•• History will be kind to me for I intend to write it.
Have no fear of perfection; you'll never reach it.

« Je me suis plantée de chambre et de confrérie, c’est moi l’Epsilon et toi la présidente des Gammas ? » Les yeux écarquillés, les lèvres entrouvertes, la surprise de Juno était évidente. Tout comme l’eau qui dégoulinait de ses cheveux et de ses vêtements à cet instant précis. La brûlante brunette venait de se prendre la saucée de sa vie, et la pluie qui grondait au dehors laissait facilement deviner de l’endroit d’où elle venait. La jeune femme espérait, en tournant la clef dans la serrure de SA chambre de confrérie, qu’elle allait pouvoir enfin se poser et profiter de l’un de ces moments en solitaire qu’elle appréciait tant. Manqué ! Un intrus lui faisait face, des papiers plein les mains. Il fouillait sans aucune honte dans SES affaires, à la recherche sans doute du détail qui pourrait lui en apprendre plus sur Juno, ou à tout le moins de l’information qui lui permettrait de lui nuire. Elle n’avait aucune confiance en lui, et pour cause, elle s’adonnait au même genre de recherches depuis quelques temps à son sujet, à ceci près qu’elle n’était pas encore passée par la case « je vais fouiller chez toi en prenant bien le soin de ne pas me faire choper ». Cela lui avait traversé l’esprit, évidemment. Ils étaient la même longueur d’ondes là-dessus, et c’était bien cela le plus malheureux…Si elle voulait être furieuse, elle devrait le faire en toute mauvaise foi ! « Je peux savoir ce que tu fous chez moi au juste ?! Et comment tu t’es introduit ici d’ailleurs ! Les Epsilons ne viennent pas se perdre ici, d’habitude. » Les sourcils froncés, la colère parfaitement feinte, Juno offrait actuellement un jeu d’actrice digne de tous les oscars possibles et imaginables. C’était plus osé encore que de se faire passer pour la femme de Randy, en portant une fausse alliance et en faisant croire à tous qu’ils étaient amourachés depuis des lustres. D’accord, ce n’était pas loin de la vérité mais ils ne s’étaient jamais dit « oui » devant témoins. Si cela continuait, Juno allait passer sa vie à mentir sans jamais qu’il n’y ait la moindre chose de vraie là-dessous. « Je ne sais pas ce que tu cherches, mais comment dire ? Tu risques d’être déçu. Si tant est qu’il y est quelque chose de compromettant à savoir sur moi, tu penses vraiment que je suis assez stupide pour le planquer ici alors que je suis Présidente de confrérie ? Tu insultes mon intelligence, garçon. » La fausse colère de la brunette s’estompa bientôt pour dévoiler une sorte d’amusement qu’elle ne pouvait cacher. Elle ôta par conséquent sa sempiternelle sacoche imperméable contenant son ordinateur portable préféré ainsi que son PDA pour mieux se diriger vers sa mini salle de bain. Une serviette s’imposait dans la situation présente, ainsi que le fait de changer de vêtements.

« Au mieux, tu as dû tomber sur quelques photos de ma période de mannequin en papier bulle, sur des factures qui s’entassent et des feuilles et des feuilles de calculs incompréhensibles pour quiconque n’est pas moi. Je suis Physicienne. C’est tout ce que tu as dû apprendre aujourd’hui, je me trompe ? » Juno n’avait pas encore réapparut, mais elle avait laissé la porte ouverte le temps d’ôter ses frusques trempées, dans l’unique but qu’Hunter ne l’entende. Qu’il n’aille pas y voir une quelconque invitation : il l’avait suffisamment reluquée la première fois qu’ils s’étaient vus. Tout ce qu’elle voulait, c’est qu’il entende ce qu’elle avait à dire, rien de plus, rien de moins. « Tu vas me dire ce que tu fous chez moi ou il va falloir que je te tire les vers du nez ? Franchement, ne me tente pas, à ce petit jeu, impossible que tu gagnes. » D’autant qu’ici, il se trouvait sur ses terres. Son antre, ses règles comme dit l’autre. Ce fut sans doute pourquoi elle n’eut pas le réflexe de mettre d’autres vêtements sur elle en premier lieu. Elle se contenta d’enrouler son corps nu dans une serviette suffisamment grande pour qu’il n’y ait rien à voir, mais pas suffisamment pour qu’elle apparaître comme une tente prête à tout couvrir. Ce fut seulement à ce moment là qu’elle réapparut dans ce semblant de pièce principale, qui ne payait pas de mine puisqu’elle vivait encore dans une chambre d’étudiante. L’appartement de Hunter devait être nettement plus spacieux, luxueux et tout ce qui s’en suit. N’était-il pas Epsilon avec tout ce que cela implique comme standing à respecter ? Rien que pour cela, Juno ne pourrait jamais considérer qu’ils habitaient sur le même petit truc que l’on appelle la terre. « Tiens, je t’offre ta première tournée. Après, tu dégages de chez moi ou je te flanque dehors à grands coups de pompes dans le derche. » Deux shooters, une bouteille de vodka premier prix, l’équation parfaite si l’on veut avoir une gueule de bois de la taille de l’état de Washington à son prochain réveil. Mais telle n’était pas l’intention de Juno…En général, lorsqu’elle buvait, c’était un excellent whisky douze ans d’âge, seule folie financière qu’elle s’offrait. « Cul sec. » Après avoir trinqué avec ce presque inconnu, elle s’enfila son propre shooter avant de le poser sur son bureau, rangé à la perfection, à l’image de la fille maniaque qu’elle était. Ce regard qu’elle lui lança ensuite ne pouvait signifier qu’une seule chose : il avait intérêt à lui donner une bonne raison de rester ou à dégager pronto.