∞Throughout life you will meet one person who is unlike any other. This person is one you could forever talk to. They understand you in a way that no one else does or even could. This person is your soul mate, your best friend. Don’t ever let them go, for they’re your guardian angel sent from heaven  above.©WILD HEART.

Les vacances étaient peut-être commencées, mais je n'étais pas pour autant exempté de mes pratiques de soccer. En général, elles auraient recommencées vers le début du mois d'août pour permettre à l'équipe de retourner passer quelques semaines dans leurs familles, mais puisque nous avions récemment appris que nous étions tous coincés sur le campus jusqu'à la rentrée... notre capitaine avait réuni tout le monde pour nous entretenir à ce sujet. J'avais été l'un des premiers à trouver que c'était une bonne idée. J'étais tellement habitué de voyager tout l'été que si je restais les bras croisée à Berkeley, j'allais me tirer une balle en pleine tête avant septembre, c'était certain. J'étais probablement le mec le plus paresseux de la terre lorsque venait le moment d'étudier ou de faire des travaux scolaires, mais pour le reste, j'étais un peu hyperactif sur les bords. J'avais été chanceux que mes parents m'aient laissés faire à peu près ce que je voulais depuis l'enfance, parce que s'ils avaient été un peu plus stricts, on m'aurait shooté aux calmants jusqu'à l'âge adulte. Je n'étais plus aussi petit singe qu'avant, mais je détestais ne rien avoir de prévu et me rouler sur le tapis toute la journée parce que personne ne voulait sortir. Si nous avions des pratiques régulièrement, j'étais certain de m'entraîner assez et d'avoir un planning plus chargé. Deux pierres d'un coup, comme on dit.

Nous nous étions réunis à neuf heures du matin sur le terrain. J'avais un sacré mal de tête, parce que qui disait restriction de quitter le campus disait aussi innombrables fêtes illicites un peu partout dans l'université pour tenir le coup. J'étais de chacune d'elles ou presque et évidemment, quitter avant trois heures du matin était quasiment une insulte pour quiconque les organisaient, si bien que je devais avoir dormi trois heures - et j'étais généreux - lorsque je me retrouvai sur l'herbe verte synthétique du stade. Pratiquement tous mes coéquipiers étaient présents lorsque je me pointai, ce qui me fit naturellement me demander si j'étais en retard. Ah, effectivement. En jetant un coup d'oeil à ma montre, je constatai que j'avais environ cinq minutes de retard. Le capitaine n'était pas là, toutefois, ça passerait sans doute inaperçu. « Hey, Jay! T'as entendu les bruits qui courent? » Je haussai les épaules en arrivant à leur hauteur, mes souliers à crampons jouant distraitement dans l'herbe. Le goût des êtres humains pour les ragots m'avait toujours fait bien marrer. Je ne comprenais pas l'engouement pour une pratique aussi malsaine et dégueulasse, pour avoir été moi-même la cible de rumeurs débiles du temps du lycée. Je m'en tapais, mais quoi qu'on en dise, ce fléau se répandait comme la peste et vous suivait même après avoir quitté l'établissement. J'étais chanceux d'avoir la réputation de ma famille derrière moi, ainsi personne n'osait vraiment me confronter directement, mais c'était impossible de ne pas savoir ce qui se disait derrière notre dos. À Berkeley, le nom Morello ne sonnait aucune cloche chez les étudiants, et c'était beaucoup mieux ainsi.

« Tu sais bien que non. Vide ton sac, t'as l'air d'en crever d'envie... », soupirai-je en commençant à passer le ballon entre mes pieds par ennui. Il n'y avait rien au monde qui m'emmerdait plus que les rumeurs. « C'est le copain de ta nana, tu sais, la blonde? » Celui-là cherchait sérieusement à se faire décrocher la mâchoire. « Qu'est-ce que t'as à dire sur Tessa? » Je savais ce qu'on disait au sujet de Tessa et moi. Même si elle avait un petit-ami, tout le monde avait toujours vu notre relation d'un mauvais oeil. Il faut dire que nous n'avions pas les personnalités les plus irréprochables et que j'avais la sale réputation de passer toutes les filles de Berkeley dans mon lit, mais ça nous faisait bien rigoler d'entendre tout ce qu'on racontait sur nous. Surtout parce que Tessa avait beau être mon double féminin, je n'aurais jamais posé une patte sur elle. Ma réplique sembla refroidir mon coéquipier, qui se racla la gorge avant de continuer, un peu moins enthousiaste que précédemment. « Le pauvre type va être papa à ce qu'il paraît. » Sur le coup de la surprise, je faillis m'étouffer avec ma propre salive. Si cet idiot disait vrai - ce dont je doutais, mais l'énormité de la chose me surprenait tout même - alors Tessa... « Accouche parce que je suis sur le point de perdre patience. » Il détourna les yeux dès qu'il croisa mon regard. J'étais vraiment un mec cool, mais lorsque mon côté sombre Morello remontait à la surface, nul besoin d'une grande perspicacité pour savoir qu'il valait mieux faire attention. J'entendais déjà mon coeur battre dans ma tête tellement ma migraine s'intensifiait, il avait vraiment mal choisi sa journée pour cibler ma meilleure amie. « Ouais ben le truc c'est que ta nana serait pas la mère... mais c'est sûrement des conneries, désolé. » Les poings serrés, j'ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais le capitaine me coupa dans mon élan. Il avait été retenu par notre coach, qui suivait à quelques mètres derrière.

J'étais au courant des rumeurs qui circulaient à propos du petit-ami de Tessa depuis environ deux jours, mais j'ignore pourquoi, je n'étais jamais parvenu à la croiser où que ce soit. On s'envoyait des textos pratiquement tout le temps, mais je n'avais pas vraiment envie de lui lancer des questions concernant un sujet aussi sensible par le biais d'un cellulaire. En général, ça m'aurait arrangé, mais il s'agissait de Tessa, ce n'était pas pareil. Mon seuil de compassion était faible, mais elle faisait exception à la règle. L'opportunité survint ce soir-là, alors qu'elle était apparemment dans sa chambre à ne rien faire et que je n'étais retenu par aucun pote. Ça faisait un sacré bail que nous n'avions rien fait tous les deux seuls. Dans l'ensemble, on avait les mêmes cours, mais l'année était maintenant terminée et de toute façon, chuchoter derrière un bouquin parce qu'il ne faut pas que le prof nous attrape, ça ne permet pas beaucoup de profondeur dans les conversations. Vêtu de ce que j'appelais "pas-besoin-de-me-forcer-parce-que-ma-meilleure-amie-s'en-fout", qui consistait en un jogging ample et confortable et un hoodie encore plus moelleux aux couleurs de Berkeley, je me présentai devant la porte de sa chambre et frappai quelques coups. En fait, vu le nombre ridicule de coups, elle saurait tout de suite que c'était moi. Personne ne perdrait autant de temps à la rendre folle avant même qu'elle ait ouvert la porte. Lorsque sa tête apparu par l'embrasure, j'entrai immédiatement. Pas besoin de banalités comme un "puis-je entrer" ou "est-ce que t'es occupée", on avait passé ce stade depuis longtemps déjà. En tout cas, je ne m'embarrassais jamais de tels protocoles. « Est-ce qu'il faut que je lui règle son compte? », demandai-je en m'affalant sur son lit comme si j'étais chez-moi. J'avais parlé d'un ton très monotone, comme si je lui demandais comment ça allait, mais je voulais savoir d'abord et avant tout si j'avais un Matthias à décapiter, question de bien planifier le reste de ma soirée. Je ne me fiais pas aux rumeurs, seulement à mon amie, mais si ça s'avérait vrai... l'enfer allait lui tomber sur la tête, à ce type.