« « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’important c’est qu’on parle de moi », il fut un temps j’aurais été d’accord avec Zitrone, dans un univers où seul compte le buzz j’aurais acquiescé sans sourciller, aujourd’hui les choses sont différentes, aujourd’hui je me dis que cet homme devait avoir une assurance que je n’ai pas car aujourd’hui j’aimerais vraiment qu’on m’oublie, j’aimerais qu’on ne me remarque plus, que les gens ne s’arrêtent plus de parler en me regardant passer ou justement qu’ils arrêtent tous de chuchoter. »
Lyra avait méthodiquement rangé ses affaires sur les nombreuses étagères de sa toute nouvelle chambre et en admirant le campus par la fenêtre, elle avait réalisé l’aventure exceptionnelle qui commençait pour elle. Cette escapade au bout du monde avait quelque chose de fantastique pour la brune et cet échange était tombé à pique… elle qui avait tout perdu allait devoir tout reconstruire et quel meilleur endroit que la terre de l’Oncle Sam pour elle. Alors que le regard perdu dans le vide la jeune british s’imaginait déjà trouver une place dans une galerie d’art de San Francisco et vivre son American Dream, son téléphone vibra lui rappelant par le biais d’une petite rouquine qu’elle allait devoir se préparer pour le bal des anglais. Lyra soupira en regardant les vêtements dans sa penderie et sélectionna sans réfléchir très longtemps une robe noire aussi simple que classe. Quelques mois plus tôt, la british se serait surement vantée de se l’être fait offrir par un nouveau créateur tendance mais les choses étaient différentes aujourd’hui et ne plus vivre dans le « paraître » avait quelque chose de reposant finalement.
« Je n’étais pas prête à affronter tout ça. Ce nouveau départ n’en était pas réellement un. Des gens savaient parfaitement ce que j’avais fait et j’avais tendance à croire que la rumeur allait rapidement s’étendre, j’aurais à nouveau à faire face aux regards inquisiteurs des étudiants. J’étais incapable d’avoir le contrôle sur ça et je n’avais aucune idée de la manière dont j’allais réagir »
En quittant le bâtiment Omicron, la jeune femme croisa le regard de certains de ses compatriotes… alors qu’elle avançait elle entendit leurs rires mais l’habitude et la lassitude avait pris le dessus sur son envie de s’expliquer et de les faire taire. L’université étant immense, Lyra se contenta de suivre un groupe d’américains qui semblaient tout excités à l’idée de se rendre au bal et se retrouva finalement devant la grande bâtisse du « What’s Up ». Après quelques minutes, elle aperçut sa correspondante ; sans vraiment le savoir Théo avait été très importante pour Lyra, la petite rousse était apparue à un moment de sa vie où elle avait vraiment besoin d’une personne qui ne la jugerait pas et leur complicité était apparue évidente dés leur premier échange par mail, la jeune Maxwell avait passé des nuits entières à parler de tout et de rien. Lyra légèrement surprise par la démonstration d’affection de l’américaine se laissa finalement aller et passa ses bras autour d’elle à son tour prête à faire la fête ?, la brune répondit par l’affirmative avant de suivre la présidente de confrérie à l’intérieur de la salle. Elle semblait tellement à l’aise dans ces lieux où tout lui paraissait si grand qu’elle resta a côté de Théo admirant les décorations autour d’elle.
Lyra regarda les gens qui discutaient autour du buffet, il n’y avait pas foule mais en remarquant les dirigeants des deux prestigieuses universités s’échanger des politesses et s’envoyer des faux sourires, elle se rappela que l’évènement était plus formel que réellement là pour lier les gens. En traversant la salle, Lyra nota quelques regards insistants mais espéra que Théo ne s’en soit pas aperçue. Après avoir rejoint le buffet, elle imita sa correspondante et s’empara d’un verre avant de se servir Ils se sont donnés du mal pour ce soir la brune regarda rapidement autour d’elle avant de boire quelques gorgées alors… dis-moi tout ce qu’il faut que je sache pour être une bonne berkeléenne Sans parler de mode d’emploi, elle imaginait la rousse assez intégrée et épanouie pour l’aider à prendre son nouveau départ.

Il convenait d’accueillir les nouveaux arrivants. Croyez le ou non, Aengus avait le sens de l’accueil. Cette petite sauterie ou se réunissait le beau monde revêtait des airs de chance hors du commun pour la blonde. L’opportunité de croiser tout le monde sans risquer de se faire croquer par le méchant le loup ne pouvait se manquer. Promis, elle serait sage comme une image ! Ne vous fiez pas à sa lèvre inférieure entaillée qui semblait sortir tout droit d'une récente bagarre!

Depuis quelques temps, elle squattait chez Cheyenne. Aussi, Aengus avait prit son courage à deux mains pour sortir le nez ailleurs. Impossible d’éternellement s’accrocher à sa sauveuse. Pour cette fois, Aengus veillait à faire une entrée calme et posée. Contrairement à son habitude, elle désirait se faire le plus petite possible. Les robes ne faisaient pas parties de ses habitudes vestimentaires et moins encore les cheveux lisses, blonds et soyeux.

*Si je bouge plus on me prendra peut être pour une poupée gonflable ! *

Elle avait de l’espoir nous en conviendrons ! Les lèvres pincées pour se forcer à sourire, le regard périphérique pour éviter toutes formes d’ennuis et d’obstacles, Aengus avançait en veillant à ne bousculer personne. Sa longue robe chatouillait ses chevilles perchés sur une paire de talons aiguilles. Qui aurait pu croire qu’un jour, elle prendrait le risque de paraitre si féminine et apprêtée. Les doigts ne cessaient de lisser les quelques mèches encadrant son visage. Inlassablement, elle glissait sa main sur les pans de sa robe sombre comme pour s’assurer de sa bonne mise en place. Elle croisa une jolie blonde, une jolie brune, une jolie rousse, une jolie brune encore… Tout le monde était joli ou quoi ? Etait elle la seule à avoir la tête d’une déterrée ? Même son anti cerne lui avait rit au nez lorsqu’elle l’avait appliqué sous ses yeux ! Ne parlons pas du fou rire de ses bas quand elle avait enfilé le premier sans trouver assez de chair pour tenir ou du profond désespoir qu’avaient pu rencontrés les lacets de son corsage avant de se pendre face à la maigreur de sa taille !

*Super… je reconnais personne.Il est de très bonne compagnie d'ailleurs...*

Elle avait espéré, naïvement, qu’elle retrouverait un visage connu, que subitement sa mémoire se réveillerait d’entre les morts en tombant sur cet être particulier.

*Une mémoire zombie ca donne quoi ?... C'est comme ca que la fin du monde commence dans les films! *

Rien… Après une pause à l’entrée, elle se fraya un chemin vers le buffet. Persuadée que son entourage demeurait principalement rempli de morfales, elle multipliait ses chances. Et si elle faisait plouf plouf pour savoir ou elle allait aller !

Le temps semblait passer au ralenti au cours de cette soirée, et je savais pertinemment que c’était parce que je m’y sentais seule, assise dans mon coin en tenant bêtement à la main le verre que je venais de vider un instant plus tôt. Je cherchais désespérément ce Benn Prescott qui devait être mon correspondant, mais mes fouilles avaient fini par échouer et au final, j’avais côtoyé tous les British de cette salle sans trouver celui qui m’intéressait. Et dire que nous étions censé faire bonne impression pour que le doyen soit fier de nous… Je crois bien que je venais de me ridiculiser quelque peu en cherchant comme une furie ce Benn. Peut-être que tout cela n’était qu’une vulgaire farce après tout. Cela n’était pas impossible, peut-être que ce professeur avait fini par me griller sans que je ne le sache et qu’elle c’était gardé l’anglais rien que pour elle, tiens Kirby, dans les dents, au passage tu prendras quelques heures de colle pour avoir piraté l’ordinateur de l’un de tes supérieurs. Je soupirais à cette idée, pressant alors mon coude contre ma cuisse et posant mon menton sur ma main avec un air bien penseur qui vint à se coller sur mon visage. Quelques Iotas étaient dans la salle, des petites copines cheerleaders surtout, et elles se joignirent rapidement à moi après m’avoir aperçu dans mon petit coin. D’habitude j’étais une grande fêtarde, prête à faire toutes sortes de rencontres, des plus banales au plus farfelues mais pour le moment, je n’avais guère le cœur à la fête et cela était sans aucun doute du à l’absence de mon correspondant que j’attendais de rencontrer depuis de longues semaines maintenant. Autant dire que j’avais un poids sur l’âme dont je n’arrivais guère à me débarrasser et seul la présence de cet homme arriverait à me l’enlever. Entre deux potins, je scrutais toujours la salle de mes yeux, cherchant toujours une nouvelle tête anglais à venir interroger, mais rien à faire, il ne semblait pas être décidé à venir à ma rencontre et cela me faisait beaucoup de peine. Je voyais tous ces étudiants plongés en pleine discussion avec leur correspondant et c’était plutôt désagréable comme image, surtout lorsqu’on espère depuis longtemps être à leur place. Malgré tout, je ne perdais pas espoir, après tout, il faisait peut-être parti de ce qui avait un peu de retard.

Après quelques minutes de discussion, les filles me laissèrent à nouveau. Apparemment, elle venait de repérer un joli morceau de viande qui se promenait seul dans la salle et étant donné que je l’avais interrogé quelques instants plus tôt, je savais pertinemment qu’il n’était pas celui que je recherchais depuis le début. Une fois de plus, mes yeux se promenaient de gauche à droit à travers la salle, scannant presque le visage des gens dans les moindres détails. Il n’y avait pas que Benn que je cherchais au final. J’espérais que Sloan serait dans les parages car je savais que je pourrais occuper le reste de ma soirée avec ce dernier si mon correspondant se décidait finalement à ne pas venir. Mais j’espérais également que Benedikt serait dans le coin, je savais qu’il avait lui aussi une correspondante et s’il venait à se montrer, je n’hésiterais pas à lui faire une scène en public, ce qui ne s’était pas déroulé depuis quelques jours maintenant. A force de se voir en cachette et de s’éviter quelque peu dans les couloirs, il n’y avait pas de quoi improvisé une petite dispute comme nous aimions en créer pour attirer un peu l’attention. Finalement, je rebaissais la tête, jetant un coup sur la montre accrochée à poignée. Mon dieu, j’avais l’impression que j’étais ici depuis plus d’une heure alors que cela ne faisait qu’une dizaine de minutes… dure comme soirée. J’ajustais un peu mieux le talon qui commençait à glisser de mon pied gauche alors qu’une voix féminine vint à m’interpeller. « Kirby, c’est ton correspondant » Je levais donc les yeux vers la jeune blondinette qui se tenait en face de moi et lui sourie. « Oh merci depuis le temps que je le… cherchais. » Entre temps, mon regard était passé sur Benn. Benn ? Euh non c’était pas possible. J’avais l’impression que l’université toute entière était en train de me jouer un tour ou alors était-ce tout simplement Nélye. Lorsque cette dernière me demanda si l’on se connaissait, je ne répondis pas tout de suite, Benn non plus et nous avions nos raisons à vrai dire. Lorsque j’avais connu ce dernier, il ne s’appelait pas comme cela, en fait, je ne savais même plus le nom qu’il m’avait donné au cours de cette première nuit dans sa chambre d’hôtel. « En fait… oui, mais c’est une longue histoire. » Dont je ne voulais certainement pas parler maintenant. J’observais encore Benn pendant quelques secondes, sentant une boule au plus profond de mon ventre. J’avais envie de mourir, vraiment. « Tu as déjà vu ta correspondante au fait ? » Pitié Nélye, reste avec moi !