En vérité, je n'avais aucune idée de ce que je venais de faire. Du mal être que je venais d'instaurer. N'ayant pas revus Emy depuis sa fausse couche un peu avant les fêtes, je n'étais pas au courant des tensions qu'ils y avaient entre elle et son fiancé, ex fiancé peut être bien. C'est un sujet que je préfère évité, me sentant très mal à l'aise pour eux. J'avais toujours eu le chic pour me mettre dans de tels situations, d'habitude cela ne dérange pas forcément mais lorsque cela concerne ma cousine cela ne peut que me toucher. Stephen semblait le plus mal à l'aise. Je ne suis pas forcément un expert en amour et je ne voudrais pas tirer de conclusion attives mais peut être que la situation c'est dégradé par sa faute... Visiblement il n'est pas au courant qu'Emy et moi somme de la même famille. Chose qu'elle n'a pas dû lui préciser. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, avec sa maladie puis sa grossesse a risque, trouver le temps d'expliquer nos liens familiaux avec toutes les complications que cela entraine n'est pas forcément évident. « Cousins oui, pour le meilleur et pour le pire » Je réponds alors à Stephen qui tenta de changer de sujet. Je lance alors un clin d'oeil en direction de la brune histoire de détendre un peu l'ambiance. Après tout, c'est de ma faute si la situation est des plus embarrassante maintenant, j'étais venus mètre mon grain de sel, appuyé là où cela fait le plus mal. Emy, passer l'état de surprise de me voir ici, me félicita alors sur ma tenue me trouvant séduisant ce soir. Chose qui me fit rire. Car je ne sais que trop bien qu'elle dit cela simplement par politesse. Le costume ne me va pas forcément à ravir. A moins que cela ne soit que mon avis peu subjectif.

Emy expliqua alors la situation actuel entre elle et moi. Je souris alors, car c'était bien résumé. « Après les choses que nous avions partagées dans notre enfance, je ne pouvais que renoué avec toi Emy ! M'enfin, tu as quand même négligé ton cher cousin ces quelques derniers mois. Heureusement que je te voyais quelquefois dans les couloirs, sinon j'aurai pu croire que tu avais quitté l'université. » Bon, je crois que je m'enfonce de plus en plus. J'aurai peut-être du partir, les laisser seuls pour s'expliquer. Peut être que c'est ce qu'ils étaient en train de faire avant que je m'immisce dans la conversation d'ailleurs. Visiblement, ils avaient des tas de choses à régler. Peut être que ma présence permettra d'éviter un scandale en public. Quoi qu'il en soit, cela les regarde et je ne voulais absolument pas creuser cette histoire. Emy me parlera de ce qui c'est passer lorsqu'elle s'y sentiras prête. Il aurait fallut être sourds pour ne pas comprendre qu'Emy chercher à changer de sujet à son tour. Ce qui est tout à fais normal. Je m'en voulais tellement d'avoir été aussi peu fin sur ce coup là. J'aurai dû réfléchir à deux fois avant de parler. Mais ce qui est fait ne peut être changé...

Où se trouve ma cavalière ? Bonne question, très bonne question même. Que cela soit Abigail ou même Harper je n'avais vu aucune des deux brunes dans la salle. Tans mieux dans un sens car je sens le conflit arriver au grand galops. C'est vrai que la situation est assez délicate, mais bon pour le moment le problème ne se pose pas. « Oh, je ne sais pas ! Nous ne somme pas arriver ensemble. C'est assez compliqué enfaîte. » Je hausse les épaules et souris au peintre qui semblait crisper devant moi. Emy proposa alors d'aller boire un verre. Je les suivi alors ne voulant pas partir maintenant, pas après avoir foutus le bordel. Je me sens obliger de rester, obliger d'essayer d'arranger la situation. Je commande alors deux shooteurs vodka sans même demander son avis à Stephen. Je prends alors mon verre comme pour porter un toast. « Aller, oublions tous les petits soucis. Ce bal est fait pour s'amuser après tout ! A la votre ! » J'avale alors mon verre cul sec après avoir trinquer avec ma cousine et son ex-future fiancé.
 

The Prom Season

Comment ça ? J’étais moins intéressante que ces lustres aussi immondes qu’un fond de poubelle ou quoi ? Je plissais quelque peu des yeux en apercevant Noah qui guettait les alentours, faisant tout pour ne plus jamais croiser mon regard. La sauvage qui sommeillait en moi me hurler de lui mettre une claque en pleine figure, mais la fille sage me disait de m’en aller. Ecouter cette dernière était sans aucun doute la meilleure des solutions. M’apprêtant donc à partir dans une autre direction, histoire sans nul doute de quitter la salle et la fête pour me rendre dans un bar à deux pas d’ici, mes jambes, tout comme ma bouche refusèrent de coopérer. Dire tout haut ce que je pensais tout bas, voilà ce qui venait de se produire. Dans un premier temps, il m’exaspéra et je levais furtivement les yeux au ciel. Enfin, j’avais eu toute son attention. Il suffisait simplement de le tutoyer, et je ne voyais guère en quoi je ne devrais pas le faire. Le vouvoiement revenait à dire qu’il n’y avait jamais rien eu entre non, c’était impossible à faire comme si et c’était encore moins possible à oublier. « Laisse juste… ton cœur te guider. », soupirais-je d’une voix des plus basse. Une part de moi espérait qu’il n’avait rien entendu de ces quelques mots, alors que l’autre si et je n’en savais pas encore vraiment les raisons. Peut-être ne voulais-je pas les savoir. Je profitais du moment où il déposa sa tasse de thé sur le buffet, pour passer une main dans mes cheveux. Bordel, je détestais être telle une inconnue à ses yeux, cela me faisait bien plus de mal que n’importe quelle autre situation. Je fus alors surprise d’une voix féminine qui m’interpella, une voix familière dans mon dos, celle de Caroline. « Hey ma belle, oui viens. Tu vas bien ? » Déposant un baiser sur sa joue, j’espérais juste que Noah n’allait pas fuir en me voyant discuter avec la jeune femme que je ne pouvais ignorer, cette dernière étant ma meilleure amie. Si je consacrais autant d’importance à garder le docteur Clives à mes côtés, j’accordais tout autant d’importance quant à prendre soin de mes amis.

Lorsque la jeune femme s’éclipsa un instant plus tard, je fus soulagée de voir le médecin revenir vers mois, mais je sursautais presque lorsqu’il me proposa d’aller danser, ayant cette soudaine impression que Noah ne puisse arriver à lire dans mes pensées. D’abord à moitié bouche-bée de par cette proposition, j’eus quelques secondes d’absence avant de remettre les pieds sur terre. « Avec plaisir. » Ma réponse fut naturellement accompagnée d’un mince sourire avant de nous rendre un peu plus loin sur la piste. Lui faisant une nouvelle fois face, l’une de mes mains se déposaient sur son épaule, l’autre venant à glisser dans sa propre main jusqu’à entremêler mes doigts avec les siens. Ce simple geste eut le don de me faire rougir pour la première fois de la soirée et j’essayais de ne pas lever mes yeux vers lui, afin qu’il n’y voit rien de cette soudaine réaction. La proximité de nos deux corps me mettait également dans un état second, moi qui m’étais dit que plus jamais je n’aurais un tel contact avec le médecin. Il suffit d’une seconde de plus pour que je vienne finalement à me coller contre son torse, savourant à nouveau la douce chaleur qui venait à s’émaner de son corps, humant avec délicatesse le parfum qu’il dégageait. « Je suis heureuse que tu sois venu ici ce soir… », avouais-je alors que je m’étais permise de clore les yeux, me dévouant entièrement à Noah.

Le bal de promotion. Voilà que j'étais forcé d'y aller, pour satisfaire les désirs toujours plus forts de ma cousine. Je ne comprenais pas son besoin irrépressible de me trainer dans un tel endroit mais après tout, c'était une fille, et comme toute fille qui se respecte, elle rêve au bal de promo et au prince charmant qui l'y emmènera dans la belle limousine noire.  Elle avait beau le nier, crier haut et fort son désir de vivre une vie à deux cent à l'heure, faite de strass et de paillettes, Eileen était comme toutes les jeunes filles, rêvant du conte de fée et d'interpréter le rôle de la princesse, qui finit avec le prince charmant. Elle avait seulement bien trop de fierté pour avoir le cran de l'avouer.  Je pensais donc me rendre au bal, dans une tenue habillée mais décontractée, seul, sans aucune compagnie afin de ne pas avoir de responsabilités mais c'était sans compter sur Eileen à nouveau. Elle s'était arrangée, par je ne sais quel moyen de me trouver une cavalière, sans me révéler le moindre détail à son sujet, ni même son identité, ce qui n'était guère réjouissant. Mais la connaissant, la jeune femme serait forcément à couper le souffle, puisque jamais Eileen ne laisserait une fille quelconque s'afficher à mon bras. C'était d'ailleurs là l'un des seuls avantages que je pouvais tirer de cette future soirée. Une fois la cavalière choisie, Eileen ne s'était pas arrêtée en si bon chemin, et avait décidé qu'elle m'habillerait pour le bal, doutant sérieusement de mes goûts en matière d'élégance. Une chose était certaine, ce petit bout de femme pouvait se révéler être très agaçant quand il s'y mettait, et aujourd'hui, jour du bal, était l'un de ces jours où Eileen m'agaçait. Heureusement pour elle, l'amour que je lui portais était sans borne, nous évitant ainsi bien des déconvenues. Habillé comme un prince, j'étais apprêté pour me rendre au bal et ainsi découvrir qui serait ma fameuse cavalière pour la soirée. Honnêtement, je n'avais aucune idée de qui cela pourrait bien être, mais une chose était sure, Lily serait loin d'être celle qui se placerait à mon bras. Notre rencontre autour d'un dîner dans l'un des meilleurs restaurants de San Francisco avait été des plus agréable, voir même surprenante, au point de m'en faire oublier momentanément Talia et mon amour pour elle. Pourtant, Lily et moi ne pourrions aller guère plus loin, puisqu'elle était en couple avec Adriel et ce depuis bien des semaines maintenant. Qu'importe, je ne devais pas garder cela à l'esprit, et me contentait de penser à cette soirée. Arrivant rapidement au pavillon hildebrant, j'entrais en son sein et cherchais du regard une jeune femme brune, portant une robe noire avec une boutonnière bleue ornant son poignet droit. Voilà la description que m'avait faite Eileen, sans me donner plus de détails. En somme, je devais me débrouiller sans elle pour ce coup là. Pourtant, quelques instants plus tard, à force de regarder en tous sens, je finis par voir ce que je cherchais, à savoir cette fameuse cavalière, ou du moins, sa description parfaite en tout point. Je m'approchais donc d'elle, et doucement, je déposais une main sur son épaule. Lentement elle se retourna vers moi et ce fut le choc. Davy. Davy Lancaster. Je n'avais plus vu ce visage depuis des années, depuis que j'avais quitté Londres et ce passé tumultueux en compagnie de Talia. Durant mon enfance londonienne, deux personnes avaient réellement compté à mes yeux: Talia et Davy, les deux étant ce qui se rapprochaient le plus d'une meilleure amie. Pourtant, j'avais fini par les fuir l'une comme l'autre après ce terrible accident de voiture qui m'avait coûté ma petite vie tranquille sur le vieux continent. Quelques temps auparavant, j'avais été plus que surpris de retrouver Talia à Berkeley, tout comme elle avait été très en colère de me revoir. Mais la vérité étant, découvrir la présence de Davy à San Francisco était plus que surprenant, et me renvoyait en pleine face tout ce que j'avais quitté en partant de Londres. « Jones, mon dieu cela fait des années que nous ne nous sommes pas vu! Depuis quand es-tu à Berkeley? Cela fait plaisir de te voir! » Jones, vieux surnom dont je l'avais affublé en l'honneur du pirate. J'aurai pu la prendre dans mes bras, lui montrer à quel point j'étais heureux de la retrouver ainsi, mais en toute honnêteté, je doutais fortement que cela soit partagé. Je l'avais quitté sans un mot, sans donner le moindre signe de vie, et nul doute qu'elle devait désormais me haïr. « Attends… Tu ne serais pas entrain d'attendre un mystérieux cavalier? Parce que si c'est le cas et bien, tu l'as devant toi… » Déclarai-je à mon ancienne amie, sur un ton des plus démunis. La situation était atrocement étrange, et pendant que je cherchais à me concentrer sur Davy et sur les reproches qu'elle allait vraisemblablement me faire, je remarquais Lily-Rose s'en aller dans un sens, le visage particulièrement fermé, tandis que de l'autre se dessinait la silhouette d'Adriel, particulièrement agacé. Je ne savais pas ce qu'il s'était passé entre ces deux là, mais cela ne me disait rien qui vaille. Toujours est-il que je me retrouvais confronter à une situation des plus délicates, et pour laquelle je n'avais pour le moment pas de solution.

Le trouble de Léo. Casey le remarqua. Oui, tout ça était juste trop beau pour être vrai. Trop beau pour durer. Pourquoi s’entêter à s’accrocher à ce mensonge, à se paraitre, à ce quelque chose qui n’avait pas lieux d’être? Bonne question. Ce n’était que s’attirer des ennuis et pourtant il ne faisait que s’y enfoncer un peu plus. Il voulait toute son attention sur lui, il ne voulait pas que qui que ce soit d’autre traverse ses pensées, alors quoi de mieux que de ramener à la surface cette nuit si magique et spéciale qu’ils avaient passés ensemble? Qu’on se l’admette; non ce n’était pas seulement pour occuper sa propre bouche et éviter de céder à la tentation. Au final, c’était pour rendre cette tentation encore plus grande. Il aimait vivre dangereusement, mais il n’allait pas l’admettre de sitôt. Peut-être qu’au fond, il passait réellement trop de temps avec elle et qu’elle commençait à déteindre sur lui. C’était probablement ça. En tout cas, il agissait de plus en plus comme l’anglaise. C’était pour ça qu’il avait des règles. Quelles règles encore? Jayson n’était pas là pour les lui souffler à l’oreille, et elle lui faisait perdre la tête et l’enivrait autant que de la meilleure herbe. C’était un peu le brouillard total. Il n’y avait qu’eux, le reste n’existait pas. Il aurait été sur un trip d’ecstasy que ça aurait été pareil.
La Beta lui répondit finalement ce qu’il voulait entendre, exactement ce qu’il voulait entendre, et il la senti revenir à lui. Ça y était, ils étaient à nouveau dans leur bulle. C’était idiot que d’être possessif comme ça, mais il avait réellement envie de lui dire de ne regarder que lui et personne d’autre ce soir. Aurait-elle était une fille comme une autre qu’il aurait tenté d’emballer pour la nuit, il l’aurait fait. Séducteur à souhait, sachant quoi dire pour déstabiliser une fille et prendre les commandes, mais ce n’était pas pareil avec Léo. La déstabiliser c’était risquer de lui faire perdre pied et de la perdre pour de bon. Non, le mien avec la blonde, c’était que de la faire se sentir en sécurité, de savoir qu’il n’y aurait aucun doute, risques et drames avec lui. Prévisible? Pas totalement, mais digne de confiance, oui.
S’il ne pouvait pas lui dire directement de ne pas regarder ailleurs, il pouvait s’arranger pour qu’elle le fasse en la fixant comme il le faisait. En la regardant dans les yeux et nulle part ailleurs. Il y avait bien des hommes qui la reluquait de haut en bas, bien des hommes qui la regardaient sans être capable de dire la couleur de ses yeux quelques minutes après l’avoir quitté, mais ce n’était pas le cas de Casey. Au final, il ne dérogeait pas à sa réputation, ne faisait pas honte aux Delta; il la séduisait simplement avec plus de respect qu’une conquête d’une nuit. Et pourquoi même s’évertuer à la séduire, à avoir son attention si elle n’était « que sa meilleure amie » au final? Bonne question. Mais il semblait avoir réussi son coup, car elle s’avança, ses yeux se fermant doucement, et il sut qu’il n’avait qu’une chose à faire; la même chose. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau et se fut comme une bouffée d’air frais pour le brun. Il glissa une main dans son dos jusque sur sa nuque, caressant délicatement la base de ses cheveux tandis qu’il approfondissait le baiser. Pas question de la laisser filer maintenant qu’il la tenait. Si leur lèvres se séparaient, peut-être qu’elle disparaitrait. Alors le mieux, c’était de prolonger ce baiser aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que leurs sens soient complètement engourdis, jusqu’à ce que leurs corps et leurs âmes se réclament, jusqu’à ce que le reste du monde n’existe plus. Et ce n’est que lorsqu’ils atteignirent ce point, que Casey mis fin au baiser, posant son front sur celui de la belle blonde, un sourire amusé sur les lèvres. Et voilà, à nouveau dans leur bulle… Mais les bulles, ça fini toujours pas éclater, et une énergie négative semblaient s’approcher et s’apprêter à faire éclater la leur. Il le sentait, il la sentait. C’était étrange comme pressentiment alors il redressa la tête en fronçant les sourcils et tourna son visage sur la droite sans pour autant lâcher la jeune femme, gardant ses mains sur taille.
Pop, fit la bulle lorsqu’il comprit ce qui troublait leur paix et il ne put s’empêcher de soupirer.

«THE PROM SEASON
So shine bright, tonight you and I»

Ais-je bien entendu ? Si c’était le cas, c’était vraiment la dernière chose à faire que celle d’écouter mon cœur. Car, depuis que je l’avais quitté, celui-ci battait à tout rompre dès lors que je la croisais dans les couloirs de la faculté. Je n’avais pas honte d’avoir rompu. Je culpabilisais pourtant de la savoir devenue une étrangère par ma faute. En outre, et je n’aurai pas cru que cela se reproduirait, m’étant promis depuis le départ de Sydney pour New-York, de ne plus m’engager dans ce genre d’impasse, que mes sentiments se développeraient autant vis-à-vis de la jeune femme. D’amante, elle était devenue davantage à mes yeux, à mesure que nous parlions, rions ensembles, faisions l’amour … Et hélas, je ne connaissais que trop les premiers symptômes du mal dont je souffrais, pour jouer aux aveugles, ou faire mine de ne pas entendre les battements précipités de mon cœur. Une fois l’amie, que je saluais d’un discret sourire, de Kirby repartie, je l’invitais donc à me suivre sur la piste de danse. J’avais toujours été un excellent danseur. Beaucoup s’étonnaient d’ailleurs de savoir que je manifestais autant de talent et de plaisir pour une danse aussi classique et innocente que la valse, que pour les danses plus ‘caliente’, telles que le tango, mambo, ou la salsa. Je tenais ce gène-ci de mon père, à n’en point douter. En me dirigeant vers la piste, je levais la tête, fermant plusieurs fois les yeux en signe évident d’hésitation et de légère appréhension, quand mon regard croisa celui de mon frère aîné. « Aucun commentaire, s’il te plait. » pensai-je intérieurement. Il faut dire que je ne lui avais jamais vraiment parlé de Kirby, et de la relation que j’entretenais avec elle. Ni à lui, ni à quiconque d’ailleurs. Mais lors de notre précédent séjour au ski, la jeune femme était sortie de ma chambre, alors même que nous venions de nous donner l’un à l’autre. Logan Salaun, professeur ici-même, Joe Shark et mon frère, William, qui devaient être de sortie à ce moment-là, étaient rentrés plus tôt, et donc tombés nez à nez avec Kirby. J’ai eu beau faire celui qui n’a rien à cacher, le timide, le discret. Loin s’en faut, ils ont vite compris que la jeune femme n’était pas venue pour faire le ménage dans le chalet. Mon amante. Alors depuis, évidemment, je rougissais comme une pivoine dès que je croisais le regard de l’un de ces séducteurs. Parce qu’évidemment, il aura fallu qu’ils le soient tous. Pauvre de moi qui vit davantage dans mes livres que pour le corps d’une jeune déesse.
 
Nous sommes sur la piste. Les lumières s’éteignent pour une lueur tamisée. La valse devient un solo avant que nous arrivions. Loin de me démonter, je préfère ce rythme plus lent, qui me permettra sans doute d’apaiser mes nerfs déjà bien entamés par le début de cette soirée. Une main sur sa taille, l’autre tenant délicatement la sienne en hauteur, nous nous rapprochons peu à peu. Malgré mon trouble d’alors, je perds peu à peu toute notion de l’espace et du temps, pour me concentrer sur la chaleur de la jeune femme, contre mon corps. Son parfum m’enivre. Je ferme à nouveau les yeux, mais cette fois, pour apprécier cet instant dont j’ai rêvé si souvent. Même mes doigts, plus entreprenants que ma raison sur le moment, s’échinent à caresser le haut de sa taille, tout doucement. « Je suis heureux que tu sois heureuse. » murmurai-je à mon tour à son oreille. Rien de plus. Rien de moins. Si j’étais heureux, c’était uniquement de la retrouver. De la sentir à nouveau vivre à travers moi, contre mon torse. « Je ne savais pas que tu étais aussi bonne danseuse. » annonçai-je après quelques minutes de silence. Remarquez, que savions-nous l’un de l’autre ? Que nous nous sommes plus. Mais au fil de nos discussions, nous n’avions rien retenu de suffisamment conséquent pour prétendre connaître l’autre. Le temps était peut-être venu. Puisqu’à défaut de l’avoir pour amour, je pourrais peut-être l’avoir pour amie. « Tu te souviens… je t’avais parlé de mon frère, une fois ou deux. C’est lui là-bas. » Qui discute avec une jeune femme que je n’avais jamais vu, par ailleurs. Il faudra que je me renseigne. « Et là-bas, tout au fond, celui qui parle avec la jeune femme blonde, c’est Kenzo, mon neveu. Et toi, tu… tu as des frères et sœurs ? »