Le temps file, il n'attend personne. Le temps guéri toutes les blessures. Tous autant que nous sommes nous voulons plus de temps. Du temps pour se relever, du temps pour grandir, du temps pour lâcher prise.- Grey's Anatomy - Le temps. C'était ce que j'avais cru qu'il me fallait pour oublier le désastre de ma vie sentimentale. Mais à dire vrai, j'avais fini par me rendre compte qu'on oubliait jamais, on faisait semblant de vivre avec. Et moi, côté sentiments, j'étais une catastrophe. Programmé pour souffrir et/ou pour faire souffrir. Je pensais pourtant avoir bien débuté de ce côté là quand j'étais tombé amoureux pour la première fois. Je n'avais pas choisi la solution la plus simple pourtant. Au lieu de tomber sous le charme d'une anglaise, je m'étais épris d'une jolie vacancière dont les grand-parents étaient mes voisins. Je savais donc qu'elle repartirait pour Venise à la fin des vacances. Comme chaque année. Mais j'avais cru que tout serait différent, j'avais cru qu'on pourrait vivre cet amour à distance. Il fallait croire que j'étais le seul. Serana m'avait abandonné sans même un mot d'explication. Un au-revoir lui aurait peut-être fait trop mal. Je m'étais senti abandonné, trahi. Elle m'avait laissé là, le coeur brisé. Chaque coin de rue me rappelait un peu nos moments passés ensembles. On parle toujours de la tristesse de celui qui part mais on oublie de penser à celui qui reste. Automatiquement, je le revoyais partout où j'allais. Mais quand on est adolescent, on continue de vivre et on finit par retomber amoureux. Pas forcément de la même manière. Moi j'avais perdu la confiance en moi et en la gente féminine. J'avais peur d'être encore abandonné et cela se traduisait par une jalousie qui frôlait la parano dès fois. Je voyais le mal partout et ma deuxième chérie finit par me quitter et disparaître de ma vie comme Serana. Depuis ce jour là, j'avais pris la grande décision de ne plus m'accrocher. A présent, les coeurs s'étaient moi qui les briseraient. Cela semblait très bien se passer ainsi. Ne pas s'accrocher, juste s'amuser. Dès fois, j'utilisais même des stratagèmes, faisant croire à la demoiselle qu'elle était unique pour moi. Mais comme toutes les autres, je l'oubliais assez vite, la remplaçant par une autre. Autant dire que j'avais perdu le contact avec pas mal d'entre elles. Et que je faisais partie de la liste des salauds de ces dernières. Pourtant, je ne m'en formalisais pas. Il y avait toujours une exception à la règle et cette exception s'appelait Emy. Emy, je l'avais rencontrée à un Gala. Elle accompagnait son père et moi le mien. Deux jeunes riches dans une soirée on ne peut plus ennuyante. On avait fini par se rapprocher. L'entente allait bon train, on flirtait discrètement. Ce n'était probablement pas l'endroit pour se faire remarquer. La suite? Nous avions fini dans les bras l'un de l'autre. Je savais qu'elle n'était que de passage, je n'allais pas commettre la même erreur que dans le passé. Ne pas s'accrocher. Malgré tout, j'avais décidé de lui donner mon numéro de téléphone et mon adresse mail. Je lui avais dit que je ne croyais pas aux histoires d'amour à distance et on avait décidé de rester amis d'un commun accord. A bien y penser, Emy est peut-être la seule ex avec qui je suis toujours en bon terme. Pourtant, je n'avais pas prévenu la demoiselle de mon arrivée en Californie. Je voulais lui faire une surprise. Dans mon dernier mail, je lui avais pourtant écrit : On se reverra peut-être plus vite qu'on ne le pense. C'était le seul indice. Je savais qu'elle étudiait encore à Berkeley et elle ne savait pas que je participais à l'échange. Je pensais donc la croiser tôt ou tard sur le campus. Et si ce n'était pas le cas, j'aurais fini par lui donner rendez-vous quelque part. Mais cela aurait un peu gaché l'effet de surprise que je voulais créer.

En tout cas, ce soir, j'étais bien décidé à m'amuser. Je voulais tout d'abord profiter de mon célibat tout juste retrouvé. Mais c'était aussi un peu une manière d'oublier Alexie. Noyer ses problèmes dans l'alcool, la fête et l'ivresse. Dire que j'avais tout arrêté pendant deux mois juste pour elle. Et qu'elle avait préféré son meilleur ami à moi. Peut-être avait-elle eu peur que je n'ai pas vraiment changé. Peut-être avait-elle eu peur de souffrir. En faisant ça, elle m'avait rendu cette envie de m'amuser et cette conviction qu'il ne fallait pas que je construise une histoire sérieuse. De toute façon, sur le sol américain, cela aurait été une pure folie... Bref. Je m'étais apprêté simplement: une chemise bleu et un pantalon de jean dernier cri. J'avais choisi au hasard un club en pointant un bic sur une carte. The Castro. Je ne le connaissais nullement, pas même de nom. Après tout je venais à peine d'arriver ici, il fallait le temps que je prenne mes habitudes. Et rien de tel que de faire une tournée des bars et club afin de savoir lesquels me plaisaient le plus. Je pris les transports en commun. Avec l'argent que mon père m'avait donné, j'aurai eu de quoi louer une voiture pendant mon échange mais j'avais décidé de faire dans le simple. Les métros, les bus, tout ceci était nouveau pour moi. J'apprenais à vivre simplement. Je finis donc par arriver devant le club où j'avais décidé de passer la soirée. J'y pénétrais donc et observais les alentours. La décoration était assez classique, la musique résonnait déjà et l'ambiance était présente. Je sentais que j'allais bien m'amuser. Décidant de me rendre d'abord au bar -la piste de danse pouvait attendre un peu- je posais mon regard sur les personnes alentours. C'est là que je la vis. Au départ, je ne la reconnu pas. Mais elle semblait seule et étant fort sociable, j'avais décidé d'aller lui tenir compagnie. C'était toujours comme ça que je faisais: je reperais une personne seule, je lui parlais et le reste de la soirée, se finissait souvent sur la piste, une boisson alcoolisée à la main. Ca c'était quand j'étais d'humeur comme ce soir, avec cette envie de m'amuser mais pas forcément d'emballer la première fille qui se présentait à moi. Je m'étais donc approché de la demoiselle et il ne me restait que quelques pas à faire quand je finis par mettre un nom sur la belle. Emy. Je m'arrêtais net dans mon élan, passais machinalement une main dans mes cheveux avant de finir par faire le reste de chemin qui me restait à faire. Je savais qu'Emy était aussi fêtarde que moi mais j'ignorais que je la retrouverais ici. Pour une surprise, s'en était belle et bien une. 'Boire à la paille de l'alcool, c'est pas très prudent en début de soirée' Il était bien connu que c'était un moyen de se saouler plus vite. Mais quand on venait à peine de commencer les festivités, on pouvait largement prendre le temps de boire au verre non? Je me décalais un peu et me postais à côté d'Emy. 'Une vodka svp'Le regard du serveur semblait me fusiller, comme si je venais de lui voler sa nouvelle conquête. Mon gars, Emy tu la touches pas, c'est compris? D'autant plus que je savais qu'elle en avait fait du chemin depuis que nous nous étions séparés. J'avais même cru comprendre qu'elle était fiancée. J'étais content de la savoir heureuse, tout comme j'étais content de la retrouver. Je m'accoudais au comptoir et reportais mon regard sur mon amie, attendant une réaction quelconque de sa part.

«Boire tout court ne l’est pas au final… » Emy avait répondu d'un air qui semblait assez machinal. Elle ne semblait pas encore m'avoir reconnu pourtant je savais qu'elle ne tarderait pas à me démasquer. Je reportais donc mon attention sur la phrase qu'elle venait de prononcer et pris le temps d'y réfléchir quelques secondes. Boire n'était pas une bonne idée. Oui c'était parfaitement vrai. En tant que futur médecin et interne j'avais souvent répété cette phrase à des patients. Dès fois c'était par simple prévention. D'autre fois cette phrase se transformait plutôt en sermon. Boire pouvait causer pas mal de dégats sur le corps humain. J'en étais parfaitement conscient. Mais ce n'était pas pour ça que cela m'empêchait de boire jusqu'à plus soif et d'arriver à ne plus me souvenir de ce que j'avais fait de la soirée. Je pensais que j'étais jeune et que je devais profiter. Et au diable les bons conseils et le mode de vie sain. Faites ce que je dis et non ce que je fais.C'était un peu ça au final. Je savais que boire pouvait avoir des conséquences désastreuses et pourtant je passais au dessus. D'ailleurs ces derniers j'avais tendance à boire beaucoup plus qu'à l'accoutumée. Pour noyer mes problèmes sans doute. Enfin du moins pour essayer car ces derniers semblaient réellement savoir nager dans cet alcool et finissaient par revenir les lendemains de soirées endiablées, encore bien plus présents qu'auparavant. Ce qui ne m'empêchait pas de recommencer. C'était comme une chaîne sans fin, des problèmes dont je ne connaissais pas encore la solution. Pour en revenir à cette phrase dite par mon amie, elle eut le don de me faire sourire. Je savais Emy fêtarde. C'était d'ailleurs ce qui nous avait rapproché au départ. Ce goût pour la fête. Alors c'était tout simplement bizarre de l'entendre clamer ce genre d'idées. 'C'est certain.... Maintenant si cela reste occasionnel, il n'y a pas de souci. Le tout c'est de ne pas tomber dans un engrenage, de ne pas devenir dépendant de l'alcool. Noyer ses problèmes dans celui-ci n'est donc pas indiqué' Ben voyons. C'était justement ce que j'étais en train de faire mais bon, ça personne ne le savait hein? Mes paroles avaient d'ailleurs été prononcées avec grande conviction. C'était pas bien difficile de s'imaginer le Docteur Thompson Junior à l'oeuvre à cet instant précis. Le sourire d'Emy apparu sur son visage et je compris qu'elle m'avait enfin reconnu. Je lui en adressais un à mon tour, plongeant mon regard bleu océan dans le sien. Je me rappelais à cet instant notre dernier échange sur Skype où je m'étais bien gardé de lui parler de ma participation à l'échange. Nous nous étions contenté de nous raconter des petites choses de notre vie. Malgré le fait qu'Emy était mon ex, elle restait une personne importante à mes yeux. La belle demoiselle était devenue une véritable amie, un pilier de ma vie. C'était tellement rare de voir deux exs s'entendre ainsi. Cela s'expliquait par le fait que nous ne nous étions jamais déchiré. Emy et moi, on avait arrêté notre histoire bien avant qu'apparaissent ses disputes qui brisaient les coeurs. Et depuis lors on entretenait notre amitié. J'aimais d'ailleurs surprendre la belle Alpha et c'était pour cette raison que j'avais fait autant de cachoteries quand à mon arrivée sur le sol californien. « Vous me semblez bien loin de chez vous mon cher Cole ? Vous seriez-vous…perdu ? » Une petite touche d'humour accompagné d'un air hautain, comme à nos débuts dans ce gala de charité où l'on accompagnait nos pères respectifs. L'ambiance de la soirée était déjà donnée, on allait passer un bon moment, j'en étais certain. 'Absolument Miss Conway. J'ai voulu prendre un peu l'air et je me suis retrouvé dans ce bar, à des kilomètres de chez moi...Je pense que je vais avoir besoin de vous pour m'y retrouver' Voix solennelle et air pompeux. Je rentrais dans le jeu. Notre jeu. J'avais toujours été doué pour jouer la comédie du parfait fils de bourge bien que j'étais au final bien plus simple que cela. Emy avait pu s'en rendre compte cette soirée-là, quand on s'était enfin retrouvé en tête à tête. Pour pousser encore plus loin dans ce sens, je pris la main de la demoiselle et lui fit un baise-main délicat. La situation était risible et je me plaisais énormément à jouer cette petite scène. Après tout, ce n'était pas la première fois que nous le faisions. C'était un peu notre façon à nous de nous moquer des temps plus anciens. Maintenant, c'était vrai que tout avait changé. Mais il y avait toujours des BCBG conservateurs et donc toujours pas mal de règles auxquelles nous devions nous plier. Je repensais un instant à Leelo, ma soeur âgée de 19 ans. Elle et les règles, cela faisait deux. Elle refusait tout simplement de rentrer dans le moule, de faire comme tout monde. On était pas tout le monde. On était Leelo&Cole. On était les Thompson. Unis à jamais. Pour marquer notre petite rebellion contre nos ancêtres, on se plaisait à se faire des amis sans regarder le nombre de zéro qu'il y avait sur leurs comptes en banque. Ma plus belle rencontre avait donc été Shawn. Totalement opposés mais pourtant on était devenu de très bons amis. Ce qui aurait pu faire tâche dans le monde de la préhistoire xD.
Arriva enfin le temps des accolades. Emy m'enlaça délicatement et je posais mes mains sur son dos, la serrant un peu plus fort contre moi. Elle me fit un bisou et je ne pu m'empêcher de lui en refaire un sur la joue. On était resté comme ça elle et moi. Super proches, super tactiles et ce sans aucune ambiguïté. Cela me fit d'ailleurs un bien fou de la revoir et je lui adressais un nouveau sourire. Cela faisait longtemps que je n'avais plus autant sourit aussi sincèrement. « Qu’est-ce que tu fais là ?! » Le ton d'Emy était enjoué et je comprenais très bien qu'elle se pose ce genre de questions. Je laissais échapper un petit rire avant de la serrer de nouveau dans mes bras. 'Toi aussi, tu m'as manqué' Un nouveau sourire apparu sur mon visage alors que je trempais mes lèvres dans ma vodka. J'en bu une gorgée avant de reporter mon regard sur Emy. Après tout, je n'aurais plus besoin de me noyer dans l'alcool aujourd'hui. Avec Emy, la soirée serait parfaite. Simplement. Mais avant tout, je me devais de lui donner des explications sur ma venue ici. 'Là, tout de suite? Je bois une vodka en présence d'une belle demoiselle qui se révèle être une amie....' Je marquais une pause. Bien entendu, je savais que ce n'était pas de ça qu'Emy parlait mais plutôt de ma présence en Californie. Je continuais donc d'une voix qui n'avait pas perdu sa taquinerie. Je me retins d'ailleurs de lui crier Surprise comme un enfant trop content de sa petite blague. 'Je fais partie de l'échange entre Oxford et Berkeley' Cela résumait très bien la situation. Je lui adressais un nouveau sourire avant de reprendre place sur mon tabouret. 'Comment vas-tu depuis notre dernière conversation?' Mon regard se reposa de nouveau sur mon amie. Je lui consacrais d'avance toute ma soirée.

Faire son deuil. Rien que cette petite phrase ne présageait rien de réjouissant. Et pourtant, personne ne pouvait y échapper d'une manière ou d'une autre. Car si pour la plupart, faire son deuil consistait à pleurer la perte d'un être cher, pour d'autres, c'était plutôt la mort des sentiments. En cet instant, je faisais mon deuil. Le deuil d'une relation qui venait de se terminer. Le deuil d'un futur que je m'étais imaginé avec Alexie. Je pouvais donc comprendre la douleur des personnes, comprendre qu'elles veuillent se noyer dans l'alcool. Après tout, moi c'était aussi de cette manière que je gérais la chose. Pourtant, même si je pouvais comprendre, je ne pouvais pas me mettre à la place des autres. Comment aurais-je pu? Comment pourrais-je ressentir la douleur d'une maman qui vient de perdre son enfant? Après tout je n'étais même pas père. Attention, ce n'était pas que je ne voulais pas d'enfants, loin de là. Mais à 23 ans, je pensais que j'étais encore jeune, que j'avais toute la vie devant moi. Et que donc, je voulais prendre le temps de m'amuser avant de me caser réellement, d'avoir des obligations. Parce qu'un enfant, ça changeait une vie et que moi je n'étais pas prêt à faire trois tonnes de concessions pour lui. Enfin, ce n'était pas ici le sujet de conversation. Ce soir, je me retrouvais face à Emy, une amie à qui j'avais fait la surprise de ma venue sur le sol californien. J'avais donc adressé la parole à la belle demoiselle et nous avions repris notre complicité là où nous l'avions laissée, jouant une nouvelle fois à notre petit jeu préféré: se moquer des manières bcbg de la haute société à laquelle nous appartenions tous les deux. « Seriez-vous venu jusqu’ici pour simplement me donner ce baisemain ? Dans ce cas j’en suis ravie et très touchée mon cher Cole. »Mon sourire s'élargit encore plus sur mon visage et une lueur taquine passa dans mon regard. Si j'étais venu jusqu'ici pour ça? Probablement pas. Mais c'était vrai que de la savoir en Amérique avait encore plus appuyé mon désir de participer à cet échange. Cependant, je continuais de jouer le jeu, d'un ton pompeux. 'Bien entendu très belle demoiselle. Je n'allais pas vous laisser dans ce pays sans finir par vous honorer de ma présence' Ce petit jeu m'amusait vraiment. Les personnes autour de nous allait certainement nous prendre pour des barges si jamais ils écoutaient notre conversation. Mais quelle importance cela avait-il? Je préférais être complètement fou & heureux que normal et complètement triste. Alors au diable le regard des autres. Pour continuer sur ma lancée, j'offris un baise-main accompagné d'une petite courbette à Emy, me retenant d'éclater de rire devant le regard ébahi d'une cliente du bar qui me fixait. N'y prêtant pas plus d'attention, je reportais mon attention sur mon amie, lui accordant enfin l'accolade qu'elle méritait. Le fait de la prendre dans mes bras me fit penser que cela faisait bien longtemps que j'aurais du faire un petit voyage par San Francisco. Emy m'avait manqué c'était un fait indéniable. Car parler par Msn, commenter des status sur Facebook&Twitter ou encore se voir par Skype, ne remplaçait pas le contact physique. Loin de là. D'ailleurs, on ne pouvait pas tout se dire via les réseaux sociaux. Nos vies changeaient. Bientôt, nous rentrerions complètement dans la vie d'adulte. Et dès fois, quand je me rendais compte à quel point elle pouvait être difficile, je n'espérais qu'une chose: souffrir du syndrome de Peter Pan. Et donc revenir en arrière, rester jeune éternellement. Ne pas vouloir grandir. Sauf que j'avais bien trop les pieds sur terre que pour réellement devenir un de ses patients qui refusaient de se voir adulte. Et puis je n'étais qu'à la fin de ma cinquième année de medecine, j'avais encore un peu de temps dont je comptais bien profiter afin de m'amuser à fond. Vivre au jour le jour, tel était mon crédo à présent. Alors que je prenais une gorgée de ma vodka, la demoiselle me demanda ce que je faisais ici. Bien que j'avais parfaitement compris qu'elle ne parlait pas de ma présence dans le bar mais bien de mon arrivée à New-York, je ne pus m'empêcher d'entretenir le suspens encore quelques minutes. « Tu n’essaierais tout même pas de me charmer ? Tu sais que je ne suis plus un cœur à prendre Thompson. Et je pense que vous venez de trouver le meilleure guide de la ville ! » Plus un coeur à prendre. Oui, je le savais parfaitement et je ne cherchais nullement à reprendre notre relation sentimentale. Mon amitié avec Emy était bien trop importante pour que je ne tente quoique ce soit. De plus la belle demoiselle semblait parfaitement bien avec son fiancé. Et j'avais pour principe de ne pas piquer la copine des autres. Si une femme n'était pas célibataire, elle perdait tout intérêt pour moi, niveau sentimental. La seule chose qui aurait pu me pousser à rompre ce principe était une revanche, du genre, l'homme m'a pris une de mes copines, alors je fais de même. Pas très mature d'accord mais je n'aimais pas qu'on marche sur mes plate bandes. En tout cas, de ce côté là, le fiancé d'Emy pouvait être tranquille. Je ne considérais la jeune femme que comme une amie proche. Cependant, d'humeur taquine, je continuais sur ma lancée. 'Te charmer? Je pensais que c'était déjà fait depuis longtemps' Mon regard amusé se posa dans le sien alors que je faisais allusion à notre ancienne relation. 'Quant à ta reconversation en guide juste pour moi, je ne dirais pas non' Passer plus de temps avec Emy m'enchantait. Et puis la demoiselle avait un peu les mêmes goûts que moi, je savais donc que je ne serais pas déçu de la balade. J'expliquais enfin à mon amie que je faisais partie de l'échange universitaire entre Oxford & Berkeley.« Comment ça ? Et tu ne m’as rien dit ? Tu aurais dû je serais venu te chercher, et puis j’aurais pu t’accueillir chez moi, on aurait ri, et on se serait remémorer tout un tas de choses ! » Le ton enjoué d'Emy me faisait plaisir. Cela me montrait que j'avais réussi ma surprise et qu'elle était contente de me revoir. Sinon, je ne vous dis pas la galère. Arrivé pour faire une surprise et voir que la personne aurait préféré que vous ne soyez pas là. Encore heureux, ce n'était pas le cas ici. 'Tu me connais, j'aime surprendre. Te l'annoncer aurait gaché la surprise que je voulais te faire'Je jouais avec mon verre avant de poursuivre. 'Rien n'est perdu. On peut encore prendre du temps pour se remémorer nos meilleurs souvenirs'Je bu une nouvelle gorgée de vodka tout en notant pour moi même qu'Emy habitait en dehors de l'université. Comme moi à Oxford. Habiter à quelques rues du campus était l'idéal pour vivre à fond la vie universitaire tout en gardant une part d'intimité. Et cela je ne le négligeais pas. Je ne relevais cependant pas le détail, de toute façon, je n'en eu pas le temps. « Je devrais t’en vouloir de ne m’avoir rien dit mais je suis tellement heureuse de t’avoir ici près de moi que tu en es tout excusé, et ce soir c’est moi qui offre ! » J'adressais une petite grimace à mon amie. Son sourire presque béhat, je le partageais à cet instant. Elle voulait m'offrir un verre? Là je venais de tiquer. Comme un parfait gentleman, j'avais toujours l'habitude de régler l'addition quand j'étais en présence d'une demoiselle. 'D'accord. A une seule condition: que tu me laisses t'inviter à dîner un de ses soirs'Ce ne serait pas un rendez-vous galant et je savais qu'Emy avait parfaitement compris. Mais c'était une occasion rêvée pour pouvoir se parler plus longuement de nos vies. Ici, dans cette ambiance, on avait plutôt envie de faire la fête que de se confier. Pourtant, je ne pu m'empêcher de prendre des nouvelles de mon amie. Savoir comment elle allait était une question à laquelle elle n'échapperait pas. « Comme tu peux le voir, je me porte à merveille et plus encore maintenant que tu es là ! » Je ne savais pas les épreuves que traversaient Emy et j'étais donc loin de savoir dans quelle mauvaise passe elle se trouvait. C'était peut-être pour cette raison que je ne sus pas déceler qu'elle cachait quelque chose et que je l'a cru donc sur paroles quand elle m'annonça qu'elle se portait à merveille. « Santé et à nos retrouvailles Cole ! » Je levais mon verre en sa direction avant de le vider d'une seule traite. J'avais bien vu que mon amie ne m'avait pas quitté du regard pendant cette action. D'ailleurs, elle enchaîna: « Et toi sinon d’autres cachotteries à m’avouer beau brun ? »Un sourire apparu une nouvelle fois sur mes lèvres mais cette fois-ci, il ne s'éternisa pas. Avais-je autre chose à avouer? Oui certainement. Depuis notre dernière conversation, peu avant mon départ pour Berkeley, j'avais rompu avec Alexie et j'avais appris que j'avais un cousin. De quoi me chambouler entièrement. Et même si je savais que l'endroit n'était pas approprié aux confidences, j'en touchais quand même un mot à la belle Alpha. 'Des cachoteries? Je n'ai pas pour habitude d'avoir des secrets pour toi bella Mon sourire réapparu comme par enchantement. Je ne voulais pas qu'elle sache que j'étais au plus mal, psychologiquement. Que c'était un beau bordel dans ma tête. 'Tu te souviens de mon oncle Gavin? Tu sais, celui qui n'était pas jamais loin de mon père lors de la soirée de Gala? ... Hé bien, il a un fils' Je marquais une pause avant de continuer 'Sinon, je suis de nouveau célibataire' Je lui lançais un nouveau sourire, comme si cette dernière information me laissait de marbre. Elle savait que j'étais réputé pour être un don juan, elle ne pourrait donc pas savoir que je m'étais bien plus accroché à Alexie que je ne l'aurais du. D'ailleurs, je tenais parfaitement bien mon rôle de celui qui s'enfoutait d'être de nouveau libre.

Un groupe d'amis prenant possession d'un café. Des chants et des rires. Mais surtout des litres d'alcool qui coulaient à flot. Vous vous souvenez? De ce temps où vous aviez 18 ans et toute la vie devant vous? En ce moment-là, vous aviez tous cette insouciance qui vous rendait heureux. Et cet espoir que rien ne changerait, que vous vous retrouveriez là l'année d'après avec les mêmes amis à vous saouler comme ce n'était pas permis. Et puis au final, vous aviez grandi. Le lycée, c'était terminé. Rentrer à l'université était certe une aventure en soi mais les choses sérieuses commençaient déjà. Bien entendu, certains étudiants continuaient ce genre de vie, préférant les soirées alcoolisées aux amphithéatres bondés, s'étonnant par après qu'ils avaient ratés. Je ne faisais pas partie de ce groupe de personnes, je ne pouvais pas me le permettre. Pas que je n'avais pas l'argent pour recommencer une année loin de là. Mais cela aurait été très mauvais pour mon image de marque. Et surtout, cela aurait été contre mon égo. Après tout, je ne connaissais pas l'échec. Je refusais ce mot. Et puis sérieusement, tout n'était qu'une question d'organisation. De limites aussi. Deux soirées par semaine, assister aux cours, s'impliquer dans la vie universitaire, voilà ce à quoi ressemblait ma nouvelle vie. De fil en aiguilles, je m'étais fait un nom à Oxford, enfin surtout un prénom. Je faisais partie de ces jeunes hommes qu'on aurait pu prendre comme modèle. Et cela faisait accroitre mon succès auprès des demoiselles. Pourtant, je ne prenais pas la grosse tête, mettant un point d'honneur à rester le même. Cette année, je m'étais encore plus impliqué dans la vie universitaire, rejoignant le groupe des tuteurs. J'avais donc pris en septembre dernier sous mon aile un petit de première année, Mavis. Il étudiait dans le même domaine que moi et je m'étais surpris à l'épauler du mieux que je le pouvais. C'était une autre expérience et j'en avais retiré que du positif. Mavis m'avait apporté beaucoup de sagesse, lui qui était si différent de moi. On pouvait toujours apprendre des plus petits que sois. Bref. J'avais l'impression ces derniers temps que je m'étais assagi, que j'avais gagné en maturité et cela n'avait donc pas été surprenant que je fasse des sacrifices pour donner une chance au couple que je formais avec Alexie. Seulement deux forts caractères se mettant ensemble avait très peu de chance de vivre une romance sans heurt. Ma vie avec Alexie n'avait pas été de tout repos. On accumulait les disputes, voulant tous les deux avoir le dernier mot. On aurait donc pu croire que je serais soulagé que notre histoire soit terminée. Ce n'était nullement le cas. Aussi étrange que cela puisse paraître, nos disputes me manquaient et je n'avais rien trouvé de mieux que de sortir pour tout oublier. Sortir, boire, accumuler les filles. J'étais redevenu l'étudiant que tout le monde connaissait, le Don Juan de ses dames. Pourtant, je n'en avais pas oublié mes amis. Ceci expliquait ma présence dans ce bar, où je venais de surprendre Emy. J'étais heureux de voir que notre complicité ne s'était pas effritée malgré la distance. Nous nous taquinions toujours comme si nous nous étions quitté hier. Après tout, c'était ça les vrais amis. La distance ne pouvait pas les tuer. « Oh quelle délicate attention, je suis réellement ravie de vous savoir venu ici rien que pour mes beaux yeux ! » Je lançais un clin d'oeil à Emy, remarquant qu'elle aussi se retenait de pouffer de rire. A nous voir comme ça, on aurait pu se retrouver dans un film à la Robin des Bois. Elle avec une belle longue robe et moi en tenue de chevalier. Cela donnerait certainement un bon thème pour une soirée déguisée. Cela changerait des princes arrivant sur leur cheval blanc pour capturer la jolie princesse enfermée dans sa tour. Enfin, là, je m'évadais. Si cette attitude aurait parfaitement pu convenir quelques décennies plus tôt, il était clair qu'à notre époque, et dans un endroit pareil, nous faisions complètement démodé, avec nos belles manières. Mais qu'importe? 'Et j'en ai bravé des tempêtes afin de vous revoir' Je laissais échapper un éclat de rire, que je n'avais pu retenir, mettant fin à notre petite caricature. Quelques minutes plus tard, j'étais installé à côté de mon amie, bien décidé à lui consacrer ma soirée. Bien que nous conversions très souvent via les réseaux sociaux, il était clair qu'on ne pouvait pas tout dire par ordinateur. J'en étais parfaitement conscient. Pourtant, si j'avais appris toutes les épreuves qu'Emy avait traversée et dont elle ne m'avait touché mot, j'aurais certainement mal pris les nouvelles. Même si on ne pouvait pas tout se dire par mail, on pouvait au moins aller à l'essentiel. Et j'estimais qu'une maladie ou même une grossesse faisait partie des choses qu'on ne cachait pas à ses amis. Encore heureux donc que je ne savais rien de ces évènements et que mon amie ne semblait pas décidée à me le dire aujourd'hui. Au moins, nous aurions le droit à une soirée de retrouvailles sans reproches. Une ambiance bon enfant s'était donc installée entre nous. La soirée s'annonçait sous les rires et les taquineries. J'en profitais un maximum. Cela faisait tellement longtemps que je ne me sentais pas aussi serein. «Non nuance, il y a longtemps de cela, j’ai été sous ton charme, je me serais même allée à me noyer dans tes yeux, ce que j’ai fait d’ailleurs ! Mais aujourd’hui, je laisse ce plaisir à d’autres jeunes femmes, oui, oui je sais je suis bien trop généreuse ! » Je n'avais jamais douté une seule seconde de notre relation d'autrefois. Après tout, nous savions vers où nous allions à cette époque. On était tombé sous le charme l'un de l'autre mais on savait que cela ne saurait pas aller plus loin. La distance était bien trop grande et nous avions eu la sagesse de ne rien tenter, de ne pas nous détruire et de rester amis. Je laissais échapper un petit rire quand j'entendis la fin de sa phrase. 'Autant de générosité, ça se fête!' Je levais mon verre avant de poursuivre. 'De toute façon, j'ai cru comprendre que tu avais gagné au change' Je ne connaissais pas le fiancé d'Emy mais je me doutais que si elle avait été jusqu'à accepter sa demande en mariage c'était que le jeune homme en valait la peine. Il y en avait au moins un de nous deux qui avait réussi à mener à long terme une relation amoureuse. Je sentis une pointe de nostalgie m'envahir mais je refusais de repenser une nouvelle fois à Alexie. La dernière fois que je lui avais parlé, notre conversation s'était plutôt mal terminée. Elle m'avait avoué ses sentiments et ma rancune avait été tellement grande que je n'avais pas réussi à la retenir. Aurais-je donc encore une chance après mon comportement? J'en doutais sérieusement. « Tu ne changeras donc jamais, toujours fidèle à toi-même… » Les paroles d'Emy me firent redescendre sur terre. Je l'observais un instant, d'un air songeur. Je ne pouvais qu'approuver ses dires, je restais toujours le même. Seulement, ce n'était pas toujours en positif. Malheureusement. Je me retins donc de dispenser un commentaire, je n'avais pas envie d'assombrir notre soirée. Pas envie de montrer à Emy que je n'allais pas aussi bien que ce que je lui montrais. Je fis dans un effort pour me replonger dans notre conversation, lui parlant de nos souvenirs communs. Au moins, si la demoiselle avait remarqué ma nostalgie, je pourrais au moins prendre le prétexte que c'était parce que nous parlions de notre passé. « Oui tu as raison, et Dieu sait qu’on a tous les deux, c’était la bonne vieille époque, ou seuls nos peines de cœur et amis comptaient ce n’est plus le cas maintenant, il faut apprendre aussi à grandir et à affronter la vie. » J'hochais la tête, affirmant ses dires. Bien que mes amis comptaient toujours énormément pour moi, je savais que tout ne tournait plus toujours autour d'eux. Les problèmes arrivaient maintenant à la vitesse d'un TGV, on devait prendre nos responsabilités, on nous en donnait beaucoup plus aussi. Le monde du travail nous ouvrait ses portes et ce n'était pas toujours tout rose. Emy me proposa alors de descendre quelques verres, comme au bon vieux temps. J'acceptais avec plaisir, tiquant cependant sur le fait que ce soit elle qui paye. Je l'invitais donc à dîner un de ces soirs et c'était moi qui règlerait l'addition. Je ne trouvais cela que plus juste, j'avais toujours eu une grande difficulté à me laisser offrir un cadeau sans en offrir un en retour. « D’accord, si cela peut te faire plaisir, mais ne te sens pas obliger, je sais à quel point tu peux être macho surtout lorsqu’une fille prend les devants, mais j’accepte avec joie ton invitation, tu n’auras qu’à me dire où ? Quand ? Et quel genre de lieu ? Je ne voudrais pas te faire honte en arrivant dans un endroit huppé en jeans basket et petit débardeur. » Une grimace apparu sur mon visage quand j'entendis le mot 'macho' sortir tout droit de la bouche de mon amie. Parce qu'être un gentleman signifiait automatiquement qu'on était macho? Ce n'était pas ainsi que je me définissais mais je décidais de ne pas entrer dans une discussion à ce sujet. Au risque une nouvelle fois de gâcher nos retrouvailles. 'Je n'ai pas pour habitude de m'obliger à faire quoique ce soit tu sais... Mais si mon côté gentleman te déplaît, nous pouvons aller manger au MacDo' Après tout, je savais aussi faire dans le simple. J'observais la réaction d'Emy, me retenant de sourire, avant de continuer. 'Plus sérieusement, je pensais plutôt te laisser le choix du restaurant; tu t'y connais mieux que moi dans cette ville. Mais je voyais plutôt un endroit assez chic sans pour autant être trop huppé. Un genre d'endroit où nous pourrions nous comporter normalement, sans avoir besoin de se contrôler... Et où la nourriture est excellente bien entendu... Quant au moment, je pensais qu'on pourrait se retrouver un vendredi soir après le Spring Break qui arrive à grand pas' La conversation s'orienta enfin vers mon amie. Je n'hésitais pas à lui demander de ses nouvelles, chose qu'elle me retourna. C'était évident après tout. Nous prîmes le temps de trinquer avant de continuer.« Comme si j’allais te croire ?! Gavin … ? Oui ! Les frères siamois c’est ainsi que je les appelais. Ah bon ? Je le croyais qu’il finirait vieux garçon ou encore à la botte de ton cher père, à croire qu’il a eu une vie sociale…C’est sympa un cousin avec qui partager un tas de choses non ? » Les frères siamois. Cette appelation me fit sourire. C'était vrai que les deux hommes se quittaient rarement à ce genre de soirée. Mais c'était aussi pour entretenir la bonne image de la famille Thompson. Nous étions loin de nous imaginer que James se disputait très souvent avec Gavin au sujet de son fils. Même moi je ne venais que de le surprendre quelques jours avant mon départ pour Berkeley. 'Je dois t'avouer que je pensais qu'il finirait moi aussi vieux garçon tellement son travail est plus important que tout le reste dans sa vie. Mais dès fois, je me surprenais à me dire qu'il ferait un bon père. Rien qu'à le voir se comporter avec nous... Je me suis bien trompé sur lui. Dire qu'il a un fils et qu'il s'en fout complètement!' Mon amie continua la conversation sur le fait que cela pouvait être sympa d'avoir un cousin. A dire vrai, je ne savais pas, j'avais toujours été privé de la présence de Mason. Je ne connaissais rien sur lui. La seule fois où je l'avais croisé, je n'avais pas fait le premier pas, me contentant de l'observer. Lui ne m'avait pas vu. Je ne savais toujours pas si c'était une bonne idée de lui annoncer qu'il avait de la famille. J'hésitais encore. Une grimace apparu sur mon visage alors que je continuais notre conversation. 'Sympa? Je ne sais pas... Je viens d'apprendre son existence et je suppose que lui ne sait même pas que j'existe. Tu le prendrais comment toi si un type venait te trouver entre deux cours et te disais que tu faisais partie de sa famille?' Emy eut la bonne idée de recommander alors que j'enchaînais d'un air qui se voulait heureux sur le fait que je sois de nouveau célibataire. Mon petit jeu sembla fonctionner à merveille, la demoiselle ne sembla pas se douter que je souffrais de cette séparation. « A toi les petites américaines dans ce cas ! Don Juan est parmi nous ! » Je lui adressais un nouveau sourire, qui se voulait aussi heureux que le précédent. 'Et je compte bien en profiter!' Je fis cogner mon verre contre celui d'Emy et en bu directement la moitié. Cela faisait longtemps que je n'avais plus bu aussi vite. Et certainement autant. Car comme j'étais parti là, je n'allais pas finir la soirée dans un très bon état.