Qui avait dit que les études étaient tout ce qu’il y avait d’important dans la vie ? Surement une personne qui ignorait de quoi elle parlait, une personne qui n’avait rien d’autre à faire à part se concentrer sur ses études ou encore une personne n’ayant aucune vie et aucun but dans la vie alors, elle se rabattait sur les études. Sashenka ne pensait pas que les études n’avaient pas d’importance dans la vie et que cela n’ouvrait pas des portes pour un avenir meilleur seulement, elle trouvait qu’il n’y avait pas que ça. Pour elle, les études n’étaient pas ce qu’il y avait de plus important et si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait mis un terme à sa vie d’étudiante depuis bien longtemps. Seulement, elle devait se rendre à l’évidence, elle ne faisait pas cela pour elle-même ou pour s’octroyer une vie meilleure, elle le faisait pour Leonora et Sebastian. Elle avait décidé de les emmener avec elle pour venir en Amérique, elle avait décidé de leur donner tout ce qu’elle n’avait pas eu elle, elle avait décidé de changer leur vie à tous les trois pour toujours. C’était ses propres décisions à elle, elle se devait donc de vivre avec. Seulement, ce n’était pas évident de faire des efforts de ce côté-là lorsqu’on passait trois heures à écouter un vieil homme parler de droit alors qu’il ne semblait pas s’être rendu compte qu’on était passé au XXI siècle. Prenant sur elle pour ne pas prendre ses affaires et quitter le cours, la jeune femme prit son portable et se mit à pianoter dessus en attendant que le temps passe avant qu’une idée lui traverse l’esprit. Oubliant instantanément l’homme qui tentait tant bien que mal de leur expliquer certaines notions que lui-même n’arrivait pas à comprendre, elle tapota un message avant de laisser apparaitre un ravissant sourire sur le visage. Que la partie commence.

A peine le cours fût terminé que la jolie mexicaine quitta l’amphithéâtre pour rejoindre la bibliothèque universitaire. Ce lieu était connu pour rassembler les étudiants voulant plancher sur leurs cours ou réviser leurs examens. En temps normal. Seulement, Sashenka avait autre chose en tête, une autre idée lui était venue à l’esprit en pensant à ce lieu. Connaissant son partenaire, il n’allait pas refuser sa proposition et même si cela venait à se produire, elle connaissait de bons arguments pour le faire changer d’avis. Mais avant de s’y rendre, elle passa par un lieu qu’elle avait appris à connaître. Prenant soin de ne pas se faire remarquer par le beau brun qui lui offrait son dos, elle avança lentement avant d’arriver à sa hauteur et de lui déposer un papier dans la main sans éveiller les soupçons, faisant passer ce geste pour une anodine bousculade. Papier sur lequel était écrit « Dans dix minutes à la bibliothèque ! » Elle disparu aussi vite qu’elle était apparu. Kilian ne tarderait pas à la rejoindre. Entre eux, c’était ainsi que ç marchait. Ils n’y pouvaient rien et sincèrement, ils ne voulaient rien y faire. Ils prenaient du bon temps ensemble et c’était tout ce qui comptait.

« J’ai faillit attendre ! » Murmura-t-elle tandis que le Sigma apparaissait dans son champ de vision.

Ils étaient dans une bibliothèque après tout, le silence restait de rigueur. Silence qui ne tarderait pas à laisser la place au plaisir. Chose qui ne semblait pas les déranger.

Cours d'histoire de l'art pour tuer le temps. Contrairement à certains de ses camarades, Kilian était on ne peut plus attentif, grattant sur sa feuille pour prendre le maximum de notes tout en laissant le fil du cours faire sens dans sa tête afin de ne pas écrire bêtement sans comprendre un traître mot. Il avait toujours été ainsi : extrêmement studieux sans pour autant se balader avec l'étiquette d'intello collée sur son front. Son caractère et sa façon d'être l'avaient toujours servi pour ça. Il aurait certes eu une place chez les Alpha, mais l'art était ce qui le faisait vivre, sa raison d'être, logique que sa passion soit le moteur principal de la réussite de ses études. Une attitude tout ce qu'il y a de plus positive en cours, des notes qui rendraient les petits génies verts de jalousie... et malgré tout ceci, Kilian était un étudiant qui savait parfaitement s'amuser. Être sérieux sans se prendre au sérieux, c'était son credo.
Par ailleurs, étudier était l'une des choses qui lui permettait de se vider la tête. Son père enseignait ici, ce paternel qui l'avait abandonné à la mort de sa mère, en promettant qu'il allait revenir "très vite". Si "très vite" signifie "13 ans" dans sa tête, alors les deux hommes étaient loin d'avoir la même conception temporelle. Cette situation le mettait mal à l'aise. Une partie de lui aimerait bien sûr effacer toute cette rancoeur, le serrer dans ses bras et repartir sur de nouvelles bases... mais il lui en voulait tellement que Kilian s'empêchait de considérer cette option. Avant ça, il voulait lui donner un aperçu de ce qu'il lui avait infligé, le faire souffrir au point qu'il avait pu le faire souffrir. Bougon, certes, mais pas méchant par nature, le jeune Salaun allait pourtant déployer un génie cruel pour faire baver Salaun senior.

En sortant de son cours, Kilian s'étira, un bras en l'air alors que l'autre couvrait sa bouche grande ouverte pour laisser s'échapper un bâillement assez sonore. Tellement sonore que le prof l'observa avec un air mécontent. Oups. Un sourire mi gêné mi amusé sur les lèvres, le beau brun vérifia sa sacoche pour être sûr qu'il n'avait rien oublié en repartant. La journée était terminée et il s'apprêtait à aller voir une expo dans le centre de San Francisco. Toutefois, une autre personne avait apparemment d'autres projets pour la suite de cette journée : légèrement bousculé, il fronça les sourcils en sentant une main se glisser furtivement dans la sienne tout en y déposant un bout de papier. Il le regarda et s'empressa de lire avec une certaine curiosité. "Dans dix minutes à la bibliothèque !" Le jeune homme releva les yeux et croisa un dos ainsi qu'un postérieur qu'il connaissait sur le bout des doigts : Sashenka. Un sourire étira le coin de ses lèvres, un sourire de prédateur aguiché par une proie qu'il lui tardait déjà de goûter. Selon lui, cette invitation n'avait rien de commun avec un petit après-midi révision, à moins que le cours en question soit purement anatomique. Kilian enfonça le papier dans le fond de sa poche puis emprunta un chemin opposé pour rejoindre la bibliothèque. Tant pis pour son expo : Kilian était un homme galant qui ne laissait jamais un si joli brin de femme en rade.

Une fois arrivé dans le grand bâtiment destiné à la recherche, à la lecture et à l'étude, son sourire s'agrandit davantage alors qu'il ne put s'empêcher de pouffer de rire. Ils avaient toujours le chic pour se chercher et s'unir dans des lieux tous plus incongrus les uns que les autres. Un centre commercial, aujourd'hui une bibliothèque... à bien y penser, il lui semblait qu'ils n'avaient même jamais testé le moindre lit, c'est un comble. Mais que voulez-vous, lorsque le désir se manifestait, ni l'un ni l'autre n'avait envie de le combattre : l'accomplir, c'est tellement plus agréable.
Lorsque la belle Iota s'imposa face à lui, il plongea son regard bleu azur dans le sien et pencha la tête sur le côté avec son éternel petit sourire en coin, craquant et arrogant à la fois. "Plus c'est long, plus c'est bon." murmura-t-il en haussant brièvement les sourcils. Taquiner les autres, c'est une des choses qu'il savait faire de mieux. Le fils Salaun glissa une main sur la taille de sa sex-friend sans se soucier de ce qu'il y avait avoir autour de lui. Elle l'avait ferré, il ne voyait plus que par elle, comme un aimant attiré par une sculpture en métal des plus parfaites. Leur magnétisme était animal, il n'y pouvait rien si cette fille le rendait presque "primaire" et vous ne l'entendrez jamais s'en plaindre. Sashenka était d'une beauté à couper le souffle, le charme mexicain à elle seule. "Dis-moi... je te trouve un peu autoritaire, n'est-ce pas ? Est-ce que je vais devoir te prouver une fois encore qui c'est, le patron ?"

Un sourire légèrement prétentieux sur les lèvres, le français l'entraîna doucement contre lui et chercha ses lèvres... avant de la priver d'un baiser pour commencer à caresser sa nuque avec lenteur et savoir-faire. Qu'ils ne soient pas encore bien "cachés" ne l'avait pas effleuré un instant. Ainsi, si la belle étudiante ne voulait pas se donner en spectacle dans une séance improvisée d'exhibitionnisme, elle allait certainement devoir prendre les choses en main avant que Kilian ne passe un cran au-dessus.

Il lui arrivait souvent de repenser à ce qu’il s’était passé il y a un peu plus d’un an au Mexique. Tout c’était passé comme prévu, à un détail près. Elle avait réussit à se dégoter une arme, pas si difficile que ça là-bas, surtout quand on connaissait qui était à la tête de la ville et du pays, c’était un véritable chaos. Confier ses frères à des amis de confiance n’avait pas non plus était difficile, la seule chose qui aurait pu tourner mal était que sa belle-mère survive et l’envoie en prison tandis qu’elle en profiterait pour faire encore plus de mal aux deux enfants. La chance avait encore une fois tournée à son avantage, Sashenka avait appuyé sur la gâchette sans même hésiter une seule seconde. Elle avait rêvé de ce moment là depuis tellement longtemps que tout lui était venu naturellement, comme si elle avait l’habitude de faire ça. Cette femme, elle la détestait plus que tout au monde et la voir ainsi qui gisait dans son sang n’avait rien de répugnant, bien au contraire. A cet instant, une sorte de satisfaction avait élu domicile dans son cœur. Sentiment qu’elle n’avait jamais ressentit auparavant. Le seul souci était qu’on l’avait arrêté avant qu’elle n’ait eu le temps de s’échapper ou même de prévenir ses amis. Ce n’est qu’en prison qu’elle découvrit le poteau rose. La vengeance risquait d’être délicieuse. Réussissant tout de même à s’échapper de la prison mexicaine, la jolie brune avait rejoint le sol américain, une nouvelle vie en perspective. Ce n’était pas plus mal. Leonora et Sebastian semblaient eux aussi apprécier leur toute nouvelle vie, ils étaient enfin en sécurité et la présence de Kurt la rassurait plus que de nécessaire. Elle, qui avait pour habitude de ne compter que sur elle, se retrouvait bien chanceuse de pouvoir compter sur lui, ils se connaissaient depuis bien des années et même si les kilomètres les avaient tenu à l’écart l’un de l’autre, cela ne les empêchait pas d’être proches.

Seule dans la bibliothèque, loin de tous ces studieux étudiants, la jeune femme repensait à son ancienne vie et à tout le chemin qu’elle avait fait pour en arriver là. Elle aurait pu écrire un best-seller avec son histoire si elle avait voulu. Elle serait surement devenue riche. Chassant ces idées de son esprit, un sourire espiègle vint tout naturellement se plaquer sur ses lèvres lorsqu’elle aperçu la silhouette du beau français. Elle devait avouer qu’elle était tombée sur le bon numéro avec lui et dire qu’il savait y faire était un euphémisme. « Dis surtout que tu aimes te faire désirer. » Se taquiner mutuellement était devenu leur petit jeu à eux, la brunette ne s’en plaignait pas, cela pimenté encore plus leur autre jeu qu’ils affectionnaient tout particulièrement. « Un petit rappel ne serait pas de trop…ne penses-tu pas ?! » Laissa-t-elle échapper tandis que Kilian la ramenait à lui. Lorsqu’ils étaient ensemble, le monde extérieur semblait ne plus avoir aucune importance à leurs yeux. Fallait-il encore qu’ils se rendent compte qu’un monde extérieur existait. Sashenka lâcha un soupir de frustration alors que le Sigma quitta sans lèvres sans en avoir pris possession pour s’occuper de son cou. Bon d’accord ! Il excellait dans ce domaine là et sa douce torture lui faisait littéralement perdre la tête. « Non pas que vivre dangereusement me dérange mais… » Comment vouliez-vous diable qu’elle réussisse à aligner deux idées cohérentes alors que ses mains parcouraient déjà son corps. Enroulant ses bras autour de son cou alors que ses jambes étaient sur le point de se dérober sous elle, elle réussit néanmoins à terminer sa phrase. « Je ne suis pas sûr qu’ils apprécieront un cours sur l’anatomie aussi explicite même si personnellement, ce genre de cours n’est pas pour me déranger… » Sashenka l’obligea à relever la tête pour enfin goûter à ces lèvres dont elle était devenue accros ces derniers temps.

Au mouvement que Sashenka imprima sur sa tête, Kilian la releva et captura ses lèvres dans un ardent baiser pour lui faire sentir à quel point il appréciait ce moment qui se présentait pour eux. Ses yeux bleu plongés dans les siens, le jeune homme la dévora littéralement du regard. Pourquoi craquer sur elle et pas sur une autre ? Le rôle de sex-friend, il n'était absolument pas du genre à le filer à la première venue car cela impliquait tout de même une affinité particulière et au-delà de ce magnétisme animal qui les attirait l'un vers l'autre, Kilian trouvait un charme particulier à la Iota. Dans son visage, surtout. Il aurait mis sa main à couper qu'elle n'avait rien de la fille capricieuse à qui la vie a souri de A jusqu'à Z en passant par toutes les lettres de l'alphabet. Elle avait l'attitude d'une femme déterminée, mystérieuse... d'une femme qui cache son jeu et qui détient sûrement des secrets de taille. Il leur arrivait très souvent de parler lorsqu'ils avaient fini de faire parler leurs corps avec une passion brûlante, mais ils avaient toujours soigneusement évité de trop parler de leur passé. Un signe suffisant pour attiser les soupçons du Sigma. Cependant, il avait la présence d'esprit et le tact de ne pas la mettre mal à l'aise avec des questions trop indiscrètes. Puis c'était ce charme et ces points d'interrogation qui la rendaient d'ailleurs si désirable jusqu'à aujourd'hui : la belle mexicaine cultivait le secret et arrivait à l'ensorceler avec cette aura si particulière. A parler comme ça, on aurait pu croire que le fils Salaun était amoureux. Pour l'heure, il était tout simplement charmé. Presque dépendant. L'amour, c'est déjà un peu plus complexe que ça.

Le jeune breton tourna doucement la tête en quittant à regret les lèvres pulpeuses de la brunette avant de parcourir la salle du regard. En effet, certains étudiants avaient levé le nez de leurs bouquins pour observer un spectacle sans doute plus stimulant que leurs lectures. Un léger sourire amusé étira le coin de sa bouche. "Les rats de bibliothèque seraient-ils aussi prudes qu'on le dit...?" ironisa-t-il dans un murmure qu'il déposa au creux de l'oreille de l'étudiante avant de mordiller le lobe de son oreille avec un brin de taquinerie coquine. Après tout, c'était Sashenka qui l'avait allumé en lui donnant rendez-vous dans la bibliothèque... pouvait-on en vouloir à Kilian de foncer sur elle au premier coup d'oeil et se laisser guider par son désir sans prendre le temps de trouver un coin tranquille ? Un jour viendra, ils feraient l'amour en public sans même s'en rendre compte, il en aurait parié sa chemise.
Finalement, le Sigma se redressa sans pour autant retirer ses mains de la taille de son amante. Il pencha la tête sur le côté et composa son visage d'un air mutin avant de faire courir sa main le long du cou de la jeune femme. "Viens... on va "réviser" ailleurs, dans ce cas." Il lui adressa un petit clin d’œil et un fugace baiser sur les lèvres avant de l'entraîner avec lui à travers les multiples rayons remplis d'ouvrages en tous genres.

Après une petite minute, ils se retrouvèrent dans le rayon réservé à la philosophie. "Voilà... ici." La philo, c'est intéressant... mais le taux de fréquentation est radicalement moins élevé, ils avaient plus de chances de pouvoir se laisser aller sans trop se soucier d'éventuels voyeurs. Et quand bien même, qu'est-ce que ça pouvait faire ? Pour l'instant, il ne voyait que le plaisir qu'il allait éprouver en compagnie de la Iota. Sans plus attendre, le fils Salaun pressa son corps contre celui de sa partenaire et la plaqua presque brutalement mais sans lui faire le moindre mal contre l'un des rayons, comme pour lui couper toute forme de fuite éventuelle bien qu'elle n'aurait aucune raison de prendre ses jambes à son cou. Disons que c'était surtout pour s'amuser à jouer les dominateurs avec une femme qui avait un tempérament de feu et qui ne se laissait pas faire facilement. Sa bouche s'unit à la sienne dans un baiser enflammé avant qu'il s'empare à nouveau de sa nuque alors que ses mains glissaient de ses cuisses pour remonter lentement mais sûrement. "L'idée de la bibliothèque, ça t'es venu comment...? J'adore..." murmura-t-il d'une voix qui trahit un léger rire. En effet, il était assez curieux de savoir si c'était délibéré ou au pif, qu'elle s'était décidée. Non pas que cela l'embarrasse, bien au contraire : il adorait sa créativité et n'était pas le genre d'homme prude à d'abord penser aux éventuels nuisibles plutôt qu'à l'excitation créée par l'endroit. Et Sashenka non plus, d'ailleurs. Encore heureux.