Assise sur mon canapé, Holly dans les bras, un léger sourire se dessinait sur mes lèvres. Il y a une semaine de cela encore, elle avait été malade comme jamais, hurlant au moindre geste. Ma petite Princesse avait eu la grippe et cela m'avait brisé, comme jamais. Je ne supportais pas de voir mon enfant souffrir, pleurer et devenir rouge à en avoir du mal à respirer. Ce soir là, j'avais décidé d'emmener Holly aux urgences et j'étais tombée sur Noa. Mon cœur s'était serrée, cette main invisible avait pris possession de mon cœur, le serrant un peu plus à chaque fois que le jeune homme glissait ses yeux sur moi. J'avais perdu mon meilleur ami pour un bébé, pour un cancer. C'était là que je me rendais compte que les gens ne sont pas si forts et prêts à affronter la maladie qu'ils le pensaient. C'était d'ailleurs ce soir que j'avais décidé de me battre à cent pour cent pour le cancer du sein qui tentait de me foutre une raclée depuis six mois maintenant. Si je voulais voir les premiers petits amis de ma fille, si je voulais lui acheter son premier soutien gorge et lui payer sa première robe de bal pour aller briser le cœur des hommes comme je le faisais lors des bals de noël et d'été, il fallait que je me soigne. Il fallait que j'arrête de vider les bouteilles de vodka une fois qu'Holly dormait à poings fermés. J'étais faible et je le savais. C'était une avancée pour moi. J'avais l'habitude de réfuter de but en blanc tout ce que l'oncologue avançait. S'il disait que mon taux de gamma était un peu trop élevé, je lui crachais au visage que c'était tout bonnement impossible. S'il venait à me dire que j'avais perdu du poids, chose très mauvaise avec le traitement que je suivais, je tapais du poing pour lui faire rentrer dans sa petite cabosse que je mangeais toujours autant, chose qui était complètement fausse. Je n'avais plus eu un vrai repas depuis des lustres. Je me nourrissais de cacahuètes, de salades ou encore de bonbons acidulés. J'avais choisi la facilité mais il fallait que je me reprenne. Mon psychologue se tuait à me dire qu'il fallait, pour que je sois bien dans mon corps, que je sois bien dans mon esprit. Je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par là, je ne voyais pas jusqu'à aujourd'hui. Regardant ma fille gazouiller, je comprenais tout, absolument tout. Elle était ma force, mon envie de me battre mais tout le monde n'avait pas la même chance que moi. Aidan. Déglutinant doucement, je souffla légèrement et me leva. Il fallait que j'avoue tout à Aidan, que je lui avoue que j'avais revu Logan récemment, que je l'avais soutenu après sa grossesse mais surtout, que je l'avais presque poussé à partir. Je ne lui avais pas clairement dis de partir mais je ne l'avais pas retenu lors de son envie de quitter la Californie pour l'Etat de New York. Elle avait voulu fuir pour se remettre sur pied et revenir en forme. Qui pouvait lui en vouloir ? Sûrement pas moi. J'avais tellement voulu faire pareil mais c'était tout bonnement impossible. J'avais une petite crapule, je n'étais plus seule. Posant la petite crevette dans son lit parapluie, j'attrapais mon portable et envoya rapidement un message à mon meilleur ami. Il allait hurler, me lancer tous les bibelots autour au visage. Il fallait donc que je trouve une lien sain. « Rendez vous dans la salle de peinture des sigmas dans une demi heure. Ne me mens pas, je sais que tu es libre et n'a pas cours » Je n'avais pas de GPS à la Gossip Girl pour le jeune Jameson mais c'était tout comme. Envoyant mon message, je composa rapidement le numéro de Venia pour qu'elle vienne garder la petite. Si elle ne pouvait pas, je la déposerais à la garderie de la faculté où je l'avais inscrite en début d'année mais où elle n'avait jamais mis les pieds. Pourquoi s'enquiquiner à aller dans une crèche publique – bien que privée – alors qu'on pouvait avoir une nourrice à la maison ? Quittant ma robe et mes collants, j'enfilai rapidement un jeans slim ainsi qu'un haut blanc un peu large. Début mars, il faisait très chaud en Californie, il n'y avait qu'à voir les tenues des stars lors des Oscars la semaine dernière. Lunettes de soleil sur les oreilles, j'attendais gentiment que la petite Collins débarque pour pouvoir quitter la maison que j'habitais et pour me diriger vers la faculté.

J'avais cinq minutes d'avance, ce qui relevait de l'exploit pour moi. Entrant dans la faculté de mon meilleur ami, je rasa les murs pour ne pas tomber sur Kilian. Depuis que je l'avais embrassé à l'hôpital, je ne l'avais pas revu et franchement, c'était bien mieux ainsi. Je m'en voulais presque d'avoir posé mes lèvres sur les siennes. C'était un acte désespéré et totalement fou. Soufflant légèrement, je me dirigea vers ladite salle, n'entendant que le bruit de mes talons sur le sol. Ici, il n'y avait rien d'autre que des toiles blanches. Les outils, c'était les élèves qui les apportaient et je doutais qu'Aidan ait ramené de quoi peindre. Il connaissait mon amour pour l'art et tout ce qui en découlait. À vrai dire, j'avais bien du mal à supporter les sigmas et leur vision de l'art et de la vie. Aidan était l'exception qui confirmait la règle. Faisant claquer mes ongles manucurées contre un bureau, je souffla légèrement. Je n'arrivais jamais à l'heure mais quand c'était le cas, j'aimais bien que les gens avec qui j'avais rendez vous soit là en avance. Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Voyant une porte s'ouvrir, une léger sourire se dessina sur mes lèvres. Voyant les cheveux bruns de mon ami passer la porte, je retroussa le nez. « Jameson, le coiffeur, tu connais ? » Toujours aussi gentille, toujours aussi douce, du grand Nélye. J'ouvris mes bras pour lui faire un câlin. Moi qui n'était pas câline, il devait en profiter et plus vite que ça. « Ca va mon chou ? » J'étais un peu trop sentimentale pour le coup, cela ne présageait rien de bon mais alors vraiment rien... Watch out Aidan, the bitch is back.

La journée promettait d’être longue. Ce début de semaine était en réalité très loin de se passer comme il l’avait espéré. Ce week-end, Eileen, sa petite sœur, était tombée malade : une foutue gastro qui l’avait suivie tout le samedi pour ne s’estomper que le dimanche. Et évidemment, à force de passer deux jours agglutiné à sa cadette malade pour la soigner et la chouchouter comme à son habitude, Aidan avait été contaminé. Ainsi, il avait passé son dimanche cloué au lit, à vomir tout ce qu’il avait pu manger la veille. Le lendemain, il ne s’était pas rendu en cours donc, et il avait été forcé d’appeler son travail pour leurs annoncer que cette fichue gastro le clouait au lit pour quelques courts jours, le temps qu’il soit pleinement remis. Et le mardi, s’il se sentait mieux et que les vomissements s’étaient largement calmés, il ne se sentait pas pour autant en grande forme. Patraque et l’estomac encore sensible, il devait se forcer à manger pour récupérer des forces, le simple fait de mettre un pied devant l’autre relevant presque d’un effort surhumain. Ce mardi là, il s’était donc levé de bonne heure, incapable de rester dans son lit si c’était pour se retourner et se réveiller toutes les dix minutes. Heureusement pour lui, il n’avait cours qu’en fin de journée, ce qui lui permettrait de se reposer et de gentiment se remettre en piste. Pourtant, il sentait que sa journée allait passé péniblement. Il était encore trop affaibli pour réussir à se concentrer en se penchant sur ses cours et il n’avait étonnamment aucune envie de se mettre à dessiner ou à jouer de la musique. Et il faut dire qu’après trois jours enfermé chez lui, il commençait à s’ennuyer comme un rat mort. Il s’était donc allongé sur son canapé, une tisane fumante posée sur la table basse qu’il se devait d’avaler pour atténuer ses crampes d’estomac, puis il s’était mis à écrire. Ces derniers temps, il disposait d’une inspiration florissante, bien que les événements qui l’inspiraient étaient loin d’être rose. Le retour de Logan lui donnait de quoi remplir des feuilles entières de son écriture fluide et imaginative. Alors que, par le passé, il avait plutôt tendance à poser sur papier leur amour, leur confiance et le bonheur qu’ils vivaient ensemble, les mots qu’il écrivit ce jour là sonnaient bien plus noir, parlant de séparation, de trahison, d’amertume, de regret. Autant de sentiments que les deux jeunes gens ressentaient sans réussir pour l’instant à les surpasser. Une période difficile, comme si les derniers mois qu’il avait vécu ne l’avaient pas assez souffrir. Se concentrant donc sur la mise en place de phrases servant à évacuer ce qu’il gardait en lui, Aidan passa un moment allongé sur son canapé, ne voyant pas le temps passé au point de laisser sa tasse de tisane refroidir. Ce ne fut que lorsqu’il entendit son téléphone l’avertir d’un nouveau message par sa sonnerie courte et légère qu’il daigna se redresser pour s’asseoir, posant ses affaires sur la table avant de récupérer son portable qu’il avait abandonné un peu plus tôt. C’était Nélye, sa meilleure amie, qui lui écrivait. « Rendez vous dans la salle de peinture des sigmas dans une demi heure. Ne me mens pas, je sais que tu es libre et n'a pas cours. » Le texto de la blonde le fit inévitablement sourire. Finalement, peut-être que la journée ne serait pas si longue que ça. Sans attendre, l’irlandais alla alors se préparer, remplaçant son pantalon de training par un slim rouge, et enfila sa paire de converses ainsi que sa veste en jeans par-dessus son pull en laine avant d’attraper son sac en bandoulière et de quitter son appartement en direction de l’université.

Il ne lui fallut que très peu de temps pour mettre les pieds à Berkeley, encore moins pour rejoindre le bâtiment réservé à la confrérie des Sigma. Aidan restait d’ailleurs étonné que sa meilleure amie lui donne rendez-vous à cet endroit, car elle vouait une certaine méprise aux étudiants en arts, lui-même restant une exception aux yeux de la jeune femme. C’est donc en pressant le pas et en se questionnant sur la raison de sa venue ici qu’il emprunta les escaliers afin de se diriger vers la salle de peinture. À peine eut-il ouvert la porte donnant sur la pièce qu’il entendit la voix de Nélye l’interpeler. « Jameson, le coiffeur, tu connais ? » Refermant la porte derrière lui, l’irlandais fut premièrement surpris de voir que la salle était complètement déserte en dehors d’eux deux. Les salles mises à disposition pour les étudiants étaient rarement libres, les Sigmas étant généralement de fervents artistes en constant besoin de s’exprimer. Soit. Rigolant légèrement à la question de sa meilleure amie, Aidan s’avança vers elle alors qu’elle lui tendait déjà les bras. « Toujours aussi chaleureuse à ce que je vois Grimaldi. » plaisanta-t-il à son tour avant de la prendre contre lui et d’embrasser sa tempe chaleureusement. « Ca va mon chou ? » Surpris par la tendresse dont elle faisait preuve, Aidan s’écarta légèrement et la regarda en haussant les sourcils. Elle était rarement aussi chaleureuse avec les gens, même avec lui alors qu’ils entretenaient une relation d’amitié forte et fusionnelle. « Houla… toi, t’as un truc à m’annoncer. » commenta-t-il en laissant une légère grimace prendre place sur son visage. Ce genre de comportements ne présageaient rien de bon lorsque cela concernait Nélye : elle était du genre à soudainement se montrer exagérément gentille afin de détendre son interlocuteur avant de lancer une véritable bombe. Cependant, le jeune homme ne s’en soucia pas bien longtemps, répondant à sa question en haussant les épaules. « On fait aller. » Il ne pouvait pas lui répondre « ça va ». Mentir n’était pas dans ses habitudes et ça n’allait pas tant que ça. Les derniers mois traversés s’étaient montrés éprouvants, et le retour de Logan était loin de l’apaiser, bien au contraire. Il redoutait que le temps écoulé n’ait en rien arrangé les choses, il avait peur de la perdre définitivement. Il avait peur pour eux. « Et toi ? Tout va bien ? » demanda-t-il à son tour de sorte à chasser ses idées noires de sa tête. Après tout, il n’était pas venu pour penser à Logan et à la situation actuelle qu’ils étaient en train de vivre mais bel et bien parce que sa meilleure amie le lui avait demandé, certainement parce qu’elle avait quelque chose d’important à lui dire vu son comportement étrange.

et moi j'ai eu le temps de te répondre pendant ma pause de midi finalement x)

Me pointer à l'heure – voire même en avance – était un exploit pour moi. Je n'avais pas pour habitude d'être très ponctuelle, sauf quand il s'agissait de donner le biberon ou de donner à manger à Holly. En même temps, si je venais à oublier son petit estomac, la petite princesse me le rappelais à quoi de pleurs, de cris et de ''mammam''. Aujourd'hui, il fallait que je sois honnête avec Aidan, que j'arrête de tourner autour du pot et de lui cacher la vérité. Bien entendu, il y avait une chose sur deux qu'il m'en veuille, il y avait une chance qu'il veuille mettre une certaine distance entre nous mais, pour une fois, c'était moi qui faisait fuir mon meilleur ami et non pas lui qui fuyait de son propre gré. C'était peut être étrange et stupide mais cela me rassurait. Je préférais le faire fuir plutôt qu'il vienne à se lasser de moi et me lâcher comme l'avait fait Noa, Matthias et Andrea. Je n'étais pas une professionnelle des relations amoureuses, c'était peu dire. J'avais cette poisse infinie en ce qui concernait les hommes et là, je voulais tenter de tout dire, de vider mon sac et de lui avouer ce que j'avais fais. Il avait formé un couple tellement magnifique avec Logan et je n'avais pas porté beaucoup d'intérêt à tout cela. Lorsqu'elle avait décidé de quitter San Francisco pour New York, je l'avais presque encouragé. Non pas pour tenter quoi que ce soit avec mon meilleur ami, mais pour lui permettre de retrouver le sourire, d'encaisser les événements passés et tout ce qui allait avec. Triste et déprimée, elle n'aurait rien pu faire ici. Son départ avait été nécessaire. J'en étais toujours convaincue mais je doutais que le jeune irlandais soit de cet avis. Il allait hurler, crier et ne rien comprendre à mon fonctionnement. Après tout, personne ne comprenait quelque chose à mon comportement, ma façon de penser et tout ce qui allait avec. J'étais un vrai casse tête à moi toute seule et personne n'avait réussi à me déchiffrer ou du moins, pas entièrement. Attendant dans la salle de peinture, je tentais de répéter mon discours. Tout cela me touchait et c'était... étrange. Moi qui avait pour habitude de vivre ma vie sans me soucier des autres, c'était tout nouveau, vraiment. Il m'arrivait d'avoir un cœur et c'était peut être agréable pour les autres mais franchement, absolument pas pou moi. Je me sentais faible, j'avais l'impression de dépendre du Sigma et ça, trop peu pour moi. Il était mon meilleur ami mais tout de même ! « Toujours aussi chaleureuse à ce que je vois Grimaldi. » un large sourire se dessina sur mes lèvres. J'étais naturelle, du moins pour le moment. J'avais envie de lui dire que sa coiffure laissait à désirer et bien je le faisais. Je savais très bien qu'il n'allait pas m'en vouloir, me blâmer de cette remarque ou je ne sais quoi, je le connaissais. À vrai dire, Aidan était le seul homme à qui je portais un intérêt certain. Ouvrant mes bras pour qu'il vienne me donner un gros câlin, je leva les yeux au ciel, comme pour montrer que je ne voyais pas du tout de quoi il parlait quand il venait à dire que j'avais un 'truc' à lui annoncer. Il me connaissait donc aussi bien que ça. Un élan de gentillesse n'était que très rarement énonciateur de bonnes nouvelles ; j'étais une vraie bombe humaine. « On fait aller. » Le regardant, j'haussais un sourcil. Je n'étais peut être pas la personne parfaite pour venir se plaindre mais je savais écouter, surtout en ce qui concernait Aidan. C'était le seul – avec Logan – que je laissais chouiner et râler sans sortir de mes gonds. Ces deux là avaient un traitement spécial et c'était pour cela que je ne voulais rien gâcher avec eux. « Et toi ? Tout va bien ? » Haussant les épaules, je lui fis un léger sourire. Holly avait eu la grippe, ce qui m'avait plus qu'affaibli et maintenant, je tentais de reprendre des vitamines chose difficile. « On fait aller. Holly était malade la semaine dernière et même si j'ai du me balader avec un masque pendant une semaine, j'ai pris un coup dans la figure. Je suis fatiguée tu n'imagines même pas comment... » en fait, après réflexion, il devait savoir à quel point j'étais fatiguée vu le visage miné qu'il avait. En plus de son petit air tristounet, il avait des cernes de quinze kilomètres. Des mini archéologues avaient du se loger là et creuser aussi loin que possible. Soufflant légèrement, je me dirigea vers une chaise et me posa dessus. Jouant avec mes cheveux, je leva la tête et porta mon attention sur le jeune sigma. « T'as revu Logan depuis son retour de New York ? » Simple question. Personnellement, je l'avais revu à quelques reprises. Des fois plus longuement que d'autres. J'avais retrouvé mon amie et c'était tout ce qu'il me fallait. Elle semblait avoir accepté sa fausse couche même si ce n'était pas facile tous les jours. J'avais longtemps cru que seuls les gamins de primaires étaient des monstres mais, après réflexion, ceux de la faculté étaient encore pire. Le plus choquant, c'était que je m'en rendais compte maintenant, seulement maintenant alors que cela faisait quatre ans que je martyrisais tout le monde sur mon passage. Souriant légèrement au jeune homme, je dis « Je l'ai revu y a pas longtemps et un groupe de pouffiasse se moquait d'elle pour... tu sais quoi » J'haussais légèrement les épaules. Toute cette situation me faisait mal pour mon amie, et encore plus pour le jeune sigma qui ne devait pas être au courant ou pire, ne pas savoir comment réagir face à tout cela...

Aidan connaissait suffisamment sa meilleure amie pour remarquer quand son comportement ou ses paroles sonnaient faux. Aujourd’hui en était un parfait exemple : ses gestes affectifs, ses paroles affectueuses n’étaient pas dans ses habitudes. Non pas qu’elle ne lui montrait pas son amitié, loin de là ! Nélye avait toujours été présente pour lui et c’était montrée être une oreille très attentive envers lui, particulièrement lorsqu’il avait été atterré par le départ de Logan. Elle lui montrait son amitié, mais à sa manière. Loin d’elle les gestes tendres et surnoms mignons. Ou, si elle en usait, c’était qu’elle avait quelque chose à lui annoncer. Elle était un peu comme une enfants. à caresser les gens dans le sens du poil avant de lâcher une bombe qui promettait d’être explosive. En la voyant alors l’appeler « mon chou » tout en lui réclamant un câlin en tendant vers lui des bras grands ouverts, Aidan ne put que sentir que quelque chose se préparait. Bien qu’il ne se fit pas prier pour l’enlacer gentiment contre lui, ajoutant à ce geste rare un rapide baiser contre la tempe de la jeune femme, il ne manqua tout de même pas de lui montrer son étonnement. Elle ne réagit pas spécialement à sa remarque, ce qui fit que l’Irlandais resta sur le qui-vive alors que la conversation se déroulait normalement, avec les formes de politesse qui concernaient à demander à son interlocuteur comment il se portait. Pour sa part évidemment, l’étudiant en arts et littérature n’allait pas mentir en disant que tout allait bien. Il dormait mal depuis trop longtemps, et ces dernières nuits n’avaient été que pire, ne lui autorisant qu’une poignée d’heures de sommeil, ce qui expliquait les cernes creusant son visage. Mais comment pouvait-il trouver un sommeil serein alors qu’il savait Logan rentrée depuis quelques jours déjà ? Il savait qu’elle empruntait les mêmes couloirs que lui dans l’université, mais jamais il ne l’avait croisée, comme si elle cherchait à l’éviter. Le simple fait de la savoir de retour lui nouait l’estomac : la peur de voir comment les choses allaient se passer entre eux certainement.

« On fait aller. Holly était malade la semaine dernière et même si j’ai du me balader avec un masque pendant une semaine, j’ai pris un coup dans la figure. Je suis fatiguée tu n’imagines même pas comment. » expliqua Nélye pour répondre à la question de l’Irlandais. Grimaçant légèrement, ce dernier s’adossa contre un des murs de la pièce, croisant ses bras contre son torse en gardant son regard rivé sur la jolie blonde. « Si, j’imagine très bien. J’ai vécu la même chose avec Eileen, à plusieurs reprises. » Les quasi nuits blanches passées à s’occuper de la petite malade et les virus qui ne se gênaient pas pour se transmettre malgré les précautions prises, il connaissait oui. Avec sa petite sœur qu’il élevait depuis maintenant six ans, il avait eu de quoi traverser ce genre de passade difficilement gérables, ce pourquoi il se sentait de bon conseil envers sa meilleure amie. « Cure de vitamines et beaucoup de repos, voilà ce qu’il te faut. Je suis prêt à jouer les baby-sitter si tu en as besoin. » déclara-t-il en lui souriant gentiment. Nélye savait qu’elle pouvait compter sur lui et qu’il était prêt à garder Holly si elle avait besoin d’un après-midi ou d’une nuit pour se reposer. Il savait s’occuper des enfants et avait déjà gardé sa fille par le passé, elle n’avait donc qu’à lui demander son aide si elle en ressentait le besoin.

Lorsque son amie alla s’installer sur une chaise, Aidan la suivit du regard sans un mot. La voyant jouer machinalement avec ses cheveux, il ne put s’empêcher de froncer très légèrement les sourcils. Ce geste semblait traduire une certaine appréhension, comme si elle s’apprêtait à lui annoncer une nouvelle terrible. Restant alors d’autant plus sur ses gardes, il resta attentif au moindre geste qui pourrait lui donner plus d’indications quant à l’état d’esprit de la jeune mère. « T’as revu Logan depuis son retour de New York ? » Il avait eu beau se préparer à entendre quelque chose de difficile à entendre, la question posée par Nélye lui renversa l’estomac. Logan. Il ne pensait qu’à elle depuis des mois, depuis son départ en octobre dernier, et ces pensées perpétuellement dirigées vers l’Américano-Irlandaise se montraient d’autant plus douloureuses depuis qu’il avait appris son retour au détour d’un couloir, en surprenant une conversation entre deux étudiantes qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. « Non. » répondit-il alors dans un souffle, baissant ensuite la tête en humidifiant ses lèvres tout en essayant de calmer son cœur qui se mettait à battre un peu trop vite à son goût. À chaque fois que quelqu’un de son entourage lançait ce sujet sur la table, il avait la fâcheuse tendance à devenir irritable et à réagir au quart de tour, et il ne voulait pas que cela se passe avec Nélye. « Je l’ai revue y a pas longtemps et un groupe de pouffiasse se moquait d’elle pour… tu sais quoi. » continua-t-elle, attirant l’attention du brun et le faisant redresser la tête pour reposer ses yeux clairs sur elle. Elle avait revu Logan ? Quand ? De quoi avaient-elles parlé ? Comment allait-elle ? Un amas de questions le submergea et il dut une nouvelle fois se forcer pour se retenir de toutes les poser dans le désordre. « Oui, je… ce sont ce genre de moqueries qui m’ont appris son retour. Les gens sur Berkeley parlent beaucoup… » se contenta-t-il alors de marmonner, le regard fuyant. Il aurait aimé apprendre le retour de sa petite amie autrement que par de parfaits inconnus qui s’amusaient à parler sur son dos. Il aurait aimé que Logan elle-même l’en tienne informé en venant le voir, en l’appelant ou simplement par un texto. Mais non, elle semblait le fuir comme la peste, et cette situation avait le don de tendre l’Irlandais au plus haut point. « Comment elle va ? » finit-il tout de même par demander. Car oui, il pouvait en vouloir à Logan, il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Elle lui avait fait du mal, certainement comme personne d’autre sur cette terre –ormis son oncle-, mais il l’aimait. Alors oui, il se sentait obligé de prendre de ses nouvelles, de s’assurer qu’elle allait bien après ces cinq mois sans avoir eu de nouvelles la concernant, et il espérait que sa meilleure amie pourrait lui fournir les informations qu’il convoitait.

Ce que j'allais annoncer à Aidan n'allait pas être facile pour lui à entendre, ni pour moi à vrai dire. J'avais essayé de le soutenir du mieux que j'avais pu lorsque Logan avait quitté la Californie suite à sa fausse couche mais je ne lui avais jamais dis que j'avais plus ou moins poussé l'Alpha à le faire. Il allait m'en vouloir et me détester. J'étais prête à détruire la seule amitié masculine que j'avais. Je ne pouvais plus continuer ainsi, je ne pouvais plus lui mentir et je ne le voulais pas à vrai dire. Je préférais qu'il l'entende de ma propre bouche. Je préférais qu'il voit que j'étais toujours – et encore – une garce égoïste. Je n'avais pas envoyé Logan à l'autre bout du pays mais je ne l'avais pas retenu non plus. New York est une magnifique ville et je lui avais donné envie d'y aller. Sans compter que je lui avais aussi soumis l'idée que ce départ risquait de lui faire du bien, de la ressourcer même si ce n'était pas le cas, autant voir la mime et le moral de la jeune irlandaise. Personne ne pouvait lui en vouloir, absolument personne. Je ne savais pas ce qu'elle avait traversé ici ou à New York. Bien entendu, là haut, personne n'était au courant de sa grossesse et, plus précisément, de la perte du bébé. À Berkeley, la nouvelle avait fait le tour de la faculté en un claquement de doigts. Lorsque j'avais vu Logan blessée par tous ces bruits de couloirs qui rendaient sa vie impossible, je m'étais sentie coupable. Je n'étais pas à l'origine de tout ce remue ménage mais j'avais fais courir un bon nombre de rumeurs sur tout le monde. Dès que quelqu'un venait à m'ennuyer ou à me chercher, je faisais mon maximum pour détruire sa vie. Était-ce la bonne attitude à adopter ? Non, pas vraiment, mais j'étais ainsi. Détruire la vie des gens avaient toujours été mon occupation favorite. Depuis plus de huit ans, j'étais une professionnelle en destruction de vie et je ne pouvais pas tout abandonner ainsi. J'avais mauvaise réputation à la faculté et j'avais tellement peur que cela soit préjudiciable pour Holly. Je compensais donc mon manque de 'maturité' en étant autant que possible avec elle. C'était d'ailleurs pour cela que je refusais simplement la proposition d'Aidan. Bien entendu, du repos me ferait du bien – un bien fou – mais je ne voulais pas le faire. M'épuiser était ma façon de me battre, de montrer que je n'étais pas – encore – qu'une malade parmi tant d'autres. « C'est gentil mais je me reposerais quand elle ira mieux. Elle a été prise d'une poussée de fièvre l'autre soir, j'ai du l'emmener aux urgences. Elle n'avait rien de grave mais j'ai pété les plombs... » Je savais que le jeune sigma me comprenait là dessus. Comme il venait de le dire, Eileen aussi passait par ces états. Bien entendu, les deux fillettes n'avaient pas le même âge mais c'était pareil. Aidan était comme un père pour Eileen et j'étais la mère d'Holly. Me laisser aller de la sorte ne m'était pas habituel. À vrai dire, j'étais nature et simple qu'avec mon meilleur ami. Sauf quand je devais lui annoncer un 'secret' comme celui que j'étais sur le point de déballer. Là, tous mes plus horribles tics et comportements faisaient surface. J'étais nerveuse et angoissée. Je jouais avec mes cheveux et j'allais finir par me les arracher si tout ne sortait pas rapidement. Enfin, je n'allais pas lui lancer une bombe de telle envergure sans tâter le terrain. S'il ne s'était pas agis du jeune homme, j'aurais surement lâché la nouvelle comme on lâche un 'bonjour' en entrant dans une salle de classe. Je prenais des pincettes avec le jeune Jameson et je venais presque à me demander si c'était la bonne chose. Après tout, que je sois douce et mignonne avec lui ou pas, il allait me détester. J'avais encouragé l'amour de sa vie à quitter l'État de Californie. Je déglutis à ce constat. Dieu que j'étais horrible. « Les gens sur Berkeley parlent beaucoup… » Je posa mes yeux sur le sigma et un léger rire s'échappa de mes lèvres. C'était un euphémisme de dire que les gens de Berkeley parlent beaucoup. J'étais toujours la première pour ça mais là, c'était différent. On s'était attaqué à mon amie et je n'avais fais qu'une bouchée du petit groupe de Bêta moqueuse. Logan avait peur, cela se voyait dans ses yeux, mais moi, c'était autre chose. Je n'étais plus à deux ou trois de plus sur ma liste d'ennemi qui était longue comme le cou d'une girafe. Pas sociale la Nélye, pas du tout même. Je regarda le jeune homme dans les yeux et tenta de le rassurer avec mon regard. Ce n'était pas gagné d'avance mais bon. Qui ne tente rien n'a rien. « Ca va comme ça peut aller on va dire. Elle est à fond dans ses bouquins, comme d'habitude quoi ! » En gros, elle n'a pas changé si c'est ça qui t'effraie. Ma Logan était toujours la même après quelques longs mois dans la grosse pomme. « C'est pas facile tous les jours mais bon, la faculté ce n'est facile pour personne » lançais-je, comme pour l'informer un peu plus de la situation actuelle de son ex petite amie tout en relativisant la chose. Quoi qu'elle fasse, qu'elle soit en tord ou non, il y avait toujours des sorcières pour venir détruire quelqu'un jugé faible. J'en étais la preuve vivante. Me raclant légèrement la gorge, je soupira fortement avant de passer une main dans mes cheveux. « Enfin, je ne t'ai pas demandé de venir pour pleurer sur le cas de l'Alpha mais plutôt parce que je veux mettre quelque chose au clair avec toi avant que tu ne le saches par quelqu'un d'autre, par Logan » Je me lève rapidement de ma chaise et marche quelques longues secondes. Je ne marche pas non, je tourne en rond. Je pose mes deux mains sur le dossier de ma chaise et glisse les yeux sur Aidan. « Je ne sais vraiment pas par où comment. J'ai tourné cette révélation dans tous les sens mais d'une façon ou d'une autre, elle est toujours aussi insupportable » lâchais-je à l'encontre du beau musicien. « Quand Logan a fait sa fausse couche et qu'elle est venue me voir en me demandant quoi faire, je lui ai soumis l'idée de partir. Pour rire au début et puis plus tant que ça... Je ne l'ai pas mise dans l'avion mais je ne l'ai pas retenu lorsqu'elle a pris la décision de quitter San Francisco. Je l'ai plus soutenu qu'autre chose en fait » Moi qui n'était jamais été solidaire pour un sous, j'avais été plus que ça avec la jolie Wyatt. Je déglutis difficilement et glissa mes yeux sur la pièce, ne voulant pas voir la réaction de mon ami, de mon meilleur ami. J'étais officiellement entrain de lui donner une raison de me laisser et de me détester. « Je sais que vous avez tous les deux soufferts mais elle n'aurait pas été heureuse en restant ici. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi mais je le sais. Quand on te voit comme un être faible et chétif, mieux vaut foutre le camp et se reconstruire » C'était totalement vrai. Partir avait permis à la jeune irlandaise de souffler et d'être prête pour tout encaisser, chose qui n'aurait surement pas été possible si elle était restée ici, avec nous. Bien entendu, nous l'aurions aidé à se relever mais franchement, elle n'aurait pas tenu. Je ne comptais même plus le nombre de jeunes femmes qui avaient quitté l'université à cause des rumeurs lancées sur elles. Certaines étaient revenues froides et fortes, d'autres ne donnaient plus signe de vie. Si Logan est revenue, ce n'est pas pour rien, j'en suis persuadée. J'avais envie de dire au jeune homme qu'elle avait du revenir pour lui mais je ne voulais pas dédramatiser la situation. J'avais causé son malheur et j'allais en payer les conséquences...

troooooooop désolée pour le retard ! j'ai franchement honte... j'espère que tu veux bien continuer le rp en tout cas