça fait mal. Mais je sais qu’il n’en pense pas un mot. Sinon, pourquoi m’aurait-il aidé à la mort d’Emy ? Pourquoi sommes-nous restés amis toutes ces années ? Pourquoi m’aurait-il défendu lorsque je me faisais maltraiter par les joueurs de l’équipe de rugby ? Il n’y a pas de hasard. Je me relève, et à peine suis-je de nouveau debout sur mes jambes qu’il me rattrape pour me plaquer violemment contre le mur de derrière. Le souffle coupé, je baisse la tête un bref instant, le temps de reprendre mon souffle. « Joe, il faut que tu te calmes. Tu es furieux et malheureux, je le sais. Je sais ce que ça fait. S’il te plait, laisse-moi t’aider. Ou si tu ne veux pas mon aide, accepte au moins celle de Logan. » S’il ne s’agissait que de me mépriser parce que je l’avais trahi, pourquoi rejeter également le soutien de son meilleur ami ? Ca n’avait pas de sens, sinon celui de comprendre que la mort de Sophie était la cause véritable de sa folie furieuse. J’aurai sans doute dû me taire. Suite à mes mots, son poing s’abattit aussitôt sur ma joue, me faisant reculer de plusieurs centimètres puis chuter au sol, une seconde fois. Ce goût métallique au fond de ma gorge me donnait déjà la nausée. Crachant involontairement quelques gouttes de sang qui m’étouffaient, je l’observe, me demandant si de nouveaux coups sont à prévoir. Non, il s’éloigne maintenant. « J-Joe ? » Qu’est-ce que tu fais avec cette boîte d’allumettes ? Mes sourcils se froncent. Il n’oserait tout de même pas … « NOOONNN !!!! » Trop tard. Le feu se propage déjà à une vitesse folle, léchant chaque mur, chaque étage, chaque meuble de la maison. « JOE, VIENS ! IL FAUT QU’ON SORTE D’ICI !! » hurlai-je en cherchant à l’atteindre, malgré les flammes qui dansaient déjà devant moi, me séparant de l’éditeur. Il ne bougeait pas. Il ne bougerait pas d’ici. God, c’était donc ça. Ce qu’il avait prévu depuis le début. Commettre la même erreur que j’avais faite par le passé. Il comptait mourir brûlé vif, pour l’amour de Sophie. Si tu crois que je vais te laisser faire … « BON, CA SUFFIT COMME CA ! » Traversant le mur de flammes, je parviens enfin à agripper sa veste, et le faire se retourner face à moi. Désolé de faire ça, tu ne me laisses pas vraiment le choix. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Décochant un violent coup de poing dans son arcade, je grimace lorsque le coup part. Je ne pensais pas que ça faisait aussi mal… qu’importe, je n’ai pas le temps d’y réfléchir. Le traînant hors de la maison, en évitant de peu qu’on soit brûlé tous les deux, je demande alors aux voisins qui se sont précipités dans le jardin pour m’avertir que les secours étaient en chemin, de veiller sur Joe, pendant que je retournais dans la maison, sous les cris ahuris de plusieurs personnes qui devaient me prendre pour un fou de retourner dans cette fournaise. Les photos… les photos de Benedikt, Connor, Sophie, Joe et de leur grand-mère. Il fallait absolument que je sauve ces photos. Il n’y avait pas de double, et je sais que Connor, ni même Joe ne se pardonneraient si elles partaient en fumée. La plupart est conservée dans des albums, d’autres en revanche sont dans un cadre en métal. Et le métal soumis à une intense chaleur… Je me suis brûlé la main. Ce n’est pas grave, j’ai récupéré les photos. Et les jouets de Connor ? Et les souvenirs de Beni ? Trop tard. Un pompier est déjà en train de me traîner à l’extérieur. « Ca va, monsieur ? Vous êtes fou d’être resté là-dedans, la maison peut s’écrouler d’un moment à un autre !! » Tant pis, je n’ai plus le temps. L’ambulance est là, et Joe avec elle, sur un brancard. Sans faire plus attention au pompier, je coure vers lui, les albums sous le bras, les photos que j’ai récupérées des cadres dans l’autre. « Comment va-t-il ? Ses constantes sont bonnes ? Il s'est réveillé ? » Déposant tout ce que j’avais en main sur le marche pied, je vérifie son pouls, les brûlures potentiels, et s’il est conscient. « Vous êtes médecin ? » « Docteur Clives. Je veux qu’on le transporte d’urgence à l’hôpital général. Il n’y a personne d’autres dans la maison, dépêchez-vous ! » m’exclamai-je, encore choqué. « Il faudrait faire soigner cette blessure ou elle va s’infecter. » « Plus tard. » répliquai-je en veillant à ce que l’état de Joe soit constant. J’espère ne pas avoir créé d’œdème trop important lorsque je l’ai frappé. Surtout qu’avec cette fumée dense, ses poumons ont dû eux aussi être mis à rude épreuve.



∞everleigh
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 EmptyDim 24 Nov - 21:31



Discuter ? Et de quoi aurions-nous pu discuter ? Je n'ai rien à te dire. Plus rien. Du jour où tu es revenu d'entre les morts, j'ai tiré un trait sur ce qui a pu nous unir. Si je suis né pour être la preuve vivante de l'existence de Satan, cela signifie bien qu'il y a des écarts que je ne peux tolérer. Mais tout ceci n'a plus aucune importance. Face aux flammes qui montent et se propagent à une vitesse exceptionnelle, je reste muet. Impassible. Songeur. À quoi bon s'obstiner à rester ? Je suis fatigué. Ces dernières semaines viennent de me mettre à bout, cette mort soudaine et le fait de me retrouver avec un bébé sur les bras a fait s'écrouler les pans restants d'une volonté pourtant réputée pour être de fer depuis des décennies. C'est dit, Shark est à bout de forces. J'abandonne. J'en ai marre de me battre sans arrêt pour des choses sur lesquelles je n'ai aucune prise. Tout arrêter maintenant. Être égoïste juste une dernière fois. Comme un automate, je ne songe même pas à la lâcheté de ce qui se passe car je n'en ai pas conscience. J'avance sans prêter attention aux hurlements de Noah, et pour cause, je ne me débats même pas quand il m'agrippe pour me retourner. Quelqu'un qui aurait vraiment dans l'idée de mettre fin à ses jours ne se serait pas laissé faire, au contraire. Je l'observe avec un air las et absent, tant et si bien que l'alcool et la fatigue m'empêchent de pouvoir esquiver son coup de poing. Je grogne, encaisse, titube... et je tombe par terre. Un peu de sang se met à couler de mon arcade et je perds connaissance lorsqu'on m'allonge dans l'herbe à l'extérieur. Des gens me parlent puis plus rien d'autre qu'une odeur de brûlé et un goût de sang dans la gorge. Le noir complet. Et lorsque l'ambulance s'éloigne vers l'hôpital, la maison s'écroule sur elle-même dans une gerbe de flammes agressives et dévorantes.

Lorsque je reprends conscience, je cligne des paupières en toussant légèrement. Ma gorge me pique et j'ai une sensation équivalente au-dessus de l'œil. Du blanc partout. Une odeur aseptisée familière. L'hôpital. Je roule des yeux dans un soupir agacé en essayant de me souvenir de ce qui a pu m'amener ici. "Non, vous vous en occupez. La dernière fois que j'ai eu affaire à cet homme, j'ai passé trois jours au service des traumatismes crâniens, alors merci bien..." J'entends les mots empressés d'un infirmier qui s'esquive du couloir, ce qui me fait tourner la tête sur le côté... et apercevoir Noah, assis sur une chaise dans la chambre. Je charge son regard sans rien dire alors qu'une jeune femme entre dans la pièce pour procéder à quelques soins. "Docteur Clives, je vais vous demander de bien vouloir sortir, s'il vous plait." Sourire radieux, pétillante et pleine de vie, la demoiselle était extrêmement polie avec lui, sans doute une collègue. Comme le veut la procédure, elle attend de fermer la porte une fois Noah sorti, puis elle commence à redresser mon lit pour observer les deux ou trois brûlures bénignes sur mes bras. "Monsieur Shark, tout va bien. On vous a appliqué une crème sur vos plaies qui va les hydrater et réparer en profondeur, on a nettoyé votre plaie à l'arcade, dans la foulée. Vos poumons vont être irrités en raison de la fumée pendant quelques jours, mais vous aurez vite oublié cette sensation. Des questions ?" Je secoue la tête, en silence. D'ordinaire, je me serai déjà lancé pour la séduire, mais pas là. Elle opine puis sort de la pièce d'un pas guilleret en laissant Noah entrer à nouveau. Une fois seuls, je me redresse un peu en grimaçant puis je demeure immobile. Si possible digne, malgré tout. Après un long silence, je daigne parler d'une voix rauque. "Je ne te tiendrai pas rigueur de ce coup de poing parce que c'est moi qui t'en ai mis un en premier. Nous sommes quittes." Et...? "Et je n'ai aucune tendance suicidaire, j'ai seulement réagi sous le coup de l'alcool et d'un bref moment d'égarement." Mais encore...? "Je ne te retiens pas plus longtemps, je pense avoir vu suffisamment de personnel médical pour le restant de la semaine." Eh bien non, aucun merci. Rien qui ne change, preuve en est que je l'assimile au reste du personnel de l'hôpital. Je déglutis difficilement à cause de cette inflammation de la gorge, puis je tourne la tête pour regarder par la fenêtre. Je voulais que plus rien ne me rattache à Sophie Gallagher... la seule chose qui reste, c'est cette progéniture. Rassurez-vous, je ne pousserai pas le vice à voir si je peux m'en débarrasser de la même manière que sa maison. Il y a des limites à mon inhumanité. J'ai complètement dessoûlé et tout ce que je souhaite, c'est qu'on me laisse tranquille...[/b]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

« no happy ending. » - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: « no happy ending. » « no happy ending. » - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas

« no happy ending. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 2 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant

Sujets similaires

-
» no happy ending - bela&charlie
» flashforward ▬ You will walk down the aisle and you will get married, we need you to get your happy ending.
» This is a happy house, we're happy here in a happy house, oh this is fun
» Happy ! •• ft. Joe (a)
» i want you to be my last and my first, my ending and my beginning. ▲ ddc&princeton

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
the great escape :: flood and trash :: corbeille rp-