this is a story of boy meets girl, but you should know upfront, this is not a love story. (r)

Invité

'' Va en enfer - D’accord ... tu m’ y accompagnes '' jeux d'enfants

. FRANCE :: 19th july 2013 . Une danse en cercle infini d'oiseaux légers surplombant la mer. Sa couleur, bleue éclairée par les particules de feu du soleil couchant. Ce mistral salé qui lèche sa chair brune, cette saveur marine qui faire frémir ses narines. Dissimulée derrière ses incontournables Rayban noires, Thaïs contemplait le rivage de son enfance, cette petite plage bretonne où elle avait fait ses premiers pas sous les regards attendris de ses parents et de ses frères, ses amours, ses alliés. Ses minuscules pieds ancrés dans le sable fin, elle goûta à ce monde à l'état sauvage, à ses racines françaises qu'elle chérissait tant. Pour refaire surface, continuer de nager, ne pas couler. Après avoir entendue des nuits entières la voix vibrante de sa petite fille fraîchement larguée au téléphone, sa mère, morte d’inquiétude, décida de la jeter avec elle dans le premier avion, direction Paris. Elle qui n'avait pas remis les pieds ici depuis Noël. Home sweet home. Dépaysement et retrouvailles avec l'époque bouillonnante d'une enfance qu'elle n'a jamais véritablement quittée. A l'heure où la plupart des étudiants de Berkeley tournoyaient en rond sur le campus universitaire sous un soleil de plomb, elle passait ses journées sur des bateaux le long des côtes bretonnes, à relire ses vieux livres de littérature, du Gainsbourg flottant dans les oreilles. Des dîners qui s'étirent à l'infinie dans la chaleur d'une confortable demeure familiale, celle de ses grands-parents. Et ces longues nuits passées dans les bras de sa maman. Ma fille. Mon bébé. Ma toute petite princesse fragile. Elle n'a plus l'âge pour ça, Thaïs, mais avec sa maman, elle ne l'expliquait pas, elle avait tous les droits. Saisie par l'émotion et un torrent de souvenirs, elle se força à garder la tête haute, à aimer la vie, même si. Même si parfois, c'est trop dur pour son petit cœur en sucre, ce départ, cette absence, ce vide en elle. « Tu n'es pas obligée de partir. La maison reste ouverte tout l'été si tu le souhaites. » lui lança sa mère d'une voix douce, derrière ses épaules dorées par le soleil. Elle tenta de la retenir, de la garder auprès d'elle, proche de son cœur de maman. Un léger sourire sur ses lèvres cerises, Thaïs se retourna vers elle, scellant ses mains dans les siennes. « Je ne peux pas rester, tu le sais aussi bien que moi. Tout ira très bien là-bas, je te le promets. » lui assura t-elle, apaisée et pleine d'amour, avec une étrange intensité dans la voix. Celle qui veut protéger, cajoler avec tendresse. Le menton baissé, le visage radieux de sa mère s'avoua vaincu un instant, avant de reprendre ses armes. « Et papy et mamie, ils ont tellement aimés te voir. Tu leur as tant manqués. Deux longues années privées de leur petite fille. Tu te rends compte ? … Et puis, regardes, il y a tout ici, le bateau, la plage, tes anciens amis, ta fam… » Thaïs ne la laissa pas finir et l'interrompit aussitôt, connaissant trop bien les méthodes de persuasion de sa mère. Elle ne cédera pas, même si, au fond, elle rêvait de rester ici plus longtemps. « Maman !» qu'elle s'écria avec une impressionnante gentillesse, en l'attirant contre elle. Sur cette petite plage déserte, leurs deux silhouettes s'enlacèrent tendrement avant qu'elle ne prenne son visage de bébé entre ses mains. Caressant sa jolie chevelure brune, tortillant ses mèches, comme lorsqu'elle était petite. « Tu feras attention à toi, promis ? » Confiante, elle hocha la tête pour atténuer les milles craintes de sa mère, décuplées depuis son accident. Elle ne peut s'empêcher d'être inquiétude pour elle, de l’appeler sans arrêt, d'être certaine que tout va bien. Devant ses beaux yeux marrons, Thaïs restera toujours l'éternelle petite fille qu'elle a élevée, cette gamine coincée entre ses deux frères jumeaux qu'elle pouvait habiller avec de jolies jupes à fleurs et coiffer comme une poupée. Elle est encore son bébé Thaïs, sa douce reine, et la voir s'éloigner d'elle lui arrache toujours un peu le cœur. « Allez, viens, on va faire ma valise. » acheva t-elle à voix basse, prenant sa main, l'air déterminée. Elles se dirigèrent vers la magnifique bâtisse en bois, logée sur la côte. Sa maison d'enfance, de ses étés, de ses vacances. Bras dessus, bras dessous, elles regagnèrent cette demeure sous le chant estival des oiseaux et la mélodie éternelle du roulement des vagues . SAN FRANCISCO, CALIFORNIA :: 20th july . Une voix féminine se déversait à plein volume dans l'aérogare pour informer les passagers du programme des départs. Mêlée au vacarme sonore des individus traînant en masse leurs bagages au sol, s'emportant dans leurs conversations à haute de voix. Certains retrouvaient leurs proches, émus et souriants, dans la chaleur de leurs bras. D'autres grinçaient des dents faute d'avoir trouver leur chemin. Thaïs, avec son excellent sens de l'orientation, parvint à quitter ce bordel humain, sa petite valise tirée derrière elle, puis elle regagna le grand hall d'entrée. Un petit chapeau de plage en paille sur ses cheveux bruns, ses éternelles converses aux pieds, la petite alpha pénétra dans l'air écrasante de San Francisco, et s'arrêta devant les immenses portes coulissantes de l'aéroport pour allumer sa première cigarette de la journée. Une vilaine manie dont elle n'avait jamais su totalement se débarrasser. Guettant du regard l'arrivée continuelle des taxis, la clope au bec, elle rangea dans sa poche arrière son billet d'avion, son appareil photo de touriste encore nouée autour du cou. Klaxonnant brutalement pour retenir son attention, le chauffeur d'un taxi l'interpella alors. Après avoir éteint à toute vitesse sa cigarette de la paume de son pieds, Thaïs se précipita à l'aide de sa petite béquille auprès du véhicule garée juste devant elle. Au même moment, elle sentit l'ombre d'une silhouette foncer sur elle. Elle la percuta violemment avant qu'elle n'est eut le temps d'ouvrir la portière. Les fesses projetées sur le bitume brûlant, la jeune française tint la main du coupable qui proposait gentiment de l'aider à se relever. Encore heureux, pensait-elle, déroutée. « Raphaël ? Qu'est-ce que tu fous là ! » s’interrogea t-elle, intriguée, en défroissant ses vêtements, une fois debout. Elle n'était pas de nature à s'emporter Thaïs, elle prenait souvent les choses à la légère et pardonnait trop vite. Alors qu'elle attrapa sa valise égarée sur le bord du trottoir, le chauffeur s'impatienta, tapant plusieurs fois sur le klaxon du véhicule. « Tu prendras le prochain taxi, tu me dois bien ça. » fit-elle, un petit sourire amusé sur le coin de sa bouche. Portière ouverte, elle s'engouffra dans la voiture, et eut à peine le temps de s'installer sur la banquette arrière que cet idiot de monégasque s'était déjà assis à ses côtés. Il la défia du regard un instant, avant qu'elle ne soupire de fatigue. A croire qu'il n'y avait pas que le changement d'horaire qui lui tapait sur les nerfs. « Tu me suis maintenant ? » Les bras croisés, elle n'était pas prête à se laisser faire la petite Thaïs. Aussi forte que fragile, futée que mesquine. Pourquoi elle tombait toujours sur des pauvres types ? Prenant son mal en patience, elle détourna son attention vers la vitre dressée à ses côtés, retrouvant un paysage californien qui n'avait pas eu le temps de lui manquer. Un long silence s'installa entre eux, avant que le chauffeur ne daigne leur demander sa destination. Ou plutôt, leur destination vu les circonstances. Incapable de se mettre d'accord, ils proposèrent en même temps deux adresses situées à deux endroits totalement distincts de la ville. Thaïs ne voulait qu'une chose : rentrer chez elle, retrouver son nouvel appartement, ses posters d'adolescente, son piano et ses films Disney. Et Lui semblait vouloir l'emmerder, détruisant tous ses plans. Quel enfoiré. « Bien. Je vous déposerai là où bon me semble puisque vous n'êtes pas capable de vous entendre. » répondit aussitôt le chauffeur désabusé. Enfoncée dans son siège de passager, Thaïs pesta en silence son agacement avant de s'attaquer à ce pauvre crétin qui s'était permis d’empoissonner sa journée. « Ok, bien joué petit salopiot ! Mais qu'on soit bien d'accord, peu importe où il nous emmènera, tu auras pour obligation de me ramener chez moi. Hors de question que je me tape trente borne à pieds par ta faute, pigé ? » lui lança t-elle, un doigt accusateur porté vers lui. Ses joues se mirent à rosir par la colère, sa bouche sécha, son corps manqua d'air. Tout allait mal ici. Tout partait de travers, ne fonctionnait pas, perdait pieds. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de rester en France finalement. Au moins là-bas, il ne lui arrivait pas des emmerdes pareilles.

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