Ne pas laisser son correspondant trop seul, voilà le maître mot de cet échange avec Oxford. Malheureusement entre Benn et moi, il y avait de l’eau dans le gaz et ce depuis notre rencontre à cette fameuse soirée de rencontres avec les anglais. Qui aurait cru que j’avais en fait eu une relation avec celui qui était professeur de français à Oxford ? Je ne pouvais pas le dire autrement, mais j’étais littéralement tombé de haut et je ne pouvais pas nier le fait que tout cela m’avait fait mal. Cela n’aurait dû avoir aucune importance puisque notre relation avait été brève et sans aucun intérêt, un rituel que je connaissais sur le bout des doigts et dont j’avais bien souvent affaire mais cette fois-ci fut bien différente. Je n’étais pas censée retrouver Benn, ni ici ni même ailleurs bien au contraire, il y avait une chance sur des millions pour que nous nous retrouvions et il avait fallut que cela arrive bien évidemment, autant dire que la chance était loin d’être de mon côté. J’avais du mal à me faire à l’idée que ce dernier se trouvait à l’université et qu’il n’était pas prêt d’y décoller pour le moment. Malgré tout, je faisais comme si Benn et moi nous étions rencontrés pour la première fois et je voyais bien qu’il en faisait de même car tout cela était dans notre intérêt. Il risquait tout autant sa place de professeur que moi je ne risquais ma place d’étudiante et hors de question que je tombe à cause d’un pauvre type dans son genre, un stupide mec de plus qui s’était retrouvé dans mon lit après un simple dîner. J’aurais pu me sentir menacée car quelqu’un connaissait notre secret mais il s’était avéré qu’au contraire, j’avais un atout dans ma poche, une aide bien précieuse sur laquelle je n’allais pas cracher. Nélye était venue à moi tel un ange tombé du ciel et elle était sans aucun doute la seule et unique personne capable de me porter main forte. Je n’avais parlé de cette histoire à personne hormis cette dernière puisque j’avais bien remarqué qu’elle-même avait une dent contre le jeune homme lorsqu’elle lui avait donné un faux nom. Depuis, Nélye et moi nous étions promis de tout faire pour que le séjour de monsieur Prescott soit un véritable enfer. Oui, j’étais bel et bien rancunière à ce point-là et je n’avais aucune honte de l’affirmer. Pour cette belle journée ensoleillé et plus ou moins chaude, j’avais décidé de m’éloigner un peu du lycée et vu que nous étions tenus de nous occuper de nos correspondants, j’avais vu une belle occasion pour commencer à faire la misère à Benn. Naturellement, j’avais invité cette chère Nélye pour cet évènement si spécial et nous avions opté pour les deux célèbres collines prénommées Twin Peaks. Même si les collines se situaient au cœur de la ville, c’était un endroit des plus calmes, un lieu parfait pour être seule en compagnie de l’anglais. Nous nous étions tous les trois retrouvés devant l’université afin de commencer notre ascension vers les collines. J’étais vêtue d’une bonne paire de baskets blanches, d’un short en jeans des plus courts ainsi que d’un tee-shirt beige sous lequel je camouflais un débardeur de la même couleur ainsi que le haut d’un maillot de bain. Et oui, pourquoi ne pas en profiter se poser quelques minutes au sommet de la colline afin de profiter du soleil tapant pour perfectionner mon bronzage avant l’arrivée de l’été dans quelques mois ? Dans mon sac à dos, j’avais plusieurs bouteilles d’eau et quelques petits encas histoire de casser la croûte une fois arrivée au sommet, puis tant de marche m’ouvrirait sans nul doute l’appêtit. Hormis entre Nélye et moi, nous n’échangions guère de mots avec Benn qui restait quelque peu en retrait derrière nous et ce, sur tout le chemin qui mena à aux Twin Peaks. « Bon dieu, j’espère que nous allons bientôt arriver tout en haut. » Nous avions fait quelques mètres à peine sur la colline et j’en avais déjà pleins les jambes, pourtant, j’étais sportive mais en l’occurrence, escalader des montagnes ou des simples collines n’était pas dans mes gènes tout comme les promenades en forêt. Après tout, je n’avais pas vraiment eu l’occasion de profiter de telles promenades, tout du moins jusqu’à aujourd’hui. « Alors Benn, pas trop fatigué ? On t’entend pas parler, t’as passé une bonne nuit ? » Autant briser un peu la glace avec ce dernier avant d’arriver au sommet, il fallait savoir le mettre en confiance, lui faire croire que nous n’avions rien contre lui et que nous ferrions tout pour qu’il se sente à l’aise en notre compagnie. Tout cela étant après tout fait dans le but de le voir s’effondrer, de lui en mettre plein la vue autant que possible. Evidemment, plus il se sentirait en confiance et plus dur sera la chute, je ne pouvais pas nier le fait que j’étais une professionnelle dans ce domaine.

« Mais il est où ce putain de short ? » La tête dans l'armoire, je faisais voler mes habits par dessus mon épaule, râlant et grognant dès que j'avais l'impression de trouver le Saint Grâal et que, finalement, ce n'était pas le cas. J'étais bordélique, je n'avais absolument pas l'habitude de ranger mes affaires et cela se voyait une fois encore. Il n'était pas rare de trouver des sous-vêtements dans mon placard d'habits d'été et des shorts pendus au milieu de mes plus belles robes. Je rangeais tout comme ça me venait et cela pouvait causer bien des situations... J'avais rendez-vous avec Kirby et Benn dans vingt cinq minutes et j'étais encore en sous vêtements à dévaliser mon armoire. Derrière mois, debout dans son lit parapluie, ma petite princesse riait lorsqu'un bout de tissu lui arrivait sur le visage. Je lui lançais un petit sourire et replongeait la tête dans l'armoire. Je n'avais plus qu'à espérer que l'étage du dessus ne craquerait pas sous le poids sinon je finirais la tête écrasée sous des tonnes de pull et pantalon d'hiver. Il fallait vraiment que je fasse le tri dans ce placard, que je donne à des bonnes œuvres tout ce dont je ne me servais pas, soit la moitié des choses. Des vêtements avaient même encore leur étiquette... C'était honteux mais cela ne me gênait pas. J'avais de l'argent, je pouvais me le permettre alors pourquoi refuser ? J'étais gourmande, ce n'était pas nouveau et la mode faisait partie de mes péchés mignons. Mettant la main sur mon short en jeans, je l'enfila rapidement. Me tournant rapidement sur moi même, je regarda l'effet de dos. Je ne l'avais plus mis depuis tellement longtemps et avec le poids que j'avais perdu pendant mes examens, j'avais peur de ne ressembler à rien dedans. J'avais perdu quelques kilos mais mon postérieur était resté le même ce qui m'arracha un léger sourire. Enfilant un haut long blanc avec une jolie tête de tigre beige et orangée dessus, j'enfilai une paire de bensimon et prépara rapidement mon sac à dos. Une bouteille d'eau, quelques gâteaux secs et un sandwich tout prêt et le tour était joué. Je passa une légère couche de crème sur mes épaules, mes cuisses et mon décolleté. Être bronzée d'accord, être rouge comme une écrevisse non merci. Attachant mes cheveux en une queue de cheval haute, j'entendis la sonnette retentir. Aujourd'hui, Holly avait la chance d'être gardée par la jeune russe qui habitait à deux pas d'ici. J'avais d'abord été réticente à ce qu'elle vienne travailler pour moi et, après un essai, elle s'était révélée une vraie crème, un amour comme il n'en existe pas. Embrassant ma fille, je salua la jeune étudiante et partis rapidement, ray-ban sur le nez. Je savais que ma princesse serait en de bonne main et cela me libéra d'un point et pas des moindres. Me dirigeant rapidement vers la faculté, j'envoya tout aussi rapidement un message à Kirby pour lui dire que j'arrivais seule, Pearl ayant un problème de digestion. C'était totalement faux. Pour tout dire, je ne savais même pas où ma correspondante se trouvait. Hier soir, elle n'était pas rentrée à la maison, prétextant qu'elle avait envie de rester plus longtemps faire la fête avec ses amis. Je n'avais pas rechigné, loin de là même. Le courant ne passait pas très bien entre nous deux, même après le voyage au Canada où n'avions été coincée ensemble une dizaine de jours. Cela ne nous avait pas rapproché, loin de là, surtout avec ce que j'avais découvert là haut. Ma meilleure amie était ensemble de son futur ex mari. La nouvelle n'arrivait toujours pas à passer mis je devais l'oublier, pour aujourd'hui du moins. Je devais me concentrer sur autre chose, sur un de mes propres problèmes. J'avais gentiment accepté l'invitation de Kirby, voyant un sacré avantage à se balader en petit short devant ce cher Benn mais maintenant, je regrettais presque. J'étais une professionnelle du mensonge et de tout ce qui allait avec mais j'avais juste envie de lui claquer ma main en plein visage. J'étais en colère après lui. Rancunière comme jamais, je voulais le mettre plus bas que terre et cela était possible grâce à la jolie Iota. Elle était une alliée de choc et nous avions passé bien du temps à faire tourner ce pauvre bonhomme en bourrique. Le pauvre devait en avoir mais ce n'était que le début. L'échange risquait de durer deux voire trois mois et je n'allais pas craquer avant, bien que mes doigts me picotaient dès que je le voyais. « Bon dieu, j’espère que nous allons bientôt arriver tout en haut. » La jeune Iota me tira de mes pensées et m'arracha un léger sourire. Notre ascension n'était franchement pas prête de se terminer et cela ne me gênait pas. Benn, en retrait, avait tout le loisir de jeter un coup d'oeil sur nos postérieurs mis en avant grâce à nos short. Nous ne nous étions pas mise d'accord sur la tenue mais Kirby et moi étions sur la même longueur d'onde, une fois encore. « Courage Kirby, on a le temps de se fatiguer avant d'y arriver » Je lui fis un léger clin d'oeil et ralentis légèrement. C'était pas tout mais c'était quand même fatiguant cette promenade ! Moi qui était déjà exténuée par ma maladie, je ne me ménageais pas. Si le médecin savait mes projets, il me traiterait de folle, ce que j'étais bien entendu. « Alors Benn, pas trop fatigué ? On t’entend pas parler, t’as passé une bonne nuit ? » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Bah c'est vrai quoi, c'est qu'il était fatigué et mou le petit professeur de français ! « Non, c'est que... » Pendant que le jeune homme cherchait ses mots, je fis un clin d'oeil à mon acolyte et lança « Vous avez découverts les joies de l'Amérique hier ? A moins que vous avez fini votre soirée avec une américaine ! Ne vous inquiétez pas, nous n'irons rien répéter » Bah non, on dirait rien, ce serait un bon moyen de pressions sur le jeune homme... Après tout, je savais qu'il était attiré par les jeunettes et nous n'étions que nous trois donc...

j'ai pas franchement fait avancer le truc désolée

Ce pauvre Benn ne savait pas ce qui allait lui tomber sur la figure aujourd’hui, il en avait déjà eu un avant goût lors sde la soirée de rencontre mais cela n’avait été qu’une formalité, une sorte de mise en bouche, rien de bien effrayant à vrai dire, se fut juste histoire de planter le décor entre lui et moi mais aussi entre lui et sa cousine. Pour la première fois de ma vie, je me sentais tirer les ficelles. J’avais toujours eu cette sensation de subir les coups des autres, d’être rabaissée plus bas que sous terre à chaque fois que je passais la nuit avec un nouvel homme et Benn était celui qui m’avait planté son couteau le plus profondément. Nous aurions pu éviter d’en arriver là s’il ne m’avait pass menti à l’époque où je l’avais en quelque sorte fréquenté, j’aurais pu savoir à quoi m’attendre et peut-être qu’aujourd’hui, au lieu de gravir cette coline, nous serrions ensemble à rire autour d’un café ou encore même en train de faire des choses peu catholiques. Je n’aurais pas dit non à une nouvelle fois avec lui car il fallait l’avouer, le coussin de Nélye était un sacré coup mais malheureusement, il avait fallut que ce dernier s’invente une vie pour m’impressionner. Et bien évidemment, il était tombé sur le mauvais cheval. J’étais du genre rancunnière, à tout pardonner sans jamais oublier pour au final prendre ma revenge quelques jours ou quelques semaines plus tard et pour Benn, les prochaines semaines allaient être un vrai enfer. A commencer par les shorts que Nélye et moi portions. J’avais esquissé un sourire en la voyant arriver de loin, fort contente que cette dernière est opté pour le même type de tenue, de quoi ouvrir l’appêtit de notre professeur. Je me sentais une vraie âme d’aventurière au mometn de gravir la colline, mon sac à dos de randonné sur les épaules, j’avais l’impression de dominer le mondre, d’être madame Indiana Jones en quelque sorte. Malheureusement, je n’étais qu’une petite blondinette qui venait de la ville, née sous le soleil de Miami avec du sangs suédois dans mes veines, la petite fille qui courait plus à la plage qu’à la montagne et qui préférais de loin porter des bikinis plutôt qu’un énorme sac sur le dos. Mais Berkeley m’avait beaucoup changé et notamment mon accident d’il y a plusieurs qui m’avait rendu bien plus forte. Angelina Jolie, va te cacher, la prochaine Lara Croft sera blonde. « Courage Kirby, on a le temps de se fatiguer avant d'y arriver » Suite aux paroles de mon amie et son clin d’œil, j’esquissais un splendide sourire, ralentissant la marche tout comme elle, décidant plutôt de dandiner quelque peu des fesses au lieu d’escalader comme une vraie guerrière. Mon cœur battait un peu plus la chamade à chaque nouveau pas, la hâte de nous retrouver au sommet pour toturer monsieur Prescott. Ce dernier semblait d’ailleurs complètement ailleurs. Il n’avait guère prononcé le moindre mot depuis que nous étions partis et il restait bien en retrait. Rien d’étonnant en y réfléchissant bien, il devait admirer les collines qu’il avait droit sous les yeux et je ne parlais aucunement de celle que nous étions en train de gravir. « Non, c'est que... » Oh mais c’est qu’il ne savait pas quoi dire notre Bennichou ? A croire qu’il avait des choses à nous cacher et Nélye ne mit pas longtemps à mettre le doigt dessus. « Vous avez découverts les joies de l'Amérique hier ? A moins que vous avez fini votre soirée avec une américaine ! Ne vous inquiétez pas, nous n'irons rien répéter. » Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres alors que je remettais une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Nélye trouvait toujours les mots justes, notamment en présence de Benn, de quoi rendre ce dernier complètement fou. Bien évidemment, ce n’était pas dans mon genre de me taire face à une telle situation et puis il ne fallait pas oublier que notre but était de le rendre complètement dingue, de lui faire perdre pied pour ainsi donc le poignarder en beauté. « Non, non pas du tout où vous allez chercher ça ? » Un rire nerveux ne put s’empêcher de sortir de ma gorge. Pour qui nous prenait-il ? Des idiotes ? Nous n’avions beau être que de simples étudiants, ce n’est pas pour autant que nous ne savions pas à quel point Benn aimait le plaisir de la chaire et j’étais la mieux placée pour en parler. « Oh on sait tout, faut pas croire. On connait tout le monde en ville, ou presque d’accord, mais rien ne nous échappe, surtout pas les moindres faits et gestes d’un beau gosse venu tout droit d’Angleterre. » Je tournais brièvement la tête vers Benn, lui adressant un clin d’œil tout en me retenant de rire face à son visage quelque peu… dépité. Quelle douce revenge, j’en savourais le moindre instant. Il ne fallut que quelques minutes de plus pour que nous atteignions le sommet, de quoi crier de bonheur. Je lâchais donc mon sac dans l’herbe, enlevant un énorme poids à mon dos tout en adressant un large sourire à Nélye ainsi qu’à mon correspondant. « C’est parfait non ? Rien que nous trois baignant dans le splendide soleil de la Californie ! Ça doit changer de la grosse pluie anglaise. » Ironie bien évidemment. Une poignée de secondes plus tard, je retirais le tee-shirt que je portais, me retrouvant alors en débardeur. La prochaine étape serait le haut de mon bikini mais ça, je le gardais pour un peu plus tard, lorsque ce cher professeur commencera à transpirer à grosses gouttes en se rendant compte qu’il était en compagnie de deux blondinettes des plus canons.

Depuis que les anglais avaient posé le pied sur le sol américain et que j'avais revu Benn, je n'avais plus qu'une envie : le faire souffrir et lui écraser le cœur comme il l'avait fait avec moi par le passé. Bien heureusement, j'avais vite trouvé quelqu'un pour me tenir compagnie dans ma nouvelle quête. Kirby et moi avions une dent contre l'anglais et je ne pouvais pas lui en vouloir. Il s'était moqué d'elle comme il s'était moqué de moi et elle ne pouvait pas laisser cela passer. Une femme qui se fait manipuler peut mal réagir, vraiment très mal, et il allait bientôt s'en rendre compte. Benn avait réussi à remettre un nom sur le visage de la jolie Iota mais, pour moi, c'était le flou totale. J'avais toujours mes bonnes petites joues de mon enfance mais c'était tout. Depuis Monaco et la France, j'avais bien changé. J'avais déjà pris des formes mais je m'étais aussi transformée en femme digne de ce nom ; je n'étais plus qu'une gamine parmi tant d'autres. Aujourd'hui, nous tenions un bout de notre revanche avec Kirby. Le faire tourner en bourrique était notre petit dada et je savais très bien qu'elle s'attelait à la tâche dès qu'elle le voyait. Je ne pouvais pas prétexter avoir besoin d'aide en français puisque cette langue était ma langue maternelle. J'avais d'ailleurs eu plus que peur que Benn reconnaissance mon accent, accent qui me trahirait en un claquement de doigts. Je faisais de mon mieux pour chopper un accent américain, en vain. Je préférais donc atténuer le mien plutôt que de ressembler à un canard en parlant. Je n'avais pas envie d'attendre d'être arrivée en haut pour le cuisiner. Autant commencer maintenant et tenter de le déstabiliser, histoire d'en savoir plus. J'étais une professionnelle en ce qui concerne la manipulation et je savais très bien comme y arriver : toucher son point faible, ou plutôt deuxième point faible. Benn était un homme plutôt séduisant et je savais très bien qu'une jolie jeune femme – étudiante ou non – allait bientôt lui faire goutter aux joies de l'Amérique. Après tout, nous étions tous pareils à cet page là. J'avais voulu goûter aux joies des petits parisiens une fois que je m'en sentais capable et je l'avais fais, à de nombreuses reprises. À croire que le changement de pays – ou même de ville – offrait de nouvelles saveurs. « Non, non pas du tout où vous allez chercher ça ? » Je me retourna et haussa les épaules. Nul part. Je savais juste qu'il aimait les jolies filles et la faculté lui en fournissait à profusion. Bien entendu, il n'était pas assez bête pour choisir une jeune femme de la faculté, quoi que... Kirby en était la preuve vivante ! Elle avait couché avec lui. Cette pensée m'arracha une légère grimace. Je n'y avais jamais pensé réellement mais elle avait bel et bien fait qu'un avec lui. Elle était plus jeune que moi. Je déglutis difficilement, la laissant répondre à l'anglais. Elle était plus jeune que l'une de ses cousines et il s'en fichait pas mal. C'était un sacré constat pour moi et un peu perturbant je devais bien l'admettre. J'avais tellement de mal à m'imaginer cela et c'est d'ailleurs pour cela que je tente de porter mon attention sur autre chose que la voix de la jeune Iota. Quelle idée de penser aux détails techniques après coup ! Quelle idiote je faisais, il n'y avait pas à dire... il ne restait plus quelques mètres avant d'arriver et que la traque commence pour de bon. Il ne me restait qu'une petite poignée de minutes pour sortir ces pensées de ma tête et me lancer à corps perdus dans notre petit plan. Deux jolies blondes, il n'allait pas réussir à se retenir bien longtemps. Ou peut être bien que si vu le ton que nous venions de donner. « C’est parfait non ? Rien que nous trois baignant dans le splendide soleil de la Californie ! Ça doit changer de la grosse pluie anglaise. » Je souris légèrement et me tourna vers le jeune professeur qui haussait les épaules, portant son attention sur moi alors que Kirby ôtait son t-shirt. « Il faisait plutôt bon quand on est parti. Enfin, il peut faire aussi chaud qu'ici vous savez, pas moins souvent. » Bon jusque là, c'est normal après tout. Nous étions plus près de l'équateur que l'Angleterre ne l'était et il y avait bien d'autres raisons géographiques qui expliquaient cette différence de climat. Souriant à l'intention des deux autres personnes, j'ôtai mon t-shirt à mon tour. « En tout cas, il fait une chaleur à crever ici ! N'hésite pas à te mettre à ton aise, il n'y a que nous ici » Je lui adresse un léger sourire avant de poser mes fesses sur une pierre et de m'étirer légèrement, laissant un large décolleté en pleine vue. « Ca ne gêne pas que je te tutoie rassure moi ? Je ne me vois pas te vouvoyer toute la journée. Promis, de retour à l'école, je repasse au vouvoiement » Simple détail technique qui pouvait le mettre à l'aise. Je lui disais juste que ce qui se passait ici resterait ici. Ou pas. « Oh non, ça me... Ca me va ! » Je souris et me laisse glisser de mon rocher pour me retrouver sur le sol. Putain c'est qu'on crève de chaud et le soleil n'est même pas à son zénith ! Alors que je profitais d'un léger coup de vent pour respirer un peu d'air frais, je me tourne vers Kirby et dis « T'es sûre que tu t'occupes bien de ton correspondant toi ? Il a l'air mal à l'aise ! » Je lui adresse un léger clin d'oeil avant de me tourner à nouveau vers le professeur. « Alors Benn, que peux tu nous apprendre sur ta vie en Angleterre ? Une jolie jeune femme doit t'attendre là bas ! À moins que tu sois venu ici pour trouver la femme de ta vie. On sait jamais après tout, il paraît que les américains sont encore plus excitantes que les anglaises ! » Et nous étions la preuve vivante de cette conclusion. Quoi que je n'étais pas américaine.

La tension était palpable, l’air était plus qu’électrique et le vent apportait la subtile odeur qu’avait la vengeance. C’était peut-être un peu stupide de me venger à cause d’une simple histoire de sexe mais le fait était que j’étais un peu trop rancunière et que j’étais loin de pardonner avant d’avoir eu quelques petits règlements de compte. Si Nélye n’avait pas été présente, j’aurais réglé cette histoire par moi-même, sans tourner autour du pot afin de l’amadouer tel que nous le faisions. Après tout, ce n’était pas mon genre, je préférais aller droit au but bien que la manière dont la jeune femme et moi allions nous y prendre pour en faire baver Benn était un coup des plus intéressants à monter. Le rendre dingue et le tourmenter, j’en rêvais depuis que son regard avait croisé le mien dans cette salle plusieurs jours auparavant. Lui prouver que je n’étais pas seulement une femme qui se laissait séduire mais qui pouvait également séduire les autres, lui en particulier, faire comme si je ne lui en voulais pas, que j’étais prête à passer autre chose pour finalement l’abattre et lui faire du mal comme il m’en avait fait. « Il faisait plutôt bon quand on est parti. Enfin, il peut faire aussi chaud qu'ici vous savez, pas moins souvent. » Bêtement je souriais parce que les images de notre premier dîner ensemble me revenait. Cette nuit-là, la pluie s’était abattue sur Londres et le jeune homme m’avait proposé de venir s’abriter dans sa chambre d’hôtel, lequel était situé juste en face du restaurant dans lequel nous nous trouvions. Naturellement, je l’avais suivi, parce qu’il me faisait craquer, parce que je savais comment cette soirée se terminerait si je l’accompagnais. Une croqueuse d’hommes dans mon genre n’aurait bien évidemment pas refusé son invitation. « En tout cas, il fait une chaleur à crever ici ! N'hésite pas à te mettre à ton aise, il n'y a que nous ici » Je tournais alors la tête vers Nélye et Benn afin de voir la réaction de ce dernier suite à cette phrase. Mais rien, il avait même détourné son regard vers le paysage qui s’offrait à lui, histoire sans doute de ne pas paraître trop pervers à observer la jeune femme ôter son tee-shirt. Un nouveau sourire se colla sur mon visage à cet instant. « T'es sûre que tu t'occupes bien de ton correspondant toi ? Il a l'air mal à l'aise ! » J’aperçus alors son clin d’œil, lui répondant d’un hochement de tête et d’un nouveau sourire. « Je m’occupe très bien de lui, c’est juste qu’il est un peu timide ! » Bon d’accord, je ne m’étais guère vraiment occupé de lui depuis qu’il était arrivé ici et pour cause, c’était bien souvent lui qui m’évitait. Se croiser dans un couloir était bien trop intense pour lui qu’il préférait rebrousser chemin et se perdre dans l’université, comme quoi, il était impossible pour lui de se trouver en ma présence avec d’autres, c’était sans aucun doute un miracle qu’il est accepté de venir ici alors que Nélye nous accompagnait. « Alors Benn, que peux tu nous apprendre sur ta vie en Angleterre ? Une jolie jeune femme doit t'attendre là bas ! À moins que tu sois venu ici pour trouver la femme de ta vie. On sait jamais après tout, il paraît que les américains sont encore plus excitantes que les anglaises ! » Discrètement, j’approuvais les paroles de la blondinette. Et de ce que j’avais vu de Benn la première fois que je l’avais rencontré, il les aimait les américaines, ou alors il aimait tout simplement les blondes, un bon point pour que Nélye puisse exercer sa vengeance sur ce dernier. « Oh et bien, j’ai pas vraiment le temps pour les femmes, je suis très occupé avec mon fils et mon travail. » Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres. Vas-y Benn, moque-toi de nous, tu ne payes rien pour attendre. Je passais donc derrière Nélye, lui glissant alors quelques brefs mots qu’elle seule pourrait entendre. « Quel gros menteur. » Sur le fait qu’il n’avait pas le temps pour les femmes, cela va de soi. Il avait eu le temps pour moi quelques nuits, cela n’allait donc pas être avec son baratin inventé de toute pièce qu’il allait nous avoir. « Ah tu as un fils ?! Et bien, tu dois être submergé par le travail avec ce dernier. Profite donc d’être ici, tu n’as pas à te soucier de lui pour le moment. » Bien évidemment, je savais qu’il avait un fils, parce que la belle Epsilon qui nous accompagnait m’en avait brièvement parlé. Autrement, Benn ne m’avait jamais rien dit à ce sujet, ni lors de mon séjour à Londres et encore moins dans les courriers et autres messages que nous avions échangé avant qu’il ne vienne à arriver à Berkeley. Mais peu importait, je n’en avais que faire, c’était sa petite vie après tout. Je n’allais pas le blâmer d’avoir un fils, bien au contraire, j’allais simplement le blâmer pour m’avoir traité comme une moins que rien même si cela n’était qu’un coup d’un soir et qu’il y avait eu une chance sur des millions pour que nous nous retrouvions ici. « Puis, ne va pas nous dire que tu n’as pas rencontré une petite californienne à draguer, il y a de quoi faire dans le coin. Entre les habitantes du coin, le personnel de Berkeley et les étudiantes… » J’insistais notamment sur ce dernier mot, étudiantes, c’était bien ce que Nélye et moi étions après tout, et c’est ce que j’avais été lors de mon séjour à Londres. Tout en me tenant en face de Benn, je l’observais, lui souriant tendrement avant de retirer cette fois-ci mon débardeur, dévoilant alors les formes qui se cachaient sous ce dernier. Me mordant délicatement la lèvre inférieure, je ne cessais d’observer l’anglais, soutenant son regard autant que possible. Je le vis alors descendre ses yeux sur ma poitrine recouverte du haut de mon bikini que j’avais caché sous mes vêtements avant que son regard ne vienne à se perdre sur le sol. Il lui en fallait peu pour le rendre dingue.

Passer une partie de la journée en haut des Twin Peaks était une bonne idée. Après tout, le soleil était présent, le paysage était magnifique et nous allions pouvoir mettre notre plan à exécution. Kirby et moi allions enfin pouvoir en faire voir de toutes les couleurs au jeune professeur et lui rendre la monnaie de sa pièce. Enfin, une petite partie parce que je devais avouer que je ne pourrais pas être satisfaite en une seule petite journée. J'étais rancunière et froide de nature. Le premier qui venait à me blesser risquait de finir broyé et ça, le jeune homme l'avait toujours su. C'était peut être pour cela qu'il s'était retenu de me convier à son mariage il y a quelques années de cela. J'avais pris cela pour la trahison du siècle et je lui en voulais toujours. À ce moment même, j'avais envie de le pousser dans le vide et faire passer cela pour un accident parce que nous étions seuls, comme je venais de lui dire. Seulement, je devais retenir mes pulsions. Je ne voulais pas embarquer la jeune Iota là dedans et je n'avais guère envie de finir en prison. Une petite crapule m'attendait à la maison et je devais penser à elle avant tout. Le médecin m'avait souvent dit de penser à Holly dès que ça n'allait pas. Il ne savait pas que ses conseils allait m'éviter de commettre un homicide volontaire et prémédité qui plus est ! Il fallait que je m'occupe l'esprit et pense à autre chose. Je devais me concentrer sur la montée, sur la future vengeance de la jolie blonde. Kirby ne m'avait pas tout raconté. Je ne savais pas précisément pourquoi elle lui en voulait. Il l'avait trahi, il s'était moqué d'elle mais c'est tout ce que je savais. Je ne me voyais pas lui en demander plus. Après tout, j'étais curieuse mais pas de cette manière. Je me doutais que le secret qui les liait n'était pas vraiment des plus acceptables et avouables. Peut être avaient-ils un enfant en commun. Je grimaça à cette idée. En tout cas, leur histoire commune était assez honteuse pour que Benn ne décroche pas un mot et préfère regarder autour de lui que vers nous deux. Nous étions, nous aussi, deux belles plantes ! Ce mutisme m'inquiétait presque. Je connaissais assez mon cousin pour savoir que ce n'était pas son style. Je taquinais donc Kirby sur ce point. Peut être allait-il répondre, me donner une raison valable à tout cela mais non, toujours rien. C'était la Iota qui venait à s'expliquer et à m'assurer qu'il était juste un peu timide. « Ca craint d'être timide pour un professeur mais bon, ça a son charme » Nélye ou l'art de mettre les pieds dans le plat, à nouveau. Ce jeu était dangereux et je le savais plus que n'importe qui. Il y avait une chance sur deux qu'un paparazzis s'amuse à écrire – et photographier – mes moindres gestes et paroles et j'étais foutue. Je savais très bien que tout cela était possible mais je n'en avais pas prévenu Kirby. Elle devait bien se douter qu'en tant que princesse du Rocher, nos petits plans risquaient d'être étudiés à la loupe. J'espérais donc que personne n'allait venir à prévenir la famille royale sinon il y avait une chance sur deux pour que mon père débarque et m'incendie sur place. Cela fait exactement neuf ans que je ne l'ai pas vu mais pour un détail aussi futile que celui là, il était bien capable de débarquer et de mettre son grain de sel. L'apparition de mon paternel risquerait de compromettre nos plans et cela n'était pas acceptable. Je décidais donc de questionner le bel anglais sans trop me mouiller. Tout était dans la mesure. Alors que j'écoutais ses paroles, je soupirais légèrement, levant les yeux au ciel. J'étais bien d'accord avec Kirby, il était un gros menteur. Il avait du temps ici alors pourquoi prôner l'inverse ? Je doutais fortement que son fils soit sur le campus. Il avait du rester en Angleterre chez ses grands-parents, laissant le temps à Benn de chasser et d'agrandir son tableau de chasse. À l'époque où nous nous fréquentions, il changeait d'amie comme de chemises et j'avais d'ailleurs suivi son chemin. Aujourd'hui, il semblait rangé – bien que j'en doutais – mais ce n'était toujours pas mon cas. Me levant pour respirer un coup, je glissa mes yeux sur les alentours et être sûre que rien ni personne n'était là. Attrapant une pince dans mon sac, je coinça cette dernière dans ma chevelure blonde pour ne plus avoir de cheveux dans la nuque. Je laissais cette partie du jeu à Kirby et elle semblait bien s'en sortir puisqu'il n'y avait plus un bruit sur le sommet des Twin Peaks. Pour être aussi muet, il devait être mal à l'aise comme pas deux. Me tournant brusquement, je posa mes yeux sur mon cousin avant de lancer « N'ais pas honte Benn ! Je veux dire, on a tous couché avec quelqu'un de plus jeune ou de plus âgé que nous ! Et puis, ce n'est un secret pour personne, tu es plutôt pas mal comme homme » J'haussais les épaules comme pour lui montrer que c'était normal de parler ainsi. Il ne devait pas avoir peur, absolument pas. Il devait juste se laisser aller. Il se racla légèrement la gorge avant de répondre aussi simplement que possible. « Oui bien sûr, les californiennes sont jolies mais ça ne m'intéresse pas du tout. Je n'ai pas encore fais le deuil de ma femme » le regardant, je fronce les sourcils quelques peu avant de porter mon regard sur ma Iota favorite. Alors là, c'est du foutage de gueule en puissance. Voilà les mots qui résonnent dans ma tête. Je n'ai peut être plus de contact avec l'anglais mais je tente toujours d'entretenir quelques relations avec mes grands parents anglais et ces derniers m'ont assuré que leur petit fils n'avait jamais vraiment été atteint par le décès de son ex femme. Les jeux l'avaient aidé à tenir bon. Bien que j'avais envie de lui sauter à la gorge, une nouvelle fois, je tenta de contrôler mon visage du mieux que je pouvais pour faire apparaître une moue triste sur mon petit minois. « Oh... Je suis tellement désolée pour toi... Ca doit être horrible de perdre la femme qu'on aime.. » J'attrape élégamment Kirby par la main et la guide vers Benn comme j'étais entrain de le faire. Le jeune homme était adossé à un rocher, le regard dans le vide. Une belle blonde à sa droite, une autre à sa gauche. Délicatement, je posais ma main sur le torse du jeune en faisant une petite moue. S'il était intelligent, il y avait bien une chance sur deux qu'il se laisse aller pour de bon. Après tout, le coup de la tristesse et du deuil était une excuse vieille comme le monde... J'espérais que Kirby allait me suivre et qu'il allait d'abord jeter son dévolu sur elle parce que je risquais bien de péter un plomb s'il venait à se diriger vers moi en premier. Il était 'vulnérable' et triste, c'était le moment parfait pour tenter quelque chose. Ou pas...

Les faits étaient là. En y réfléchissant bien, je ne blâmais pas Benn en vu de la relation que nous ayons eu, elle n'était pas la première que j'avais avec un professeur, il fallait l'admette, mais le fait de savoir qu'il ait pu me mentir sur sa vie entière, en inventer une de toute pièce afin de me séduire, me mettait presque hors de moi. Peut-être l'aurais-je accepté après tout. Peut-être que j'aurais pu accepter le fait que sa femme était morte, qu'il avait un fils et qu'il était accro aux jeux. Tout cela n'était que de purs détails dans notre relation qui ne devait toute manière n'être que passagère, quelques moments de bonheur au cœur de son lit, cela n'invoquait pas le fait de devoir me mentir sur qui il était. Je n'aurais pas cherché à le revoir comme je ne courais jamais après mes conquêtes. Un simple bonjour suivi d'un au revoir, cela aurait dû se résumer à cela et nous aurions très bien pu nous revoir dans l'enceinte de l'université sans pour autant nous tirer dans les pattes. Nous aurions pu passer un excellent séjour tous les deux, mais au lieu de cela, j'étais prête à lui faire vivre un véritable enfer afin d'obtenir ne serrait-ce que quelques excuses, aussi courtes soient-elle, savoir qu'il regrettait ce qu'il avait fait, peut-être même savoir pourquoi il n'était pas resté naturel au lieu d'agir comme un parfait étranger. C'est enfin de compte ce qu'il était à mes yeux, pas encore il ne m'avait adressé la parole pour me parler de sa véritable vie ou même de son travail à Oxford, au lieu de cela, il m'évitait comme si j'avais la rage et les seules informations que j'avais, étaient celles que Nélye avait eu la bonté de me confier ces derniers jours. J'avais trouvé en la jeune femme une véritable alliée qui m'aiderait à mettre en place ma vengeance autant que la sienne, notre seul but étant de faire regretter au professeur ses erreurs passées et notamment tout le mal qu'il a pu nous faire. Finalement, je n'étais pas celle qui lui en voulait le plus, notre histoire n'ayant été qu'éphémère contrairement à la jeune femme qui faisait partie de la famille de Benn, bien qu'elle et moi n'ayons pas la même notion de ce qu'est une famille. Pour moi, la famille était plus que sacrée, on ne touchait pas aux liens du sang, jamais et pour mon père, le seul être qui me restait, je ferais n'importe quoi et ce même si notre relation n'était pas au beau fixe depuis notre déménagement à San Francisco il y a presque trois ans de cela. Un père irlandais et une mère suédoise, mes grands-parents étaient à l'autre bout du globe et je ne les avais jamais vus, pas même je connaissais leurs noms, jamais mes parents ne m'aillant parlés d'eux. Je me devais d'avouer que Benn n'avait rien perdu de son charme depuis l'été dernier et malgré sa trahison, il me faisait toujours autant d'effets, notre relation ayant uniquement été basée sur le physique, je pouvais toujours me permettre de tenter un petit quelque chose avec ce dernier. Bien évidemment, hors de question de me caser que se soit avec lui ou avec quelqu'un d'autre, je tenais bien trop à ma liberté et plutôt que d'être la femme d'un seul homme, je préférais être celle de plusieurs, une vie qui me convenait parfaitement. Tout du moins pour le moment, peut-être que dans un futur proche les choses viendraient à évoluer, mais je n'étais guère pressée pour le découvrir. L'amour était encore un sentiment que je ne connaissais pas ou très peu, mais de toute manière, pas assez pour m'engager dans une relation sérieuse. Nélye ne fit que confirmer mes pensées en lançant au professeur qu'il était plutôt pas mal, un sourire s'étirant alors sur mes lèvres. Quelque peu surprise alors que j'étais en train de les dévisager tous les deux, plutôt amusée de par cette situation fort ironique, la blondinette s'était emparée délicatement de ma main afin de m'approcher de Benn. Je ne compris alors son petit manège que lorsque sa main se déposa sur son torse. A l'attaque. « Mais tu sais Benn, tu ne dois pas ruminer le passé. Tu dois enfin aller de l'avant et oublier ce drame, en t'amusant un peu par exemple. C'est un peu pour cela que nous sommes là, pour t'aider à aller mieux et pour faire en sorte que tu puisses oublier tous tes soucis. » Ou simplement pour te faire payer les coups bas que tu nous as fait à toutes les deux, mais ce détail, mieux valait le garder secret jusqu'au bout. Je ne connaissais que très peu Benn, ne sachant guère comment il pouvait réagir si Nélye et moi venions à nous aventurer un peu trop loin, peut-être parlerait-il de harcèlement, dans ce cas nous étions toutes les deux cuites, mais je voyais mal le jeune homme s'aventurer sur un tel chemin en sachant pertinemment qu'il se perdrait également en chemin. « Oh je m'amuse, ne vous inquiétez pas pour ça. » Un nouveau sourire s'était posé sur mes lèvres alors que je me collais délicatement contre le professeur, approchant ma bouche de son oreille tout en passant une main le long de son épaule, la descendant le long de son bras dans un mouvement des plus lents, arrivant finalement jusqu'à sa main dont je prenais dans la mienne. J'avais tant de souvenirs de nos soirées, les premières folles nuits que j'avais repassé suite à mon accident de l'année passée, un détail sur lequel je ne m'étais jamais attardée en présence de Benn. Les détails plutôt privés n'ayant jamais vraiment été abordés avec ce dernier. Encore heureux pouvais-je dire, quelles autres imbécilités aurait-il pu me sortir en vu des autres gros mensonges qu'il avait su me donner ? « Allez, ne nous fait pas ce coup, tu sembles aussi tendu que ne l'est mon string, cela m'étonnerait donc que tu t'amuses vraiment. C'est un simple prétexte pour qu'on te laisser tranquille, n'est-ce pas ? Écoute, je suis censée prendre soin de toi et mon amie ici présente a bien voulu nous accompagner, tu ne vas pas nous décevoir ? » De toute manière, il n'avait guère le choix, ce n'est pas lui qui menait la danse, mais bien la ravissante Epsilon et moi-même. Je glissais alors lentement mes lèvres dans son cou, y déposant quelques tendres baisers avant de reculer mon visage, observant une fois de plus Benn tout en le gratifiant d'un sourire. Je lançais par la suite un bref et discret clin d'œil à Nélye, je ne savais pas pour elle, mais pour ma part, je prenais un sacré plaisir à jouer.