who are you ? don't tell me lies !!

Je souriais en écoutant Joe m'expliquer qu'il avait perdu, en parti, son accent. Souvent, on me disait que l'accent australien et américain se ressemblaient assez contrairement à l'accent british. Je terminai mes tartines avec une délectation qui devait se lire sur mon visage. J'aimais manger, je ne m'en étais jamais privée. Pas même pour un régime. Oh non ! Je pensais qu'avec un peu de sport, je pouvais éliminer tous les kilos superflus et jusqu'à présent, ma théorie fonctionnait plutôt bien.

« Oh, tu été à New-York ? C'est comment là-bas ? J'ai toujours voulu y aller mais j'hésite encore.  »

Mes tartines engouffrées dans mon ventre, j'attaquais la partie la plus délicieuse de mon petit-déjeuner : les croissants. Que ce Mario soit béni, mes croissants étaient chauds. Je souriais comme une enfant en voyant que mes désirs avaient été satisfaits. Je croquais dedans tandis que Joe me demandait où étions-nous. J'étais tentée de lui répondre que je n'en avais aucune idée. Quand je mange, ce qui m'entoure n'a aucune importance. Mais je me doutais que Joe risquait de s'inquiéter de ma santé mentale. J'avais ma bouchée avant de lui répondre :

« Nous sommes dans Eastern... A ton avis... comment sommes-nous rentrés ? C'est d'ailleurs un iracle que je me sois rappelée où j'habite. »

Je riais un peu de cette situation. Je nous imaginais en train de marcher, ivres. J'étais même sûre que je devais être en train de chanter à tue-tête sans même me demander si l'on me voyait ou l'on m'entendait.

Mooorning sunshine !!!

Eastern San Francisco ? Quelle bonne surprise ! Je regarde autour de moi en cherchant désespérément des points de repères, je ne dois pas habiter bien loin. Au maximum un kilomètre j'imagine. Je dois connaitre cet endroit.

- Je ne sais pas du tout comment nous sommes rentrés... sans doute à pied. La boîte où nous étions n'était pas très loin puisqu'elle n'était pas très loin de chez moi. Je souris avant d'ajouter, J'habite aussi dans Eastern.

Voilà une bonne nouvelle. Je vais pouvoir rentrer chez moi à pied. Je déteste les transports en commun et j'imagine avoir bien trop dépensé hier. Si je peux m'économiser une course, je prend toujours. Il va juste falloir que je demande à Mario où est ma rue par rapport à ici et je pourrais aller corriger mes copies et bosser ma thèse avant de me remettre à sortir. Ce n'est pas de tout repos d'être professeur à Berkeley mine de rien. J'ai à présent fini mon assiette et bois tranquillement mon troisième café entre deux gorgée de jus d'orange fraîchement pressé. Paradis.

- Pour revenir à New York, c'est une ville magnifique. Ca bouge. On peut tout y faire. Bien sûr je n'habitais pas à Manhattan mais j'allais à NYU tous les jours donc j'y passais une bonne partie de mon temps et il y a des communautés de chaque pays donc... par exemple, j'étais dans un quartier très irlandais et je ne me suis jamais sentis aussi irlandais qu'à cette époque. C'est vraiment une ville où il faut avoir vécu je pense.

Je regarde au loin, presque avec nostalgie. C'était aussi des années de galère où je ne dormais jamais plus de quatre heures par nuit entre les cours et ce que je devais faire pour la mafia irlandaise mais la mémoire humaine a ça de bon de ne retenir que les meilleurs souvenirs et de supprimer le reste. Ma vie à New York m'avait aussi envoyer en prison (ce sont d'ailleurs les mois où j'ai le plus dormi et réfléchis à mon existence... c'est beau de philosopher en prison, c'est le seul moyen de ne pas tourner psychopathe aussi). Du coin de l'oeil, je vois une boulangerie aux couleurs... assez originales : rose, vert et violet. Je suis déjà venu ici, c'est à 300 mètres de chez moi environ. Et bien ma chère Kerry, nous sommes presque voisins.

who are you ? don't tell me lies !!

Avec un sourire, je l'écoutais. Alors comme ça, Joe habitait dans le coin, quelle agréable surprise. La première idée qui me vint à l'esprit était que je pourrais toujours le croiser dans la rue, un jour. Mais étant donné qu'il était prof à Berkeley, il était peut-être possible que je le vois dans l'université.

« Alors comme ça, tu habite dans le coin... C'est très intéressant...  »

Je devais avouer qu'après l'avoir vu nu dans mon lit, j'aurais bien aimé avoir de réels souvenir avec lui dans mon lit ou dans le sien, c'était au choix. Il avait éveillé ma curiosité et j'aurais aimé pouvoir l'assouvir. Je terminais mes croissants, heureuse d'avoir eu droit à un petit-déjeuner digne de ce nom. Je m'attaquais ensuite à mon éclair au chocolat. Il était si bien fait... Si j'avais été toute seule, je l'aurais certainement pris en photo et mis sur instagram... J'étais une adepte de toutes ces applications. Mais je m'abstins de le faire, me contant de croquer dedans. J'écoutais tout de même Joe me parlait de New-York, il me faisait vraiment envie...

« Tu me donne vraiment envie d'y aller, j'ai peut-être la prochaine destination de mes vacances. Moi, en dehors de Melbourne, je n'ai pas vraiment voyagé. »

Je voyais le regard de Joe qui semblait être très loin, comme perdu dans ses pensées. Je me demandais ce qu'il avait bien pu vivre là bas... Ca devait être réellement passionnant. Je terminai mon éclair au chocolat, et me reportais à ma tasse. Je retirai la cuillère et portai la tasse à mes lèvres. Je bus une gorgée. La savourant avec délectation, j'en repris à nouveau et reposais ma tasse. Si tous mes lendemains de fêtes pouvaient se passer ainsi, c'est sûr, j'aurais redoublé d'efforts pour m'amuser !

Mooorning sunshine !!!

Je reprend une longue gorgée de café. C'est un café long mais au moins on peut en boire des litres et il a assez de gout pour que je le trouve bon. C'est un miracle, je ne suis pas un gars difficile en générale. Sauf pour la bière, le whisky et le café. La bière doit être bonne, à bonne température, si possible irlandaise. Le whisky doit être un single malt si possible écossais et le café... je l'aime fort. Sinon, je mange et bois de tout.

- C'est déjà pas mal, tu as traversé le plus grand océan du monde pour étudier... c'est déjà fantastique. Je ne suis jamais allé dans l'hémisphère Sud. Si tu veux aller à New York, dis le moi, je te donnerai les adresses de quelques endroits fantastiques qui ne sont pas dans les guides.

Je souris légèrement et me revoilà à draguer alors que je me suis réveillé il n'y a même pas une heure. On ne peut pas s'en empêcher surtout face à une fille aussi jolie. Je m'avance sur la table pour me rapprocher d'elle et reprend.

- Tiens, tu vois par là, la boulangerie... j'habite à environ 286 mètres de cette boulangerie à... 50 mètres près.

Je la regarde d'un regard qui veut tout dire mais je me redresse rapidement : mon portable vient de vibrer. Il est déjà midi d'après ce vieux nokia et... Jeremy, un de mes élèves, a essayé de me contacter à plusieurs reprises. Et bien je sens que l'on va devoir abréger ce petit déjeuner.

who are you ? don't tell me lies !!

Joe me proposa de me donner de bonnes adresses si jamais je comptais partir quelques temps à New-York. Avec un sourire aguicheur, j'approuvais de la tête. Je pris à nouveau ma tasse et la portai à mes lèvres. J'en terminai le contenu puis reposai la tasse avec une élégance qui m'était propre. Je vie Joe qui se rapprochait de moi afin de m'indiquer comment aller chez lui...

« Je vais retenir ce trajet... Qui sait, peut-être qu'un jour, c'est toi qui me retrouvera nue dans ton lit sans comprendre pourquoi...  »

Je souriais, un peu plus sensuelle qu'avant. Collectionner les aventures d'une nuit n'était pas mon but mais je n'étais pas pour autant une jeune femme innocente qui marchait droit. Non comme tout le monde, il m'arrivait d'avoir des aventures qui ne duraient que le temps d'une nuit. Eh oui, j'avais des envies sexuelles comme tous les humains. D'ailleurs dans son regard, je vis que l'on avait la même idée. J'eus un nouveau sourire... Mais je le vis se redresser et prendre son téléphone. Mon besoin de coca cola se fit ressentir. Si j'avais une drogue dont je n'arrivais pas à me défaire, c'était bien ça...

« Et là c'est le moment où tu vas m'abandonner, pas vrai ? lui dis-je en faisant une moue triste. »

Bien sûr, je le taquinais. Je pensais moi-même à ce que je pourrais faire. Je n'avais pas encore d'idée, mais me connaissant, j'allais sûrement trouvé. J'aurais dû penser à mes devoirs, l'université... Mais ça ne m'effleurait pas le moins du monde. Je n'avais pas envie de déprimer maintenant.

Mooorning sunshine !!!

Le regard et le sourire aguicheur de la future mannequin voulait tout dire mais comme pour me persuader qu'elle est prête à me revoir, elle l'explicite clairement. Et bien ma chère, je ne serai sans doute pas aussi troublé que toi au réveil si tu apparait nue dans mon lit. Je serais sans aucun doute ravi, surpris mais j'en profiterais et ne te jetterais pas d'oreiller à la tête. Je lui répond donc par un simple sourire avant de découvrir le magnifique roman que Jérémy m'a envoyé. Croit-il honnêtement que je vais répondre à un problème de chimie par sms comme ça alors que je me remet à peine d'une grosse cuite. Hein hein, il a de l'humour le petit.

- Je le crains oui... Je vais devoir aller secourir des élèves. Ils ont bien trop de chance de m'avoir comme prof.

Je souris largement. Oui, sauf que n'importe quel autre prof de n'importe quelle autre université ne leur aurait pas donner un tel devoir, un devoir qui est déjà très dur à finir pour les élèves de l'année supérieure. Donc, oui, quelque part, je cherche les emmerdes et après je me demande pourquoi peu d'élèves choisissent les sciences et pourquoi ils me demandent toujours de l'aide... Logique.
Je lève la main en direction de Mario et lui fait signe de me donner la note en me demandant comment je vais aller à la bibliothèque de la fac, vélo ? Voiture du voisin ? Tram ? Je pourrais demander à Jérémy et son binôme de venir chez moi au moins il y aura du café et des jeux vidéos... J'hésite, c'est un peu trop poussé mais d'un coté c'est eux qui me demandent de l'aide le samedi matin : ils abusent.
Je regarde un instant Kerry, en me disant que mes élèves sont souvent plus vieux qu'elle. Il faut le dire, ils ont souvent presque mon âge ce qui complique un peu les choses parfois mais je suis censé garder mes distances. Avec mes élèves. Pas les autres étudiants.

- Je... vais te demander ton numéro de portable... On sait jamais si tu sors et que tu as du mal à rentrer ou je ne sais quoi... D'ailleurs, je vais peut-être sortir ce soir, je ne sais pas si ce sera posé ou quoi mais bon, c'est samedi !

Et je suis comme John Travolta... Saturday niiiight fever quoi ! Ou presque. Mario débarque et me tend l'addition que je préfère ne pas regarder et je lui tend ma carte bleue.

who are you ? don't tell me lies !!

Bien souvent, on me reprochait d'être beaucoup trop direct. Selon, moi, c'était une excellente chose car ainsi personne ne pouvait se plaindre que j'étais hypocrite. J'étais comme ça, c'était à prendre ou à laisser. Alors comme à mon habitude, j'avais dis ce que je pensais, quitte à paraître trop crue dans mes propos. Mais au moins, le message était bien passé.

« Oh ça oui, ils ont beaucoup de chance... »

Je l'avais murmuré pour moi mais assez fort pour qu'il l'entende. Je ne cessais de lui lancer des regards aguicheurs. Maintenant que j'avais toute ma tête et que j'étais sûre de me rappeler des évènements en me réveillant le lendemain, je n'hésitais pas à le draguer ouvertement. Oui quand Keri veut quelque chose, elle se démerde toujours pour l'avoir. Et puis, d'après ce que je voyais, Joe n'avait pas l'air contre... Bien au contraire, il me laissa son numéro pour que je puisse le joindre... Quelque chose me dit que nous allions sûrement nous revoir. Et cette fois-ci, j'allais faire en sorte de ne pas être complètement ivre.

« Moi, c'est sûr, je sortirais faire encore la fête... »

On aurait pût croire que j'avais eu mon compte mais pas du tout, j'étais prête à recommencer. Bon, j'allais peut-être y aller doucement sur l'alcool mais je n'allais pas me gêner pour autant. Je pris le numéro de Joe, qui sait peut-être que cette nuit encore j'allais le voir ou peut-être avoir besoin de quelqu'un pour me raccompagner chez moi...

Mooorning sunshine !!!

Kerry me drague carrément à présent. C'est plutôt plaisant et je dois dire qu'elle n'est pas seule dans l'affaire et que j'y mets du mien aussi mais une nouvelle journée a commencé et même si retourner dans son appartement ne me déplairait pas, il faut savoir se montrer raisonnable. Je me bafferais intérieurement, 26 ans et déjà des remarques de vieux... Mais c'est vrai, mes gentils petits élèves doivent être en gros stress en se demandant s'ils vont devoir passer tout leur week end sur les fichus exercices que je leur ai donné. Je prend le numéro de téléphone de Kerry et la fait aussitôt sonné, comme ça... si on ne se revoit pas ce sera de notre faute à tous les deux. Aucune raison de blâmer l'autre.

- Je te fais sonner... Et je dois vraiment y aller. Passe une bonne journée.

Je pose rapidement ma main sur son avant-bras avant de me lever et de me diriger à grand pas vers la boulangerie qui fait mal aux yeux, le téléphone sur l'oreille "Ouais ! Jérémy ? Ecoute... je peux pas être tout de suite à Berkeley alors le mieux c'est que je rentre chez moi et que vous veniez chez moi, je commande une pizza et on se met à bosser... Oui oui... non t'inquiète on en a pas pour l'après-midi. C'est assez simple si on prend l'exercice par le bon bout... C'est ça ! Bon t'as de quoi noté l'adresse ?..."