La vie n’était pas simple. Amy le savait pertinemment. Elle se savait seule. Au fond du trou personne ne viendrait la sauver. C’était la vie. C’était triste. Le regard planté dans celui de son reflet, elle soupirait en se penchant doucement vers l’avant. La santé fragile d’Amy la poussait à avaler une somme de médicament peu appréciable. Fatiguée, affaiblie, elle avait senti son état de santé chuter en flèche à l’annonce d’une nouvelle toute simple. Ta mère est morte. Les mots avaient glissé froidement dans son dos, lui ôtant tout espoirs et tout rêve d’avenir.

Amy n’avait plus envie d’être elle. Elle ne se sentait plus à la hauteur des obstacles qui martelaient sa vie jour après jour. L’angoisse de la fusillade, la nouvelle d’un décès, l’évidence d’un mensonge et pire encore le rejet d’une famille. Amy ne pouvait plus tout gérer.

L’eau froide sur son visage lui permit de prendre une décision. Téléphone de prit, coup de fil de passé et la brunette fixait rendez vous à son ami Al’. Ce soir au Golden Parc à 19h 30, elle retrouverait un ami pour un moment de détente et de folie. Les deux n’étaient point incompatible. La preuve, elle avait prit une voix joyeuse et légère, tout à l’opposé de son état d’esprit afin de s’adresse à Al’. Elle avait décidé de quitter cette vie pour un instant et ne plus être que cette fille pétillante et joyeuse. Juste un instant, elle voulait croire qu’elle pouvait être normale, comme tout le monde et passer d’aussi agréables moments que le reste du monde. Les nuits trop sombres, les pensées trop morbides et les envies de tout envoyer promener ne la conduiraient pas à de verts pâturages.

Vêtue comme une poupée, Amy devenait Katie. Une collant noir épais longeait ses jambes jusqu’à sa jupe blanche. Un épais manteau camouflait ses formes alors qu’elle cachait son nez sous une épaisse écharpe et ses oreilles sous un bonnet. Katie était frileuse de nature. Tremblotante, elle patientait pour l’arriver de son ami. Un sourire doucement dessiné sous son tissu, elle jetait des coups d’œil frénétique aux alentours. Droite ? Gauche ? L’attente de cette grande silhouette la rendait presque nerveuse. Et si elle ne le voyait pas arriver ? Heureusement, l’homme apparu au coin de l’allée et Katie s’élança à grandes enjambées en sa direction. Le regard pétillant et joyeux l’accueillait autant que les deux bras qui s’ouvraient en grand. Sans attendre plus longtemps, son petit mètre 55 sauta au cou du garçon pour le serrer avec force. C’était maintenant qu’il était tout contre elle qu’elle réalisait.

« Tu m’avais manqué. » Souffla t elle d’une petite voix timide en sentant ses joues rosir.

Katie était une jeune femme affectueuse certes, mais toujours d’une grande timidité. Certaines marques de ce trait de caractère demeuraient trop marquées pour pouvoir passer outre. Elle avait envie de le sentir encore un peu contre elle, de profiter de la chaleur qu’il lui apportait et de la tendresse qu’elle pouvait ressentir. Les mains frottaient doucement le dos alors qu'elle fermait les yeux un instant relâchant la pression qui lui avait tenu au ventre depuis des jours. Ce bal, cette fusillade n’avait en rien entachée sa vie, elle n’y avait pas été présente mais l’avait vécu par le biais du standard 911.

« Je suis contente que tu ailles bien. Parce que tu vas bien hein ?» Poursuivit-elle en le relâchant enfin.

Certes, elle n’avait pas manqué d’envoyer nombre de texto au Sampi afin de s’assurer de sa bonne santé après cette fusillade.