back in time

Et elle n'en finit pas de parler. Manny lève les yeux au ciel, se pose la question essentielle : depuis combien de temps je l'ai au téléphone. Un flot incessant de paroles, auxquelles il répond pas un hochement de tête -qu'elle ne pouvait bien entendu pas voir mais peu importe-, et un hmm de circonstance, histoire de lui prouver qu'il était toujours vivant à l'autre bout du fil. Sa mère avait toujours été bavarde, un peu trop, et il s'était, à de multiples reprises, demandé comment son père adoptif avait fait pour l'épouser. Elle avait du le saouler de paroles le pauvre homme, et il s'était marié sans avoir trop compris ce qui lui arrivait, totalement à l'Ouest. Elle avait cette façon de sauter d'un sujet à l'autre, sans faire aucune transition, revenir d'un coup en arrière, balancer des infos importantes, et recommencer dans un autre sens. Il fallait la connaître pour comprendre le truc. Manny jette un regard à l'horloge murale. Encore une heure pour se préparer, c'est largement suffisant de son côté ; par contre couper sa mère en pleine conversation allait sûrement être plus compliqué. Portable coincé entre son épaule et son oreille, il avance d'un pas traînant à travers l'appartement, à la recherche d'un t shirt à mettre, un truc simple mais pas trop laid, peut être histoire de ne pas terminer seul la soirée. Qui sait. Puis merde, celui posé sur la canapé ferait bien l'affaire. Noir, avec l'insigne d'une marque à ne pas citer pour ne pas lui faire de la publicité -Eden Park-. Jean, chaussures fred perry, et il était fin prêt. Maman continue de baragouiner son délire, commençant ses phrases en espagnol, les terminant en anglais. Normal. A force, il avait choppé le coup de main, avait appris à écouter sans écouter, se déplacer avec le téléphone et les deux mains libres sans pour autant le faire tomber. Elle fait chier, clairement. Elle, et cette fête. Qu'est ce qu'il en avait à faire des anglais honnêtement ? Le jeune homme n'avait jamais compris pourquoi tant d'américains fantasmaient sur l'autre côté de l'Atlantique. Après tout, ils parlaient la même langue, sauf que eux étaient un peu plus clair de peau, il pleuvait sans cesse dans leur pays à la con, la nourriture y était dégueulasse -plus dégueulasse qu'un fast food, faut quand même le faire-.

Le brun débarque enfin aux alentours de l'université, gare sa voiture coupée sport sur le parking juste à côté et descend, claque la porte derrière lui. Soupir, clope, et il avance vers le bâtiment des fêtes. Pas mal d'étudiants sont déjà rassemblés ici, avec gobelets rouges en main, filles en robes, les mecs à regarder à droite à gauche pour repérer la plus belle d'entre elles. Coup d'œil rapide, Manny aperçoit son ex copine avec la bande de pétasses lui servant d'amis. Direction le côté opposé donc, il n'avait pas du tout envie qu'elle le remarque, qu'elle vienne à lui pour lui sortir son speech sur le fait qu'elle était on ne peut plus désolée, même quelques semaines après. Qu'elle le lâche, lui avait bien tourné la page. Apparemment du moins, vu la façon dont le brun file de l'autre côté du bâtiment. Il finit par se poser dans les escaliers, ayant au passage choppé une bière. Clope, briquet, et le voilà de nouveau à soupirer. Il aurait du rester chez lui, il se faisait dors et déjà chier. Non, il n'y met absolument pas du sien ; défaut majeur du jeune homme, quand il part avec une idée en tête, il ne la lâche plus. Et cette soirée, il l'avait déjà jugée de chiante avant de mettre les pieds à Berkeley ; résultat avéré.

« Tiens, Romuald, tu te souviens que tu as une fille ? » Cinglais-je à travers le combiné du téléphone tout en levant les yeux au ciel. Bien entendu mon paternel me prie d'arrêter sur le champ mon petit numéro de fille indigne. Oui parce qu'il trouve cela bien plus drôle d'inverser les rôles – comme quoi je suis sa fille toute crachée. A croire que c'est moi la méchante de l'histoire. Aux dernières ce n'est pas moi qui n'ai jamais pu saquer mon propre enfant. « Que me vaut l'honneur d'entendre le son de ta voix ? Aurais-tu des excuses à me présenter ? Ou peut-être as-tu été touché par la grâce du Seigneur.  » Continuais-je sur ce même petit air provocant, sourire au coin des lèvres. Mon père ne m'a jamais aimé – je ne vois donc pas pourquoi cela changerai – et moi j'ai toujours aimé le faire chier. En réalité il ne m'appelle absolument pas pour une raison que j'ai cité précédemment, mais tout simplement pour m'annoncer qu'il va se marier avec je ne sais trop quelle pétasse blonde peroxydée, et avec les nibards refaits. Pendant quelques secondes je reste sans rien, affichant un air perplexe. Hum, ce n'est pas comme si cela me touchait. « Dis-moi, tu ne penses tout de même pas que je vais t'envoyer un cadeau de mariage ? Non parce qu'il ne faut pas déconner non plus. A la limite, le fait que j'accepte de t'adresser la parole à cet instant précis, est mon cadeau. Je suis trop généreuse je sais.  » Concluais-je avec un air ravis. Mon père n'a jamais rien fait pour moi, sa propre fille, alors je ne vois pas pourquoi je devrais me montrer sympathique envers cet individu qui n'a jamais eu la moindre considération pour ma personne. « Moi à ton mariage ? Non mais tu plaisantes ? T'as oublié une partie de ta personnalité au réveil ce matin ou quoi ?  » Ne puis-je m'empêcher de lui envoyer. « Bref, je m'en tape comme de l'an quarante de ton mariage à deux balles, et puis je n'ai pas le temps de bavarder avec toi, on m'attend quelque part.  » Je ne prends même pas la peine de lui dire au revoir et raccroche le téléphone. Ce n'est vraiment pas le moment pour me foutre de mauvaise humeur étant donnée que je dois me rendre à la fête organisée par le directeur en l'honneur des étudiants anglais. Certes je n'ai aucun correspondant venu d'outre Atlantique, cependant je trouve que c'est une très bonne idée d'avoir organisé cette petite soirée afin de nous familiariser les uns aux autres. En plus, il doit bien y avoir quelques beaux mecs dans le lot. Bon, j'avoue que cela risque d'être très difficile, étant donné que le peu d'anglais que j'ai vu avait un physique...Particulier dirons nous. Peu importe, l'important étant que je sois séduisante et belle au possible. Ce qui dans mon cas, ne devrait pas être trop difficile. J'enfile donc une jolie robe noir moulante, s'arrêtant mi-cuisse ainsi qu'une paire de Louboutin noir. Simple, mais efficace. Je jète un dernier coup d'oeil à mon Iphone histoire de voir si je ne suis pas trop à la bourre. Non, juste d'un quart d'heure. J'aurai pu faire bien pire. De toute façon j'aime me faire désirer. Saisissant mon sac à main rouge matelassé, je fourre mon téléphone portable, dedans et quitte ma chambre étudiante, direction le bâtiment des fêtes. […] Mes talons claquent avec rythme sur l'allée bétonnée, menant à l'intérieur de l'enceinte. Une fois à l'intérieur je jète un bref coup d'oeil à la salle qui est visiblement bien décorée. Simple, mais efficace. Je repère très rapidement ma petite bande d'amis. Je salue ma Jack, qui est absolument resplendissante et commence à bavarder un peu avec elle autour d'un verre. Quoi de plus normal pour ce genre de soirée ? Alors que nous sommes en pleine conversation, mon regard est brusquement attiré par la présence d'une brunette. Sur le coup, je me demande si je ne me goure pas complètement. Seulement lorsque la demoiselle en question se retourne, je me rends compte qu'il s'agit d'Alexie, une anglaise avec qui j'ai passé plusieurs folles nuits d'amour il y a quelques temps. Afin de m'éclipser, je prétexte une grosse envie de fumer et file à l'extérieur du bâtiment. L'air frais me fait frissonner sur le moment. Je décide donc d'aller dans un coin reculé afin de ne pas me prendre le vent en pleine gueule et ainsi chopper une pneumonie. Clope au coin des lèvres, je décide donc d'aller vers les escaliers. Manque de pot, quelqu'un est déjà assis. D'ailleurs il ne me faut que quelques secondes pour remarquer qu'il s'agit de Manny, le mec cocu. Ce n'est pas de ma faute si son ex petite-amie avait préféré mes performances aux lit, à celle du brun. Ceci dit, je n'ai pas spécialement envie de faire demi tour. Si ma présence le dérange il n'a qu'à se casser. Je m'adosse donc contre un mur et tire une nouvelle fois sur ma cigarette sans dire le moindre mot. Décidément, ils invitent vraiment n'importe qui à ce genre de soirée...

Posé sur les marches, une jambe croisant l'autre, et le dos plus ou moins confortablement appuyé sur le mur de l'immeuble réservé aux fêtes étudiantes, Manny soupire, tire une nouvelle longue latte sur sa clope, comme si la nicotine allait l'aider à estomper toute la mauvaise humeur qu'il accumulait peu à peu depuis tout à l'heure. Non, ce n'était la faute à personne mis à part lui, personne à blâmer, mais pour lui, c'était forcément plus simple de rejeter la faute sur le dos de personnes comme sa mère et son appel interminable, le prof de ce matin qui avait donné un cours des plus chiants, et les foutus anglais qui avaient décidé que ce soir, en accord avec le doyen de l'université, on ferait la fête. Oui, bien entendu, il aurait pu rester confortablement chez lui, pépère, allongé de tout son long sur son canapé à regarder un match à la télévision ou encore un programme des plus débile où il aurait appris soudainement que Brenda, la petite amie de Brandon, était en fait la sœur de Jett, lui même demi frère de Brandon. Un truc glauque dans ce genre là, mais qui l'aurait occupé une bonne soirée, jusqu'à ce que Morphée vienne l'accueillir. Flemme. Flemme intense en ce moment, et points colère contre un peu tout l'ensemble de Berkeley. Il n'avait même pas pris la peine de chercher un visage connu, celui d'amis qui devaient forcément se trouver là. Il aurait dû organiser une contre soirée, en prétextant le fait d'avoir été lésé dans la distribution des correspondant. Pas qu'il en aurait voulu un, au contraire. Trop tard. Puis, maintenant qu'il avait vu son ex petite amie, la bonne humeur était certaine de ne plus revenir de la soirée.

Tourner la page c'était une chose, mais Manny faisait parti de ces personnes rancunières au possible, et à chaque fois qu'il croisait le regard désolé de son ex amour de sa vie, il n'avait qu'une envie, la frapper contre un mur. A quelque chose près bien entendu, restons civilisés. Des pas se font entendre le long de l'allée extérieure, une cadence rythmée et assurée. Des talons hauts à n'en pas douter, et Manny prie pour que ce ne soit pas elle. Pas rapprochés au possible, il redresse le visage, sonde la semi obscurité pour finalement apercevoir un visage connue. L'autre elle. Bordel, c'est vraiment, vraiment pas sa soirée, cette fois c'est certain. Il lève la bière jusqu'à ses lèvres, savoure le liquide de l'alcool avant de reposer la canette à côté de lui, remettre sa clope sur le coin de ses lèvres. Théa. Vraiment, un karma de merde. Une poisse inter galactique qui le suit. Ou le Grand Manitou qui lui envoie un signe : reste à savoir lequel. Trois possibilités, il l'accueille avec sourire, joue la carte du bon chrétien et lui pardonne d'un coup ce qu'elle avait pu faire -de non catholique cette fois, mais pour Jésus, apparemment tout doit être pardonné- ; deuxième choix l'ignorer totalement, faire comme si elle n'existait pas -choix plus difficile, Manny n'avait jamais été doué pour jouer la carte de l'indifférence totale, ça se voyait sur ses traits qu'il n'en avait pas rien à foutre- ; et enfin troisième possibilités, lui casser la gueule. Ou lui faire comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue simplement. Sans aucune gêne, il détaille la jeune femme, se surprend même quelques secondes à penser qu'il comprenait plus ou moins ce que son ex petite amie avait trouvé d'attirant chez Théa. Loin du stéréotype blonde, grande, jambes interminables, sourire idiot qu'elle représentait, Théa avait un certain côté sauvage dans le visage. Ces traits que l'on pouvait qualifier de garce au premier abord, mais avec un côté franchement séduisant. Une sorte de veuve noire qui étendait ses fils pour que n'importe quelle mouche imbécile se perde dedans. Mouvement de tête pour détourner les yeux, longue latte tirée sur sa marlboro déjà à moitié consumée, il recrache une longue volute de fumée grisâtre avant de prendre la parole. « T'es à la recherche des rares personnes qui te soient pas encore passé dessus Andersen ? » Pas de sourire moqueur, il concentre son regard sur les lumières de San Francisco, au delà de l'université et son campus, plutôt que sur la mine de son interlocutrice. Il la connaissait, du moins de réputation, ce que ses potes avaient pu raconter sur elle. Certains lui avaient dit qu'elle était la pire traînée de Berkeley, voire de San Francisco, d'autres lui avaient dit qu'il fallait mieux se méfier d'elle, qu'elle avait beau avoir tous les atouts d'une jolie fille, elle était loin d'être de ces cruches qu'ils fréquentaient la plupart du temps. Alors les hostilités étaient ouvertes, il avait jeté la première pierre, tant pis pour Jésus qui serait sûrement pas content.

I think I did it again,I made you believe we're more than just friends,Oh baby It might seem like a crush,But it doesn't mean that I'm serious,Cause to lose all my senses that is just so typically me. J'aurai du me douter que le coup de téléphone de mon paternel n'annonçait rien de bon pour le restant de ma soirée. Quel connard, il fallait vraiment qu'il me pourrisse la vie jusqu'au bout. Même à l'autre bout du pays, cet abruti de première foutait en l'air mes plans. Je suis presque certaines qu'il m'a envoyé ses mauvaises ondes à travers le combiné du téléphone afin de me porter la guigne. Puisque c'est comme cela, je lui renverrai ses merdes via un E-mail, Avec un peu de chance, il lui piratera son ordinateur ainsi que ses comptes en banques. Quand je pense qu'il va se remarier avec la première pétasse qu'il aura croisé alors que ma mère n'est décédée que depuis presque quatre ans seulement. De toute façon je suis presque certaine qu'il ne l'a jamais vraiment aimé, puisqu'il passait son temps à la tromper. Avec une famille pareille, comment aurais-je pu devenir stable sentimentalement parlant ? Certes, ma mère m'a toujours montré son amour, mais je n'ai jamais rien eu de la part de mon paternel. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai développé une sorte de blocage en ce qui concerne les relations amoureuses. Depuis que je suis adolescente, je n'ai jamais eu la moindre relation de couple, préférant largement les relations d'une nuit. Après tout, pourquoi devrais-je m'embêter à rester en couple avec la même personne alors que je peux être libre de faire ce que je veux en restant célibataire ? Bien évidemment les gens pensent que je suis LA salope de Berkeley uniquement parce que je ne me contente pas de rester comme une petite fille sage qui se pose tranquillement avec un mec et qui vit sa vie. Lorsqu'un mec se tape vingt gonzesses on ne lui dit absolument rien, on le félicite même. Alors pourquoi une fille ne pourrait-elle pas faire la même chose sans qu'on la traite de trainée ? Personnellement je ne me considère pas comme une salope. Aux dernières nouvelles je ne me suis pas tapée la ville de San Francisco, ni les Etats-Unis non plus. Et puis franchement, ce peux peuvent bien penser les autres de moi, je n'en ai strictement rien à foutre. Après tout, je ne demande rien à personne, alors que l'on ne vienne pas m'emmerder.

Seulement lorsque je vois Manny assis sur les marches, je sens les emmerdes arriver à vitesse grand V voyez-vous. En bonne poisseuse que j'étais, il fallait forcément que je tombe sur lui, l'ex petit-ami d'un de mes coups d'un soir. Pas de chance pour lui. Je reste sans dire le moindre mot, me contentant de tirer sur ma clope tranquillement. Je ne suis pas du genre à perdre mes moyens, je suis plutôt le genre de nana coriace qui aime les confrontations. A vrai dire c'est surtout un jeu pour moi. Cependant je lui jète un regard furtif avant de détourner le regard. Je ne vois franchement pas pourquoi je devrais m'attarder sur lui. Il ne vaut absolument rien à mes yeux. Ceci dit, je sens que Manny me fixe pendant un bref instant. Je crois que si il avait continué je lui aurait brulé la rétine avec ma clope. Bien que nous ne nous soyons jamais réellement parlé, une haine mutuelle s'était installée entre nous à cause de la nuit passée avec son ex. Une sorte de guerre froide dans années deux milles treize. «  T'es à la recherche des rares personnes qui te soient pas encore passé dessus Andersen ?  » Face à sa remarque et visiblement son manque cruel de répartie, je laisse échapper un rire franc. Ce n'est pas comme si cela me touchait. Si Manny pensait me blesser ou me faire monter sur mes grands chevaux, il s'était complètement raté. Face à lui, j'affiche un sourire au coin des lèvres et le fixe droit dans les yeux. « Tu sais, si je voulais me faire passer dessus comme tu le dis si bien, je ne serais pas ici, en face de toi.  » Répondis-je sur un ton calme. Je suis peut-être une fille, mais je suis loin de me laisser marcher sur les pieds. A vrai dire je suis plutot le genre à rentrer dans le tas et foutre ma merde un peu partout. Peut-être que Manny-le-cocu pensait que je me sentirais mal à l'aise en me trouvant face à lui. Manque de pot ce n'est pas du tout le cas. L'avantage est que je me moque royalement de tout. Donc il peut me dire – ou penser de moi - ce qu'il veut, cela ne m'atteint pas. Tout glisse sur moi comme de la pluie sur une vitre. J'ai peut-être la réputation d'être une salope, je suis également connue pour être une sacrée garce au caractère explosif. « Pauvre petit Manny, déprimé parce que son ex petite-amie qui se trouve à quelques mètres, l'a trompé. » Sifflais-je, amusée. « Et avec une fille en plus. » Concluais-je tout en tirant une dernière fois sur ma cigarette avant de l'écraser à l'aide de mon talon. « Je préfère avoir une réputation de salope plutot que celle d'être le cocu de service. » Les piques chez moi, c'est gratuit. Profite.

Si la trahison de son ex petite amie l'avait blessé ? Sûrement oui, un peu du moins, même si trahison était sans en douter un grand mot pour parler du fait que cette connasse, comme il aimait maintenant l'appeler, soit passée d'un lit à l'autre pour une seule et unique nuit. Vu son visage décomposé le jour de l'annonce de sa coucherie, le jeune homme pouvait au moins se rassurer en se disant qu'elle ne l'avait fait qu'une fois, qu'elle ne l'avait pas pris pour un con toutes ces semaines en allant voir à droite à gauche. Annie ne savait pas mentir, fait indéniable. Quand on passe quelques mois en couple avec une personne, qu'on se décide enfin à sauter le pas et se poser comme étant en couple, on place une certaine confiance en la personne élue. Sans quoi, rien ne peut marcher. Il en avait vu trop souvent, des couples qui se déchirait parce que l'un ou l'autre des partis avait des soupçons pour x raison imbécile, et tombait dans une quasi paranoïa sans fin. Lui ne voulait pas ça, et préférait largement rester célibataire que de s'inquiéter au sujet de l'élue de son cœur. Quelle belle connerie tout ça. Changer son statut facebook un beau matin pour se déclarer enfin en couple, le modifier ensuite une journée en compliquée, pour retourner à la case célibataire. Manny n'avait jamais eu une grande estime pour les couples, il n'y croyait tout simplement pas. Du moins, les couples formés par les divers ados, ou pré adultes, voire jusqu'à la trentaine. Et les exemples pour appuyer ça théorie du « tout ça n'est qu'une vaste blague, une putain de connerie » ne manquaient pas. Franchement, s'il avait cru qu'Annie était la femme de sa vie ? Absolument pas. Rester quelques semaines ensemble relevait déjà du miracle, et dans quoi, un an s'ils avaient eu de la chance, ils se seraient séparés suite à une dispute totalement bidon. Ainsi vont les choses dans notre monde tourmenté, quand avant on se mariait vers la quinzaine d'année pour toute la vie -une femme contre une terre, belle mentalité également-. Trêve de connerie, la raison de tout cet acheminement d'idées se trouvait maintenant face à lui.

Théa Andersen devait également faire parti de ce genre de personne à ne pas croire aux couples. Théa Andersen était une des raisons qui faisait que les couples de jeunes ne pouvaient pas marcher. Elle n'avait aucune considération pour les relations stables et sûrement aucune morale, aucune once de culpabilité en venant fourrer son joli petit cul dans l'équation. Et fourrer n'est peut être pas le mot le plus adapté dans la situation unissant Manny, son ex petite copine, et la jeune femme en robe de marque. Question d'honneur, de fierté masculine peut être, c'est Manny qui entame l'échange verbal. Ou le début de combat verbal plus qu'échange. Théa ne se fait pas attendre, et les rumeurs, sa réputation se dévoile être véridique. « Tu sais, si je voulais me faire passer dessus comme tu le dis si bien, je ne serais pas ici, en face de toi. » Manny arque un sourcil, laisse apparaître un sourire en coin en désignant la jeune femme d'un mouvement de menton. « Ah pardon, j'oubliais. Toute salope se doit quand même une pause clope. » Le brun lève une main en l'air l'espace de quelques secondes, en guise d'excuse. Fausse excuse, certes. Encore une fois, le jeune homme se dit qu'il aurait mieux fait de rester bien tranquillement dans son canapé à fumer clopes sur clopes en regardant n'importe quel programme. « Pauvre petit Manny, déprimé parce que son ex petite-amie qui se trouve à quelques mètres, l'a trompé... » Légère pause. « Et avec une fille en plus. » Manny se mord la lèvre inférieure, jette un nouveau regard à la jeune femme en haussant finalement les épaules. « Personne n'est parfait. » Dernière latte sur sa clope, Théa la jette à terre. Manny de son côté, en sort une nouvelle de son côté, sentant que l'échange n'était pas prêt de s'arrêter. L'un comme l'autre voudrait avoir le dernier mot. « Je préfère avoir une réputation de salope plutôt que celle d'être le cocu de service. » Nouvel haussement d'épaule. « Ben tu vois, je préfère avoir connu ma première déception amoureuse, que de me ramener à chaque soirée universitaire en mode libre service, servez vous c'est gratuit. » Rapidement, Davenport se redresse, quitte les escaliers pour venir se poser dos contre un mur, regarder de bas en haut la jeune femme. « T'as vraiment abandonné toute forme d'amour propre hein ? J'ose même pas imaginer ce qui a pu arriver à la petite Théa pour finir dans cet état là. »

Quelle grande erreur que de tomber amoureux. Il faut être complètement stupide pour s'attacher à une personne, du point de vu amoureux je l'entends. Bien que rien ne soit complètement sûr du côté de l'amitié non plus. Mais il est bien plus difficile d'encaisser la trahison lorsque l'on éprouve des sentiments amoureux pour quelqu'un. Je touche du bois, je ne suis encore jamais tombée amoureuse de ma vie, et je prie chaque jour qui passe le Seigneur pour que cela ne me tombe pas sur le coin de la gueule. En plus, quand je vois tout ces petits couples main dans la main sur le campus, cela me file la nausée. Toute cette niaiserie me dégoute au plus haut point. Adolescente, j'étais la seule à ne pas vouloir de petit-ami alors que toutes mes copines ne cherchaient que cela. Je ne voyais vraiment pas l'intérêt de se caser avec un mec avec lequel cela ne durerait que quelques mois grand maximum. « Mais si, c'est l'homme de ma vie ! » me répétait sans cesse Miria, les yeux pétillants d'amour. Rien que de l'entendre glousser, j'en avais des maux de tête. Et mes amies me disaient que j'étais une sans coeur, une fille sans émotions qui ne comprenait rien à rien. Au contraire, je comprenais tout contrairement à ces idiotes. Après tout, j'avais eu l'exemple de mes parents sous les yeux, ce qui me prouvait que rien n'était sincère et que l'on ne pouvait avoir confiance en personne hormis sois-même si on ne voulait pas être blessé. De toute façon, je prends bien plus mon pied à me taper quelqu'un uniquement pour m'amuser. Si mes relations devenaient sérieuses, je crois que je commencerai à flipper. Je dois reconnaître que j'ai toujours été la spécialiste, voir même la reine, pour ce qui est de briser les couples. Que ce soit fait volontairement ou non, les personnes avec lesquelles j'ai passé une nuit d'amour étaient soit en couple, soit sur le point de l'être. Quelle idée d'officialiser une relation alors que nous avons à peine la vingtaine. C'est à croire que les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus profiter de leur jeunesse; j'ai l'impression de faire un retour brutal dans les années mille neuf cent quarante. Dès que l'on a un petit-ami, c'est limite si on ne se passe pas la bague au doigt, que l'on emménage pas ensemble etc... Sont-ils devenus tous cinglés ? Franchement, j'ai l'impression d'être la seule personne censée de cette planète. Oh, bien entendu je dois admettre que je me suis déjà mise « en couple » uniquement pour le fun. Il n'y avait aucun sentiment, c'était juste pour le plaisir et s'amuser. D'autant plus que je suis une fille qui se las très vite.

Manny est une victime collatérale de mes ébats amoureux. M'enfin, ce n'est pas comme si cela me touchait de savoir cela. Il se trouvait simplement avec la mauvaise personne au mauvais moment. En plus, ce n'est pas comme si j'avais forcé son ex petite-amie à venir forniquer avec moi. « Ah pardon, j'oubliais. Toute salope se doit quand même une pause clope.  » J'affiche un sourire en coin, pas franchement vexée par sa remarque. « Tout naturellement. » Répondis-je, tout en gardant ce même air hautin avant de tirer une nouvelle fois sur ma cigarette. Visiblement Manny avait du mal à comprendre que je n'avais strictement rien à cirer de ce qu'il pouvait bien me dire. Il a d'ailleurs de la chance que je prenne le temps d'écouter son blahblah totalement inutile. J'en profite pour en rajouter une couche sur l'infidélité de son ex petite-amie. « Personne n'est parfait. » Je le fixe un instant avant de répliquer. « Tu as raison. Tu en es la preuve vivante je dirai. » Dernière latte et ma clope finit par se retrouver écrasée sous mon talon, avant de continuer notre confrontation. « Ben tu vois, je préfère avoir connu ma première déception amoureuse, que de me ramener à chaque soirée universitaire en mode libre service, servez vous c'est gratuit. » Sourire au coin des lèvres. « C'est toujours ce qu'on dit lorsque l'on s'est fait prendre pour un con. Et pour ton information, il n'y a pas marqué Portes Ouvertes sur mes cuisses. Je ne me suis pas tapée la ville entière, j'ai encore un minimum d'estime pour ma personne. » Répondis-je. Puis Manny se lève et se poste près de moi. « T'as vraiment abandonné toute forme d'amour propre hein ? J'ose même pas imaginer ce qui a pu arriver à la petite Théa pour finir dans cet état là. » Je lui jète aussitôt un regard mauvais, serrant les poings. « Il ne m'est absolument rien arrivée c'est clair ?! Et puis tu te prends pour qui ? Le Messie ?! Mais va te faire foutre Davenport ! » Hurlais-je presque, me retenant de ne pas lui coller ma main en pleine gueule. Je me contente de poser mes mains sur son torse afin de le pousser contre le mur. Qu'il aille au Diable.

Parfois, Manny se demandait si sa mère n'avait pas un don, un troisième œil, un sixième sens, un neuvième instinct, quelque chose dans ces eaux là. Peut être un truc magique appris quand ils étaient encore au Mexique par un brujo à la sauvette. C'est vrai, quand il avait ramené son ex petite amie Annie pour déjeuner avec ses parents, sa mère n'avait pas décroché un mot du repas. Elle qui pourtant parlait sans cesse, particulièrement au téléphone, qu'on ne pouvait jamais arrêter quand elle partait dans un élan lyrique, elle n'avait pas balancé le moindre mot ; même pas une remarque désagréable comme ce qu'elle adorait faire à droite à gauche, quand il ramenait des amis à la maison, ou que son père adoptif traînait des collègues de travail pour un apéritif ou autre brunch dans leur villa. Alors forcément, Manny et son ex petite amie s'étaient persuadés que maman l'avait adorée, limite qu'ils pourraient se marier dès le lendemain matin. Que dalle. Une fois Annie dans sa voiture, pour rentrer dans son appartement, Madame Davenport avait explosé. En espagnol dans un premier temps, histoire de passer pour une vraie folle hystérique en plein restaurant. Davenport mère en pleine crise de colère équivalait presque à l'ouragan Sandy, même si l'ouragan n'était qu'une grosse farce à côté. Elle ne l'aimait pas, elle l'avait carrément détestée, lui avait fait la morale selon quoi il ne devrait pas choisir n'importe quelle nana traversant la route et arborant un décolté plongeant pour se poser, j'en passe et des meilleures. Elle ne lui avait pas fait confiance, avait mis son fils en garde contre ce genre de personne ; elle le voyait à sa façon d'être, sa façon de parler, ce n'était pas une femme de confiance, elle finirait par lui faire du mal. Elle avait ensuite rajouté que si cela arrivait, elle irait brûler sa maison -ce qu'elle n'a jamais fait, bien entendu-.. Depuis ce jour, Manny s'était promis de présenter ses différentes nanas à sa mère, dès la première semaine, histoire de voir s'il pouvait continuer ou non.

Par exemple, Théa, sa mère aurait sûrement balancé la table par terre, brisé les verres en cristal et les assiettes en porcelaine avant de lui arracher les cheveux, ou de s'arracher ses propre cheveux. De toute façon, la question ne se posait pas, vu la haine mutuelle que les deux jeunes gens se portaient, tous les points colère qu'ils s'attribuaient, l'idée même d'un rapprochement ne serait ce qu'amical frôlait le ridicule. Alors les répliques fuses, on se croirait presque en pleine rue, avec deux personnes absolument pas civilisées l'une face à l'autre. Quelle connerie. «  Tu as raison. Tu en es la preuve vivante je dirai. » Manny lève les yeux au ciel, laisse se dessiner un demi sourire au coin de ses lèvres. «  ouuuh violent, c'est celui qui dit qui l'est ? Ta répartie a connu de meilleurs jours Andersen. » C'est à se demander s'ils s'arrêteraient un jour dans leur combat verbal. C'est comme un vrai duel, et il est hors de question que l'un d'entre eux s'excuse et s'en aille. Question d'honneur, quand on se lance dans ce genre de scène, on a toujours l'impression que les choses finiront en véritable drame. «  C'est toujours ce qu'on dit lorsque l'on s'est fait prendre pour un con. Et pour ton information, il n'y a pas marqué Portes Ouvertes sur mes cuisses. Je ne me suis pas tapée la ville entière, j'ai encore un minimum d'estime pour ma personne. » Manny roule des yeux, laisse entendre un soupir en détaillant la jeune femme de haut en bas, avec une expression de dédain pur. «  C'est toujours ce qu'on dit lorsqu'on est l'une des pires salopes du coin. T'as encore un peu d'espoir pour ta réputation ... c'est touchant et triste à la fois. » Face à elle, Manny à l'impression de ressentir la tension qui s'est installée. Dire qu'ils étaient l'un comme l'autre venus pour faire la fête à la base. On ne pouvait pas dire qu'ils passaient le moment de leur vie à côté du bâtiment réservé aux fêtes. Encore la faute aux anglais, faut bien trouver une excuse. Debout à côté de Théa, le jeune homme la dépasse d'une tête environs, si ce n'est plus. Il pose un bras arqué sur le mur, relève un sourcil en attendant sa nouvelle réaction. La dernière phrase semble l'avoir un minimum touchée ; Théa modifie son air moqueur pour un air plus haineux, les deux poings soudainement serrés. «  Il ne m'est absolument rien arrivée c'est clair ?! Et puis tu te prends pour qui ? Le Messie ?! Mais va te faire foutre Davenport ! » Les deux mains de Théa viennent se poser sur son torse pour pousser le jeune homme qui ne bouge pas vraiment vu leurs deux gabarits. Il éclate de rire. «  Aurais je touché le point sensible ? » Avant qu'elle ne s'en aille, ou ne lui tourne simplement le dos, Manny attrape son bras d'une main ferme, pour la tirer vers lui. Son ton, plus grave, plus bas, la met en garde. « Tu ferais mieux de te barrer Andersen, et éviter de me recroiser dans les couloirs de Berkeley. » Il relâche son bras, enchaîne sur sa lancée. «  Tu peux toujours essayer les insultes et airs moqueurs j'en ai rien à foutre. Souviens toi seulement que t'es loin d'être tout le temps en position de force. » Menace et en même temps conseil, car Théa avait une jolie réputation derrière elle, et si elle était tombée sur quelqu'un de plus abruti que Manny, elle aurait pu s'en prendre une rapidement. San Francisco n'était pas la ville la plus sûre au monde après tout, et des malades pouvaient traîner à tous les coins de rue ; parfois, il fallait mieux éviter de pousser à bout certaines personnes.

Personnellement je n'avais jamais présenté de petit-copain à mes parents. Bien entendu ma mère m'avait tannée pendant un moment, me demandant presque tous les jours si quelqu'un ne m'avait pas tapé dans l'oeil. A cette époque je n'étais déjà pas du genre à raconter ma vie – encore moins amoureuse – alors ma mère devait se contenter de mon silence. Une vraie pierre tombale. Plus elle insistait et plus je l'ignorais. Au bout d'un certain temps ma mère finit par lâcher l'affaire. Bien que la majorité des gens ont présenté au moins deux ou trois fois leur moitié à leurs parents– jugeant que leur relation était sérieuse – moi je n'ai jamais vu une quelconque utilité dans cette action. Après tout, je ne vois pas quel est ce besoin d'aller s'afficher devant ses géniteurs, au bras de son soit disant « grand amour ». Seigneur, je trouve cela tellement cul cul la praline, que j'en ai presque envie de vomir. Pour vivre heureux, ne faut-il pas vivre caché ? Hum. Je crois que certaines personnes feraient bien de méditer là-dessus. Bien que je n'ai jamais présenté qui que ce soit à mes parents, il m'est arrivée une fois d'être « presque » présentée aux parents de mon joujou petit-ami de l'époque. Pour ma part il n'y avait strictement rien de sérieux dans cette relation, je m'étais mise en couple avec lui uniquement pour m'amuser et passer le temps. Visiblement ce crétin s'était imaginé autre chose. La gueule que j'avais faite en arrivant devant l'immense portail qui barrait l'accès à la villa de ses parents. « Mais oui, ils vont t'adorer ! » S'était exclamé le blondinet, un sourire ravit sur les lèvres. Quant à moi j'affichais une mine fermée et le fixais d'un regard noir. Si j'avais pu lui jeter des éclairs rien qu'en posant mon regard sur lui, je l'aurai fait. Ce jour là, j'ai bien cru que j'allais en faire une attaque sur le trottoir. Agacée par l'initiative de mon partenaire, je m'étais mise à lui hurler dessus, lui demandant ce qu'il lui était passé à travers l'esprit pour qu'il se mette en tête de me présenter à ses parents. Je le revois encore me fixer avec ses yeux ronds comme des soucoupes, ne comprenant rien à ce que je lui disais. Ne voulant pas écouter ses niaiseries une minute de plus, je l'avais alors laissé en plan sur le trottoir, l'informant au passage que nous n'avions plus rien à faire ensemble et qu'il pouvait dès à présent supprimer mon numéro de téléphone portable.

D'ailleurs je me demande si Manny n'aurait pas quelques gênes en commun avec mon ex. Moi j'ai le gêne de la bitchitude, lui celui d'être le plus gros crétin que la Terre n'ait jamais portée. Le pauvre, la vie ne devait pas être facile pour lui tous les jours. Mais bon, ce n'est pas comme si j'éprouvais un quelconque sentiment de pitié envers lui. Manny est peut-être un crétin, mais il est visiblement aussi tenace qu'un chewing-gum qui reste accroché sous une chaussure. Après quelques petites piques échangées, le jeune homme me lance un regard dédaigneux. J'ai presque envie de me mettre à rire. « Pas la peine de me fixer avec tes yeux de chat potté, on est pas au zoo. » Dis-je simplement tout en croisant les bras. « C'est toujours ce qu'on dit lorsqu'on est l'une des pires salopes du coin. T'as encore un peu d'espoir pour ta réputation ... c'est touchant et triste à la fois. » Je jure tout haut, mais me retiens de ne pas me jeter sur lui afin de l'étrangler jusqu'à ce que mort s'en suive. De toute façon un meurtre lors d'une soirée organisée à l'université n'a rien d'original. D'autant plus que finir en taule pour cet abruti ne m'enchante pas des masses. Ceci dit, à force de me mettre à bout de nerfs, ce dernier n'a que ce qu'il mérite : que je lui hurle dessus tout en le poussant à l'aide de ma force digne d'un super héros de bande dessinée. «  Aurais je touché le point sensible ? » Ce n'est pas l'envie qui me manque de lui coller un coup de pied dans les parties tout en lui demandant si j'ai touché le point sensible moi aussi, mais je sais à l'avance que cela ne changera strictement rien au problème. La seule chose qui risque de m'arriver, c'est de me faire buter par ce grand malade de Davenport. Deux grandes gueules ne font décidément pas bon ménage. Alors que je m'apprête à partir, une pression se fait soudainement sentir sur mon bras, m'empêchant d'aller plus loin. Le jeune homme m'attire avec force vers lui. Même avec toute la volonté du monde, je n'aurai su lui résister. « Lâche moi Davenport ! » Hurlais-je aussitôt tout en agitant mon bras. Ce mec est un grand malade. « Tu me fais mal putain ! » M'énervais-je. « Tu ferais mieux de te barrer Andersen, et éviter de me recroiser dans les couloirs de Berkeley. » Je lève un sourcil, perplexe. « Tu crois vraiment que tu me fais peur ? Non mais regarde toi sérieux. » Répliquais-je tout en le dévisageant. Puis Manny lâcha mon bras. «  Tu peux toujours essayer les insultes et airs moqueurs j'en ai rien à foutre. Souviens toi seulement que t'es loin d'être tout le temps en position de force. » Je laisse échapper un rire. « Je me moque de ce que tu penses franchement. » Répondis-je sur un ton presque amusé. Je n'avais jamais écouté qui que ce soit, alors ce n'était certainement pas lui qui allait me dicter ma conduite. J'ai toujours agis par impulsion et ce n'est pas prêt de changer. Bien que nous soyons toujours à quelques centimètres l'un de l'autre, j'affiche un sourire en coin et m'approche un peu plus de lui avant de me hisser sur la pointe des pieds et déposer un léger baiser sur ses lèvres. Le provoquer un peu m'amusera d'avantage. Ensuite, j'approche ma bouche de son oreille et lui murmure simplement « Ca aussi t'en as rien à foutre ? » Demandais-je avant de reculer de quelques pas, toujours ce drôle de sourire aux lèvres. Puis je fais demi tour et rebrousse chemin direction la salle des fêtes.