Grouuu, grou grouuu, grouuuuu, grou grouuu. Rien de plus sympathique que le bruit d'un pigeon en chaleur pour vous réveillez. Le volatile avait donc décider de s'accoupler et de grougrouter sous ma fenêtre. Bien, j'adore réellement ces petites bêtes. Personnellement, si j'avais a m'accoupler, je choisirai un endroit calme et confortable, comme une chambre par exemple, mais en tout cas, je ne ferais pas ça sur un balcon ou pire, un rebord de fenêtre. Heureusement, pour mon plus grand bonheur, j'ai le plaisir d'être un humain parfaitement constitué et les problèmes pigeoniens ne me concernent absolument pas, qu'ils se reproduisent où ils veulent. Mais PAS sous ma fenêtre, un samedi à 9h30. C'est dingue, mais ce simple grougrouu avait suffit à réveiller le gros dormeur que j'étais. Je déglutissais lentement, bien décider à dégager cet oiseau avant qu'une femelle encore plus grougroutante ne se ramène, suivit par d'autres femelles grougroutant de plus belle, suivit elle-même d'une belle bagarre où cette bande de pigeon grougroutant se disputerait pour savoir qui allait être l'heureuse élue. Bref, je m'égare dans les rituels post-reproduction chez les pigeons là. Avec difficulté, je tentais d'examiner la situation. J'avais encore le cerveau embrumé par une cuite monumentale de la veille. Je m'étais vraiment lâché hier soir, et c'était là tout ce que je savais. Je ne me rappelais même plus si quelqu'un avait fini dans mon lit. Bon, j'étais dans un lit, c'était pas mal. J'ouvris avec un précaution un oeil, puis l'autre, avant de les refermer immédiatement tant la lumière du jour me paraissait aveuglante. Quelques minutes après, je fis un autre essai. Je regardais la pièce. Ca ressemblait fort a mon appartement ça. Donc, j'étais dans mon lit, dans un fatras de draps, de couvertures, d'oreillers et d'habits, j'étais en jean et torse nu, et surtout, j'étais bourré. Okkkk, on avait vu mieux comme situation. Je me relevais avec la même délicatesse qu'un éléphant, en grommelant. La présence d'un soutien-gorge me fit tout de suite penser qu'une fille était passée par là, car même si j'étais très probablement homosexuel, je n'étais quand même pas au stade à mettre des soutifs. Puis, voyant d'autres soutifs par terre, je me dis que finalement, plusieurs filles étaient sûrement passées par là. Je me levais avec difficulté, marcha aussi vite qu'une grand-mère pleine d'arthrose et ouvrit la fenêtre d'un coup sec. Le pigeon grougroutant et son harem tout aussi bruyant s'envolèrent en un bruissement d'elle atroce. Bon, maintenant que j'étais réveillé, autant voir l'état -sûrement désastreux- de mon appart. Et effectivement, on aurait pu me comparer à cette troupe de pigeon, ce matin-là. J'étais bien mon harem de filles, trois au total, trois filles plutôt pas mal qui discutait plutôt bruyamment. Ok, je ne les connaissais pas mais j'avais sûrement dû faire des trucs avec elles. Elle me regardèrent, me firent la bise, me remercièrent puis partirent. J'étais, comment dire, en mode 'bug". Cet état dura pendant toute la matinée où, à part bouffer en regardant la télé, je ne fis pas grand chose. L'après-midi se passa dans la même ambiance dynamique.

Puis, vers 18h, moment où mon estomac recommença à crier famine, je me rendis compte de quelque chose. Il y a quelques jours, un jour où j'étais probablement bourré, j'avais promis à un type haut placé chez les Alphas de m'occuper d'un Gamma un peu dur à cuire qui ne voulait rien faire à part glander et foutre le dawa. Pourquoi avais-je dit oui ? J'avais beau être un Alpha, je n'en restais pas moins un mec bourré environ 5/7j qui baise avec des filles qu'il ne connait pas dans le seul but d'oublier qu'il est gay et amoureux de son meilleur ami. Je n'étais pas sûr que j'étais vraiment un exemple à prendre. Le hic dans tout ça, c'est que j'étais uniquement habillé d'un magnifique caleçon superman et complètement torché. Et que le rendez-vous avait lieu dans même pas cinq minutes. Je me relevais péniblement et me rendais présentable, le plus rapidement possible, aussi rapidement que pouvait le faire un mec bourré. Je sortis de mon appartement et me dépêchai de rejoindre la salle de tutorat de Berkeley. J'arrivais là-bas un quart d'heure après le début normal du cours. Je trouvai bien vite le Gamma que j'étais chargé de 'coaché' : Andreas, un Gamma avec des tatouages pleins le corps et réputé pour être un fouteur-de-merde. Je m'assis en face de lui. "Salut." trouvai-je à dire. Qu'est-ce que je foutais là ? Je ne savais même pas ce qu'il étudiait et à part en danse et en musique, j'étais nul. Je me pris la tête entre les mains et soupirai. "Désolé, je suis torché". Il devait bien connaître ça, lui. Je connaissais bien sa sulfureuse réputation.

« Bon écoute Taylor j'en ai strictement rien à foutre de tes problèmes alors trouve donc quelqu'un d'autre à qui parler. » Cinglais-je à ma demie soeur qui me tient au bout du fil depuis une bonne demie heure. Ce n'est pas que je n'aime pas ma frangine, mais on ne peut pas dire que nos relations soient au beau fixe. D'ailleurs cela ne l'a jamais vraiment été. Bien sur parfois il nous arrivait d'être vraiment très complices – surtout lorsqu'il s'agissait de faire chier nos parents, ou de mettre la maison sans dessus dessous - mais généralement nous passions notre temps à nous engueuler, nous faire des tas de coups de putes et j'en passe et des meilleures. J'éloigne de quelques centimètres de mon oreille le combiné du téléphone et lève les yeux au ciel. Mon Dieu, et après on se plaint que je ne supporte pas les nanas et que la seule relation sérieuse que j'ai eu, soit avec un homme. Ma frangine hurle à l'autre bout de l'appareil, affirmant que je suis un frère sans coeur. Si j'avais été sensible à n'importe quelle remarque que l'on peut me faire, je crois bien que j'aurai versé une petite larme. « C'est bon t'as fini de te lamenter là ? » Dis-je sur un ton exaspéré. « En plus je ne vois vraiment pas pourquoi tu te plains tu es riche c'est l'essentiel. L'amour c'est parfaitement inutile. » Dis-je le plus naturellement du monde. De mon point de vue, hormis l'argent fait mon bonheur. Tout le reste est parfaitement secondaire. Je ne suis pas le genre de mec qui éprouve des sentiments, ou alors c'est vraiment très rare. Dans ce cas là je ne sais même pas comment m'y prendre pour les exprimer. L'argent rend les choses beaucoup plus faciles et ce, dans tous les domaines. Ma soeur continue de pleurnicher tout en me faisant sa crise de nerfs. « Tu sais que je commence à avoir sérieusement mal au bras à force de tenir ce téléphone. Mais t'as pas une amie à faire chier ?! Merde depuis le temps que tu me connais tu sais très bien que les histoires de coeur sont le dernier de mes soucis ! » Dis-je sur un ton relativement agacé. « Bon, je passerai chez toi plus tard si tu veux. J'voudrais pas que tu te foutes en l'air pour un connard qui n'en valait pas la peine. Fais comme toutes les filles, fous toi devant un film à bouffet des chocolats ! » Je ne lui laisse pas le temps d'en dire d'avantage que j'éteins mon cellulaire avant d'envoyer l'objet électronique entre les coussins du canapé. C'était bien la première fois que je jouais à la psychologue pour ma frangine et je dois reconnaître que c'était la dernière. Non vraiment, être compatissant envers les autres ce n'est franchement pas mon truc. Ca me fou plus mal à l'aise qu'autre chose et puis de toute façon je ne sais meme pas quoi dire. Une chose est sûre et certaine, j'ai besoin d'une clope pour décompresser. J'ai l'impression que ma soeur a pompé toute mon énergie à me parler de son Michael qui l'a trompé avec je ne sais trop quelle connasse du coin. Etant donné que j'ai déjà du mal avec ma propre vie sentimentale, je ne vois pas comment j'aurai pu la conseiller à ce sujet. Attrapant le paquet de cigarette posé sur la table basse du salon, je m'allume une cigarette et tire lentement dessus. Mon Dieu ce que ca me fait du bien. Alors que je suis posé tranquillement dans mon canapé, les jambes posées sur la table, j'ai comme un bug. Je soulève les coussins à la recherche de mon téléphone portable et fixe l'écran. « Eeeeeeeh meeeeeeerde !!!!! » M'exclamais-je en voyant l'heure affichée. Six heures moins dix. C'est forcé, je vais être à la bourre pour mon premier cours de soutient. Il faut dire que je n'en avais strictement rien à foutre de cette aide aux devoirs. Le principal du lycée avait vraiment décidé de nous faire chier. Comme si mettre en place des heures de soutient allait résoudre les problèmes. Je pense qu'à partir du moment où un élève n'a pas envie de travailler, je ne vois pas pourquoi il changerait du jour au lendemain. En tout cas, vu que je n'avais pas la moindre envie de me retrouver dans le bureau du proviseur une énième fois et de me faire coller ou même virer de l'établissement, j'écrasais rapidement ma clope dans le cendrier déjà plein à ras bord et me levais du canapé tout en attrapant mon sac. […] D'un pas rapide – tout du moins rapide à ma façon – j'arpentais les couloirs de l'université direction la salle de tutorat. La dernière fois que j'avais eu affaires à un Alpha, c'était Némésis ma meilleure amie avec laquelle j'avais eu une relation « amoureuse » complètement ratée. Je passe la grande porte et constate que l'alpha en question n'est même pas là. Génial. Je fais l'effort de me déplacer alors si le mec n'est meme pas là... Les alphas ne sont ils pas censés être parfait en tout ? Blasé, je me dirige vers une table, pose mon sac et m'affale dans un chaise. Bras croisés j'attends patiemment – ou presque – l'arrivée de mon « professeur ». « Salut.  » Une voix me fait sortir de mes rêveries. Je tourne la tête vers la personne concernée et lève un sourcil tout en le toisant de haut en bas. C'est « ca » qui va me faire cours ? On aura vraiment tout vu ici. «  Désolé, je suis torché  » Je lève les yeux au ciel et retire les pieds de la chaise sur laquelle je les avais posé. « Bon écoute, ca me fait autant chier que toi d'être ici alors autant faire ca au plus vite hein. Je pense que ce sera aussi bien pour toi que pour moi. »