Mooorning sunshine !!!

Pas trop mal au crâne, hein ? C'est donc une fêtarde. Une fêtarde qui prend un air de sainte nitouche, voilà qui est plutôt amusant.

- Non, merci, un expresso me suffira.

Rien de tel qu'un bon café, suivi d'un thé puis d'un autre café et enfin d'un red bull, d'un deuxième, d'un deuxième thé et ainsi vient l'heure de l'apéritif et ça repart mais en plus fort : Guinness, vodka, whisky... Outch, il est encore trop tôt pour parler d'alcool, dans deux heures je pourrai envisager avec sérénité la soirée qui s'annonce (je ne vais sans doute pas passer mon samedi soir chez moi tout de même). Kerry me prend par le bras comme si elle ne voulait pas me laisser partir, je souris, je dois sans doute lui faire de l'effet, moi, ma tronche du matin et ma chemise imbibée de vodka. J'aime ses goûts.
Je l'emmène vers le café où Mario/Mariano m'avait promis la réduction en priant pour qu'il soit toujours de service. Je ne suis pas déçu. En quelques secondes, je le vois débarquer vers nous un grand sourire cynique sur le visage.

- Salut Mario, lui dis-je.
- Si je suis Mario, toi t'es Luigi !

Argh, il doit en fait répondre au nom de Mariano... Tant pis, il semble prendre ça bien et me tend la main.

- Alors les amoureux, vous avez passés une bonne nuit ? J'en doute pas, j'en doute pas ! Installez vous là, c'est la meilleure place et je me souviens de ma promesse, je les garde toujours Luigi ! Alors vous prendrez quoi, petit déjeuner français ? Anglais ? Américain ? Je vous déconseille l'américain, je le dis pas d'habitude mais notre cuisinier est plutôt mauvais lorsqu'il s'agit de faire de pancakes maaais il n'y a aucun de soucis sur les autres et ce sera quoi comme boissons ? Jus d'orange pressé, rien de tel après une telle nuit enfin... nuit... vu l'heure à laquelle vous vous êtes couché ! Ceeeeciii ne me regarde pas ! Quoi comme boisson chaude ?

Mario - Oui, je l'appellerai ainsi désormais (je suis certain qu'il deviendra un de mes grands amis ici à San Francisco) - a mis seulement quelques secondes pour nous dire tout ça, on aurait dit une pile électrique. Il parle avec les mains et un accent très sympathique, presque aussi drôle que l'autralien de ma jolie compagne du matin. Je regarde le serveur et me met à rire.

- Petit déjeuner anglais pour moi avec des œufs brouillés et du café beaucoup de café.

Je meurs de faim et il n'existe rien de mieux qu'un vrai petit déjeuner à l'irlandaise pour me redonner des forces après une nuit de débauche. Oeuf, haricot, saucisses, bacon, porridge, tomates. Je regarde ensuite le mannequin assis en face de moi en la priant de prendre ce qu'elle veut. M'en fout, j'ai plein de fric, Berkeley vient de m'envoyer mon salaire.

who are you ? don't tell me lies !!

Joe me répondit qu'il n'avait pas besoin d'aspirine, juste d'un expresso. C'était parfait, on allait partir directement. Si j'avais commencé à chercher, on serait encore là demain matin.  

« Alors, allons-y ! »

Sans même lui lâcher le bras, je l'embarquais avec moi dehors. Je le laissais m'emmener là où il voulait m'emmener manger. On arrivait chez un certain Mario... Je le saluais poliment. De là, il ouvrit la bouche et débita son discours sans reprendre son souffle. Eh bah, il était fort ! Sauf que en l'écoutant... Je haussais un sourcil. Alors lui aussi était dans le coup... En plus, ils nous avait appelé "les amoureux". Décidément, je ne l'aimais pas. Bon, ok, je tenais Joe par le bras, ce qui portait à confusion. Mais tout de même. Finalement, il nous demanda ce que nous voulions prendre. Joe commanda un petit déjeuner anglais. Beurk, des haricots dès le matin ! Non pas pour moi. Je regardais ce monsieur qui n'arrêtait pas de nous parler de cette nuit qu'on avait soi disant passée. Je lui répondis alors :

« Je voudrais un petit-déjeuner français. Avec des croissants, chauds si possible, des tartines avec de la confiture de fraise et un chocolat chaud, s'il vous plaît. Et si vous faites des éclairs au chocolat, ça serait parfait, vous feriez de moi l'une de vos clientes habituels. »

Et j'étais sérieuse ! Moi et les pâtisseries c'était une grande histoire d'amour. Bon, même si Joe m'avait gentiment invité et me laissait prendre ce que je voulais, je n'en abusais pas non plus. Et puis, j'étais sensée surveiller ma ligne mais ça ce n'était qu'en théorie ! Le dénommé Mario, prit donc notre commande. Et la princesse que j'étais embarqua alors Joe à une table un peu à l'écart. Je n'aimais pas que tout le monde puisse entendre mes conversations. Après m'être assisse face à lui, je lui demandais tranquillement.

« Tu l'as payé combien pour qu'il dise ça ? Je n'arrive pas à y croire une minute ! Je n'ai aucun souvenir de ce que j'ai fais la nuit dernière... Et pourquoi il nous appelle les amoureux... J'ai l'impression d'être dans un film... Le style Very Bad Trip. »

Me rappelant que dans ce film, après une bonne cuite chacun se réveillait en découvrant ce qu'il avait fait, je regardais immédiatement ma main gauche. Bon au moins, je ne m'étais pas mariée, c'était déjà ça. Si j'avais un nouveau tatouage, ça ne m'inquiétait pas. J'avais l'intention de m'en faire un nouveau. Non, c'était réellement frustrant. Pour une fois, je n'aurais pas pu avoir la brillante idée de filmer ma nuit. En plus, si notre nuit avait été aussi mouvementée que ça, ça aurait été plutôt bien que je m'en souvienne... Et que j'ai une vidéo souvenir... Soupirant, je l'observais à nouveau. Joe allait finir par croire que j'étais folle mais tant pis, au point où on en était. Non, son visage ne me disait absolument rien.

Mooorning sunshine !!!

Elle commande un petit déjeuner à la française avant de m’entraîner vers une table. Cette fille est plutot étrange, à sa place j'aurai sans doute viré le mec qui avait passé la nuit avec moi et aurait tout fait pour oublier ce mauvais souvenir. Oui, mais je ne suis pas une fille et quoiqu'on en dise, parfois, les filles sont pénibles. Elles sont dures à comprendre mais elles sont surtout étonnantes et j'en ai une preuve de plus là.
Mario s'en va avec sa commande et un large sourire, il commence à être âgé mais semble apprécié son métier et sa vie, le contact qu'il a avec les clients. D'un coté, je l'envie, il doit être heureux et ne pas prendre peur dés qu'il voit une voiture de flics quoique... J'en sais rien, peut-être qu'il s'agit d'une sorte de Marlon Brando dans Le Parrain... j'en sais rien. Kerry me parle de Very Bad Trip avec un air bien trop sérieux pour un tel sujet et regarde sa main. Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire.

- Pour être honnête, mes souvenirs ne sont pas tout à fait nets non plus mais je sais que nous ne sommes pas mariés.

Je souris et m'étire doucement au soleil.

- Je ne me souviens pas de cette nuit non plus mais par contre j'ai quelques souvenirs de la soirée. C'était très... sympa. On a pas trop parlé. Maintenant on peut. Tu viens d'Australie j'imagine ?

Je lui offre un grand sourire, presque trop grand, limite moqueur. En fait, j'aime beaucoup les Australiens, ils sont assez... déconnectés, toujours sympathiques et très souvent fêtards, comment ne pas adhérer ? De plus, on les reconnais à 10 kilomètres grâce à leur accent. Bien sûr, je peux difficilement me moquer vu le mien...

who are you ? don't tell me lies !!

Joe m'avait suivi comme un véritable amour. Finalement, j'appréciais bien sa compagnie, oui uniquement parce qu'il ne me contredisait que lorsque nous évoquions cette fameuse nuit. D'ailleurs, j'eus vraiment l'impression d'avoir vécu une expérience semblable à celle de Very Bad Trip. Je m'étais empressée de regarder si ma main gauche s'était retrouvée affublée d'une alliance. A mon soulagement, je vis que non.

« Je ne veux pas te vexer, mais je suis bien contente que nous ne soyons pas marier, le mariage n'est pas ma tasse de thé. »

Contrairement à beaucoup de jeunes femmes de mon âge, je me voyais mal en train de me marier. Certes, j'aurais aimé connaître un jour une véritable relation, avoir des enfants mais le mariage ? Merci mais non merci. Et puis pour l'instant, n'ayant pas de perspective de véritable relation, je préférais largement m'amuser de temps en temps. Même si habituellement, ce n'était pas mon genre d'enchaîner les coups d'un soir.

« Donc, nous nous sommes rencontrés là-bas... Il faudra que tu me donnes plus de détails. Oui, je suis effectivement Australienne mais seulement de nationalité. Je suis d'origine Jamaïcaine et... Je rêve ou tu te moque de moi, le british ?  »

Je lui avais demandais ça avec humour, malgré son immense sourire moqueur. Je levais les yeux au ciel avec un sourire amusé. On m'avait souvent reconnu à mon accent australien. Il était bien différent de celui des américains et encore plus de celui des anglais. Ils avaient l'air d'être coincés, leur bouche n'arrivait pas à s'ouvrir correctement. Je lui tirais finalement la langue d'un air taquin avant de finalement de continuer notre discussion.

« Alors, étant donné que je n'ai plus aucun souvenir de cette soirée, que fais-tu dans la vie ? En dehors de débarquée inopinément dans le lit de jeunes femmes innocentes »

Je pris un air faussement outrée. Je sentais la faim commencer à refaire des siennes dans mon petit ventre. Mannequin ou pas, j'avais besoin de me nourrir et il me fallait ces fameux croissants sinon, je risquais de défaillir !

Mooorning sunshine !!!

Quel foutu bon moment. Mes cours de philosophie m'auront au moins appris une chose : le carpe diem et ne pas attendre de se sentir mal pour se souvenir que l'on a été bien mais plutot profité au quotidien. Or en l’occurrence alors qu'avec un large un large sourire je me moque légèrement de de... camarade ?, que le soleil caresse ma nuque et que j'imagine ce que je vais me mettre à manger dans quelques minutes, je sens que le bonheur n'est pas loin. Elle se défend en se moquant de mon accent de prolo nord-irlandais... le kiff.
Bref, mon ventre grogne. Je n'ai jamais aussi faim qu'après une grosse cuite. Véridique et je suis certain que nous n'avons pas mangé en rentrant de boite : terrible erreur, me voilà au bord de l’inanition. Vite, il me faut m'occuper pour ne pas perdre connaissance. Ahem.

Je souffle "innocente" d'un air perplexe et hésite à dire "tu t'es vue quand t'as bu ?" mais évite avant de prononcer les mots. Hier soir, elle avait l'air de tout sauf d'une jeune fille innocente. Et c'est peut-être ce qui m'avait plu chez elle. Son envie de faire la fête aussi et surtout.

- Et bien... je suis doctorant en physique à Berkeley et j'y enseigne aussi jusqu'en master. J'aimerais sauvé le monde et aussi... peut-être devenir un astronaute.

Je lui souris juste assez pour qu'elle se demande si je dis la vérité ou non. A vrai dire, je ne sais pas moi-même si c'est la vérité. Bien sûr, j'ai postulé pour la NASA et j'espère trouvé une solution au problème de l'énergie mais je ne me prend jamais vraiment au sérieux non plus bien que je sois un génie. Littéralement. J'hésite à lui renvoyer la question alors que je connais déjà pertinemment la réponse.
Mario arrive avec les deux immenses assiettes sur un plateau, nos jus d'orange et nos boissons chaudes.

- Vooooilà pour Luigi et sa copine...
- Princesse Peach, répondis-je en riant. Merci beaucoup.

Mario hoche la tête en riant lui aussi à moitié avant de retourner à l'intérieur du café.

- Et donc toi tu fais des études de mannequinat c'est bien ça ? Rassure-moi... t'as quel âge ?

who are you ? don't tell me lies !!

J'avais immédiatement répliqué à sa remarque moqueuse. Disons que j'étais le genre de femme qui n'avait pas sa langue dans sa poche, même si parfois, cela me conduisait dans de drôle de situation. Enfin bref, Joe m'expliqua qu'il préparait son doctorat en physique, il était également prof pour les étudiants jusqu'en master et il voulait devenir astronaute et sauver le monde. Sans son petit sourire, j'aurais vraiment pût le croire. Après tout, chacun avait ses ambitions et sans ces personnes qui avaient pour ambition d'aller dans l'espace, jamais personne n'aurait poser son pied sur la lune. Mais son sourire me laissait croire qu'il se moquait peut-être de moi.

« T'en as pas marre de te moquer de moi ?, lui dis-je en souriant »

Finalement, le fameux Mario revint à notre table. D'ailleurs, je me demandais comment il s'appelait réellement. Enfin bon, il nous apporta nos petits déjeuner pendant que Joe me surnomma Princesse Peach. Je ne pûs retenir mon éclat de rire. En fait, je ne m'y attendais tellement pas mais, va pour Princesse Peach. Tant qu'il ne m'appelait pas Bowser, tout allait bien ! Je remerciais le chef. Finalement, il me plaisait bien, même si je le soupçonnais de me demander des nouvelles de Joe chaque fois qu'il me croiserait à présent. Pendant que Mario nous quittait, Luigi me demanda si je faisais effectivement du mannequinat et mon âge. Histoire de me venger un peu, je décidais de lui faire une petite blague.

« Oui, je suis bien étudiante en mannequinat. Tu sais que ce n'est pas très poli de demander l'âge d'une jeune femme... Mais bon, je vais te le dire. J'ai eu mes 18 ans le mois dernier, on dirait pas comme ça hein ? »

Je pris un air joyeux, celui que l'on prend lorsqu'on a fait une excellente surprise à quelqu'un. Puis l'air de rien, j'attrapais une de mes tartines et en pris une bouffée. Je me retins de pousser un gémissement de bonheur. J'avais si faim que d'avaler enfin quelque chose me faisait un bien fou. Je m'apprêtais à mordre une nouvelle fois dans mon pain mais en voyant la tête que faisait Joe, je ris de bon coeur avant d'abréger ses souffrances :

« Eh, ne fais pas cette tête, je plaisante, j'ai 23 ans, enfin je les aurais en octobre. »

Tandis qu'il reprenait des couleurs, je souriais encore, satisfaite de mon coup. Je terminai ma tartine avec un sourire. Je pris ma tasse et en remuais le contenu lentement.

Mooorning sunshine !!!

18 ans ? Je la regarde incrédule. Je ne veux surtout pas te vexer ma chère mais tu fais légèrement plus mature. Ma première pensée est tout de même "ouf, c'est légal... elle aurait pu avoir 17 ans après tout" ce qui n'est pas totalement faux. Rapidement cependant, je vois un sourire d'abord discret puis de plus en plus large se dessiner sur son visage. Elle se fiche de moi, ok, je l'ai peut-être mérité avec mes propos plus douteux les uns que les autres.
Je hoche donc la tête lorsqu'elle me dit qu'elle va vers ses 23 ans, ce qui nous fait tout juste quatre ans d'écart, l'écart parfait autrement dit. Je lui souris et commence mon repas en croquant dans mon toast, mes haricots à la sauce tomates. Huuum, j'en salivais, voilà un vrai repas, bon, salé... Oui, je suis une chèvre, jamais sans sel. Et le meilleur arrive lorsque j'entend le bacon craquer. Y a t'il quoique ce soit de meilleur au monde ? Soit... peut-être l'adrénaline et le sexe mais c'est différent. Ne comparons pas les torchons et les serviettes.

- Et pourquoi tu as choisi de venir à San Francisco ?

J'étais légèrement curieux : alors que la plupart des Américains et Européens rêvaient d'aller passer une ou plusieurs années en Australie, quelques personnes agissaient à contre-courant et quittait l'hémisphère Sud pour découvrir le vieux continent et les Etats Unis. Plutôt original. Enfin... ici aussi on peut surfer, c'est vrai.
J'attrape ma tasse et bois un peu de café. Tout de suite tout va mieux. C'est une belle journée qui commence, d'ailleurs quelle heure est-il ?

who are you ? don't tell me lies !!

J'avais eu ma petite revanche avec ma petite blague sur mon âge. Il l'avait bien mérité, il faisait que de m'embêter avec ses sourires en coin qui me faisaient douter de ses dires. Après avoir touillé un peu mon chocolat, je le buvais un peu. Je savourais le goût du liquide chocolaté qui s'écoulait dans ma gorge. Ca me faisait un bien fou. Joe me demandait pourquoi j'étais venue à San Francisco.

« En fait, j'ai longtemps hésité à venir à San Francisco mais mon père m'a convaincu que ce serait sûrement une bonne opportunité pour moi de venir ici... Et puis, j'aurais sûrement plus de chances d'avoir une carrière sur le sol américain. »

Je me rappelais alors que néanmoins, la séparation avec ma famille et mon pays natal était bien plus difficile que je ne l'aurais cru. Aujourd'hui encore, Melbourne me manquait parfois. Ses grandes rues, la bonne humeur de ses habitants, les fêtes sur les plages ou chez mes amis. J'aimais cette ville. Je savais que j'y retournerais un jour mais j'avais cette impression que ce serait assez loin...

« Dis moi, tu viens d'où exactement ? »

Je voulais en savoir un peu plus sur Joe, après tout, nous étions deux immigrants venant chacun d'un bout de la planète. Je reprenais une tartine tout en écoutant la réponse de Joe. Plus je le regardais, plus je me disais que peut-être il ne m'avait pas menti... Mais ça je n'en avais pas de preuves. Bon, d'accord le fameux Mario nous avait peut-être bien vu monter chez moi... Mais là encore, c'était peut être un canular. Mais dans quel but, ça je n'en savais rien. N'empêche que si c'était vrai, j'aurais bien aimé me rappeler cette nuit, ne serait-ce que pour pouvoir recommencer sans avoir l'impression que c'était la première fois !

Mooorning sunshine !!!

Venir aux Etats Unis pour réussir et faire carrière ou encore le How to make it in America. Well, well, c'était un peu pareil pour moi en quelque sorte. Venir ici pour faire carrière pas dans le mannequinat mais dans la recherche en physique? Je dois bien avouer ne rien y connaitre en mannequin mais celle en face de moi, je l'apprécie. Je regarde les aliments de mon assiette disparaître sans avoir l'impression d'en ingurgité autant. Je suis un estomac sur patte j'imagine. Ou simplement un homme.

- Je viens de Belfast, c'est en Irlande du Nord mais j'ai déjà passé huit ans aux Etats Unis, à New York... ça m'a permis d'atténuer mon accent. Tu n'aurais sans doute pas réussi à comprendre mon accent à mon arrivée en Amérique.

Je souris largement. Quand je pense que je me trimbale toujours ce fichu accent après huit années passées ici, j'imagine que je ne m'en débarrasserai jamais. A vrai dire, il m'arrive de brandir mes origines avec fierté et d'insister sur mes origines européennes alors que je n'ai pas mis un doigt de pied en Irlande depuis mes dix-huit ans. Mon assiette est presque finie, j'ai mangé bien trop vite. Je lève la main et fait un signe à Mario pour qu'il vienne me servir une nouvelle tasse de café.

- On est où dans San Francisco au fait là ?

J'espère que je n'avais pas pris de voiture hier ni volée, ni empruntée car je serai incapable de la retrouver. Non, nous avions du marcher ou prendre un taxi. Sans doute marcher sinon je n'aurais sans doute pas raccompagner cette demoiselle jusqu'à son appartement.