Une moue boudeuse venait de prendre place sur son visage, preuve de l’ennui qui l’avait gagné et de l’agacement qu’elle pouvait ressentir de ne pas trouver un quelconque moyen de s’occuper. Elle avait beau avoir parcouru trois fois le répertoire des contacts contenus dans son iPhone, elle n’était pas parvenue à trouver la moindre personne – filles de préférence – avec qui sortir en ville et il était clair que la jeune femme n’avait pas la moindre envie d’arpenter les rues de San Francisco seule. Evidemment, la première personne à laquelle la jeune femme avait pensé était bien sûr Nélye, mais elle se doutait que sa Monégasque préférée devait probablement être occupée que ce soit avec ses cours ou avec sa fille. Résultat, l’Irlando-américaine était en train de fulminer dans sa chambre, assise en tailleur sur son lit, comme à son habitude. Elle fixait le mur droit devant elle à la recherche d’une idée quelconque pour occuper le reste de sa journée mais elle en venait à chaque fois à détester les week-ends et ce plus précisément depuis qu’elle était rentrée de New York. Là-bas, elle n’avait pas eu ce genre de problème car si jamais elle se trouvait dans une phase où elle n’avait rien envie de faire, son colocataire avait toujours été là pour la pousser à sortir, mais dans cette ville de la côte Est la demoiselle n’avait pas eu à craindre d’affronter les commérages des étudiants à son sujet puisque ces derniers ne pouvaient pas connaitre ce par quoi elle était passée, la raison de son départ de Berkeley pour Columbia pendant quelques mois seulement.

Un soupire lui échappa, l’étudiante se laissa tomber en arrière son lit et fixa le plafond de sa chambre jouant avec le camée qu’elle avait hérité de sa mère qui l’avait elle-même hérité de sa mère avant et ainsi de suite, un bijou ancien dont elle ne se séparait que très rarement voire même jamais. A trop vouloir se changer les idées, à trop être sérieuse depuis qu’elle était de retour en Californie, Logan était parvenue à finir tous les devoirs qu’elle était supposée faire pour les jours à venir et même si elle aurait pu prendre de l’avance sur ses cours ne serait-ce que pour s’occuper, pour la première fois depuis longtemps la demoiselle n’avait pas la moindre envie de se plonger dans un livre, non, elle voulait simplement sortir, quitter cette chambre et aller prendre l’air. Ce ne fut qu’en entendant une voix masculine provenant du rez-de-chaussée de la résidence des Alphas qu’en éclair de génie traversa l’esprit de l’étudiante qui aussitôt se rassit sur son lit. S’il y avait bien une personne qui serait capable de lui changer les idées et incapable de lui refuser une requête c’était bien le jeune homme qui était actuellement en train de monter à l’étage. Ni une, ni deux, Logan sauta hors de son lit et rejoignit la porte de sa chambre qu’elle ouvrit et elle n’eut à entendre qu’une poignée de secondes avant d’apercevoir la silhouette familière d’Aidan se dessiner dans l’escalier. « Luca ! Ne fais pas un pas de plus, tu m’accompagnes en ville ! » Et sans laisser le temps au jeune homme de répliquer – ou de refuser – l’Irlando-américaine disparu dans sa chambre pour y prendre ses affaires avant de rejoindre l’étudiant et l’entraîner sans mot dire à l’extérieur, le traînant avec sa force de mouche en direction du centre-ville de San Francisco, traversant avant ça le campus de Berkeley.

« T’as pas le droit de refuser sinon je te mettrais sur le dos la folie qui me gagnera et après ma mort je te hanterais. » Lança-t-elle le plus sérieusement du monde avant qu’un sourire amusé n’étire ses lèvres. Avec Nélye, Aidan était l’une des rares personnes avec qui la jeune femme avait gardé contact suite à son départ. Il savait ce par quoi elle était passée et il ne lui avait pas tourné le dos, au contraire, ils avaient passé toutes leurs soirées au téléphone lorsque l’étudiante s’était trouvée à l’autre bout du pays et lorsqu’elle s’était risquée à oublier de lui donner de ses nouvelles le jeune homme n’avait jamais eu le moindre problème à le lui faire remarquer. Il faisait partie de ses meilleurs amis ou était plus exactement une personne qu’elle considérait plus comme son frère aîné. Arrivés dans le centre-ville de San Francisco, la jeune femme ralenti sa vitesse de marche lorsqu’elle vit le monde qui fourmillait ici et là, mais également parce qu’à trop faire d’effort l’air avait commencé à lui manquer et la demoiselle n’avait pas la moindre envie de déclencher une crise d’asthme au beau milieu de la rue. Près d’Aidan, elle tourna la tête vers ce dernier et lui adressa un sourire. « Oh et sinon, ça va ? » Questionna-t-elle après s’être rendue compte que dans son moment de folie au cours duquel elle avait entraîné le pauvre Alpha, pas un seul instant elle lui avait demandé s’il allait bien – quand bien même se croisaient-ils quasiment tous les jours matin et soir.

Le futur appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ainsi donc était ta devise, alors que tu te redressais sur ton lit que tu n’avais cependant pas envie de quitter. Tu étais de ceux qui se décidaient à s’endormir aux petites heures, pour être réveiller beaucoup trop tôt pour ton propre bien, voir ici aux aurores. Le soleil peinait à se lever dehors que tu passas une main sur ton visage, soupirant. Parfois, tu aimerais bien dormir plus, beaucoup plus. Seulement voilà, ton corps s’était habitué aux horaires difficiles que tu avais, il avait donc besoin de peu d’heure de sommeil. Bon, certains te sermonnaient que tu aurais tôt fait de faire un burn-out ou encore une dépression nerveuse, chose peu agréable, surtout que tu ne pouvais pas te le permettre vu ton niveau d’étude. Seulement, tu faisais l’ignorant et l’inconscient et poursuivais ton train de vie qui te tuerait sûrement bien avant l’âge. Même ton frère s’y mettait, aux sermons, principalement concernant ton alimentation qui était plus que mauvaise. Tu déjeunais que très rarement, cela se résumait souvent qu’à un croissant et un café. Tes dîners provenaient des fast-food du coin, pas le temps d’attendre qu’un repas soit servi et tes soupers était tout aussi glorieux que tes précédents repas. Et pourtant, tu tenais la forme, assez bien tout de même. Le gym était désormais ton meilleur ami et la seule façon de garder une certaine forme physique. Car il a bien été prouvé qu’un corps en santé amène un esprit en santé. Et tu y tenais, à ta tête en santé, ce qui était la base pour bien réussir, et ce, dans presque tous les domaines.

Sortant finalement de ton lit, tu te décidas à enfiler un t-shirt et un pantalon jogging. Décidé à bien te réveiller, une paire de basket aux pieds, tu quittas la résidence pour aller courir un peu sur le terrain de l’école. C’était ainsi que tu tenais la forme et un corps plus qu’appréciable, même si tu t’en servais peu. Tu savais bien que tu attirais parfois les regards de la gente féminine, seulement, ton air sérieux et mature en dissuadaient quelques unes. Ton habitude à être constamment à la bibliothèque ou encore plongé dans tes livres en dissuadaient d’autres. Et pour le reste qui aimeraient bien s’essayer avec quelqu’un comme toi – à savoir que tu étais complètement nul en relation et que les histoires d’un soir te plaisaient très peu -, elles se faisaient rembarrer, quoi très – trop – gentiment.

Ton jogging fait, de la sueur ruisselant sur ton front et dans ton cou, tu te décidas à rentrer pour aller prendre une douche et peut-être manger quelque chose. Ton frère serait vraiment découragé de voir combien tu te souciais peu de ton alimentation. Peut-être cela venait-il de vos origines italiennes – votre famille à toujours aimé la bonne bouffe –, lorsque tu vivais encore chez tes parents, les repas étaient toujours complet et sain. Loin de toutes la mal-bouffes que tu pouvais prendre dans une journée, sans compter les repas sur le pouce qui étaient loin d’être aussi bien pour la santé que les publicités le disaient. Une bonne douche froide te fit le plus grand bien et tu sortis de la salle de bain, vêtu simplement d’une serviette enroulée autour de tes hanches. Puis, tu enfilas une paire de jeans et une chemise légère à manche courte d’un bleu pâle dont tu laissas le col lâche.

Attrapant finalement ton sac – chose qui ne te quittait plus depuis ton arrivé à Berkeley –, tu décidas de te rendre à la bibliothèque. Il était encore tôt. Tu passas rapidement au café étudiant attraper un muffin et un café avant de filer dans ce lieu paisible et calme que tu affectionnais tant. C’était l’endroit où l’on était sur de te retrouver, lorsqu’on te cherchait. Te plongeant dans ton cours de biologie, tu sortis un cahier de note et un crayon. Lorsque tu te plongeais ainsi dans tes études, tu pouvais passer des heures ainsi assis, le dos recourber sur ta copie. Et tu t’étonnais de quelques maux de dos. Pourtant, la raison de cet incofort était fort évidente. Mais tu étais doué pour nier l’évidence et te mentir à toi-même. Surtout concernant ta santé qui, bien que ton corps, extérieurement, semblait bien le tenir, au bout du compte, tu accumulais la fatigue et l’épuisement. Mais tu tenais. Il le fallait, après tout. Il était inconcevable que tu prennes du retard dans tes cours.

L’après-midi venait d’être entamer alors que tu refermais ton bouquin et que tu rangeas tout ce que tu avais sorti dans ton sac. Bon, tu ignorais ce que tu allais faire, mais voilà, il faudrait peut-être que tu te décides à grignoter quelque chose, faire semblant que tu dînais, pour avoir bonne conscience. Retournant aux bâtiments réservés aux Alpha, confrérie dont tu te sentais réellement à ta place, tu tombas nez-à-nez avec Mason. Tu discutas un peu avec lui, étant d’un naturel social. Seulement, tu ne te doutais pas le moins du monde qu’une tornade allait s’abattre sur toi. Une tornade du nom de Logan. T’arrêtant net, tu regardas la demoiselle disparaître aussi rapidement qu’elle était apparue en face de toi, un sourcil lever, l’air quelques peu hagard. En ville. L’idée de sortir ne t’avait pas tellement effleuré l’esprit, mais en tant que gentil petit intello docile, tu allais bien évidemment suivre celle que tu considérais presque comme une petite sœur.

Elle t’entraîna sans que tu ais ton mot à dire. Et puis, selon ce qu’elle venait d’affirmer, tu n’avais pas le droit de refuser. Tu haussas les épaules. Sur ton air sérieux apparut finalement un sourire tout aussi amusé que celle qui t’accompagnait. « Tu n’oserais quand même pas venir me rendre la vie dur. Tu sais pourtant que je me la mène dur tout seul, pas besoin de ton aide. » Elle était sûrement une des personnes qui te connaissaient le mieux, avec Casey, bien évidemment, qui était ton frère – de neuf mois ton aîné – et une personne à qui tu n’avais pas peur de parler de tout. Tu calas ton pas au sien, parce que, franchement, les personnes qui t’entouraient avaient souvent l’impression que tu courais plus un marathon que tu marchais. Un rire franc franchit tes lèvres lors de sa question. « Il était temps, je commençais à me demander si je n’étais pas qu’un chien de poche à tes yeux. »

Oh, autant la faire sentir un peu coupable. De toute façon, ce n’était pas bien méchant. Il fallait te l’avouer, être en ville te faisait du bien. Sortir un peu la tête de tes bouquins. Tu appréciais aussi beaucoup Logan car elle était un peu dans la même situation que toi, au niveau des études. Tout aussi assidue et à fond dedans que toi. Et elle comprennaient que tu t’y consacrais réellement. Ce qui était loin de ton cousin, qui te trouvait plus ennuyeux qu’autre chose. Mais toi, tu tenais à réussir. « Je vais bien, pour répondre à ta question. Et toi, tu t’en sors ? » Moyen peu subtil d’aborder le sujet de son récent retour à San Fransisco. Elle t’avait manqué, tout de même, lors de son départ à New-York. Bien que tu t’y étais rendu à quelque reprise – après tout, tu étais New-Yorkais de souche –. « Et puis, c’est quoi, tu en avais marre de tes bouquins alors tu t’es décidé d’attaquer le premier venu ? » Malgré ton air sérieux et mature, de ton allure concentré et peu enclin à t’amuser, tu aimais bien te détendre, prendre tes aises, rire et plaisanter. Tu n’étais pas autant un coincé du cul que certains le prétendaient. Tu savais te détendre et t’amuser, sortir aussi, tu connaissais. Tu étais tout de même un jeune homme de vingt-deux ans. La seule chose que tu ne connaissais pas, c’était sûrement les coups d’un soir. Mais c’était surtout par respect pour la demoiselle et pour ta propre personne que tu ne t’adonnais pas à ce vice.