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Just the smell of the summer can make me fall in love

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MessageSujet: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMar 29 Mai - 1:01

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cyann&heather


    Je me ruai vers la porte, sans prendre la peine de jeter un regard aux élèves qui me fixaient, silencieux. Mes joues étaient brûlantes et je tentai vainement de les cacher derrière mes cheveux. Sans réfléchir, je sortis du bâtiment, et vins m'asseoir un instant sur la pelouse qui entourait le campus. J'essayai de réguler ma respiration, qui s'était alors affolée. Les yeux clos, je laissai l'air chaud de la côte ouest pénétrer mes poumons. J'avais précipitamment quitté la salle de classe après que mon professeur m'ait fait une remarque que j'avais jugée injuste. Très injuste. Comment avait-il osé dire que je ne mettais pas assez de coeur dans mes répliques ? Selon lui, je n'étais pas crédible. Peut-être avait-il raison, finalement. Ma mère n'a jamais réussi à percer dans le milieu du cinéma, et ce sera certainement mon cas également. Je jetai un coup d'oeil à ma montre et constatai qu'il restait encore près de quarante minutes avant la fin du cours. Contre ma volonté de rester allongée ici toute la journée, je me levai et me dirigeai de nouveau vers la salle de théâtre. D'un geste timide, je toquai, entrai, puis vins m'asseoir à ma place. A ma grande surprise - et soulagement - personne ne leva la tête. Un rictus se dessina sur mes lèvres tandis que je ressortais mon cahier de mon sac, ainsi qu'un crayon qui traînait au fond. J'avais toujours été très impulsive, il s'agissait de l'un de mes plus grands défauts. Mes proches étaient habitués, eux, mais mes enseignants, en revanche, avaient toujours eu du mal avec mes sautes d'humeur.
    Une fois le cours terminé, je vins m'excuser à contre-coeur auprès de mon professeur qui, très rapidement, me pria de quitter la salle, ce que je fis sans broncher. Il était quinze heures, ma journée à Berkeley avait déjà pris fin, et je n'avais absolument rien à faire. Je me décidai à marcher dans San Francisco, en direction de chez moi. Une fois près de mon immeuble, j'eus brusquement envie de me rendre à la plage. L'odeur maritime avait certainement aidé ce désir soudain à se concrétiser. Je montai donc rapidement à mon appartement afin d'enfiler une tenue plus adéquate que ma robe en soie pour résister au sable, ainsi que pour glisser mes pieds dans des sandales plates en cuir camel que j'avais achetées à Los Angeles avant de venir à San Francisco. Dans l'ascenseur, j'examinai une dernière fois la jupe de mousseline blanche que j'avais choisie d'accorder avec un simple débardeur un peu lâche avant de quitter mon immeuble. Mes Ray-Ban sur le nez, mon cabas presque vide sur l'épaule, je hélai un taxi. Il s'arrêta à mon niveau, et j'entrai alors à l'arrière en un bond agile.

    - A la plage de Sunset District, s'il vous plaît ! fis-je d'une voix cristalline, offrant au chauffeur mon plus beau sourire.

    Sur le trajet, nous discutâmes de tout et de rien. Il était père de deux enfants, qui vivaient en Inde, et s'était installé aux Etats-Unis afin de trouver un métier qui lui permettrait de subvenir aux besoins de ses enfants. Arrivée à destination, je tendis un billet de cinquante dollars au taximan, et lui fis comprendre qu'il pouvait garder la monnaie. Il me remercia gracieusement alors que je quittai son véhicule.
    Devant moi s'étendait l'océan. J'avais toujours adoré la mer. Je retirai machinalement mes sandales afin de plonger mes pied sous le sable fin, encore brûlant, et m'avançai jusqu'à l'eau, qui s'aventurait par vagues sur le rivage. Je m'assis , prenant soin tout de même à ne pas mouiller ma jupe, et sortis de mon sac le script qu'avait distribué mon professeur de théâtre lors de son dernier cours. Je l'ouvris à la première page, que je lus une fois, puis deux, puis trois ... Décidément, le texte ne rentrait pas. Je me levai, tendis le bras, vérifiai que personne ne pouvait me voir, et me mis à réciter les quelques lignes que j'avais en mémoire. Mon enseignant avait raison. Je n'étais pas crédible pour un sou. Je réessayai de nouveau, sans succès. Il fallait dire que sans un vrai interlocuteur, il était dur de rendre mon discours plausible. Je poussai alors un long soupir, et me rassis, un air dépité sur le visage. Je relus encore la page, mais l'envie était partie.
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMar 29 Mai - 16:15

    Déjà plus d'une heure que je supportais la totale inutilité de ce cours. Le professeur paraissait sur le point de tomber en poussière au moindre mouvement, et riait à ses propres blagues de mauvais goût, au grand désespoir de tous les élèves présents, qui regrettaient visiblement tous autant que moi d'être là. La tête posée contre la vitre fraîche, j'essayais tant bien que mal de faire passer les quarante minutes restantes sans mourir d'ennui. J'avais déjà épuisé depuis longtemps toutes mes distractions. 244 dalles au plafond, huit parties de morpion, autant de pendus, aucun ami libre pour me raconter sa soirée de la veille par sms. Et comme si ça n'était pas suffisant, il régnait une chaleur abominable dans l'amphithéâtre. Je reportais de nouveau mon attention sur les feuilles de ma voisine de devant, me penchant légèrement pour apercevoir son dessin, commencé au début de l'heure. Et apparemment, tous les étudiants de BCU ont les mêmes préoccupations, puisqu'elle esquissait le bord d'une plage au crayon à papier.
    Je secouai légèrement mes jambes engourdies, quand je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Après un regard de sécurité autour de moi, je déverrouillais l'écran. Un nouveau message. Numéro inconnu. J'appuyais mon pouce sur l'icône, et le message s'afficha.

    « Salut tout le monde ! Fête ce soir à la maison Sampi ! N'amenez rien d'autre que votre tête, on a tout prévu ! »

    Je n'avais pas la moindre idée de qui était l'auteur de ce message, mais ce n'était pas la première fois que j'en recevais un de ce genre. Lors de notre admission dans la confrérie en première année, les responsables s'étaient assurés de récupérer tous nos numéros de portable. Officiellement, pour pouvoir nous contacter en cas de problème. En réalité, les problèmes étaient systématiquement des histoires de soirées à prévoir ou d'invitations à des fêtes en tous genres. Je tapais rapidement une réponse. « Je serais là ! Cyann ». Ils nous avaient aussi fait comprendre que les messages étaient envoyés automatiquement, et donc que l'on avait plutôt intérêt à signer nos réponses, histoire qu'ils puissent s'organiser correctement. A force de confirmer ma présence, j'avais pris l'habitude de conclure quasi-systématiquement mes messages par mon prénom, même avec mes amis, qui ne s'étonnaient plus de me voir leur rappeler mon identité.

    Alors que le prof décrétait que la fin du cours était arrivée, je poussais un soupir de soulagement, suivi de près par une dizaine d'autres qui retentirent dans la salle d'une manière tout sauf discrète. Je déposai mes affaires dans mon sac d'un geste tout sauf délicat, avant de me diriger vers la porte. Saluant mes camarades, je jetai un coup d'œil à ma montre avant de sourire. J'avais largement le temps d'aller surfer avant la fête, et me dirigeai vers ma voiture, garée pas très loin de la salle, et prête à partir pour la plage. J'avais toujours ma planche et des vêtements sous la main, en prévision de situations comme celles là, où j'aurais l'occasion d'aller à la planche sans l'avoir prévu.
    J'entendis qu'on m'interpellait, et tournais la tête vers la source du bruit.

    - Cyann, tu vas à la plage ?

    Elle me connaissait bien, la bougre. C'était une de mes camarades de classe, qui avait visiblement remarqué mon petit manège. Comme à peu près tout le monde en fait. J'allai à la plage... légèrement plus souvent que la normale. J'hochais la tête avec un sourire.

    - Tu pourrais me déposer à la banque ? C'est sûr ta route, j'pense.

    Trois minutes plus tard, elle attendait près de la voiture tandis que j'essayais de débarrasser tout ce qui encombrait le siège passager. Elle s'installa, et nous passâmes le reste du trajet à discuter de choses absolument débiles, mais qui suffisaient à nous faire rire. Elle serait à la fête aussi, le soir même. Quelques minutes plus tard, je ralentis devant l'emplacement où elle m'avait demandé de l'accompagner. Elle descendit de la voiture en me souhaitant de bien m'amuser, avec un signe de la main, auquel je répondis par un grand sourire.
    La plage, enfin. Je descendis de la voiture, et pris quelques secondes pour inspirer profondément l'air chaud et salé de la côte. Plus d'un an que j'étais à Berkeley, et j'avais toujours du mal à me passer de cette sensation qui m'avait accompagné toute mon enfance. J'enfilai rapidement un maillot et ma combinaison, avant d'attraper ma planche et de verrouiller la voiture. Je ralentis volontairement au contact du sable qui me brûlait la plante des pieds. Je n'arrivais pas à dissocier la douleur de la sensation agréable que cela me procurait. J'arrivai près de l'eau, et m'immergeai totalement pendant quelques secondes. Sortant la tête de l'eau, j'attrapai la planche qui avait légèrement dérivé, avant de l'attacher autour de ma cheville.
    Enfin. Au contact des vagues, j'oubliais tout.

    Une durée indéterminée plus tard, je décidai qu'il était temps pour moi de sortir. Je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être. Je secouai légèrement la tête dans l'optique d'éliminer les quelques gouttes d'eau salée qui ruisselaient dans mes yeux, me faisant globalement ressembler à un teckel à poils longs, ou quelque chose comme ça. Je marchai vers mes affaires déposées dans le sable, sans faire spécialement attention à la personne assise non loin, attrapai ma serviette pour m'essuyer le visage. Soudain, j'entendis un soupir retentir près de moi. Je tournai la tête vers la jeune brune assise dans le sable, visiblement dépitée devant la liasse de papiers qu'elle tenait sur les genoux. J'aurais probablement du m'occuper de mes affaires, mais au lieu de ça, je me suis approché, un sourire timide sur les lèvres.

    - Euh, salut... Besoin d'un coup de main ?

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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMar 29 Mai - 21:37

    Devant mes yeux mi-clos, cachés par les verres de mes Ray-Ban, le soleil se couchait lentement, teintant le ciel d'un rose orangé que nombreux photographes auraient voulu immortaliser avec leur appareil. Le sable, bien que toujours chaud en surface, était frais à quelques centimètres de profondeur, ce qui m'incita à y plonger les pieds. Le script toujours sur mes genoux, j'aperçus à ma droite un jeune homme qui surfait sur les vagues limpides de ce bel océan qui me faisait face. En arrivant à Los Angeles cinq ans plus tôt, mon père m'avait fait prendre des cours de planche, mais je n'avais jamais réussi à tenir debout, malgré l'aide de mon professeur particulier, très réputé à Beverly Hills. J'avais donc abandonné l'idée de paraître cool en combinaison.
    Alors que j'étais perdue dans mes pensées, j'entendis vibrer mon portable dans mon sac. D'un geste brusque, je l'attrapai, et fixai l'écran, qui affichait APPEL ENTRANT : PAPA.

    - Oui allo ? fis-je d'une voix douce, tout en frôlant du doigt le bouton vert. Papa, tu vas bien ?

    A l'autre bout du fil, je pouvais entendre mon père, avec son mari et les jumeaux. Il s'excusa, et je compris qu'il changea de pièce, gêné par le bruit. Une fois seul, il m'expliqua qu'une partie du tournage de son nouveau projet allait être tournée à San Francisco dès le week end suivant, et qu'il aurait donc alors l'occasion de dîner avec moi un soir.

    - N'importe quel jour est bon pour moi, je suis libre dans tous les cas, lui annonçai-je sans hésiter.

    Le ton de sa voix sembla s'adoucir après qu'il eut entendu ce que je venais de dire. J'imaginais déjà une moue inquiète se dessiner sur son visage. Comme je m'y attendais, il me posa des questions sur ma vie ici, mes nouveaux amis.

    - Tout va bien ici, Papa. Je connais déjà tout plein de monde, mentis-je, de façon plutôt crédible, selon moi. Tu disais ? pensai-je, un sourire narquois sur les lèvres, destiné à mon professeur.

    Quelque peu rassuré, mon père me fit comprendre qu'il devait raccrocher, et me promis qu'il trouverait le temps de me voir ce week end. Je le remerciai, et rangeai mon iPhone dans mon soutien-gorge. Il fallait vraiment que je me débarrasse de cette habitude, ce n'était pas classe du tout.
    La plage était vide, à l'exception d'un couple de retraités, enlacés à quelques mètres de moi. La vieille femme semblait endormie, paisible, dans les bras de son amant qui, de son côté, la regardait avec tendresse. Il avait pris soin de poser délicatement sur elle son gilet de laine beige, quitte à lui même avoir froid, ne portant alors qu'une simple chemise. Je ne pus m'empêcher de sourire face à ce merveilleux spectacle que m'offraient ces deux adorables personnes. Je laissai mon regard s'attarder sur cette charmante scène.
    Me remettant à scruter l'horizon, mes yeux revinrent sans cesse sur le surfeur qui, il fallait bien l'avouer, était très doué. Je le fixai donc ainsi pendant quelques minutes, avant de reposer mon regard sur la page que j'essayais d'apprendre depuis maintenant plus d'une heure. Il fallait que j'avance. Je me remis alors à réciter les quelques phrases que j'avais retenues, mais le résultat ne me convint pas. J'essayais de me remémorer les quelques moments où, enfant, j'avais aidé ma mère à réviser ses textes, afin d'imiter sa façon de faire, mais seules quelques images me revinrent en mémoire, ce qui était insuffisant. Ressortant mes pieds de sous le sable, je me mis dans la position du lotus, et inspirai profondément. Peut-être étais-je trop stressée. Je poussai un long soupir, désespérée.
    Soudain, j'entendis à ma droite des bruits de pas qui s'approchaient. Il s'agissait du jeune surfeur qui, visiblement, en avait terminé avec sa planche. Je regardai autour de moi afin de voir vers qui il se dirigeait, mais je ne vis personne. Venait-il vers moi ? Rapidement, j'étudiai son visage, me demandant alors si je ne l'avais pas déjà vu quelque part. Non, décidément, je ne le connaissais pas. Ou, tout du moins, je ne me souvenais pas de lui. Si je l'avais déjà vu, je me souviendrais de lui, non ? Un discret sourire aux lèvres, il me demanda si j'avais besoin d'aide. Machinalement, je regardai de nouveau autour de moi puis, gênée, je le fixai. Il m'avait entendue, sans aucun doute. Avais-je l'air de me débrouiller si mal que ça ?

    - Euh ... J'hésitai un instant, avant de reprendre. Oui, à vrai dire. Tu vois ça ? Je lui tendis le script. Je dois apprendre ma partie pour la semaine prochaine, et si je continue seule, je sais que je n'y arriverai jamais. Si tu as un peu de temps, ça ne te dérangerait pas de me donner la réplique ?

    Je me levai d'un bond et lui offris ma main. Il était vraiment mon style, et l'eau qui ruisselait sur son visage ne le rendait que plus séduisant. En revanche, je ne savais pas ce qu'il pouvait bien penser de moi. Mes cheveux avaient été emmêlés par la brise maritime, je m'étais habillée hâtivement ... "Nature" est bien le terme que l'on emploie, dans ce cas là, non ?

    - Je m'appelle Heather, d'ailleurs, me présentai-je, mes paroles accompagnées par un éclat de rire.
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMer 30 Mai - 14:24

    La jeune femme me détailla longuement alors que je m'approchais. Elle n'essayait même pas d'être discrète, au contraire elle paraissait fouiller dans sa mémoire pour savoir qui j'étais. Du coup, j'hésitais aussi. Si elle cherchait qui j'étais, peut être qu'elle m'avait vu quelque part, que j'étais censé la reconnaître, et que j'allais passer pour un imbécile ? Elle regarda rapidement autour d'elle après que je lui ai adressé la parole, s'attendant visiblement à ce que je sois en train de parler à quelqu'un assis derrière elle. Un léger rire m'échappa, alors qu'elle reportait son attention sur moi. Je m'attendais plus ou moins à ce qu'elle m'envoie valser, mais la brune me tendit les papiers qui tapissaient ses genoux depuis un moment. J'haussai un sourcil en écoutant ses explications. J'ouvris la première page avant de la rabattre derrière les autres, lisant quelques lignes du texte.
    L'idée c'était que je lui donne la réplique pour lui faire réciter ou même apprendre son texte. Ça restait dans mes cordes. Elle sauta sur ses pieds, avant de me tendre la main en m'annonçant son prénom. J'essuyai rapidement ma main dans ma serviette en évitant la partie couverte de sable, avant de saisir la sienne.

    - Cyann. Je peux t'aider oui ! J'ai jamais fait quoi que ce soit qui y ressemblait de près ou de loin, mais je sais lire, alors j'imagine que ça devrait être suffisant ?

    Concluant cette réplique par un éclat de rire, je détaillai rapidement son visage. Ses yeux étaient cachés par ses lunettes de soleil, et ses cheveux agités par le vent terminaient de dissimuler le reste. J'arrivais cependant à distinguer tant bien que mal sa peau brune et ses traits fins. A moins qu'elle ne cache une deuxième tête quelque part, je pouvais dire qu'elle était jolie, vraiment jolie. Je regardai rapidement autour de nous. Un couple de retraités se dirigeaient lentement vers le parking, et à part deux ou trois personnes assises à plusieurs dizaines de mètres, nous étions seuls sur le sable. Ce genre de situation était assez rare, en général, ce coin de la plage était très prisé des étudiants en tout genre, mais aussi des familles qui venaient avec leurs enfants pour faire trempette après l'école. Je haussais les épaules.

    - Je vais m'habiller, j'en ai pour trois minutes !

    Sans lui laisser le temps de vraiment enregistrer mes paroles, et encore moins de répondre, je m'éloignais en direction de ma voiture. Je me souris à moi-même. Même en considérant que j'étais de nature plutôt extraverti, je n'avais pas pour habitude d'adresser spontanément la parole aux inconnus. Je considérais ça comme une victoire personnelle. Après avoir déverrouillé la portière de la voiture, je dézippai la fermeture de la combinaison, avant de l'ôter pour enfiler un tee shirt blanc et un jean basique. Je déposai ma planche à l'arrière du véhicule avant d'étendre la combinaison dessus, dans l'espoir qu'elle ne couvre pas les sièges de sel en séchant. Alors que j'allais refermer la porte, j'aperçus un paquet de gâteaux coincé dans un recoin. Je l'attrapais et sentis que les gâteaux étaient plus à l'état de miettes qu'autre chose, mais je décidais quand même de le garder.
    De retour sur la plage, je m'assis dans le sable près de la jeune femme, toujours penchée sur ses feuilles de texte. Elle tourna le regard vers moi, et je lui tendis le paquet de gâteaux.

    - J'avais ça dans ma voiture. Au cas où ça prenne plus de temps que prévu, on mourra pas de faim, c'est déjà ça !

    Je tendis la main et attrapais une partie des feuilles. Je n'avais jamais fait quoi que ce soit qui ressemblait à ça, mais j'allais bientôt pouvoir ajouter « Fais répéter leur texte à des inconnus le soir sur la plage » sur mon CV. J'ignorais toujours ce qui m'avait poussé à proposer mon aide à cette fille. Je n'avais pas la moindre idée de son identité, elle ne se vidait pas de son sang sur le sable, ni n'avait passé les quinze dernières minutes à appeler au secours. Je passais rapidement d'une page à l'autre, espérant pouvoir me faire une idée du genre de texte que je m'apprêtais à découvrir.

    - Alors, c'est quoi l'idée ? Tu joues qui, je fais quoi pour t'aider ?
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyLun 4 Juin - 17:48

    Le jeune homme attrapa mon script et le parcourra rapidement, sans pour autant prendre la peine de vraiment le lire. Il ne dit pas un mot, et j'imaginais alors qu'il me donnerait une excuse vaseuse pour échapper à la tâche qui, je devais bien l'avouer, n'avait pas l'air super excitante. Pourtant, il accepta. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un grand sourire, rassurée.

    - Enchantée, Cyann ! Oui, c'est amplement suffisant. En fait, ce qu'il me faut vraiment, c'est simplement avoir quelqu'un à qui donner la réplique. C'est psychologique, ajoutai-je.

    Je remarquai alors qu'il m'examinait, peu discrètement. Mes joues se teintèrent légèrement car je savais pertinemment que je ne me montrais pas sous mon meilleur jour. Je vis alors qu'il jeta un coup d'œil au couple de retraités, avant de me dire joyeusement qu'il allait juste se changer, et qu'il serait très vite revenu. Je ne pus répondre qu'il était déjà parti. Je le suivis du regard, me demandant qui il pouvait bien être. Il avait l'air plutôt décontracté, je ne devais donc pas être la première fille qu'il abordait ainsi sur la plage, et puis, vu son physique, il était très peu probable qu'il soit célibataire. Quelque peu gênée, je le regardai retirer sa combinaison et enfiler un t-shirt blanc, ainsi qu'un jean. Le surf avait bien sculpté son corps, pas de doute là dessus. Je le vis alors monter dans sa voiture, et mon cœur fit un bond. Allait-il me laisser comme ça, toute seule ? Après tout, il en avait tous les droits, mais ... Mon physique n'avait pas dû le convaincre. Je poussai alors un long soupir, et vins me rasseoir près de l'eau. J'entendis la portière claquer, et attendis qu'il mette son moteur en marche et quitte la plage, mais aucun bruit ne parvint à mon oreille. Curieuse, je me retournai, et vis Cyann se diriger vers moi, brandissant un paquet de biscuits. Je laissai alors échapper un gloussement, me trouvant tout à coup idiote d'avoir pu croire qu'il allait m'abandonner ainsi sur la plage. Je rebaissai la tête, posant mon regard sur le script, les joues en feu. Que m'arrivait-il ? Depuis que j'étais arrivée à San Francisco, je n'étais plus la même. Je rougissais pour un oui ou pour un non, j'étais même devenue timide. Moi. Timide. Si mes amis me voyaient ainsi, ils ne me reconnaitraient pas, ou bien me croiraient malade. Cela devait être dû au fait que ma réputation ne me précédait plus, ici. A LA, tout le monde me connaissait, ce qui me rendait plus que confiante, mais ici, je n'étais personne, d'où mon manque d'assurance. Quand Cyann s'assit à mes côtés, je le fixai, un doux sourire sur les lèvres.

    - Super, j'avais justement un petit creux ! J'ai des Oréo dans mon sac, sinon, fis-je, en sortant le paquet de mon cabas.

    Il attrapa alors mon script qui avait été jusque là posé sur mes genoux, et me demanda des informations sur mon rôle. Je devais jouer Cosette, du roman Les Misérables, réécrit sous forme de pièce de théâtre par mon professeur, qui s’était basé sur la fameuse comédie musicale de Broadway. Le rôle m'avait été donné d'office, car il n'y avait que très peu de filles dans mon cours, et j'imaginais que je devais être la plus apte à l'interpréter, bien que j'avais sans conteste l'air plus Chinoise que Française. Mes camarades m'avaient promis qu'avec une perruque châtain tirant vers l’or, on n'y verrait que du feu, mais je savais pertinemment que j'aurai l'air ridicule.

    - Cosette, tu sais, dans Les Misérables, de Victor Hugo ? Mon prof veut commencer par les classiques.

    Je récupérai le texte des mains de mon nouvel ami, l’ouvris à une page particulière, et la plaçai devant ses yeux, tout en lui expliquant qu’il s’agissait de la partie que je devais apprendre pour mon prochain cours. Dans cette scène, Cosette avait quinze ans, et venait tout juste de quitter le couvent dans lequel elle avait vécu, en compagnie de Jean Valjean, son tuteur, qui travaillait alors en tant que jardinier. Il s’agissait donc de sa « vraie » rencontre avec Marius, son futur mari. Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres alors que je regardai Cyann. Prétendre être amoureuse de lui alors que je venais de le rencontrer était un défi que j’étais plus que prête à relever. En effet, nombreux étaient les acteurs qui devaient jouer une vie de couple avec un collègue qui leur était presque inconnu, donc ceci allait être un super entraînement.

    - Merci encore, de bien vouloir m’aider, susurrai-je doucement, mes paroles accompagnées par un doux sourire.
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyLun 11 Juin - 18:18

    Elle avait besoin de quelqu'un pour lui donner la réplique. J'avais du mal à percevoir comment le simple fait de m'avoir en face d'elle, déclamant des vers sans aucun talent, pourrait l'aider à apprendre son texte, mais soit. Je lui avais proposé mon aide, et il était hors de question de me défiler. Je lui adressais un grand sourire.
    Quelques minutes plus tard, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire quand Heather sortir de son sac un paquet bleu contenant des biscuits au chocolat. On faisait un beau duo de goinfres. Quoi que, je ne connaissais pas l'état de son appétit. Mais il n'empêche que j'avais toujours été un estomac sur pattes. Le genre d'enfant qu'il vaut mieux avoir en photo qu'à table. Et j'avais toujours absolument besoin de prendre un goûter le matin et l'après midi pour être de bonne humeur, comme un enfant de quatre ans. Mes parents pensaient que cette faim sans limites disparaîtrait à la fin de mon adolescence, mais visiblement, j'étais plus ou moins condamné à rester comme ça toute ma vie. Tant que j'avais assez d'argent pour me payer à manger, ça me laissait plutôt indifférent, mais ça continuait d'impressionner pas mal de monde. J'attrapais le paquet d'une main avant de l'ouvrir de l'autre, puis de saisir un biscuit, de le tendre à la jeune femme, et d'en prendre un pour moi. Le gâteau toujours en équilibre entre mes dents, je pris le script à la page qu'elle m'indiquait. Elle m'expliquait qu'elle devait jouer le rôle de Cosette. Je n'avais jamais lu les livres, mais j'avais eu l'occasion d'en voir une adaptation cinématographique pendant un cours au lycée, et grâce à cela, j'arrivais à me faire une idée du personnage dans ma tête.

    Elle me remercia une fois de plus, et je lui adressais un sourire en coin.

    - Attends un peu avant de me remercier, je suis peut être très mauvais, et je pourrais te faire oublier toute la partie que tu connais déjà.

    Je passais lentement la paume de ma main à la surface du sable, appréciant le contact doux malgré les milliers de petits grains qui auraient pu râper ma peau. Mais j'étais tellement habitué au contact du sable qu'il me paraissait systématiquement presque soyeux. Je déglutis, me sentant légèrement dépassé par l'envie de ne pas décevoir la jeune femme en étant tellement mauvais qu'elle préfèrerait se débrouiller seule. Il était vrai que je n'avais jamais suivi de cours de théâtre ou quelque chose y ressemblant de près ou de loin, mais j'osais espérer que les centaines de films que j'avais visionnés dans ma vie me serviraient au minimum à ne pas être nul à l'exercice dans lequel je m'étais engagé. Je me raclais la gorge avant de redevenir sérieux, les yeux baissés sur la page, lisant mentalement ma ligne avant de reposer mon regard sur le visage d'Heather.

    - Le coeur au bonheur, j'espère et j'ai peur, que ces mots fassent mon malheur et qu'elle me dise...

    Son visage me rappelait quelqu'un, mais j'étais incapable de savoir qui, même en la détaillant précisément. J'essayais de savoir quel genre de fille elle pouvait être. Elle pourrait tout aussi bien passer ses journées à la bibliothèque, cachée derrière des livres, que sécher régulièrement les cours pour aller faire du shopping avec ses copines riches. J'avais énormément de mal à la cerner, jusque là. Au premier regard, on pouvait se dire qu'il s'agissait d'une personne assez renfermée sur elle-même, mais j'avais l'impression d'avoir gagné le droit d'en savoir plus sur elle en ayant fait le premier pas, puisqu'elle m'avait raconté ses difficultés alors qu'elle aurait très bien pu m'envoyer balader quand je l'avais abordée. Ce qui, en fait, aurait paru plutôt logique, puisque rares sont les gens qui s'ouvrent aux inconnus qui leur parlent dans les lieux publics. La tendance est plutôt à la paranoïa et aux « Peut être que c'est un sadique tueur pédophile nécrophile et zoophile qui va me violer avant de me brûler, de me découper en morceaux, et de m'envoyer par voie postale dans huit endroits différents avant de fuir en Sibérie. ». J'inspirais profondément, appréciant l'air salé qui s'infiltrait dans mes poumons au rythme de la légère brise qui soufflait sur la plage, tandis qu'Heather me donnait la réplique. Je repris à nouveau mon rôle.

    - Mon Dieu, pardon, excusez ma sottise.

    Je ne pus m'empêcher de sourire. Comme Marius, j'avais engagé la conversation avec la jeune femme sans même me présenter. J'étais en fait bien plus capable de m'identifier au personnage que je ne le croyais au début. Certes, je n'aurais pas été jusqu'à dire que j'étais tombé amoureux d'Heather dès le premier regard, mais il était clair qu'elle ne me laissait pas indifférent.
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMer 13 Juin - 2:45

    Le soleil étant déjà presque couché, je me trouvais ridicule de garder mes lunettes sur le nez. Je les retirai donc, avant de les déposer soigneusement dans leur étui, qui lui-même fut rapidement rangé dans mon cabas. A l'intérieur de celui-ci, je réalisai que j'avais laissé traîner un prospectus que des élèves m'avaient distribué à l'université. Il s'agissait d'une publicité pour le bal de promo qui avait lieu la semaine suivante. Je l'attrapai, le relus rapidement, avant de le reposer de nouveau dans mon sac sans pour autant l'y mettre totalement. Il fallait que je me souvienne de le jeter avant de quitter la plage car, tel que je me connaissais, si je ne le faisais pas tout de suite, je le retrouverais d'ici six mois, quand je réutiliserai ce cabas. Et puis de toute façon, à quoi bon le garder, étant donné que je n'avais absolument aucune envie de me rendre à ce prom ? Je n'avais pas de cavalier, et aucune chance que je m'y rendre seule. Je reposai alors mon regard sur Cyann, qui semblait perdu dans ses pensées. Mais alors que je m'apprêtai à lui proposer un Oréo - bon Dieu que ces cochonneries sont bonnes -, je remarquai qu'il me tendait déjà un de ses biscuits, son geste accompagné d'une sorte de sourire. Sorte de sourire, oui, étant donné qu'il avait son gâteau coincé entre les dents. Je ne pus m'empêcher de glousser, puis acceptai timidement la gourmandise, que je fourrai sans hésitation dans la bouche. Gober ma nourriture avait été une habitude dont je n'avais jamais réussi à me détacher. Alors que je mâchai nerveusement, je me disais que, décidément, je n'agissais pas de la façon idéale pour lui plaire. J'haussai les épaules, et avalai le biscuit. Avec mon physique actuel, de toute façon, espérer quoique ce soit avec un aussi beau garçon était peine perdue. Néanmoins, j'étais déjà satisfaite par le fait qu'il soit venu me parler à moi, la fille assise toute seule sur la plage, qui en plus révisait son texte de façon ridicule.

    - Bah. Je t'assure que même si tu es nul, ce sera mieux que si j'étais toute seule, le rassurai-je d'une voix douce.

    Je me surpris alors à le fixer longuement, à bien étudier son visage - ses lèvres surtout - et son torse d'athlète. Je détournai le regard, choquée. Super, il ne manquait plus que ça. Qu'il me prenne pour une folle qui le matait ouvertement. Gênée, je reportai mon attention sur mes doigts de pieds, que je me mis à faire bouger. Je m'arrêtai soudainement. Qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer dans ma tête pour que je me mette à faire gigoter mes orteils ? C'était absolument écoeurant. J'entendis alors Cyann se racler la gorge - sans doute voulait-il que je me concentre de nouveau sur lui et non pas sur mes pieds - et le vis commencer à réciter sa première réplique.
    J'étais bouche-bée. En une seule phrase, il avait réussi à partager l'émotion du personnage. Il était très convaincant. A vrai dire, il l'était peut-être plus que moi. Bon sang, si un novice en la matière était meilleur que moi, à quoi bon tenter de devenir actrice ? Il était hors de question que j'utilise l'aide de mon père - il était en effet un grand réalisateur, célèbre partout dans le monde, et passait son temps sur différents tournages de toutes sortes - car je ne voulais pas m'abaisser au niveau de ceux qui utilisaient leurs parents pour réussir dans la vie, je trouvais cela pathétique. Toujours abasourdie, ce fut d'une voix vide de tout ton que je répondis.

    - Je ne sais même pas votre nom.

    Je secouai la tête, totalement déçue par ma brève prestation. Une petite fille de huit ans y aurait mis plus de conviction. Je poussai un long soupir, découragée. A quoi bon continuer ? Je n'étais pas faite pour ce métier. Cyann, en revanche, avait plus de chance de percer, avec son jeu d'acteur à la fois crédible et adorable, et son physique de surfeur dont les adolescentes raffolaient. A sa seconde réplique, je me sentis encore plus mauvaise. Mais tandis que j'étais sur le point de lui annoncer mon abandon, le visage de ma mère, tout sourire, me vint à l'esprit. Cela me rappela que ce n'était pas pour moi que je souhaiter devenir actrice, non, c'était pour honorer ma mère. Et j'étais sur le point de tout lâcher sur un coup de tête ? Je m'excusai rapidement auprès d'elle - je regardais le ciel, comme si ma génitrice était désormais une des nombreuses étoiles qui nous entouraient - et reposai mon regard sur le jeune inconnu qui m'était gentiment venu en aide. Puis, comme si cette phrase lui était destinée, je la récitais, ressentant chaque mot que je prononçai.

    - Le coeur au bonheur, j'attendais un prince.

    Des fossettes apparurent aux coins de mes lèvres. J'étais finalement satisfaite par cette courte réplique. Pour la première fois de ma vie, j'avais cru en ce que je disais. Plus je regardais Cyann, et plus mon sourire s'élargissait, dévoilant ainsi mes dents écarlates - j'en étais fière. Puis, la chose la plus pénible au monde arriva : un grain de sable vint se déposer pile sur mon oeil. Instinctivement, je baissai la tête et posai mon index sur ma paupière, que je massais doucement. Je savais pertinemment qu'il s'agissait de la dernière chose à faire dans ce cas là, mais sincèrement, qui ne va pas ses frotter les yeux quand cela lui arrive. Après plusieurs larmes versées, je posai mes yeux sur le visage du jeune homme, donc je m'étais bien approchée.

    - Est-ce que tu le vois ? Le grain de sable ? fis-je tout en désignant mon iris du doigt.
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyMer 13 Juin - 21:46

    Voyant le soleil commencer à se coucher, Heather enleva ses lunettes, et mon regard s'attarda sur ses yeux sombres, qui, curieusement, semblaient exprimer une multitude de sentiments, contrairement à ce que les gens peuvent penser des iris foncés. Elle avait vraiment de beaux yeux. Et ses cils étaient si longs qu'on aurait pu en faire des tresses. Farfouillant dans son cabas, elle en tira un prospectus auquel elle jeta un coup d'œil avant de le ranger de nouveau. Il m'avait semblé reconnaître le fond bleu marine des publicités pour le bal de promo, mais je ne mentionnais rien.
    Quelques secondes plus tard, elle attrapa le biscuit que je lui tendais avant de l'enfourner dans sa bouche et de l'avaler presque sans mâcher. Ayant fini ma bouchée – parce que ma maman m'a bien élevé -, je lui adressais un grand sourire. L'amour de la nourriture est universel, apparemment.
    Alors que j'avais déclamé le premier vers, elle me regarda d'un air ébahi, les yeux écarquillés. J'eus du mal à savoir si c'était positif ou négatif, si j'étais catastrophique en tant qu'acteur, ou bien si elle s'attendait à pire. Elle paraissait visiblement assez dépitée par ma prestation, mais je décidais de laisser passer ce sentiment, et de voir ce qui allait ressortir des phrases suivantes. La jeune brune récita la partie suivante la tête baissée, avant de secouer la tête à droite puis à gauche. J'haussai un sourcil tandis qu'elle soupirait, apparemment agacée par quelque chose qui m'échappait.
    Puis, quelques secondes plus tard, elle enchaîna sur sa seconde phrase, et parut alors très fière d'elle, et m'adressa un sourire éclatant et communicatif. Je n'avais jamais suivi de cours de théâtre, mais la différence entre ces deux tirades était assez flagrante. Là, elle avait l'air d'y croire vraiment. Je reposais mes yeux sur le script, et le temps que je commence à parler, elle m'avait coupé la parole d'un air préoccupé.

    - Je m'appelle... Oh, ouais, attends.

    Je me stoppais. En une fraction de seconde, elle s'était rapprochée significativement de moi, son visage à quelques centimètres du mien tandis qu'elle me désignait son iris du doigt. Légèrement mal à l'aise, il me fallut un peu de temps pour comprendre quel était le problème. Non pas que ce rapprochement ne me dérangeait, au contraire même, mais il était inattendu. Je me pinçais les lèvres en fixant son œil, tandis qu'elle regardait successivement dans différentes directions. Soudain, je localisais le grain de sable clandestin qui rendait son œil rouge et douloureux. J'approchais ma main de sa joue.

    - Oh, ouais. Je le vois. Essaie de pas bouger, et tu me dis si je te fais mal.

    Posant la paume de ma main sur son visage, j'essayais de faire lentement glisser le grain de sable vers le coin externe de son œil sans trembler ni lui faire mal, ce qui me demandait une concentration importante. Il aurait fallu qu'une mouette passe un peu trop près en faisant un bruit qui m'aurait fait sursauter, ou bien qu'un gamin m'envoie sa pelle sur la tête, pour que j'enfonce mon pouce dans la pupille d'Heather. Une dizaine de secondes et quelques sursauts de la part de la brune plus tard, l'indésirable était éliminé. Elle poussa un soupir de soulagement.
    De si près, je pouvais voir de nouveaux détails de son visage, qui étaient imperceptibles à une distance normale. Les quelques tâches de rousseur éparses près de son nez, presque invisibles à cause de la couleur de sa peau. La minuscule cicatrice juste en dessous de sa lèvre inférieure. Réalisant que mon regard s'attardait un peu trop près de sa bouche, et ma main un peu trop longtemps sur son visage, je revins à la raison et m'écartais de quelques centimètres en souriant. On n'embrasse pas les filles rencontrées trente minutes auparavant, même quand l'envie ne manque pas. Je sentis mon portable vibrer dans la poche de mon pantalon et le saisis de la main gauche, faisant du même coup sortir quelques grains de sable qui s'étaient incrustés à l'intérieur. Après avoir déverrouillé l'écran, je m'aperçus que j'avais déjà quatre messages en attente. Je les ouvris un par un : ils disaient tous « Cyann, t'es où ? », ou d'autres choses du même acabit. Je réfléchis rapidement.
    J'avais la possibilité de partir à la fête et de revoir Heather dans les jours qui suivaient, dans l'optique où elle aurait accepté de me donner son numéro de téléphone. Mais je ne pouvais pas vraiment la planter comme ça après être allé vers elle, et j'étais loin d'en avoir envie. Impossible aussi de l'amener à la fête, qui était réservée aux personnes de la confrérie, sans exception. Si elle étudiait à Berkeley, ce que j'ignorais, elle ne faisait pas partie des Sampis, ou bien je l'aurais remarquée avant. Mais à cet instant précis, je n'en avais à peu près absolument rien à faire de la fête. Les responsables en organisaient toutes les semaines, et je pourrais toujours rattraper ça une autre fois. J'allais survivre sans problème au fait de ne pas voir une orgie alcoolisée dans la salle commune. Mais cette situation avec Heather avait très peu de chances de se reproduire. Toutes les cellules de mon cerveau s'activaient pour envisager toutes les possibilités. Je reportais une nouvelle fois mon regard sur elle et lui adressais un sourire éclatant, tout en prenant appui sur mes poignets pour me remettre debout. Décision prise. Je tapais rapidement une réponse sur mon téléphone. « Désolé, empêchement de dernière minute ! A demain ! » Au pire, elle me prendrait pour un abruti qui avait trop de culot et m'enverrait balader. Une fois sur mes pieds, je me tournais vers elle, toujours en souriant.

    - Tu fais quelque chose, ce soir ?
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MessageSujet: Re: Just the smell of the summer can make me fall in love Just the smell of the summer can make me fall in love  EmptyDim 17 Juin - 22:18

    Sa main toujours posée sur ma joue, je me permis d'étudier son visage, qui n'était qu'à quelques centimètres du mien. Il avait une peau au teint hâlé, parfaite, à l'exception peut-être de son nez, où elle pelait légèrement, ce qui, en soi, n'était pas gênant. Cela devait sans doute être dû aux nombreuses heures qu'il avait passé à surfer sous le soleil californien. Il se mordait la lèvre inférieure, comme il devait toujours le faire lorsqu'il était concentré, ses yeux étaient plissés, mais je pouvais tout de même voir à quel point le bleu de ses iris était profond. Je me demandais alors dans quelle université il suivait ses cours, si toutefois il était étudiant. Après tout, peut-être n'était-il qu'un simple serveur dans un bar des environs, ou bien un professeur de planche, qui sait. Après quelques minutes, il réussit finalement à retirer le grain qui s'était permis de se poser sur mon oeil. Je poussai un long soupir, et fus surprise de voir qu'il ne retirait pas sa main de ma joue, ni même éloignait son visage du mien. Il scrutait chaque recoin de ma peau, ce qui, bien entendu, me fit rougir. Je déglutis nerveusement, avant de plonger mes yeux dans les siens, sans vraiment savoir à quoi m'attendre. Puis, comme s'il se réveillait d'un songe, il recula et vint se rasseoir à sa place d'origine. Je le remerciai timidement, avant de baisser la tête et fixer le sable orangé, teinté par le soleil presque couché. J'y passais alors la main, m'amusant à regarder les grains se faufiler hors de ma paume pour retomber sur le sol, comme si là était leur destin. Faire partie d'un tout.
    Le regard vide, je me mis à contempler l'horizon, nostalgique. Je me demandais ce que mes amis faisaient. Étaient-ils en train de préparer une fête sur la plage ? Je savais que c'était le cas pour certains d'entre eux, car j'avais reçu un message où il était écrit que j'étais invitée. Je leur avais répondu que j'allais y réfléchir, bien que je savais pertinemment que je ne conduirais jamais six heures pour une simple soirée, à part si elle méritait vraiment ma venue. Jetant un coup d'oeil à ma montre, je constatai qu'il était déjà près de vingt-deux heures. Que pouvais-je faire ce soir ? Peut-être que Felix était libre. Je pourrais alors passer chez lui, et nous regarderions une comédie à l'eau de rose, comme nous le faisions toujours. Ou alors je pourrais simplement rentrer chez moi, et dormir. Je penchai la tête sur la droite, pesant le pour et le contre des deux possibilités. Passer la soirée avec Cyann était inenvisageable, il avait certainement d'autres plans.
    Me sentant engourdie, je m'étirai, et entendis mon dos craquer. Aïe. Il fallait vraiment que je contacte ce kinésithérapeute dont j'avais trouvé le numéro sur Internet la veille. Après avoir fait tourner ma colonne vertébrale dans tous les sens, je reposai mes mains sur mes cuisses et jetai un coup d'oeil à Cyann. Il fixait l'écran de son téléphone, et je pouvais facilement lire sur ses traits qu'il était face à un dilemme. Surement partagé entre l'envie d'aller à deux soirées, pensai-je. Il sauta alors sur ses pieds, semblant avoir pris une décision. Je lui jetai un regard interrogateur alors qu'il posait ses yeux sur moi.

    - Ce soir ? Eh bien, je pensais voir un ami, mais je sais même pas s'il est libre, en fait, répondis-je franchement.

    Voulait-il passer la soirée avec moi ? Non, impossible, qui étais-je, pour lui ? Une simple inconnue qu'il avait accostée car elle avait l'air en bien mauvaise posture avec son texte, rien de plus. Mais, et moi ? Je souhaitais vraiment apprendre à mieux le connaître. Après tout, il avait l'air sympa. Plus que sympa, à vrai dire. Serait-ce intelligent de laisser passer une telle occasion ? Non, sans aucun doute. Je me mordillai la lèvre avant de me lever à mon tour, tout en dépoussiérant ma jupe en tapotant dessus. Je me baissai afin de récupérer mon cabas, puis le posai sur mon épaule, avant de me retourner et d'esquisser un grand sourire.

    - Tu es libre, toi ? Mes colocataires sont à une grosse fête ce soir, j'ai la maison pour moi toute seule. Tu peux venir, si tu veux, on pourrait regarder un film.

    Je savais qu'inviter un inconnu chez moi quelques minutes après notre rencontre était gênant, mais ce n'était pas la première fois que je le faisais. Qui étais-je, hein ? Heather, oui. Donc pourquoi me retenir ? Et puis, bon, j'en avais marre de me faire tourner en bourrique par Matthew et Timmy. Me voir avec un mec, Cyann qui plus est, devrait suffire pour remettre les choses au clair. Je ne souhaitais pas me servir du jeune homme pour arriver à mes fins, non, mais autant faire d'une pierre deux coups, non ? Je souris de nouveau à mon nouvel ami, avant de sortir de mon soutien-gorge mon iPhone que j'avais rangé là plus tôt. Je le déverrouillai à l'aide d'un mouvement rapide de mon pouce, et envoyai un message commun à mes colocataires : On avait bien dit "la maison pour soi une fois par mois", non ? Je réserve ce soir. Une fois ma réponse envoyée, je relevai la tête, tout en lâchant mon portable dans mon cabas.

    - A moins que tu aies une meilleure idée, bien sûr, ajoutai-je.
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