Whistler Blackcomb, mercredi 13 mars. Le Canada. Bien que j'avais été enchanté d'apprendre que Berkeley organisait un Spring Break en notre honneur, j'avais vite déchanté quand j'avais pris connaissance de l'endroit qu'ils avaient choisis. Un pays froid, des vacances au ski en somme. Etait-ce parce qu'on venait d'un pays pluvieux qu'ils avaient choisi une destination aussi froide? Histoire qu'on reste dans notre élément? Parce que là, sérieux, j'avais plutôt rêver d'autre chose quand j'avais entendu le mot Spring Break. Pour moi cela ressemblait plus à une île, plage de sable blanc, cocotiers et soleil. Et accessoirement, jeunes femmes en bikini. Parce que oui, fallait l'avouer, depuis que j'étais redevenu célibataire, je m'autorisais à regarder ces belles américaines. Même que parfois, je touchais. Mais bon, rien de sérieux. Je ne voulais plus m'engager auprès d'une demoiselle en sachant qu'il n'y aurait probablement aucune chance pour que l'issue soit positive. A me voir comme ça, on aurait pu croire que je n'avais pas été chamboulé par ma rencontre à la plage avec Alexie. Mais c'était complètement faux. Je refusais juste de le montrer. Je refusais qu'elle apprenne d'une manière ou d'une autre que je pensais bien plus souvent à elle que je n'aurais du. Après tout, je l'avais laissée partir comme un crétin, incapable de faire un geste pour la retenir. Depuis, on ne s'était plus croisé et cela semblait nous convenir. Alors j'avais pris la direction du Canada à moitié enchanté. Je savais que Kathleen ma meilleure amie faisait partie du voyage et je comptais bien passer pas mal de temps avec elle. Kathleen était probablement une des seules demoiselles de mon entourage avec qui il n'y avait jamais rien eu d'ambigü. Entre nous, ce n'était rien que de l'amitié. Une amitié pure et dure qui durait depuis plus de trois ans. J'avais donc passé mon trajet au côté de la demoiselle, à parler de tout et de rien. J'en avais profité pour lui avouer que je ne savais pas skier. De toute façon si cela n'avait tenu qu'à moi, nous serions au Bahamas ou dans un lieu de ce genre et pas dans un pays enneigé. La suite de la journée m'enchanta encore moins. Surtout quand j'appris que la direction de Berkeley nous avait placé dans des chalets, sans même demander notre avis. C'était peut-être plus facile pour l'organisation mais ne pas pouvoir choisir avec qui j'allais passer ses 10 jours ne m'enchantait vraiment pas. 'Cole Thompson, Jack...'J'adressais un sourire à ma correspondante qui se trouvait non loin de là. Après tout, avec elle à mes côtés ce ne serait peut-être pas si terrible que ça. Je déchantais très vite en entendant la fin de la composition de notre chalet. 'Alexie Hargrove & Ethan...' Je n'écoutais même pas la suite. De tous les étudiants présents au voyage, je réussissais à partager le chalet avec mon ex! La cerise sur ce gateau était en plus la présence d'Ethan, qui devait certainement être son correspondant. Mais tout ce que je voyais, c'est que c'était un homme de plus dans le chalet. Un homme proche d'Alexie certainement. Chalet 17. Je pris mes bagages sans rien dire et me dirigeais vers ma nouvelle habitation. Très luxueux valait bien l'avouer. Pour le coup, j'étais impressionné. Je m'étais enfermé dans ma chambre. Et pendant les premiers jours, j'avais évité Alexie du mieux que je pouvais. Et quand il arrivait qu'on se croise, on ne s'adressait pas même un regard. La tension était belle et bien présente dans le chalet. C'est pourquoi j'étais très souvent dehors. C'était aussi la raison de ma venue à cette heure sur une piste skiable qui n'était pas fort fréquentée. Après avoir mangé, je savais que les trois quarts des personnes se retrouvaient pour papoter et digérer. Moi je voulais faire un peu de sport. En quelques jours, j'avais été épaulé et on m'avait appris quelques bases sur la manière de skier. Seulement j'étais un vrai manche sur des skis et je n'arrivais pas à mettre les conseils en pratique. Alors que faisais-je là, tout seul, alors que je tenais à peine debout, bien cramponné à mes batons? J'allais pour la première fois essayer de skier seul. Fou? Oui certainement. Mais le danger ne me faisait pas peur. Alors que j'étais en pleine concentration, j'entendis un gloussement indiscret derrière moi. Je fronçais les sourcils, me demandant qui avait le culot de se moquer d'un débutant. Je me retournais donc pour voir à qui j'avais à faire et je tombais nez-à-nez avec Alexie. Il fallait vraiment qu'elle soit là à des moments les plus inattendus. En plus, je n'étais pas des plus séduisants dans ma combinaison verte, des grosses lunettes cachant mes yeux. Avant même que je ne songe au pourquoi de cette pensée -car après tout, pourquoi tenais-je autant à ce qu'Alexie me trouve séduisant?- la belle Omicron engagea la conversation. Une nouvelle fois. Mais la tactique d'approche fut différente que le jour à la plage. « Tu ne devrais pas rester tout seul alors que tu ne sais même pas skier tu sais, ce n’est pas prudent tu pourrais te casser quelque chose… Tires pas cette tête, viens je vais t'apprendre à skier correctement. » A sa première phrase, je cru entendre ma mère. Ou ma petite soeur, Leelo. C'était au choix. Mais ces deux là, quand elles s'y mettaient, j'avais le droit à des sermons sur la sécurité, entre autre. Ma mère avait toujours été mère poule. Quant à Leelo, j'étais tellement protecteur avec elle que je ne voyais pas comment j'aurais pu lui reprocher d'en faire autant avec moi. 'Tiens, tiens, Alexie... T'inquièterais-tu pour moi?' J'avais décidé de la jouer finement cette fois-ci. J'avais pas cette envie de m'énerver et de toute façon, je n'étais pas en position de force. Ma voix avait été assez taquine, comme si je parlais à une bonne copine. C'était déjà pas mal comme réaction venant de ma part. En tout cas, je n'aurais pas su en faire plus. Un petit sourire apparu sur mon visage quand j'entendis qu'Alexie voulait s'improviser professeur. Après tout, je ne pensais pas que c'était une mauvaise idée. Du tout même. J'avais décidé de laisser parler mon coeur. Et il avait besoin de passer du temps avec la belle demoiselle. Je m'avançais donc vers elle. Mais j'étais tellement peu sûr de moi, tellement pas en équilibre sur mes skis, qu'après deux pas, je me retrouvais le derrière sur le sol. Glacial. 'Si tu penses pouvoir réussir à apprendre quelque chose à une catastrophe comme moi, je ne dirais pas non à une petite leçon' Je devais être pitoyable dans cette situation. Alors j'avais décidé d'en rire. L'auto-dérision, ça pouvait être charmant non? Et puis, aujourd'hui, voir Alexie devant moi, m'enchantait. Au final, passer mon temps à l'éviter m'épuisait. Et puis, il fallait bien l'avouer: elle me manquait. J'essayais donc de me relever, me cramponnant -entendez par là, me crispant- sur les deux bâtons qui de toute évidence ne me servait à rien. Je les laissais donc sur le côté, appuyant mes mains gantées sur le sol enneigé. De suite, c'était beaucoup plus facile. Après quelques contorsions, j'arrivais à me remettre sur mes deux pieds. Enfin sur mes deux skis. Je lançais un regard à travers mes lunettes à Alexie. 'On commence par quoi?' Vu la catastrophe que j'étais, la demoiselle allait avoir du boulot.

On aurait très bien pu se demander ce qui m'était passé par la tête quand j'avais pris la décision d'aller skier seul. Après tout, j'étais un parfait débutant. Avant ce voyage, je n'avais jamais posé les pieds dans une station de ski & tout était nouveau pour moi: de l'utilisation du télé-siège à la pratique en elle-même. Pourtant, je n'avais pas faibli devant le challenge. Au contraire, apprendre un nouveau sport me motivait énormément. Et ce même si ce dernier était risqué. Prendre des risques n'étaient pourtant pas ce que je préfèrais en général, moi qui était plutôt d'un naturel prudent. Pourtant j'étais joueur et quand Jack m'avait emmené sur les pistes les premiers jours, j'avais crâné. Et la chance du débutant était venue puisque je n'étais pas tombé. Fort de cette expérience, j'avais donc décidé de me rendre seul sur la piste cette fois-ci. Je voulais me tester, voir jusqu'où je pouvais aller. De toute évidence mes limites étaient bien présentes puisque je n'arrivais déjà plus à me tenir correctement sur mes skis ni même à avancer de quelques pas sans tomber le derrière dans la neige. Auparavant, je ne m'étais jamais retrouvé dans ce genre de situation où j'étais en position de faiblesse. D'habitude, j'étais l'homme viril, l'homme de la situation. Et ne pas arriver à faire quelque chose par moi-même, sans aide, me frustrait pas mal. Cela allait dans mon égo, comme ce petit rire que je venais d'entendre. Se moquer de quelqu'un qui se retrouvait dans une mauvaise position était si facile que c'est prêt à mordre que je m'étais retourné. Et je l'avais apperçue. Alexie. Et tout d'un coup ma mauvaise humeur avait disparu. Etrange quand on connaissait notre situation actuelle n'est-ce pas? Mais aujourd'hui, j'en avais réellement marre. Marre d'éviter la belle demoiselle, marre de faire comme si elle n'existait pas quand je me retrouvais face à elle dans notre chalet. En plus, j'avais bien remarqué la complicité qu'elle avait avec Ethan, son correspondant. Et je n'aimais pas du tout la voir rire avec lui, ce beau gosse américain. Je n'avais jamais douté de mon physique, ni même du charme que j'avais et pourtant, voir Ethan si proche de la belle Omicron me rendait malade. Ma jalousie reprenait le dessus et je faisais tout pour ne pas la montrer. Je n'avais plus ce droit d'être jaloux, Alexie n'était plus avec moi et ce par ma faute. Je doutais d'ailleurs qu'on arrive à se reparler correctement car depuis l'épisode à la plage nous ne nous étions plus adressé un seul mot. Et je savais d'ailleurs que c'était plutôt à mon tour de faire le premier pas. Sauf que je ne l'avais jamais fait. Je n'osais pas. De peur de me faire renvoyer par la belle demoiselle. J'étais donc assez enchanté que la situation se présente sans même que je n'ai quoique ce soit à faire. Ce fut encore Alexie qui fit le premier pas. Intérieurement, je la remerciais car ce n'était pas avec mon attitude qu'on aurait avancé dans notre relation, si relation il y avait encore. J'avais donc décidé de changer d'attitude, de ne pas l'accueillir aussi froidement que la première fois. Après tout, les jours s'étaient écoulés et j'avais pu m'habituer au fait qu'elle avait préféré son meilleur ami. M'habituer à cette idée mais pas pardonner. J'étais bien trop fier, bien trop rancunier pour passer l'éponge sur cet épisode aussi facilement. La blessure n'était donc pas refermée. Mais j'avais décidé sur le coup de laisser parler mon coeur. Mon envie de renouer le contact avec Alexie était bien plus grande que cette rancune que j'avais envers elle. Fini les gamineries. C'était donc avec humour que j'avais répondu à la demoiselle. Je la taquinais, comme si rien ne s'était passé. Comme si on s'était quitté la veille en très bons termes. « N’importe qui s’inquiéterait en te voyant, on dirait un canard tellement boiteux qu’il n’en arrive plus à marcher » J'étais soulagé d'entendre la voix taquine d'Alexie. Au moins aujourd'hui, on passerait peut-être un moment ensemble sans se prendre la tête. Cela nous permettrait peut-être de nous ressouder. Je tiquais cependant sur le canard boiteux. C'était donc ainsi que la belle me voyait? Elle pensait vraiment que je serais ce vilain petit canard qu'on traîne sur la piste tellement il est lent en apprentissage? J'étais bien résolu à lui montrer que je savais faire beaucoup mieux que ça. Je lui avais donc adressé un sourire qui se voulait parfaitement détendu et j'avais essayé de me rapprocher d'elle. Sauf que la tentive d'approche rata et je me retrouvais le derrière au sol. Bien que ma combinaison était chaude, j'eus vraiment cette impression d'avoir plongé dans une douche froide. De plus, j'avais cette impression d'être complètement ridicule et même si on disait que cela ne tuait pas, je n'aimais vraiment pas cette idée de me ridiculiser devant Alexie. A cet instant, j'étais tellement loin du Cole qu'elle connaissait. L'homme fort, l'épaule solide sur laquelle elle aurait pu se reposer. Difficile de m'imaginer ainsi quand on me voyait à présent. J'avais donc décidé de jouer la dernière corde que je possédais à mon arc. L'atout dérision. J'avais donc ris de moi, demandant à Alexie si elle pensait vraiment réussir à apprendre quelque chose à un cas aussi désespéré. « Bien évidemment que je réussirais à t’apprendre à skier mon petit canard, je suis expérimentée moi » Mon petit canard. Je ne savais pourquoi mais j'avais l'impression que ce petit surnom allait me suivre partout maintenant. J'adressais une mimique qui se voulait comique à la belle demoiselle avant de tenter de me relever. Je du m'y prendre à deux fois ce qui me frustra encore une fois. Mais je décidais de passer au dessus de cette frustration, bien décidé de montrer à mon ex que je n'étais pas une cause perdue. 'Bien. Je vais me considérer chanceux de t'avoir près de moi dans cette situation alors' Je savais que si Alexie voulait m'apprendre à skier convenablement, elle allait devoir passer du temps avec moi. Temps qu'elle ne passerait donc pas avec Ethan. Ce qui me plaisait pas mal. Mais pour l'instant, je me devais de suivre les conseils de la belle Omicron. Alors que je venais de me remettre sur mes deux pieds, elle attrappa mes lunettes et me les enleva. Automatiquement, je plissais les yeux. Le soleil tapait déjà pas mal et cette situation n'était pas des plus confortables. « Pour l’instant tu n’en as pas besoin donc je vais garder ça » Je poussais un petit soupir avant de râler. 'Est-ce vraiment nécessaire?' Si la belle demoiselle cherchait à m'aveugler, elle n'aurait pas du s'y prendre autrement. J'étais donc loin de me douter qu'elle avait des raisons valables pour me prendre mes lunettes sans même m'en demander la permission. J'aurais d'ailleurs pu laisser tomber tout de suite ces cours improvisés qui allait peut-être se finir en humiliation totale. C'était peut-être ce qui était de plus sage à faire. Pourtant j'avais un défi de taille devant moi et les défis avaient le don de me stimuler. Je n'allais pas abandonner aussi facilement. Pas avant d'avoir fait mes preuves. Pas avant de montrer à Alexie que j'étais capable moi aussi de me débrouiller comme un chef. Pour l'instant, ce n'était pas encore gagné. J'accrochais le magnifique regard de mon ex et écoutais attentivement les recommandations.« On va commencer par ton maintien. Tout d’abord tu dois suivre la ligne la plus rectiligne possible, tu dois donc éviter les endroits à bosses si tu ne veux pas te ramasser à nouveau. Tes skis doivent toujours rester dans le même alignement, seules tes épaules doivent faire des rotations » Alexie venait de mettre ses paroles en illustration et je ne la quittais pas des yeux, observant son corps parfait. Attentif et appliqué. Voilà l'élève qu'Alexie avait devant les yeux. Quand elle s'assura que j'avais compris, je lui adressais un sourire. Expliquer comme ça, le ski avait l'air enfantin. Sauf que j'étais mélangé entre l'envie d'épater la jeune femme et la peur de rentrer de nouveau en contact avec le sol. 'Cela devrait pouvoir se faire' Ma voix semblait convaincue. C'était du moins l'illusion que je voulais donner. Alexie partit donc à l'avant avant de se retourner pour me prodiguer d'autres conseils. Plisser les jambes quand il y a des bosses. Ok. Ne pas bouger le bassin, juste faire des rotations d'épaules. Ok. Là, je devais me lancer. Un pas. Puis un deuxième. Lentement mais surement, je me rapprochais d'Alexie. Je n'avais pas envie de prendre de la vitesse. Pas tout de suite. J'étais encore bien trop débutant que pour faire mon malin. Alexie devait avoir remarqué que je manquais de confiance en moi puisque la demoiselle décida de m'encourager. « Va y Cole tu peux le faire, ais confiance en toi et ça va aller tout seul » Avoir confiance en moi. Plus facile à dire qu'à faire pour un débutant aussi maladroit que moi. Pourtant j'adressais un nouveau sourire à la belle demoiselle. Je voulais qu'elle pense que j'étais détendu. Alors que je stressais à chaque pas que je faisais sur la neige. Tout à coup, je vis Alexie s'en aller sans se retourner. L'idée qu'elle en ai marre de mon cas me traversa l'esprit. Mais notre séance de cours venait à peine de débuter alors je pensais simplement qu'elle voulait que je la rattrappe. Et cette fois-ci je n'allais pas la laisser filer. 'Hé, attends-moi!' J'essayais de prendre de la vitesse sans énormément de résultats. Je voyais Alexie s'éloigner de la piste d'où on venait vers un endroit plus calme. L'idée de me retrouver seul avec elle me fit sourire. Je me déconcentrais et perdais de la vitesse. Je pris donc une profonde respiration avant de continuer mon chemin. J'arrivais enfin à la hauteur d'Alexie, un sourire affiché sur mes lèvres. 'Je te parie ce que tu veux que j'arriverais avant toi à la fin de cette piste' Sourire de vainqueur, voix sûre de moi. Je lui lançais un petit regard de défi avant de la dépasser. Bien entendu, je n'avais pas le niveau, je le savais très bien. Mais je n'avais pas pu m'empêcher de crâner, de la provoquer gentiment. J'essayais de me repérer mais nous avions choisi un chemin qui s'éloignait de la piste. Bientôt; nous serions seul. Alors que je me retournais pour voir où en était Alexie, je ne vis pas la bosse et me retrouvais une nouvelle fois à terre. Cette fois-ci le nez dans la neige. De toute évidence, ce n'était vraiment pas mon jour.

Il était bien connu qu'on était jaloux que de ceux qu'on aime. Seulement, on pouvait dénombrer pas mal de jalousies différentes. Un exemple? Il ne suffisait que de me regarder avec Jack. Dès qu'une bêta au sourire enjoleur s'approchait de moi, la jolie blonde sortait les griffes. Et quand je la voyais trop proche d'un anglais, je rappliquais illico. Entre Jack et moi il y avait donc une sorte de jalousie amicale. On ne supportait pas l'idée de perdre la première place dans le coeur de l'autre. J'étais son correspondant et je n'aimais pas penser qu'en connaissant un autre anglais elle en vienne à se dire qu'elle aurait préféré l'avoir au lieu de moi. Et elle ne pouvait pas accepter le fait qu'une autre américaine prenne plus d'importance dans ma vie. Alors qu'on savait parfaitement bien que je n'étais ici que pour l'échange, qu'un jour je devrais probablement repartir. Alors on profitait un maximum de ce Spring Break, affichant au grand jour notre complicité. Que certains nous prennent en couple? C'était une possibilité qui ne dépasserait jamais le stade de rumeur. Car oui, je devais avouer que Jack était une magnifique demoiselle. Mais entre elle et moi, ce n'était qu'une histoire d'amitié. Cela n'avait donc rien à voir avec la jalousie que j'éprouvais vis-à-vis d'Alexie. Cette jalousie était bien plus forte, elle frôlait même dès fois la possession. J'avais beau me répéter qu'entre elle et moi c'était terminé et que c'était probablement mieux ainsi, je ne pouvais cependant pas nier qu'elle me manquait. Que de l'éviter m'épuisait. J'avais d'ailleurs remarqué qu'Alexie n'était que rarement dans notre chalet et cela me torturait l'esprit de savoir qu'elle pourrait être dans d'autres bras. Car si ce n'était pas avec son correspondant qu'Alexie avait passé ses dernières journées et ses dernières nuits, avec qui d'autre? Je m'étais alors imaginé des scénarios et celui qui revenait le plus fréquemment était celui du petit ami américain. Un bel homme ténébreux qui lui aurait fait tourner la tête. J'étais donc loin de me douter que la belle demoiselle avait passé tout son temps avec Kathleen, ma meilleure amie. Et que c'était d'ailleurs pour cette raison que cette dernière n'avait pas été plus présente à mes côtés. Je comptais d'ailleurs passer la voir le soir même, histoire d'avoir de ses nouvelles et qu'elle me raconte ses aventures au ski. Nous discuterions surement de choses et d'autres et je savais qu'elle remettrait encore mes histoires sentimentales sur le tapis. Kath savait que j'étais perdu en ce moment et elle s'était promise de me faire voir un peu plus clair dans mes sentiments. Lui parler me faisait énormément de bien. Et je savais aujourd'hui que j'allais avoir des choses à lui raconter. Car entre Serana qui avait refait son apparation dans ma vie après 8 ans d'absence et Alexie que je n'avais pas pu m'empêcher de manger du regard, je me retrouvais coincé entre deux belles demoiselles. Je détestais d'ailleurs cette désagréable impression d'être balloté entre deux personnes formidables. D'un côté Serana m'avait fait ouvrir les yeux sur nos erreurs de jeunesse. Et pour la première fois j'avais cette envie d'essayer d'oublier le passé afin d'affronter l'avenir. De toute façon, son air désolé m'avait fait fondre comme neige au soleil. Et j'avais remarqué qu'on ne pouvait pas vraiment oublier son premier amour. Dire que depuis nos retrouvailles je n'avais pas pensé à elle aurait été complètement faux. Serana avait rythmé ma vie et quand j'y pensais si j'étais devenu aussi jaloux, c'était un peu de sa faute. Mais dès fois je me surprenais à penser que rien n'était fini entre nous. Jusqu'à présent, je ne lui avais pas fait part de mes ressentis et je m'efforçais à chaque instant de ne pas retomber dans ses bras. Je me le devais. Surtout que d'un autre côté, il y avait Alexie. Celle qui m'avait redonné goût à la vie à deux. Celle qui en deux mois, m'avait transformé. Son regard taquin, son sourire, le son de sa voix, ... tout me manquait. Même nos nombreuses disputes, et ce n'était pas peu dire. J'étais donc perdu entre mon passé et mon présent. Entre mon premier amour et mon dernier. Entre une rousse et une brune. Passer ma journée avec Alexie allait donc certainement me permettre de voir les choses autrement. De me rapprocher d'elle, lentement mais surement. Pour la première fois depuis notre séparation j'avais laissé ma rancune de côté pour la remplacer par la taquinerie. Cette après-midi, je ne voulais pas de prise de tête. Je nous voulais nous, comme autrefois. Nous. C'était étrange de repenser à Alexie et moi à la première personne du pluriel. Un sourire apparu sur mes lèvres sans que je puisse le retenir. Sourire qui disparu quand la belle demoiselle m'enleva mes lunettes. Je rouspetais donc, plus pour la forme qu'autre chose car je savais qu'Alexie ne me rendrait pas ma monture. « Mais tu es chanceux puisque je t’évite le risque de te faire humilier par les étudiants de Berkeley et d’Oxford. Oui c’est nécessaire, j’ai besoin de voir que tu es bien concentré, de m'assurer que tu regardes dans la bonne direction. » Décidemment, Alexie en rajoutait encore une couche, essayant de titiller ma susceptibilité. Mais je ne broncherais pas. Pour une fois, elle pourrait atteindre mon égo autant de fois qu'elle le voudrait, je resterais stoïque. Il fallait bien faire quelques concessions si je ne voulais pas que notre moment se finisse aussi mal que la dernière fois à la plage. Je me mordis donc la langue afin de ne pas répliquer. Je me concentrais donc sur la deuxième partie de la phrase d'Alexie, celle où elle me donnait raison. Car je l'avais bien deviné, j'aurai beau râler, la demoiselle garderait mes lunettes. Afin de s'assurer que je sois concentré, que je regardes dans la bonne direction. En même temps, quel jeune homme aurait été assez fou que pour regarder ailleurs quand il avait une si magnifique demoiselle sous les yeux? En effet, même une combinaison de ski n'arrivait pas à rendre ridicule mon ex. Belle en toute circonstance. Je ne l'avais donc pas lâché des yeux pendant qu'elle m'expliquait comment me servir de mes skis. Mes idées vagabondèrent quelques fois et je du redoubler de concentration afin de comprendre les paroles d'Alexie au lieu de m'imaginer beaucoup plus proche d'elle. Après tout mon ex semblait penser que je ne serais capable que de me faire humilier sans elle. Dans un sens, elle n'avait pas tout à fait tort, au vu de la catastrophe que j'étais. Mais j'étais bien disposé à lui montrer que j'apprenais vite et que bientôt je serais excellent dans ce domaine. Il est permis de rêver non? Voulant mettre en pratique mes pensées, je prenais de plus en plus d'assurance. Tellement que je m'entendis lancer un défi à Alexie. Moi, le débutant venait de défier l'experte. A coup sûr, j'avais la place d'outsider et il y avait peu de chance que je gagne cette bataille. « Hmm ok, j'accepte ton défi, le perdant devra faire tout ce que lui dit de faire le gagnant alors gare à tes fesses ! » Un sourire apparu sur mes lèvres alors qu'Alexie me lançait un clin d'oeil. Dans cette hypothèse où je gagnerais, j'avais déjà quelques idées bien précises de ce que j'aurais souhaité faire faire à Alexie. 'Interressant... J'espère que tu n'as pas peur du ridicule alors... Parce que je compte bien gagner cette course afin de faire ce que je veux de toi' Oui, il y avait un peu de provocation dans ma dernière phrase. Et elle avait double sens. J'était conscient qu'Alexie pourrait donc le prendre de deux manières différentes. Soit de la manière sage, qui lui stipulait que je la ferais faire du grand n'importe quoi si jamais elle perdait. Soit d'une manière plus sensuelle. Faire ce que je voulais d'elle. D'ailleurs une lueur charmeuse était passée dans mon regard alors que je terminais ma pensée. Je détournais frénétiquement la tête, espérant qu'Alexie ne l'ait pas vu. En tant ordinaire, ce genre de situation ne me déplaisait pas. Faire des propositions à lire entre les lignes était une méthode que j'utilisais souvent quand je draguais. Cela me permettait facilement de voir jusqu'où une demoiselle serait capable d'aller dans l'immédiat. Et si jamais elle le prenait mal, j'avais toujours un moyen de retomber sur mes pieds. Bref. Pas une seule seconde je ne m'étais imaginé perdre. Pourtant il fallait être honnête c'était ce qui allait risquer d'arriver. Je prenais la tête de la course, pas très longtemps. Alexie me dépassa et j'accelerais donc. Trop concentré sur la vitesse, je ne vis pas une bosse, oubliais donc de plier les genoux et me retrouvais la tête la première dans la neige. Parfait! La poisse continuait de m'accompagner. A ce rythme-là, je finirais la journée avec un rhume phénoménal. Mais voir Alexie faire demi-tour et m'aider à me relever m'enchanta. Rien que pour notre rapprochement à cet instant, je voulais bien encore tomber de nombreuses fois sans rien dire. C'est donc avec l'aide de la belle demoiselle que je me retrouvais debout, la neige inondant mon visage. 'Je pense qu'on peut dire pour cette fois-ci que tu as gagné Lexie. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot' Lexie. J'avais cette habitude de l'appeler ainsi avant qu'on ne sorte ensemble. Car une fois notre relation officialisée, j'avais accumulé les petits mots tendres. Cette fois, je n'avais pas pu m'empêcher de lui spécifier de cette manière que j'aurais aimé qu'on enterre la hache de guerre. Il était fort probable que je lui rappelle très souvent ce choix stupide qu'elle avait fait la veille de notre départ pour Berkeley mais je faisais déjà l'effort d'essayer de passer au dessus de cette blessure qu'elle avait faite en prononçant le prénom de son meilleur ami au lieu du mien. De toute façon pour l'instant, je n'étais pas dans une bonne position pour faire mon rancunier. Alexie venait de se rapprocher de moi et ma respiration s'était accelerée. Quand elle posa ses mains afin de dégager mon front, mon coeur se mit à battre plus vite. Je fermais les yeux alors que mon ex continuait à déblayer mon visage. La demoiselle s'arrêta enfin alors qu'elle en arrivait à mes lèvres. Mes yeux se rouvrirent instantanément et mon regard bleu océan se posa dans celui de la demoiselle. Instinctivement je compris. Pas besoin de paroles, son regard parlait suffisamment. Je savais à cet instant qu'Alexie avait la même envie que moi. Je savais qu'elle ne me repousserais pas. Je me rapprochais d'elle de quelques milimètres. Nous étions presque collés l'un contre l'autre à présent. Je m'abaissais légèrement, m'arrêtant à quelques centimètres de sa bouche. Mon regard n'avait pas quitté le sien. Ma main droite se posa sur sa joue en une fine caresse. Nous n'étions pas encore très éloignés des autres. Mais les autres, en cet instant, n'avaient plus d'importance. Alors que j'effleurais déjà les lèvres d'Alexie, un bruit me fit relever la tête. Une masse de neige fonçait droit sur nous. A la vitesse à laquelle elle arrivait, nous n'aurions pas le temps de nous enfuir. J'attrapais Alexie, la serrant contre moi et me tournais avec elle de telle sorte à ce que ce soit moi qui prenne la neige en premier. La protéger. C'était tout ce que je voulais faire. Et tant pis si j'en payais les pots cassés. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre que tout se calme. Et espérer s'en sortir vivant.