Toujours les bonnes habitudes !!

« Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant un tribunal... » Je n'écoutais pas vraiment la suite du discours que vint à me tenir l'agent qui était au passage en train de me mettre les menottes aux poignets. Après m'avoir lu mes droits, il ouvrit la portière arrière de son véhicule de service et me laissa prendre place sur la banquette arrière. Au secours, une voiture ! C'était sans nul doute la première fois que je me trouvais dans une situation aussi embarrassante et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, quoi que, je n'avais rien fait. On m'avait provoqué, poussé à bout et c'était le gaillard d'en face qui avait distribué les premiers coups, je n'avais fait que me défendre tant bien que mal face à un homme qui faisait deux fois, mon poids et trois fois, ma corpulence. Une fois au commissariat, je fus entraînée jusqu'à une salle d'interrogatoire. Qu'est-ce qu'il fait froid ici et qu'est-ce que cela sent mauvais. « Mademoiselle Blank ? » Sursautant sur ma chaise, je n'avais entendu que très vaguement les propos que le policier m'avait lancé et il dut ainsi donc me les répéter, se rendant compte que j'étais complètement à l'ouest. Rien d'étonnant, il n'y avait qu'à voir l'état de mon œil gauche pour savoir que je m'étais faite tabasser, sans compter sur les différents autres bleus qui se trouvaient sur le reste de mon corps, lesquels étaient, heureusement, dissimulé par mes vêtements. « Disons que j'étais simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. Ce type est arrivé de nulle part et m'a demandé un joint, je lui ai simplement dit que je n'avais rien sur moi et il s'est emporté. Écoutez, il y avait des témoins, vous pouvez les interroger, ils vous diront que tout cela n'était que de la légitime défense. Il faudrait être cinglé pour se mesurer à un balaise de cent dix kilos. » J'aurais pu chercher les embrouilles, et ce pour un simple verre d'alcool, mais je n'en avais rien fait. Si je me trouvais dans cette rue, c'était tout simplement parce que j'avais rendu une visite express à mon père, histoire de lui prouver que j'allais bien malgré les milliers d'appels que j'avais rejeté. Après plus d'une heure d'interrogation, je pus enfin passer mon coup de fil, la question restait de savoir... à qui. Mon petit-ami ? Je n'osais imaginer ce qu'il dirait ou même ce qu'il ferait, le connaissant, il m'attacherait à son canapé et barricaderait toutes les portes et les fenêtres pour être sûr que je ne viendrais plus jamais à sortir de sa maison. Mon meilleur ami ? Je ne lui avais pas reparlé depuis notre dispute à Tampa et n'avais même pas pris une fois de ses nouvelles. Mon demi-frère ? Il était avocat, c'était peut-être la meilleure des choses à faire, mais... non. Il allait me sermonner toute la nuit et je n'étais pas prête à encaisser cela. Alors je composais le numéro qui me paraissait le plus approprié. « 'Gus... C'est Kirby. Je... Je suis désolée de te déranger, mais j'ai besoin de toi... J'ai... J'aurais besoin que tu payes ma caution au commissariat, s'il te plait... Je t'en prie... » Je ne savais pas si j'avais choisi la meilleure des solutions, mais il ne me restait plus qu'elle, bien que depuis le voyage à Tampa, nous ne nous étions pas vues, encore à cause d'une dispute. Un instant plus tard et me voilà en cellule, espérant, priant pour qu'Aengus vienne à me sortir de ce trou, autrement, je n'aurais d'autre choix que de me débrouiller pour contacter Noah afin qu'il me sorte d'ici. Je préférais encore être prisonnière de sa demeure, mais aussi de ses bras, plutôt que d'avoir à faire à un demi-frère qui allait me casser les pieds toute la nuit, et qui d'ailleurs, avait sans aucun doute mieux à faire que de réparer les idioties de sa petite sœur. Rappelons que je n'étais, en aucun cas, coupable, que finalement, la police n'avait rien contre moi contrairement à mon agresseur, inculpé pour coups et blessures et pour détention de drogues. Trépignant presque d'impatience, le temps semblait s'être arrêté, impossible de voir les minutes défilées, ces dernières paressant des heures, voir des jours entiers. Allait-elle seulement venir ?

Aengus sur son scooter.
Han Kirby avait gardé ses antennes captage d'ondes!

Combien de fois avait elle crié ? Hurlé ? La violence au fond d’elle ne semblait jamais décroitre. Fracassant ses poings contre les murs, jetant son corps entier sur les parois, Aengus cherchait une solution. Pourtant, la réponse ne venait pas.

Aujourd’hui demeurait plus calme. Alignant les bandages autour de ses doigts, la blonde tentait de s’appliquer. Vaines tentatives. Essayer de faire un bandage de sa main droite abîmée avec sa gauche tout autant pitoyable relevait de l’impossible. Seul Rambo parviendrait à un tel miracle. Finalement, dans un soupir, la jeune gamma se releva pour rejoindre le miroir fracturé de la salle de bain. Cependant le regard tomba sur son portable étincelant trop violemment. Qui venait l'emmerder encore?  Un appel en absence… Hum. Depuis des semaines, Aengus avait fait le choix de s’isoler. Elle avait été revoir son cousin pour renouer avec lui mais elle ne se sentait pas prête à affronter le monde. Autant faire les choses étapes par étape!

Dans un soupir, elle attrapa le téléphone et écouter le message. Un éclat de rire raisonna aussitôt dans la salle de bain. Sérieusement ? Comme si elle allait avaler ce genre de propos. Kirby en garde à vue… Oh un doute vrilla son esprit. Et si son amie avait des ennuis ? Et alors pensa-t-elle.  Ce n’était plus ses affaires à elle. Déposant son regard dans le miroir, Aengus chercha au fond de ses yeux ce qu’elle désirait. Quelle femme serait-elle ? Quelle amie serait-elle ? La page devait se tourner. Pour tout ce qu’elle avait pu faire mais aussi pour tout ce qu’elle estimait qu’on lui avait fait. Pardonner… Une chose difficile pour une personne aussi sensible et émotive qu’elle. Pourtant, essuyant la buée du miroir, Aengus effaça tout le mal qu’elle éprouvait. Il convenait de faire ce qui était juste.

Le sac de jeté sur son épaule, la blonde prit la direction de son scooter. Les bruits de suffocation de son cousin lui revenaient en tête autant que le verdict du médecin pour les membres inférieurs d’Edwin. Les souvenirs appartenaient au passé. Refermant la visière de son casque, la jeune femme démarra en trombe. Enfin, aussi vite que le pouvait son vieux scooter pétaradant.

Et voilà comment, elle arrivait au commissariat. Posant ses deux mains bandées, à plat sur le bureau, Aengus attira enfin l'attention d'un policier. Le regard suspect qu'il lança à la jeune femme lui fit redresser un sourcil.

"J'étais à mon entrainement de boxe Irlandaise." Expliqua-t-elle simplement. "Une chance j'ai eu le temps de cracher mon protège dents avant."

La caution de réglée, Aengus redressa le nez en attendant que Kirby lui revienne. Dans quel état serait-elle ? Un pincement au cœur lui indiqua toute l’inquiétude qu’elle pouvait éprouver. Lorsque la jeune femme fut là, Aengus esquissa un sourire en coin.

« Alors ? Kirby tu te mets à la baston ? » Taquina Aengus avant de récupérer son sac sur le côté pour pivoter vers la sortie.

Pas de câlin, de bisous ou de niaiseries du genre, Aengus n’avait pas la moindre envie et elle supposait que Kirby était bien trop esquintée pour supporter un contact trop proche. D’un signe de tête, elle invita Kirby à passer devant, une façon d’assurer ses arrières.

« Aller, on sort. J’ai une trousse de pharmacie de secours. » Ajouta t elle en redressant l’épaule où se trouvait le sac à dos prit un peu plus tôt.

« T’as bu ? » Demanda t elle devançant Kirby pour pousser la porte d’entrée.

Une question qui n’avait que pour but de savoir si Kirby était apte à tenir encore un peu debout ou s'il était temps de la rentrée chez elle et de la border. Pour le reste, Aengus se fichait bien des choix qu’avait pu faire Kirby. D’ailleurs, il y avait peu de choses qui semblaient avoir de l’importance à présent. Tout lui passait au-dessus de la tête.

Comment Aengus se sent sur son scooter !
Omg ouiii j'avais même pas remarqué mdrr

Je ne sus dire combien de temps j'avais attendu derrière les barreaux, à renifler sans arrêt le parfum de tabac froid qui imprégnait la salle tout entière tandis que les gardes étaient en train de me surveiller, moi et d'autres détenus qui étaient clairement coupables en vu de leurs têtes. J'essayais de me faire toute petite, installée dans mon coin, n'osant à peine bouger de peur de sentir la douleur tordre mon corps tout entier. Je m'étais aventurée à observer les différents hématomes qui couvraient ma peau, lesquels étaient dissimulés sous mon haut, mais j'avais fini par abandonner en un rien de temps après avoir jeté un coup d'œil vers mes côtes. Autant dire qu'il faudrait des jours et des jours avant que toutes ces traces disparaissent, sans parler de mon œil. « Mademoiselle Blank. » Mon cœur s'emballa rapidement dans ma poitrine alors qu'un policier s'avança vers moi et m'entraîna avec lui hors de la cellule. J'avançais dans le couloir, me répétant sans arrêt dans ma tête qu'elle était venue, contre toute attente. J'aurais pu pleurer, mais j'avais bien trop mal à mon œil pour verser ne serrait-ce qu'une larme. Passant le coin du couloir, je la vis. Aengus se tenait à quelques mètres de moi et je lui adressais un mince sourire alors qu'on venait enfin à me lâcher. Je m'empressais donc de la rejoindre. Pas d'accolade, j'avais trop mal. Pas de baiser non plus, cela paraîtrait déplacé. « C'est le gros lard qui a tapé le premier, pas ma faute. », répondis-je en grommelant quelque peu. Il m'était déjà arrivé de me battre ces derniers temps, mais uniquement avec d'autres femmes et je m'en étais toujours bien sortie, jusqu'à présent. Et pour une fois, ce n'est pas moi qui avais cherché les embrouilles. « Merci... Je te rembourserais dans les prochains temps. » Et par prochains temps, j'entendais lorsque j'aurais piqué un peu d'argent à mon père quand il aura le dos tourné. Prenant le chemin de la sortie, je ricanais presque en l'entendant me parler de sa trousse de secours. « J'espère que t'as un sachet de petits pois congelés à l'intérieur, c'est la seule chose dont j'ai vraiment besoin. » Histoire d'apaiser quelque peu la douleur que me procurait mon œil au beurre noir, pour le reste, je n'en avais que faire. J'intérioriserais mon mal-être et tout ira bien dans le meilleur des mondes. « Absolument pas. » Je n'avais pas bu depuis... trois semaines environ, depuis ce fameux soir où Noah m'avait attrapé au beau milieu de la rue alors que je chantais, bourrée comme un coing, pour que la pluie s'abatte sur la ville. S'en était suivi une nuit des plus... désagréable, tant pour lui que pour moi, une nuit épuisante et riche en émotions. La semaine qui avait suivi n'avait pas été des plus rose avec cela, cloitrée entre les quatre murs de sa maison à ne pouvoir communiquer qu'avec lui ou son chat. Venant à sortir du commissariat, il était temps d'ailleurs, je mettais délicatement ma main devant mon œil afin de camoufler en partie le souvenir que mon agresseur m'avait laissé, mais je haussais un sourcil alors que nous arrivions devant un scooter, qui devait sans nul doute être le sien. « Et tu comptes m'emmener où avec ton engin qui doit dater de la préhistoire ? Faudrait le peindre en rose d'ailleurs, ça lui donnerait une bonne tête. » Et cela irait à merveille avec les cheveux de mon amie. Rajouter à cela quelques strass afin d'écrire son nom dessus, et tout de suite, son scooter serait une pure merveille ! Je me tenais de garder cette information pour moi et je notai dans ma tête que je me devais de trouver du monde qui accepterait de se cotiser pour offrir un nouveau scooter à la jeune femme.

Quand Aengus regarde Kirby à la loupe

« T’occupes va. Ce n’est pas grand-chose qu’une caution. » Marmonna Aengus en battant l’air de la main comme pour chasser le propos.

La gamma ne dit pas un mot de plus jusqu’à la sortie du commissariat. Son humeur maussade n’aidait en rien. Ce fut en tournant la tête vers Kirby pour admirer ses blessures, que la jeune femme poussa un soupir d’agacement. Si elle attrapait l’enfoiré de fils de p… qui avait osé faire une chose pareille, elle lui faisait recracher les testicules par la bouche !

« Qui c’est qui t’as fait ça hein ?! » Grogna Aengus en approchant pour regarder de plus prés cet œil.
Bon, pas de décollement de rétine, la pupille réagissait au changement de lumière… mais quand même ! Elle devait se faire soigner. Si elle ne le faisait pas, Aengus craignait les possibles répercutions… Noah la tuerait peut être où le caniche qui la suivait partout en aboyant. L’ensemble des scénarios probables arrivèrent en masse au seuil de son esprit. La montagne de possibilité fut si imposante que la pression monta en flèche. Enfin, relativisons. Aengus ne hurlerait pas, ne crierait pas, ne paniquerait pas. Elle se contentait de froncer les sourcils.

« Si tu veux bien monter, je t’amène faire un tour chez un médecin. Noah pourrait arranger ça non ? » Déclara la blonde d’une voix sûre.

Sans jamais reculer, elle grimaçait, comme pour s’imaginer l’effet sur elle-même. En tendant le doigt vers le bleu de Kirby, elle toucha doucement la peau abimée. « T’as mal là ? » Demanda t elle inquiète. « C’est qu’il faut aller chez le médecin alors ! » Déclara t elle, fière de son diagnostic !

Il était bon de se rappeler qu’Aengus avait tout oublié de la mésaventure dans la chambre de Noah. En réalité, elle se souvenait de quelques bribes de conversation. L’humiliation, la vexation, le dépit, la colère et finalement la haine lui revenait en mémoire sans en comprendre la cause. Brave Aengus ne se doutait en rien de la relation entre Noah et Kirby. Brave petite ! Il fallait avouer que les deux filles ne s’étaient pas revues depuis un bail. Habituée à des séances plus rapprochée, elles auraient dues jacasser durant des heures.

« C’est avec le sang de celui qui touche à mon scooter que je le repeindrais ! » S’écria Aengus avec un sourire en coin.

Cet engin lui avait été offert par son grand père quelques semaines plus tôt. Elle se moquait qu’il ne paye pas de mine et des allures d’antiquité qu’il pouvait arborer. Elle l’avait retapé avec le vieil O’griffin, un des rares à avoir su canaliser sa colère et sa rancœur. Ce scooter, elle l’aimait comme le plus précieux des cadeaux. Malheureusement, quelques mois plus tôt, Aengus avait causé un accident qui la bloquait souvent lorsqu’elle remontait sur l’engin. Ce détail, elle se garda bien d’en informer Kirby. De toute façon, Aengus avait déjà dû lui raconter en détail de quelle façon elle avait passé la nuit à l’hopital au chevet de son cousin après avoir perdu le contrôle de son véhicule à cause d’un camion qui lui avait refusé la priorité. Probablement que la blonde avait questionné Kirby pour savoir avec exactitude ce que signifiait les paroles du médecin. Multiple fractures, commotions…tout ça s’était du chinois pour elle, surtout dans cet état de nervosité.

« Alors ? On y va ? Avec de la chance, il aura peut être des petits poids congelés. »

Si c'est pas mignon ça
Non, non, on ne va pas chez Noah !

Je restais silencieuse tandis qu'Aengus commença à inspecter mon œil de plus près, arrêtant même de respirer l'espace de quelques courtes secondes avant de me décider finalement à apporter une réponse à sa question. « J'sais pas. Un mec qui cherchait du matos pour pouvoir planer toute la nuit, 'fin un truc du genre. » Comme quoi, le manque nous faisait vraiment faire tout et n'importe quoi, j'en savais quelque chose pour avoir été dans la même situation plusieurs jours auparavant, prête à blesser mon propre petit-ami alors qu'il avait refusé de me donner un verre d'alcool. Heureusement que mon amour pour lui m'avait permis de me contrôler, sans quoi, il se serait retrouvé aux urgences après s'être fait fracasser la tête par de nombreux objets. En parlant de ce dernier, je venais à secouer négativement la tête, hors de question d'aller le voir, mieux ne valait pas qu'il soit au courant de cette histoire, jamais. « AIIIIEEEE ! » Aengus venait de frôler mon joli cocard et je ne pus m'empêcher d'émettre un cri de douleur tout en faisant un pas en arrière afin qu'elle ne vienne plus à me toucher de si tôt. J'avais eu cette soudaine impression qu'une brique venait de me fracasser l'œil, mais non, la jeune femme n'avait que touché du bout des doigts ma blessure de guerre. Le mal de chien que j'avais maintenant. « Mais non, ça va aller, j'ai juste besoin d'un peu de repos et tout ira bien par après. Tu verras, demain, je serais en pleine forme ! » Pour lui montrer, je venais à lever les bras en l'air et sautiller sur place. Mauvaise idée, car je finis par me plier en deux tant la douleur était insupportable. Mon abdomen, mes côtes, ma poitrine, mon dos, tout était sujet à la souffrance, mais cela, Aengus ne pouvait le savoir, mes hématomes étant parfaitement dissimulés sous mes vêtements. J'inspirais un grand coup, essayant de calmer les palpitations de mon cœur. Un sourire s'étira sur mes lèvres malgré la douleur, simplement après avoir entendu les dires. Son scooter devait donc avoir une valeur quelque peu sentimentale pour qu'elle vienne à tenir de tels propos. J'essaierais  d'éclaircir cette histoire, bien qu'elle avait déjà dû m'en parler, tout comme l'accident qu'elle avait subi avec son cousin sur ce dernier, mais à l'heure actuelle, j'étais loin de me souvenir de cette anecdote. La tête en vrac après avoir encaissé tant de coups et d'avoir fini en garde à vue le temps de quelques heures. Une fois de plus, je vins à hocher la tête de droite à gauche, pas du tout d'accord avec sa proposition. « Non, non, on n'y va pas du tout. Ça serait mieux de faire un tour à l'hôpital. Je ne veux pas qu'il soit au courant... Il risque de... S'inquiéter. » Et encore, s'inquiéter était un terme bien trop faible pour décrire la possible réaction qu'aura Noah lorsqu'il me verrait dans un tel état. Il hurlerait sans nul doute, se jetterait sur moi pour analyser chaque parcelle de mon corps sans exception, puis, allez savoir ce que son esprit de médecin viendrait à lui dicter. Il finira ensuite par m'attacher dans un coin de sa maison afin que plus jamais je n'y sorte. Je me voyais déjà enchaînée à une chaise, dans la cuisine, alors qu'il essaiera de s'occuper de mes blessures. « Pitié, dis-moi que tu ne vas pas rouler vite. », suppliais-je ma meilleure amie du regard. La dernière fois que j'étais montée sur un engin quelque peu similaire, se fut en la compagnie de James et j'avais frôlé la crise cardiaque. Et rien qu'à regarder sa moto, j'avais faillis tourner de l'œil. En parlant de James, je crois bien que j'avais une petite histoire à raconter à Aengus dans les prochains temps. Mais l'heure n'était pas à une telle discussion cela dit, je me devais plutôt de m'assurer que mon amie n'allait pas m'entraîner chez Noah contre mon grès. L'hôpital... non plus, et pourtant, c'est ce que j'avais souhaité. Ne me restait plus qu'à prier pour que le médecin ait déjà quitté l'établissement et pour que je ne croise personne que je connaissais, ce qui allait être mission impossible alors que j'avais passé une bonne partie de mon année à travailler à l'hôpital afin d'y effectuer mes stages. Coincée, il l'apprendra tôt ou tard.

« Bah j’espère que tu lui as bien péter les burnes à celui-là » Déclara Aengus en mimant de frapper l’homme en question.

La délicatesse avait probablement été rayée du dictionnaire de la blonde depuis des semaines. Lui réclamer d’en avoir serait essayer de manger un mammouth tout seul. Tendant un casque à Kirby Aengus attrapa le second sous le siège. Magie du moment, ca servait de coffre. Kirby avait à peu près la même tête qu’elle non ? Grimpant sur l’engin, elle patienta que Kirby en fasse autant. Rouler vite ? Elle se croyait sur quoi ? Une moto de course ? Là dessous il y avait un vieux moteur, il était loin d’égaler les puissantes bagnoles qu’elle volait pour faire ses courses de voitures.

« On passera derrière l’hôpital. J’ai un médecin qui me soigne tout le temps. »

Elle n’expliquerait pas à Kirby contre quoi il lui offrait ce petit service. Pas besoin d’aborder les sujets qui fâchent et puis, prévenir Kirby serait la mettre dans l’illégalité. Un détail à ne surtout pas oublier. Voir Kirby derrière les barreaux par sa faute ne l’intéressait pas. Quelle bonne amie que voilà. Finalement, l’engin démarra en douceur pour ne rien brusquer. D’abord, Aengus roula à vitesse d’escargot, profitant des ruelles isolée pour être seule sur la route. Au moins, Kirby avait le temps d’admirer le paysage… ou les poubelles et les ivrognes. Arriver sur l’avenue, Kirby pouvait commencer à s’inquiéter. Aengus accéléra. Au milieu des autres véhicules, hors de question jouer les escargots, ce serait bien trop risqué.

« Ca va ? » Hurla Aengus à Kirby avant de pousser la chansonnette pour essayer de détendre la blondinette derrière elle.

Posant le pied à terre, elle se redressa pour placer la béquille. Elle arrêta enfin le moteur. Aller hop ! C’était parti pour l’hopital. En mode espionnage ? Longer les murs ? C’était bien plus amusant oui ! Mais avant, les casques retrouvèrent le sac et le siège.

« Aller Miss, on va faire les James Bond GIIIIIIIIIILR ! Mode camouflage ! »

Hop, voilà qu’Aengus laissait tomber ses lunettes de soleil sur le bout de son nez. Très discrète en somme ! Tadam… Tournant son regard sur Kirby, elle lui fit un clin d’œil…chose qui fut particulièrement inutile puisqu’elle portait des lunettes de soleil. Mais peu importe, glissant contre le mur en forçant le trais de marcher sur la pointe des pieds, Aengus pouffant de rire.

Tant bien que mal, je tentais de rire, mais cela relevait du défi en vu du visage défiguré que j'abordais, de plus, mes côtes me faisaient un mal de chien et je manquais de me plier en deux. « J'ai essayé. Pas sure que cela ait réussi par contre. » Comment allais-je faire pour tenir sur cet engin infernal ? Je déglutissais difficilement ma salive alors que je m'emparais du casque que vint à me tendre mon amie pour l'enfiler délicatement sur ma tête. Je grince des dents, la douleur est intense, rien que le fait de lever les bras est un véritable supplice. Je n'ai qu'une seule envie, aller voir ce maudit médecin et m'allonger quelque part, même au beau milieu de la rue, histoire d'agoniser sur place et en silence. Je grimpe sur le scooter, peu confiante, et m'agrippe tant bien que mal à la jeune femme afin de ne pas tomber en chemin. « Tu peux pas faire comme tout le monde et prendre des rendez-vous ? » Non, c'est vrai, c'était plus simple de se retrouver près des poubelles pour se faire soigner ! Les services gratuits, tu connais ? Allo Noah, j'ai un problème, un conseil qu'elle devrait donner à la Gamma, mais pas pour l'instant, je ne voulais pas parler de son petit-ami, car en parler reviendrait à penser à ce dernier et à se dire que tôt ou tard, il serait au courant de ce qui s'était passé au cours de la nuit, je ne pourrais lui cacher éternellement mon corps criblé de bleus et autres traces rouges, violettes ou même noires. Rassurée par la vitesse du scooter, je pus me détendre l'espace de quelques instants, respirant à grandes bouffées, et ce même si l'odeur de ses ruelles peu fréquentables ne sentaient guère la rose. Et soudain, l'accélération. Mais qu'est-ce que vous avez tous avec la vitesse ?! J'ai peur, personne ne prend ça en compte ? « J'ai l'impression que je vais mourir, mais sinon tout va bien ! », hurlais-je à mon tour alors que je fermais les yeux. Ainsi, je ne verrais pas ma dernière heure arrivée, contrairement à mon accident de l'an passé où j'avais vu la voiture percuter la mienne à la dernière seconde avant le noir complet. Enfin, Aengus s'arrête et met un terme aux bruits stridents que produit son scooter. Je descends de ce dernier et me débarrasse de mon casque tout comme la blondinette. Fronçant les sourcils, je ne voyais aucunement où elle voulait en venir. James Bond quoi ? C'est une blague ? Si c'est le cas, elle n'est en rien marrante, je n'ai presque pas le cœur à rire, surtout suite à cette escapade sur la route. Malgré tout, je suivais l'ancienne Iota dans son délire, marchant à mon tour sur la pointe des pieds en longeant le mur, ne voyant guère en quoi cela était nécessaire. « Sérieusement, tu fais toujours cette combine pour aller voir ton médecin ou c'est parce que t'as vu un truc suspect ? Faut quand même que t'arrêtes les films d'espionnage ! », ne pus-je m'empêcher de lui demander après quelques secondes à jouer les espionnes de choc. J'étais toujours prête à suivre mon amie dans ses délires les plus loufoques, mais pour le coup, je devais dire qu'il n'en était rien, que la souffrance était telle qu'elle m'empêchait d'apprécier pleinement les retrouvailles avec la jeune femme qui semblait bien avoir le cœur à s'amuser. Peut-être plus tard, j'arriverais à prendre autant de plaisir qu'elle. « Alors, il est où ton débile de médecin qu'il m'arrange un peu ça et que je puisse partir, c'est dangereux de rester ici. » Tout prêt de l'hôpital, alors qu'il était possible que Noah, soit présent quelque part ou que je pouvais être surprise par quelqu'un qui me connaissait et qui n'hésiterait pas à me prendre en charge et donner tous les coups de fil nécessaire pour que je sois en sécurité. Difficile de vouloir cacher un tel secret, de vouloir éviter une rencontre avec un quelconque membre du personnel du centre hospitalier et surtout, difficile de ne pas faire appel à l'homme que j'aimais, simplement pour le préserver et pour ne pas le voir se transformer en ce valeureux prince charmant qu'il était, portant secours à sa demoiselle en détresse.

Les James Bond Girls Kirby et Aengus

La vitesse ? Pour cette fois, Aengus avait respecté les limitations ! Rouler moins vite sur une avenue aussi fréquenté aurait bien plus dangereux. A gêner la circulation, elles auraient risquées de se faire perturber par une véhicule roulant plus vite et inattentif. Mais aux propos de Kirby, Aengus dévia de la grande avenue pour reprendre les petites ruelles à vitesse de croisière. Nul besoin de lui faire faire une crise cardiaque. Avec toutes les blessures qu’elle avait sur le corps, elle pouvait être plus fragile. La voir mourir sur son scooter n’entrait pas dans ses plans pour l’avenir.

Finalement arrivée, Aengus secoua la tête de gauche à droite. Prendre rendez vous ? Dans les états qu’elle était quand elle allait voir ce type, elle ne pouvait pas prendre rendez –vous non. Se gardant bien de faire des commentaires à ce sujet pour ne pas inquiéter Kirby. La voyant peiner comme une martyre, Aengus leva les yeux au ciel dans une réflexion amusée. Ouvrant une des portes sur le coté, Aengus tira un de ses lits à roulettes et un drap. Elle savait pertinemment ce qui se trouvait derrière.

« Aller, monte là-dessus, je te couvre et personne ne te remarquera ! » S’exclama Aengus en tapotant le lit.

« Mais tu peux te rassurer. Y a plusieurs hôpitaux dans la ville et ici, Noah n’y travaille pas. Je veux bien qu’il soit connu mais je suis pas sûre que tout le monde suive vois tu. » Expliqua Aengus pour décoincer son amie.

Rassurée ? Alors, elle monte se cacher tout de même ou elle décide de marcher dans les couloirs normalement ? Aengus se fichait bien du choix tant qu’elle savait quoi faire. D’ailleurs, elle était tout de même informée qu’elle ne pourrait pas éternellement se cacher ? Noah et elle travaillaient ensemble. Les lunettes de soleil ne serait pas de mise pour les journées de travail de Kirby. Même maquillé à la perfection, elle ne pourrait cacher de telles marques ! Ses proches allaient se poser des questions et elle devrait forcement trouver une raison pour expliquer.

« Tu sais que de toute façon, les gens autour de toi vont le remarquer ? » Questionna Aengus en avançant à nouveau pour s’arrêter deux étages au dessus. « Noah voudra tout vérifier lui-même, le grincheux va tout vouloir savoir et je me doute que tes ami(e)s vont se poser des questions. »

D’accord, elle ferait peut être mieux de la rassurer plutôt que de lui sortir ça non ? Aussitôt, elle enchaîna d’une voix toujours aussi douce.

« Heureusement remarque. Au moins tu seras toute bien entouré et si tu fais des cauchemars, tu pourra venir dormir avec moi. »

Comme si elle allait venir. Le lit de Noah serait bien plus approprié. Pourtant, Aengus proposait sans bien savoir pour Noah de toute façon. Finalement, elle toqua à une porte dans l’attente d’un mouvement à l’intérieur. Pourvu qu’il soit ici. Elle aurait due téléphoner avant. Quelle gourde. Mais alors qu’elle commençait à désespérer, la lumière s’enclencha et la porte s’ouvrit sur une gueule enfarinée.

« T’es de garde ! C’est super ! » S’exclama Aengus en attrapant le bras d’un pauvre gars aux cheveux ébouriffé, les lunettes de travers et la marque de l’oreiller sur la figure. « J’espère que t’as bien dormi et tu faisais pas un super rêve. Je te présente mon ami, Leo» Fini-t-elle pour Kirby.

« John c’est toi… Han ami ouais… quand ça t’arrange. qu’est-ce que tu as foutu encore ? » Demanda t il soudainement bien plus frais et réveillé, un doigt redressant ses lunettes sur son nez.

« Leo, c’est pour mon amie ! » Répondit Aengus en donnant un coup de tête en direction de Kirby. Il ne l’avait pas raté tout de même ? Mais il se contenta de hocher la tête en indiqua d’une main la direction à prendre.

Leo n’était pas bavard. Il suffisait de le savoir. En revanche, il adorait raler.

« Tu pourrais pas passer un coup de fil ? Puis ça fait des semaines que je t’ai pas vu merde ! Dix ans que j’exerce et c’est bien la première fois que je tombe sur ce genre de patient à toujours me coller au cul ! »

« Honnêtement, c’est pas ton cul qui m’intéresse. » S’exclama Aengus alors que Leo souriait amusé.

J'ai un d'ces problème de connexion donc pas d'image pour l'instant



Une chance pour moi, nous ne nous trouvions pas dans l'hôpital dans lequel travaillait Noah. Seigneur, nous étions sauvées ! Me voilà détendue en une fraction de seconde et grimper sur le lit que m'indique la jeune femme me paraît être complètement stupide. Si je ne connaissais personne, à quoi bon me cacher puis Aengus avait plus que raison, je ne pourrais me cacher indéfiniment des autres, d'autant plus que demain, je devais déjà voir mon petit ami. Je soupirais à cette simple pensée, me disant que pour moi, les carottes étaient cuites. « Je sais. Et ça craint, merde. Je leur dirais juste que je me suis pris une porte en pleine figure ou que je suis malencontreusement tombée dans les escaliers alors que je courais parce que j'étais en retard pour un rendez-vous... ça passera bien pour cacher la vérité. » Faisant un geste de tête à Aengus, je lui indiquais que nous pouvions continuer à avancer et sans ce lit sur lequel je n'avais finalement guère eu envie de m'allonger en vu de la tronche qu'il venait à tirer. Le coup du lit qui s'écroule, ça arrive plus de fois que l'on ne le pense, même si j'étais loin d'être énorme et obèse. « Hors de question que je dise ce qui s'est vraiment passé, je risque de déclencher une autre guerre. », avais-je rapidement enchaîné suite à mes propos. Et par guerre, j'entends notamment Noah qui va se mettre à poursuivre mon agresseur dans toute la ville s'il le fallait dans l'espoir de lui coller un procès aux fesses. Pas de panique, il était derrière les barreaux à l'heure actuelle. Un taré de moins dans les ruelles de la ville. À sa remarque, un sourire se dessine sur mes lèvres. « Je compte bien sur toi pour me laisser dormir une ou deux fois avec toi... » Un peu plus et j'ai failli lui avouer que cela me manquait, c'était pas vraiment le moment pour jouer ma sentimentale. Mais j'appréhendais quand même une telle soirée, d'autant plus que la dernière fois où j'avais fait un cauchemar, j'avais menacé de me jeter d'une fenêtre alors que je n'avais plus vraiment conscience de l'endroit où je me trouvais et surtout du fait que ce cauchemar n'était qu'un mauvais tour de mon imagination et non pas la réalité. Enfin, je suivais la jeune femme dans les couloirs de l'hôpital pour nous diriger deux étages plus haut. Elle toqua à une porte et nous voilà à attendre pendant quelques instants, comme deux parfaites idiotes. Oh non, pitié, dîtes-moi que ce fameux médecin est présent ! Et comme par magie, la porte finit par s'ouvrir sur... Bordel, c'est un médecin lui ou juste une grosse blague ? Apparemment, nous l'avions coupé dans son sommeil. Une fois les présentations faites, j'adressais un rapide signe de la main à ce fameux Leo, lequel était sans nul doute dans un autre monde. En tout cas, il paraissait fort étrange, ou cela était-ce simplement dû à son réveil des plus brutales ? Allez savoir, tout ce que j'espérais, c'est qu'il connaisse son métier. Entrant dans son bureau qu'il vint à nous indiquer, j'attendais les deux jeunes gens à l'intérieur, lesquels étaient en pleine discussion. Je tapotais légèrement du pied sur le sol tout en levant les yeux au ciel. Mais quelle discussion ! « Bon euh les p'tits loups, c'est pas tout, mais avant de continuer cette discussion sur vos fesses, y'a juste moyen qu'on fasse quelque chose pour moi ? Trente secondes, ça suffira, ensuite, je vous laisse papoter ! » Non pas que vous m'embêter, loin de là, mais je n'avais pas comme projet de passer ma nuit dans cet hôpital à les entendre papoter comme s'ils étaient amants.