J’étais censée passer mon après-midi à l’hôpital, y apprendre de nouvelles choses avec Noah comme je le faisais à mon habitude. J’y avais été, devant la porte principale du bâtiment, ayant fixée cette dernière pendant de longues minutes avant de faire demi-tour et de retour à l’université, le cœur battant la chamade avec cette impression que j’allais vomir d’un instant à l’autre tous les organes dont mon corps était composé. En silence, j’étais retournée jusqu’à ma chambre. Par chance, j’y étais seule, ma colocataire devait sans aucun doute avoir cours à l’heure actuelle et je devais avouer que cela n’était pas pour me déplaire. Non pas que je la détestais, loin de là, j’avais juste besoin d’être seule à cet instant, réfléchir à ce qui m’avait conduit, pour la première fois, à ne pas retrouver le médecin avec lequel j’étudiais. Sur le coup, j’avais été prise de panique. Je ne savais pas quelle serait sa réaction à mon égard, surtout suite à notre dernière rencontre. Réfugiée sur mon lit, allongée sur le ventre, la mine bien triste, je poussais un long soupir, retenant quelques larmes. Noah comptait énormément à mes yeux et ce depuis que j’avais commencé à travailler avec ce dernier. Au fond il était devenu plus qu’un collègue, un véritable ami bien que nous ne discutions guère de choses trop personnels mais notre relation avait évolué avec le temps, il n’y avait doute là-dessus. Mais voilà, en une soirée elle avait prit un sacré tournant et j’avais sans aucun doute fait la pire des erreurs possible. A ce stade, je ne crois pas qu’un jour les choses iront mieux entre nous, il me fallait un miracle plus qu’autre chose. Pas un seul jour ne s’écoulait sans que je ne pense à cette fameuse nuit, ce soir où Socrate était venu me planter ses griffes dans ma peau, me réveillant au passage. Ce soir où l’orage avait été violent et m’avait empêché de dormir. Ce soir où je m’étais faufilé dans sa chambre. Ce soir où je m’étais offerte à lui. Et il me manquait terriblement.

A cet instant, j’aurais tout donné pour savoir ce qu’il pensait, s’il tenait à me revoir, mais ne m’aurait-il pas contacté après tout ? Il avait mon numéro, un coup de téléphone pour prendre des nouvelles aurait montré qu’il ne m’en voulait pas pour cette nuit. Puis j’avais cette peur que l’information lui échappe, que notre nuit irait jusqu’aux oreilles d’un autre pour finir sa course jusqu’à celle d’un professeur qui lui-même ira voir le doyen qui finira par m’expulser d’ici. Je fermais les yeux, chassant ces idées noires de ma tête tant bien que mal et je me redressais de mon long, jetant un coup d’œil sur mon portable qui avait sonné un instant plus tôt. « Prends ton maillot de bain et rejoins-moi à la piscine, on va s’amuser un peu ! » Un mince sourire se dessina sur mes lèvres alors que je me levais finalement, cherchant le plus beau bikini que j’avais dans mon armoire. L’enfilant rapidement sous mes vêtements actuels, je jetais rapidement une serviette dans un sac et quittais la chambre, direction donc la piscine universitaire afin d’y retrouver celle qui était ma colocataire actuelle, Abigail. Au vestiaire, je retirais rapidement mes vêtements, attachant en deux temps trois mouvements mes cheveux en queue de cheval avant de prendre la direction des bassins. Après tout, si Abi’ ne se trouvait pas dans les vestiaires, elle était peut-être déjà en train de nager. Et je finis par la repérer, faisant quelques longueurs. M’approchant donc du bord du bassin, je finis pas crier à son attention. « ABI ! Je suis là ! » Furtivement, je lui adressais un signe de la main avant de m’asseoir sur le bord du bassin, plongeant mes jambes dans l’eau tiède, attendant la venue de mon amie qui nageait en ma direction. Que me réservait-elle ? Un peu de natation synchronisée ? Je savais que c’était sa passion mais je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de la voir en œuvre contrairement à cette dernière qui avait récemment assisté à l’un de mes entraînements de cheerleading.

Caroline avait laissé un grand vide dés lors qu’elle avait rejoint la confrérie des Beta, sa maladie étant bien trop présente pour qu’elle continue à fréquenter les Iota ainsi que l’équipe de cheerleading. Malgré tout, la jeune femme restait ma meilleure amie et nous nous voyons encore fréquemment mais je ne pouvais cacher le fait que les choses avaient changé, que ces dernières ne seront sans doute plus jamais pareil et que je devrais me faire à l’idée que plus jamais nous ne pourrions partager la même chambre de confrérie. J’avais passé quelques nuits seule, à remuer le couteau dans la plaie bien évidemment et j’en avais oublié de me concentrer sur mes problèmes de mémoire, ouvrir mon album photo une énième fois afin de retrouver les souvenirs qui avaient disparu suite à mon accident d’il y a quelques mois. Caroline m’avait aidé un peu tous les jours, petit à petit, du mieux qu’elle le pouvait et à l’heure actuelle, j’avais retrouvé quelques arrière-goûts de ma vie qui précédait cet incident. Rien de bien concret bien évidemment mais je voyais s’assembler les premières pièces du puzzle et pour ma part, cela était semblable à une première victoire. Plus que de réussir mes études et briller dans le domaine du cheerleading, ma recherche sans fin des souvenirs disparus était un véritable combat quotidien et j’étais plus que reconnaissante envers les nombreuses personnes qui m’aidaient à peu près tous les jours. Chacun d’entre eux m’aidait à sa manière et j’admirais leurs mains tendues en ma direction qui me laissait à croire que je pouvais être plus qu’heureuse d’avoir des amis comme eux, au moins je savais qu’ils seraient toujours présents pour moi si j’avais besoin d’une quelconque aide. Malgré tout, je n’aimais pas profiter de leur bienveillance, je n’étais après tout pas ce genre de personne qui s’appuyait systématiquement sur le dos des autres, je préférais bien mieux me débrouiller à l’aide de mes propres moyens, mais il fallait avouer que la reconstitution de ma mémoire devait passer par la faveur de certaines personnes. Pour l’instant, ma préoccupation n’était pas à me concentrer sur ma mémoire, je n’arrivais à rien faire d’autre que de broyer du noir en pensant à Noah, à tel point que j’étais en train de me rendre malade pour ce dernier. Mon accident m’avait à la fois endurci, mais m’avait également rendu bien plus sensible que je ne l’avais pensé, de ce fait qu’un rien pouvait parfois me mettre hors de moi, ce qui était bel et bien en train de se passer à l’heure actuelle. Heureusement pour moi, Abigail venait de me sortir de cet enfer que j’étais en train de me faire subir et c’est bien sur avec un certain plaisir que je pris la direction de la piscine afin de retrouver cette dernière.

Le fait qu’Abi’ soit devenue ma nouvelle colocataire m’avait fait chaud au cœur, certes elle ne pouvait pas entièrement comblée le vide que Caroline avait laissé suite à son départ mais j’appréciais de plus en plus sa présence à mes côtés et cela m’avait permis de faire la connaissance d’une jeune femme extraordinaire. Plusieurs points communs avaient rendu notre cohabitation plus qu’agréable et j’avais eu de la chance de ne pas tomber sur quelqu’un qui était à l’opposé de celle que j’étais. Avec la jeune femme, nous passions la plupart de nos soirées ensemble, que se soit dans notre propre chambre à discuter jusqu’au bout de la nuit ou à s’amuser au cours de diverses soirées à San Francisco, nous avions beaucoup appris l’une de l’autre et je savais que nous avions encore tant à apprendre. Comme la natation synchronisée, l’une des passions de la jeune femme. La brunette m’avait tellement parlé de ce sport que je m’y étais récemment intéressée en prenant connaissance de certains points concernant cette discipline. Après tout, Abigail avait fait des efforts en m’écoutant parler de cheerleading et en ayant assisté à un entraînement, la meilleure des choses à faire était donc de m’intéresser à mon tour à ce qui la passionnait. Quoi qu’il en soit, je n’avais pas fait cela par obligation, mais plutôt par intérêt car au final cela m’avait permit de me rendre compte que la natation synchronisée était une discipline que j’aurais très bien pu pratiquer en vu de mon amour pour la danse. C’est avec un sourire scotchée sur mes lèvres que j’observais la jeune femme nager en ma direction, me rejoignant ainsi donc au bord de la piscine. « Oh ça va très bien, merci, et toi alors ? Tu nages dans le bonheur ? », plaisantais-je alors. Je n’aurais pas pu faire meilleure allusion pour le coup. « Et ne t’inquiètes pas, je n’avais rien de bien spécial à faire, bien au contraire, je suis plus qu’heureuse d’être ici et de pouvoir une fois t’admirer à l’œuvre ! Quant à essayer… pourquoi pas, mais je crains bien que le rendu ne sera pas aussi impeccable que le tien, loin de là. » Cela serait après tout la première fois que je m’exercerais dans ce domaine, mais pourquoi pas. Après tout, j’avais toujours cette soif d’apprendre de nouvelles choses jour après jour et Abi’ me donnait une opportunité que je ne pouvais refuser. Cela serait de plus un moyen de nous rapprocher un peu plus l’une de l’autre et de partager de nouveaux moments ensemble. J’observais alors la brunette se diriger vers le milieu du bassin tout en affichant un mince sourire au coin des lèvres avant que cette dernière ne m’invite à la rejoindre. J’entrais donc délicatement dans l’eau et fit quelques mouvements de brasse pour la rejoindre, battant alors lentement des pieds et des bras pour rester à sa hauteur et maintenir ma tête hors de l’eau. « Alors dis-moi tout, montre-moi tout ! Par quoi on commence ? » En fait, j’aurais plutôt dû lui dire [i]tu commences[i], histoire de pouvoir me faire une idée quant à la difficulté des épreuves qui m’attendaient sans aucun doute. J’étais après tout quelque peu anxieuse quant à l’idée de me lancer de la sorte dans cette activité mais au fond, j’en étais toute excitée.

Spoiler:

Prête à tout pour en apprendre toujours plus dans tous les domaines possibles et imaginables, je n'allais refuser l'invitation d'Abigail qui avait déjà fait des efforts en partageant avec moi ma passion qu'était le cheerleading, je ne pouvais donc qu'accepter l'offre qu'elle m'avait faite un peu plus tôt, forte heureuse de partager un tel instant de complicité avec la jeune femme. Colocataires depuis une petit moment maintenant, et désireuses d'en apprendre un peu plus sur l'une et sur l'autre, nous nous étions arrangées entre nous pour nous trouver des moments afin de discuter, mais aussi de partager l'univers de chacune, de quoi nous permettre de passer des instants plus que sympathiques, comme à cet instant, où nous nous trouvions à présent à barboter dans l'eau. Nager serrait un terme plus exact, mais peu rassurée par l'idée de faire une démonstration, je me faisais un plaisir de faire la nage du petit chien en détresse. Un rire s'échappa d'entre mes lèvres, ne pouvant en aucun cas m'imaginer en train de jeter quoi que se soit à la figure d'Abigail, j'avais un peu trop de respect pour elle de ce côté-là. J'estimais qu'il fallait avoir un certain courage pour se lancer dans la natation synchronisée, savoir nager, savoir tenir sa respiration pendant de longues secondes et savoir garder sa tête en bas dans l'eau, une chose dont j'étais effrayée alors que j'osais à peine rester cinq secondes la tête enfouie dans l'eau de la piscine, de peur de ne pas voir un potentiel psychopathe qui tenterait de me noyer. Oui, j'aimais m'imaginer des situations sans queue ni tête et qui risquait fort de ne jamais m'arriver, mais que voulez-vous, mieux valait se méfier de tout et n'importe quoi, surtout de l'eau qui dort. « Te jeter des tomates ? Je ne crois pas ! À mon avis, c'est sur moi qu'il faudra en jeter, je suis convaincue que je ferais moins bien que toi à tes débuts. » C'était une certitude, moi qui préférais bien mieux avoir les pieds sur terre et faire mes mouvements de cheerleading. Non pas que je détestais l'eau, loin de moi cette idée, mais chacun avait sa préférence après tout. J'avais malgré tout hâte d'en apprendre un peu plus sur la natation synchronisée, n'ayant eu que quelques aperçus à la télévision quand je venais à me renseigner sur les différents résultats sportifs à la télévision. Passionnée de tous les sports, ma vie aurait dû se faire autour de la danse, si seulement ma mère n'était pas tragiquement morte des suites de sa maladie. Sans quoi, je n'aurais jamais mis les pieds à San Francisco, ni même à Berkeley. Je serais, sans aucun doute, restée à Tampa, peut-être même serais-je allée à New-York afin d'étudier dans une compagnie de danse comme je l'avais tant espéré. Mais au lieu de cela, me voilà entre les murs de cette université, non pas que cette idée me déplaisait, bien au contraire, ma vie n'aurait pas pu être meilleure qu'à cet instant.

Je fréquentai ce qui était sans nul doute la meilleure confrérie de Berkeley, j'avais des amis en or et un amant qui me procurait du plaisir trois fois par semaine, de quoi me satisfaire amplement comparé à tous les coups d'un soir que j'avais pu connaître. Enfin, passons ce petit passage et rencontrons-nous sur le moment présent. « Encore heureux, je n'aime pas vraiment montrer le fait que je nage aussi bien qu'un chaton qui vient de tomber dans la baignoire ! » Je riais tout en venant à rejoindre ma colocataire au centre du bassin, battant des pieds afin de maintenir ma tête hors de l'eau et de ne pas boire la tasse. Cela risquerait fort de m'arriver dans les prochaines minutes, alors autant m'épargner, le temps d'un moment, aussi bref soit-il. Rétropédalage, mais qu'est-ce que c'est ce truc ? Avec un peu de chance, ça se mangeait, ce dont je doutais fortement. Une base difficile. Mais je suis nulle moi ! Il faut que l'on me fasse faire des trucs faciles, comme au tout petit lorsqu'ils vont pour la première fois à l'école ! J'observais donc Abigail à l'œuvre, les yeux écarquillés. Comment j'allais pouvoir faire ça, moi qui avait tant de mal à ne pas me noyer à l'instant présent ? À la question qu'elle me posa, je ne pus m'empêcher de rire nerveusement, un truc plus facile à dire qu'à faire, mais j'avais plus ou moins compris où elle voulait en venir. « Euh oui... vite fait, je vais tenter. Le ridicule ne tue pas, aux dernières nouvelles. » Encore heureux, sinon, je risquerais de mourir dans la seconde qui allait venir. Me préparant psychologiquement à me faire rire au nez, j'inspirais un grand coup avant d'essayer de... rétropédalage. Manque de bol, ma tête se retrouva sous l'eau sans que je n'y comprenne quoi que se soit. La sortant instinctivement du bassin tout en passant une main sur mon visage, je ne pus m'empêcher de rire de moi-même. Mieux valait ne pas se prendre au sérieux dans un tel instant, ce n'était en rien une compétition, je ne faisais qu'apprendre tant bien que mal. « Non attends, faut vraiment que tu me remontres pour le coup ! Mon dieu, tu fais ça tellement bien que j'ai honte de m'afficher à tes côtés. Je dois avoir l'air d'un canard boiteux ou un autre truc dans le genre ! » Lui souriant, je rougissais presque, espérant qu'elle n'allait pas s'énerver contre moi alors que je n'étais qu'une simple novice dans cette discipline.

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